Archives de catégorie : Énergie

Transition énergétique. Les inégalités de production de l’énergie électrique éolienne

Le ministère de la Transition écologique vient de publier la situation de la production d’électricité d’origine éolienne.

  • La puissance du parc éolien français s’établit à 12,3 GW au 30 juin 2017. La puissance raccordée au cours du premier semestre s’élève à 519 MW, niveau de 9 % inférieur à celui enregistré la même période en 2016, qui avait constitué un record.
  • Le nombre de projets éoliens continue à progresser, la puissance des projets en cours d’instruction s’élevant à 11,6 GW au 30 juin 2017.
  • La production d’électricité éolienne s’élève à environ 11 TWh au premier semestre 2017. Elle représente près de 4,5 % de la consommation électrique française.

Éolienne installée à Bouin (Vendée), 25 octobre 2014. © Photographie BM/CAD pour PEE.

L’augmentation de la production annuelle doit être nuancée par le régime particulier de production durant l’année.

  • 8 TWh en janvier/février 2016,
  • 4 TWh en mai/juin/juillet/août 2016, soit moitié moins.

L’un des inconvénients majeurs de l’énergie électrique éolienne est d’être extrêmement capricieuse selon les saisons. Pour être certain d’obtenir une production de 4 TWh durant les « mauvais mois » de l’année, il faut disposer d’un parc d’une puissance au moins double, de 8 TWh qui ne sera atteinte qu’un court moment durant l’année.

Ces contraintes demeurent préoccupantes. Imaginons qu’il faille les appliquer aux automobiles que nous possédons, nous obligeant à disposer toute l’année d’un moteur deux fois plus puissant pour être sûrs de rouler les mauvais mois…

RÉFÉRENCE
Ministère de la Transition écologique et solidaire, « Tableau de bord : éolien. Deuxième trimestre 2017 »,
http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publications/p/2723/1406/tableau-bord-eolien-deuxieme-trimestre-2017.html

© Bernard MÉRIGOT, 6 septembre 2017, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017
http://portes-essonne-environnement.fr

Transition énergétique. Les inégalités territoriales de l’énergie éolienne en France

L’implantation de parcs d’éoliennes s’inscrit à la fois dans une politique et dans une réalité qui chacune est double :

  • une politique nationale et internationale d’indépendance énergétique,
  • et une politique locale d’acceptabilité des nuisances,
  • une réalité qui est visible dans le paysage,
  • et une réalité économique (fabrication, installation, maintenance) qui détermine des emplois locaux.

Tous les territoires français ne sont pas égaux face aux ressources du vent, ni en capacité à développer de telles activités. Il y a ceux qui voudraient bien et qui ne peuvent pas. Et ceux qui pourraient et sont réservés ou divisés à l’égard de la construction de parcs éoliens.

Deux questions sont liées :

  • Où l’éolien ne peut-il pas s’implanter en France ?
  • Où peut-il s’implanter ?
  • Où est-il implanté ?
  • Où va-t-il s’implanter demain ?

Parc éolien de Bouin (Vendée). © Photographie Bernard Mérigot/CAD pour PEE, 2017.

Il convient d’apporter deux précisions.

La transition énergétique a pour but de préparer l’après-pétrole en instaurant un modèle énergétique durable qui soit en mesure :

  • de palier l’épuisement des ressources,
  • de répondre aux impératifs de la protection de l’environnement,
  • de faire face à l’approvisionnement en énergie,
  • d’assurer une maîtrise de l’évolution des prix de l’énergie.

La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte vise à permettre à la France :

  • de lutter contre le dérèglement climatique,
  • de renforcer son indépendance énergétique,
  • d’équilibrer ses différentes sources d’approvisionnement.

Implantation des éoliennes en France en 2015. (Carte 1)

La filière de l’éolien terrestre française se plaçait fin 2016 au 4e rang européen et au 7e rang mondial pour la puissance installée. La puissance du parc éolien français atteint 12 GigaWatts et représente 4,1 % de la consommation électrique française.

Elle génère aujourd’hui près de 15 000 emplois en France. Ces emplois sont liés principalement aux activités de développement, de fabrication, d’installation sur site, de maintenance et d’exploitation.

Implantation des éoliennes en France par département. (Carte 2)

Zones favorables à l’implantation d’éoliennes en France. (Carte 3)

Le contexte d’évolution de la puissance installée est le suivant :

  • 2011 : 5 000 MW
  • 2016 : 12 500 MW
  • 2021 : 20 000 MW

Les implantations créent une tension territoriale évidente. Il semble difficile  d’envisager une progression plus forte.

Évolution du parc éolien en France 2009-2023 (Carte 4)

RÉFÉRENCES

Ministère de la Transition écologique et solidaire, Commissariat général du développement durable, Vers une vision prospective des enjeux de l’éolien en France, juillet 2017. ISSN 2552-2272
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/Thema_Vision_Metiers_Eolien_Terrestre.pdf

CARTES

1. Implantations d’éoliennes en France en 2015. « Carte des entreprises Windustry France (2015) » in Ministère de la Transition écologique et solidaire, Commissariat général du développement durable, Vers une vision prospective des enjeux de l’éolien en France, juillet 2017, p. 12. ISSN 2552-2272
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/Thema_Vision_Metiers_Eolien_Terrestre.pdf

2. Implantation des éoliennes en France par département. « Puissance éolienne totale raccordée par département en 2017 », Source : SDES d’après ENEDIS, RTE, EDF-SEI, CRE et les principales ELD, in Ministère de la Transition écologique et solidaire, Commissariat général du développement durable, Vers une vision prospective des enjeux de l’éolien en France, juillet 2017, p. 16. ISSN 2552-2272
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/Thema_Vision_Metiers_Eolien_Terrestre.pdf

3. Zones favorables à l’implantation d’éoliennes en France. http://tpeeoliennefoucauld20092010.wifeo.com/2-conditions-dimplantation-des-eoliennes.php

4. Évolution du parc éolien en France 2009-2023 in Ministère de la Transition écologique et solidaire, Commissariat général du développement durable, Versune vision prospective des enjeux de l’éolien en France, juillet 2017, p. 12. ISSN 2552-2272
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/Thema_Vision_Metiers_Eolien_Terrestre.pdf

© Bernard MÉRIGOT, 22 août 2017, 10 h 45.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.
http://portes-essonne-environnement.fr

Énergie. La région Île-de-France toujours plus gourmande en électricité

Un article, dernièrement paru dans le journal du Figaro, fait état de la croissance de la consommation électrique de la région Ile-de-France. (1) Avec plus de 12 millions d’habitants, c’est la région la plus peuplée de France.

Lignes à haute tension à Épinay-sur-Orge. © Jean-Marie CORBIN pour PEE, 18 juin 2017.


Une électricité fabriquée loin du lieu de consommation

L’article n’est pas hélas pas très disert sur la question de la production énergétique en Ile-de-France. En effet, la centrale au charbon de Vitry-sur-Seine s’est arrêtée définitivement au début de l’année 2015. (2) Dans le cadre des visites organisées par FNE Ile-de-France, elle avait pu être visitée en novembre 2013. Construite en partie à partir des années 60 et terminée dans les années 70, elle était devenue trop polluante par rapport aux nouvelles normes européennes. Ses rejets (fumées) contenaient trop de particules.

Faute de production locale conséquente, ne serait-ce qu’à l’aide de panneaux photovoltaïques disposés sur l’ensemble des toitures, l’Ile-de-France est obligée d’importer à 95 % son électricité depuis les autres régions. Ce chiffre tenait probablement compte de la production de la centrale thermique de Porcheville. (3) Sachez qu’elle vient aussi de fermer ses portes, le 1er mai 2017, soit plus d’un an en avance sur le calendrier initialement prévu.

La production électrique locale résiduelle reste celle des éoliennes dispersées dans les parcelles agricoles situées en périphérie de la région comme celles que l’on apercevoir depuis la N20 dans la Beauce et les deux centrales thermiques à turbine à gaz de Gennevilliers et de Montereau qui, avec leur puissance cumulée de 500 MW, sont loin de couvrir les besoins franciliens. Cela oblige à faire venir cette électricité depuis la province à l’aide de nombreuses lignes à très haute tension.


La part du nucléaire : 85 à 89 %

Alors que tous les abonnés au tarif réglementé continuent de recevoir des factures de rappel vieilles de plus de deux ans, EDF réduit sa production flexible pour continuer à recentrer sur ses centrales électro-nucléaires. Ainsi, pour le particulier qui n’a pas souscrit de contrat différencié sur l’approvisionnement, la part du nucléaire est passé en quelques années de 85 à 89 %. L’approche est risquée, car les centrales électro-nucléaires sont tout sauf flexibles dans la variation quotidienne de la production.


Une consommation toujours plus forte…

L’augmentation constante de la consommation électrique est le prolongement de la politique du tout électrique dans l’habitat résidentiel amorcée dans les années 70 pour faire face aux crises pétrolières. Aujourd’hui, cet engouement se prolonge au profit des pompes à chaleur fortes consommatrices d’énergie électrique et dont peu de gens savent que les performances s’effondrent lorsque la température extérieure est inférieure à 4°C (dépôt de givre sur l’échangeur extérieur).

L’installation très fréquente de ballons électriques d’eau (très) chaude sanitaire pose également un problème. Ces appareils sont énergivores car les constructeurs les règlent en usine à une température dépassant largement les 65°C, ce qui par ailleurs occasionne l’entartrement de l’élément chauffant puis sa destruction. Cette surchauffe, où l’utilisateur, surtout quand il est un jeune enfant, risque l’ébouillantement, est soi-disant pour nous protéger d’un risque de légionellose. Pourtant les données médicales actuellement disponibles ont bien du mal à mettre en évidence une quelconque causalité. De son coté, faisant fi de ces avertissements s’apparentant à de l’appel de la terreur, l’auteur de ses lignes a volontairement réduit à 40°C la température de son cumulus, et il y gagne 4 kWh/jour ! (4)

N’oublions pas aussi l’engouement très probable pour la voiture électrique et qui risque d’impacter à la hausse les consommations électriques. À cela la réponse « nucléaire » ne nous semble pas appropriée, non seulement en raison des déchets dangereux et irréductibles que cela engendre mais aussi du fait des risques – certes mimines mais cataclysmiques – d’une catastrophe à l’exploitation (voir Three-Miles-Island, Tchernobyl et Fukushima).


DOCUMENT

« La région Île-de-France toujours plus gourmande en électricité », par Frédéric De MONICAULT, www.lefigaro.fr. Publié le 15/06/2017 à 06:00. Mis à jour le 15/06/2017 à 06:07. (1)

Selon les chiffres publiés mercredi par Réseau de transport d’électricité (RTE), la consommation d’électricité de la région francilienne a progressé de 1,9% en 2016. Le climat est le premier responsable de cette progression.

C’est un fait solidement établi: la région francilienne est la région qui consomme le plus d’électricité dans l’Hexagone. En revanche, parmi les éléments nouveaux, cette demande a encore progressé en 2016, selon les chiffres publiés mercredi par Réseau de transport d’électricité (RTE), la filiale d’EDF en charge des lignes haute et très haute tension. L’année dernière, la consommation d’électricité en Ile-de-France a progressé de 1,9%, à 69.032 gigawattheures (GWh). Ce léger gain par rapport à 2015 s’explique d’abord par des températures plus froides. À noter que la consommation finale des professionnels et des particuliers représente 46% des GWh consommés, contre 54% pour les PME-PMI et la grande industrie.

Après la consommation, la production: en 2016, la production d’électricité en Ile-de-France a progressé de 2,9%, à 3703 GWh. Cette progression n’empêche pas que la production francilienne recouvre seulement 5% des besoins de la consommation électrique régionale. En matière de répartition des sources d’énergie, RTE insiste sur le poids des bioénergies – qui ont représenté 32 % de la production totale de la région – et sur l’importance de la contribution éolienne, qui a augmenté de 15,6 % en 2016.

Croissance exponentielle des investissements

En Ile-de-France comme dans les autres régions du territoires, RTE prévoit de continuer à investir massivement sur ses infrastructures, qu’il s’agisse des lignes proprement dites ou des postes électriques. Mercredi, RTE a indiqué que le volume des investissements sur la période 2017-2022 dépasserait les 550 millions d’euros. En 2016, cette enveloppe s’est élevée précisément à 113 millions. La courbe des investissements dévoilée par le transport vise à répondre à la croissance des besoins en électricité de la région, pour un seuil de puissance supplémentaire estimé à 2400 mégawatts (MW).

Au regard de RTE, le développement des territoires passe par le souci constant de sécuriser l’alimentation électrique. Ceci implique des réflexions poussées en matière d’aménagement puisque «la forte pression sur le foncier augmente les demandes de mises en souterrain des ouvrages de RTE, dont certains font partie du réseau stratégique indispensable à l’alimentation de l’Ile-de-France», note l’entreprise.


RÉFÉRENCES

  1. De MONICAULT Frédéric, « La région Ile de France toujours plus gourmande en énergie », www.lefigaro.fr, 15 juin 2017 : http://www.lefigaro.fr/conso/2017/06/15/20010-20170615ARTFIG00016-la-region-ile-de-france-toujours-plus-gourmande-en-electricite.php.
  2. CHAILLOU Clément, « Vitry voit s’éteindre sa dernière centrale électrique, www.leparisien.fr, 23 avril 2015 :  http://www.leparisien.fr/informations/vitry-voit-s-eteindre-sa-derniere-centrale-electrique-23-04-2015-4718829.php.
  3. Sur la centrale de Porcheville, lire l’article publié sur www.wikipedia.org : https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_thermique_de_Porcheville.
  4. Sur l’appel à la terreur, lire l’article publié sur www.wikipedia.org : https://fr.wikipedia.org/wiki/Appel_%C3%A0_la_terreur.

© Jean-Marie CORBIN, 20 juin 2017, 22 h 00.

2014, 2015, 2016, 2017… Le mot du président

Comment nous appelons-nous ?

Il y a an, le titre de nos vœux 2016 était Demain la fête ? Une année de plus d’existence pour notre association Portes de l’Essonne Environnement, créée en 2014. Si nous nous étions « amusés » à courir après les changements de dénomination, elle pourrait s’appeler Grand Orly Seine Bièvre Environnement, puisque l’ancien établissement public territorial (EPT 12) « Grand Orly Val-de-Bièvre Seine-Amont » a décidé le 26 septembre 2016 de s’appeler « Grand Orly Seine Bièvre », ce qui ne change pas grand chose, sinon que deux mots ont été retirés (« Val-de » et « Amont », et que « Seine » a pris la place de « Bièvre »).

En ce qui nous concerne, nous persistons : Portes de l’Essonne Environnement nous sommes, Portes de l’Essonne Environnement nous demeurons.


Le territoire auquel nous appartenons

Créée le 1er janvier 2016, la Métropole du Grand Paris, vient de terminer sa première année d’existence. Cette structure gigantesque (131 communes, 6 999 077 habitants – population légale 2014 –  entrée en vigueur le 1er janvier 2017) semble lointaine à beaucoup d’entre nous. C’est la plus grande des poupées gigognes territoriales auxquelles nous appartenons. L’établissement public territorial Grand Orly Seine Bièvre Environnement (24 communes, 686 407 habitants – population légale 2014 – entrée en vigueur le 1er janvier 2017) en fait partie.

Qu’en retenir ? Les grands chantiers comme le nouveau réseau du Grand Paris Express avance mais à une allure de sénateur. Pour le reste, les assemblées territoriales métropolitaines mettent en lumière des élus (qui rappelons-le n’ont pas été désignés au suffrage direct, mais désignés par les conseils municipaux, ce qui explique que les citoyens ne les connaissent pas) et une administration déconnectée de la réalité. Notre jugement est hâtif et injuste, nous diriez-vous ? Que l’on nous apporte la moindre preuve de la présence d’associations de citoyens dans les processus décisionnels que l’on appelle plus communément la démocratie participative. Ah si, nous avons été consultés, à partir d’une liste fermée, sur le choix de la dénomination du territoire métropolitain n°12. Ce qui est hautement passionnant !

Autrement, la Métropole du Grand Paris a inauguré son nouveau siège dans le 13ème arrondissement de Paris. Cela occupera de nouveaux fonctionnaires territoriaux à de nouvelles missions dont la première sera de justifier l’existence de cette nouvelle strate territoriale à laquelle ils appartiennent. Les périmètres d’intervention font doublon avec ceux d’autres organisations territoriales adjacentes comme celles du conseil régional d‘Île-de-France et les conseils départementaux qui la constitue.


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Pollution de l’air par les usines franciliennes. © Photographie, BM/CAD pour PEE, 2016.

L’air que nous respirons.

A la suite de la COP 21, et des promesses qui ont été faites, l’année 2016 a été marquée par une série significative de mesures anti-automobiles qui ciblent dans le même temps les deux-roues motorisés. Interrogé à ce sujet, Airparif a été ou n’a pas été en mesure de justifier les décisions prises. Un peu de bon sens aurait pourtant éclairé les décideurs de la mairie de Paris en quête de « coups » de communications. Les véhicules anciens sont largement minoritaires et ne circulent encore qu’occasionnellement parce qu’ils sont bien entretenus. Pendant ce temps, les transports en commun échouent dans leur modernisation notamment en étant plus efficients. On ne peut donc espérer un report modal massif dans cette direction. Nous assistons à une régression inédite de la mobilité, où les générations antérieures se déplaçaient plus vite que les générations actuelles ! C’est une première dans l’histoire de l’humanité.


Les transports que nous utilisons.

Il faut d’abord se poser la question des causes de cette mobilité. Serait-ce à des fins « futiles » de loisirs ou de détente (au prix actuels des carburants !) ou bien, autre hypothèse jamais envisagée, serait-ce l’hyper spécialisation croissante des métiers qui obligeraient les populations à se déplacer quotidiennement de plus en plus loin du domicile parce qu’il n’existe pas assez d’opportunités d’emplois spécialisés à proximité ?

Nous ne contestons par l’existence des pics de pollution mais, mais il nous semble que cibler spécifiquement l’usage de certaines catégories de véhicules par leur âge (auto-moto) et interdire les feux de cheminée des particuliers sont des mesures peu ou pas efficaces alors que d’autres hypothèses de pollutions urbaines semblent bien curieusement écartées.

Il en est ainsi de la pollution des centrales au charbon allemandes et de la pollution des avions. On ne peut pas reprocher aux Allemands d’avoir pris leurs distances avec la production d’électricité nucléaire vu les catastrophes irréversibles que cela peut engendrer, mais leur transition énergétique vers le charbon a créé un nuage de pollution qui se moque bien des frontières et dont ils nous font profiter.


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Parmi les innombrables nuisances aériennes, la pollution visuelle. © Photographie, BM/CAD pour PEE, 2016.

Les nuisances aériennes que nous subissons.

Concernant le développement débridé, et sans complexe, du transport aérien (une nouvelle aérogare est en cours de construction à Orly), en dehors de quelques associations de lutte contre les nuisances aériennes, il y a un silence total concernant la pollution chimique des plates-formes aéroportuaires de Roissy et d’Orly. Discret, lorsqu’il est question de pollutions chimiques à l’oxyde d’azote et aux particules fines, le monde du transport aérien se manifeste l’été venu pas ses nuisances sonores alors que nous pourrions vivre quelques moments de détente sur nos balcons, dans nos jardins ou dans les espaces publics. L’été 2016 a été un interminable cauchemar de 8 semaines qui se renouvellera à coup sûr en 2017, 2018 et 2019 conformément au calendrier des travaux publié par Aéroports de Paris.


Ce que nous consommons.

Nous l’écrivions déjà dans notre éditorial en janvier 2016 : « Demain la fête ? ». La COP 21 fut fortement médiatisée, mais ses conséquences se sont apparentées davantage à une l’écologie punitive qu’à une véritable révolution de société, voulue et acceptée par tous.

« Demain », c’est aussi le titre du documentaire de deux heures de Cyril DION et Mélanie LAURENT diffusé dans les salles de cinéma depuis décembre 2015. Parmi les solutions abordées, nous constatons que le fil conducteur repose pour beaucoup sur la réappropriation de la production et des échanges locaux. Une réappropriation qui passe aussi par la mise en valeur des savoir-faire locaux, non pas à des fins « folkloriques », mais tout simplement parce qu’elle constitue la solution la moins coûteuse. La production de grande masse en quelques points de la planète semble très séduisante sur le plan de la productivité, mais les coûts logistiques sont trop sous-évalués, ne serait-ce que par l’épuisement des ressources naturelles qu’il occasionne. N’oublions pas que tous les cargos de transport maritime emploient du fuel lourd, énergie fossile.


La population qui habite le monde.

On peut regretter que ce documentaire, comme d’autres documentaires, n’ose pas aborder la question de la démographie. La Terre comptait 1,66 milliards d’habitants en 1900, 6 milliards en 2000, et compte actuellement 7,4 milliards. La question est taboue car l’aborder signifie des arbitrages en faveur ou en défaveur de différentes populations. Il est illusoire de croire qu’il n’existe pas de compétition entre les populations : les guerres et les famines passées attestent du contraire.

Certaines populations ont-elles, consciemment ou pas, envie d’être la plus nombreuse dans l’espoir de déborder sur son voisin ? L’hypothèse est bien pessimiste et dérangeante mais elle n’est pas absurde. Concernant nos sociétés occidentales, la fuite en avant serait plutôt justifiée par la recherche d’une population jeune qui viendrait soutenir un niveau de vie acceptable pour ses anciens. Notons que cette croissance démographique amène à construire dans des zones à risques, les populations habitantes à proximité des cours d’eau d’Ile-de-France l’ont appris à leurs dépens au début du mois de juin dernier.

En 120 ans, nous sommes 4,5 fois plus nombreux à nous partager la même planète avec des ressources que l’on sait incontestablement limitées. Refuser d’aborder la question ne nous empêchera pas d’entrer dans le mur. Il serait raisonnable d’y penser dès à présent.


L’année 2017 que nous vivrons.

C’est le rendez-vous quinquennal où l’Assemblée Nationale et la présidence de la République seront renouvelées. Parmi les candidats et les partis en lice susceptibles d’accéder au pouvoir, aucun n’a su mener jusqu’à maintenant une politique ambitieuse, réaliste et concrète, permettant aux citoyens d’être réellement associés aux questions de société et de l’environnement. Seuls dominent, au dessus de la mêlée politique, dans l’Olympe de la mondialisation, les dieux de l’« économie » et celui de la « consommation ».

Le choix dans l’isoloir s’annonce difficile, très difficile … très difficile …

© Jean-Marie CORBIN, président de PEE, 8 janvier 2017.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.

Où en est-on de la transition énergétique ?

Bien que ce fût une promesse de campagne du candidat François HOLLANDE en 2012, la transition vers des solutions énergétiques où l’électronucléaire est moins présent a du mal à trouver sa voie. Pressé par l’opinion publique d’accomplir cette promesse, le gouvernement vient de fixer la part de 50 % à l’horizon 2025 soit 8 ans après l’échéance initiale promise de 5 ans. Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ! (1)

convoi de déchets radioactif en gare de Savigny-sur-Orge le 14 janvier 2014 à 7h50

Convoi de déchets radioactifs en gare de Savigny-sur-Orge le 14 janvier 2014, à 7 h 50. © Jean-Marie CORBIN pour PEE, 14 janvier 2014.

L’industrie nucléaire n’est pas une industrie comme une autre. Quand il y a un problème, les dégâts sont énormes et définitifs. Les récents documentaires diffusés sur ARTE à l’occasion des 30 ans de la catastrophe à Tchernobyl en décrivent la sinistre étendue. (2)

Avec 58 réacteurs en service, serions nous plus ingénieux que les Américains (Three Miles Island), les Soviétiques (Tchernobyl) et les Japonais (Fukushima) réunis ?

Voilà qui est bien prétentieux ! Rappelons que l’EPT 12 se trouve à moins de 150 km de plusieurs centrales électronucléaires. Autant dire, qu’en cas de catastrophe sur une de ces centrales, il y a de gros risques que nous soyons touchés.

centrale de Bugey vue du Grand Colombier situé à 42 km de là jul2014

Centrale de Bugey (Ain) vue du Grand Colombier situé à 42 km de là en juillet 2014. Bien que semblant très lointaine, la radioactivité peut parcourir de très grandes distances. © Jean-Marie CORBIN pour PEE, 2014.

Alors que la construction de la centrale EPR à Flamanville dans la Manche voit son budget initial tripler de 3 à 9 milliards d’euros et qu’Areva connaît les pires difficultés financières, quel est l’avenir de l’énergie électronucléaire ? En tout cas, le « candidat » Nicolas SARKOZY ne semble pas avoir de doute. Il ferait mieux d’un peu plus écouter les scientifiques (enfin ceux qui ne sont pas à la botte des nucléocrates) que de se fier à son intuition d’avocat ! Ou dit autrement, il aurait fait mieux « de ne pas l’ouvrir »…

Sur le site de RTE eco2mix, les internautes curieux se rendent compte que la prépondérance des « plus de 80 % d’énergie électronucléaire » appartient au passé. À 75 %, il reste un certain chemin à faire. Mais, la transition est bien en cours et continue bien que cela déplaise aux nucléocrates. (3)

En parcourant les chemins de l’hexagone, les observateurs constateront que les chantiers éoliens suivent leur cours partout sur le territoire et notamment sur le littoral bien venté.

L’effort de conversion reste à maintenir, en espérant à terme une sortie totale du nucléaire sans aucun accident.


DOCUMENT

THÉOBALD Marie, « Nucléaire, hydraulique, éolien : la répartition de la production d’électricité en France, www.lefigaro.fr, 30 avril 2016 – Le scan éco – L’explicateur. (1)

LE SCAN ECO – En 2015, le nucléaire représentait encore plus des trois quarts de la production totale d’électricité en France.

«En cas d’alternance, nous abrogerons l’objectif de ramener à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité en France», lance dans Le Journal du Dimanche Nicolas Sarkozy, le président Les Républicains (LR).

Sarkozy veut maintenir à 75 % la part du nucléaire dans la production d’électricité

Alors que la loi de transition énergétique prévoit d’abaisser la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 % à 50 % à l’horizon 2025, l’ex-président explique dans une longue interview, qu’aujourd’hui en France, il n’y a aucune alternative crédible à l’énergie nucléaire.

Selon les chiffres publiés par Réseau de transport d’électricité (RTE) en février dernier, la production d’électricité nucléaire représente un peu plus de 75 % de l’électricité totale produite en France en 2015, soit 416,8 térawattheures (TWh).

La production totale d’électricité en France métropolitaine atteint 546 TWh en 2015. Elle peut être d’origine nucléaire, hydraulique, éolienne, solaire, bioénergétique ou thermique à combustible fossile (gaz, charbon).

En 2015, la production éolienne a marqué une progression de 23,3 % par rapport à 2014. Quant à la production hydraulique, elle était en baisse de 13,7 % avec une pluviométrie inférieure à la très bonne année 2014. La filière gaz a vu sa production augmenter de près de 55% par rapport à l’année 2014, en raison des températures plus froides en début d’année 2015 même si son parc diminue en 2015 (de 33,5 %).

Parc de production en progression
D’ailleurs, selon la RTE, le parc de production en France métropolitaine progresse légèrement en 2015 avec une augmentation de 584 MW (+ 0,5 %) – le mégawatt (MW) est une unité de puissance qui désigne la capacité de production. La cause? Le développement des moyens de production renouvelable (+ 2000 MW alors que le parc charbon diminue de 1500 MW). Par exemple, le seuil des 10.000 MW de parcs éoliens installés a été dépassé au cours de l’année 2015. Côté solaire, en 2015, 895 MW de puissance solaire ont été raccordés. En tout, on atteint les 6200 MW de parc solaire installé. Quant au parc hydraulique, il reste stable.


RÉFÉRENCES
1. Document : THÉOBALD Marie, « Nucléaire, hydraulique, éolien : la répartition de la production d’électricité en France, www.lefigaro.fr, 30 avril 2016 : http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/explicateur/2016/04/30/29004-20160430ARTFIG00108-la-repartition-de-la-production-d-electricite-en-deux-graphiques.php.
2. Documentaire diffusé le 26 avril 2016 sur Arte (52 mn). « Trente ans après Tchernobyl, cinq ans après Fukushima, les habitants des territoires contaminés témoignent de leur cohabitation incertaine avec la radioactivité. Une réalité humaine poignante et méconnue. » :  http://www.arte.tv/guide/fr/058948-000-A/tchernobyl-fukushima-vivre-avec.
3. Site internet de RTE, production d’électricité par filière : http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-mix-energetique.

© Jean-Marie CORBIN, 30 avril 2016, 22 h 00.