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Et si faire du vélo était une façon de lutter contre le terrorisme ?

La prise de conscience écologique est fondée sur l’idée qu’il existe un rapport de cause à effet entre l’addition des comportements individuels et les conséquences collectives sur l’environnement. Les pays du Moyen-Orient tirent d’énormes profits de la production de pétrole. Ceux-ci servent à établir une puissance politique qui se manifeste sous diverses formes d’activisme. (1) Et si faire du vélo était une façon de lutter contre le terrorisme ?

Pris en dehors de son contexte, le raccourci peut surprendre. Bien évidemment Portes de l’Essonne Environnement s’associe avec compassion au drame que viennent de subir les proches des victimes des attentats du vendredi 13 novembre 2015. Selon nos informations, au moins deux Saviniens ont péri sous les balles des terroristes.

PEE EST PARIS

Portes de l’Essonne Environnement est Paris en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. © Photographie BM/CAD pour PEE, 2015.

Lutter contre le terrorisme dans sa globalité est un devoir impérieux. Or, la presse s’est faite unanimement le relais de s’attaquer aux effets et pas aux causes. Elle titre « C’est la guerre ! » ;   justement pour faire la guerre, surtout lorsqu’elle s’inscrit dans la durée, il faut beaucoup d’argent et une bonne logistique. Il convient de s’interroger sur l’origine de la puissance de l’État Islamique (EI) ou Daesh. Dispose-t-il d’une industrie et d’une ingénierie de guerre égalant celle de l’Allemagne nazie, ingénierie tellement puissante que les alliés vainqueurs s’étaient empressés de se l’accaparer ? A l’Ouest, les premiers hommes ont pu marcher sur la lune grâce à l’expertise de Werner VON BRAUN, architecte des sinistres V2. A l’Est, Mikhaïl Timofeïevitch KALACHNIKOV s’est inspiré, au moins pour l’aspect, du fusil d’assaut Sturmgewehr 44 pour concevoir ce fusil tant utilisé de nos jours par nombre de gangs et autres factions armées, dont tous les terroristes, y compris ceux de ce vendredi 13 novembre 2015.

L’EI ne dispose probablement pas de cette ingénierie. Il exporte son pétrole de contrebande, certes, mais en quantité insuffisante. Il doit donc trouver ses appuis à l’extérieur.

Quels seraient ces appuis extérieurs ?

L’affaire de la fuite des « câbles diplomatiques » révélée par Wikileaks dès 2010 a appris qu’à l’intérieur des pays arabes ayant une certaine respectabilité internationale – toute relative dans ces pays où persistent les châtiments corporels et la peine de mort en guise de condamnation -, des collectes avaient lieu dans le but de financer le djihad, sans que les dignitaires du régime s’en émeuvent outre mesure. (2)

L’Arabie Saoudite et les autres pays du golfe arabo-persique sont des pourvoyeurs de pétrole. Depuis 1973, si les premiers bénéficiaires de la vente restent les puissantes compagnies pétrolières, les pays exportateurs ont une part de bénéfice suffisamment importante pour afficher ostensiblement l’opulence qu’elle leur procure. Notre civilisation, notre industrie, notre mode de vie sont essentiellement tournés vers l’avion, le camion et l’automobile en attendant des transports en commun et individuels propres qui tardent à se transformer et à devenir performants. Il convient de s’interroger sérieusement sur le bon usage des richesses que nous donnons en contrepartie des quantités colossales de pétrole que nous importons depuis ces pays pétroliers.

Il fut consternant de constater, moi cycliste solitaire sur mon vélo électrique, le nombre illimité de personnes en train de se déplacer en bagnole ce week-end des 14 et 15 novembre comme s’il ne s’était rien passé. Toutes ne sont pas des personnes à mobilité réduite (PMR). Combien sont allées dimanche matin au marché de la place Davout à Savigny-sur-Orge – fermé en raison des événements – en ne marchant pas mais en « bagnolant » (« drive in » en anglais) ?

En cette veille de la COP21, il est grand temps que la population prenne conscience que se déplacer avec des combustibles fossiles n’est pas bon pour la planète et son atmosphère, cette fine pellicule de vie isolée dans l’immensité sidérale, mais que cela crée aussi des opportunités à des acteurs malfaisants.

RÉFÉRENCES
1. http://www.lemonde.fr/international/article/2010/12/05/wikileaks-l-arabie-saoudite-et-le-financement-du-terrorisme_1448871_3210.html.
2. http://www.atlantico.fr/pepites/wikileaks-revele-dessous-strategie-saoudienne-pour-exporter-islamisme-partout-planete-2253161.html.

© Jean-Marie CORBIN, 16 novembre 2015.

La Savinière, la juste mémoire des Saviniens et de Savigny-sur-Orge (juin 1940)

Les cycles mémoriels offrent des occasions de réfléchir sur l’histoire des nations et des peuples. Les commémorations sont autant de transmission du souvenir des événements d’une génération à une autre que la célébration de la mémoire des lieux. Le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale célébré dans chaque commune ce 8 mai 2015 est un moment d’hommage aux générations ayant vécu les années sombres de 1939-1945 et aux hauts lieux qui incarnent la reviviscence du souvenir. A Savigny-sur-Orge comme ailleurs, « sans la mémoire du passé, il ne saurait y avoir d’intelligence du présent, ni prévoyance du futur ». (1) S’il est un lieu d’apprentissage de l’équilibre sociétal que la municipalité savinienne dirigée par le maire Éric MEHLHORN (UMP) devrait mettre à l’honneur aujourd’hui, au lieu de le fermer aux générations futures de Saviniens afin de sauver « l’avenir du service public municipal », c’est celui de La Savinière. (2)

Revenons au début de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir ordonné de fermer les écoles le 8 juin 1940, le préfet recommande aux maires d’inciter les familles à faire partir rapidement les enfants en province. En Vendée, la colonie savinienne de La Tranche-sur-Mer a été réquisitionnée. Les routes sont encombrées par l’exode des réfugiés et la débâcle des soldats. Qu’importe, le 10 juin, la délégation spéciale municipale présidée par Auguste ANDRÉ, faisant office de maire, décide d’envoyer le délégué Gaston PHILIPPE et le trésorier de la Caisse des écoles WEYGAND à Nantes afin d’obtenir la levée de la réquisition. Le 12 juin, ces derniers annoncent par téléphone que les locaux sont prêts à recevoir les jeunes Saviniens. Aussitôt, les démarches sont effectuées afin de transporter par le train 150 enfants. Départ annoncé à 16 heures. Malheureusement, le réseau ferré trop endommagé par les bombardements récents est hors d’usage. Les employés du chemin de fer ferment la gare…

6. LS CP FACADE

Colonie scolaire de Savigny-sur-Orge à La Tranche-sur-Mer, début des années 1940. Collection privée CAD/BM.

La suite, on peut la découvrir sous la plume du président de la délégation ANDRÉ dans le Bulletin municipal de Savigny-sur-Orge publié en mai 1941, puis de celle du docteur Jean MORIGNY, ancien maire adjoint de Jean MARSAUDON, qui, à l’occasion du cinquantenaire de la Libération de Savigny, a retracé l’histoire de la commune pendant la Deuxième Guerre à l’aide de témoignages et d’archives.

1. Bulletin municipal de Savigny-sur-Orge, mai 1941 (pdf en note 3)
SSO BM Mai 1941 P5SSO BM Mai 1941 P6SSO BM Mai 1941 P13
2. La Libération de Savigny le 24 août 1944 (extraits) (pdf des 19 premières pages en note 4)

MORIGNY LIB SSO 1944 P11 MORIGNY LIB SSO 1944 P12 MORIGNY LIB SSO 1944 P13MORIGNY LIB SSO 1944 P19

« L’historien François HARTOG s’est interrogé, à la suite du philosophe Paul RICOEUR, sur ce que devrait être une « juste mémoire » se situant entre l’impossibilité d’une mémoire totale et l’impossibilité d’un oubli total. » (5) Où se trouve la juste mémoire d’un exécutif municipal lorsqu’il vote la fermeture d’un équipement public patrimonial, le centre permanent de La Savinière en l’occurrence, sans que cette décision ait fait l’objet de la moindre concertation avec celles et ceux qui en ont été les acteurs, et qui ont fait son histoire ? L’annonce de la fin d’une institution, qu’elle quelle soit, lieu d’éducation, lieu de loisirs, lieu de travail, est toujours un moment tragique.

Sources
1. Revue des deux mondes, décembre 1997, « La mémoire éclatée », p. 6.
2. La Lettre du maire de la ville de Savigny-sur-Orge, n°1, avril 2015, p. 3. (pour lire une analyse de ce document : https://oliviervagneux.wordpress.com/2015/04/28/les-mensonges-deric-mehlhorn-dans-sa-lettre-du-maire-n1/).
3. Bulletin municipal de Savigny-sur-Orge, n° exceptionnel, mai 1941, 16 p. Archives privées AM
(pdf : SSO Bulletin municipal de mai 1941, NB, le plan de Savigny-sur-Orge occupe les pages 8 et 9).
4. MORIGNY Jean, La Libération de Savigny le 24 août 1944, Savigny-sur-Orge, 1994, 118 p. Archives privées AM (pdf des 19 premières pages où est mentionnée la colonie de vacances de Savigny-sur-Orge à La Tranche-sur-Mer : MORIGNY J LA LIBERATION DE SSO 19 p).
5. MONNIOTTE-MÉRIGOT Sylvie, Coëx en remontant dans le passé, Maury Imprimeur, 2013, 200 p. Coëx est une ville vendéenne située à 71 km de La Tranche-sur-Mer.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 29 avril 2015.