Énergie. La région Île-de-France toujours plus gourmande en électricité

Un article, dernièrement paru dans le journal du Figaro, fait état de la croissance de la consommation électrique de la région Ile-de-France. (1) Avec plus de 12 millions d’habitants, c’est la région la plus peuplée de France.

Lignes à haute tension à Épinay-sur-Orge. © Jean-Marie CORBIN pour PEE, 18 juin 2017.


Une électricité fabriquée loin du lieu de consommation

L’article n’est pas hélas pas très disert sur la question de la production énergétique en Ile-de-France. En effet, la centrale au charbon de Vitry-sur-Seine s’est arrêtée définitivement au début de l’année 2015. (2) Dans le cadre des visites organisées par FNE Ile-de-France, elle avait pu être visitée en novembre 2013. Construite en partie à partir des années 60 et terminée dans les années 70, elle était devenue trop polluante par rapport aux nouvelles normes européennes. Ses rejets (fumées) contenaient trop de particules.

Faute de production locale conséquente, ne serait-ce qu’à l’aide de panneaux photovoltaïques disposés sur l’ensemble des toitures, l’Ile-de-France est obligée d’importer à 95 % son électricité depuis les autres régions. Ce chiffre tenait probablement compte de la production de la centrale thermique de Porcheville. (3) Sachez qu’elle vient aussi de fermer ses portes, le 1er mai 2017, soit plus d’un an en avance sur le calendrier initialement prévu.

La production électrique locale résiduelle reste celle des éoliennes dispersées dans les parcelles agricoles situées en périphérie de la région comme celles que l’on apercevoir depuis la N20 dans la Beauce et les deux centrales thermiques à turbine à gaz de Gennevilliers et de Montereau qui, avec leur puissance cumulée de 500 MW, sont loin de couvrir les besoins franciliens. Cela oblige à faire venir cette électricité depuis la province à l’aide de nombreuses lignes à très haute tension.


La part du nucléaire : 85 à 89 %

Alors que tous les abonnés au tarif réglementé continuent de recevoir des factures de rappel vieilles de plus de deux ans, EDF réduit sa production flexible pour continuer à recentrer sur ses centrales électro-nucléaires. Ainsi, pour le particulier qui n’a pas souscrit de contrat différencié sur l’approvisionnement, la part du nucléaire est passé en quelques années de 85 à 89 %. L’approche est risquée, car les centrales électro-nucléaires sont tout sauf flexibles dans la variation quotidienne de la production.


Une consommation toujours plus forte…

L’augmentation constante de la consommation électrique est le prolongement de la politique du tout électrique dans l’habitat résidentiel amorcée dans les années 70 pour faire face aux crises pétrolières. Aujourd’hui, cet engouement se prolonge au profit des pompes à chaleur fortes consommatrices d’énergie électrique et dont peu de gens savent que les performances s’effondrent lorsque la température extérieure est inférieure à 4°C (dépôt de givre sur l’échangeur extérieur).

L’installation très fréquente de ballons électriques d’eau (très) chaude sanitaire pose également un problème. Ces appareils sont énergivores car les constructeurs les règlent en usine à une température dépassant largement les 65°C, ce qui par ailleurs occasionne l’entartrement de l’élément chauffant puis sa destruction. Cette surchauffe, où l’utilisateur, surtout quand il est un jeune enfant, risque l’ébouillantement, est soi-disant pour nous protéger d’un risque de légionellose. Pourtant les données médicales actuellement disponibles ont bien du mal à mettre en évidence une quelconque causalité. De son coté, faisant fi de ces avertissements s’apparentant à de l’appel de la terreur, l’auteur de ses lignes a volontairement réduit à 40°C la température de son cumulus, et il y gagne 4 kWh/jour ! (4)

N’oublions pas aussi l’engouement très probable pour la voiture électrique et qui risque d’impacter à la hausse les consommations électriques. À cela la réponse « nucléaire » ne nous semble pas appropriée, non seulement en raison des déchets dangereux et irréductibles que cela engendre mais aussi du fait des risques – certes mimines mais cataclysmiques – d’une catastrophe à l’exploitation (voir Three-Miles-Island, Tchernobyl et Fukushima).


DOCUMENT

« La région Île-de-France toujours plus gourmande en électricité », par Frédéric De MONICAULT, www.lefigaro.fr. Publié le 15/06/2017 à 06:00. Mis à jour le 15/06/2017 à 06:07. (1)

Selon les chiffres publiés mercredi par Réseau de transport d’électricité (RTE), la consommation d’électricité de la région francilienne a progressé de 1,9% en 2016. Le climat est le premier responsable de cette progression.

C’est un fait solidement établi: la région francilienne est la région qui consomme le plus d’électricité dans l’Hexagone. En revanche, parmi les éléments nouveaux, cette demande a encore progressé en 2016, selon les chiffres publiés mercredi par Réseau de transport d’électricité (RTE), la filiale d’EDF en charge des lignes haute et très haute tension. L’année dernière, la consommation d’électricité en Ile-de-France a progressé de 1,9%, à 69.032 gigawattheures (GWh). Ce léger gain par rapport à 2015 s’explique d’abord par des températures plus froides. À noter que la consommation finale des professionnels et des particuliers représente 46% des GWh consommés, contre 54% pour les PME-PMI et la grande industrie.

Après la consommation, la production: en 2016, la production d’électricité en Ile-de-France a progressé de 2,9%, à 3703 GWh. Cette progression n’empêche pas que la production francilienne recouvre seulement 5% des besoins de la consommation électrique régionale. En matière de répartition des sources d’énergie, RTE insiste sur le poids des bioénergies – qui ont représenté 32 % de la production totale de la région – et sur l’importance de la contribution éolienne, qui a augmenté de 15,6 % en 2016.

Croissance exponentielle des investissements

En Ile-de-France comme dans les autres régions du territoires, RTE prévoit de continuer à investir massivement sur ses infrastructures, qu’il s’agisse des lignes proprement dites ou des postes électriques. Mercredi, RTE a indiqué que le volume des investissements sur la période 2017-2022 dépasserait les 550 millions d’euros. En 2016, cette enveloppe s’est élevée précisément à 113 millions. La courbe des investissements dévoilée par le transport vise à répondre à la croissance des besoins en électricité de la région, pour un seuil de puissance supplémentaire estimé à 2400 mégawatts (MW).

Au regard de RTE, le développement des territoires passe par le souci constant de sécuriser l’alimentation électrique. Ceci implique des réflexions poussées en matière d’aménagement puisque «la forte pression sur le foncier augmente les demandes de mises en souterrain des ouvrages de RTE, dont certains font partie du réseau stratégique indispensable à l’alimentation de l’Ile-de-France», note l’entreprise.


RÉFÉRENCES

  1. De MONICAULT Frédéric, « La région Ile de France toujours plus gourmande en énergie », www.lefigaro.fr, 15 juin 2017 : http://www.lefigaro.fr/conso/2017/06/15/20010-20170615ARTFIG00016-la-region-ile-de-france-toujours-plus-gourmande-en-electricite.php.
  2. CHAILLOU Clément, « Vitry voit s’éteindre sa dernière centrale électrique, www.leparisien.fr, 23 avril 2015 :  http://www.leparisien.fr/informations/vitry-voit-s-eteindre-sa-derniere-centrale-electrique-23-04-2015-4718829.php.
  3. Sur la centrale de Porcheville, lire l’article publié sur www.wikipedia.org : https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_thermique_de_Porcheville.
  4. Sur l’appel à la terreur, lire l’article publié sur www.wikipedia.org : https://fr.wikipedia.org/wiki/Appel_%C3%A0_la_terreur.

© Jean-Marie CORBIN, 20 juin 2017, 22 h 00.