Archives de catégorie : Aéroport de Paris-Orly

Orly. L’aéroport de Paris-Orly perd-il le Nord ?

Dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 mars 2019, le Groupe ADP, propriétaire et gestionnaire de l’aéroport de Paris-Orly a débaptisé les halls « Orly Sud » et « Orly Ouest » pour leur donner le nom de « Orly 1, Orly 2, Orly 3 et Orly 4 ». L’opération a consisté à remplacer l’ensemble de la signalétique, tant interne qu’externe, entre 21 heures et 6 heures du matin.
Est-ce un acte anodin ? En quoi un changement de dénomination d’un lieu modifie-t-il son identité ? A quelle logique d’entreprise répond-il ? A quelle intelligence territoriale participe-t-elle à l’heure de la privatisation du service public aéroportuaire
et de la mondialisation des transports aériens ?

« Non à la privatisation d'Aéroport de Paris », Aéroport de Paris-Orly, 18 mars 2019. © Photographie Bernard Mérigot/CAD.

« Non à la privatisation d’Aéroport de Paris », Aéroport de Paris-Orly, 18 mars 2019. © Photographie Bernard Mérigot/CAD pour PEE.


« Non à la privatisation » peut-on lire ce lundi 18 mars 2019 sur la banderole, apposée par la CGT de l’aéroport de Paris-Orly. Elle accueille les passagers qui empruntent le Tram n°7 à la station « Aéroport d’Orly ». La modification de la dénomination des différents bâtiments de l’aérogare d’Orly, opérée dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 mars, intervient quelques jours après un vote important à l’Assemblée nationale, le jeudi 14 mars 2019, concernant précisément le statut des aéroports.
Les députés, au terme de très longs échanges, ont adopté en nouvelle lecture, par 42 voix contre 17, l’article 49 de la « loi Pacte » qui ouvre la voie à la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP). Cet article  prévoit de supprimer l’obligation pour l’État de détenir la majorité du capital d’ADP. Toute la journée, les parlementaires des différents groupes se sont succédé au micro pour donner leur position sur le projet du gouvernement. La majorité des orateurs, de droite comme de gauche, ont farouchement contesté ce projet, reprochant au gouvernement de commettre une « erreur irréparable », comme l’a déclaré le député des Landes, Boris VALLAUD (1).


Propriétés immobilières. Le Groupe ADP est le propriétaire de terrains d’une superficie totale de 6 686 hectares dont 4 601 hectares affectés aux activités aéronautiques, 775 hectares de surfaces non exploitables et 1 310 hectares affectés aux activités immobilières.

La valeur nette des terrains aménageables s’élève à 120 millions d’euros, les constructions immobilières à 5 615 millions d’euros et les infrastructures techniques à 212 millions d’euros. L’activité immobilière de Groupe ADP représente un chiffre d’affaires de 263 millions d’euros en 2016.

ADP possède sur ses terrains 1 125 000 m2 de surface utile commercialisable.

Les terrains loués à des tiers sont situés à :

  • Paris-Charles-de-Gaulle pour 286 hectares,
  • Paris-Orly pour 120 hectares,
  • Paris-Le Bourget et les aérodromes d’aviation générale pour 124 hectares.

À travers plusieurs filiales (dont Cœur d’Orly Investissement et Roissy Continental Square), le Groupe ADP gère ses actifs immobiliers à destination des professionnels sur les sites des aéroports de Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly. Il possède également Roissypôle, un complexe immobilier au cœur de Paris-Charles de Gaulle. Le site comprend 230 000 m2 de bureaux et 112 000 m2 d’hôtels.

L’actualité générale concernant un sujet donné est la superposition de plusieurs actualités partielles. Lorsque l’on considère le contexte institutionnel de l’avenir du Groupe Aéroport de Paris, on ne peut pas  juger que la modification de la dénomination des aérogares est un événement  anodin : il constitue l’acte 1 de la privatisation.

Régis LACOTE, directeur de l’aéroport d’Orly lors du baptême des aérogares « Orly 1-2-3-4 », lundi 18 mars 2019. © Photographie Bernard Mérigot/CAD pour PEE.


L’aéroport d’Orly n’existe pas, c’est un « non lieu » ? Marc AUGÉ s’interroge. Peut-on s’identifier à un supermarché, à une chaîne d’hôtels internationale, à un camps de réfugiés, à des autoroutes, au TGV (qui change de nom : le dernier appartient au sabir franco-américain : « Ouigo»), à des aéroports ? Il s’agit chaque fois d’espaces de transit. Ce sont pour Marc AUGÉ des non lieux où se déplacent des individus solitaires, incapables de proposer la moindre identification : grande indistinction, grand anonymat. (2) Alors, à quoi bon se référer au points cardinaux comme le Sud ou l’Ouest ? Peu importe où l’on se trouve. Peu importe de « se repérer ». De simples numéros sont donc bien suffisants.


Les communes riveraines de l’aéroport d’Orly croient – et font croire – que celui-ci appartient à leur territoire. C’est oublier que l’on n’y vient pas sans raison, et que l’on n’y pénètre pas sans se soumettre à certaines règles. Michel FOUCAULT a défini sous le nom d’hétérotopie (du grec « topos », « lieu », et hétéro, « autre ») ce qu’il a désigné comme des « espaces autres ». (3) Les hétérotopies constituent une localisation physique de l’utopie, des espaces concrets qui hébergent un imaginaire, qui effectuent une mise à l’écart, des lieux à l’intérieur de la société qui obéissent à des règles qui sont autres. Le fondateur de cet imaginaire a un nom, c’est Gilbert BÉCAUD avec sa chanson « Dimanche à Orly ». (4) Ce n’est pas une anecdote. Quant-au tournant de l’hétérotopie mondialisée de l’aéroport d’Orly, ce ne sera pas une chanson, ce sera sa privatisation. Comme pour l’aéroport de Toulouse.

L’acte 2 sera l’inauguration du « bâtiment de jonction » (Orly 3, mis en service le 2 avril), en attendant la construction de Orly 5… Prochain rendez-vous pour les habitants des communes riveraines, les travaux de réfection des pistes durant l’été prochain (du 28 juillet au 2 décembre 2019). De grandes vacances. Nous y reviendrons.

« Orly 1 ». Nouvelle dénomination de l’aérogare « Orly Ouest » par le Groupe ADP (Aéroport de Paris) dans la nuit du 18 au 19 mars 2019. © Photographie Bernard Mérigot/CAD pour PEE.


RÉFÉRENCES

1. « Aéroports de Paris, une privatisation contestable. Éditorial », Le Monde, 19 mars 2019. https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/19/groupe-adp-une-privatisation-contestable_5438217_3232.html
2. AUGÉ, Marc,
Non-lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Seuil, 1992. Coll. « La librairie du XXIe siècle ».
3. FOUCAULT Michel, « Des espaces autres »,  Architecture, Mouvement, Continuité, no 5, octobre 1984, p. 46-49. Conférence au Cercle d’études architecturales, 14 mars 1967.
FOUCAULT Michel, « Des espaces autres », Dits et écrits (1984), Tome IV, Gallimard, 1994, p. 752-762.
4. BÉCAUD Gilbert, « Dimanche à Orly » , Paroles de Julie MILLER, 1963.

Dimanche à Orly (1963)
« Lorsque Gilbert Bécaud crée cette chanson en 1963, l’aéroport Orly vient d’être inauguré deux ans auparavant, en 1961, par le président de la République Charles de Gaulle. C’est l’époque des avions « Caravelles », des avions à réaction que tout le monde vient admirer sur les terrasses d’Orly, le quatrième aéroport du monde. Trois millions de visiteurs viennent chaque année, en habit du dimanche, quasiment autant qu’à la Tour Eiffel. »

AURENCHE Sophie, « Gilbert Bécaud et son ode à l’aéroport d’Orly », Douce France, RTL, 28 juillet 2015. https://www.rtl.fr/actu/conso/gilbert-becaud-et-son-ode-a-l-aeroport-d-orly-7779232542


LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • « Non à la privatisation d’Aéroport de Paris », Aéroport de Paris-Orly, 18 mars 2019. © Photographie Bernard Mérigot/CAD pour PEE.
  • Régis LACOTE, directeur de l’aéroport d’Orly lors du baptême des aérogares « Orly 1-2-3-4 » le lundi 18 mars 2019. © Photographie Bernard Mérigot/CAD pour PEE.
  • « Orly 1 ». Nouvelle dénomination de l’aérogare « Orly Ouest » par le Groupe ADP (Aéroport de Paris) dans la nuit du 18 au 19 mars 2019. © Photographie Bernard Mérigot/CAD pour PEE.

© Bernard MÉRIGOT et Marie LAPEIGNE , article mis en ligne le 30 mars 2019, 13 heures.

Portes de l’Essonne Environnement
http://portes-essonne-environnement.fr
Média numérique
ISSN 2495-1161. D
épôt légal du numérique, BNF 2019

Aéroport d’Orly. Nouvelles nuisances en perspective, les riverains se mobilisent

Une nouvelle tranche de travaux de réfection des pistes de l’aéroport d’Orly durant l’été 2019 (du 22 juillet au 18 novembre) est annoncée. Elle aura pour conséquence le détournement des avions. De ce fait, de nouvelles zones seront survolées à basse altitude, ce qui créera de nouvelles nuisances pour les habitants survolés. Comme disent les médias, « les riverains se mobilisent ».

Fermeture de la piste 3 (08/26) du 29 juillet au 1er décembre 2019, extrait de « Travaux Orly Piste 3 (08/26) » édité par le ministère de la Transition écologique et solidaire, Direction générale de l’aviation civile, FABEC, SESAR, p. 2.


Mobilisations citoyennes

Il faut qu’une situation se dégrade, ou bien que l’on annonce qu’elle se dégradera, pour que des mobilisations citoyennes se manifestent. Ce principe se vérifie dans tous les domaines, notamment dans celui des relations que les institutions en place entretiennent avec les habitants.

  • D’un côté, le pouvoir et ses représentants (1) essaient de « faire passer » (au nom du progrès, de modernisation, d’amélioration de la sécurité…) des actions qui ont pour conséquence de détériorer des conditions de vie existantes.
  • D’un autre côté, des riverains et leurs associations qui dénoncent ces atteintes. Les uns et les autres sont confrontés à une notion à la fois réelle et fuyante,  celle du seuil de tolérance, dans le cas des nuisances aériennes, vis-à-vis du bruit et de la pollution de l’atmosphère (combustion du kérosène, émission de poussières fines…).

Comment définir l’optimum de tranquillité, de qualité de vie et de limitation des pollutions pour les habitants d’un territoire ? Peut-être comme un état précaire et passager dont le souci est simple : pas d’augmentation des gènes existantes, le moins de nuisances possibles, le plus de réduction des nuisances actuelles.

L’association de Défense des riverains de l’Aéroport de Paris-Orly (DRAPO) a tenu une réunion à Savigny-sur-Orge le vendredi 1er février 2019. Son président Gérard BOUTHIER, maire-adjoint de Yerres (Essonne), a rappelé que « les vols de nuit ont progressé de 2% entre 2014 et 2016, les gros porteurs étant les avions les plus bruyants. L’été dernier, il y a eu jusqu’à un survol toutes les seize minutes ». L’association a été créée en 2001 sous le nom de AVEVY. Son action s’étend sur les 1 900 000 habitants qui vivent dans les 251 communes du Sud Essonne survolées par les avions desservant l’aéroport d’Orly. Elle organise un rassemblement de protestation ce samedi 16 février à l’aéroport à 10 heures.


RÉFÉRENCES DE L’ARTICLE
1. Quels sont les représentants des pouvoirs ? Il est étonnant de constater que les documents publics concernant les nuisances produites sur les riverains par les travaux d’aménagement n’émanent pas d’une autorité, mais d’une pluralité d’autorités responsables :

  • Ministère de la Transition écologique et solidaire
  • Direction générale de l’aviation civile (DGAC)
  • Functional Airspace Block Europe Central (FABEC)
  • Single European Sky ATM Research (SESAR)
  • Groupe ADP/Aéroport de Paris

On peut considérer que la complexité des dossiers traités peut servir de justification à une pluralité d’autorités. En revanche, on doit également prendre en compte le jeu de renvoi que chaque autorité pratique à l’égard des autres : « Ce n’est pas moi, c’est l’autre ». L’espace aérien français appartient de plus en plus à des instances européennes et mondiales (Functional Airspace Block Europe Central, Single European Sky ATM Research). Cela ne saurait en rien excuser que l’habitant ou le riverain des zones survolées se voit imposer des nuisances : il veut savoir ce qui se passe au-dessus de son appartement, de sa maison, de son jardin, de son école, de son entreprise…


LÉGENDE DES ILLUSTRATIONS
Fermeture de la piste 3 (08/26) du 29 juillet au 1er décembre 2019, extrait de « Travaux Orly Piste 3 (08/26) » édité par le ministère de la Transition écologique et solidaire, Direction générale de l’aviation civile, FABEC, SESAR, p. 2.


DOCUMENT

NUISANCES AÉRIENNES AUTOUR D’ORLY
L’INQUIÉTUDE DES RIVERAINS

DRAPO, l’association de Défense des riverains de l’Aéroport de Paris-Orly, est un réseau qui défend les riverains de l’aéroport d’Orly, va mener des actions face à l’accroissement des nuisances faites aux riverains.

Face aux nuisances aériennes autour de la plateforme d’Orly, ils ont décidé de hausser le ton. Les membres du réseau DRAPO, qui défendent les riverains de l’aéroport, comptent bien faire parler d’eux ces prochains jours. Inquiet de la probable privatisation du groupe ADP, ce collectif appelle à un rassemblement de protestation le 16 février à l’aéroport d’Orly.

Ce vendredi 1er février 2019 à Savigny-sur-Orge (Essonne), Gérard BOUTHIER, président de DRAPO, entouré d’élus de communes de l’Essonne, du Val-de-Marne, de Seine-et-Marne, et d’associations environnementales, a rappelé les derniers développements dans ce dossier des nuisances aériennes qui impactent près de deux millions d’habitants autour d’Orly.

Avec le passage d’ADP sous giron privé, les défenseurs des riverains, tout comme certains élus, craignent que des verrous sautent. « Le couvre-feu sera-t-il préservé ? Y aura-t-il des travaux d’extension des pistes ? », questionne ainsi Eric MEHLHORN, maire (LR) de Savigny-sur-Orge. Pour DRAPO, c’est bel et bien la question des pollutions qui est au coeur du débat. Pollution sonore bien sûr mais aussi celle de la qualité de l’air, moins souvent évoquée dans ce débat sur les nuisances aériennes.

« Une étude d’AirParif révèle que les émissions d’oxydes d’azote de la plateforme d’Orly sont équivalentes à celle du périphérique parisien », rappelle Gérard BOUTHIER. « La qualité de l’air autour des aéroports est également dégradée par une présence très supérieure à la normale de particules ultra-fines », ajoute le responsable associatif. « Il y a une vraie communication à mettre en place auprès des habitants qui n’ont pas toujours conscience du lien entre l’activité des aéroports et la pollution de l’air », reconnaît de son côté Michel Papin, le maire (LR) de Lésigny.

De 27 millions à 33 millions de voyageurs

L’extension prochaine de l’aéroport du sud francilien et le passage en 4 ans de 27 millions à 33 millions de voyageurs sont un autre sujet de préoccupation. « Le bruit est un problème de santé publique qui trouble le sommeil et favorise le stress, rappelle DRAPO. Or, les vols de nuit ont progressé de 21, 8 % entre 2014 et 2016. Les gros porteurs sont les plus bruyants. Leur nombre a augmenté de 13% en dix ans. Un record a été battu l’été dernier avec un vol de ces gros avions toutes les 16 minutes. »

Si ADP admet que certaines compagnies aériennes passent volontiers à des appareils de plus forte capacité, elle met aussi en avant la modernisation des flottes : « L’A 320 Néo qui est moins bruyant et consomme moins fait son apparition, avance le groupe. Par ailleurs, le développement d’Orly comme des autres plateformes est très encadré. Nous faisons en sorte de nous montrer exemplaires avec une croissance maîtrisée des aéroports qui restent facteurs de richesses pour les territoires et d’emplois pour les habitants. »

RÉFÉRENCES DU DOCUMENT
« Nuisances aériennes autour d’Orly : l’inquiétude des riverains », Le Parisien, (Édition numérique), 2 février 2019. Article de Laurent DEGARDI.
http://www.leparisien.fr/essonne-91/nuisances-aeriennes-autour-d-orly-l-inquietude-des-riverains-02-02-2019-8002563.php
Voir aussi :
« Les riverains d’Orly haussent le ton », Le Parisien (Édition papier du quotidien), 3 février 2019. Article de Laurent DEGRADI.

© Marie LAPEIGNE, article mis en ligne le 16 février 2019, 8 heures.

Portes de l’Essonne Environnement
http://portes-essonne-environnement.fr
Média numérique
ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2019

Métropole du Grand Paris. 7 millions d’habitants, 1 million de victimes du bruit

La pollution sonore rend-elle malade ? Abrège-t-elle la vie des habitants ?

Le bruit du trafic routier, aérien et ferroviaire est un phénomène général des agglomérations urbaines. Outre les témoignages de ses victimes, il doit être apprécié de façon localisée par des mesures des niveaux de nuisance subie. Cela permet de dresser des cartes et d’en tirer des conclusions concernant les effets territorialisés sur la santé de la population.

C’est à ce travail que s’est livré Bruitparif pour les 7 millions d’habitants des 131 communes de la Métropole du Grand Paris (MGP). Cet observatoire du bruit en Ile-de-France créé en 2004 a pour objet de mesurer l’environnement sonore, d’informer le public et d’aider les autorités (administrations, élus…) à élaborer des politiques de prévention et de lutte contre le bruit. (1)

Un million de personnes victimes du bruit. Nombre de mois de bonne santé perdus à cause du bruit. Carte établie par Le Parisien/Infographie à partir des sources de Bruitparif et de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) d’Ile-de-France extraite du journal Le Parisien, 26 aout 2018.


Quel rapport y a-t-il entre le bruit et la santé ? En s’appuyant sur les références retenues par l’Organisation mondiale de la santé, l’étude conduite par Bruitparif a modélisé les impacts sanitaires du bruit des transports (routiers, aériens, ferroviaires) selon des « mailles » de 500 mètres de côté et a calculé le nombre d’années de vie en bonne santé perdues par zone géographique.

Il en ressort qu’en moyenne, un habitant de la Métropole du Grand Paris perd au cours de son existence huit mois de vie en bonne santé en raison des effets du bruit. Les différences territoriales au sein de la métropole apparaissent en outre considérables, puisque ce chiffre peut atteindre 19 mois dans les communes les plus exposées.

Sept effets du bruit sur la santé ont été identifiés par l’Institut national de Recherche et de sécurité pour la prévention de la santé (INRS) : accidents du travail, troubles circulatoires, troubles du sommeil, stress, baisse des performances cognitives, accidents sur les femmes enceintes. (2)


Autoroute A6 à la hauteur de Savigny-sur-Orge. © Jean-Marie Corbin pour PEE, 2 décembre 2016.

En s’appuyant sur les références retenues par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette étude dédiée modélise les impacts sanitaires du bruit des transports par maille de 500 mètres de côté et permet notamment de calculer le nombre d’années de vie en bonne santé perdues par zone géographique pour les bruits des transports routier, ferroviaire et aérien, ainsi que de leur cumul.

L’indicateur statistique des années de vie en bonne santé mesure la santé d’une population en considérant sa qualité de vie dans ses dimensions humaines, solidaires, productives et économiques. Il se fonde sur « le nombre d’années qu’une personne peut vivre sans limitation résultant d’une maladie ou d’une incapacité » (3) en prenant en compte les maladies chroniques, les états fragiles, les troubles mentaux et les incapacités physiques qui surviennent notamment chez les personnes âgées, qui détériorent la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes, ainsi que les problèmes de santé qui ont une incidence sur le financement des soins médicaux et des retraites.


Avion survolant Savigny-sur-Orge. © BM/CAD pour PEE, 19 juillet 2016.

RÉFÉRENCES

1. BRUITPARIF, « Publication du diagnostic Bruit de la Métropole du Grand Paris », 4 juillet 2018. https://www.bruitparif.fr/publication-du-diagnostic-bruit-de-la-metropole-du-grand-paris/

2. L’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) est un organisme contrôlé par l’État. Son budget provient du fonds national de prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles alimenté par les cotisations des entreprises cotisant au régime général de la Sécurité sociale.  http://www.inrs.fr/risques/bruit/effets-sante.html

3. EUROSTAT, « Statistiques sur les années de vie en bonne santé », mai 2017, https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Healthy_life_years_statistics/fr

Voir aussi :
CENTRE D’INFORMATION ET DE DOCUMENTATION SUR LE BRUIT (CIDB), « Bruit et santé », (s.d.) 24 p. http://www.bruit.fr/images/stories/pdf/guide-bruit-sante-cidb-2013.pdf


LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS

  • Un million de personnes victimes du bruit. Nombre de mois de bonne santé perdus à cause du bruit. Carte établie par Le Parisien/Infographie à partir des sources de Bruitparif et de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) d’Ile-de-France extraite du journal Le Parisien, 26 aout 2018.
  • Autoroute A6 à la hauteur de Savigny-sur-Orge. © Jean-Marie Corbin pour PEE, 2 décembre 2016.
  • Avion survolant Savigny-sur-Orge. © BM/CAD pour PEE, 19 juillet 2016.

DOCUMENT

UN MILLION DE PERSONNES VICTIMES DU BRUIT

Nuisances. Une étude réalisée par Bruitparif, unique en France, a permis d’identifier les zones les plus touchées par les nuisances sonores. Elles auraient un impact important sur la santé des habitants.

 

Et si l’Enfer, c’était le bruit ? Selon un diagnostic récemment établi par Bruitparif, « près d’un million de personnes sont hautement gênées par le bruit des transports » sur les 7 millions d’habitants que compte la Métropole du Grand Paris. Le sommeil de 500 000 d’entre eux serait aussi « très perturbé » par les trafics routiers, aériens et ferroviaires, « les principales nuisances sonores au niveau métropolitain », précise Fanny MIETLICKI, directrice de Bruitparif.
Une véritable pollution de masse aux effets insidieux car invisibles. Mais pourtant bien réels en Ile-de-France, l’agglomération française où ils sont les plus marqués. Selon Bruitparif – qui s’est appuyé sur une méthodologie de l’Organisation mondiale de la santé – les résidents des zones les plus durement frappées  perdent jusqu’à 19 mois de vie en bonne santé, alors que la moyenne est de 8 mois dans l’ensemble de la métropole.
« Le bruit, tout le monde pense pouvoir vivre avec, poursuit Fanny Mietlicki. Sans se rendre compte du stress et de la fatigue qu’il génère. » Les résultats de cette étude, une première en France, seront donc extrêmement précieux pour endiguer ce fléau sanitaire que les autorités jugent aussi délétère que la pollution de l’air.
Parmi les zones les plus touchées figurent celles où se trouve un aéroport. Le diagnostic pointe clairement les habitants des environs d’Orly comme les plus touchés par le phénomène. « Il doit en être de même autour de l’aéroport de Roissy, qui n’a pas été pris en compte par l’étude, précise la directrice de Bruitparif. Les secteurs les plus impactés cumulent le bruit des avions avec celui des transports routiers qui desservent les zones aéroportuaires. »
Construire un autre aéroport à Montargis ?
Les nuisances aériennes sont un sujet particulièrement sensible en Ile-de-France qui compte trois aéroports (Roissy, Le Bourget, Orly) et un héliport, à Issy-les-Moulineaux, reconnaît la Métropole du Grand Paris.
Mais que ses élus comptent prendre à bras-le-corps : Jacques-Alain BENISTI, maire (LR) de Villiers-sur-Marne et conseiller métropolitain délégué à la mise en œuvre des mesures de lutte contre les nuisances sonores appelle l’ensemble des acteurs du secteur à « élaborer d’ici la fin de l’année 2018 un plan d’actions métropolitain à la hauteur des enjeux ».
Parmi ses propositions, une retient particulièrement l’attention : construire un nouvel aéroport dans les environs de… Montargis (Loiret). « L’aéroport d’Orly est l’un des rares en Europe à avoir prospéré dans une zone de plus en plus urbanisée. À part le faire déménager, il n’y a pas de solutions. »
Le revêtement antibruit comme solution ?
Les habitants des abords du boulevard périphérique et des principales autoroutes sont également les premières victimes des nuisances sonores, et ce malgré les dispositifs antibruit déjà mis en place. Mais une nouvelle technologie, déjà présente sur certaines portions du périph’ et des autoroutes A4, A6 et A86, pourrait y remédier en partie : le revêtement antibruit. Malgré des retours mitigés de riverains, il serait capable de diviser par trois le bruit provoqué par automobiles et camions.
Les deux-roues motorisés, dont certains sont particulièrement bruyants, sont également identifiés comme une source importante de nuisances sonores. Quant au trafic ferroviaire, il s’agit plus pour le moment d’identifier des « zones calmes » qui seront sanctuarisées afin qu’aucune nouvelle ligne ne puisse y voir le jour.
Des concertations doivent être menées, diagnostic à l’appui, avec les habitants et les associations des zones les plus touchées, afin de dégager des pistes de travail.

Le Parisien, 26 août 2018.


© Bernard MÉRIGOT et Sylvie MÉRIGOT-MONNIOTTE, article mis en ligne le 27 août 2018, 10 heures 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2018
http://portes-essonne-environnement.fr

 

Aéroports de Paris. Hausse de 3,6 % sur un an du trafic passagers des aéroports parisiens

Une dépêche toute fraiche de l’AFP qui ne réjouira pas les riverains d’Orly et de Roissy. Les deux aéroports de Paris se portent très bien et ne sont pas près de faire faillite. Quand on réalise le poids financier du groupe, restons lucide et intégrons que l’avis des riverains que nous sommes, ne pèse pas lourd dans la balance. À charge pour nous de rester mobilisés …

© Jean-Marie CORBIN, le 14 novembre 2017, 21 h 20.


Paris (AFP) – Le trafic passager des aéroports parisiens a bondi en octobre de 3,6% sur le même mois de 2016, tiré par le trafic hors Europe (« 5,8%), a annoncé mardi leur gestionnaire Groupe ADP, Orly et Roissy-Charles-de-Gaulle affichant ainsi « 4,6% et 86,2 millions de passagers depuis le 1er janvier.

En octobre, le trafic avec la zone Moyen-Orient s’est envolé de 14,7%, suivi par la zone Amérique du Nord (« 7,4%), la zone Afrique (« 6,4%) et les DOM-COM (+4%).

Le trafic avec la zone Asie-Pacifique n’a progressé que de 1%, et celui concernant la zone Amérique du Sud a reculé de 3,7%.

Le trafic Europe était en hausse de 3,1%, mais le trafic France était en légère décroissance (-0,2%).

En octobre, le nombre de passagers en correspondance sur les deux plateformes parisiennes a augmenté de 2,7%, et le taux de correspondance a baissé de 0,4 point, à 22,5%.

Le trafic du groupe turc TAV Airports, dont le Groupe ADP détient 46,1% du capital, est en hausse de 12% en octobre et de 8,2% depuis le début de l’année.

A l’aéroport de Santiago du Chili, dont le Groupe ADP détient 45% du capital, le trafic est en hausse de 12% en octobre et de 8,2% depuis le début de l’année.

En 2016, le groupe, qui construit, aménage et exploite des plateformes aéroportuaires, a accueilli plus de 97 millions de passagers sur Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly et plus de 42 millions au travers d’aéroports qu’il gère à l’étranger.

Il a réalisé un chiffre d’affaires de 2,947 milliards d’euros avec un résultat net de 435 millions d’euros.

Aéroport d’Orly. Des oiseaux endommagent les réacteurs d’un avion au décollage

Plusieurs de nos lecteurs, habitants les communes de la vallée de l’Orge, ont constaté le dimanche 10 septembre 2017, entre 15 h 30 et 17 h 30, des survols inhabituels d’avions, à basse altitude, qui empruntaient la piste n° 2.

Résultat de recherche d'images pour "pilotorama orly"

« Le nouvel aéroport d’Orly », Pilote, n°2. 1959. http://passion-collections.superforum.fr/t4425-journal-pilote.

Une de nos correspondantes et lectrices a interrogé la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) qui lui a répondu le 12 septembre.

« Nous vous informons qu’un Airbus A320 au départ sur la piste n°4, en configuration de vent face à l’Ouest, a dû interrompre son décollage à la suite d’une ingestion d’oiseaux, ce qui a endommagé les 2 moteurs, les volets et le train obligeant l’avion à revenir au parking.

Cet accident, et la présence persistante d’un nombre important d’oiseaux, ont conduit le contrôle aérien à arrêter les décollages de cette piste n°4 et à devoir temporairement les reporter sur la piste n°2, excepté les avions gros porteurs qui décollent toujours sur la piste n°3 pendant ce mois de septembre. Les atterrissages étant par contre toujours opérés normalement en piste n°3.

Cette situation a duré 2 heures, soit entre 15h30 et 17h30, ensuite l’exploitation de l’aéroport a retrouvé son cours normal. »

Nous retiendrons que tout développement technique demeure à la merci de causes naturelles aléatoires. Cela n’a rien à voir avec l’affirmation selon laquelle « le risque zéro n’existe pas », répétée chaque fois pour excuser un incident imprévu. Dans le cas présent, il n’existe ni système fiable à 100 %, ni fonctionnement garanti de façon permanent. Il demeure que des causes simples peuvent être à l’origine de séries de conséquences complexes.

Ce 14 septembre 2017, à partir de 6 heures du matin, de nouveaux avions semblent avoir emprunté la piste n° 2 selon certains de nos lecteurs. La rédaction de PEE s’est adressée aussitôt à la DGAC afin d’en connaître les raisons. A suivre donc…

© Marie LAPEIGNE, 14 septembre 2017, 15 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.
http://portes-essonne-environnement.fr