Archives de catégorie : Ressources pédagogiques

Géographie. Des cartes pour comprendre le monde (Terminale. Thème 1. Chapitre 1)

Dans le contexte des économies-monde unipolaires successives, du monde bipolaire politique et économique de la Guerre froide, et de la présente multipolarité où les puissances s’exercent dans un monde polycentrique, les cartes représentent une planète organisée autour d’un ou plusieurs pôles. Depuis les premières planches de l’Antiquité, elles ont considérablement évolué et poursuivent sans cesse leur évolution technologique. Aujourd’hui, les centres se répartissent entre plusieurs continents, ce qui complexifie les représentations cartographiques. Les acteurs de la mondialisation sont multiples. De nouvelles rivalités apparaissent. Des débats divers s’instaurent.

Chaque État possède sa propre histoire et sa propre vision du monde qui, de ce fait, devient de plus en plus difficile à comprendre. De par sa nature, la carte est une interprétation du monde. Elle peut aider à décrypter des tendances et des évolutions, même si son discours est souvent incomplet, partial, subjectif. La carte constitue un outil indispensable pour analyser la complexité du monde actuel grâce à des grilles de lecture différenciée. Son utilisation nécessite cependant un regard critique sur la façon de représenter cette complexité.

Carte de Cassini, secteur d’Athis-Mons, XVIIIe siècle.


Problématique

Comment les cartes rendent-elles compte de la complexité du monde actuel ?


Sommaire

I. La carte, un outil nécessaire pour comprendre le monde

A. Faire une carte, c’est faire des choix

B. Rappel sur la méthode de lecture d’une carte

II. Quatre lectures pour comprendre le monde actuel

A. Une lecture géopolitique du monde, entre paix et conflits

B. Une lecture géo-économique du monde, des inégalités caractérisées

C. Une lecture géoculturelle du monde, une uniformisation nuancée

D. Une lecture géo-environnementale d’un monde en souffrance


Conclusion

La combinaison des lectures, à des échelles différentes, est nécessaire afin de comprendre un monde de plus en plus complexe. Les dynamiques économiques et géopolitiques, les défis de l’environnement et du développement durable sont autant d’enjeux auxquels le monde actuel est confronté. Mais les cartes sont des outils subjectifs élaborés par des cartographes qui respectent des règles de présentation. Il faut les manipuler avec précaution car ce ne sont pas des documents neutres. Il est indispensable de s’interroger sur leurs auteurs et leurs motivations avant d’en faire l’analyse. Ainsi, les cartes les plus anciennes ont été commandées par les gouvernants politiques afin de matérialiser leur pouvoir et leur contrôle sur un territoire. Elles ont parfois été de véritables outils de propagande, comme au temps de l’Allemagne nazie. Il faut donc porter une grande attention sur la projection, le centrage et les figurés.


Cours dispensé au lycée Saint-Charles d’Athis-Mons

Synthèse mise en ligne prochainement


Références – sources

  1. Ce chapitre ouvrant le programme de géographie de la classe de terminale a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ les cours de Sylvie Monniotte du lycée Saint-Jean (Lectoure) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons), de Stéphanie Yart du lycée Ile-de-France (Villebon-sur-Yvette) que je remercie sincèrement pour son aide précieuse, de Danièle Catala du lycée Guy-Môquet (Chateaubriand), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de Jacques El Alami du lycée d’Adultes (Paris), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), M. Buchoux, Mmes Trédez et Vitte du lycée Jean-Baptiste-Corot (Savigny-sur-Orge) ; 2/ les manuels scolaires de géographie, niveau terminale, sous la direction de D. Husken-Ulbrich (Hachette), A. Ciattoni (Hatier), G. Bourel (Hatier), J. Jalta (Magnard), E. Janin (Nathan).
  2. Pour en savoir plus sur l’histoire de la cartographie, voir le site Internet d’Alexandre Nicolas : http://www.le-cartographe.net.
  3. Pour une approche de la cartographie par les projections : http://ddc.arte.tv/nos-cartes/les-cartes-des-autres.
  4. Sur l’écart entre la représentation du monde par des symboles et la représentation du territoire comme image, lire le compte-rendu de l’ouvrage de Gilles A. Tiberghien, Finis terrae : Imaginaires et imaginations cartographiques (2007) par le géographe Hervé Regnauld in « Représente-t-on le monde par des symboles ou par des images ? », EspacesTemps.net, Livres, 2008, https://www.espacestemps.net/articles/represente-t-on-le-monde-par-des-symboles-ou-par-des-images/.

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 2 septembre 2017, 20 heures. Mise à jour le 23 août 2019, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2019.
http://portes-essonne-environnement.fr

Histoire. La Guerre du Viêt Nam (1955-1975)

Quelles connaissances avons nous, et quels regards portons-nous sur des évènements historiques quarante ans, cinquante ans après qu’ils se soient déroulés ? L’histoire est une construction/reconstruction permanente. La télévision française diffuse durant trois jours les neuf épisodes du documentaire Vietnam (2017) réalisé par Ken BURNS et Lynn NOVICK.

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Vietnam, documentaire en trois parties de Ken Burns et Lynn Novick (2016). Première diffusion en France sur la chaîne de télévision Arte les 19, 20 et 21 septembre 2017.


La Guerre du Viêt Nam est une guerre qui a opposé de 1955 à 1975 :

  • la République démocratique du Viêt Nam (ou Nord-Viêt Nam) et son armée populaire vietnamienne soutenue par les pays du bloc de l’Est et la Chine et le Front national de libération du Sud Viêt Nam (dit Viet Cong),
  • et d’autre part la République du Viêt Nam (ou Sud-Viet Nam) soutenu militairement par l’armée des États-Unis appuyée par plusieurs alliés (Australie, Corée du Sud, Thaïlande, Philippines).

Bombardements. Les États-Unis ont largué 7,08 millions de tonnes de bombes durant le conflit. En comparaison, 3,4 millions de tonnes ont été larguées par l’ensemble des alliés sur tous les fronts de la Seconde guerre mondiale de 1939-1945.

Morts et blessés vietnamiens. Il est difficile de s’accorder exactement sur le nombre de victimes. Le Viêt Nam a annoncé en 1995 qu’un total d’un million de combattants et deux millions de civils avaient été tués durant la guerre.

  • Plus de quarante ans après la fin de la guerre des civils continuent d’être tués ou blessés par des bombes à sous-munitions non explosées.
  • Des agents chimiques, comme l’agent orange, un défoliant utilisé par les Américains ont contaminé une partie des sols ce qui entraîne de graves problèmes de santé (malformations à la naissance, hypertrophie, rachitisme, cancer des poumons et de la prostate, maladies de la peau, du cerveau et des systèmes nerveux, respiratoire et circulatoire, cécité, diverses anomalies à la naissance).

Morts et blessés américains. 8 744 000 militaires américains ont participé entre 1955 et 1975, à un moment ou à un autre du conflit. Le bilan pour les forces armées américaines est estimé à 58 177 soldats tués et 153 303 blessés.


DOCUMENT

Arte diffuse sur trois jours, les 19, 20 et 21 septembre 2017), et en neuf épisodes, une fresque spectaculaire sur la guerre du Vietnam, œuvre de Ken Burns et Lynn Novick, grandes figures du documentaire historique américain.

La guerre du Vietnam n’en finit pas de hanter l’Amérique. Encore aujourd’hui, elle est une référence récurrente dans le débat politique outre-Atlantique. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump, avec ses accents nixoniens et ses promesses de grandeur retrouvée, a suscité de nombreux parallèles avec les années 1970. L’échec au Vietnam reste durablement associé à une certaine idée de l’Amérique, celle du déclin.

Beaucoup a été écrit, et montré, sur ce conflit qui a coûté la vie à plus de 58 000 Américains. Dès la fin des années 1970, Hollywood a braqué ses caméras sur des destins brisés, les a évoqués dans des films qui ont fait l’histoire du cinéma mondial. Et façonné, par la même occasion, la mémoire internationale du conflit, mais vu à travers les yeux de l’Oncle Sam.

Pour Ken Burns et Lynn Novick, deux réalisateurs reconnus pour leurs documentaires historiques – en particulier sur la guerre de Sécession et la Seconde Guerre mondiale –, il est temps de donner la parole aux anciens acteurs des deux camps. Dans une fresque passionnante de neuf heures, diffusée mardi, mercredi et jeudi soir sur Arte, ils retracent toute l’histoire du conflit colonial qui aura duré, partie française comprise, près de trois décennies.

Devant leurs objectifs, Américains, Vietnamiens du Nord et du Sud racontent leurs souvenirs, en alternance avec des images d’archives soigneusement choisies. Il ne s’agit pas de faire parler des historiens, mais bien des anciens combattants, sur le front ou dans les bureaux de la CIA.

Leurs témoignages sont le plus souvent poignants, même si, par définition, ils ne représentent qu’un point de vue. Et tout commence par le commencement, la Seconde Guerre mondiale. Une époque pendant laquelle Washington n’hésitait pas à aider un guerrier en lutte contre les Japonais. Son nom ? Ho Chi Minh.

BIASSETTE Gilles, « Arte diffuse sur trois jours, et en neuf épisodes, une fresque spectaculaire sur la guerre du Vietnam, œuvre de Ken Burns et Lynn Novick, grandes figures du documentaire historique américain », La Croix, 16 septembre 2017, http://www.la-croix.com/Journal/guerre-Vietnam-ceux-lont-faite-2017-09-16-1100877210


RÉFÉRENCES

Vietnam (2017), documentaire de Ken Burns et Lynn Novick. Durée totale de 8 heures (9 épisodes de 55 minutes environ).

1. Le documentaire est édité sous la forme d’un coffret de trois DVD vendu par Arte Boutique
http://boutique.arte.tv/f12010-vietnam_neuf_episodes.

2. Les neuf épisodes sont les suivants :

NB. Les liens figurants ci-dessous sont actifs à la date du 19 septembre 2017. Il peuvent évoluer en fonction des offres de VOD (Video On Demand).

© Bernard MÉRIGOT, 24 septembre 2017, 21 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.
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Histoire. Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale (3e. Thème 1. Chapitre 1)

Lorsqu’en août 1914, la Première Guerre mondiale éclate, cela fait 44 ans que les Européens n’ont pas connu de guerre sur leur territoire. Encore appelée « La Grande Guerre », elle se déroule d’août 1914 à novembre 1918. En mobilisant toutes les catégories sociales, la Grande Guerre met à l’épreuve la cohésion des sociétés. Elle fragilise durablement des régimes en place. Combattants et civils subissent des violences extrêmes, dont témoigne particulièrement le génocide des Arméniens en 1915. En Russie, la guerre totale installe les conditions de la révolution bolchevique qui se prolongera par le communisme soviétique stalinien établi au cours des années 1920.

Savigny-sur-Orge au temps de la Grande Guerre. La veuve Duparchy met à la disposition de la Croix-Rouge son château afin d’y établir un hôpital pou les blessés en convalescence qui arrivent du front (carte postale écrite le 5 juin 1917, fonds privé AM).

L’organisation du chapitre s’articule donc autour de trois thèmes de réflexion. Il s’agit surtout de faire comprendre en quoi la Première Guerre mondiale :

  • est une guerre totale qui mobilise l’ensemble des sociétés avec une forte interdépendance entre le front et l’arrière, des économies et des pays concernés, qui marque la brutalisation des rapports humains.
  • marque la fin de la suprématie européenne : patriotisme chancelant (mutineries de 1917), effondrement de régimes politiques, déclin de l’influence internationale.
  • contient les germes des temps nouveaux : guerre industrialisée (armement), montée de l’influence américaine, triomphe du communisme en Russie, bouleversements territoriaux, évolution des mœurs, naissance de nouvelles idéologies politiques (balancements entre démocratie et dictature).

Problématique

Comment les civils et les militaires ont-ils vécu les violences de la Première Guerre mondiale ?
Comment la guerre de 1914-1918 a t-elle bouleversé la vie des populations et les États européens ?
En quoi cette Grande Guerre fut-elle fondatrice d’une violence totale qui marque la première moitié du XXe siècle ?


Sommaire

I. Le premier conflit mondial, plus de 4 années de guerre (1914-1918)

A. Les causes de la Grande Guerre, rappel du contexte
B. Les principales phases de la guerre
C. Sur le front, une expérience combattante inédite

II. Une guerre totale : la mobilisation générale de la société

A. De l’économie de guerre à l’économie en guerre
B. Les souffrances des populations civiles
C. Le génocide arménien de 1915, la violence de masse instaurée

III. Les conséquences de la guerre : des sociétés bouleversées et fragilisées

A. La Révolution russe d’octobre 1917
B. La Grande Guerre : un très lourd bilan humain
C. Une paix imparfaite : une nouvelle carte d’Europe et le « diktat » de Versailles


Conclusion

En 1918, la paix revient dans un continent en ruines. La Première Guerre mondiale a été une guerre d’une intensité inédite qui a pris la forme d’une guerre de position très meurtrière à cause des méthodes utilisées et des nouvelles armes défensives. Les hommes sont revenus traumatisés et transformés par cette expérience à laquelle ils n’étaient pas préparés. Les soldats ont connu une brutalisation sans précédent aussi bien au niveau physique que moral : leurs conditions de vie ont été très difficiles.

La Première Guerre mondiale est une guerre totale aussi bien pour la mobilisation de la société dans son intégralité que pour la mise en place d’une économie de guerre tournée vers la victoire. Les vainqueurs comme les vaincus sont exsangues (ruinés, très affaiblis, à bout de forces). L’Europe a perdu sa domination sur le monde et ce sont les États-Unis qui dominent désormais la planète.


Diaporamas sur lesquels le cours dispensé au collège Saint-Charles d’Athis-Mons s’est appuyé en septembre 2019 (mise en ligne prochainement)

Diaporama n° 1 :

Diaporama n° 2 :

Diaporama n° 3 :


Vidéos

Outre de très nombreuses vidéos accessibles sur Internet, il est conseillé de visionner celles se trouvant sur le site du réseau Canopé :  « Sur le champ de bataille de Verdun, un immense cimetière témoigne encore de la violence des combats qui s’y sont déroulés. 700 000 soldats français et allemands sont tombés sur un front de 30 kilomètres. Des millions d’obus ont complètement bouleversé le terrain et détruit des villages entiers. On trouve encore aujourd’hui de nombreuses traces de ces combats.Extraits du DVD La Première Guerre mondiale, @ SCEREN-CNDP, 2008″.

https://www.reseau-canope.fr/tdc/tous-les-numeros/la-vie-dans-les-tranchees/videos/article/les-tranchees-de-verdun.html


Références – Sources

1. Ce chapitre ouvrant le programme d’histoire de la classe de troisième a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ le séminaire de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du collège Jules-Ferry (Sainte-Geneviève-des-Bois) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons) avec nos sincères remerciements à Stéphanie Yart du collège-lycée Ile-de-France (Villebon-sur-Yvette), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), Mmes Dumont et Haumesser du collège Paul-Bert (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, sous la direction de A. Madavalle (Belin), N. Plaza (Hachette),  M. Ivernel (Hatier), P. Wagret (Istra), A. Ployé (Magnard), J. et D. François (Nathan), (Nathan).
2. Archives privées de familles de poilus essonniennes, gersoises et vendéennes.
3. Archives publiques d’Athis-Mons, Auch, Challans, Coëx, Juvisy-sur-Orge, Morangis, Paray-Vieille-Poste, Saint-Jean-de-Mont, Savigny-sur-Orge, Soullans, Talence, Viry-Châtillon.
4. Bibliographie conseillée aux élèves : Roland DORGELÈS, Les croix de bois, Le livre de poche, 2010, 283 p. ; Maurice GENEVOIX, Ceux de 14, Larrousse, 2012, 123 p. ; Jean-Pierre GUÉNO (sous la direction de), Paroles de poilus : Lettres et carnets du front (1914-1918), Librio, 2013, 189 p. ; Albert LONDRES, La Grande Guerre, Arlea Poche, 2010, 136 p. ; Louis MAUFRAIS, J’étais médecin dans les tranchées, Laffont, 2014, 336 p. ; Pierre MIQUEL, Mourir à Verdun, Tallandier, 2011, 315 p. ;  Erich Maria REMARQUE, A l’Ouest rien de nouveau, Le livre de poche, 1973, 224 p..

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 3 septembre 2017, 18 heures. Mise à jour le 23 août 2019, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2019.
http://portes-essonne-environnement.fr

Histoire. L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale (Terminale ES. Thème 1. Chapitre 1)

En 1945, la France sort meurtrie de cinq années de guerre. La défaite de juin 1940, l’occupation allemande, la collaboration du régime de Vichy ont traumatisé les Français qui, avec la Libération, aspirent à se reconstruire dans l’unité nationale. Pour ce faire, les autorités, sous la direction du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), referment la « parenthèse vichyste » : elles imposent l’image officielle d’une France unanimement résistante. Le mythe résistancialiste est né, plongeant ainsi dans l’oubli de multiples mémoires individuelles, plurielles, collectives qui resurgiront au cours de la Guerre froide pour éclater au grand jour ensuite. Le résistancialisme est alors critiqué. Différents groupes mémoriels s’attachent à défendre leur vision de la période. Quant aux historiens, relégués un temps au service de la mémoire officielle, ils se réapproprient leur rôle, leur fonction, celui d’être au service de la vérité historique en mettant en lumière « les processus de construction » de toutes les mémoires.

BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, Prisme, 7e édition, 1982, 168 p. (couverture). L’historien Marc BLOCH est le cofondateur avec Lucien FEBVRE de la revue les Annales d’histoire économique et sociale en 1929. Il rédige le brouillon de son Apologie au début des années 1940. Membre de la Résistance, il est arrêté par la Gestapo et exécuté le 16 juin 1944. Son ouvrage sera publié en 1949.


Problématique

Comment l’historien parvient-il à apprivoiser les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France afin d’en écrire une Histoire apaisée ?


Sommaire

I. La mémoire résistancialiste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1944-1970)

A. Une France traumatisée et divisée en 1945

B. La mémoire résistancialiste (1944-1947)

1/ La France unanimement résistante : une lecture officielle
2/ La réconciliation entre les Français
3/ La « mémoire repliée » d’une partie des Français, les soldats

C. La mémoire gaullienne, une mémoire d’État officielle (1948-1969)

1/ Une « mémoire désunie »
2/ Le « grand silence » sur le génocide, les « mémoires oubliées »
3/ Les lieux de mémoire officiels

II. L’évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale (1970 à nos jours)

A. Le tournant des années 1970 et la « révolution paxtonienne »

1/ Maintien de la lecture gaulliste du conflit, mais…
2/ … les mentalités changent, le mythe résistancialiste chancèle
3/ Une nouvelle lecture de la collaboration vichyssoise

B. La mémoire juive sort de l’oubli

1/ Constituer une « mémoire communautaire » pour ne pas oublier
2/ Le procès de la « banalité du mal » fait se libérer les paroles
3/ Le négationnisme et le révisionnisme
4/ Le devoir de mémoire.
5/ Justice et mémoire

C. A partir de 1995, les Français font enfin face à leur passé

1/ Vers la reconnaissance de la responsabilité de la France
2/ Les lieux de « mémoire de la Shoah »
3/ La mémoire instrumentalisé par les politiques ou l’hypermnésie

III. Entre Histoire et mémoires, l’historien

A. La tâche de l’historien

1/ La mémoire, les mémoires, le devoir de mémoire
2/ L’Histoire, une science humaine

B. De l’utilité de l’intervention des historiens dans les débats publics ?

C. Les historiens contestent les lois mémorielles


Conclusion

Pour conclure ce chapitre sur l’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale, il est intéressant de citer ici le philosophe Paul RICŒUR : « Sous l’histoire, ma mémoire et l’oubli. Sous la mémoire et l’oubli, la vie. Mais écrire la vie est une autre histoire. Inachèvement » (La mémoire, l’histoire, l’oubli). L’étude des relations entre les historiens et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France reflète l’évolution des questionnements historiques au gré de l’accessibilité des archives, des renouvellements de la discipline historique, mais aussi l’évolution de notre société.

Le sujet des mémoires de la Seconde Guerre mondiale est encore sensible, probablement du fait que bien des acteurs de cette époque sont encore vivants. C’est une mémoire douloureuse pour bon nombre de Français qui est passée d’un stade hégémonique (résistancialiste) au lendemain de la guerre à une dimension plurielle (toutes les mémoires reconnues) au cours des années 1970-1980 pour se donner un seul sens dans les années 1990 (le devoir de mémoire). Subsistent cependant encore des mémoires à questionner, à travailler, des histoires à dévoiler afin de terminer l’écriture apaisée de l’histoire de tous les acteurs de la Seconde Guerre mondiale, pour un moment, jusqu’à la découverte de nouvelles archives… Le temps est venu d’une approche historique non mémorielle, plus équilibrée, plus apaisée, qui n’omette rien dans son récit. Aujourd’hui, pour l’historien, l’objectif est de se dégager du jeu des pouvoirs politiques, des groupes d’intérêt, des discours médiatiques et du « régime d’historicité » (François HARTOG) qui, comme l’hypermnésie, agissent sur la construction des mémoires en produisant des ouvrages grand public. Ces derniers relèvent rarement de l’histoire, mais le plus souvent d’une nouvelle sorte de mémoire.

La nécessité du devoir de mémoire tant dans sa globalité que dans ses particularités ne fait plus aucun doute. Ce devoir n’est pas achevé. Les dirigeants politiques ne cessent de se réclamer des résistants et de leur combat. N’a-t-on pas vu en avril 2017 le candidat aux présidentielles Emmanuel MACRON visiter le site d’Oradour-sur-Glane ? Plus largement, en lien avec les mémoires de la guerre d’Algérie, n’a-t-il pas offusqué les Pieds-noirs en comparant les conditions de la colonisation française à « un crime contre l’humanité » lors de son déplacement à Alger en novembre 2016 ? N’a-t-il pas alors évoqué son souhait de « réconcilier les mémoires » et « non les opposer » dans une interview au webmedia Huffingtonpost.fr le 23 mars 2017 ? On peut ainsi légitimement se poser la question de la relation des mémoires des conflits de la deuxième moitié du XXe siècle, comme celui de la guerre d’Indochine. Pour ce faire, il serait judicieux de préférer le devoir d’histoire plutôt que le devoir de mémoire, le devoir d’histoire étant le fait d’étudier le passé sous l’angle de la raison et non de l’émotion. Cette tâche incombe aux historiens.


Cours dispensé au lycée Saint-Charles d’Athis-Mons

Synthèse (pdf de 15 pages) : prochainement en ligne


Références – sources

1. Ce chapitre ouvrant le programme d’histoire de la classe de terminale a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ le séminaire de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du lycée Saint-Jean (Lectoure) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de Jacques El Alami du lycée d’Adultes (Paris), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), M. Buchoux, Mmes Trédez et Vitte du lycée Jean-Baptiste-Corot (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, niveau terminale, sous la direction de Adoumié V. et P. Zachary (Hachette), Bourel G. et Chevallier M. (Hatier), Le Quintrec G. (Nathan).
2. En plus de ouvrages cités dans le corps de texte : BÉDARIDA François (sous la direction de), L’Histoire et le métier d’historien en France, 1945-1995, Édition de la Maison des sciences de l’homme, 1995 ; BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, 7e édition, 1982 ; NORA Pierre (sous la direction de), Les lieux de mémoire, Gallimard, 7 volumes, 1984, 1986, 1992 ; ROUSSO Henry, La hantise du passé, Les éditions Textuel, 1998 ; RICŒUR Paul, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Le Seuil, 2000 ; WIEVORKA Olivier, « Sous l’Occupation, tous résistants ? », Sciences humaines, n° 295, août-septembre 2017, pp. 56-57.

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 2 septembre 2017, 18 heures. Mise à jour le 23 août 2019, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2019.
http://portes-essonne-environnement.fr

Histoire. L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale (Terminale S. Thème 1. Chapitre 1)

En 1945, la France sort meurtrie de cinq années de guerre. La défaite de juin 1940, l’occupation allemande, la collaboration du régime de Vichy ont traumatisé les Français qui, avec la Libération, aspirent à se reconstruire dans l’unité nationale. Pour ce faire, les autorités, sous la direction du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), referment la « parenthèse vichyste » : elles imposent l’image officielle d’une France unanimement résistante. Le mythe résistancialiste est né, plongeant ainsi dans l’oubli de multiples mémoires individuelles, plurielles, collectives qui resurgiront au cours de la Guerre froide pour éclater au grand jour ensuite. Le résistancialisme est alors critiqué. Différents groupes mémoriels s’attachent à défendre leur vision de la période. Quant aux historiens, relégués un temps au service de la mémoire officielle, ils se réapproprient leur rôle, leur fonction, celui d’être au service de la vérité historique en mettant en lumière « les processus de construction » de toutes les mémoires.

BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, Prisme, 7e édition, 1982, 168 p. (couverture). L’historien Marc BLOCH est le cofondateur avec Lucien FEBVRE de la revue les Annales d’histoire économique et sociale en 1929. Il rédige le brouillon de son Apologie au début des années 1940. Membre de la Résistance, il est arrêté par la Gestapo et exécuté le 16 juin 1944. Son ouvrage sera publié en 1949.


Problématique

Comment l’historien parvient-il à apprivoiser les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France afin d’en écrire une Histoire apaisée ?


Sommaire

I. La mémoire résistancialiste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1944-1970)

A. Une France traumatisée et divisée en 1945

B. La mémoire résistancialiste (1944-1947)

1/ La France unanimement résistante : une lecture officielle
2/ La réconciliation entre les Français
3/ La « mémoire repliée » d’une partie des Français, les soldats

C. La mémoire gaullienne, une mémoire d’État officielle (1948-1969)

1/ Une « mémoire désunie »
2/ Le « grand silence » sur le génocide, les « mémoires oubliées »
3/ Les lieux de mémoire officiels

II. L’évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale (1970 à nos jours)

A. Le tournant des années 1970 et la « révolution paxtonienne »

1/ Maintien de la lecture gaulliste du conflit, mais…
2/ … les mentalités changent, le mythe résistancialiste chancèle
3/ Une nouvelle lecture de la collaboration vichyssoise

B. La mémoire juive sort de l’oubli

1/ Constituer une « mémoire communautaire » pour ne pas oublier
2/ Le procès de la « banalité du mal » fait se libérer les paroles
3/ Le négationnisme et le révisionnisme
4/ Le devoir de mémoire.
5/ Justice et mémoire

C. A partir de 1995, les Français font enfin face à leur passé

1/ Vers la reconnaissance de la responsabilité de la France
2/ Les lieux de « mémoire de la Shoah »
3/ La mémoire instrumentalisé par les politiques ou l’hypermnésie

III. Entre Histoire et mémoires, l’historien

A. La tâche de l’historien

1/ La mémoire, les mémoires, le devoir de mémoire
2/ L’Histoire, une science humaine

B. De l’utilité de l’intervention des historiens dans les débats publics ?

C. Les historiens contestent les lois mémorielles


Conclusion

Pour conclure ce chapitre sur l’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale, il est intéressant de citer ici le philosophe Paul RICŒUR : « Sous l’histoire, ma mémoire et l’oubli. Sous la mémoire et l’oubli, la vie. Mais écrire la vie est une autre histoire. Inachèvement » (La mémoire, l’histoire, l’oubli). L’étude des relations entre les historiens et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France reflète l’évolution des questionnements historiques au gré de l’accessibilité des archives, des renouvellements de la discipline historique, mais aussi l’évolution de notre société.

Le sujet des mémoires de la Seconde Guerre mondiale est encore sensible, probablement du fait que bien des acteurs de cette époque sont encore vivants. C’est une mémoire douloureuse pour bon nombre de Français qui est passée d’un stade hégémonique (résistancialiste) au lendemain de la guerre à une dimension plurielle (toutes les mémoires reconnues) au cours des années 1970-1980 pour se donner un seul sens dans les années 1990 (le devoir de mémoire). Subsistent cependant encore des mémoires à questionner, à travailler, des histoires à dévoiler afin de terminer l’écriture apaisée de l’histoire de tous les acteurs de la Seconde Guerre mondiale, pour un moment, jusqu’à la découverte de nouvelles archives… Le temps est venu d’une approche historique non mémorielle, plus équilibrée, plus apaisée, qui n’omette rien dans son récit. Aujourd’hui, pour l’historien, l’objectif est de se dégager du jeu des pouvoirs politiques, des groupes d’intérêt, des discours médiatiques et du « régime d’historicité » (François HARTOG) qui, comme l’hypermnésie, agissent sur la construction des mémoires en produisant des ouvrages grand public. Ces derniers relèvent rarement de l’histoire, mais le plus souvent d’une nouvelle sorte de mémoire.

La nécessité du devoir de mémoire tant dans sa globalité que dans ses particularités ne fait plus aucun doute. Ce devoir n’est pas achevé. Les dirigeants politiques ne cessent de se réclamer des résistants et de leur combat. N’a-t-on pas vu en avril 2017 le candidat aux présidentielles Emmanuel MACRON visiter le site d’Oradour-sur-Glane ? Plus largement, en lien avec les mémoires de la guerre d’Algérie, n’a-t-il pas offusqué les Pieds-noirs en comparant les conditions de la colonisation française à « un crime contre l’humanité » lors de son déplacement à Alger en novembre 2016 ? N’a-t-il pas alors évoqué son souhait de « réconcilier les mémoires » et « non les opposer » dans une interview au webmedia Huffingtonpost.fr le 23 mars 2017 ? On peut ainsi légitimement se poser la question de la relation des mémoires des conflits de la deuxième moitié du XXe siècle, comme celui de la guerre d’Indochine. Pour ce faire, il serait judicieux de préférer le devoir d’histoire plutôt que le devoir de mémoire, le devoir d’histoire étant le fait d’étudier le passé sous l’angle de la raison et non de l’émotion. Cette tâche incombe aux historiens.


Cours dispensé au lycée Saint-Charles d’Athis-Mons

Synthèse de 15 pages en pdf : prochainement en ligne


Références – sources

1. Ce chapitre ouvrant le programme d’histoire de la classe de terminale a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ le séminaire de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du lycée Saint-Jean (Lectoure) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de Jacques El Alami du lycée d’Adultes (Paris), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), M. Buchoux, Mmes Trédez et Vitte du lycée Jean-Baptiste-Corot (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, niveau terminale, sous la direction de Adoumié V. et P. Zachary (Hachette), Bourel G. et Chevallier M. (Hatier), Le Quintrec G. (Nathan).
2. En plus de ouvrages cités dans le corps de texte : BÉDARIDA François (sous la direction de), L’Histoire et le métier d’historien en France, 1945-1995, Édition de la Maison des sciences de l’homme, 1995 ; BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, 7e édition, 1982 ; NORA Pierre (sous la direction de), Les lieux de mémoire, Gallimard, 7 volumes, 1984, 1986, 1992 ; ROUSSO Henry, La hantise du passé, Les éditions Textuel, 1998 ; RICŒUR Paul, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Le Seuil, 2000 ; WIEVORKA Olivier, « Sous l’Occupation, tous résistants ? », Sciences humaines, n° 295, août-septembre 2017, pp. 56-57.

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 2 septembre 2017, 18 heures. Mise à jour le 23 août 2019, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2019.
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