Archives de catégorie : Métro automatique Ligne 18

MGP. Le métro du Grand Paris Express (GPE) fera-t-il partie des « grands travaux inutiles imposés » ?

En ce mois de janvier 2018, de nombreuses questions sont posées sur le programme de construction du métro souterrain « Grand Paris Express » que conduit la Société du Grand Paris. Quel sera son véritable coût ? Sera-t-il réalisé comme il a été annoncé ? Ou bien sera-t-il réduit ? Quelles seront les dates de ses différents achèvements ? Autant d’incertitudes à l’heure actuelle.

Le lancement du premier tunnelier du métro souterrain du «Grand Paris Express» devait être fait devant la presse le lundi 22 janvier 2018 à Champigny-sur-Marne par Philippe YVIN. La visite du chantier a été annulée en catastrophe par la Société du Grand Paris suite aux réserves formulées par la Cours des Comptes sur le surcoût de de plus de 13 milliards d’euros du programme. (Document SGP / PEE)


Le plus grand projet d’Europe. Le projet de métro Grand Paris Express comprend 200 km de lignes automatiques, soit autant que le métro actuel, et 68 gares. Ses promoteurs le qualifient de « plus grand projet urbain en Europe » . Pour eux, « il est bien plus qu’un réseau de transport, il ouvre de nouveaux horizons et offre de nombreuses opportunités. Avec lui, la métropole devient plus grande et plus unie ». (1) Les quatre nouvelles lignes du Grand Paris Express (15, 16, 17 et 18) et les lignes 11 et 14 prolongées, doivent être connectées au réseau de transport existant. Essentiellement souterrain, le nouveau métro traversera les territoires du Grand Paris pour les relier entre eux et à la capitale.

Projet du réseau du métro Grand Paris Express, Société du Grand Paris. 2017


Qui pilote le projet ? Le lancement du premier tunnelier du métro souterrain du « Grand Paris Express» devait être fait devant la presse le lundi 22 janvier 2018 à Champigny-sur-Marne par Philippe YVIN. La visite du chantier a été annulée en catastrophe par la Société du Grand Paris suite aux réserves formulées par la Cours des Comptes concernant les dérives financières du programme de plus de 13 milliards d’euros. Ce qui n’empêche pas que soit maintenu « un rassemblement festif et populaire (performances, innovations, spectacle vivant, ateliers pour les familles et les enfants, son et lumière, repas de chantier, bal populaire…». Autant de manifestations qui demeurent programmés pour le 3 février 2018 ! (2)

Le Premier ministre Édouard PHILIPPE a retiré à la Société du Grand Paris l’initiative de la communication à la presse de l’inauguration du tunnelier. C’est lui qui, en fin de compte, a visité le chantier le mardi 23 février 2018 et qui a pris en main la communication sur le sujet. Il a déclaré, sur le modèle du discours universel – c’est-à-dire d’un discours obscur, qui ne tranche rien et dans lequel toutes les opinions peuvent se retrouver – « Je suis venu voir l’ambition, l’ampleur et la complexité de cet immense projet ». Comme dit le poète comprenne qui pourra.


Une certitude. Le Grand Paris Express comprend quatre nouvelles lignes de métro automatique (lignes 15, 16, 17 18), les prolongements de la ligne 14, les branches qui doivent relier les deux aéroports d’Orly et de Roissy, le pôle scientifique de Saclay, et désenclaver des villes de Seine-Saint-Denis, de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil. Les mises en service avaient été échelonnée initialement entre 2019 et 2030. Tout ne peut pas être fini à temps. C’est désormais une certitude.

Les travaux de cet ensemble gigantesque de chantiers simultanés ont démarré, mais ils ont déjà pris du retard. Au nord-ouest de Paris, une inondation a ralenti les travaux, alors que la ligne 15, au sud, pourrait n’être achevée qu’en 2024 au lieu de 2022. Sans compter les autres tronçons où les travaux n’ont toujours pas commencé…


Des coûts pharaoniques. La Cour des Comptes a demandé une « révision du périmètre du projet et de son phasage ». Car la facture s’envole : initialement prévu à 19 milliards d’euros en 2010, le projet est maintenant chiffré à 35,08 milliards.

  • Première estimation :
    25,5 milliards
  • Deuxième estimation :
    35 milliards
  • Estimation de la Cour des Comptes :
    38,5 milliards

Des élus et citoyens des départements franciliens s’inquiètent. Le Grand Paris Express n’est-il pas entrain de s’inscrire au tableau des Grand travaux inutiles ? Comme l’ont été avant lui le barrage de Sivens ou l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?

Que signifie l’expression de Grands travaux inutiles (GTI) ? Elle a été popularisée à partir de 1986 par le journaliste belge Jean-Claude DEFOSSÉ lors ses interventions à la télévision belge. Elle a été reprise dans un livre intitulé Le Petit Guide des grands travaux inutiles publié en 1990. La formule a été complétée dans les années 2000 par celle de Grand travaux inutiles imposés (GTII).

Appartiennent à la catégorie des Grands travaux inutiles imposés, les équipements publics importants (ligne de chemin de fer, pont, barrage…) qui ont pour caractéristique :

  • soit de n’avoir jamais été terminé,
  • soit de ne pas avoir atteint les objectifs annoncés,
  • soit d’avoir un coût final, qui en augmentant sans cesse, finit par atteindre un montant prohibitif, sans rapport ni avec les besoins initiaux, ni avec les besoins présents, ni avec les besoins futurs.

Marc FRESSOZ, dans un article intitulé « Grand Paris Express : un scénario à la Eurotunnel ? », écrit : « Alors que le gouvernement va tenter de rectifier le tir face aux énormes dépenses, l’analyse de la Cour des comptes sur la folie des grandeurs du Grand Paris Express rappelle le projet de construction du tunnel sous la Manche dans les années 1980-1990 ».

« On n’a qu’une envie, c’est d’aller se pendre » : c’est le cri du cœur de la députée (PS) Christine PIRES-BEAUNE après l’exposé de Didier MIGAUD, le premier président de la Cour des Comptes venu présenter à la commission des Finances le rapport sur la Société du Grand Paris (SGP), le 17 janvier 2018. Tous les ingrédients d’un scandale sont réunis. « Une bombe à retardement financière pour le siècle », a renchéri un autre député ». (3)

S’il continue à être réalisé dans un contexte d’effets d’annonces, successives et contradictoires, le nouveau réseau du Grand Paris Express fera partie des grands travaux imposés inutiles.

Des liaisons Banlieue/Banlieue – et non plus des liaisons Paris/Banlieue – sont attendues depuis trop longtemps. Il ne faut pas que la réalisation des unes soient réalisées au détriment du fonctionnement des autres. La cohérence des différents projets manque. A ce sujet, des transports de surface comme le T7 et le futur T12 apparaissent peu performants. Il ne faudrait pas que pour des raisons économiques, les métros soient transformés en tramways.

Les 200 kilomètres de métro du Grand Paris Express ne correspondent pas en l’état, ni aux attentes, ni aux besoins des usagers et des usagères qui utilisent au quotidien les lignes du RER, notamment celles du réseau SNCF. Avant de créer de nouvelles lignes il faudrait assurer le fonctionnement normal des lignes existantes.


DOCUMENT

« La réalisation des tunnels », 19 septembre 2017, You Tube, Durée : 3:13. Vidéo sur le site : https://www.societedugrandparis.fr/gpe/actualite/les-premiers-tunneliers-bientot-sur-le-chantier-1501

RÉFÉRENCE DE LA VIDÉO
SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS /GRAND PARIS EXPRESS, « La réalisation des tunnels », 19 septembre 2017, You Tube, Durée : 3:13. https://www.societedugrandparis.fr/gpe/actualite/les-premiers-tunneliers-bientot-sur-le-chantier-1501


LES 12 ARGUMENTS ET PROCÉDÉS
POUR FAIRE ACCEPTER À L’OPINION UN
GRAND PROJET INUTILE IMPOSÉ (GPII)

  • 1. L’INTÉRÊT GÉNÉRAL. Un GPII est toujours présenté comme porteur de l’intérêt général. Quant est-il défini ? Par qui ? Quelle analyse partagée est-elle faite d’un projet (par exemple, en termes de forces/faiblesses/opportunités/menaces) ?
  • 2. LA LÉGITIMITÉ. Un GPII est toujours légitime, « puisqu’il émane de pouvoirs en place légitimes ». Cet argument est construit sur le plan rhétorique sur le modèle de l’« enthymème ». C’est-à-dire un syllogisme incomplet, dont le second terme est absent, et qui considère implicitement comme établi. La légitimité se transmet par contamination. Elle opère une confusion entre « être » et « faire » : il n’est nullement établi que toutes les actions d’un pouvoir légitime sont elles mêmes automatiquement légitimes ?
  • 3. LA LÉGALITÉ. Un GPII est toujours justifié par l’argument : le projet respecte la loi. Mais il précise rarement à quelle(s) loi(s) il se réfère, en omettant de citer de façon complète les jurisprudences encadrant son application.
  • 4. LA DIVISIONS. Un GPII opère toujours une division entre plusieurs catégories de destinataires, entre élus et citoyens, entre usagers, riverains, habitants, travailleurs…
  • 5. LE TEMPS. Un GPII utilise le temps : l’âge des GPII, ente le projet initial, sa divulgation publique, les multiples divulgations partielles de son contenu, est très souvent extrêmement élevé, (plusieurs années, plusieurs décennies…). Le temps confère une légitimité naturelle à n’importe quel projet.
  • 6. LES FINANCES PUBLIQUES. Un GPII devient toujours, in fine, un équipement privé financé à l’origine par de l’argent public.
  • 7. L’EMPLOI. Un GPII annonce qu’il participe au maintien de l’emploi et à la création d’emplois nouveaux. Il s’agit encore d’un enthymème qui dit sans le dire : ceux qui s’opposent au projet, s’opposent a l’emploi.
  • 8. LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE. Un GPII prétend toujours qu’il participe à une politique de relance de la croissance par les grands travaux.
  • 9. LE RESPECT DES FORMES. Un GPII tente toujours de passer en force. Il pratique l’impasse sur le respect des formes. Il ignore ce qu’est un vice de forme, qu’il considère toujours comme quelque chose de mineur qui ne saurait remettre en cause le projet lui-même.
  • 10. LA SURDITÉ. Un GPII ignore les avis négatifs aussi bien des entités consultatives que du public qui sont ignorés lors des procédures d’information et de consultation…
  • 11. LE SECRET. Les pouvoirs en place, porteurs d’un GPII, utilisent le silence à l’égard des collectifs, des associations et des citoyens : aucune réponse n’est faite à leurs courriers et à leurs demandes de rendez-vous sont soir absentes, soit imprécises.
  • 12. LE FAIT ACCOMPLI. Le lancement d’un projet de GPII est ponctué « faits accomplis » discutables, qui permettent d’assoir l’étape suivante. Une situation d’irréversibilité du projet est ainsi créée, rendant difficile tout retour en arrière.

RÉFÉRENCES DU DOCUMENT

LAVOCAT Lorène, « Projets inutiles, la victoire est possible. Le récit de la rencontre de Reporterre », 5 décembre 2014, http://reporterre.net/Projets-inutiles-la-victoire-est-possible
HELUIN Gilles,
« La Rencontre de Reporterre du décembre 2014. Les projets inutiles : la victoire est possible », 12 décembre 2014. http://www.centpourcentnaturel.fr/post/2014/12/02/rencontre-de-reporterre-projets-inutiles-la-victoire-est-possible
REPORTERRE, LE QUOTIDIEN DE L’ÉCOLOGIE,
« Projets inutiles : la victoire est possible. (Sivens, Notre-Dame-des-Landes, Triangle de Gonesse, Décathlon à Saint-Jean-de-Braye, Center Parcs à Roybon) », Réunion organisée le lundi 1er décembre 2014, Salle Jean Dane, Paris 12e, http://reporterre.net./


RÉFÉRENCES DE L’ARTICLE
1.
Société du Grand Paris,
https://www.societedugrandparis.fr/
2. PIERRE LAPORTE COMMUNICATION (pour le compte de la Société du Grand Paris), « Invitation Preview Presse KM3. Lancement du Grand Paris Express. Visite de chantier », 22 janvier 2018.
DELAHAUTEMAISON Virginie, « Le calendrier des travaux du Grand Paris Express sera revu cette semaine », France 3 Régions / France TV Info Paris Ile-de-France, 21 janvier 2018.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/grand-paris/calendrier-travaux-du-grand-paris-express-sera-revu-cette-semaine-1405561.html
3. FRESSOZ Marc, « Grand Paris Express : un scénario à la Eurotunnel ? », Contexte transports, 24 janvier 2018. https://www.contexte.com/article/transports/grand-paris-express-un-scenario-a-la-eurotunnel_81629.html?utm_medium=email&utm_source=transactional&utm_campaign=newsletter_pouvoirs


Commentaire du 1er février 2018

La ministre des transports Élisabeth Borne confirme la révision à la baisse du projet de Grand Métro Express. Elle a adressé en date du 30 janvier 2018 une lettre aux élus d’Ile-de-France dans laquelle est indique que « Le futur métro sera réalisé… avec « un calendrier réaliste de livraison et de coût  » ».

Voir l’article :
« Le futur métro sera réalisé… avec « un calendrier réaliste de livraison et de coût » », Le Parisien, 1er février 2018. Article de Jean-Gabriel Bontinck.

© Bernard MÉRIGOT, 26 janvier 2018, 17 heures. Mise à jour le 1er février 2018, 19 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017
http://portes-essonne-environnement.fr

 

Grand Paris Express. Enquête publique sur la ligne 18, une pure formalité pour un projet déjà ficelé ?

L’enquête sur l’utilité publique du métro automatique ligne 18 verte, entre Orly et Versailles – Chantiers, est achevée depuis ce mardi 26 avril 2016, 19 heures. Le site Internet dédié a enregistré près de 4100 observations électroniques, en plus de celles déposées dans les registres « papiers » ou adressées directement à la commission d’enquêtes. L’avis défavorable de l’association Portes de l’Essonne Environnement porte le numéro 4002. (1) Il se place dans la droite ligne de la majorité des avis rédigés par les associations  de protection de l’environnement et du cadre de vie et par de nombreux citoyens concernés.

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Document : Carte à horizon 2030 de la ligne du métro automatique ligne 18, extraite du site Internet www.societedugrandparis.fr. © SGP, Parimage, avril 2015.

Des Franciliens se sont étonnés de la publication, avant le début de cette enquête (21 mars 2016), d’un communiqué de presse de la Société du Grand Paris relatif aux choix des maîtres d’œuvre et des architectes de la ligne 18 du Grand Paris Express (15 février 2016). Trois marchés ont ainsi été attribués :
1/ la maîtrise d’œuvre du génie civil, des gares souterraines et du cente d’exploitation (groupement Icare mené par Ingerop Conseil et ingenierie),
2/ la conception et la réalisation architecturale du viaduc et des gares aériennes (groupement Benthem Crouwel),
3/ la conception et la réalisation des systèmes de l’ensemble de la ligne (société Egis-Rail).
Par ailleurs, le président du directoire Philippe YVIN a annoncé que les dernières opérations d’investissements ayant été votées par le conseil  de surveillance, « tout le projet est désormais lancé ». (2)

Il semblerait que ces attributions de marché soient une découverte et n’aient pas été abordées lors des différentes réunions organisées durant l’enquête, comme celle du 22 mars à Massy à laquelle PEE a assisté. Les questions méritent d’être posées : avons-nous affaire à un déni de démocratie ? A quoi bon faire une enquête publique de 5 semaines si les jeux sont déjà faits ?

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Réunion publique sur le projet de ligne 18 verte à Massy le 22 mars 2016. © Photographie JMC.

Attribuer des marchés ou des concessions avant une consultation n’est pas un fait rare. Le cas s’était présenté en mai 2014 pour le projet d’autoroute ferroviaire Atlantique (AFA) qui devait être mise en service début 2016. Le projet sous la forme soumise à l’enquête publique (conclusions favorables avec réserves) a été abandonné par Alain VIDALIES, secrétaire d’État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, le 30 avril 2015, « compte tenu des risques juridiques importants pour l’État ». Le contrat de concession entre l’Etat et Lorry Rail, filiale de la SNCF Geodis, avait été signé en 2013 avant l’enquête publique. A ce jour, la création d’une AFA est toujours d’actualité pour le ministère (3).

La déclaration d’utilité publique du projet de ligne 18 verte est donc maintenant entre les mains de la commission d’enquête. Même avec des conclusions favorables assorties de réserves, le projet peut toujours être ensuite fortement amendé ou abandonné. Un peu d’espoir…


DOCUMENT

PEE. AVIS SUR LA DÉCLARATION D’UTILITÉ PUBLIQUE DU PROJET DE CRÉATION DU TRONÇON LIGNE 18 VERTE « AÉROPORT DE PARIS – VERSAILLES CHANTIERS » – Avis déposé sur le registre électronique d’enquête sous le numéro 4002, le 26 avril 2016

Monsieur le Président,

En préambule, l’association Portes de l’Essonne Environnement (PEE) précise qu’elle a pour objet la défense et la protection de l’environnement, du cadre et de la qualité de vie des habitants dans le département de l’Essonne, mais également dans d’autres territoires chaque fois que cela est nécessaire. Elle agit principalement sur les communes des secteurs de l’ancienne communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE), des agglomérations et communautés d’agglomération limitrophes à la CALPE, de l’établissement public territorial n° 12 et de la métropole du Grand Paris. Son siège est sis à Savigny-sur-Orge, chef-lieu du canton dans lequel se trouve la ville de Wissous.

Constatations sur le projet de ligne 18 verte
Au regard des documents soumis à enquête et des avis formulés, il apparaît que le projet porté dans le cadre du Grand Paris Express par la Société du Grand Paris comporte de nombreuses faiblesses.

  • Économie du projet de ligne 18 verte : une rentabilité socio-économique faible à terme pour un coût financier très élevé. Le Cercle des transports a émis un avis très défavorable. Le Commissariat général à l’investissement a émis un avis favorable avec réserves pour la première phase du projet (Orly – Orsay) et un avis défavorable pour la seconde (Orsay – Versailles Chantiers). Quant au Syndicat des transports d’Ile-de-France, il a formulé 19 réserves.
  • Concertation : lacunaire. Les associations n’ont pas été assez entendues. Les propositions de solutions alternatives, plus respectueuses de l’environnement, avancées de façon récurrente, ont été écartées. Le schéma d’ensemble du projet de 2011 a été validé par décret ministériel sans grande modification. La garante de la concertation renforcée de 2015 a rapporté la constance des associations dans leur vision du faible intérêt d’un tel projet lourd et coûteux. La Société du Grand Paris est critiquable pour ne pas avoir tenu compte de ce temps de concertation renforcée dans le projet soumis à enquête.
  • Stratégie de déplacement dans la partie sud-ouest du Grand Paris : peu de visibilité de la pertinence du projet de ligne 18 en lien avec les autres infrastructures de transports en commun précédemment soumis à enquête publique, en cours de montage, financés, en cours de réalisation ou tout simplement abandonnés comme le TCSP Saclay-Châteaufort. Manque évident de coordination entre tous les maîtres d’ouvrages / porteurs de projets. Absence de passerelles entre les micro-visions et les macro-visions des plans de transports en commun, des plans de déplacements urbains (tous modes de locomotion confondus).
  • Antonypôle : un choix de localisation contestable car excluant, tel quel, la synergie avec Wissous et le réseau Orlyval.
  • Wissous : absence de gare. L’une des explications donnée par la Société du Grand Paris réside dans le fait que la municipalité précédente n’en a pas fait la demande lors du débat public en 2010-2011. L’absence de démocratie participative à un instant « i » ne devrait pas priver les usagers de Wissous d’une gare. La proposition de la municipalité actuelle de déplacer de 600 mètres la gare d’Antonypôle vers Wissous mérite d’être examinée. La solution proposée par l’association locale « Wissous notre ville » (la réalisation d’un arrêt d’Orlyval à Wissous en 2018) est de nature à compenser l’absence de gare sur la ligne automatique 18, à condition que les promoteurs du Grand Paris Express s’engagent à établir un dialogue en ce sens.
  • Plateau de Saclay : absence d’un plan général de transports, insertion d’un viaduc dans une zone de protection naturelle agricole et forestière (ZPNAF) non débattue lors des sessions du débat public, implantation de ce viaduc avec possiblement des impacts environnementaux néfastes, fortes inquiétudes pour la préservation des terres agricoles particulièrement fertiles en raison d’une possible urbanisation d’espaces périurbains agricoles avec la mise en service de la ligne 18, menace à terme d’une densification urbaine.

Dans le rapport annuel de la Cour des comptes publié le 10 février 2016, une partie est consacrée aux transports ferroviaires franciliens depuis 2010. Rappelant que les lignes 14 et 15 Sud ont déjà un retard de deux à trois années, le rapporteur s’inquiète de la capacité des promoteurs à mener tous les projets de front, tout en conseillant de ralentir les nouveaux afin d’améliorer le réseau existant. (1)

L’association Portes de l’Essonne Environnement demande que l’argent public soit mieux utilisé notamment dans l’étude de la prolongation de la ligne 14 au-delà d’Orly, dans l’entretien et la modernisation constante des lignes RER existantes, dans la réalisation d’un maillage de transports en commun en site propre plus en adéquation avec les besoins réels des Sud-Franciliens.

En conclusion, l’association Portes de l’Essonne Environnement émet un avis défavorable à la déclaration d’utilité publique du projet de ligne 18 verte.

Jean-Marie CORBIN, Président
Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Trésorière

(1) Cour des comptes, Rapport public annuel 2016, Partie 7. « Les transports ferroviaires en Ile-de-France depuis 2010 : des progrès sensibles, des insuffisances persistantes », 16 février 2016, pp. 501-502.
« Indépendamment de la difficulté à financer tous ces projets, il existe une forte incertitude sur la capacité des opérateurs et de l’industrie à mener de front, et dans les délais actuellement envisagés, à la fois les chantiers de rénovation, de maintenance et de développement du réseau actuel et d’engager quasi-simultanément la construction des infrastructures nouvelles prévues dans le projet du Grand Paris et de celles programmées sur le reste du territoire.
La priorité absolue doit être donnée à l’amélioration du réseau existant, dans la mesure où la performance de l’infrastructure et de certains matériels roulants n’est plus en adéquation avec l’importance du trafic constatée sur le réseau Transilien
. (…)

Le lancement concomitant d’un trop grand nombre d’opérations risque d’aboutir, sinon à une impossibilité des entreprises à y faire face, du moins à des tensions se traduisant par une augmentation des prix ou par un décalage dans le calendrier d’exécution des projets. Au minimum, une planification fine et coordonnée de ces grandes opérations par l’État apparaît donc indispensable. De même, devrait-il veiller à limiter la densification de l’espace urbain central de l’agglomération aussi longtemps que les lignes nouvelles permettant de désengorger les tronçons aujourd’hui saturés ne seront pas en service.
En définitive, les pouvoirs publics sont confrontés à un double défi financier et technique : la conjugaison, à partir de 2016-2017, d’opérations de maintenance très lourdes sur l’ensemble du réseau de la SNCF notamment en Ile-de-France, du lancement lancement des projets prévus dans le cadre du Grand Paris et d’investissement extrêmement coûteux sur d’autres portions de territoire. »


RÉFÉRENCES
1. Portes de l’Essonne Environnement, « Avis sur la déclaration d’utilité publique du projet de création du tronçon ligne 18 verte « Aéroport de Paris – Versailles Chantier », lettre au président de la commission d’enquête insérée dans le registre électronique le 26 avril 2016, 2 p. ( pdf) : 2016-04-26 PEE ADUPL18.
2. Société du Grand Paris, « La Société du Grand Paris a choisi les maîtres d’œuvre et les architectes de la ligne 18 du Grand Paris Express », communiqué de presse, 15 février 2016, 2 p. (pdf) : 15-02-2016 SGP CP L18.
3. Sur le projet d’autoroute ferroviaire Atlantique, lire :

© Jean-Marie CORBIN, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 26 avril 2016, 21 h 00.

Grand Paris. Ouverture de l’enquête publique de la ligne 18 verte, aéroport d’Orly – Versailles Chantiers

Du lundi 21 mars au mardi 26 avril 2016 inclus, les Franciliens sont invités à participer à l’enquête publique relative au projet de création du tronçon de la ligne 18 dite verte reliant, dans un premier temps, l’aéroport d’Orly au plateau de Saclay par Massy (mise en service prévue en 2024) puis, dans un second temps, à Versailles Chantiers (mise en service envisagée en 2030). L’enquête publique est un préalable à l’obtention de la déclaration d’utilité publique de ce tronçon du métro automatique du Grand Paris express d’une longueur de 35 kilomètres, dont 14 en aérien, et comportant 9 nouvelles gares.

Ligne 18 PB EP 2016

Projet de la ligne 18 du réseau de transport du Grand Paris. Plan de situation extrait de la pièce B du dossier d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique (www.enquetepubliqueligne18.fr). (1)


Les pièces du dossier
Le dossier d’enquête publique est consultable et téléchargeable sur le site www.enquetepubliqueligne18.fr. Les Franciliens peuvent déposer leur avis sur le registre électronique figurant sur le même site Internet. A l’issue de l’enquête, la commission d’enquête publique, présidée par Jean-Pierre CHAULET, remettra au préfet de la région Ile-de-France et au président du tribunal administratif de Paris, son rapport et ses conclusions. Ils seront également consultables et téléchargeables sur le site Internet dédié. (1)

DEUP LIGNE 18

Capture d’écran du site Internet www.enquetepubliqueligne18.fr en date du 4 avril 2016.


La consultation du public
Outre la cinquantaine de permanences de la commission d’enquête dans les communes concernées par le tracé et l’implantation de gares, quatre réunions publiques sont prévues afin de mieux informer les Franciliens habitant le secteur : les 22 mars à Massy, 4 avril à Versailles, 8 avril à Gif-sur-Yvette, et 14 avril à Guyancourt. (2)

Ligne 18 Avis EP 2016

Avis d’enquête publique sur la ligne 18 verte du Grand-Paris Express, 21 mars – 26 avril 2016 (extrait du site Internet dédié www.enquetepubliqueligne18.fr).


Deux municipalités réclament une gare : Palaiseau et Wissous
Décidément, les projets de transports en commun s’enchaînent et des villes sont oubliées… Pour le tram-train Massy-Évry, Savigny-sur-Orge était apparue comme la grande perdante du dossier géré par le Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF). Là, pour la ligne 18 verte, deux communes de l’Essonne tentent de faire plier la Société du Grand Paris en charge du réseau de transports express. La première, Palaiseau, souhaite obtenir un arrêt supplémentaire dans un nouveau quartier Camille-Claudel de 1700 logements dont 500 étudiants. (3) La seconde, Wissous, se réveille un peu tard en demandant après le débat public le déplacement de la gare d’Antonypôle et la remise en service de son ancienne gare. (4)

La partie aérienne du métro automatique contestée
Entre Palaiseau et Magny-le-Hameaux (78), la ligne 18 évoluera sur un viaduc de 7 à 11 mètres de haut. Des élus refusent la défiguration du paysage et la création inéluctable de nuisances sonores. (5) Des associations locales considèrent notamment que c’est une porte grande ouverte à l’urbanisation d’un secteur à vocation agricole. Ces opposants au projet sont rejoints par des institutions très critiques à l’égard du dossier : l’Autorité environnementale (Ae), le Commissariat général à l’investissement (CGI), et le STIF. (6)


Portes de l’Essonne Environnement a assisté à la première réunion proposée au public, le 22 mars, à Massy. Un compte rendu sera prochainement mis en ligne sur le présent site Internet. L’association déposera un avis durant la dernière semaine de l’enquête.

RÉFÉRENCES
1. Les pièces du dossier d’enquête d’utilité publique relative à la création de la ligne 18 verte sont consultables sur le site Internet dédié : www.enquetepubliqueligne18.fr.
2. Préfecture de la région d’Ile-de-France, préfecture de Paris, « Affiche de l’avis d’enquête publique relative à la ligne 18 verte », n° 16-029, 22 février 2016, 1 p. (pdf) : Ligne 18 Avis EP 2016.
Pour en savoir plus :

3. Site Internet de la ville de Palaiseau (91) : http://www.ville-palaiseau.fr/actualites/fiche/ligne-18-un-metro-en-2024.htm (ou en pdf : Ligne 18 Ville de Palaiseau).
4. Municipalité de Wissous, La gazette de Wissous, n° 205, mars 2016, 24 p. ; extrait relatif à l’enquête publique sur la ligne 18, 5 p. (pdf) : WISSOUS G MARS 2016.
5. D’ORNELLAS Marie, HEYLIGEN Julien, « Coup d’envoi de l’enquête publique de la ligne 18 », Le Parisien Essonne-matin, 21 mars 2016, p. I.

2016-03-21 LPE EP LIGNE18

Document : D’ORNELLAS Marie, HEYLIGEN Julien, « Coup d’envoi de l’enquête publique de la ligne 18 », Le Parisien Essonne-matin, 21 mars 2016, p. I.

6. Site Internet de COLOS (Collectif OIN Saclay) : http://www.colos.info/actualites/grand-paris/119-enquete-publique-sur-la-ligne-18.

© Jean-Marie CORBIN, 23 mars 2016, 18 h 30. Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 4 avril 2016, 10 h 30.