Les travaux de la piste 4 de l’aéroport de Paris-Orly se sont bel et bien achevés le dimanche 28 août 2016. Pourtant, les riverains de la vallée de l’Orge ont continué à subir des nuisances sonores toute la semaine suivante, et notamment avec le passage fort bruyant d’un vieux « coucou » probablement des années 1950-1960, à très basse altitude au-dessus du secteur de Juvisy-sur-Orge et Savigny-sur-Orge les 29 et 31 août.
Portes de l’Essonne Environnement (PEE) a aussitôt interrogé la Maison de l’environnement et du développement durable de l’aéroport Paris-Orly par courriel. Une réponse téléphonique nous a été donnée le jeudi 1er septembre. (1)
Des travaux qui n’en finissent pas de finir
La première tranche de travaux de rénovation et de mise aux normes européennes de la piste 4 a pris fin le dimanche 28 août 2016, comme convenu dans le planning annoncé par Paris-Aéroport du groupe Aéroports de Paris (ADP). Le hic, c’est que la piste 4 rouverte n’était pas suffisamment propre pour permettre aux gros porteurs de manœuvrer en toute sécurité. Le temps de son nettoyage, une dizaine d’aéronefs imposants par jour ont donc décollé de la piste 3, par vent d’ouest notamment, durant la semaine écoulée, entraînant sur leur passage au-dessus des communes de l’ancienne CALPE des nuisances sonores plus ou moins sourdes. Avec un peu plus d’attention, il semblerait toutefois qu’à l’écoute des bruits aériens, le chiffre d’une dizaine soit un peu faible… Cette semaine « complémentaire » de travaux doit s’achever ce dimanche 4 septembre. L’exploitation normale de la plate-forme d’Orly doit reprendre pleinement le lundi 5 septembre. Les riverains de la vallée de l’Orge habituellement non concernés par les survols quotidiens devraient retrouver une quiétude aérienne relative et temporaire.
La gestion des mécontentements
Petit plus de la conversation : ADP et la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) doivent réaliser prochainement un bilan des six semaines de travaux 2016. Les nombreuses plaintes, pétitions et réclamations faites par les riverains, les élus et les administrés, donneraient à réfléchir pour les travaux 2017, 2018 et 2019. Un nouveau mode opératoire, un autre calendrier, d’autres méthodes… seraient à l’étude afin de ne pas connaître l’important flux de remontées négatives.
Les associations environnementales publieront-elles sur leurs sites Internet toutes les informations de première main qu’elles recevront lors des prochaines réunions de la commission consultative de l’environnement de Paris-Orly afin que les citoyens puissent se faire une idée par eux-mêmes des futures nuisances auxquelles ils seront confrontés ? Et les élus ? Il faut l’espérer car, pour cette année, la communication des documents et comptes-rendus qu’ils soient fournis par ADP, par les associations ou par les collectivités locales elles-mêmes n’a pas été à la hauteur des nuisances subies. (2)
Un objet polluant non identifié
Pour finir, au sujet du vieux « coucou » survolant en quasi rase-motte des maisons du secteur de l’Orge aval, ADP est dans le flou le plus complet. Cet avion a été vu et entendu le 29 août aux alentours de 11 heures et le 31 août vers 14 h 20. Or, il n’apparaît pas sur le logiciel « Vitrail » développé par ADP afin de visualiser les trajectoires des avions. Il ne s’agit pas du fameux DC décollant et atterrissant parfois d’Orly. La Maison de l’environnement conclut donc qu’il s’agit d’un avion de collection ayant manœuvré depuis des aéroports secondaires tels que Toussus-le-Noble ou Le-Bourget…
Un couvre-feu « respecté » semble-t-il
Autre information donnée par mail cette fois-ci concernant les nuisances sonores la nuit, entre 23 h 30 et 6 h, à savoir lors du couvre-feu d’Orly. Tout l’été, les Sud-Franciliens ayant dormi la fenêtre ouverte ont pu entendre des avions survoler leur commune. Selon la Maison de l’environnement, « l’analyse des données informatiques fournies par les services de la navigation aérienne indique que » ces vols s’opèrent « au départ ou à l’arrivée de Paris Charles-de-Gaulle », aéroport non soumis au couvre-feu. C’est ainsi qu’au-dessus des communes de l’ancienne CALPE, des aéronefs types A388, A343, B777 ont créé et créent des nuisances sonores nocturnes alors qu’ils volent à une altitude comprise entre 3 500 et 4 000 mètres. (3)
La règle, c’est de polluer… L’exception, c’est de ne pas polluer
Le groupe Aéroports de Paris a réussi, au fil des années, à imposer aux riverains un véritable renversement des valeurs. La règle n’est plus celle du calme, de la tranquillité et du silence. Celle-ci réside désormais dans les cerveaux. Les nuisances sont devenues relatives – d’autres subissent davantage de nuisances – et temporaires – le calme ne durera pas.
Les nuisances sonores parviennent à occulter les autres nuisances : celles de la pollution de l’air, des rejets de gaz de combustion, des poussières des réacteurs… Rappelons qu’Orly n’est pas né dans une plaine isolée mais a été construit à l’intérieur d’un espace déjà urbanisé. (4) La DGAC se dit consciente « de l’impact sur les populations riveraines des survols dus à un plan de circulation aérienne exceptionnel très dépendant des travaux réalisés par ADP ». Sous couvert de la « sécurité aéronautique », on en oublie la santé des Sud-Franciliens.
RÉFÉRENCES
1. Appel téléphonique de la Maison de l’environnement et du développement durable de l’aéroport Paris-Orly à la directrice d’édition numérique de PEE, le 1er septembre 2016 à 13 h 43.
2. Le présent site Internet s’étant vu attribué un numéro ISSN répertorié par la Bibliothèque nationale de France (BNF) en juillet 2016 comme média numérique, des démarches sont actuellement effectuées auprès d’ADP afin de participer aux conférences de presse. La rédaction espère ainsi pouvoir pallier l’absence de publication numérique de tous les documents originaux publics, sous des formats pdf ou jpg, et sans filtre, par les associations environnementales et les collectivités membres de la commission consultative de l’environnement (CCE) d’Orly. Un exemple, le diaporama de présentation des travaux 2016 élaboré par ADP afin de faire comprendre les enjeux de la rénovation aux membres de la CCE présents à la réunion du 15 avril 2016 : Aéroports de Paris, « Rénovation de la piste 06-24 sur l’aéroport Paris-Orly » (pdf), ADP RTO 15 avril 2016.
3. Courriels échangés entre la Maison de l’environnement et du développement durable de l’aéroport Paris et PEE, entre la DGAC et PEE, durant la période des travaux 2016.
4. LAPEIGNE Marie, « 1946-2016 : il y a 70 ans, les Américains rendaient l’aéroport de Paris-Orly aux Français », www.portes-essonne-environnement.fr, 9 janvier 2016 : http://portes-essonne-environnement.fr/1946-2016-il-y-a-70-ans-les-americains-rendaient-laeroport-de-paris-orly-aux-francais/.
© Paul-André BEAUJEAN, 4 septembre 2016, 23 h 20.
ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.
Complément en date du 5 septembre 2016
Premiers couacs pour la reprise de l’exploitation normale de la plate-forme d’Orly annoncée pour ce jour par la Maison de l’environnement de l’aéroport le jeudi 1er septembre ! Dès la première heure d’ouverture, les nuisances sourdes des gros porteurs décollant ou atterrissant de la piste 3 au lieu de la 4 rompent le silence du ciel calpien et val d’orgien. Au bout d’une semaine de nettoyage, la piste 4 serait-elle toujours impropre à la circulation de ces aéronefs ou les aiguilleurs du ciel n’ont-ils pas été avertis du retour à la « normale » programmé pour ce 5 septembre ? A suivre…
Paul-André BEAUJEAN, 5 septembre 2016, 7 h 55.
ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.
Complément n° 2 en date du 5 septembre 2016
Le président de Portes de l’Essonne Environnement précise l’information suivante : « Concernant l’avion qui a survolé Savigny-sur-Orge mercredi, je l’ai vu faire son beau virage à droite au-dessus de la ville. Il s’agit bien du fameux DC-3 de l’association France DC-3. Il se préparait certainement pour atterrir sur la piste n° 2 d’Orly, son aéroport d’attache. Il en a été dérouté au dernier moment, la piste n° 3 en intersection étant probablement occupée. Il est étonnant de lire dans l’article de notre rédacteur et ami BEAUJEAN que la Maison de l’environnement d’Orly n’était pas au courant de sa sortie. Serions-nous plus attentifs qu’eux à ce qui se passe dans notre espace aérien ? » (Courriel de JMC, Savigny-sur-Orge, 5 septembre 2016, 13 h 17).
© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 5 septembre 2016, 13 h 30.
ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.
Complément n° 3 en date du 10 septembre 2016
Vous êtes nombreux à nous interroger sur les nuisances aériennes subsistantes après les travaux de l’été sur la piste 4 de Paris-Orly. Certains se posent des questions sur les anomalies sonores sourdes vécues quotidiennement, de jour comme de nuit, avec des avions transitant au-dessus des communes sud-franciliennes depuis les aéroports Charles-de-Gaulle, Le-Bourget ou Toussus-le-Noble à plus de 3 000 mètres d’altitude faisant en sorte que notre ciel ne soit plus d’un calme olympien. D’autres se demandent si les trajectoires n’ont pas été modifiées dans une toute relative discrétion puisque cela doit être acté par la DGAC, notamment, et travaillé en amont comme celles qui seront opérationnelles en décembre 2016. Enfin, il y a ce DC3 qui survole l’ancienne agglomération Les Portes de l’Essonne régulièrement depuis plusieurs jours à grand renfort de bruit et de pollution, comme ce matin du 10 septembre 2016 aux alentours de 10 heures : un superbe joujou pour les passionnés de l’association France DC3, un faiseur de nuisances pour tous les survolés. La rédaction de PEE investiguera sur toutes ces interrogations. Nous reviendrons donc sur ces sujets dans les prochaines semaines.
© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 10 septembre 2016, 10 h 40.
ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.