Histoire. Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale (3e. Thème 1. Chapitre 1)

Lorsqu’en août 1914, la Première Guerre mondiale éclate, cela fait 44 ans que les Européens n’ont pas connu de guerre sur leur territoire. Encore appelée « La Grande Guerre », elle se déroule d’août 1914 à novembre 1918. En mobilisant toutes les catégories sociales, la Grande Guerre met à l’épreuve la cohésion des sociétés. Elle fragilise durablement des régimes en place. Combattants et civils subissent des violences extrêmes, dont témoigne particulièrement le génocide des Arméniens en 1915. En Russie, la guerre totale installe les conditions de la révolution bolchevique qui se prolongera par le communisme soviétique stalinien établi au cours des années 1920.

Savigny-sur-Orge au temps de la Grande Guerre. La veuve Duparchy met à la disposition de la Croix-Rouge son château afin d’y établir un hôpital pou les blessés en convalescence qui arrivent du front (carte postale écrite le 5 juin 1917, fonds privé AM).

L’organisation du chapitre s’articule donc autour de trois thèmes de réflexion. Il s’agit surtout de faire comprendre en quoi la Première Guerre mondiale :

  • est une guerre totale qui mobilise l’ensemble des sociétés avec une forte interdépendance entre le front et l’arrière, des économies et des pays concernés, qui marque la brutalisation des rapports humains.
  • marque la fin de la suprématie européenne : patriotisme chancelant (mutineries de 1917), effondrement de régimes politiques, déclin de l’influence internationale.
  • contient les germes des temps nouveaux : guerre industrialisée (armement), montée de l’influence américaine, triomphe du communisme en Russie, bouleversements territoriaux, évolution des mœurs, naissance de nouvelles idéologies politiques (balancements entre démocratie et dictature).

Problématique

Comment les civils et les militaires ont-ils vécu les violences de la Première Guerre mondiale ?
Comment la guerre de 1914-1918 a t-elle bouleversé la vie des populations et les États européens ?
En quoi cette Grande Guerre fut-elle fondatrice d’une violence totale qui marque la première moitié du XXe siècle ?


Sommaire

I. Le premier conflit mondial, plus de 4 années de guerre (1914-1918)

A. Les causes de la Grande Guerre, rappel du contexte
B. Les principales phases de la guerre
C. Sur le front, une expérience combattante inédite

II. Une guerre totale : la mobilisation générale de la société

A. De l’économie de guerre à l’économie en guerre
B. Les souffrances des populations civiles
C. Le génocide arménien de 1915, la violence de masse instaurée

III. Les conséquences de la guerre : des sociétés bouleversées et fragilisées

A. La Révolution russe d’octobre 1917
B. La Grande Guerre : un très lourd bilan humain
C. Une paix imparfaite : une nouvelle carte d’Europe et le « diktat » de Versailles


Conclusion

En 1918, la paix revient dans un continent en ruines. La Première Guerre mondiale a été une guerre d’une intensité inédite qui a pris la forme d’une guerre de position très meurtrière à cause des méthodes utilisées et des nouvelles armes défensives. Les hommes sont revenus traumatisés et transformés par cette expérience à laquelle ils n’étaient pas préparés. Les soldats ont connu une brutalisation sans précédent aussi bien au niveau physique que moral : leurs conditions de vie ont été très difficiles.

La Première Guerre mondiale est une guerre totale aussi bien pour la mobilisation de la société dans son intégralité que pour la mise en place d’une économie de guerre tournée vers la victoire. Les vainqueurs comme les vaincus sont exsangues (ruinés, très affaiblis, à bout de forces). L’Europe a perdu sa domination sur le monde et ce sont les États-Unis qui dominent désormais la planète.


Diaporamas sur lesquels le cours dispensé au collège Saint-Charles d’Athis-Mons s’est appuyé en septembre 2019 (mise en ligne prochainement)

Diaporama n° 1 :

Diaporama n° 2 :

Diaporama n° 3 :


Vidéos

Outre de très nombreuses vidéos accessibles sur Internet, il est conseillé de visionner celles se trouvant sur le site du réseau Canopé :  « Sur le champ de bataille de Verdun, un immense cimetière témoigne encore de la violence des combats qui s’y sont déroulés. 700 000 soldats français et allemands sont tombés sur un front de 30 kilomètres. Des millions d’obus ont complètement bouleversé le terrain et détruit des villages entiers. On trouve encore aujourd’hui de nombreuses traces de ces combats.Extraits du DVD La Première Guerre mondiale, @ SCEREN-CNDP, 2008″.

https://www.reseau-canope.fr/tdc/tous-les-numeros/la-vie-dans-les-tranchees/videos/article/les-tranchees-de-verdun.html


Références – Sources

1. Ce chapitre ouvrant le programme d’histoire de la classe de troisième a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ le séminaire de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du collège Jules-Ferry (Sainte-Geneviève-des-Bois) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons) avec nos sincères remerciements à Stéphanie Yart du collège-lycée Ile-de-France (Villebon-sur-Yvette), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), Mmes Dumont et Haumesser du collège Paul-Bert (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, sous la direction de A. Madavalle (Belin), N. Plaza (Hachette),  M. Ivernel (Hatier), P. Wagret (Istra), A. Ployé (Magnard), J. et D. François (Nathan), (Nathan).
2. Archives privées de familles de poilus essonniennes, gersoises et vendéennes.
3. Archives publiques d’Athis-Mons, Auch, Challans, Coëx, Juvisy-sur-Orge, Morangis, Paray-Vieille-Poste, Saint-Jean-de-Mont, Savigny-sur-Orge, Soullans, Talence, Viry-Châtillon.
4. Bibliographie conseillée aux élèves : Roland DORGELÈS, Les croix de bois, Le livre de poche, 2010, 283 p. ; Maurice GENEVOIX, Ceux de 14, Larrousse, 2012, 123 p. ; Jean-Pierre GUÉNO (sous la direction de), Paroles de poilus : Lettres et carnets du front (1914-1918), Librio, 2013, 189 p. ; Albert LONDRES, La Grande Guerre, Arlea Poche, 2010, 136 p. ; Louis MAUFRAIS, J’étais médecin dans les tranchées, Laffont, 2014, 336 p. ; Pierre MIQUEL, Mourir à Verdun, Tallandier, 2011, 315 p. ;  Erich Maria REMARQUE, A l’Ouest rien de nouveau, Le livre de poche, 1973, 224 p..

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 3 septembre 2017, 18 heures. Mise à jour le 23 août 2019, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2019.
http://portes-essonne-environnement.fr

Histoire. L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale (Terminale ES. Thème 1. Chapitre 1)

En 1945, la France sort meurtrie de cinq années de guerre. La défaite de juin 1940, l’occupation allemande, la collaboration du régime de Vichy ont traumatisé les Français qui, avec la Libération, aspirent à se reconstruire dans l’unité nationale. Pour ce faire, les autorités, sous la direction du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), referment la « parenthèse vichyste » : elles imposent l’image officielle d’une France unanimement résistante. Le mythe résistancialiste est né, plongeant ainsi dans l’oubli de multiples mémoires individuelles, plurielles, collectives qui resurgiront au cours de la Guerre froide pour éclater au grand jour ensuite. Le résistancialisme est alors critiqué. Différents groupes mémoriels s’attachent à défendre leur vision de la période. Quant aux historiens, relégués un temps au service de la mémoire officielle, ils se réapproprient leur rôle, leur fonction, celui d’être au service de la vérité historique en mettant en lumière « les processus de construction » de toutes les mémoires.

BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, Prisme, 7e édition, 1982, 168 p. (couverture). L’historien Marc BLOCH est le cofondateur avec Lucien FEBVRE de la revue les Annales d’histoire économique et sociale en 1929. Il rédige le brouillon de son Apologie au début des années 1940. Membre de la Résistance, il est arrêté par la Gestapo et exécuté le 16 juin 1944. Son ouvrage sera publié en 1949.


Problématique

Comment l’historien parvient-il à apprivoiser les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France afin d’en écrire une Histoire apaisée ?


Sommaire

I. La mémoire résistancialiste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1944-1970)

A. Une France traumatisée et divisée en 1945

B. La mémoire résistancialiste (1944-1947)

1/ La France unanimement résistante : une lecture officielle
2/ La réconciliation entre les Français
3/ La « mémoire repliée » d’une partie des Français, les soldats

C. La mémoire gaullienne, une mémoire d’État officielle (1948-1969)

1/ Une « mémoire désunie »
2/ Le « grand silence » sur le génocide, les « mémoires oubliées »
3/ Les lieux de mémoire officiels

II. L’évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale (1970 à nos jours)

A. Le tournant des années 1970 et la « révolution paxtonienne »

1/ Maintien de la lecture gaulliste du conflit, mais…
2/ … les mentalités changent, le mythe résistancialiste chancèle
3/ Une nouvelle lecture de la collaboration vichyssoise

B. La mémoire juive sort de l’oubli

1/ Constituer une « mémoire communautaire » pour ne pas oublier
2/ Le procès de la « banalité du mal » fait se libérer les paroles
3/ Le négationnisme et le révisionnisme
4/ Le devoir de mémoire.
5/ Justice et mémoire

C. A partir de 1995, les Français font enfin face à leur passé

1/ Vers la reconnaissance de la responsabilité de la France
2/ Les lieux de « mémoire de la Shoah »
3/ La mémoire instrumentalisé par les politiques ou l’hypermnésie

III. Entre Histoire et mémoires, l’historien

A. La tâche de l’historien

1/ La mémoire, les mémoires, le devoir de mémoire
2/ L’Histoire, une science humaine

B. De l’utilité de l’intervention des historiens dans les débats publics ?

C. Les historiens contestent les lois mémorielles


Conclusion

Pour conclure ce chapitre sur l’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale, il est intéressant de citer ici le philosophe Paul RICŒUR : « Sous l’histoire, ma mémoire et l’oubli. Sous la mémoire et l’oubli, la vie. Mais écrire la vie est une autre histoire. Inachèvement » (La mémoire, l’histoire, l’oubli). L’étude des relations entre les historiens et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France reflète l’évolution des questionnements historiques au gré de l’accessibilité des archives, des renouvellements de la discipline historique, mais aussi l’évolution de notre société.

Le sujet des mémoires de la Seconde Guerre mondiale est encore sensible, probablement du fait que bien des acteurs de cette époque sont encore vivants. C’est une mémoire douloureuse pour bon nombre de Français qui est passée d’un stade hégémonique (résistancialiste) au lendemain de la guerre à une dimension plurielle (toutes les mémoires reconnues) au cours des années 1970-1980 pour se donner un seul sens dans les années 1990 (le devoir de mémoire). Subsistent cependant encore des mémoires à questionner, à travailler, des histoires à dévoiler afin de terminer l’écriture apaisée de l’histoire de tous les acteurs de la Seconde Guerre mondiale, pour un moment, jusqu’à la découverte de nouvelles archives… Le temps est venu d’une approche historique non mémorielle, plus équilibrée, plus apaisée, qui n’omette rien dans son récit. Aujourd’hui, pour l’historien, l’objectif est de se dégager du jeu des pouvoirs politiques, des groupes d’intérêt, des discours médiatiques et du « régime d’historicité » (François HARTOG) qui, comme l’hypermnésie, agissent sur la construction des mémoires en produisant des ouvrages grand public. Ces derniers relèvent rarement de l’histoire, mais le plus souvent d’une nouvelle sorte de mémoire.

La nécessité du devoir de mémoire tant dans sa globalité que dans ses particularités ne fait plus aucun doute. Ce devoir n’est pas achevé. Les dirigeants politiques ne cessent de se réclamer des résistants et de leur combat. N’a-t-on pas vu en avril 2017 le candidat aux présidentielles Emmanuel MACRON visiter le site d’Oradour-sur-Glane ? Plus largement, en lien avec les mémoires de la guerre d’Algérie, n’a-t-il pas offusqué les Pieds-noirs en comparant les conditions de la colonisation française à « un crime contre l’humanité » lors de son déplacement à Alger en novembre 2016 ? N’a-t-il pas alors évoqué son souhait de « réconcilier les mémoires » et « non les opposer » dans une interview au webmedia Huffingtonpost.fr le 23 mars 2017 ? On peut ainsi légitimement se poser la question de la relation des mémoires des conflits de la deuxième moitié du XXe siècle, comme celui de la guerre d’Indochine. Pour ce faire, il serait judicieux de préférer le devoir d’histoire plutôt que le devoir de mémoire, le devoir d’histoire étant le fait d’étudier le passé sous l’angle de la raison et non de l’émotion. Cette tâche incombe aux historiens.


Cours dispensé au lycée Saint-Charles d’Athis-Mons

Synthèse (pdf de 15 pages) : prochainement en ligne


Références – sources

1. Ce chapitre ouvrant le programme d’histoire de la classe de terminale a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ le séminaire de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du lycée Saint-Jean (Lectoure) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de Jacques El Alami du lycée d’Adultes (Paris), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), M. Buchoux, Mmes Trédez et Vitte du lycée Jean-Baptiste-Corot (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, niveau terminale, sous la direction de Adoumié V. et P. Zachary (Hachette), Bourel G. et Chevallier M. (Hatier), Le Quintrec G. (Nathan).
2. En plus de ouvrages cités dans le corps de texte : BÉDARIDA François (sous la direction de), L’Histoire et le métier d’historien en France, 1945-1995, Édition de la Maison des sciences de l’homme, 1995 ; BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, 7e édition, 1982 ; NORA Pierre (sous la direction de), Les lieux de mémoire, Gallimard, 7 volumes, 1984, 1986, 1992 ; ROUSSO Henry, La hantise du passé, Les éditions Textuel, 1998 ; RICŒUR Paul, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Le Seuil, 2000 ; WIEVORKA Olivier, « Sous l’Occupation, tous résistants ? », Sciences humaines, n° 295, août-septembre 2017, pp. 56-57.

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 2 septembre 2017, 18 heures. Mise à jour le 23 août 2019, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2019.
http://portes-essonne-environnement.fr

Histoire. L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale (Terminale S. Thème 1. Chapitre 1)

En 1945, la France sort meurtrie de cinq années de guerre. La défaite de juin 1940, l’occupation allemande, la collaboration du régime de Vichy ont traumatisé les Français qui, avec la Libération, aspirent à se reconstruire dans l’unité nationale. Pour ce faire, les autorités, sous la direction du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), referment la « parenthèse vichyste » : elles imposent l’image officielle d’une France unanimement résistante. Le mythe résistancialiste est né, plongeant ainsi dans l’oubli de multiples mémoires individuelles, plurielles, collectives qui resurgiront au cours de la Guerre froide pour éclater au grand jour ensuite. Le résistancialisme est alors critiqué. Différents groupes mémoriels s’attachent à défendre leur vision de la période. Quant aux historiens, relégués un temps au service de la mémoire officielle, ils se réapproprient leur rôle, leur fonction, celui d’être au service de la vérité historique en mettant en lumière « les processus de construction » de toutes les mémoires.

BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, Prisme, 7e édition, 1982, 168 p. (couverture). L’historien Marc BLOCH est le cofondateur avec Lucien FEBVRE de la revue les Annales d’histoire économique et sociale en 1929. Il rédige le brouillon de son Apologie au début des années 1940. Membre de la Résistance, il est arrêté par la Gestapo et exécuté le 16 juin 1944. Son ouvrage sera publié en 1949.


Problématique

Comment l’historien parvient-il à apprivoiser les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France afin d’en écrire une Histoire apaisée ?


Sommaire

I. La mémoire résistancialiste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1944-1970)

A. Une France traumatisée et divisée en 1945

B. La mémoire résistancialiste (1944-1947)

1/ La France unanimement résistante : une lecture officielle
2/ La réconciliation entre les Français
3/ La « mémoire repliée » d’une partie des Français, les soldats

C. La mémoire gaullienne, une mémoire d’État officielle (1948-1969)

1/ Une « mémoire désunie »
2/ Le « grand silence » sur le génocide, les « mémoires oubliées »
3/ Les lieux de mémoire officiels

II. L’évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale (1970 à nos jours)

A. Le tournant des années 1970 et la « révolution paxtonienne »

1/ Maintien de la lecture gaulliste du conflit, mais…
2/ … les mentalités changent, le mythe résistancialiste chancèle
3/ Une nouvelle lecture de la collaboration vichyssoise

B. La mémoire juive sort de l’oubli

1/ Constituer une « mémoire communautaire » pour ne pas oublier
2/ Le procès de la « banalité du mal » fait se libérer les paroles
3/ Le négationnisme et le révisionnisme
4/ Le devoir de mémoire.
5/ Justice et mémoire

C. A partir de 1995, les Français font enfin face à leur passé

1/ Vers la reconnaissance de la responsabilité de la France
2/ Les lieux de « mémoire de la Shoah »
3/ La mémoire instrumentalisé par les politiques ou l’hypermnésie

III. Entre Histoire et mémoires, l’historien

A. La tâche de l’historien

1/ La mémoire, les mémoires, le devoir de mémoire
2/ L’Histoire, une science humaine

B. De l’utilité de l’intervention des historiens dans les débats publics ?

C. Les historiens contestent les lois mémorielles


Conclusion

Pour conclure ce chapitre sur l’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale, il est intéressant de citer ici le philosophe Paul RICŒUR : « Sous l’histoire, ma mémoire et l’oubli. Sous la mémoire et l’oubli, la vie. Mais écrire la vie est une autre histoire. Inachèvement » (La mémoire, l’histoire, l’oubli). L’étude des relations entre les historiens et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France reflète l’évolution des questionnements historiques au gré de l’accessibilité des archives, des renouvellements de la discipline historique, mais aussi l’évolution de notre société.

Le sujet des mémoires de la Seconde Guerre mondiale est encore sensible, probablement du fait que bien des acteurs de cette époque sont encore vivants. C’est une mémoire douloureuse pour bon nombre de Français qui est passée d’un stade hégémonique (résistancialiste) au lendemain de la guerre à une dimension plurielle (toutes les mémoires reconnues) au cours des années 1970-1980 pour se donner un seul sens dans les années 1990 (le devoir de mémoire). Subsistent cependant encore des mémoires à questionner, à travailler, des histoires à dévoiler afin de terminer l’écriture apaisée de l’histoire de tous les acteurs de la Seconde Guerre mondiale, pour un moment, jusqu’à la découverte de nouvelles archives… Le temps est venu d’une approche historique non mémorielle, plus équilibrée, plus apaisée, qui n’omette rien dans son récit. Aujourd’hui, pour l’historien, l’objectif est de se dégager du jeu des pouvoirs politiques, des groupes d’intérêt, des discours médiatiques et du « régime d’historicité » (François HARTOG) qui, comme l’hypermnésie, agissent sur la construction des mémoires en produisant des ouvrages grand public. Ces derniers relèvent rarement de l’histoire, mais le plus souvent d’une nouvelle sorte de mémoire.

La nécessité du devoir de mémoire tant dans sa globalité que dans ses particularités ne fait plus aucun doute. Ce devoir n’est pas achevé. Les dirigeants politiques ne cessent de se réclamer des résistants et de leur combat. N’a-t-on pas vu en avril 2017 le candidat aux présidentielles Emmanuel MACRON visiter le site d’Oradour-sur-Glane ? Plus largement, en lien avec les mémoires de la guerre d’Algérie, n’a-t-il pas offusqué les Pieds-noirs en comparant les conditions de la colonisation française à « un crime contre l’humanité » lors de son déplacement à Alger en novembre 2016 ? N’a-t-il pas alors évoqué son souhait de « réconcilier les mémoires » et « non les opposer » dans une interview au webmedia Huffingtonpost.fr le 23 mars 2017 ? On peut ainsi légitimement se poser la question de la relation des mémoires des conflits de la deuxième moitié du XXe siècle, comme celui de la guerre d’Indochine. Pour ce faire, il serait judicieux de préférer le devoir d’histoire plutôt que le devoir de mémoire, le devoir d’histoire étant le fait d’étudier le passé sous l’angle de la raison et non de l’émotion. Cette tâche incombe aux historiens.


Cours dispensé au lycée Saint-Charles d’Athis-Mons

Synthèse de 15 pages en pdf : prochainement en ligne


Références – sources

1. Ce chapitre ouvrant le programme d’histoire de la classe de terminale a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ le séminaire de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du lycée Saint-Jean (Lectoure) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de Jacques El Alami du lycée d’Adultes (Paris), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), M. Buchoux, Mmes Trédez et Vitte du lycée Jean-Baptiste-Corot (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, niveau terminale, sous la direction de Adoumié V. et P. Zachary (Hachette), Bourel G. et Chevallier M. (Hatier), Le Quintrec G. (Nathan).
2. En plus de ouvrages cités dans le corps de texte : BÉDARIDA François (sous la direction de), L’Histoire et le métier d’historien en France, 1945-1995, Édition de la Maison des sciences de l’homme, 1995 ; BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, 7e édition, 1982 ; NORA Pierre (sous la direction de), Les lieux de mémoire, Gallimard, 7 volumes, 1984, 1986, 1992 ; ROUSSO Henry, La hantise du passé, Les éditions Textuel, 1998 ; RICŒUR Paul, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Le Seuil, 2000 ; WIEVORKA Olivier, « Sous l’Occupation, tous résistants ? », Sciences humaines, n° 295, août-septembre 2017, pp. 56-57.

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 2 septembre 2017, 18 heures. Mise à jour le 23 août 2019, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2019.
http://portes-essonne-environnement.fr

Histoire. Croissance et mondialisation depuis 1850 (1re ES. Thème 1. Chapitre 1)

A partir de la moitié du XIXe siècle, l’Europe occidentale connaît un changement économique dont l’ampleur peut être comparée à l’invention de l’agriculture au néolithique : la Révolution industrielle. On assiste au passage d’une économie agraire et artisanale à une économie dominée par l’industrie et la machine. La croissance économique s’accélère fortement du fait de l’essor de l’industrie dans le cadre d’économies libérales. Le continent européen se couvre d’usines et de voies ferrées. De nouvelles sources d’énergie font leur apparition. Les évolutions technologiques conduisent au développement des échanges à travers le monde. Dès la fin du XIXe, l’industrialisation se diffuse progressivement en Russie, en Amérique du Nord, au Japon, en Australie. Entre 1850 et aujourd’hui, le monde connaît une croissance économique dont l’intensité varie au cours du temps en fonction de différents facteurs et touche de façon inégale les différentes régions du monde. (1)

Parallèlement, le phénomène de mondialisation entame une nouvelle phase. La nation qui maîtrise le mieux Les nouvelles technologies à un instant « t » se trouve à la tête de l’économie mondiale et organise celle-ci. Le marché devient mondial. Trois « économies-monde » se manifestent alors successivement depuis 1850. (2) Au XIXe siècle, l’Angleterre s’impose comme la première économie-monde grâce à la première industrialisation. Au XXe siècle, les États-Unis dominent. Enfin, en ce début du XXIe siècle, de nombreuses puissances se partagent la gouvernance de l’économie mondiale : on est en présence d’une économie multipolaire.

Brasserie de Savigny-sur-Orge, société anonyme au capital de 275 000 francs, fondée en 1893. Obligation de cinq cents francs au porteur n° 306, 31 janvier 1895 (archives privées SMM).


Problématique

Quelles sont les différentes phases de la croissance économique mondiale depuis 1850 ? Quelles puissances dominent l’économie mondiale depuis 1850 ?
Comment la croissance économique a-t-elle alimenté le processus de mondialisation depuis le milieu du XIXe siècle ?


Sommaire

I. La croissance économique et ses différentes phases depuis 1850

A. Trois grandes phases de croissance

1/ La première industrialisation (années 1780-1880) : la mécanisation de l’industrie
2/ La seconde industrialisation (années 1880-1945) : la révolution du pétrole et de l’électricité
3/ La troisième industrialisation (depuis les années 1945) : la « révolution tertiaire »

B. Les vecteurs de croissance économique et les acteurs

C. Une croissance économique très irrégulière et très inégale

1/ Jusqu’aux années 1920
2/ Durant l’entre-deux-guerres
3/ Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale

II. Les trois « économies-monde » successives

A. Une « économie-monde » britannique (de 1850 à 1914)

B. Une « économie-monde » américaine (de 1914 à 1990)

C. Une « économie-monde » multipolaire (depuis 1914)


Conclusion

De 1850 à nos jours, trois phases de croissance économique se sont enchaînées : elles correspondent à peu près aux trois phases d’industrialisation nées grâce à des sources d’énergie et à des secteurs d’activités spécifiques. Mais cette croissance, bien qu’alimentée par de multiples moteurs et acteurs, est très irrégulière dans le temps et très inégale dans l’espace. La croissance économique a donné naissance à trois économies-monde qui se sont, elles aussi, succédé depuis 1850 : britannique, états-unienne puis multipolaire. Les trois économies-monde correspondent plus ou moins aux trois phases de la croissance économique. Depuis plusieurs décennies, de nombreuses nations du Sud ont enclenché une dynamique de développement. La mondialisation actuelle est en quelque sorte fille de la croissance économique.

Le mode de développement capitaliste a toutefois atteint ses limites. Les activités humaines ont ravagé les milieux naturels. Elles ont provoqué un réchauffement du climat. La seule et unique planète Terre ne suffit plus à faire vivre les 7,4 milliards d’êtres humains. Ainsi, le 1er août 2018, selon le Global Footprint Network (ONG canadienne), l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la planète peut renouveler en une année : c’est le Jour du dépassement de la Terre (Earth overshoot day). Il arrive de plus en plus tôt dans l’année. Il devient urgent de promouvoir le développement durable pour couvrir les besoins élémentaires de tous les humains et préserver les droits des générations futures.


Cours dispensé au lycée Saint-Charles d’Athis-Mons en septembre 2018

Synthèse (pdf de 8 pages) : H1ES T1 CH1 CROISSANCE 1850 SYNTHESE v2018


Références – sources
1. Ce chapitre ouvrant le programme d’histoire de la classe de première a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons notamment pour la partie « cours » : 1/ les séminaires de John Day, « Histoire économique de l’Europe du XIIIe au XVIIIe siècle », de Fabienne Bock, « État, pouvoir, exercice du pouvoir au XIXe siècle », de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du lycée Saint-Jean (Lectoure) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de Jacques El Alami du lycée d’Adultes (Paris), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), M. Buchoux, Mmes Trédez et Vitte du lycée Jean-Baptiste-Corot (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, niveau première, sous la direction de F. Lebrun et V. Zanghelli (Belin), R Benichi et J. Mathiex (Hachette), F. Besset, M. Navarro et R. Spina (Hachette), M. Chevaliier et X. Lapray (Hatier), P. Wagret (Istra), A. Ployé (Magnard), S. Cote (Nathan).
2. BRAUDEL Fernand, La Méditerranée et le Monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1949, 1160 p.
BRAUDEL Fernand, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, vol. 3, Le Temps du monde, Armand Colin, Paris, 1979. 908 p.
FOURQUET François, « Villes et économies-mondes selon Fernand Braudel », Les Annales de la recherche urbaine, n° 38, 1988 : « Villes et États », pp. 13-22 : http://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_1988_num_38_1_1362.

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 1er septembre 2017, 18 heures. Mise à jour le 21 septembre 2018, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2018.
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Aéroport d’Orly. Fin des travaux d’été de la piste n°4 : une bonne nouvelle relative

L’aéroport d’Orly a entrepris d’importants travaux de réfection de la piste n° 4 durant l’été 2017. La période de travaux prévue était celle du mardi 25 juillet au jeudi 31 août. Ils se sont achevés plus tôt que prévu, le vendredi 25 août, soit près d’une semaine avant la date annoncée. L’expérience acquise durant le premier chantier conduit durant l’été 2016, les conditions météorologiques favorables ainsi qu’une absence d’imprévus expliquent cette performance. Faut-il pour autant considérer sans réserve cette fin de chantier comme une « bonne nouvelle » ?  

Aéroport d’Orly. Au bout de la piste, la plage… Visite des travaux de construction de la zone de sécurité (RESA : Runway End Safety Area) à l’extrémité de la piste n° 4, 25 juillet 2017. © Photographie BM/CAD pour PEE, 2017.

Les riverains habituellement non survolés de la vallée de l’Orge qui se sont trouvés sous les avions en juillet et août 2017 se réjouissent bien évidemment de cette achèvement anticipé.

Néanmoins ce « retour à la normale » doit être nuancé dans la mesure où les riverains des communes survolées habituellement continuent de subir les mêmes nuisances que par le passé. Pas de bonne nouvelle pour eux.

Il faut considérer que les nuisances sonores causées aux riverains des aéroports par les avions sont à la fois des faits vécus et des discours, c’est-à-dire des objets de langage. On parle des faits, dont on se plaint, on écrit sur eux…

Tout fait présenté comme évident est pris dans la vérité particulière de celui qui l’énonce. Nous vivons une époque paradoxale où une aggravation temporaire est justifiée comme un mal qui doit être subi dans l’intérêt général. Dès lors l’atténuation d’une aggravation, ou la suppression de nuisances nouvelles – c’est-à-dire un retour à un état antérieur – est entendue comme une amélioration, voire comme une victoire des protestataires.

La seule question qui vaille est celle-ci : la somme des nuisances est-elle en augmentation ou en diminution ?


DOCUMENT

LES TRAVAUX D’ÉTÉ DÉJÀ BOUCLÉS À L’AÉROPORT

Bonne nouvelle pour les riverains de l’aéroport d’Orly. Les travaux de rénovation et de mise en conformité de la piste 4 de l’aéroport viennent de se terminer avec une semaine d’avance. « Ces travaux ont bénéficié d’un déroulé optimal sans aléa technique et d’une météo favorable », se félicite dans un communiqué le groupe Aéroport de Paris (ADP). Le trafic aérien a pu de nouveau transiter par cette piste, fermée depuis le 25 juillet, dès hier et délester les pistes annexes qui occasionnaient d’importantes nuisances sonores.

Le Parisien, Édition Essonne, samedi 26 août 2017.


© Marie LAPEIGNE, 26 août 2017, 10 h 52.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.
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