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Métropole du Grand Paris. 7 millions d’habitants, 1 million de victimes du bruit

La pollution sonore rend-elle malade ? Abrège-t-elle la vie des habitants ?

Le bruit du trafic routier, aérien et ferroviaire est un phénomène général des agglomérations urbaines. Outre les témoignages de ses victimes, il doit être apprécié de façon localisée par des mesures des niveaux de nuisance subie. Cela permet de dresser des cartes et d’en tirer des conclusions concernant les effets territorialisés sur la santé de la population.

C’est à ce travail que s’est livré Bruitparif pour les 7 millions d’habitants des 131 communes de la Métropole du Grand Paris (MGP). Cet observatoire du bruit en Ile-de-France créé en 2004 a pour objet de mesurer l’environnement sonore, d’informer le public et d’aider les autorités (administrations, élus…) à élaborer des politiques de prévention et de lutte contre le bruit. (1)

Un million de personnes victimes du bruit. Nombre de mois de bonne santé perdus à cause du bruit. Carte établie par Le Parisien/Infographie à partir des sources de Bruitparif et de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) d’Ile-de-France extraite du journal Le Parisien, 26 aout 2018.


Quel rapport y a-t-il entre le bruit et la santé ? En s’appuyant sur les références retenues par l’Organisation mondiale de la santé, l’étude conduite par Bruitparif a modélisé les impacts sanitaires du bruit des transports (routiers, aériens, ferroviaires) selon des « mailles » de 500 mètres de côté et a calculé le nombre d’années de vie en bonne santé perdues par zone géographique.

Il en ressort qu’en moyenne, un habitant de la Métropole du Grand Paris perd au cours de son existence huit mois de vie en bonne santé en raison des effets du bruit. Les différences territoriales au sein de la métropole apparaissent en outre considérables, puisque ce chiffre peut atteindre 19 mois dans les communes les plus exposées.

Sept effets du bruit sur la santé ont été identifiés par l’Institut national de Recherche et de sécurité pour la prévention de la santé (INRS) : accidents du travail, troubles circulatoires, troubles du sommeil, stress, baisse des performances cognitives, accidents sur les femmes enceintes. (2)


Autoroute A6 à la hauteur de Savigny-sur-Orge. © Jean-Marie Corbin pour PEE, 2 décembre 2016.

En s’appuyant sur les références retenues par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette étude dédiée modélise les impacts sanitaires du bruit des transports par maille de 500 mètres de côté et permet notamment de calculer le nombre d’années de vie en bonne santé perdues par zone géographique pour les bruits des transports routier, ferroviaire et aérien, ainsi que de leur cumul.

L’indicateur statistique des années de vie en bonne santé mesure la santé d’une population en considérant sa qualité de vie dans ses dimensions humaines, solidaires, productives et économiques. Il se fonde sur « le nombre d’années qu’une personne peut vivre sans limitation résultant d’une maladie ou d’une incapacité » (3) en prenant en compte les maladies chroniques, les états fragiles, les troubles mentaux et les incapacités physiques qui surviennent notamment chez les personnes âgées, qui détériorent la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes, ainsi que les problèmes de santé qui ont une incidence sur le financement des soins médicaux et des retraites.


Avion survolant Savigny-sur-Orge. © BM/CAD pour PEE, 19 juillet 2016.

RÉFÉRENCES

1. BRUITPARIF, « Publication du diagnostic Bruit de la Métropole du Grand Paris », 4 juillet 2018. https://www.bruitparif.fr/publication-du-diagnostic-bruit-de-la-metropole-du-grand-paris/

2. L’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) est un organisme contrôlé par l’État. Son budget provient du fonds national de prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles alimenté par les cotisations des entreprises cotisant au régime général de la Sécurité sociale.  http://www.inrs.fr/risques/bruit/effets-sante.html

3. EUROSTAT, « Statistiques sur les années de vie en bonne santé », mai 2017, https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Healthy_life_years_statistics/fr

Voir aussi :
CENTRE D’INFORMATION ET DE DOCUMENTATION SUR LE BRUIT (CIDB), « Bruit et santé », (s.d.) 24 p. http://www.bruit.fr/images/stories/pdf/guide-bruit-sante-cidb-2013.pdf


LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Un million de personnes victimes du bruit. Nombre de mois de bonne santé perdus à cause du bruit. Carte établie par Le Parisien/Infographie à partir des sources de Bruitparif et de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) d’Ile-de-France extraite du journal Le Parisien, 26 aout 2018.
  • Autoroute A6 à la hauteur de Savigny-sur-Orge. © Jean-Marie Corbin pour PEE, 2 décembre 2016.
  • Avion survolant Savigny-sur-Orge. © BM/CAD pour PEE, 19 juillet 2016.

DOCUMENT

UN MILLION DE PERSONNES VICTIMES DU BRUIT

Nuisances. Une étude réalisée par Bruitparif, unique en France, a permis d’identifier les zones les plus touchées par les nuisances sonores. Elles auraient un impact important sur la santé des habitants.

 

Et si l’Enfer, c’était le bruit ? Selon un diagnostic récemment établi par Bruitparif, « près d’un million de personnes sont hautement gênées par le bruit des transports » sur les 7 millions d’habitants que compte la Métropole du Grand Paris. Le sommeil de 500 000 d’entre eux serait aussi « très perturbé » par les trafics routiers, aériens et ferroviaires, « les principales nuisances sonores au niveau métropolitain », précise Fanny MIETLICKI, directrice de Bruitparif.
Une véritable pollution de masse aux effets insidieux car invisibles. Mais pourtant bien réels en Ile-de-France, l’agglomération française où ils sont les plus marqués. Selon Bruitparif – qui s’est appuyé sur une méthodologie de l’Organisation mondiale de la santé – les résidents des zones les plus durement frappées  perdent jusqu’à 19 mois de vie en bonne santé, alors que la moyenne est de 8 mois dans l’ensemble de la métropole.
« Le bruit, tout le monde pense pouvoir vivre avec, poursuit Fanny Mietlicki. Sans se rendre compte du stress et de la fatigue qu’il génère. » Les résultats de cette étude, une première en France, seront donc extrêmement précieux pour endiguer ce fléau sanitaire que les autorités jugent aussi délétère que la pollution de l’air.
Parmi les zones les plus touchées figurent celles où se trouve un aéroport. Le diagnostic pointe clairement les habitants des environs d’Orly comme les plus touchés par le phénomène. « Il doit en être de même autour de l’aéroport de Roissy, qui n’a pas été pris en compte par l’étude, précise la directrice de Bruitparif. Les secteurs les plus impactés cumulent le bruit des avions avec celui des transports routiers qui desservent les zones aéroportuaires. »
Construire un autre aéroport à Montargis ?
Les nuisances aériennes sont un sujet particulièrement sensible en Ile-de-France qui compte trois aéroports (Roissy, Le Bourget, Orly) et un héliport, à Issy-les-Moulineaux, reconnaît la Métropole du Grand Paris.
Mais que ses élus comptent prendre à bras-le-corps : Jacques-Alain BENISTI, maire (LR) de Villiers-sur-Marne et conseiller métropolitain délégué à la mise en œuvre des mesures de lutte contre les nuisances sonores appelle l’ensemble des acteurs du secteur à « élaborer d’ici la fin de l’année 2018 un plan d’actions métropolitain à la hauteur des enjeux ».
Parmi ses propositions, une retient particulièrement l’attention : construire un nouvel aéroport dans les environs de… Montargis (Loiret). « L’aéroport d’Orly est l’un des rares en Europe à avoir prospéré dans une zone de plus en plus urbanisée. À part le faire déménager, il n’y a pas de solutions. »
Le revêtement antibruit comme solution ?
Les habitants des abords du boulevard périphérique et des principales autoroutes sont également les premières victimes des nuisances sonores, et ce malgré les dispositifs antibruit déjà mis en place. Mais une nouvelle technologie, déjà présente sur certaines portions du périph’ et des autoroutes A4, A6 et A86, pourrait y remédier en partie : le revêtement antibruit. Malgré des retours mitigés de riverains, il serait capable de diviser par trois le bruit provoqué par automobiles et camions.
Les deux-roues motorisés, dont certains sont particulièrement bruyants, sont également identifiés comme une source importante de nuisances sonores. Quant au trafic ferroviaire, il s’agit plus pour le moment d’identifier des « zones calmes » qui seront sanctuarisées afin qu’aucune nouvelle ligne ne puisse y voir le jour.
Des concertations doivent être menées, diagnostic à l’appui, avec les habitants et les associations des zones les plus touchées, afin de dégager des pistes de travail.

Le Parisien, 26 août 2018.


© Bernard MÉRIGOT et Sylvie MÉRIGOT-MONNIOTTE, article mis en ligne le 27 août 2018, 10 heures 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2018
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