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Environnement. Comment réduire d’une façon significative et rapide les émissions de gaz carbonique ?

Deux voies s’ouvrent aux citoyens comme aux entreprises et aux collectivités pour réduire les émissions de gaz carbonique : soit attendre d’y être contraints par les lois et les règlements, soit s’engager volontairement dans des programmes d’action. Cette dernière voie est celle que suivent de plus en plus d’entreprises. C’est ainsi que le président-directeur général du Groupe Aéroport de Paris (ADP), Augustin de ROMANET, vient d’annoncer une diminution de 65 % des émissions de CO2 pour les trois aéroports parisiens à l’horizon de 2020. (1)

« Je n’émets plus CO2, donc je peux continuer à exister » remplace désormais « J’émets du CO2, donc j’existe », seconde formulation du cogito de la pollution et du réchauffement climatique. © Photographie BM/CAD pour PEE, 2017.


Les diminutions d’émission de CO2 portent sur trois objectifs : les centrales thermiques, la consommation d’électricité, les véhicules de service.

  • La géothermie permet de chauffer les bâtiments de l’ensemble de la plate-forme aéroportuaire Paris-Orly. Elle représente 70 % du chauffage des terminaux. Une économie de 50 000 tonnes de CO2 a été réalisée depuis 2011.
  • Les énergies renouvelables. La récupération de la chaleur de l’usine d’incinération de Rungis fournit 27 % de la production de chaleur. Une économie de 50 000 tonnes de CO2 a été réalisée depuis 2011.
  • La chaufferie biomasse. La chaufferie installée en 2012 à Paris-Charles de Gaulle produit 25 % des besoins en chaleur. Une économie de 18 000 tonnes de CO2 est réalisée chaque année.

Graphique extrait de : Groupe ADP, « Le groupe relève son ambition de réduction des émissions de CO² : – 65 % sur les 3 aéroports parisiens entre 2009 et 2020 », communiqué de presse en date du 13 juin 2017.


Cette forte réduction de l’empreinte carbone d’ADP est louable. Elle est avant tout exigée par la transition écologique mondiale établie par la Conférence de Rio. Elle entre dans la politique globale des entreprises qui, surtout depuis les années 2000, intègrent obligatoirement, sans que cela n’affecte leur performance économique, la politique de développement durable dans leurs décisions de gestion. Au regard des bilans du Groupe ADP, cette performance économique est effectivement loin d’être mise en danger par les dispositions prises par l’entreprise pour lutter contre le réchauffement climatique. (2) Elle en a fait un argument de développement économique avec trois priorités mises en avant lors de la COP21, pour 2016-2020 :

  • 1. la diminution des émissions de CO2 des infrastructures aéroportuaires par passager de 65 % entre 2009 et 2020 ;
  • 2. l’amélioration de la performance énergétique de 1,5 % par an sur la période 2016-2020 ;
  • 3. la dévolution de la part d’énergies renouvelables dans la consommation finale des aéroports à 15 % en 2020.

Pour aller encore plus loin, le Groupe ADP a signé en mars 2017 le Manifeste pour décarbonner l’Europe (The Shift Project). Il a pour ambition de supprimer l’émission de gaz à effet de serre à l’horizon 2050.

Le riverain de l’aéroport Paris-Orly, survolé au quotidien ou occasionnellement, peut légitimement se poser la question suivante : est-ce du greenwashing ou bien une réalité pour ceux qui vivent à proximité d’un aéroport ? Autrement dit, à quand une réelle réduction des gaz à effet de serre émis par les rotations des avions au-dessus des têtes des riverains survolés ? Notamment lors des procédures de remise de gaz qui, au dire de la DGAC, sont de plus en plus nombreuses ces derniers mois dans la vallée de l’Orge et l’ancienne communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE) .


DOCUMENTS

MANIFESTE POUR DÉCARBONER L’EUROPE

Nous, signataires du présent Manifeste pour décarboner l’Europe, appelons les États européens à lancer dès maintenant les politiques capables d’aboutir en 2050 à des émissions de gaz à effet de serre aussi proches que possible de zéro.

L’Accord de Paris sur le climat engage l’Europe à réinventer la totalité de son économie. Tout ou presque reste à faire. Le défi met en jeu chacune des activités essentielles encore dépendantes des énergies fossiles : l’industrie et la production électrique, les transports, le bâtiment, l’agriculture, et de manière indirecte la finance, l’assurance et les politiques publiques.

L’Europe a vu naître la première révolution industrielle, celle du charbon et des hydrocarbures. Depuis, l’humanité a brûlé en 150 ans près de la moitié du pétrole que la nature a mis un demi-milliard d’années à créer. Il faut choisir d’urgence le chemin capable de conduire au-delà de ces sources d’énergie tarissables, qui sont en train de dégrader le climat de façon irréparable.

L’Europe se doit d’ouvrir la voie de la prochaine révolution industrielle, celle de la sortie des énergies fossiles. Elle a tout à y gagner. Le projet européen s’est construit après 1945 autour du charbon et de l’acier. Il peut maintenant se régénérer pour donner naissance à un monde nouveau, prospère et durable. Un monde de paix.

Inventons ensemble l’Europe post-carbone. Cette invention est le souffle neuf dont l’Europe a besoin, et qu’elle peut offrir au monde pour empêcher la ruine des conditions de vie sur Terre.

Nous appelons tous les acteurs de l’Europe – individus, société civile, compagnies privées, pouvoirs publics – à entreprendre au plus vite les actions cohérentes et concrètes à la mesure du défi du climat et de la préservation des ressources naturelles. L’Union européenne peut et doit impérativement se donner les moyens de converger vers l’ambitieux objectif vital que fixe l’Accord de Paris. Pour réussir, il lui faut se rassembler autour de cet objectif commun, en respectant en son sein les différences génératrices de solidarité et de synergies. La raison, la liberté et l’audace, racines de l’Europe, feront fructifier ce projet sans précédent.

Les solutions techniques et organisationnelles sont là. Il ne tient qu’à la volonté des Européens de les transformer en réponses politiques, capables de donner rapidement naissance à une économie différente, source de profits, d’emplois et de bien-être nouveaux. Nous prenons acte que ces réponses réclament de changer bon nombre d’habitudes : habitudes de production, habitudes de consommation, habitudes de penser surtout.

Allons-nous renoncer parce que la tâche qui nous revient est immense ?

Nous avons le devoir moral d’agir. Nous en avons aussi l’ambition.

Une fois encore, l’Europe a rendez-vous avec l’Histoire. Le défi est redoutable, tant mieux : anticiper l’inexorable, c’est triompher de l’avenir. L’ampleur de l’entreprise égale tout ce que l’Europe a accompli depuis sa création. Cette entreprise, c’est la voie de la modernité.

http://decarbonizeurope.org/

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9 PROPOSITIONS POUR QUE L’EUROPE CHANGE D’ÈRE
Pour relever le défi du climat et réussir la révolution post-carbone d’ici 2050

Les « 9 propositions pour changer d’ère » n’engagent pas les signataires du « Manifeste pour décarboner l’Europe » mais constituent la vision du Shift Project (http://www.theshiftproject.org) de ce que pourrait être les axes du plan d’action auquel appelle le Manifeste. Ces propositions décrivent ce que l’Europe pourrait faire a minima pour respecter l’accord de Paris sur le climat. Leur mise en œuvre pourrait permettre d’accomplir l’essentiel des réductions d’émissions nécessaires afin de respecter notre « budget carbone », c’est-à-dire le plafond d’émissions de gaz à effet de serre visé en 2050, correspondant à une division par quatre (« Facteur 4 ») des émissions de 1990 des pays membres de l’Union européenne.

  1. Fermer toutes les centrales à charbon
  2. Généraliser la voiture à moins de 2 litres au 100 kilomètres
  3. Réussir la révolution du transport en ville
  4. Tripler le réseau des trains à grande vitesse
  5. Inventer l’industrie lourde post-carbone
  6. Rénover les logements anciens
  7. Lancer le grand chantier de rénovation des bâtiments publics
  8. Développer la séquestration de carbone par les forêts européennes
  9. Réussir le passage à l’agriculture durable

file://localhost/Shift Project http/::www.theshiftproject.org


RÉFÉRENCES
1. Groupe ADP, « Le groupe relève son ambition de réduction des émissions de CO² : – 65 % sur les 3 aéroports parisiens entre 2009 et 2020 », communiqué de presse en date du 13 juin 2017, reçu par PEE le 13 juin 2017 à 11 h 33.
2. Le Groupe Aéroport de Paris (ADP) exploite les plates-formes aéroportuaires Paris-Charles de Gaule à Roissy-en-France, Paris-Orly, Paris-Le Bourget Il a accueilli plus de 97 millions de passagers et plus de 2 millions de tonnes de fret en 2016. Son chiffre d’affaires s’est élevé à 2 947 millions d’euros.

© Paul-André BEAUJEAN, 15 juin 2017, 15 h 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.