Aéroport d’Orly. Travaux 2017 : et revoilà les nuisances pour 5 semaines…

A partir de ce mardi 25 juillet 2017, jusqu’au jeudi 31 août, Paris-Aéroport achève les travaux de rénovation et de remise aux normes de la piste n° 4 d’Orly. Ils occasionnent des modifications d’exploitation de la plateforme et, nécessairement, des nuisances sonores et de la pollution pour les riverains qui ne sont pas gênés par le trafic aérien en temps normal. (1)

Groupe ADP, Aéroport de Paris-Orly, « Information sur les travaux de la piste 4 du 25 au 31 août 2007 », mai 2007, p. 2/2.


La piste n° 2 sera très empruntée…

La piste n° 2 orientée nord-sud, dite « de secours », sera utilisée en principe de façon non continue : « en fonction du trafic et afin de fluidifier et de sécuriser celui-ci, les avions pourront être (…) amenés à décoller de la piste n° 2 vers le Sud (…) ou à atterrir ». Mais, on a pu constater l’année dernière que cette annonce avait été faite avec une grande légèreté puisque une utilisation journalière quasi maximale fut pratiquée régulièrement durant la première phase de travaux sur la piste n° 4.


Des outils mis à la disposition des riverains

Il semblerait que cette piste n° 2 ait été utilisée le 20 juillet 2017, en début d’après-midi. PEE a adressé un courriel à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) pour en savoir plus. Au jour de la parution de cet article, aucune réponse n’est parvenue.

Par contre, la Maison de l’environnement de Paris-Orly a fait savoir que le Groupe ADP a mis en place un outil de renseignements pouvant permettre d’obtenir des éléments factuels de réponse (comme le type d’aéronef, l’altitude…) par messagerie électronique : il s’agit de l’ITRAP (Investigation et Traitement Automatique des Plaintes), accessible depuis le site Internet www.entrevoisins.org. La réponse est obtenue via les données du logiciel de visualisation des trajectoires des avions VITRAIL. Nul doute que l’ITRAP sera très utilisé au cours des prochaines semaines. (2)

ITRAP, http://www.entrevoisins.org/formulaire-info-survol.aspx. Capture d’écran, 24 juillet 2017.

Par ailleurs, la Maison de l’environnement précise que le site Internet de la DGAC offre la possibilité d’obtenir des informations détaillées en matière de circulation aérienne : http://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/politiques/riverains-des-aeroports.

L’outil ENTRACT permet, lui, d’obtenir des informations sur les conditions de survol d’une commune : http://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/entract-outil-visualisation-des-trajectoires-aeriennes.

Entract, http://entract.dsna.aviation-civile.gouv.fr/ParisRP.html?_PARAM_=ORY. Capture d’écran, 24 juillet 2017.

Grand bémol aux renseignements transmis par la Maison de l’environnement, Entract est un bel outil mais il ne donne que des informations caractéristiques d’une journée à fort trafic, pas des informations en temps réel – même décalé – durant les travaux par exemple. Avec la DGAC, on évolue dans une sphère virtuelle et non réelle. Ce n’est pas ce qui intéresse les populations survolées subissant des nuisances à répétition durant les travaux de rénovation. Pour suivre les avions et leurs trajectoires, mieux vaut préférer le site Internet suivant : https://www.flightradar24.com/. Il suffira de zoomer sur la zone souhaitée.

Capture d’écran du site Internet www.flightradar24.com, avion sur la piste n° 3, 25 juillet 2017.

Capture d’écran du site Internet www.flightradar24.com, avion en phase de décollage depuis la piste n° 2, 25 juillet 2017.


Le respect du couvre-feu : une réalité illusoire

Quant au couvre-feu entre 23 h 30 et 6 h, il devrait être respecté durant les travaux 2017… Là aussi, il est à craindre que cela ne soit qu’une bonne intention sachant qu’il a été enfreint à 3 reprises les 14 et 17 juillet dernier. La DGAC a, en effet, autorisé trois décollages après 23 h 30 en raison de problème de rotation (lié aux retards occasionnés par les contrôles de sécurité) et d’intempéries (orage).

Par ailleurs, les Franciliens du Sud de la Métropole du Grand Paris, notamment de la vallée de l’Orge, savent bien que, depuis plusieurs années, les survols nocturnes d’aéronefs venant ou allant à Roissy sont de plus en plus nombreux et bruyants ce qui oblitère la notion de couvre-feu à Orly… Là, où jadis, il n’y avait pas de nuisances sonores aériennes nocturnes, elles sont désormais bien présentes dans le ciel valdorgien pour ne citer qu’un exemple de territoire.


Rappel des contacts pour ces 5 semaines de travaux

Pour la circulation aérienne : DGAC : environnement-dsna@aviation-civile.gouv.fr

Pour les travaux : Maison de l’environnement de Paris-Orly : environnement.orly@adp.fr et 08 05 712 712.

La mairie de Viry-Châtillon a mis à la disposition de ses administrés une adresse mail pour les inviter à renseigner les élus sur les infractions relatives au couvre-feu : survolavion@viry-chatillon.fr.

Bon courage à tous les Franciliens touchés par les nuisances de ces prochaines semaines…

Aéroport d’Orly, vue de la plateforme prise depuis l’hélicoptère affrété par France Télévision à l’occasion du Tour de France 2017. Capture d’écran de l’émission consacrée au Tour de France par France 2, le 23 juillet 2017.

RÉFÉRENCES
1. Voir les articles publiés sur le présent site Internet, catégorie « Aéroport d’Orly », sous-catégorie « Travaux à l’aéroport d’Orly ».
2. Courriel de la Maison de l’environnement et du développement durable de l’aéroport Paris-Orly reçu par la rédaction de PEE le 24 juillet 2017 à 10 h 37.

© Marie LAPEIGNE, 24 juillet 2017, 19 heures. Mise à jour le 25 juillet 2017, 9 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.

 

 

Géographie urbaine. Ce que mangent nos villes, ressources sur l’alimentation (Revue « Urbanités »)

Nous ne pouvons pas vivre, ni sans acquérir chaque jour de nouvelles connaissances, ni sans réfléchir aux questions qui se posent sans cesse au monde se transformant sous nos yeux. Nous ne pouvons pas vivre sans nous interroger sur nos propres pratiques individuelles. Nous ne pouvons pas vivre sans être attentifs, curieux et actifs afin de rendre compte des recherches qui sont en cours, au moment même où elles s’élaborent. Nous ne pouvons pas vivre sans être conscients du rôle passif que nous y jouons et du rôle actif que nous pouvons y jouer.

L’équipe de géographie urbaine de la revue Urbanités a engagé une importante recherche portant sur la ville qui mange et qui se nourrit. Elle la conduit dans une perspective transdisciplinaire, affranchie des oppositions établies entre les mondes urbains et les mondes agricoles et ruraux, tant dans les villes des Nords que dans celles des Suds. Sans attendre la publication du numéro spécial qu’elle consacre à ce sujet, il nous semble important de rendre compte sans tarder de ses recherches, de ses réflexions, ainsi que des ressources qu’elle a rassemblées. (1)

Légumes achetés dans une Association Pour le Maintien de l’Agriculture de Proximité (AMAP). AMAP de Savigny-sur-Orge, « Panier » du 12 février 2014. © Photographie BM/CAD pour PEE.

Sommaire de cet article :

  • 1. Les villes sont au centre des systèmes alimentaires
  • 2. Villes affamées et villes nourricières
  • 3. Les réseaux qui nourrissent les villes
  • 4. L’agriculture urbaine n’est pas une utopie
  • 5. La ville « comestible »
  • 6. L’alimentation fait la ville
  • 7. Les pratiques alimentaires des consommateurs
  • 8. Les villes sont des prescriptrices alimentaires
  • 9. Les bio-politiques alimentaires
  • 10. Cultures et interdits alimentaires
  • 11. La re-territorialisation des politiques alimentaires
  • 12. Comment produire, s’approvisionner et consommer autrement ?
  • 13. Le droit à l’alimentation
  • 14. La remise en cause de la « géométrie du pouvoir » agroalimentaire

1. Les villes sont au centre des systèmes alimentaires

Assurer la sécurité alimentaire des villes constitue un enjeu planétaire de premier ordre pour les 3,5 milliards d’urbains qui existent dans le monde.

Les villes ont été longtemps envisagées comme des entités consommatrices par opposition aux campagnes productrices. Les villes apparaissent aujourd’hui comme des éléments centraux des systèmes alimentaires.

Les politiques urbaines durables comprennent aujourd’hui :

  •  la revalorisation des circuits courts,
  • l’approvisionnement des cantines par des produits issus de l’agriculture biologique,
  • la réduction du gaspillage alimentaire (la thématique des « hungry cities », STEEL, 2008) devient une question politique ,
  • la reconsidération par la société civile des modes d’alimentation, de ses risques et de ses bienfaits sur le corps comme sur la planète, est une préoccupation croissante.

2. Villes affamées et villes nourricières

Dire que les villes ne sont pas seulement affamées mais aussi nourricières amène à reconsidérer l’ensemble de la chaîne alimentaire citadine, de la production à la consommation, en passant par la transformation et la distribution, et à s’interroger sur les nouveaux modèles alimentaires qui émergent en milieu urbain.

L’assurance d’une alimentation suffisante, saine et nutritive, pour la population urbaine, comme la sous-alimentation et la malnutrition ne peut être assurée sans une analyse des circuits de distribution des denrées. Les systèmes alimentaires alternatifs qui rapprochent les consommateurs urbains des producteurs agricoles (circuits courts, réseaux associatifs, maintien de l’agriculture paysanne) révèlent la vigueur des mouvements citadins et des nouveaux agencements marchands autour de la question alimentaire (AUBRY et CHIFFOLEAU, 2009, DEVERRE et LAMINE, 2010, LE VELLY, 2017).


3. Les réseaux qui nourrissent les villes

Quels sont les circuits d’approvisionnement des lieux de restauration collective publique (écoles, hôpitaux, prisons…), les pratiques de livraison et de restauration à domicile portées par de nouvelles start-up ? La vogue des brasseries artisanales urbaines laisse entrevoir la (re)naissance d’activités de transformation des denrées agricoles dans des lieux urbains dédiés, engageant des réflexions sur les mutations de l’industrie agro-alimentaire.

Quelles sont les nouvelles pratiques des politiques urbaines alimentaires ?

Autrefois négligée dans les projets d’aménagement urbain, l’alimentation est prise en compte par les acteurs publics des villes, comme l’atteste l’adoption de plans stratégiques pour l’alimentation à New York, Londres ou encore Toronto (MORGAN et SONNINO, 2010).

Les villes constituent-elles l’échelon d’action le plus adéquat dans la mise en œuvre d’une gouvernance alimentaire locale ?


4. L’agriculture urbaine n’est pas une utopie

Il existe un essor de l’agriculture urbaine qui bénéficie de nombreux travaux (agronomie, géographie, anthropologie, sociologie, urbanisme, écologie) et d’une forte médiatisation à la faveur d’initiatives emblématiques :

  • valorisation agricole des friches urbaines à Detroit,
  • projet des « Parisculteurs » lancé par la mairie de Paris,
  •  toits couverts d’arbres fruitiers ou façades végétalisés,
  • potagers communautaires,
  • fermes urbaines,
  • jardins associatifs,
  • cultures hydroponiques dans des parkings,
  • petits élevages ovins sur d’anciennes friches.

L’agriculture en ville vient se nicher dans des interstices de la ville (LAURENS, 2015), elle épouse les innovations architecturales.


5. La ville « comestible »

Nous assistons au-delà de la pluralité des initiatives et des acteurs à l’émergence d’une ville comestible des :

  • petits jardins urbains communs disséminés par le mouvement des Incroyables Comestibles,
  • applications pour tablettes ou smartphones recensant les lieux de cueillette de plantes sauvages, de baies ou de racines en ville,
  • potagers gastronomiques dans lesquels viennent se fournir un nombre croissant de chefs étoilés, à l’instar d’un Thierry MARX cultivant tomates, fraises et plantes aromatiques sur le toit d’un hôtel parisien pour l’un de ses restaurants.

La ville comestible ne répond pas uniquement à des motivations vivrières comme en témoignent les activités agricoles observables dans des villes d’Afrique subsaharienne où l’agriculture urbaine s’inscrit tout à la fois dans des pratiques d’autoconsommation familiale et dans des stratégies commerciales. Ces initiatives aux objectifs divers vont dans le sens de la recherche d’une autonomie alimentaire dans un contexte de crise des systèmes agro-alimentaires traditionnels. Elles traduisent l’émergence d’un nouveau regard sur des villes, vues désormais comme fertiles, vivantes, nutritives, généreuses.


6. L’alimentation fait la ville

Du champ ou du potager à la table du mangeur, en passant par les commerces, les cuisines, jusqu’au traitement des déchets, les différentes facettes de l’alimentation des villes sont des révélateurs de leurs dynamiques et des enjeux auxquels elles sont confrontées, comme l’a analysé Carolyn STEEL pour le cycle alimentaire londonien.

  • Quelle est l’histoire alimentaire des villes ?
  • Comment fonctionne le métabolisme alimentaire urbain ?
  • Dans quelle mesure l’incessant d’alimentation et d’évacuation imprègne-t-il l’espace urbain ?
  • Quelles sont les conséquences d’une rupture dans cet approvisionnement ?

Plateau de canapés salés. Buffet organisé à l’occasion de la réception des voeux de la Métropole du Grand Paris, Paris, 23 janvier 2017. © Photographie BM/CAD pour PEE.


7. Les pratiques alimentaires des consommateurs

Une attention particulière doit être portée aux pratiques des consommateurs. Celles-ci relèvent d’une pluralité de registres, de l’alimentation de crise ou d’urgence à laquelle ont recours les individus et groupes sociaux en situation précaire, aux pratiques alimentaires de luxe réservées à une minorité de gourmets.

De nouveaux modes de consommation se développent en réaction aux travers de notre société d’abondance, comme  l’injonction à la « frugalité heureuse ». Les villes semblent être les lieux par excellence de la commensalité, du partage en commun du repas, de l’habitude de manger ensemble qui se trouve bousculée par la multiplication d’alimentations « particulières » (FISCHLER, 2013), pour des raisons médicales, éthiques ou spirituelles :

  • consommations sans gluten,
  • sans sucre, ou aliments allégées en sucre,
  • sans sulfites,
  • sans pesticides…

Les villes sont le théâtre d’un renouvellement du lien social autour de la cuisine, comme l’ont rappelé récemment en France les repas organisés en ville à destination des migrants. Les régimes alimentaires des urbains sont le miroir de rapports sociaux, de processus de distinction et d’exclusion, que ce soit d’un point de vue de la géographie sociale et culturelle, de la  sociologie ou de l’anthropologie de l’alimentation.


8. Les villes sont des prescriptrices alimentaires

Les villes ne sont pas de simples révélateurs des évolutions sociétales. Elles sont aussi des prescriptrices de nouvelles tendances en matière d’alimentation et de pratiques culinaires.

À l’échelle internationale, l’excellence gastronomique est un signe des recompositions dans la hiérarchie métropolitaine, comme l’illustre Singapour, nouvel eldorado de la gastronomie, dont la première édition du Guide Michelin en 2016 a encensé tant les restaurants étoilés que la street food locale.

Localement, à l’échelle de la cité, voire des quartiers, la géographie des commerces alimentaires urbains peut être envisagée comme le témoin des cultures alimentaires propres à un territoire et à son évolution dans le temps.

  • Valorisation patrimoniale et touristique de certaines spécialités locales auxquelles les villes donnent leur nom (jambon de Bayonne, sauce bolognaise, vins de Bordeaux).
  • Vogue des restaurants ethniques (vietnamiens, thaïlandais, italiens, indiens, turcs…) qui réinterprètent des menus « typiques » de contrées lointaines.

Réciproquement, les pratiques et les aspirations des citadins sont des agents de transformation de la géographie du commerce de bouche (article du journal Slate portant sur la montée en gamme de l’offre urbaine de burgers à Paris, CASSELY et GARNIER, 2017). Il existe un « foodscape » (paysage alimentaire) qui voit les pratiques alimentaires structurer l’espace urbain.


9. Les bio-politiques alimentaires

En 2016, 56,8 % d’hommes et 40,9 % de femmes en France sont en surcharge pondérale, tandis que plus de 200 produits, essentiellement des confiseries, sont contaminés par des nanoparticules de dioxyde de titane (E171) aux effets cancérogènes et responsables de dysfonctionnement de l’ADN, d’inflammations chroniques ou de la mort des cellules.

Les citadins, en moyenne plus riches que les ruraux, consomment et gaspillent plus (BRICAS, 2015). Ce modèle alimentaire a pour corollaire une montée en flèche des maladies chroniques (cancers, obésité et diabète associés, maladies cardiovasculaires), devenues la première cause de mortalité mondiale devant les maladies infectieuses (CICOLLA, 2013).

L’entrée dans le « phagocène » (BONNEUIL et FRESSOZ, 2016) se caractérise non seulement par la dégradation de l’environnement, mais aussi par l’altération en profondeur des corps et de la physiologie des consommateurs. Le corps de l’anthropocène est aussi un corps altéré par des milliers de substances toxiques. Face aux nouveaux enjeux alimentaires, quelles sont les mutations des habitudes et des pratiques alimentaires, les enjeux de santé publique ainsi que les hexis corporelles ? (L’hexis est le fait de déterminer les caractéristiques d’un concept par exemple. C’est l’ensemble des propriétés essentielles de quelque chose)

De récents travaux issus des feminist food studies réinvestissent les questions de la domesticité, du care (que l’on peut traduire par le soin ou l’attention portée), des normes esthétiques corporelles ou encore des identités autour du lien entre genre et alimentation (voir HOLLOWS, 2003, GUTHMAN, 2011).


10. Cultures et interdits alimentaires

La géographie culturelle identifie le rôle des cultures alimentaires et des interdits alimentaires culturels et religieux dans la manière dont se structurent les systèmes de production, de commercialisation et de consommation.

  • Les mutations des comportements et des pratiques alimentaires, et surtout leur mise en scène en ville à travers des événements comme les apéros « charcuterie-pinard », révèlent moins la relation au patrimoine alimentaire qu’une re-politisation de l’alimentation comme attribut identitaire.
  • De plus en plus de projets d’agriculture urbaine intègrent ou revendiquent la diversité des cultures alimentaires en y répondant par une biodiversité des cultures agricoles (BAKER, 2004).

Conscients de la part que représente l’alimentation dans les dépenses des ménages, quel rôle jouent la publicité et le marketing alimentaires dans le pilotage des comportements alimentaires ?

Les campagnes publicitaires ciblant les consommateurs urbains, que ce soit pour les produits du terroir (comme la saucisse de Morteau) ou pour les nouvelles formes de commensalité (services de livraison à domicile « ubérisés » de type Deliveroo ou Foodora)  traduisent les tentatives de captation de nouveaux segments de consommateurs, des mutations des stratégies de positionnement des filières agro-alimentaires ainsi que des modes de travail dans la chaîne alimentaire.

Éclairs géants de 35 cm, parfum chocolat ou café. Boulangerie Pâtisserie Gosselin, 258 boulevard Saint Germain, Paris 7e. © Photographie PML/CAD pour PEE, 2 décembre 2016.


11. La re-territorialisation des politiques alimentaires

Ces nouvelles bio-politiques alimentaires se traduisent par la proposition de politiques alimentaires re-territorialisées à l’échelle locale. Or, ces politiques, comme les initiatives citoyennes alternatives, ne répondent que très partiellement aux problèmes alimentaires soulevés. Le poids des lobbies agricoles et agroalimentaires, la libéralisation du commerce des marchandises, les inégalités structurelles d’accès au foncier, les iniquités face aux options de consommation restent peu abordées.

Aujourd’hui, le droit de l’alimentation en France est à 80 % communautaire, laissant tout un pan de transformation du système alimentaire hors de portée des collectivités. Ainsi, la récente loi sur le gaspillage a permis la redistribution d’invendus de la grande distribution. Mais, elle ne dit rien sur le gaspillage en amont, dans la chaîne agro-alimentaire (CLOTEAU et MOURAD, 2016). Il existe un « fétichisme du local », une idée que l’option de la re-localisation ne permet pas totalement de comprendre ni d’agir sur le rôle des relations de pouvoir dans la production de tous les lieux (DUPUIS et GOODMAN, 2005).


12. Comment produire, s’approvisionner et consommer autrement ?

Les villes abritent des pratiques qui s’organisent autour des nouveaux enjeux alimentaires visant à produire, s’approvisionner et consommer autrement. Dans les villes,

  • les lieux de réemploi se multiplient, comme les ressourceries ou les recycleries, et participent à l’économie circulaire.
  • les bio-déchets (déchets alimentaires, drêches de bières, marc de café) et le compostage local fournissent des engrais pour les projets d’agriculture urbaine.
  • les initiatives de la société civile se multiplient, de l’essor des défis des familles Zero Waste, au développement des pratiques de trocs ou des associations des « maîtres-composteurs », jusqu’à la récupération de nourriture dans les poubelles des supermarchés, le « freeganism », et les échanges alternatifs (trocs et banques de semences, coopératives alimentaires, etc.).

Quels sens les individus donnent-ils à leurs actions ? Comment peut-on mesurer leurs bénéfices ? Quel en est le potentiel transformateur ? La lutte contre le gaspillage alimentaire ou le permis de végétaliser en sont des exemples (LAGNEAU, 2016).


13. Le droit à l’alimentation

Face à la « crise des affamés et des repus » (PATEL, 2007), le partage des bénéfices et des risques concernant les lieux, les produits et la façon dont la nourriture est produite, transformée, transportée et distribuée, accessible et mangée, reste inéquitable. Les injustices alimentaires atteignent les groupes les plus vulnérables – populations défavorisées, groupes ethniques marginalisés, migrants, femmes…

Le concept de justice alimentaire se situe à la croisée des discours sur le droit à l’alimentation, les objectifs de durabilité appliqués aux systèmes alimentaires, et les risques d’insécurité alimentaire dans des situations de pauvreté et de précarité (HOCHEDEZ et LE GALL, 2015).

  • La transformation du système alimentaire relie des mouvements et des idées disparates (GOTTLIEB et JOSHI, 2010).
  • Le cadre de la justice alimentaire ouvre des liens vers une série plus large de cadres conceptuels : la démocratie, la citoyenneté, les mouvements sociaux et la justice sociale et environnementale.

Dans les villes des Nords et des Suds, des associations lancent des initiatives (aide alimentaire aux populations démunies et aux migrants, actions d’éducation alimentaire et environnementale dans les quartiers populaires) sans qu’il existe à proprement parler de mouvement alimentaire unifié, aux acteurs identifiés, celui-ci restant encore largement invisible et fragmenté.

Les actions de ces associations (gaspillage, circuits courts, agriculture biologique, aide alimentaire, bien manger, risques et santé, pesticides…) dessinent le paysage d’un activisme agro-alimentaire. Il existe des réseaux d’engagement qui conduisent des actions originales (repas préparés à partir d’invendus comme Discosoupe) et dessinent de nouveaux espaces agro-alimentaires urbains.

À quoi ressembleront les futurs espaces agro-alimentaires urbains, différents des espaces du système alimentaire actuel (supermarchés, fast-foods) ?


14. La remise en cause de la « géométrie du pouvoir agri-alimentaire »

Quelle est la capacité de ces pratiques, de ces espaces et de ces systèmes qui se construisent sous nos yeux pour modifier la « géométrie du pouvoir agri-alimentaire » existante (MASSEY, 1994) et de son économie ? (2)

La question interroge la géographie culturelle, l’économie alimentaire, l’histoire de l’alimentation, l’anthropologie la sociologie de l’alimentation, le droit et les sciences politiques, l’économie, l’agronomie, les études de genre…

Chocolat liégeois et pain au chocolat. Starbucks Beaubourg, 4 rue Aubry Le Boucher, Paris 4e. © Photographie PML/CAD pour PEE, 6 décembre 2014.

Starbucks est la première chaîne mondiale de salons de café. Fondée en 1971, elle comprend  (en 2016) 25 000 établissements implantés dans 70 pays (13 000 aux États-Unis, 2000 en Chine, 1 500 au Canada, 1 000 au Japon, 100 en France…). La majorité des commerces est exploitée en franchise.


Bibliographie indicative rassemblée par les chercheurs de la revue Urbanités

  • Aubry C. et Chiffoleau Y., 2009, « Le développement des circuits courts et l’agriculture périurbaine : histoire, évolution en cours et questions actuelles », Innovations Agronomiques, 5, pp. 53-67.
  • Baker L., 2004, « Tending Cultural Landscapes and Food Citizenship in Toronto’s Community Gardens », Geographical Review, 94 (3), pp. 305-325.
  • Bonneuil C. et Fressoz J-B., 2016, L’Évènement Anthropocène, la Terre, l’histoire et nous, Paris, Le Seuil, 304 p.
  • Bricas N., 2015. « Les enjeux de l’alimentation des villes », Cahiers de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme Île de France, n°173.
  • Cassely J.-L. et Garnier M., 2017, « Que s’est-il passé pour que le burger devienne si cher à Paris ? », Slate, 3 avril 2017, en ligne [http://www.slate.fr/story/135242/burgers-cafes-salades-bio-evolution-restauration-region-parisienne].
  • Cicolella A., 2013, Toxique planète. Le scandale invisible des maladies chroniques, Seuil, Anthropocène, 310 p.
  • Cloteau A. et Mourad M., 2016, « Action publique et fabrique du consensus. La « lutte contre le gaspillage alimentaire » en France et aux États-Unis », Gouvernement et Action publique, pp. 63-90.
  • Deverre C. et Lamine C., 2010, « Les systèmes agroalimentaires alternatifs. Une revue de travaux anglophones en sciences sociales », Économie rurale, 317, pp. 57-73.
  • Dupuis, E.M. et Goodman, D., 2005. « Should we go “home” to eat?: toward a reflexive politics of localism », Journal of Rural Studies, 21 (3), pp. 359–371.
  • Fischler C. (dir.), 2013, Les alimentations particulières. Mangerons-nous encore ensemble demain ?, Paris, Odile Jacob, 266 p.
  • Gottlieb R. et Joshi A., 2010, Food Justice, Cambridge, MIT Press, 304 p.
  • Guthman J., 2011, Obesity, Food justice, and the limits of Capitalism, Berkeley, University of California Press, 277 p.
  • Hochedez C. et Le Gall J. (dir.), 2015. « Justice alimentaire et agriculture », Justice spatial | Spatial Justice, n°9, http://www.jssj.org/
  • Hollows, J., 2003, « Feeling Like a Domestic Goddess: Postfeminism and Cooking », European Journal of Cultural Studies, 6 (2), pp. 179-202.
  • Lagneau A., 2016, « Agriculture urbaine. Fonction alimentaire, sociale, écologique… Qu’attendons nous de l’agriculture urbaine », Les Notes de la FEP, Note n°10.
  • Laurens L., 2015, « Agri-interstice urbain ou quand l’agriculture change la réalité des marges urbaines », Bulletin de la Société de Géographie de Liège, n° 64, pp. 5-22
  • Le Velly R., 2017, Sociologie des systèmes alimentaires alternatifs. Une promesse de différence, Paris, Presses des Mines, Collection Sciences sociales, 200 p.
  • Massey D., 1994, Space, Place and Gender, Minneapolis: University of Minnesota Press, 288 p.
  • Morgan K. et Sonnino R., 2010, « The urban foodscape: world cities and the new food equation », Cambridge Journal of Regions, Economy and Society, Vol. 3, n°2 pp. 209-224.
  • Patel R., 2007, Stuffed and starved: Markets, power and the hidden battle for the world food system, London, Portobello Books, 398 p.
  • Steel C., 2008, Hungry city: How Food Shapes Our Lives, London, Random House, 383 p.

RÉFÉRENCES

1. « Ce que mangent les villes », Appel à projet pour le numéro thématique n° 10 de la revue Urbanités. A paraître en avril 2018. Voir : « Villes affamées, villes nourricières », http://www.revue-urbanites.fr/appel-10-villes-affamees-villes-nourricieres/
La publication est coordonnée par Frédérique CÉLÉRIER (frederique.celerier@revue-urbanites.fr) et Flaminia PADDEU (flaminia.paddeu@revue-urbanites.fr).

La revue Urbanités a été créée en 2012 par une équipe d’étudiants en Géographie de la région de Lyon. Ils sont partis du constat qu’il manquait en France une revue consacrée à la géographie urbaine et au fait urbain, alors que les revues anglo-saxonnes comme Urban Studies ou Urban Geography se consacrent spécifiquement à ce thème de recherche. Elle propose à la fois des informations régulières sur le fait urbain dans le monde et des dossiers thématiques.
ISSN : 2268-9613 http://www.revue-urbanites.fr/

2. Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt (Centre d’études et de prospective), « La mondialisation par le commerce des produits alimentaires. Tendances structurelles et exploitation », Analyse, n° 102, 1977, 8 p.

On peut y lire que « Les exportations de produits alimentaires pèsent aujourd’hui plus de 1 200 milliards de dollars. À prix constants, c’est près de 7 fois plus qu’il y a 50 ans, soit un rythme de croissance annuel moyen de 3,8 % environ. »
« La circulation des produits agricoles et alimentaires est à la fois une manifestation et un vecteur majeur de la mondialisation des systèmes alimentaires. Elle renforce l’interdépendance des pays importateurs comme des exportateurs et, au-delà des produits ainsi véhiculés, contribue à la diffusion de normes, des valeurs, des innovations, et des risques.

On portera attention :

  • aux deux cartes intitulées 1. « Structure du commerce international de produits agricoles 1995-1996 », et 2. « Structure du commerce international de produits agricoles 2012-2013 ».
  • à la partie intitulée « Les chaines mondiales de valeur renforcent l’interdépendance des économies nationales » concernant le remplacement de la « trilogie » importateur/produit/exportateur par les chaînes globales de valeur (CGV).

VIDÉO

DUVAL Wilfrid, Nourrir le Grand Paris, Urba Paris.fr, Vidéo de 19 : 11. https://www.youtube.com/watch?v=zNfGRDuHnWQ
Wilfried DUVAL est vidéaste urbain et webdocumentariste. il réalise des courts et moyens métrages sur le phénomène de la métropolisation.


Note de la rédaction de PEE : Cet article reprend l’appel à projet de la revue Urbanités, remanié, inter-titré, illustré par Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT et Bernard MÉRIGOT (©), le 19 juillet 2017, 12 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.
http://portes-essonne-environnement.fr

PEE. Rapport d’activités 2016 du média numérique www.portes-essonne-environnement.fr, ISSN 2495-1161

En septembre 2016, Le Monde économique titrait que « bientôt » il y aurait « autant de lectures de presse numérique que » de presse « papier ». (1) Ordinateurs, tablettes ou téléphones permettent à 71 % des Français de lire un titre de presse en ligne. La lecture digitale et papier se partagent presque pour moitié-moitié la consommation de la presse totale en France. Le format numérique est en passe de supplanter les versions papiers pour le lectorat assidu, notamment en raison des mises à jour des articles en quasi-instantané, et pour le lectorat ponctuel du fait des liens hypertextes permettant d’approfondir un sujet depuis son écran.

Il y a un an, en introduction de son assemblée générale numérique, l’association Portes de l’Essonne Environnement (PEE) rappelait qu’elle n’était pas une structure associative comme les autres. Elle participe depuis sa naissance (2 janvier 2014) à la culture immatérielle et numérique en ayant pour objectif d’approcher les questions sociétales et environnementales sous l’angle de l’intelligence territoriale tenant compte des dimensions informationnelles développées grâce aux nouvelles technologies de l’information. De fait, il s’agit avant tout d’agir comme une association communicante selon le principe de la concertation citoyenne sur un territoire donné et non d’être une association lobbyiste revendicative, voire clientéliste, sous des couverts faussement affables.

Le 8 juillet 2016, PEE est entrée dans une nouvelle ère en rejoignant la grande famille des médias en ligne reconnus et référencés par le dépôt légal du numérique. La Bibliothèque Nationale de France (BNF) ayant reconnu que les articles publiés sur le site Internet associatif www.portes-essonne-environnement.fr était le résultat d’un « travail éditorial ou journalistique manifeste » lui a attribué un International Standard Serial Number (ISSN) : ISSN 2495-1161. Afin de répondre aux critères de la presse numérique professionnelle, les pratiques associatives de PEE ont été modifiées. PEE n’est plus une simple association environnementale à la gouvernance collégiale qui, par le biais d’un vecteur de communication, dit uniquement ce qu’elle pense ou fait : elle va beaucoup plus loin, elle informe selon les codes de l’information numérique répertoriée. PEE est notamment devenue une structure associative dont le conseil d’orientation :

  • continue d’animer une équipe de rédacteurs publiant selon les règles du journalisme,
  • s’adresse non plus à des adhérents « élargis » à la sphère web mais à des lecteurs et à des abonnés,
  • gère un média numérique officiellement répertorié, une ressource intégratrice permanente qui participe à l’information digitale internationale. (2)

Les médias sont des réseaux. Autant les médias imprimés traditionnels constituent des réseaux en deux dimensions, autant les médias numériques et les «réseaux sociaux» constituent des structures aux dimensions multiples qui associent, en temps réel, les fonctions d’émissions et de réception. © Photographie BM/CAD pour PEE, 31 décembre 2016.


Rapport d’activités du média numérique www.portes-essonne-environnement.fr 2016

La philosophie de PEE

Association loi 1901, Portes de l’Essonne Environnement (PEE) informe sur les communes des secteurs de l’ex-communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE), du Sud-francilien, de l’établissement public territorial Grand Orly Seine Bièvre (EPT 12) et de la Métropole du Grand Paris (MGP). Elle maintient le même niveau d’exigence citoyenne à l’égard de toutes les structures territoriales ou institutionnelles : transparence des décisions, accès à tous les documents publics, concertation… que ce soit pour la protection de l’environnement, le patrimoine, le cadre de vie, les aménagements… de la partie sud de la MGP. PEE conçoit l’organisation territoriale fondée sur une superficie permettant des relations de proximité entre les citoyens, les élus, les administrations locales et les organisations institutionnelles. Ces derniers doivent chaque jour s’imprégner d’une réelle culture participative : un territoire ne peut se gérer qu’avec ses habitants et non contre eux.

Portes de l’Essonne Environnement a choisi une gouvernance collégiale pour gérer son média numérique éponyme. Chacun apporte sa plume digitale à son édifice, qu’il soit membre de l’exécutif, lecteur, porteur de suggestion d’article ou d’amendement, photographe… Organe de réflexion et de direction, le conseil d’orientation de PEE émet des propositions sur la stratégie de l’association. En fonction des thématiques, des compétences et des disponibilités de chacun, le conseil d’orientation est l’interlocuteur de référence. Il participe ainsi à de nombreuses réunions avec les élus, les institutionnels, les porteurs de projets publics et privés.

Activités en 2016

Les membres du conseil d’orientation ainsi que les rédacteurs du présent webmédia ont participé à plus d’une centaine de réunions, de rencontres, de séminaires, de colloques relatifs :

  • à la Métropole du Grand Paris,
  • à l’établissement public territorial Grand Orly Seine Bièvre (EPT 12),
  • aux collectivités territoriales essonniennes,
  • aux syndicats intercommunaux de gestion de rivières et de traitement des déchets ménagers,
  • à des associations environnementales,
  • à des entreprises publiques ou ayant mission de service public, des entreprises privées,
  • à des enquêtes publiques,
  • à la gouvernance associative, politique, environnementale,
  • aux nuisances aériennes liées aux travaux de l’aéroport Paris-Orly,
  • à l’histoire et au patrimoine,
  • à l’intelligence territoriale…

Statistiques numériques en 2016

Au cours de l’année 2016, 101 articles ont été publiés, ce qui porte à 205 le nombre d’articles publiés depuis la création du site Internet. A ce jour, 8 juillet 2017, il contient 260 articles.

En 2016, quatre lettres d’informations (newsletter ou PEEnews) ont été adressées aux abonnés et aux membres des réseaux relationnels de PEE. En janvier 2017, ces lettres numériques sont devenues hebdomadaires (distribuées principalement le jeudi).

Les publications sont toutes accompagnées de photographies ou de documents : 1 350 sont téléchargeables par les internautes depuis la création du webmédia en janvier 2014.

Le média numérique www.portes-essonne-environnement.fr a été consulté 89 630 fois en 2016, soit une moyenne journalière de 245 vues. Le pic de lecture a été enregistré en juillet, avec 18 207 visites, soit une moyenne journalière de 587 vues. Le jour du 18 juillet a connu un pic de fréquentation extraordinaire avec 3 576 connexions du fait de l’absence de communication d’ADP et des collectivités territoriales riverains sur les travaux estivaux entrepris afin de rénover la piste n° 4.

Le webmédia a abordé 187 thèmes au cours de l’année 2016, répartis en 44 catégories principales. Les sujets d’articles les plus consultés sont :

  • l’aéroport de Paris-Orly,
  • les plans locaux d’urbanisme,
  • les inondations (Orge, Yvette),
  • l’état des lieux sur le très haut débit à la CALPE,
  • la population essonnienne,
  • les transports ferroviaires (TTME, RER, T7)
  • l’histoire de Savigny-sur-Orge.

Le référencement est très satisfaisant. Lors d’une recherche dans les différents moteurs (Google, Yahoo, etc.), le site se place régulièrement dans les deux premières pages et, avec une interrogation pointue, en première page.

Coût du média numérique en 2016

L’association PEE rappelle que son objet social et son média numérique n’ont pas vocation à faire du chiffre en deniers sonnants et trébuchants. Le but est non lucratif. PEE ne demande aucune subvention aux collectivités territoriales. Aucune adhésion payante n’est exigée de nos adhérents et de nos abonnés.

Le coût du fonctionnement propre du site Internet et de l’association est supporté par une cotisation versée ou des dons effectués par les membres du conseil d’administration, des rédacteurs et de quelques adhérents. La plupart des membres apportent leurs compétences sur les thématiques constituant l’objet de PEE, et/ou participent à la rédaction d’articles pour le site Internet. En 2016, l’association PEE est constituée de 16 membres actifs.

Avec l’attribution de l’ISSN le 8 juillet 2016, PEE ne raisonne plus en adhérents mais en abonnés contributifs au nombre de 23 et en abonnés lecteurs au nombre de 107, soit un total de 120 abonnés en 2016. Le média numérique associatif a, en effet, enregistré 120 abonnements « gratuits » via le cartouche « Abonnez-vous à notre newsletter ». Beaucoup sont des lecteurs participatifs en adressant à la rédaction de PEE des commentaires ou des courriels sur les sujets qui les préoccupent (exemple les nuisances aériennes) ou sur la thématique de fond des articles publiés.

Le coût de fonctionnement du média numérique en 2016 s’est élevé à 35,87 € (hébergement, nom de domaine, ovh). Des frais postaux ont été réalisés pour un montant de 16,25 €. Les cotisations versées à PEE se sont élevées à 70 €. Quant aux contributions volontaires de nos membres, elles représentent 29 280 €. Le budget 2016 se monte donc à 29 332, 12 €. L’indépendance financière de PEE (pas de subvention ni publicité) débouche sur une indépendance rédactionnelle.

Conseil d’orientation et rédacteurs 2017

Les membres du conseil d’orientation et de la rédaction de PEE de 2016 poursuivront leurs activités au sein du média numérique en 2017. Toute nouvelle demande d’intégration est examinée par l’actuel conseil d’orientation.

Ce rapport d’activités vaut assemblée générale numérique 2017 pour l’année 2016.


RÉFÉRENCES
1. COGNÉ Capucine, « Bientôt autant de lectures de presse numérique que papier », www.lemonde.fr, 22 septembre 2016 : http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2016/09/22/bientot-autant-de-lectures-de-presse-numerique-que-print_5001770_3236.html.
2. Répertoire des ISSN : 1,9 million de titres de presse en série numérique en janvier 2017 de part le monde (http://www.issn.org/understanding-the-issn/the-issn-international-register/).

© Jean-Marie CORBIN, président de PEE, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, directrice d’édition numérique de PEE, 8 juillet 2017, 21 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.

MGP. Le rapport annuel 2016 de la Métropole du Grand Paris

La Métropole du Grand Paris (MGP) est un établissement public territorial auquel 131 communes d’Ile-de-France sont adhérentes. Elle comprend près de 7 millions d’habitants. Au cours de la séance publique de son conseil métropolitain, composé de 209 conseillers métropolitains, qui s’est tenue le vendredi 23 juin 2017, son président Patrick OLLIER a présenté le rapport annuel 2016 de cette institution publique. (1)

Métropole du Grand Paris (MGP), Rapport annuel 2016 du Grand Paris, juin 2017, p. 1/44.


Que font les collectivités territoriales au cours d’une année ?

Elles établissent notamment des rapports annuels portant sur leur activité au cours de l’année précédente, de janvier à décembre. En juin de chaque année, elles les soumettent au vote de leur assemblée délibérante, lors d’une séance publique, qui ne se limite pas seulement à répondre à une obligation légale et à un objectif de publicité. C’est une contribution essentielle qu’elles apportent à l’obligation morale qui leur est faite de rendre compte de l’usage de l’argent public aux contribuables de leur ressort. C’est à partir de ces liens que la démocratie existe et peut prospérer.

RÉFÉRENCES
1. Métropole du Grand Paris, Rapport annuel 2016 du Grand Paris, 44 p. (pdf) : RapportMGP 2017.

© Bernard MÉRIGOT, 30 juin 2017, 7 h 30..

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.

MGP. Ressources pédagogiques. Le SCOT de la Métropole du Grand Paris est-il un objet citoyen ?

Les schémas de cohérence territoriale (SCOT) sont des objets administratifs et techniques. Ils sont votés par les assemblées territoriales lors de séances publiques. Ce sont des objets politiques. Élaborés durant plusieurs années, ils constituent des objets  complexes. La Métropole du Grand Paris (MGP), réunie en séance publique le 23 juin 2017, a adopté le lancement de son SCOT. Ce dispositif concerne près de 6 millions d’habitants répartis dans 131 communes d’Ile-de-France. (1) Peut-on le considérer comme un objet citoyen ?

Le SCOT est-il :

  • 1. directement intelligible pour les habitants et usagers des territoires concernés ?
  • 2. soumis dans son intégralité à la concertation ?
  • 3. ouvert aux propositions citoyennes, individuelles et associatives ?

Métropole du Grand Paris. Le schéma de cohérence territoriale (SCOT) : la hiérarchie des normes, entre «prise en compte» et «compatibilité». Document présenté lors de la séance publique du conseil métropolitain du 23 juin 2017. (2)


1. Un SCOT est un objet politique, administratif et technique complexe.

La première notion avancée par le SCOT de la MGP – durant sa phase d’élaboration – est celle d’une une hiérarchisation des normes. Cette notion a été définie par Hans KELSEN (1881-1973). Elle consiste à porter une vision synthétique sur le droit considéré comme une hiérarchie. Selon lui, toute norme juridique appartenant à un niveau reçoit sa validité de sa conformité de la part d’un niveau supérieur, formant ainsi un ordre hiérarchisé. La superposition des normes (circulaires, règlements, lois, Constitution…) constitue ainsi une forme pyramidale.

La hiérarchisation des normes est changeante dans le temps. Pour ce qui nous intéresse ici (à savoir l’aménagement territorial, les équipements structurants, l’urbanisme…),  ceux-ci impliquent,  au fil des réformes territoriales successives, différents niveaux de collectivités territoriales : les communes, les communautés, les établissement publics territoriaux, la métropole, sans oublier les conseils généraux devenus conseils départementaux, les conseils régionaux.

Une compétence transférée à un moment donné, du fait d’une modification législative ou réglementaire, peut se voir transmise à une autre collectivité, ou faire retour à la collectivité qui l’exerçait précédemment. Ce qui était vrai hier, ne l’est peut-être déjà plus aujourd’hui, et ne le sera pas nécessairement demain.

Paris. Le Lapin Agile, 22 rue des Saules, Paris 18e. © Photographie BM/CAD pour PEE, 11 juin 2017.


2. Calendrier d’élaboration du SCOT de la Métropole du Grand Paris (2017-2020)

  • Juin 2017
    Délibération de la MGP prescrivant l’élaboration du SCOT.
  • Juillet 2017
    Lancement et délibération notifiée aux personnes publiques associées et mesures de publicité.
  • Juillet 2017-Juillet 2018
    Réunions de concertation dans les 12 établissement publics territoriaux (EPT).
    Élaboration du diagnostic.
    État initial de l’environnement.
    Rapport de présentation.
    Élaboration du projet d’aménagement et de développement durables (PADD).
  • Juin 2018
    Débat d’orientation sur le PADD.
  • Juillet 2018 – mars 2019
    Élaboration du document d’orientation et d’objectifs (DOO).
  • Mars 2019
    Arrêt du projet de SCOT et de la concertation.
  • Avril-juin 2019
    Consultation des personnes publiques associées.
  • Juin-Juillet 2019
    Préparation de l’enquête publique.
    Saisine du tribunal administratif.
    Désignation du comité exécutif.
    Arrêté d’organisation de l’enquête publique.
  • Septembre 2019
    Enquête publique sur le projet de SCOT.
    Avis émis du porter à connaissance.
  • Novembre 2019
    Rapport et conclusions du commissaire enquêteur.
    Modification éventuelles pour prise en compte des observations.
  • Décembre 2019-février 2020
    Approbation par délibération et notification au préfet. Le SCOT devient opposable deux mois après transmission au préfet.
    Transmission aux personnes publiques associées et mise à disposition du public.


3. Les SCOT aujourd’hui.

Une équipe conjointe Pacte / Acadie, conduite par Alain FAURE, a présenté en 2015 une étude intitulée « SCOT et territoire(s). Quels acquis ? Quelles perspectives ? » lors de l’assemblée générale de la Fédération des SCOT. (3) Cette étude comporte trois parties :

  • repérage des réorganisations territoriales liées à la mise en chantier ou en révision des SCOT,
  • recensement des doctrines d’aménagement discutées et diffusées dans les contextes locaux,
  • liste des enjeux politiques régionaux et nationaux en présence.

Elle s’achève par une série d’interrogations :

  • Les SCOT sont-ils des déclencheurs ou des amortisseurs pour les intercommunalités ?
  • Les SCOT diffusent-ils des doctrines aménagistes ou bien des « lieux neutres » ?
  • Les SCOT seront-ils des acteurs de la « transition territoriale » ?

4. Les SCOT diffusent-ils des doctrines aménagistes ou bien des « lieux neutres » ?

  • Les SCOT commanditent et analysent une masse impressionnante de données. Mais cette activité de production de connaissances, inégale selon les territoires, débouche rarement sur des « récits d’ensemble » (dans le vocabulaire des politistes) ou des « projets de territoire » (dans celui des urbanistes). On peut même faire l’hypothèse que ces données ont un effet de blocage des formulations.
  • La révision des SCOT se limite souvent à la réactualisation de principes d’aménagement datés ou bien à la reproduction de référentiels non discutés.
  • L’étape de la mise en œuvre des préconisations des SCOT est sujette à caution. Elle se révèle délicate à piloter dans les faits et est source de nombreuses improvisations.

Métropole du Grand Paris. Le schéma de cohérence territoriale (SCOT), document présenté lors de la séance publique du conseil métropolitain du 23 juin 2017. (2)


5. Les SCOT sont-ils des acteurs de la « transition territoriale » ?

  • Quel est le rôle des partenaires extérieurs qui sont mobilisés pour le recueil des données et l’écriture des diagnostics (cabinets, agences, collectivités) ?
  • Où sont les habitants ?
  • Quelle est la place des groupes d’intérêts, que ce soit dans des secteurs classiques (l’agriculture, les entreprises, les autorités organisatrices de transports, etc.) ou sur des dossiers plus transversaux (le logement social, le risque écologique, les nouvelles mobilités, etc.) ?

Ces questions demeurent en suspens. La situation présente est celle d’une période de transition territoriale « pavée d’incertitudes et de doutes, une période où la gouvernance se nourrit de décloisonnements et d’émancipations ». La place des experts, des habitants et des lobbies n’est ni débattue publiquement ni exposée médiatiquement. L’enjeu n’est pas seulement politique mais aussi pragmatique : « La recherche d’un langage commun pour les SCOT, porté par une communauté d’acteurs, implique un travail d’affichage qui va bien au-delà des ressources de communication ou de marketing pour être audible depuis l’extérieur ».

A la recherche de la composante imaginaire structurante. Nous sommes au cœur de la relation citoyenne concernant les territoires. Reprenons la réflexion d’Alain FAURE : doit-on s’intéresser aux théories de la souveraineté, ou bien aux « lieux vides où s’organise le pouvoir sur un mode interconnecté et fluide, et où les rapports de domination s’alimentent d’une composante imaginaire structurante » ? (4)

Comment les citoyens participent-ils à la composante imaginaire structurante des territoires ?


DOCUMENT

La métropole du Grand Paris lance son SCOT

Les travaux sur le schéma de cohérence territoriale (Scot) métropolitain ont été lancés par Philippe Dallier, vice-président délégué à la mise en œuvre de la cohérence territoriale et à l’élaboration du Scot, lors du bureau de la MGP, réuni le 29 mai 2017.

Le schéma de cohérence territoriale (Scot), dont le lancement de l’élaboration fera l’objet d’une délibération en fixant les grands principes le 23 juin prochain, constituera le cadre de référence de la planification stratégique métropolitaine, indique la métropole. C’est également l’instrument de mise en cohérence de l’ensemble des politiques métropolitaines en cours d’élaboration (plan climat énergie métropolitain, plan métropolitain de l’habitat et de l’hébergement, schéma d’aménagement numérique). « Son élaboration doit être l’occasion de construire une vision partagée de l’avenir du territoire métropolitain », indique Patrick Ollier, le président de la MGP. (5)

« La métropole du Grand Paris lance son Scot », Le Journal du Grand Paris, 31 mai 2017.


RÉFÉRENCES

1. Métropole du Grand Paris, « Lancement du Schéma de cohérence territoriale (SCOT) de la Métropole du Grand Paris », séance publique du 23 juin 2017 en différé : http://richpublisher.endirectv.com/window.php?OPE_ID=2628&FEN_ID=10325.
2. Diaporama présenté au cours de la séance du 23 juin 2017 du conseil métropolitain de la MGP (pdf) : MGP Powerpoint SCOT-CM-23juin2017.
3. FAURE Alain (sous la direction de), « SCOT et territoire(s). Quels acquis ? Quelles perspectives ? », Note de synthèse sur le rapport intermédiaire présenté lors de l’assemblée générale de la Fédération nationale des SCOT le 25 novembre 2015., 4 p. http://www.fedescot.org/votre-federation/communication/planete-scot
Avec la participation de François Bonnaz, Michelle Daran, Benoit Dugua, Maimouna Etroit-Ndong, Alain Faure, Philippe Teillet (Équipe PACTE), et de Clémentine Martin-Gousset, Manon Loisel, Martin Vanier (Équipe ACADIE).
4
. FAURE Alain, Des élus sur le divan, Les passions cachées du pouvoir local, Presses universitaires de Grenoble, 2016, p. 14.
5. « La métropole du Grand Paris lance son Scot », Le Journal du Grand Paris, 31 mai 2017, https://www.lejournaldugrandparis.fr/metropole-grand-paris-lance-scot/.

© Bernard MÉRIGOT, 26 juin 2017, 8 h 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017