Le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais suspend ses paiements à la SNCF

Daniel PERCHERON, président socialiste du conseil régional Nord-Pas-de-Calais, n’y va pas par quatre chemins en s’en prenant au portefeuille de la SNCF. Son collègue et président de la région Ile-de-France, Jean-Paul HUCHON, ferait bien de s’en inspirer pour mettre davantage la pression sur les opérateurs de transports en commun. Car les dysfonctionnements sont trop nombreux dans la région francilienne. Le RER-C est particulièrement impacté où, notamment, les trains PAUL et BALI sont beaucoup trop souvent supprimés.

© Jean-Marie CORBIN, 8 mars 2014.


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« Le conseil régional suspend ses paiements pour le fonctionnement du TER à la SNCF »,
Dominique SERRA, La Voix du Nord, 17/02/2014

Le torchon brûle entre le conseil régional et la SNCF. À l’origine du conflit : la décision unilatérale de la société ferroviaire de réduire les horaires d’accueil dans une douzaine de gares depuis novembre.

Faute de compromis, les élus régionaux ont mis à exécution la menace brandie par Daniel Percheron en décembre. Les acomptes réguliers versés à la SNCF pour assurer le fonctionnement des TER ne sont plus payés. Les sommes en jeu ne sont pas minces. Depuis le début du bras de fer, deux acomptes de 55 millions d’euros n’ont pas été versés. La commission permanente de la Région vient de décider à l’unanimité que le versement de ces sommes était désormais conditionné « au maintien des horaires d’accueil aux guichets des gares tels qu’ils existaient au 1er novembre 2013 ».

Ce conflit intervient dans un contexte particulier. Le conseil régional et la SNCF entament une phase de négociation pour le renouvellement de la convention qui les lie pour exploiter le TER dans les années qui viennent.

Le sujet faisait d’ailleurs l’objet d’un colloque hier à Lille à l’initiative des syndicats de cheminots, eux aussi inquiets.

Présence humaine

Si dans l’hémicycle le ton reste plutôt consensuel, en marge des débats, la tension est palpable.

« Nous sommes dans une situation qui ne nous donne pas satisfaction, en réduisant l’ouverture des guichets la SNCF réduit la qualité de service. Nous sommes très attachés à la présence humaine dans les gares comme dans les trains, compte tenu de la situation sociale de la région, la SNCF ne peut pas jouer sur la variable de l’emploi », résume Alain Wacheux, le vice-président aux transports .

L’élu rappelle au passage que la Région verse chaque année 250millions d’euros pour le fonctionnement du TER, une somme à laquelle il faut ajouter 80 millions pour le renouvellement du matériel roulant, une participation à la modernisation de la gare Lille-Flandres, des études pour le projet de RER Lille-Hénin…

Au-delà du TER, d’autres griefs et d’autres craintes s’expriment : sur les rares arrêts de l’Eurostar à Calais, sur l’éventuelle suppression de quelques TGV Paris-Arras en soirée l’an prochain…

La direction régionale de la SNCF refuse de dramatiser la situation. « Les temps sont durs mais la confiance est là, c’est ensemble que nous trouverons les bonnes solutions », plaide Odile Fagot, la directrice régionale. Elle suggère le recours à des contrats aidés pour renforcer la présence humaine dans les gares. Sur les acomptes non versés, elle mise sur la négociation plutôt que sur la justice pour régler le contentieux.