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Orge. Une rivière à l’heure du changement climatique. Quel avenir pour le Syndicat de l’Orge ?

Inondations, sécheresses, pollutions des rivières, défense de la biodiversité… autant d’événements en lien direct avec le changement climatique (1) auquel nous sommes confrontés en ce début de XXIe sicle.  Autant de domaines vis-à-vis desquels une catégorie d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) joue un rôle déterminant : les syndicats de rivière,  comme dans le département de l’Essonne, le Syndicat de l’Orge qui regroupe 59 communes et 9 communautés d’agglomération.
Son président François CHOLLEY, maire de Villemoisson-sur-Orge, a prononcé une importante allocution le jeudi 30 janvier 2020 à l’occasion de la présentation les vœux de cette collectivité dont l’action concerne 420 000 habitants.

Bilan de mandat ?  Ou pot de départ ? interrogea François CHOLLEY au début de son intervention. Au-delà de la présentation des actions menées, notamment durant l’année 2019, il a dressé le plan de ce qui pourrait constituer le programme des six prochaines années (2020-2026). Une occasion de réfléchir aux caractéristiques particulières de l’exercice des pouvoirs des collectivités publiques comme des citoyens à l’égard de cet étrange bien commun de l’humanité qu’est l’eau.

Vœux du Syndicat de l’Orge, au Trianon/Maison de la Justice et du Droit, à Villemoisson-sur-Orge, le jeudi 30 janvier 2020. De gauche à droite, Éric BRAIVE, président du Syndicat d’agglomération Cœur d’Essonne ; Laure DARCOS, sénatrice de l’Essonne ; Jean-Raymond HUGONET, sénateur de l’Essonne ; Pierre CHAMPION, maire honoraire de Saint-Geneviève-des-Bois, ancien vice-président du Conseil général de l’Essonne, ancien vice-président du Syndicat de l’Orge ; Bernard SPROTTI, vice-président du Syndicat de l’Orge, vice-président de Cœur d’Essonne, maire de Breuillet. A la tribune, François CHOLLEY, président du Syndicat de l’Orge, entouré par les vice-présidents. © Photographie BM/CAD pour PEE.


TOUS LES SIX ANS. La vie des institutions territoriales locales (communes, communautés de communes, communauté d’agglomération, établissements publics territoriaux, syndicats intercommunaux…), ainsi que celle des femmes et des hommes siégeant dans leurs organismes exécutifs, est séquencée en tranches de six années. Elles sont rythmées par les élections municipales comme celles des 15 et 22 mars 2020 qui verront le renouvellement des 34 967 conseils municipaux de France. Après le sexenat 2004-2020 qui s’achève au mois de mars, celui de 2020-2026 lui succédera. 

UNE VISIBILITÉ DISCRÈTE. Autant les médias se répandent, en ce mois de février, en commentaires sur la partie la plus visible, celle de l’élection des maires, autant ils omettent d’évoquer les élections au sein des autres exécutifs territoriaux.
Les élections au scrutin direct des conseils municipaux seront suivies aussitôt par d’autres élections, au scrutin indirect, concernant le renouvellement des exécutifs des communautés de communes, des syndicats intercommunaux, des syndicats de rivière, de collecte et de traitement, et pour certains territoires, d’établissements publics territoriaux (EPT), de métropoles…

CONNAISSANCE ET ACTION. François CHOLLEY a rappelé que l’année écoulée a permis une connaissance affinée de la rivière (mesures, études hydrauliques…). Elle a vu une réduction des freins hydrauliques et une facilitation des écoulements de la rivière (retrait des seuils et des embâcles, évasement des berges…) permettant un étalement des crues dans le lit majeur, ainsi qu’une sensibilisation et un accompagnement des habitants pour leur protection individuelle.

Il cita la construction du bassin de rétention à Briis-sous-Forges, la création de fossés ralentisseurs à Pecqueuse pour limiter le ruissellement, et le renforcement des parapets de la Morte-Rivière à Viry-Châtillon. Les 25 bassins de retenue, situés tout au long de la rivière, ont une capacité de rétention de 2 750 000 m3. (2)

  1. Épisodes de sécheresse. Les bassins de retenue situés en amont  doivent-ils servir à soutenir l’étiage de l’aval de la rivière ?
  2. Ruissellements agricoles. Peut-on admettre que les terres situées en amont, en ne retenant pas les eaux de pluie, inondent l’aval ?
  3. Zones inondables. Les points noirs inondables doivent-ils continuer à être urbanisés ?
  4. Zones à inonder en priorité (ZIP). Doit-on créer des zones qui seraient inondées pour éviter que d’autres le soient ?
  5. Zones naturelles gérées par le syndicat. Elles répondent à un besoin grandissant des habitants et sont sur-fréquentées durant certains week-end, au détriment de la faune et de la flore. Doit-on en limiter l’usage ?
  6. Gouvernance. Comment faire pour associer plus étroitement et de façon suivie les représentants des 59 communes composant de Syndicat de l’Orge ?

François CHOLLEY, président du Syndicat de l’Orge lors de son allocution au cours de la cérémonie des vœux du jeudi 30 janvier 2020 au Trianon. Photographie BM/CAD pour PEE.


L’EAU QUI TOMBE DU CIEL. « Le courage de la goutte d’eau, c’est qu’elle ose tomber dans le désert ». C’est par cette citation de l’écrivain chinois LAO SHE que François CHOLLEY a terminé son allocution. (3)

C’est une façon de rappeler la dépendance de la terre, de la nature et de l’espèce humaine à l’égard de l’eau qui « tombe du ciel ». La terre en absorbe une partie. Les surfaces imperméables en rejettent une autre partie. L’excédent alimente les nappes phréatiques. Enfin, les sources forment les ruisseaux, les rivières et les fleuves.

Pas assez d’eau, et c’est la sécheresse, trop d’eau et c’est l’inondation.

L’homme ne commande pas à la pluie. Il est sans pouvoir pour décider ni des endroits où elle tombe, ni des dates où elle tombe. Pas plus qu’il ne connait les quantités qui tomberont et les durées des « épisodes pluvieux » que les bulletins météorologiques annoncent.

A lui de « gérer », c’est-à-dire de prévoir à la fois le prévisible et l’imprévisible, dans l’instant et pour le futur, de cette ressource essentielle à la vie en prenant en compte ses trois aspects essentiels : l’eau potable, les eaux pluviales, les eaux usées.

EAU POTABLE, EAU PLUVIALE, EAU USÉE. Trois problèmes simples, dans trois domaines, dont les réponses sont complexes sous trois aspects : celui de la quantité, de la qualité et du coût :

  • un captage, un traitement et une distribution en eau potable,
  • une collecte, une régulation et un traitement de l’eau pluviale permettant son réemploi,
  • une collecte et un traitement et le rejet de l’eau usée.

HISTOIRE DE RÉSEAUX. Le rapport tissé par les hommes avec ces trois problèmes de l’eau (potable, pluviale, usée) a une histoire. Elle s’est manifestée par des réseaux, à la fois matériels et immatériels, visibles et invisibles, prenant la forme de solutions institutionnelles et sociétales tantôt publiques tantôt privées. Celles-ci comprennent :

  • l’État français et ses représentants départementaux qui, par tradition, veulent tout contrôler, tout réglementer, sans jamais posséder la totalité ni des informations pour décider, ni les ressources financières pour intervenir.
  • les collectivités publiques locales (communes, intercommunalités…) qui vivent ce qui se passe sur leur territoire, et qui attendent que les solutions concrètes et pratiques soient trouvées et mises en œuvre rapidement.
  • les entreprises privées de service qui assurent des services, qui investissent, et qui comptent évidemment retirer des profits de leur activité.
  • les citoyens, habitants, contribuables, électeurs, abonnés, clients… qui ne savent pas toujours bien qui fait quoi, et qui veulent être consultés, donner leur avis sur le fonctionnement de ces réseaux dans lesquels ils sont impliqués, et participer aux décisions majeures.

Il doit être souligné que les législations successives récentes, en regroupant un certain nombre de structures territoriales, ont produit un double effet, de nature contradictoire :
1. permettre une approche plus globale qu’elle ne l’était précédemment,
2. éloigner – de fait – les citoyens des lieux de décision.
Un seul exemple, ce n’est plus le conseil municipal (qui est proche), mais c’est l’intercommunalité (qui est plus éloignée), qui envoie ses délégués aux syndicats intercommunaux.

EXISTE-T-IL UNE INTENTIONNALITÉ DE L’EAU ? La pensée de l’écrivain LAO SHE ouvre un espace de réflexion et d’interrogation. En attribuant une qualité morale (le courage) à la goutte d’eau, il introduit un paradoxe : celui de l’intentionnalité des phénomènes naturels. Une goutte d’eau peut-elle être inutile ? En évoquant le territoire où s’accomplit un phénomène naturel (le désert), il suggère, selon un mode ironique, l’indécision qui existe entre des causes et des effets, et sur ce qui est jugé utile ou inutile. Utile à qui ? Inutile à quoi ? Aujourd’hui, une goutte d’eau n’est rien. Mais il n’en est pas de même si, demain, la pluie se mettait à tomber de façon continue sur les déserts et cessait de tomber en Ile-de France.

A l’heure de la transition climatique du XXIe siècle, l’eau fait partie des biens communs de l’humanité. Le courage, c’est d’oser s’occuper du bien commun sans perdre de vue qu’il appartient à tout le monde. C’est ce que le Syndicat de l’Orge effectue pour sa part, dans ses deux domaines d’intervention : l’eau pluviale (rivière) et de l’eau usée (assainissement). Il entend les poursuivre pour le prochain sexenat 2020-2026.

Coucher de soleil sur le Bassin du Carouges, Extrait de Au Fil de l’Orge, bulletin du Syndicat de l’Orge, n° 110, décembre 2019-janvier 2020, p. 1.


CONCLUSION

LA GESTION DE L’EAU EST-ELLE UN PARADIGME IDÉOLOGIQUE ? Pour les deux anthropologues Barbara CASCIARRI et Mauro VAN AKEN, l’eau constitue « une entrée dans les dynamiques et les flux du contemporain ». (4) Leur expérience de chercheurs de terrain leur permet de dire qu’entre les deux cheminements mêlés des « flux d’eau » et les « flux de pouvoir », aucune « question d’eau » ne peut jamais cacher sa dimension politique.

On ne peut admettre que l’eau devenirne une simple question de gouvernance, aussi complexe et partagée soit-elle. Utilisée dans ce contexte précis, la « gouvernance » constitue à l’évidence un paradigme idéologique (c’est-à-dire, une représentation du monde imposée, une manière unique de voir les choses, un courant de pensée majoritaire, dans un moment donné). Il voudrait imposer de transformer d’office tout « discours sur l’eau », en un problème de « gestion de l’eau ». C’est ce qui constitue un masque : la gestion de l’eau ne peut pas faire plaisir à tout le monde : elle impose des choix. Seul celui du bien commun devrait  l’emporter.

Lorsque des zones inondables urbanisées sont inondées (par une subversion marine ou à la suite d’un évènement climatique). Cela est dans l’ordre des choses, puisquele destin d’une zone inondable est précisément d’être inondée un jour ou l’autre.
Au lendemain des inondations, l’État et son administration ne tiennent jamais un discours de reconnaissance de responsabilité. Au contraire, ministres et préfets font porter la responsabilité sur les collectivités territoriales, et sur leurs représentants. Comme chaque fois que ce même État, et cette même administration préfectorale, qui exerçait avant que les constructions ne soient réalisées, le contrôle de légalité des permis de construire dont la délivrance ont eu pour conséquence  construction d’habitations dans des zones inondables, c’est-à-dire, inconstructibles ?

Les partages multiples entre les décisions, les financements et les responsabilités concernant les rivières obéissent à des modalités distinctes. N’oublions pas que l’eau des rivières, leurs inondations, leur sécheresses, leurs pollutions demeurent des problèmes de nature politique. « Qui est responsable des dommages et des destructions causées par l’eau ?  La question qui en commande une autre qui exerce quel pouvoir sur l’eau ?


RÉFÉRENCES

1. Le changement climatique (« Climate change » en anglais) désigne la modification durable des paramètres statistiques du climat global de la Terre et de ses climats régionaux.
Le réchauffement climatique est consécutif aux émissions de gaz à effet de serre engendrées par les activités humaines qui modifient la composition de l’atmosphère de la planète.

2. Syndicat de l’Orge (Établissement public de coopération intercommunale, EPCI)

  • 420 000 habitants
  • 59 communes
  • 9 communautés d’agglomération
  • 225 kilomètres carrés de bassin versant
  • 300 kilomètres de cours d’eau (l’Orge et ses affluents : le Blutin, la Sallemouille, la Bretonnière, le Mort Ru, la Renarde, la Rémarde, la Prédecelle…)
  • 400 hectares d’espaces naturels

Au fil de l’Orge, n° 110, décembre 2019-janvier 2020.

3. LAO SHE, Quatre générations sous un même toit (1949). Traduction française publiée par Mercure de France et Folio. Vol I (1996), Vol II (1998), Vol III (2000). Préfaces de Jean-Marie LE CLÉZIO et Paul BADY.
Lao She est le pseudonyme de SHU QUIGCHUN (1899-1966), écrivain chinois. Il s’est suicidé à la suite de violences dont il a été victime durant la Révolution culturelle chinoise.

4. CASCIARRI Barbara et VAN AKEN Mauro, « Anthropologie et eau(x) affaires globales, eaux locales et flux de cultures », Journal des anthropologues, n° 132-133, 2013. http://journals.openedition.org/jda/4903


LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Vœux du Syndicat de l’Orge, au Trianon/Maison de la Justice et du Droit, à Villemoisson-sur-Orge, le jeudi 30 janvier 2020. De gauche à droite, Éric BRAIVE, président du Syndicat d’agglomération Cœur d’Essonne ; Laure DARCOS, sénatrice de l’Essonne ; Jean-Raymond HUGONET, sénateur de l’Essonne ; Pierre CHAMPION, maire honoraire de Saint-Geneviève-des-Bois, ancien vice-président du Conseil général de l’Essonne, ancien vice-président du Syndicat de l’Orge ; Bernard SPROTTI, vice-président du Syndicat de l’Orge, vice-président de Cœur d’Essonne, maire de Breuillet. A la tribune, François CHOLLEY, président du Syndicat de l’Orge, entouré par les vice-présidents. © Photographie BM/CAD pour PEE.

  • Coucher de soleil sur le Bassin du Carouges, Extrait de Au Fil de l’Orge, bulletin du Syndicat de l’Orge, n° 110, décembre 2019-janvier 2020, p. 1.

© Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT. Article mis en ligne le 7 février 2020.

Portes de l’Essonne Environnement
http://portes-essonne-environnement.fr
Média numérique
ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2020

 

Savigny-sur-Orge. Histoire des inondations dans le secteur Kennedy – Rossays. Des études oubliées ! (Partie III)

Suite de la partie I publiée le 4 juillet 2016
et de la partie II publiée le 7 juillet 2016.


VI. Juin 2016, une nouvelle inondation cinquantennale

Le 23 juin 2016, à 17 h 30, le Syndicat de l’Orge a tenu un comité syndical à Brétigny-sur-Orge. Les assemblées générales d’un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) sont publiques. Portes de l’Essonne Environnement, membre de la commission « Écologie et paysages » du syndicat, a donc assisté à cette réunion afin de connaître plus en détails les récents événements liés à la crue de l’Orge et de son affluent, l’Yvette, la confluence étant sise sur le territoire de Savigny-sur-Orge, à l’extrémité du quartier des Rossays. Des documents publics ont été remis aux délégués, communiqués ensuite à l’association.

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. © Photographie BM/CAD.

Chronique de la crue de l’Orge du 30 mai au 6 juin 2016, réalisée à partir du rapport du Syndicat de l’Orge présenté aux délégués des communes adhérentes (1, extraits revus et corrigés), du rapport accompagnant la lettre du maire LR Éric MEHLHORN demandant la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle pour Savigny-sur-Orge (2), et de récits de Saviniens.

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016. © Photographie BM/CAD.

1. Contexte pluviométrique, un mois de mai très pluvieux et un lundi noir

Le mois de mai a été très arrosé avec plus de 130 mm de pluie (avant l’évènement du lundi 30 mai) sur le bassin de l’Orge-Yvette en un mois contre une normale de 50 mm. Les sols étaient saturés. Les cours d’eau et fossés présentaient déjà des niveaux hauts.

Les pluies du lundi 30 mai ont été déterminantes dans l’apparition des crues. Elles n’étaient pas violentes, mais soutenues et continues toute la journée :  50 à 60 mm d’eau supplémentaires sont tombés sur le bassin aval de l’Orge, 80 à 90 mm dans le secteur amont du bassin sis dans les Yvelines.

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : la pluviométrie. © Photographie BM/CAD.

Pour comparaison, les seuils de vigilance du Syndicat se situent à partir de 30 mm de pluie en une demi-journée qui génèrent généralement une montée « plein bord » de l’Orge. Les équipes d’astreinte sont alors mobilisées.

2. Le développement de la crue en deux temps

Le lundi 30 mai en fin d’après-midi, les débits de l’Orge à Morsang-sur-Orge ont dépassé les 20m3/s, débits qui constituent le seuil de vigilance du Syndicat sachant que, jusqu’à 30 m3/s, les débordements restent peu nombreux.

Considérant que les pluies devaient se poursuivre et considérant l’importante vitesse d’augmentation des débits, le Syndicat a déclenché sa première alerte Vigi’Orge auprès des riverains et des communes en fin de journée. Au cours de la nuit du 30 au 31 mai, le Syndicat a commencé à remplir ses bassins de retenue, les débits se sont stabilisés. L’eau a commencé à redescendre en milieu de journée. La situation était celle d’une crue d’occurrence 10 à 20 ans maîtrisée.

A Savigny-sur-Orge, le 31 mai à 10 heures, les services municipaux sont mobilisés depuis que la préfecture a communiqué le placement du département en vigilance orange pour les inondations. L’Yvette commence à déborder au niveau du centre aéré de Grand-Vaux. Les eaux de l’Orge recouvrent les abords du côté de Juvisy. L’alerte Vigi’Orge est déclenchée.

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Impasse Kennedy, à Savigny-sur-Orge, l’eau monte… © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

A 11 heures, les résidences habituellement touchées par la crue de l’Orge commence à être inondées. Ainsi, l’eau déborde des tampons sur le parking du 21 rue des Rossays. Des véhicules sont noyés sous 50 cm d’eau. La pluie provoque l’inondation de l’entrée du groupe scolaire Kennedy et du gymnase. Boulevard de l’Orge, la promenade est sous les eaux qui montent de deux centimètres en une heure de temps. Côté Yvette, la promenade Charles-Perrault et le pont sont fermés à la circulation. Entre le skate-parc et la crèche des Moussaillons, l’eau est montée de quatre centimètres.

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Les Rossays, à Savigny-sur-Orge, l’eau monte… © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

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Les Rossays, à Savigny-sur-Orge, l’eau monte… © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

15 heures, les autorités observent une amélioration. Les eaux baissent de 5 cm environ. Toutefois, la passerelle d’accès au parc du Séminaire est condamnée. Le parking du gymnase Kennedy est fermé au public. A Grand-Vaux, la passerelle piéton d’accès au gymnase David-Douillet est aussi condamnée. A 17 heures, la baisse est confirmée. Il est décidé que les sécurisations apportées par les services techniques seraient conservées jusqu’au lendemain.

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Impasse Kennedy, à Savigny-sur-Orge, « parking fermé ». Pour cause, l’eau est montée… © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

La pluie a cessé durant 12 heures. Or, le Syndicat constate que des arrivées massives d’eau ont été enregistrées au niveau de l’Yvette au cours de la nuit du 31 mai au 1er juin 2016, et ce jusque dans la matinée du 2 juin…

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : la débitmétrie à Morsang-sur-Orge. © Photographie BM/CAD.

A Savigny-sur-Orge, ce 1er juin, en accord avec l’Éducation nationale, les écoles et le gymnase Kennedy sont fermés pendant au moins deux jours. Un service minimum d’accueil est organisé.

Inondation Ecole Kennedy

Des enfants dans la cour de l’école primaire Kennedy à Savigny-sur-Orge. Quelques heures plus tard, le maire prend la décision de fermer le groupe scolaire en raison de la crue de l’Orge. © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

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Groupe scolaire et gymnase Kennedy fermés. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

Le centre de loisirs Charles-Perrault est également fermé, les enfants sont conduits au gymnase Coubertin. Un système de navettes est mis en place pour le déplacement des jeunes saviniens vers les autres lieux d’accueil. Toute la journée, une quinzaine d’agents municipaux sécurisent le bas de Savigny touché par les inondations. Des parpaings sont acheminés aux endroits stratégiques. Des passerelles de fortune sont installées aux Rossays, et notamment à la tour du 25.

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Parpaings acheminés par les employés du service technique de la ville de Savigny-sur-Orge à l’école maternelle Kennedy en raison de la crue de l’Orge. © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

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« Distribution » de parpaings et autres matériaux par les employés du service technique de la ville de Savigny-sur-Orge en raison de la crue de l’Orge. © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

En fin de journée, le mobilier des écoles a été surélevé, le niveau de l’eau ayant atteint le rez-de-chaussée. La barque est de sortie, elle permet aux habitants qui le souhaitent de quitter la tour des Rossays. Certains ont déjà trouvé refuge dans de la famille ou chez des amis. Le Cosom est mis également à leur disposition, il accueillera une vingtaine de naufragés. L’électricité a été coupée. Les ascenseurs sont hors service. Les eaux montent de 60 cm en trois heures… Les accès sont devenus dangereux en raison des forts courants d’eau. La tour doit être entièrement évacuée ! Certains habitués refusent. Les pompiers et les agents municipaux les visiteront le lendemain matin… Parallèlement, la Lyonnaise des eaux (groupe Suez), concessionnaire du service public d’assainissement de la ville de Savigny-sur-Orge, annonce que des ouvrages d’assainissement du quartier ne pourront plus assurer leur office.

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Une passerelle de fortune pour la tour des Rossays, montée par les employés du service technique de la ville de Savigny-sur-Orge en raison de la crue de l’Orge. © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

Au Syndicat, les débits de l’Orge mesurés sont passés de 30 m3/s le 1 juin à 45 m3/s le 2 juin matin. Les bassins saturés, l’Orge est alors complètement sortie de son lit.

8 heures, ce jeudi 2 juin, le secteur Kennedy est inondé. Les résidences du haut de la rue de Morsang ont leurs jardins et leurs parkings sous l’eau. Les véhicules sont évacués avec précaution par les plus aguerris.

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Véhicule « non sauvé » de eaux, à Savigny-sur-Orge, rue de Morsang. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

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Véhicules « non sauvés » de eaux, à Savigny-sur-Orge, aux Rossays. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

Les pompiers passent de logement en logement afin de conseiller aux résidents de prendre leurs dispositions pour quitter les lieux durant quelques jours. Plus d’ascenseur, plus de téléphone, plus de télévision…, les agents d’ERDF ont coupé l’électricité vers 13 h 30. L’eau est montée par les réseaux d’assainissement de 80 cm dans les caves, voire un mètre par endroits. Là aussi, la barque est devenue le seul moyen de transport pour celles et ceux non équipés de cuissardes. Un regard mi-amusé mi-inquiet, un sourire, un mot rassurant, des échanges entre « secouristes » et « secourus », une boutade pour détendre l’atmosphère, un journaliste du Parisien qui s’embarque sous les plaisanteries des agents municipaux, des paroles sérieuses pour les uns, des souvenirs de 1978 pour les autres, des images photographiques pour les uns, des vidéos pour les autres, d’autres souvenirs… Des curieux s’arrêtent, intrigués. Un car municipal est en faction dans la rue.

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La barque, seul moyen de transport à Savigny-sur-Orge lors des crues de l’Orge. © Photographie SMM/CAD, 2 juin 2016.

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La barque, seul moyen de transport à Savigny-sur-Orge lors des crues de l’Orge. Ici, à la sortie de l’impasse Kennedy. © Photographie SMM/CAD, 2 juin 2016.

Non loin de là, au 8 de la rue de Morsang, quelques familles viennent chercher leurs parents au foyer-logement Lucien-Midol. L’eau est pompée sans discontinuité dans les caves, sans grand effet… Par sécurité, les personnes âgées les plus fragiles sont conduites au foyer César-Franck. Au 4 de ladite rue, la situation est moins dramatique, mais des habitants décident de prendre les devants et préparent quelques sacs de « naufragés ».

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A chaque crue de l’Orge ou remontée des réseaux d’assainissement par forte pluie, il est nécessaire de pomper les sous-sols du foyer-logement Lucien-Midol, à Savigny-sur-Orge. Et ce depuis sa construction au milieu des années 1980. © Photographie SMM/CAD, 2 juin 2016.

A Grand-Vaux, secteur placé sous surveillance, dès 8 heures, il est constaté que le pont de la RD25 est sous l’eau. La crèche des Moussaillons est évacuée par mesure de précaution vers le relais d’assistantes maternelles, dans l’ancienne crèche familiale de la Grande-Rue. L’eau monte à la maison de quartier et centre de loisirs Charles-Perrault dans lequel le mobilier a été rehaussé. Aux Prés-Saint-Martin, seule la voirie à quelques endroits est touchée à 11 h 45. Une heure plus tard, la rue est fermée à la circulation. Des caves commencent à être inondées.

Puis, l’Orge est redescendue très progressivement à partir du milieu de la journée du 2 juin, pour atteindre dans la nuit du 3 au 4 juin 35m3/s, soit un débit encore très fort.

En effet, à Savigny-sur-Orge, le 2 juin à minuit, la baisse du niveau de l’eau est constatée à Grand-Vaux, le pont de la RD25 est rouvert aux véhicules légers au petit matin. Aux Prés-Saint-Martin, la rue est aussi rouverte à la circulation. Seul le secteur Kennedy – Rossays reste sous surveillance, les eaux de l’Orge étant stables.

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Eau stagnante passage des Jardins, à Savigny-sur-Orge, entre l’école primaire Kennedy (en arrière-plan), les résidences Davout (à gauche) et des Rossays (à droite). © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

La matinée du 3 juin est celle des premiers constats : l’eau stagne dans l’impasse Kennedy, elle commence à se retirer dans les résidences de la rue de Morsang. L’électricité ne sera pas rétablie ce jour, les services d’ERDF attendent la vraie décrue par sécurité… On annonce la journée de dimanche rue de Morsang, au-delà pour les résidences du 21 et du 21 bis de la rue des Rossays. Au lycée, le théâtre et les réfectoires ont fait face à une montée des eaux via les réseaux d’assainissement, plus de 60 cm à certains endroits. Les techniciens et des enseignants nettoient… Les écoles restent fermées jusqu’à nouvel ordre, les enfants sont dirigés vers un poste d’accueil au gymnase Champagne. A Grand-Vaux, la crèche restera fermée jusqu’au lundi matin. Au centre Charles-Perrault, les agents ont entrepris le nettoyage.

Parallèlement, la Seine a vu croître ses niveaux pour atteindre un maximum (+ 4m80) à la fin de la journée du 3 juin. Il semble que la Seine n’ait pas provoqué de frein hydraulique majeur pour l’Orge qui a pu ainsi s’écouler de manière satisfaisante dans le fleuve.

Samedi 4 juin, la décrue est véritablement amorcée : retour progressif à la « maison » pour la plupart des habitants du quartier Kennedy – Rossays. L’heure est au nettoyage pour tout le monde. La ville met à disposition des bacs supplémentaires afin de jeter les déchets. L’EPT 12 doit assurer la collecte en dehors des passages habituels pour toute la ville qui n’a pas été collectée depuis cinq jours. L’évacuation des encombrants est à l’étude…

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Au bout de la rue Charles-Grangier, à Savigny-sur-Orge, la rivière a retrouvé son lit majeur, le parking des Rossays… © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

ERDF rétablit l’électricité, parfois avec difficulté comme au 4 rue de Morsang où le local technique est encore inondé. L’accès à Kennedy est hors d’eau mais il semblerait que les bâtiments soient touchés en « plein cœur » : leurs fondations n’auraient pas résisté à cette énième inondation depuis 1966, pour ne pas dire la trentième !

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L’école primaire et le gymnase Kennedy, à Savigny-sur-Orge, inondés pour la énième fois. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

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L’école primaire et le gymnase Kennedy, à Savigny-sur-Orge, inondés pour la énième fois. Quid de l’avenir de ces équipements communaux ? © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

Le lendemain, aux Près-Saint-Martin, une opération de pompage est menée par les sapeurs-pompiers suite à une nouvelle montée des eaux survenue la veille. Elle sera achevée dans la soirée… Le lundi 6 juin, la catastrophe naturelle est derrière les Saviniens. Place aux ballets des assureurs, des sociétés de nettoyage, des vidages de caves et de sous-sols, d’entrepreneurs en rénovation, d’autres curieux attirés par les encombrants. On essayera d’oublier un peu les beaux jours venus, pour l’heure, le temps est toujours maussade. Cela n’est pas prêt de sécher ! L’eau s’est retirée et les moisissures apparaissent… Quant aux parents des élèves de Kennedy, pour eux et leurs enfants, une autre (més)aventure commence…

3. Les dégradations de biens par les inondations de cours d’eau

Pour le Syndicat, au regard des évènements, et des bassins versants voisins, les dégâts sont globalement faibles.

  • Les pavillons et résidences en bord de rivière et dans le lit majeur ont subi des inondations de sous-sols et de parking : les secteurs Kennedy et Rossays à Savigny-sur-Orge, les impasses Égalité, Fraternité, Prairie et Morlet de Morsang-sur-Orge, la voie des Prés à Epinay-sur-Orge, le Vieux-Perray et la route de Longpont à Sainte-Geneviève-des-Bois, le bas de Leuville, ainsi que le secteur de la Morte Rivière amont à Viry-Châtillon.

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : illustrations à Savigny-sur-Orge. © Photographies d’illustration de diaporama, Syndicat d l’Orge – Photographies de la présentation du diaporama BM/CAD.

  • Les deux campings ont été évacués mais non inondés à Villiers-sur-Orge et à Ollainville.
  • Des quartiers de Viry-Châtillon ont été évacués à partir de la matinée du 2 juin, soit à cause de présence d’eau dans les rues et les sous-sols, soit à titre préventif.
  • Concernant les biens du Syndicat, une station de mesure de la qualité a été noyée à Viry-Châtillon et une armoire électrique a été brulée par vandalisme à Leuville après la crue, le 7 juin. Il n’y a pas eu de dégradation de vannages ou des armoires de commande correspondantes.

4. Le cas particulier de la Morte Rivière

Le canal de la Morte Rivière est un canal en béton d’avant les années 1940. Il traverse Viry-Châtillon pour évacuer la quasi-totalité des débits de l’Orge vers la Seine. Un autre bras de l’Orge s’oriente vers Juvisy-sur-Orge et Athis-Mons, mais la pente de ce bras ne permet d’évacuer qu’un débit marginal (quelques m3/s).

Le canal de la Morte Rivière a été classé en digue de catégorie B par arrêté préfectoral. A ce titre une surveillance accrue est imposée en période de mise en charge. Des surveillances et des entretiens périodiques sont obligatoires. Ce canal présente un parapet vertical d’environ un mètre situé au-dessus du niveau du terrain et des habitations de Viry-Châtillon. Si l’eau le dépasse ou s’il y a rupture, une grande partie de Viry-Châtillon peut être sous l’eau.

Au cours de la crue, ce canal a pu évacuer les 45 m3/s avec un niveau d’eau qui affleurait le parapet dans le secteur amont. Des inondations ont eu lieu dans des rues à proximité, par débordements de l’Orge en amont et en aval immédiat du répartiteur – lieu où débute le canal de la Morte Rivière – et non de la Morte Rivière elle-même. La préfecture et la commune ont choisi de faire évacuer le quartier, soit environ 1 000 personnes.

Les équipes du syndicat ont parcouru jour et nuit le linéaire de la digue par équipe de deux jusqu’au dimanche 5 juin afin de détecter toute anomalie. Le parapet présentait une zone de fragilité d’environ 50 m linéaire révélée par le diagnostic préalable de la digue dans le cadre de son classement. Ainsi, le Syndicat a renforcé d’urgence ce linéaire le jeudi 2 juin par la pose d’environ 100 sacs de un mètre cube de sable à l’arrière du parapet. Celui-ci n’a pas présenté de mouvement au cours de la crue.

5. Le système d’assainissement dans le secteur situé autour de l’ex-nationale 7 et de la Seine à Viry-Châtillon

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Regard sur le réseau d’assainissement du quartier Kennedy – Rossays, à Savigny-sur-Orge, au début des inondations. Les eaux usées sont en passe de déborder… © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

Le système d’assainissement dans le secteur situé autour de l’ex-nationale 7 et de la Seine à Viry-Châtillon / Juvisy / Athis-Mons a été la source des principaux problèmes de cet évènement qui sont apparus avec la montée des niveaux de la Seine.

Dans ce secteur, plusieurs antennes syndicales traversent et sont connectées avec les réseaux des villes gérés par l’établissement public territorial n° 12 (EPT 12) pour rejoindre un émissaire unique vers la Seine à Athis-Mons, franchir la Seine par un siphon, rejoindre un poste de relèvement majeur à Crosne géré par le SIAAP et alimenter la station d’épuration de Valenton. Plusieurs postes de relèvement sont également présents à Athis-Mons et Viry-Châtillon gérés par le Syndicat dans ce secteur qui ne présente pas de pente.

Lors de pluies importantes ou de niveaux de Seine élevés, le SIAAP arrête son poste de Crosne pour délester toutes les eaux usées en provenance du bassin de l’Orge et de l’Yvette en Seine à Athis-Mons (1,5 à 2,5 m3/s d’eaux usées). Cette opération a eut lieu le mercredi 1er juin à 8 h 30.

Le Syndicat possède en cas d’élévation de la Seine une station « anti-crue » à Athis-Mons, le complexe dit « P7/Valenton/Achères », afin de forcer l’évacuation des eaux usées en Seine et éviter l’envahissement par les eaux de Seine et les eaux usées des réseaux publics d’Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge et Viry-Châtillon.

Le Syndicat a fait démarrer son poste anti crue le jeudi 2 juin en lien avec l’élévation des niveaux de la Seine. Ce poste a fonctionné de manière continue jusqu’au mardi 7 juin en présentant un débit d’évacuation satisfaisant (> à 2m3/s) malgré des pompes alternativement bouchées et des faiblesses électriques. Ces dernières étaient constitutives de l’échauffement des armoires électriques, les pompes tournant en continu, et forçant par la présence de déchets… Le Syndicat a ainsi mis en place une équipe permanente jour et nuit afin de réenclencher les disjoncteurs coupaient l’alimentation électrique.

Or, les eaux de Seine, sans doute mélangées à des eaux de nappes et des eaux de pluie ont saturé l’ensemble du système d’assainissement d’Athis/Juvisy/Viry provoquant de nombreux débordements dans les rues et les caves.

Cette situation de saturation et d’élévation des niveaux dans les réseaux s’est amplifiée en fin de semaine en décalage avec la crue de l’Orge et en lien avec la crue de Seine. Des débordements étaient encore enregistrés le 8 juin, en lien avec l’ensemble du réseau d’eaux usées toujours en charge. Cette situation rendait la gestion des postes de relèvement du Syndicat très délicate et paradoxale. Autant pour les inondations par les cours d’eau, les riverains acceptent, dans une certaine mesure, la situation comprise comme naturelle, autant lors d’inondation par les eaux usées, l’acceptation par les riverains est difficile.

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Les deux tourbillons sont des bouches d’égout en train de déborder… Danger ! © Photographie BM/CAD, Savigny-sur-Orge, 2 juin 2016.

6. Vigi’Orge, le site web, Facebook et Tweeter

Le système d’alerte téléphonique automatisé Vigi’Orge a parfaitement fonctionné tout au long de l’évènement. Il a été déclenché le lundi 30 mai au soir, stoppé le lundi 6 juin, et activé tous les jours une à deux fois.

Ce système alerte environ 600 foyers, soit environ 1 500 personnes sur sept communes par deux canaux, l’appel téléphonique et le SMS. Si l’appel n’aboutit pas, un message sur répondeur est enregistré. Pendant l’événement, des communes et des riverains ont demandé leur inscription. Il est regrettable que ce système gratuit pour les habitants ne soit pas plus largement utilisé alors que le Syndicat en fait la promotion depuis 2009 dans tous ses supports et à chaque réunion.

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Panneau d’affichage à l’entrée d’une résidence de la rue de Morsang, à Savigny-sur-Orge : « L’eau dans les caves monte ». © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

Le site web du Syndicat a été alimenté de nombreuses fois au cours de la crue avec des photos et des messages similaires aux messages d’alerte Vigi’Orge. De même, les réseaux Facebook et Tweeter ont été alimentés tous les jours. En journée, le Syndicat répondait en direct aux messages.

7. La coordination des acteurs

Le Syndicat a été en relation permanente avec la cellule de crise de la préfecture et de la Direction départementale du territoire ainsi qu’avec les cellules de crise de Savigny-sur-Orge et de Viry-Châtillon. Pour les autres communes, les relations étaient moins systématiques et déclenchées au besoin.

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Photographie aérienne du quartier Kennedy – Rossays prise par le SDIS91 (©) lors de la crue de l’Orge en juin 2016. (3)

Concernant les syndicats amont, les contacts téléphoniques ont eu lieu avec le SIAHVY les 30 mai et 1er juin lors de la montée des eaux de l’Yvette. En dehors de ces dates, le Syndicat n’a pas eu de contact organisé et n’a pas eu de vision continue des débits et des remplissages des bassins, le système de télégestion du SIAHVY n’étant plus connecté au Syndicat de l’Orge depuis leur changement de siège.

Dans le secteur aval, concernant les débordements d’eaux usées, la coordination a été compliquée au vu du nombre d’acteurs (les communes, l’EPT 12 – ex CALPE – qui gère l’assainissement, le SIAAP et le SIVOA), du nombre d’interlocuteurs différents (personnes des services techniques, cabinets, maires, …) et d’une certaine incompréhension de l’origine de la mise en charge généralisée des réseaux.

8. Les principaux enseignements

De nombreux axes d’amélioration sont en cours d’identification grâce à une relecture de l’événement par les agents du Syndicat de l’Orge. Dans l’immédiat, certaines actions ont été repérées :

  • Accentuer la communication car les riverains en zone inondable acceptent la situation d’inondation mais souhaitent être informés en temps réel de toute évolution (hausse, baisse, stabilisation). Il en est de même pour les communes. Le Syndicat pourrait mettre en place une cellule de veille permanente, et nocturne, pour la mise à jour du site web, de Facebook et de Tweeter.
  • Développer les inscriptions au dispositif Vigi’Orge pour toucher les vingt communes bordant les cours d’eau alors que seules sept ont actuellement adopté Vigi’Orge. Cela permettrait de contacter les 6 000 foyers potentiellement inondables au lieu des 600 inscrits actuellement.
  • Réfléchir au développement d’une application pour smartphone permettant de prévenir d’une crue sans avoir à s’inscrire sur un fichier de type Vigi’Orge et donc, en s’affranchissant de la problématique de mise à jour.

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : les enseignements. © Photographie BM/CAD.

  • Renforcer la coordination avec les acteurs de l’assainissement du secteur EPT 12 et étudier le comportement des réseaux lors des crues de Seine.
  • Disposer d’un système de télégestion-télésurveillance connecté avec l’ensemble des acteurs dont le SIAHVY, le SIBSO et le SIAAP.

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : les enseignements. © Photographie BM/CAD.

Techniquement, le Syndicat de l’Orge se fixe les objectifs suivants :

  • Améliorer le fonctionnement des armoires électriques du complexe P7/Valenton/Achères, opération qui était déjà prévu en 2017.
  • Renforcer la digue de la Morte Rivière, à Viry-Châtillon, au niveau du secteur de fragilité, opération déjà prévue en 2017 dans le cadre du PAPI Seine.
  • Engager une réflexion sur la possibilité de mailler entre elles les antennes eaux usées dans le secteur Viry-Châtillon, Juvisy-sur-Orge, Athis-Mons et de mettre en place des postes de relevage supplémentaires pour forcer les écoulements d’eaux usées vers l’aval. L’origine des eaux excédentaires dans ce secteur doit également être identifiée avec l’EPT 12 pour expliquer et éviter les apports d’eau de Seine, d’eau de nappe et d’eau de pluie dans les réseaux d’eaux usées de l’EPT 12. Ces réseaux sont restés saturés bien après la crue de l’Orge, mais en lien avec la crue de Seine, soit jusqu’au 12 juin.
  • Réadapter certains sites de mesures de hauteur/débit telles les armoires inondées, les sondes inadaptées à de telles hauteurs, etc.
  • Mener une réflexion plus approfondie sur le complexe P7/Achères/Valenton afin qu’il puisse rester hors d’eau. Il n’a pas été inondé lors de cet évènement mais n’aurait sans doute pas résisté à des niveaux de Seine supérieurs.

Avec les autres acteurs et notamment les syndicats amont, il sera opportun au Syndicat de l’Orge de :

  • Lancer une étude sur les cinétiques de déplacement des ondes de crues de l’amont vers l’aval afin de mieux connaître les temps de déplacement coté Orge (Yvelines vers Orge aval) et coté Yvette (Yvelines vers Yvette aval) et de mieux appréhender les effets cumulatifs synchrones et asynchrones des débits en provenance des divers territoires amont, compte tenu de la nature des sols.
  • Réfléchir aux actions préventives pour limiter les apports d’eaux usées en période de crise. Exemple : les stations de lavage de voiture ont continué à fonctionner.
  • Réfléchir avec les autres syndicats à des bassins supplémentaires de retenue, notamment sur la Rémarde.

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : les enseignements. © Photographie BM/CAD.

  • Enfin, étudier afin de se préparer à des scénarios encore plus graves afin d’être le mieux préparé possible (coupures électriques, crue de longue durée, etc.).

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Au bout du chemin des Franchises, à Savigny-sur-Orge, le parc du Séminaire. Enfin, en principe ! Ici l’entrée a été murée de parpaings mais cela n’a pas suffit : l’Orge a repris son lit majeur. Le parc s’est transformé en bassin de retenue. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

A suivre.


RÉFÉRENCES DE LA PARTIE III
1. Syndicat de l’Orge, Assemblée générale du 23 juin 2016, « Point 1 : retour d’expérience sur la crue du 6 juin 2016 », 23 juin 2016, 5 p. (pdf de la version complète et originale, document public) : Deroule crue 14 juin 2016.
2. Ville de Savigny-sur-Orge, lettre du maire au préfet de l’Essonne demandant la reconnaissance d’état de catastrophe naturelle pour la commune de Savigny-sur-Orge, 4 juin 2016, 7 p. (pdf) : SSO L EM PREF RECN 4 juin 2016.
3. Site Internet du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de l’Essonne : http://sdis-91.fr/.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Marie LAPEIGNE, Bernard MÉRIGOT, 16 juillet 2016, 17 h 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Savigny-sur-Orge. Histoire des inondations dans le secteur Kennedy – Rossays. Des études oubliées ! (Partie II)

Suite de la partie I publiée le 4 juillet 2016.


III. Des tentatives pour réduire les aléas des inondations, de 1999 à 2008

Le Syndicat, la ville de Savigny-sur-Orge et les 32 autres communes touchées relancent les réunions sur les mesures à prendre. Des réflexions sont menées sur les rehaussements possibles, sur les bassins de rétention en amont, sur le débétonnage des berges de la rivière (bétonnées dans les années 1940-1950), notamment au parc du Séminaire en 1999, sur une cartographie plus détaillée grâce au système d’information géographique (SIG), sur la multiplication des postes de télégestion et de surveillance numérique des ouvrages hydrauliques, sur la réalisation de bassins de régulation des eaux de pluie, sur l’intensification des réseaux d’alerte… (1)

SIVOA COLL CRUES 2009 H

« Outils de mise en œuvre : chronologie de la politique syndicale » du SIVOA en matière de gestion des crues sur la rivière Orge en zone urbaine, colloque de juin 2009. Fonds privé BM/CAD. (2)

26 décembre 1999, la tempête Lothar traverse la France. A Orly, la vitesse des rafales atteint 173 km/h. A Savigny-sur-Orge, les dégâts sont considérables tant sur les propriétés communales que privées. Quasiment tous les peupliers le long de l’Orge se couchent… Deux jours plus tard, 28 décembre 1999, l’Orge déborde. C’est la deuxième fois cette année-là ! (3)

1. SIVOA Au fil de l Orge N45 Mai 1999 PERI

3. SIVOA Au fil de l Orge N45 Mai 1999 PERI

SIVOA, Au fil de l’Orge, n° spécial crue du 14 avril 1999, n° 45, mai 1999, p. 1 et p. 3.

Bernard MÉRIGOT, adjoint au maire, rapporte qu’il a accompagné Jean MARSAUDON, député-maire de l’époque, à la nuit tombée, dans un parcourt en barque sur le secteur de Kennedy – Rossays. Des résidences du quartier des Rossays à celles de la rue de Morsang, l’Orge a repris son bassin d’expansion naturel. Au centre, la cour de la maternelle Kennedy est sous l’eau, l’accès est rendu inaccessible en raison du débordement du collecteur intercommunal géré par le SIVOA, passant sous la chaussée de l’impasse Kennedy, traversant la rue de Morsang pour rejoindre le poste de relèvement du lycée Corot le long de l’Orge. (4)

Depuis 1989, la ville a été l’une des premières du SIVOA à engager un programme de vérification des branchements individuels et communaux. Or, régulièrement, elle subit le fait que les communes en amont ne sont toujours pas en réseau séparatif, eaux pluviales / eaux usées. Les événements pluvieux provoquent alors un refoulement des eaux usées du collecteur et leur débordement dans l’impasse Kennedy et le quartier. Le Syndicat est interpelé en octobre 2000 afin qu’il remédie à la situation, parallèlement à un débétonnage des 500 mètres du lit mineur et des berges de l’Orge entre l’autoroute A6 et le pont de Savigny-Morsang. (5)

6 juillet 2001, un orage centennal éclate. Des pluies intenses s’abattent sur la vallée de l’Orge, et la région parisienne, à partir de 22 heures. Les ouvrages de rétention sont rapidement pleins, au maximum de leur capacité. Avec les prairies et les bois dans les zones d’expansion des crues, les dix bassins de retenue gérés par le SIVOA font leur office. Côté Yvette, la situation est identique. Des quartiers, toujours les mêmes, sont malheureusement inondés. Le système D est ressorti par les habitants. Les pompiers, les agents communaux et intercommunaux sont sur le pont, mobilisés… Les services de l’État s’appuient sur le SIVOA. Les rivières n’amorcent une décrue que le 8 juillet. Alors que la moyenne des précipitations annuelles est de 55,6 mm, celles de juillet 2001 est de 145,2 mm. (6)

SIVOA AU FIL ORGE 2001

SIVOA, Au fil de l’Orge, n° spécial crue du 7 juillet 1999, septembre 1999, p. 1 : les Rossays à Savigny-sur-Orge.

LP INONDATIONS 2001-07-09

Document : Ramnoux Sébastien, « Une résidence encore victime des inondations à Savigny-sur-Orge », Le Parisien Essonne-matin, 9 juillet 2001, p. II. (6b)

Depuis 1995, c’est la dixième vague d’inondations pour Savigny-sur-Orge ! A chaque fois, le scénario est le même. De nombreux équipements publics et des immeubles d’habitation sont touchés ou mis hors service. Le groupe scolaire Kennedy, les logements des instituteurs, le gymnase, le foyer-logement sont évacués. Les immeubles collectifs sont soit évacués, soit reliés au monde via une sacro-sainte barque. Des garages, des parkings sont inondés avec perte des véhicules stationnés. L’état de catastrophe naturelle est de nouveau arrêté. (7)

LP INONDATIONS 2001-07-08 BARQUE

Document : Ramnoux Sébastien, « Intempéries. De gros dégâts en Ile-de-France », Le Parisien Essonne-matin, 8 juillet 2001, p. I. © Photographie Le Parisien. (6b)

LR INONDATIONS 2001-07-12

Document : BM, « Orages : le département sous les eaux après des pluies records », Le Républicain, 12 juillet 2001. © Photographie Le Républicain. (6b)

En 2001, les dépenses pour les seuls biens publics se montent à plus de 1 100 000 francs, soit 167 694 euros. Savigny n’est toujours pas pourvue de digue anti-crue alors que le secteur touché est l’un des plus urbanisés. Le député-maire et son adjoint sont obligés d’intervenir régulièrement pour activer les études sur le sujet… Auprès du SIVOA et de la DDE, le 11 juillet 2001, Bernard MÉRIGOT demande que soit établi un programme de sécurisation du quartier Kennedy – Rossays comprenant notamment le rehaussement permanent des dessertes des équipements collectifs et privés sis en zone rouge du PERI. En juillet 2016, rien n’a été mis en place… (8)

SSO CNI 2001 PHOTOS ROSSAYS1

Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD. Les Rossays.

SSO CNI 2001 PHOTOS ROSSAYS2

Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD. Les Rossays.

En octobre 2001, l’inspection académique s’inquiète aussi de la répétition du phénomène, des conséquences morales sur le personnel enseignant, les enfants, les parents, des problèmes d’hygiène liés à l’extension des moisissures, de la sécurité des lieux et des occupants… Le directeur des services départementaux de l’Éducation nationale se préoccupe ainsi de la viabilité du groupe scolaire. « Quel avenir pour Kennedy ? », telle est sa question. (9) En juillet 2016, elle est toujours d’actualité. Rien n’a été prévu au plan local d’urbanisme (PLU) pour déplacer le groupe scolaire ! (10)

SSO CNI 2001 PHOTOS ROSSAYS3

Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD. Les Rossays.


IV. Pourtant, la forte vulnérabilité des lieux est connue et reconnue !

La première étude hydraulique sérieuse est pilotée par la société Silène, mandatée par le SIVOA. Son rapport d’expertise est remis en mai 2002. Entre l’A6 et le pont de Savigny, l’Orge est canalisée dans une structure en dalles de béton. La zone aval est très urbanisée avec une forte proportion d’habitats collectifs, des maisons dont les fondations sont à moins d’un mètre du canal, des murets, des haies. La zone amont est davantage constituée d’espaces verts et arborés. L’artificialisation de l’Orge a supprimé les échanges entre le lit et les berges, entre l’eau et le sol. Les lignes de montée d’eau sont étudiées pour :

  • une crue quinquennale (30 m3/s) : un parking de la tour des Rossays inondé, terrains en bordure du groupe scolaire sous quelques centimètres d’eau, caves, sous-sols et vides sanitaires inondés possiblement par retour des réseaux ;
  • une crue décennale (35 m3/s, soit la crue de 1999, sachant que celle de 2001 concerne un débit moyen de 39 m3/s) : inondation de tous les terrains sous 20 à 30 cm d’eau ;
  • et une crue centennale (56 m3/s) : inondation des terrains sous 1 mètre d’eau.

La stratégie d’aménagement suggérée par Silène au SIVOA est de répondre aux vulnérabilités de la rive gauche en période de retour 20 – 25 ans, type juillet 2001, avec une digue de 60 – 70 cm de haut, et 100 ans, avec une digue de 1,40 – 1,50 m. En rive gauche, si l’implantation de la première est envisageable, celle de la seconde s’avère irréalisable faute de place pour l’emprise au sol et l’incompatibilité avec la loi sur l’eau. Par ailleurs, l’endiguement du secteur suppose une forte incidence sur les zones non protégées en aval. Il nécessite également une gestion différente des eaux pluviales. (11)

SILENE RAPPORT SSO 2002

Silène, L’Orge entre le pont de l’autoroute A6 et le pont de Savigny-sur-Orge. Étude hydraulique et de restauration des berges. Rapport, mai 2002, une de couverture.

Publiée en 2005 par trois universitaires, la seconde étude porte sur l’évaluation de la vulnérabilité aux inondations du bassin de l’Orge aval. Il est ainsi créé un outil d’évaluation qui « permet d’analyser et d’évaluer la vulnérabilité locale aux inondations urbaines selon plusieurs facteurs. Il s’agit de la vulnérabilité liée à l’aléa, la vulnérabilité de la population, la vulnérabilité du bâti, la vulnérabilité liée aux usages et la vulnérabilité liée à la gestion de crise. Chacun de ces cinq facteurs fait l’objet d’une grille d’analyse et d’évaluation qui permet d’élaborer des indicateurs de vulnérabilité à partir de listes détaillées de critères. Ces grilles, élaborées en concertation avec des praticiens, gestionnaires du risque, constituent un outil d’aide à la décision dans le cadre d’une gestion intégrée des zones urbaines soumises à inondation. » Trois sites tests ont été étudiés : le groupe scolaire Kennedy à Savigny-sur-Orge, le camping de Villiers-sur-Orge et le centre-ville piétonnier de Juvisy-sur-Orge. Que ressort-il de l’étude ?

  • Pour le site Kennedy, « le graphique synthétique des vulnérabilités montre qu’il faut agir sur la population (conscience et information), le bâti (mal adapté) et la gestion du risque (mesures préventives et mesures d’urgence). »
  • « La population concernée par le risque sur le groupe scolaire de Savigny-sur-Orge est évaluée plus vulnérable » que celles du camping villiérain et du centre-ville piétonnier juvisien. (12)

SSO CNI 2001 PHOTOS KENNEDY

Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD. Kennedy, lycée Corot.

Enfin, la troisième étude est inscrite dans le cadre du programme PIREN Seine : « L’Orge, vers l’âge de la maîtrise écologique ? » (2010). Un collectif de chercheurs universitaires de Paris-Panthéon-Sorbonne et de Paris-Est s’est intéressé au rôle joué par l’urbanisation dans l’évolution de la rivière. L’imperméabilisation des sols des fonds de la vallée est remise en cause, de même le regard des élus. Ainsi, les événements catastrophiques mobilisent leur attention quelques temps, puis l’intérêt s’estompe : « L’année qui suit une crue, les élus sont en général bien motivés pour acheter des terrains ou changer leur POS, voter des budgets, etc. La dernière crue de l’Orge remonte à juillet 2001, la lutte contre les crues n’est pas une priorité » (Michel VALOIS, SIVOA, mai 2009). (13)

Le Syndicat a insisté auprès des élus pour que les PLU intègrent la zone de crue centennale. Un système d’alerte aux riverains a été créé avec des réunions publiques locales… Il y en eut deux à Savigny-sur-Orge, en mai 2011. (14) Ce n’est pas suffisant, elles devraient être renouvelées de façon systématique, chaque année. Le site Internet de la ville ne contient même pas les informations sur le sujet, ni en rubrique « Nos rivières », ni en rubrique « Sécurité » ! (15) Dans sa lettre à la préfète afin de demander la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle suite aux inondations de juin 2016, le maire LR Eric MEHLHORN termine son rapport par « L’Alerte VIGI’ORGE auprès des riverains afin de leur demander de rester vigilants reste néanmoins toujours d’actualité. » (16) Peu de Saviniens connaissent ce plan Vigi’Orge, un système d’appel automatisé aux riverains qui alerte en cas de crue avérée. (17) Quel est l’impact en terme de communication ?

VIGI ORGE 1

SIVOA, « Prévention des inondations. Guide pratique en cas de crue. Vigi’Orge », plaquette, une de couverture.


V. Quels travaux ont-ils été entrepris après les inondations de 2001 ?

Que s’est-il passé à Savigny-sur-Orge ? D’autres micro-phénomènes de crue ou de débordement des réseaux, mais pas d’élévation de véritable digue dans le secteur de Kennedy. Suite à la tempête de 1999, les peupliers ont été remplacés, soit par d’autres peupliers (dont le bois est « cassant » et résiste mal aux tempêtes), soit par d’autres essences d’arbres, plus résistantes. De nouvelles grilles ont entouré le groupe scolaire et le gymnase, légèrement sur-élevées avec une butte de terre de faible hauteur le long de l’Orge. (18)

Des discussions ont eu lieu entre les élus saviniens, les services techniques et le SIVOA. Ainsi, le 24 mars 2003, l’étude Silène est présentée au député-maire Jean MARSAUDON qui opte pour une digue de 70 cm de haut afin de protéger le secteur des crues dites vingtennales majoritaires. Il suggère la pose d’une alarme sur les parkings et l’équipement d’une passerelle d’accès à demeure pour la tour des Rossays. (19)

SILENE RAPPORT SSO 2002 FIG4C

Silène, L’Orge entre le pont de l’autoroute A6 et le pont de Savigny-sur-Orge. Étude hydraulique et de restauration des berges. Rapport », mai 2002, plan des projets de digues proposés dans l’étude. La solution A4 (tracé jaune) sera retenu par le SIVOA, mais remis en question par le maire de Savigny-sur-Orge.

Le 20 novembre 2003, la commission « Eaux pluviales » du SIVOA se réunit avec pour premier point la lutte contre les inondations dans le secteur Kennedy : la protection pour des crues d’un retour de 20 – 25 ans est actée avec la construction d’une digue uniquement sise sur le groupe scolaire et le gymnase afin de ne pas modifier la ligne d’eau. Les membres de la commission considèrent la population comme étant apte à accepter l’inondation centennale comme un fait naturel (« habiter sur les bords d’une rivière constitue une chance, mais on subit aussi parfois les désagréments »). Et de poursuivre : si les habitants sont suffisamment informés, ils doivent accepter qu’un parking ou qu’une cour d’école soient inondés afin de mieux protéger les bâtiments publics ou d’habitation. Il est ensuite décidé que le coût de la « diguette » entourant le site scolaire Kennedy et les stations de relevage seraient à la charge de la commune… (20) Il faut attendre le 18 mars 2004 pour que ce dossier passe en bureau de l’exécutif du syndicat ! (21) Un an plus tard, la digue n’est toujours pas construite. Le député-maire ne peut se résoudre à ne protéger que les équipements communaux et offrir aux terrains des particuliers le sort de bassin inondable. Il suscite une nouvelle réunion le 31 mars 2005 entre les services de la ville et le SIVOA : la loi sur l’eau rend caduque le choix de Jean MARSAUDON, des variantes sont étudiées… (22) Nous en sommes là à ce jour.

SILENE RAPPORT SSO 2002 FIG 3C

Silène, L’Orge entre le pont de l’autoroute A6 et le pont de Savigny-sur-Orge. Étude hydraulique et de restauration des berges. Rapport », mai 2002, plan des zones inondables.

Pour le secteur des Rossays – chemin des Franchises, le projet de PLU soumis à enquête publique en janvier 2016 mentionne l’existence d’une digue, celle dite « Joie de Créer ». Sous la responsabilité du Syndicat de l’Orge, elle serait d’une « hauteur maximale de 2,5 m environ. Elle protège une zone boisée, une douzaine d’habitations ainsi que le foyer pour personnes handicapées « Atelier Club Joie de Créer ». La population protégée est estimée entre 40 et 55 habitants sur une zone protégée de 6 ha environ. La digue est estimée de classe C. » (23) Cela n’a pas empêché le secteur d’être considérablement inondé six mois après l’enquête publique !

SSO CNI 2001 PHOTOS 12RM et JDC

Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD. Rue de Morsang, rue des Franchises (Intérieur de Joie de créer).

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Savigny-sur-Orge, le chantier de l’extension du foyer pour handicapés « Joie de créer » après les inondations. © Photographie BM/CAD, 19 juin 2016.

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Savigny-sur-Orge, panneau du chantier de l’extension du foyer pour handicapés « Joie de créer ». La commune et l’État auraient-ils dû autoriser la construction de l’extension en zone inondable ? © Photographie BM/CAD, 19 juin 2016.

Pour le secteur du lycée Corot, même mention dans le projet de PLU : la « digue de la station de Savigny-sur-Orge, sous la responsabilité du Conseil Régional, présente une hauteur maximale de 1,45 m. Elle protège le lycée Corot et une population estimée entre 1 000 et 3 000 personnes. La digue est de classe B. Une étude est nécessaire pour mieux identifier la zone protégée. Le lycée a été récemment réhabilité en prenant en compte le risque inondation identifié dans le PPRI de la Seine. Ainsi, certains bâtiments ont été aménagés sur pilotis et d’autres aménagements ont été réalisés pour se protéger des inondations. Il n’existe pas aujourd’hui toutefois suffisamment d’informations pour juger de l’impact de ces aménagements sur la protection contre les crues de l’Orge. » (24) La dernière précaution d’écriture est intéressante car, effectivement, les travaux réalisés par le Syndicat lors de la renaturation des berges de l’Orge dans le parc Duparchy et le long de la promenade de l’Orge, à l’arrière du lycée, n’ont pas empêché qu’une partie de la cour de Corot et des rez-de-chaussées de bâtiments soient inondés. (25)

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Promenade de l’Orge et berges renaturées du parc Duparchy, inaugurées le 31 mai 2016 par le SIVOA… quelques heures avant les inondations ! En arrière-plan, les bâtiments scolaires du lycée Corot dont les extensions ont été construites sur pilotis… Où est la digue protectrice ? © Photographie SMM/CAD, 7 avril 2016.

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Promenade de l’Orge et berges renaturées du parc Duparchy, inaugurées le 31 mai 2016 par le SIVOA… quelques heures avant les inondations ! En arrière-plan, une entrée à l’arrière du lycée Corot. © Photographie SMM/CAD, 7 avril 2016.

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Savigny-sur-Orge, les bâtiments scolaires du lycée Corot inondés. © Photographie SMM/CAD, 2 juin 2016.

Les digues (en l’occurrence, on pourrait parler de « diguettes »), quelle que soit leur hauteur, ne répondront pas aux attentes protectrices des habitants puisque l’eau des rivières les contourne aisément et, surtout, elle est secondée par des remontées dangereuses des réseaux d’assainissement.

A suivre.


RÉFÉRENCES DE LA PARTIE II
1. L’ensemble de cet article a été réalisé à partir de documents publics ainsi que de fonds privés, notamment ceux de Bernard MÉRIGOT et des membres de l’association CAD. Les données historiques sont issues des recherches faites sous les directions de Bernard MÉRIGOT et de Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT entre 1983 et 2009. Pour en savoir plus, se référer à l’ouvrage : Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge, Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Alan Sutton, 2008, 128 p.
2. SIVOA, L’Orge vive, Imprimerie Henry, 1995, 96 p. ; SIVOA, Carnet de route. 1977-2007, Imprimerie Cloître, 2008, 40 p. ; SIVOA, Colloque CNFSH « Gestion des crues sur la rivière Orge en zone urbaine, diaporama, juin 2009, 21 diapositives. Fonds privé BM/CAD.
3. SIVOA, Au fil de l’Orge, n° spécial « crue du 14 avril 1999 », n° 45, mai 1999, 5 p. (pdf) : 0. SIVOA Au fil de l Orge N45 Mai 1999 PERI. Fonds privé BM/CAD.
4. MÉRIGOT Bernard, « Les inondations à Savigny-sur-Orge », communication lors de l’assemblée générale 2001 de l’association Agir pour Savigny. Fonds privé BM/CAD.
5. MÉRIGOT Bernard, vice-président du SIVOA, intervention lors de l’assemblée générale du SIVOA du 25 octobre 2000. Fonds privé BM/CAD.
6. SIVOA, Rapport de crue et compte-rendu de l’astreinte présentés aux délégués du syndicat (pdf) : SIVOA Rapport de crue Orge 06-07 07 2001, SIVOA RAPPORT ASTREINTE 2001. SIVOA, Au fil de l’Orge, septembre 2001, 8 p. (pdf) : SIVOA AU FIL ORGE 2001. Fonds privé BM/CAD.
6b. Revue de presse 2001 : CRISTOFOLI Roberto, RAMNOUX Sébastien, « De gros dégâts en Ile-de-France », Le Parisien, 8 juillet 2001, p. 4 ; RAMNOUX Sébastien, « L’orage fait de gros dégâts dans toute l’Essonne », Le Parisien Essonne-matin, 9 juillet 2001, p. II ; B.M., « Orages : le département sous les eaux après des pluies records », Le Républicain, 12 juillet 2001, 3 p. (pdf) : LP LR INONDATIONS 2001-07.
7. Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD.
8. MÉRIGOT Bernard, Intervention lors de la réunion de la commission eaux pluviales du SIVOA, 11 juillet 2001. Fonds privé BM/CAD.

9. CHUDEAU Roger, Lettre au député-maire de Savigny-sur-Orge au sujet des inondations répétées dans la commune, 10 octobre 2001. Fonds privé BM/CAD.
10. Lire sur le présent site Internet les articles sur le plan local d’urbanisme de la ville de Savigny-sur-Orge parmi les articles figurant dans la catégorie suivante : http://portes-essonne-environnement.fr/category/urbanisme/plan-local-durbanisme-plu/.
11. Silène, L’Orge entre le pont de l’autoroute A6 et le pont de Savigny-sur-Orge. Étude hydraulique et de restauration des berges. Rapport, mai 2002, 31 p et annexes. Fonds privé BM/CAD.
12. BARROCA Bruno, LEFORT Émilie, POTTIER Nathalie, Analyse et évaluation de la vulnérabilité aux inondations du bassin de l’Orge aval, Septième rencontre de Théo Quant, janvier 2005, 12 p. (pdf) : TQ2005 ARTICLE 10.
13. Collectif C. CARRÉ, J.F. DEROUBAIX, J.C. DEUTSCH, J.P. HAGHE, B. DE GOUVELLO, N. BELAÏDI, A. CHARRIER, Une monographie de l’Orge. Vers l’âge de la maîtrise écologique ?, Programme PIREN Seine, 2010, 74 p. (pdf) : PIREN SEINE ORGE.
14. MÉRIGOT Bernard, « La prévention des inondations de l’Orge à Savigny-sur-Orge (I) », www.savigny-avenir.fr, 1er juin 2011 : http://www.savigny-avenir.fr/2011/06/01/la-prevention-des-inondations-de-l%E2%80%99orge-a-savigny-sur-orge-2011/.
15. Site Internet de la ville de Savigny-sur-Orge consulté le 26 juin 2016 et le 6 juillet 2016 (www.savigny.org).
16. Ville de Savigny-sur-Orge, Lettre du maire au préfet de l’Essonne, Demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, 4 juin 2016, 7 p. (pdf) : SSO L EM PREF RECN 4 juin 2016.
17. SIVOA, Prévention des inondations. Guide pratique en cas de crue. Vigi’Orge, 2014, 8 p. (pdf) : VIGI ORGE.
18. Dossier technique sur le groupe scolaire Kennedy / inondations. Fonds privé BM/CAD.
19. Compte rendu de la réunion entre la mairie de Savigny-sur-Orge et le SIVOA, 24 mars 2003. Fonds privé BM/CAD.
20. SIVOA, « Compte rendu de la réunion de la commission eaux pluviales du SIVOA », 20 novembre 2003. Fonds privé BM/CAD.
21. SIVOA, Point 3.4 « Prévention contre les inondations de l’Orge à Savigny-sur-Orge sur le secteur Kennedy », Bureau du 18 mars 2004. Fonds privé BM/CAD.
22. Compte rendu de la réunion entre la mairie de Savigny-sur-Orge et le SIVOA, 31 mars 2005. Fonds privé BM/CAD.
23. et 24. Ville de Savigny-sur-Orge, Plan local d’urbanisme de Savigny-sur-Orge. Rapport de présentation, p. 98 (pdf) : SSO PROJET PLU 2016 RP.
25. Lire sur le présent site Internet les articles sur les travaux réalisés par le SIVOA : http://portes-essonne-environnement.fr/?s=parc+duparchy.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Marie LAPEIGNE, Bernard MÉRIGOT, 7 juillet 2016, 9 h.

Savigny-sur-Orge. Histoire des inondations dans le secteur Kennedy – Rossays. Des études oubliées ! (Partie I)

Préambule : Les trois paradoxes de l’histoire des inondations

L’histoire des inondations est paradoxale. Pour au moins trois raisons.

  • Le premier paradoxe tient à la temporalité : celle des événements (l’inondation par elle-même), la façon dont elle est vécue localement, et celle de ce qui la suit. Autant son apparition et les parades qui sont mises en œuvre pour faire face dans l’urgence à ses effets, pour la contenir, puis pour en effacer les traces, se produisent dans un climat d’accélération d’actions et de discours, toujours relayées à l’excès par les médias ; autant l’après catastrophe connaît un désinvestissement de l’attention, prélude le plus souvent à un oubli pernicieux. Les témoignages apportés par les victimes et les témoins des inondations constituent une mémoire essentielle. Leur conservation est primordiale. Le temps vécu d’une inondation est fait d’accélérations, de ralentissements et d’arrêts : il n’est pas continu.
  • Le second paradoxe d’une inondation est de ne pouvoir être considérée uniquement que comme une « catastrophe naturelle ». Toute catastrophe est à la fois une catastrophe naturelle (on ne sait pas quand et comment elle se produira) et une catastrophe humaine (on sait que toute zone inondable sera un jour inondée). D’innombrables exemples démontrent et ont démontré que les pouvoirs locaux, avec l’assentiment des pouvoirs de l’État, ont autorisé des constructions dans des zones inondables. Ils n’ont pas pris les mesures nécessaires pour protéger les biens et les personnes. Divers travaux ont, soit causé directement, soit aggravé la catastrophe. Une inondation est toujours l’histoire d’un échec d’une politique publique et des contrôles qui doivent s’exercer sur cette dernière et qui, visiblement, ne l’ont pas été. Ayons une pensée pour les 29 personnes qui ont trouvé la mort dans des conditions atroces, chez elles, du fait de la submersion d’une digue à La Faute-sur-Mer, durant la nuit du 27 au 28 février 2010. Cette dramatique nuit symbolise l’absence totale de discernement des autorités tant locales que préfectorales ayant accordé les permis de construire.
  • Le troisième paradoxe concerne la difficulté d’accès et la dispersion des documents concernant les inondations. Tous ces documents sont publics. Ils émanent de multiples autorités : communes, communautés, syndicats intercommunaux de rivière, conseils généraux/conseils départementaux, administrations départementales, préfectures, services publics… Toute une littérature est produite, souvent sans publicité, par diverses commissions préfectorales notamment (CLE, SAGE…). Aucun dossier centralisé local n’existe. Une recherche historique des sources doit être entreprise. Elle est longue et difficile. D’une part, les archives communales sont généralement bien pauvres en documents complets. D’autre part, les services gestionnaires (services techniques, services d’urbanisme…) communiquent très souvent avec une extrême réticence les documents publics qu’ils détiennent. C’est pourquoi la mémoire des acteurs des politiques publiques locales (élus, fonctionnaires territoriaux) est déterminante pour restituer au citoyen (au contribuable, au propriétaire, au locataire, à l’habitant, au riverain, à l’usager d’un territoire…) cette histoire. Ce n’est que par un travail de recherche historique que l’on peut répondre à ces deux questions : Quand et comment un territoire s’est-il constitué ? Quelles en sont les vulnérabilités présentes et à venir.

Nous tenons à remercier Bernard MÉRIGOT, président de Mieux Aborder l’Avenir, ancien maire-adjoint de Savigny-sur-Orge (1983-2009), ancien vice-président du Syndicat mixte de la vallée de l’Orge aval / SIVOA, devenu Syndicat de l’Orge, (1995-2009) et du Syndicat intercommunal pour l’aménagement hydraulique de la vallée de l’Yvette / SIAHVY (2001-2009), qui nous a aidé à identifier et à localiser un certain nombre de documents publics. (1)

Ses grands-parents paternels se sont installés dans la commune en 1928 et ses parents en 1956. Ils ont connu les différents épisodes de montée des eaux de l’Orge et de l’Yvette à une époque ou l’urbanisation et l’imperméabilisation des sols n’avaient encore atteint leur paroxysme.

0. SSO QUARTIER BAS

Savigny-sur-Orge, vue aérienne du quartier ancien, de la place Davout vers Morsang-sur-Orge, Épinay-sur-Orge et Villemoisson-sur-Orge. Au-delà de l’Oasis (maison Soltikoff), on aperçoit en arrière-plan les espaces boisés et le parc du château de Grand-Vaux où coulent l’Orge et l’Yvette. Carte postale affranchie en 1956, collection privée AM/CAD.


Sommaire

Partie I
Préambule : Les trois paradoxes de l’histoire des inondations
Introduction : Premier ministre, préfète et secrétaire d’État au chevet des communes essonniennes sinistrées en juin 2016

I. Géographie des lieux avant les années 1960 : une mère nature respectée
II. Après 1960, les autorités oublient la vulnérabilité des lieux et imperméabilisent les sols
Références de la partie I

Partie II
III. Des tentatives pour réduire les aléas des inondations, de 1999 à 2008
IV. Pourtant la forte vulnérabilité des lieux est connue et reconnue !
V. Quels travaux ont-ils été entrepris après les inondations de 2001 ?
Références de la partie II

Partie III
VI. Juin 2016, une nouvelle inondation cinquantennale
Références de la partie III

Partie IV
VII. Quel avenir pour le groupe scolaire Kennedy ?
Conclusion
Références de la partie IV

1. SSO PONT ORGE RVP

Savigny-sur-Orge / Morsang-sur-Orge, le pont sur l’Orge, rivière poissonneuse… En arrière-plan, les arbres du domaine du château Davout. Carte postale affranchie en 1911, collection privée HB/CAD.


Premier ministre, préfète et secrétaire d’État au chevet des communes essonniennes sinistrées en juin 2016

Du 30 mai au 7 juin 2016, les Essonniens ont vécu au rythme des inondations. Revenant sur ses terres, le Premier ministre Manuel VALLS s’est rendu à Longjumeau, Corbeil-Essonnes, Viry-Châtillon, Montgeron et Crosne afin de constater l’ampleur des dégâts en compagnie de la préfète de l’Essonne Josiane CHEVALIER, du président du conseil départemental François DUROVRAY, des maires et des conseillers départementaux concernés, à grand renfort de médias. (2)

Le 22 juin 2016,  la préfète a organisé une réunion sur les récentes inondations, en présence des élus et des administrations locales, des maires et des syndicats de rivière. La presse n’a pas été conviée à cette conférence conclusive, ni les associations environnementales. A ce jour, rien n’a filtré de la part des collectivités territoriales ou intercommunales. Seule la visite de Barbara POMPILI, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité,  sur les rives de l’Orge a été couverte par la presse le 27 juin 2016. (3)

Pourtant, les inondations des quartiers vulnérables sont porteuses d’interrogations, d’inquiétudes, d’attentes des sinistrés. Il est donc essentiel de se pencher sur l’aspect historique des événements. Prenons comme exemple le quartier Kennedy – Rossays à Savigny-sur-Orge.


I. Géographie historique des lieux avant les années 1960 : une mère nature respectée

Le ville de Savigny-sur-Orge est parcourue par deux rivières, l’Orge et l’Yvette, leur confluence étant sise sur le territoire savinien. D’une façon générale, la nappe d’eau phréatique est sub-affleurante, donc à quelques mètres de profondeur, dans la partie du vieux Savigny, des vallées et des coteaux. 

BRGM SSO NAPPE

Localisation de la nappe phréatique à Savigny-sur-Orge. © Donnée extraite du site web www.inondationsnappes.fr développé par le BRGM. Capture d’écran faite le 3 juillet 2016. (4)

Au début du XXe siècle et jusqu’au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le long de l’Orge ou de l’Yvette, se trouvent des lavoirs, des blanchisseries, des moulins, une brasserie, des vergers, des jardins.

2. SSO PONT ORGE BRASSERIE

Lavandières œuvrant au lavoir sur l’Orge, brasserie de Savigny-sur-Orge ayant remplacé le moulin de Joppelin propriété des Davout, embarcadère conduisant aux jardins sis derrière le muret… promenade d’agrément en barque. Carte postale écrite en 1916, collection privée SD/CAD.

4. SSO PONT B B

Savigny-sur-Orge, pont sur la rivière séparant le lavoir et la blanchisserie, à gauche, et la brasserie à droite. Carte postale écrite en 1910, collection privée SD/CAD.

5. SSO BLANCHISSERIE

Blanchisserie « industrielle » de Narcisse Guillon sur la rive droite de l’Orge, à proximité du pont de la rue de Morsang. Le linge arrivait notamment des grands hôtels parisiens par le train via la gare de Savigny-sur-Orge. Carte postale écrite en 1911, collection privée AM/CAD.

3. SSO R MORSANG CH DAVOUT-ORGE a1903

Savigny-sur-Orge. Porte du domaine Davout donnant sur la rue de Morsang à proximité de l’Orge (à droite), et menant au pont vers le moulin de Joppelin (dit également d’Eckmühl) transformé en brasserie. Carte postale affranchie en 1903, collection privée SMM/CAD.

2B SSO BRASSERIE

A l’intersection des communes de Savigny-sur-Orge, de Morsang-sur-Orge et de Viry-Châtillon, la brasserie avec à sa droite le pont sur l’Orge et l’accès au domaine Davout. Carte postale affranchie en 1903, collection privée AM/CAD.

Du côté de l’actuel lycée Corot, les eaux de l’Orge s’étalent régulièrement dans le parc du château Davout. Les bâtiments scolaires ne sont construits qu’à partir de 1949.

6. SSO PARC CH DAVOUT

Savigny-sur-Orge, le domaine Davout parcouru par des canaux ou bras morts de l’Orge. Ici, celui conduisant vers l’église Saint-Martin. Carte postale affranchie en 1910, collection privée SMM/CAD.

7. SSO COROT

Savigny-sur-Orge, le lycée Corot en construction vers 1955. Au premier plan, à gauche, l’Orge. Entre les bâtiments scolaires et le terrain de sport, le canal conduisant vers l’église Saint-Martin. Au-delà du lycée, la rue de Morsang et les terres du maraîcher Chanteau, les parcs boisés de la maison Nenon et de l’Oasis à l’extrémité desquels coulent l’Orge. Carte postale affranchie en 1956, collection privée AM/CAD.

Du côté Kennedy, des Rossays, de Grand-Vaux et des Prés-Saint-Martin, des marécages alternent avec des terrains cultivés ou maraîchers, des espaces boisés et des parcs résidentiels de villégiatures de Parisiens.

8. SSO NENON

Savigny-sur-Orge, rue des Rossays, la maison Nenon et son parc en bordure de l’Orge. Carte poste affranchie en 1922, collection privée GF.

10. SSO P SOLTIKOFF e1916

Savigny-sur-Orge, rue des Rossays, la maison construite pour l’artiste Andréa par le prince russe Soltikoff vers 1857. Le nom de l’Oasis lui sera donnée par le couturier Bechoff de la place Vendôme à Paris, devenu le propriétaire vers 1918. Carte poste écrite en 1916, collection privée SMM/CAD.

Quelques îlots de constructions, pour la plupart anciennes (XVIIIe, XIXe et début XXe siècles), s’offrent aux plus grandes crues telle celle de 1955. La population savinienne est alors en pleine expansion, elle grimpe de 5 593 habitants en 1926 à 14 554 âmes en 1946.

9. SSO A PROP SOLTIKOFF a1913

Savigny-sur-Orge, le parc de la maison Soltikoff devenue la propriété du baron Empain durant la Grande guerre. Il s’étend jusqu’à l’Orge où un embarcadère sera installé pour des promenades en barque. Carte postale affranchie en 1913, collection privée SMM/CAD.


II. Après 1960, les autorités oublient la vulnérabilité des lieux et imperméabilisent les sols

Face à un besoin criant de logements, des programmes immobiliers sont envisagés à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Quelques années après, à la place des activités agricoles ou des paysages champêtres, s’érigent des immeubles et des équipements collectifs tels des écoles et un gymnase. Un maire, Paul BONICI (1965 – 1971) propose même l’idée de raser complètement le quartier ancien du bas de la commune pour y édifier un grand ensemble d’immeubles, un  « Savigny vertical ». Ce projet ne verra pas le jour.

1966-03-29 SSO ARTICLE LAURORE PL DAVOUT

Le projet BONICI visant à rénover la place Davout de Savigny-sur-Orge avec de grands ensembles collectifs en 1966. « Grand Paris. Édition spéciale : Tout reste à faire à Savigny-sur-Orge », L’Aurore, 29 mars 1966, fonds privé BM/CAD. (5)

Comme dans les autres villes parisiennes et françaises, Savigny-sur-Orge se dote de « grands ensembles », sa population passe à 31 956 habitants en 1968. Elle remodèle son paysage semi-urbain en paysage urbain au fort contraste entre de vastes zones pavillonnaires et horizontales, loties principalement durant l’entre-deux-guerre, et les nouveaux quartiers verticaux construits… notamment sur des terrains bas le long de l’Orge et de l’Yvette, en zone inondable ! Ainsi, vendu à des sociétés immobilières, le château de Grand-Vaux laisse la place à la résidence Grand-Val en 1958. Sur le vaste parc attenant, en bordure de l’Yvette, sont construits les 1 600 logements de la cité Grand-Vaux au tournant des années 1960, avec les écoles Saint-Exupéry et Mermoz en 1963 et 1966.

12. SSO GRAND-VAUX YVETTE e1904

Savigny-sur-Orge, domaine de Grand-Vaux. Une passerelle sur l’Yvette… en 1904. Collection privée AM/CAD.

13. SSO GRAND VAUX YVETTE

Savigny-sur-Orge, le domaine de Grand-Vaux à proximité de l’Yvette est loti de grands ensembles au début des années 1960. Collection privée HB/CAD.

Les parcs de l’Oasis et de la maison Nenon, en bordure de l’Orge, sont lotis de plus de 500 appartements dans la rue des Rossays, entre 1961 et 1967, couplés au groupe scolaire Kennedy en 1966. Sur les terres du maraîcher CHANTEAU, rue de Morsang, poussent plus de 250 logements dans les années 1965-1970, avec le gymnase Kennedy en 1966. Plus loin, vers Viry-Châtillon, en longeant l’Orge, les prés de Saint-Martin sont transformés en quartier des Prés-Saint-Martin, autre ensemble collectif au début des années 1970.

11. SSO OASIS ROSSAYS

Savigny-sur-Orge, en lieu et place des dépendances du domaine de l’Oasis, des immeubles sortent de terre à partir de 1961. Carte postale affranchie en 1966, collection privée BM/CAD.

7B. SSO VDE

Viry-Châtillon vers Savigny-sur-Orge, les canalisations des eaux de la Vanne, du Loing et du Lunain traversant l’Orge. En arrière-plan, les prés de Saint-Martin. Carte postale affranchie en 1910, collection privée SD/CAD.

C’est ainsi que les autorités ont rapidement oublié que, dans Savigny-sur-Orge, il y a « Orge ».

Si la crue trentennale des 22 et 23 janvier 1955 est restée dans les mémoires de nombreux Franciliens comme à Draveil, à Athis-Mons, à Juvisy-sur-Orge…, elle est rapidement oubliée à Savigny-sur-Orge. La raison est simple : peu de biens immobiliers furent touchés en dehors des quelques habitations situées dans le vieux Savigny. Ce ne sera pas le cas avec la montée des eaux le 22 mars 1978, déclenchée après des jours de fortes précipitations comparables à celles vécues en juin 2016. Les résidents des nouveaux quartiers construits dans le lit majeur des rivières « saviniennes » sont pour la première fois confrontés aux aléas des inondations. La tour des Rossays est transformée en île. Des familles sont évacuées. Des caves sont inondées. Des parkings sont recouverts par 1 m d’eau. L’école et le gymnase Kennedy, envahis par 40 cm d’eau, sont fermés. Le lycée Corot n’est pas épargné. Un nouveau moyen de transport est utilisé : la barque. Des passerelles improvisées sont montées à la hâte par les services techniques… (6)

1. SSO BMO N7 Mars-avril 1978 p. 1

Ville de Savigny-sur-Orge, Bulletin municipal officiel, n° 7, mars-avril 1978, p. 1. Fonds privé AM/CAD.

2. SSO BMO N7 Mars-avril 1978 p. 3

Ville de Savigny-sur-Orge, Bulletin municipal officiel, n° 7, mars-avril 1978, p. 3. Fonds privé AM/CAD.

3. SSO BMO N7 Mai 1978 p. 2 copie

Ville de Savigny-sur-Orge, Bulletin municipal officiel, n° 7, mai 1978, p. 2. Fonds privé AM/CAD.

La disparition des espaces naturels dans le fond des vallées locales de l’Orge et de l’Yvette n’est certes pas totale. Le parc du Séminaire, à cheval sur les communes de Morsang-sur-Orge et de Savigny-sur-Orge, a été épargné des promoteurs. De même, côté Épinay-sur-Orge, le parc de Sillery. Ils jouent un rôle de bassin de retenue, mais insuffisamment. Quand, en plus, les maires soulèvent le problème des vannes trop longtemps fermées, peut-être pour éviter des inondations ailleurs, en aval… Les autorités préfectorales, elles, préfèrent aborder les solutions afin de retenir les eaux en amont, tels les futurs bassins de la Sallemouille et de Saint-Germain-lès-Arpajons qui ne seront pas encore réalisés lors de la crue suivante, celle du 14 janvier 1982. (7) Rebelotte, même scénario ! Ce jour-là, le foyer-logement du 8 rue de Morsang en construction est également inondé. Les Anciens ne sont guère étonnés puisque, dès l’édification des fondations, il avait fallu assécher le site et pomper des mètres cubes d’eau… (8)

De l’utilité des digues ?

Le Syndicat mixte de la vallée de l’Orge aval (SIVOA) et la Direction départementale de l’équipement (DDE) réfléchissent alors à la construction d’une digue associée à la réalisation de la continuité de la promenade, interrompue dans le secteur, entre l’autoroute A6 et le pont sur l’Orge sis rue de Morsang. Mal ficelé, le projet de promenade/digue sur la rive gauche de l’Orge se heurte à l’absence d’assise foncière, obligeant à exproprier des parcelles privées sans réelle compensation. L’opposition des riverains et des enseignants du groupe scolaire Kennedy est telle que ce premier projet est classé en attente, puis abandonné en 1989. (9) La digue ne règle pas le problème en soi, mais peut avoir un effet retardateur. Sans bassin de rétention des eaux en amont, l’inondation se serait trouvée déplacée en amont ou en aval.

Du PERI au PPRI, de 1994 à 2017

Du côté de la préfecture, le plan d’exposition aux risques d’inondation (PERI) dans 14 communes riveraines de l’Orge est mis en place. Les limites des zones inondées sont celles de la crue de 1978. La ville de Savigny-sur-Orge approuve le plan le 31 mars 1994. (10)(11)

SSO PERI 1994 plan

Le plan d’exposition aux risques d’inondation (PERI) de Savigny-sur-Orge tel qu’arrêté le 31 mars 1994, avec pour référence la crue de 1978. La zone couverte par ce PERI est située à gauche de la rue de Morsang. A droite, la commune relève du plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) de la Seine. Que signifient les légendes ? La zone rouge : zone très exposée aux risques. La zone bleue : zone moyennement exposée. La zone blanche : zone non exposée. La zone quadrillée rouge : zone d’écoulement et d’expansions des crues d’aléas très forts. La zone quadrillée jaune : zones d’expansions des crues d’autres aléas. La zone quadrillée bleu marine : zone urbanisée autre que les centres urbains d’aléas forts. La zone quadrillée bleu : zone urbanisée autre que les centres urbains. Fonds privé BM/CAD.

Le projet de digue anti-crue est rouvert, avec prise en compte des observations formulées par les riverains à la suite du premier projet. Cette digue doit pouvoir rendre non inondable toute la zone rouge savinienne délimitée par le PERI, à savoir 40 parcelles cadastrales comprenant des immeubles, des parkings, le groupe scolaire Kennedy et le gymnase, le foyer-logement Lucien-Midol. Inscrit au budget du SIVOA en décembre 1994, l’achèvement des travaux est envisagé pour 1997… (12)

Le PERI permet notamment d’interdire les constructions en zones inondables les plus exposées (zones rouges). Vingt ans plus tard, en 2016, on ne peut que constater que les autorisations sont toujours données avec l’accord des services de l’État ! Un exemple : l’extension de l’établissement d’accueil d’handicapés « Joie de créer », rue des Franchises, construite sur pilotis et dont les eaux de l’Orge ont affleuré le haut desdits pilotis en juin 2016. Certes, la construction n’a pas pris l’eau. Mais, il est à craindre que les résidents les plus fragiles auraient été évacués par sécurité, comme ceux du foyer-logement Lucien-Midol le 2 juin 2016 alors qu’il n’y avait que de l’eau dans les sous-sols ! (13)

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Savigny-sur-Orge, le foyer d’accueil pour personnes handicapées « Joie de créer » en travaux. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

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Savigny-sur-Orge, extension non achevée du foyer d’accueil pour personnes handicapées « Joie de créer » : une île… © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

Aujourd’hui, et depuis le 21 décembre 2012, le PERI est en cours d’évolution vers un plan de prévention des risques naturels prévisibles d’inondation (PPRI) des cours d’eau de l’Orge et de la Sallemouille. Il aurait dû être approuvé au plus tard le 21 décembre 2015. Mais, comme il doit être compatible avec le plan de gestion des risques d’inondation (PGRI) du bassin Seine-Normandie non encore approuvé, le délai d’élaboration du PPRI a été prorogé jusqu’au 21 juin 2017. (14)

10. PPRI Orge Sallemouille P Carto REG P14

11. PPRI Orge Sallemouille P Carto REG P15

Plan de prévention des risques inondation des vallées de l’Orge et de la Sallemouille, projet 2015. Cartographie réglementaire, planches 14 et 15.

14. PPRI ORGE SALLEMOUILLE ALEAS 2014 P21

15. PPRI ORGE SALLEMOUILLE ALEAS 2014 P22

Plan de prévention des risques inondation des vallées de l’Orge et de la Sallemouille, projet 2015. Cartographie des aléas « inondation », planches 21 et 22.

Le projet de PPRI est élaboré sur un scénario correspondant à une crue centennale. Savigny-sur-Orge est loin d’être protégée par une telle catastrophe ! Les élus saviniens n’ont même pas participé à l’opération Sequana du 7 au 18 mars 2016 simulant une montée centennale des eaux et le débordement de la Seine et de ses affluents. Certes, la ville n’est pas riveraine du fleuve. Mais les Saviniens auraient dû recevoir une information municipale sur le sujet au regard des événements passés, et du fait que la partie sud-est de Savigny se trouve dans le PPRI de la Seine… (15)

SSO SEQUANA 1

Sequana 2016 : simulation d’inondation de Savigny-sur-Orge, côté parc du séminaire, Rossays, Kennedy, Corot, si la Seine est en crue comme en 1910. Voir le site : http://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr.

SSO SEQUANA 2

Sequana 2016 : simulation d’inondation de Savigny-sur-Orge, côté lycées Corot et Monge, si la Seine est en crue comme en 1910. Voir le site : http://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr.

SSO SEQUANA 3

Sequana 2016 : simulation d’inondation de Savigny-sur-Orge, côté Prés-Saint-Martin, si la Seine est en crue comme en 1910. Voir le site : http://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr.

A suivre.


RÉFÉRENCES DE LA PARTIE I
1. L’ensemble de cet article a été réalisé à partir de documents publics ainsi que de fonds privés, notamment ceux de Bernard MÉRIGOT et des membres de l’association CAD. Les données historiques sont issues des recherches faites sous les directions de Bernard MÉRIGOT et de Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT entre 1983 et 2009. Pour en savoir plus, se référer à l’ouvrage : Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge, Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Alan Sutton, 2008, 128 p.
2. Le Parisien Essonne-matin, Spécial inondations, 8 juin 2016, p. III (pdf) : 2016-06-08 LPE INONDATIONS.
3. LOISY Florian, « Vallée de l’Orge. Ce syndicat-là a su éviter les dégâts », Le Parisien Essonne-matin, 28 juin 2016, p. III (pdf) : 2016-06-28 LPE INONDATIONS.
4. Donnée extraite du site web www.inondationsnappe.fr développé par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
5. « Grand Paris. Édition spéciale : Tout reste à faire à Savigny-sur-Orge », L’Aurore, 29 mars 1966 (pdf) : 1966-03-29 SSO ARTICLE LAURORE.
6. Ville de Savigny-sur-Orge, Bulletin municipal officiel, n° 7, mars-avril 1978, 8 p.
7. Ville de Savigny-sur-Orge, Bulletin municipal officiel, n° 7, mai 1978, 8 p. (en réalité, il s’agit du numéro 8).
8. Dossier technique du foyer-logement Lucien-Midol, 1981-1989, fonds privé Bernard MÉRIGOT, adjoint au maire (1983-2009).
9. Assemblée générale du SIVOA, intervention de Bernard MÉRIGOT, vice-président, 15 décembre 1994, fonds privé.
10. Préfecture de l’Essonne, Dossier sur le plan d’exposition aux risques inondations approuvé par la ville de Savigny-sur-Orge le 31 mars 1994 (pdf). 1/ PERI de Savigny-sur-Orge : 1. PERI SSO 1992-1993 2 ; 2/ Arrêté du 31 mars 1994 : 2. PERI – PPRi Orge Aval SSO A 1994 ; 3/ Rapport de présentation : 3. PERI -PPRi Orge Aval SSO RP 1994 ; 4/ Règlement : 4. PERI – PPRi Orge Aval SSO R 1994 ; 5/ PERI de la vallée Orge aval, avril 2005 : 5. PERI ORGE AVAL ATLAS 2005.
11. SIVOA, Au fil de l’Orge, n° 26, février 1994, 4 p. (pdf) : 0. SIVOA Au fil de l Orge N26 Fevrier 1994 PERI.

1. SIVOA Au fil de l Orge N26 Fevrier 1994 PERI Ext
12. Assemblée générale du SIVOA, intervention de Bernard MÉRIGOT, vice-président, 15 décembre 1994, fonds privé.
13. Ville de Savigny-sur-Orge, Lettre du maire au préfet de l’Essonne, Demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, 4 juin 2016, 7 p. (pdf) : SSO L EM PREF RECN 4 juin 2016.
14. Préfectures de l’Essonne et des Yvelines, Arrêté interpréfectoral du 21 décembre 2015, 3 p. (pdf) : 7. PPRI ORGE SALLEMOUILLE PROROG 2015.
15. Préfecture de l’Essonne, Invitation presse, 3 mars 2016 (pdf) : INVITATION PRESSE – EU Sequana 2016 ; Exercice EU Sequana 2016 : www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Marie LAPEIGNE, Bernard MÉRIGOT, 4 juillet 2016, 22 h.

Crue cinquantennale de juin 2016. État de catastrophe naturelle : 115 communes essonniennes concernées

Après avoir déclaré l’état de catastrophe naturelle pour 85 communes de l’Essonne le 8 juin 2016 suite aux inondations vécues en ce début de mois, le Conseil des ministres a intégré dans le classement 30 nouvelles communes lors de la séance du 15 juin. Au-delà des crues des années 1955 (centennale) 1978, 1982, 1983, 1999 et 2001, le département francilien a été touché au deux-tiers. (1)(2)

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Crue de l’Orge, secteur Kennedy à Savigny-sur-Orge. © Photographie FCM pour PEE, 2 juin 2016.

Les PPRI de l’Orge et de l’Yvette
Pour le secteur qui concerne l’ancienne communauté d’agglomération des Portes de l’Essonne, le Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA) et le syndicat de l’Yvette (SIAHVY) confirment que la crue peut être considérée comme cinquentennale voire plus. Pour l’Orge, le plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) est en cours de révision depuis de nombreuses années sur la base d’une crue centennale. Fin 2015, le préfet de l’Essonne avait prolongé de deux années les études. (3) Aujourd’hui, la nouvelle préfète souhaite donner plus de vigueur à son élaboration. Pour l’Yvette, le PPRI est établi sur un schéma de 20 ans. La révision peut se fonder sur des modèles de crue de 25 à 30 ans, mais le syndicat estime qu’il n’a pas les moyens d’aller au-delà. (4)

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Crue de l’Orge, secteur Kennedy, rue de Morsang à Savigny-sur-Orge. © Photographie FCM pour PEE, 2 juin 2016.

Des PPRI à revoir sérieusement
La plupart des PPRI – au nombre de cinq plus un en projet – ont été réalisés dans années 1990, puis révisés dans les années 2000-2013. Ils ne sont plus adaptés. (5) Des destructions de haies, des défauts d’entretien, des autorisations de constructions individuelles ou collectives dans des zones inondables délivrées pour faire face au besoin de logement ou d’équipements sans prendre la peine d’étudier l’histoire des terrains tout au long du siècle dernier, une absence d’anticipation dans la sécurisation des lieux habités bien des études aient été réalisées pour certains quartiers… (6) Tels sont les principaux griefs que l’on pourrait reprocher aux élus et à l’administration en charge de prévenir les risques d’inondations.

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Crue de l’Orge, rue de Morsang à Savigny-sur-Orge. © Photographie FCM pour PEE, 2 juin 2016.

Le 22 juin 2016, une réunion doit être organisée avec les maires et les syndicats des rivières. On peut regretter que les associations environnementales représentant la société civile, donc les administrés touchés par les récentes inondations, n’aient pas été conviées.


DOCUMENTS SUR LE PERI ET LE  PPRI DE L’ORGE

Le plan d’exposition aux risques naturels prévisibles d’inondation (PERI) porte sur le risque d’Inondation par débordement de cours d’eau. Pour la vallée de l’Orge inférieure (aval), il a été approuvé par commune au début des années 1990 soit, par exemple, le 31 mars 1994 pour la commune de Savigny-sur-Orge. Il a été révisé en 2005.

1. PERI SSO 1992-1993

Document : PERI de Savigny-sur-Orge, plan de zonage en inondation, 1992-1993.

En 1995, l’évolution en plan de prévention des risques naturels prévisibles d’inondation (PPRI) est instaurée par la loi. Le PPRI de la vallée de l’Orge et de la Sallemouille est prescrit le 21 décembre 2012, prescription prorogée le 21 décembre 2015 pour une durée de 18 mois afin de pouvoir le mettre en comptabilité avec le plan de gestion des risques d’inondations (PGRI). (7)

  • Le projet du PPRI des vallées de l’Orge et de la Sallemouille dans les départements de l’Essonne et des Yvelines. Notice de présentation, consultation, 2015 (pdf) : 8. PPRI Orge Sallemouille N VC 2015.
  • Le projet du PPRI des vallées de l’Orge et de la Sallemouille dans les départements de l’Essonne et des Yvelines. Règlement, consultation, 2015 (pdf) : 9. PPRI Orge Sallemouille R VC 2015.
  • Le projet du PPRI des vallées de l’Orge et de la Sallemouille dans les départements de l’Essonne et des Yvelines. La cartographie réglementaire, 2015 :

10. PPRI Orge Sallemouille P Carto REG P14

Document : PPRI de l’Orge et de la Sallemouille. Cartographie règlementaire, projet de 2015. Planche 14 : Sainte-Geneviève-des-Bois – Savigny-sur-Orge.

11. PPRI Orge Sallemouille P Carto REG P15

Document : PPRI de l’Orge et de la Sallemouille. Cartographie règlementaire, projet de 2015. Planche 15 : Savigny-sur-Orge – Viry-Châtillon.

12. PPRI Orge Sallemouille P Carto REG P16

Document : PPRI de l’Orge et de la Sallemouille. Cartographie règlementaire, projet de 2015. Planche 16 : Savigny-sur-Orge – Athis-Mons.

13. PPRI Orge Sallemouille P Carto REG P17

Document : PPRI de l’Orge et de la Sallemouille. Cartographie règlementaire, projet de 2015. Planche 17 : Juvisy-sur-Orge – Athis-Mons.

  • Le projet du PPRI des vallées de l’Orge et de la Sallemouille dans les départements de l’Essonne et des Yvelines. Étude des aléas d’inondation, 2015 :

14. PPRI ORGE SALLEMOUILLE ALEAS 2014 P21

Document : PPRI de l’Orge et de la Sallemouille. Étude des aléas d’inondation, 2015. Planche 21 : Épinay-sur-Orge – Savigny-sur-Orge.

15. PPRI ORGE SALLEMOUILLE ALEAS 2014 P22

Document : PPRI de l’Orge et de la Sallemouille. Étude des aléas d’inondation, 2015. Planche 22 : Savigny-sur-Orge – Juvisy-sur-Orge.

16. PPRI ORGE SALLEMOUILLE ALEAS 2014 P23

Document : PPRI de l’Orge et de la Sallemouille. Étude des aléas d’inondation, 2015. Planche 23 : Juvisy-sur-Orge – Athis-Mons.

  • Préfecture de l’Essonne : Dossier départemental des risques naturels, 2014 (pdf) : 6. PREF91 DDRM 2014.

RÉFÉRENCES
1/ Ministère de l’Intérieur, « Arrêté du 8 juin 2016 portant reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle », Journal officiel de la République française, Texte 15, NOR : INTE1615488A, 5 p. (pdf) : joe_20160609_0133_0015. Communes de l’Essonne concernées par les inondations et les coulées de boue du 28 mai 2016 au 5 juin 2016 : Athis-Mons, Auvernaux, Avrainville, Bièvres, Boissy-le-Cutté, Boissy-le-Sec,
Boissy-sous-Saint-Yon, Bouray-sur-Juine, Boussy-Saint-Antoine, Boutervilliers, Boutigny-sur-Essonne, Breuillet, Breux-Jouy, Bruyères-le-Châtel, Buno-Bonnevaux, Bures-sur-Yvette, Cerny, Chalo-Saint-Mars, Chamarande, Champcueil, Champlan, Cheptainville, Chevannes, Corbeil-Essonnes, Coudray-Montceaux (Le), Courdimanche-sur-Essonne, Crosne, Dannemois, Dourdan, Draveil, Echarcon, Epinay-sur-Orge, Etampes, Etiolles, Etréchy, Evry, Ferté-Alais (La), Fontenay-le-Vicomte, Gif-sur-Yvette, Gironville-sur-Essonne, Guigneville-sur-Essonne, Igny, Itteville, Janville-sur-Juine, Juvisy-sur-Orge, Lardy, Leudeville, Longjumeau, Marolles-en-Hurepoix, Mauchamps, Mennecy, Milly-la-Forêt, Montgeron, Morigny-Champigny, Morsang-sur-Orge, Morsang-sur-Seine, Ollainville, Ormoy, Orsay, Palaiseau, Quincy-sous-Sénart, Ris-Orangis, Saint-Chéron, Saint-Germain-lès-Corbeil, Saint-Hilaire, Saint-Maurice-Montcouronne, Saint-Pierre-du-Perray, Saintry-sur-Seine, Saint-Vrain, Saint-Yon, Savigny-sur-Orge, Sermaise, Soisy-sur-Ecole, Soisy-sur-Seine, Val-Saint-Germain (Le), Vayres-sur-Essonne, Vert-le-Grand, Videlles, Vigneux-sur-Seine, Villebon-sur-Yvette, Villeconin, Villiers-le-Bâcle, Villiers-sur-Orge, Viry-Châtillon, Yerres.

joe_20160609_0133_0015

Ministère de l’Intérieur, « Arrêté du 8 juin 2016 portant reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle », Journal officiel de la République française, Texte 15, NOR : INTE1615488A, p. 1.

2/ Ministère de l’Intérieur, « Arrêté du 15 juin 2016 portant reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle », Journal officiel de la République française, Texte 30, NOR : INTE1616446A, 5 p. (pdf) : joe_20160616_0139_0030. Communes de l’Essonne concernées par les inondations et les coulées de boue du 28 mai 2016 au 5 juin 2016 : Auvers-Saint-Georges, Ballancourt-sur-Essonne, Boigneville, Boullay-les-Troux, Brétigny-sur-Orge, Brunoy, Chauffour-lès-Etréchy, Courson-Montloup, D’Huison-Longueville, Epinay-sous-Sénart, Fontenay-lès-Briis, Grigny, Lisses, Maisse, Moigny-sur-Ecole, Molières (Les), Morangis, Nainville-les-Roches, Prunay-sur-Essonne, Richarville, Roinville, Sainte-Geneviève-des-Bois, Saint-Germain-lès-Arpajon, Saulx-les-Chartreux, Souzy-la-Briche, Varennes-Jarcy, Vauhallan, Vert-le-Petit, Villabé, Villemoisson-sur-Orge.
3. Cécile CHEVALLIER, Sébastien MORELLI, « Les leçons d’une crue », Le Parisien Essonne-matin, 15 juin 2016, pp. II-III (pdf) : 2016-06-15 LPE CRUE.
4. Préfectures de l’Essonne et des Yvelines, Arrêté interpréfectoral portant prorogation du délai d’établissement du plan de prévention des risques naturels prévisibles d’inondation des cours d’eau de l’Orge et de la Sallemouille dans les départements de l’Essonne et des Yvelines, 2015-DDT-SE n° 676 du 21 décembre 2015, 3 p. (pdf) : 7. PPRI ORGE SALLEMOUILLE PROROG 2015.
5. Lire sur le site Internet de la préfecture de l’Essonne la rubrique « Risque d’inondation » : http://www.essonne.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement-risques-naturels-et-technologiques/Risques-naturels/Risque-inondation. Les cinq PPRI en exercice sont ceux de l’Yerres (approuvé le 18 juin 2012), de l’Yvette (approuvé le 26 septembre 2006), de la Seine (approuvé le 20 octobre 2003), de l’Essonne (approuvé le 18 juin 2012) et de l’Orge aval (ancien plan d’exposition aux risques inondation (PERI) de la vallée de l’Orge aval avec un arrêté préfectoral d’approbation par commune les 13 décembre 1993 et 31 mars 1994). Le PPRI de l’Orge et de son affluent la Sallemouille est en projet.
6. Bernard MÉRIGOT, « Savigny-sur-Orge. La vulnérabilité aux inondations du bassin de l’Orge aval n’a pas été prise en compte », www.savigny-avenir.fr, 3 juin 216 : http://www.savigny-avenir.fr/2016/06/03/savigny-sur-orge-la-vulnerabilite-aux-inondations-du-bassin-de-lorge-aval-na-pas-ete-prise-en-compte/.
7. Voir le site Internet de la préfecture de l’Essonne : http://essonne.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement-risques-naturels-et-technologiques/Risques-naturels/Risque-inondation/PPRi-de-l-Orge-et-de-la-Sallemouille-projet.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 17 juin 2016, 22 h 30.