Dans notre précédent article sur les travaux de la piste 4 de Paris-Orly, nous regrettions l’étonnant silence de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Par la voie de sa Mission Environnement, elle vient de nous communiquer les réponses aux questions posées. (1)
La réponse de la DGAC
Lisons ensemble le courriel de la Mission Environnement de la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA) de la DGAC :
Sujet : Travaux Orly – Survols de Savigny-sur-Orge (91) Date : Fri, 05 Aug 2016 14:12:41 +0200 De : Environnement-DSNA <environnement-dsna@aviation-civile.gouv.fr> Pour : Jean-Marie CORBIN
Bonjour,
Vous avez demandé des précisions sur le nombre de décollages et atterrissages sur les pistes 2 et 3 à l’aéroport de Paris-Orly dimanche 24 juillet.
Il ressort de l’étude menée que 673 mouvements ont eu lieu ce jour-là :
222 avions au décollage de la piste 2 (aucun à l’atterrissage) ;
114 avions au décollage de la piste 3 et 337 à l’atterrissage de cette piste
Nous vous précisons que ces travaux engendrent des modifications d’exploitation de l’aéroport mais ils contribueront à la sécurité aéronautique et à l’efficacité opérationnelle de la plate-forme.
Cependant, les premières journées de travaux n’ont pas permis de gérer les 3 périodes de pointe comme il avait été annoncé car le trafic a été très dense. Mais nous vous confirmons que la situation devrait progressivement s’améliorer.
Si vous souhaitez obtenir rapidement des informations de nature factuelle sur des survols, n’hésitez pas à prendre contact avec la maison de l’environnement de Paris-Orly, gérée par Aéroports de Paris et ouverte du lundi au vendredi de 08h30 à 16h30 (tél 01 49 75 90 70).
Elle dispose du système VITRAIL permettant d’apporter un premier niveau d’information sur des survols, par la visualisation en temps différé des trajectoires des avions.
Cordialement,
DSNA/Mission Environnement
Confirmation de notre analyse par la DGAC
673 mouvements en une journée représentent sur un an 245 645 mouvements. Nous sommes toujours au dessus de la moyenne annuelle confortant notre première analyse.
Nous sommes dans une relation « un tiers / deux tiers » au niveau des usages des pistes. Conformément à nos calculs, publiés dans notre précédent article, la piste 3 chargée de 451 mouvements a été saturée toute la journée du 24 juillet 2016. Le reste du trafic, un tiers, a donc été reporté sur la piste n° 2. Cela ne relève plus de l’usage exceptionnel comme cela a été présenté en avril dernier.
- Les travaux « contribueront à la sécurité aéronautique et à l’efficacité opérationnelle de la plate-forme. » Au même titre que l’on ne sait pas quelle est la proportion entre ceux qui sont supprimés et ceux décalés sur les soi-disant 2 000 mouvements réaménagés pendant 6 semaines, on ne sait plus si l’intérêt majeur des travaux est d’améliorer l’efficacité de la plateforme ou bien, comme annoncé, seulement sa sécurité…
- « Si vous souhaitez obtenir rapidement des informations de nature factuelle sur des survols, n’hésitez pas à prendre contact avec la maison de l’environnement de Paris-Orly, gérée par Aéroports de Paris« . Sauf que dans un courriel en date du 28 juillet 2016, le Pôle relations territoriales Sud de la Maison de l’environnement et du développement durable de Paris-Orly nous avait répondu que : la « Mission Environnement de la Direction Générale de l’Aviation Civile vous apportera directement des éléments de réponse à vos interrogations qui relèvent de leur compétence ». On tourne en rond, tels des avions attendant qu’une piste veuille bien se libérer pour atterir. A ce rythme-là, on va à la panne sèche de kérosène…
Fort de cette seconde série de chiffres, il apparaît qu’ADP n’a jamais souhaité faire de concession pour la tranquillité des riverains et entend bien ainsi tester leur résilience à supporter les développements aéroportuaires à venir d’Orly.
Ces faits confirment que les nuisances aériennes subies par les riverains :
- sont considérées comme légitimes par la DGAC : c’est-à-dire, comme un mal naturel qui est une conséquence du développement des transports aériens,
- font l’objet d’une stratégie différenciées selon les territoires survolés (tantôt l’un, tantôt l’autre),
- sont en constante augmentation. (2)
Pour la journée du dimanche 24 juillet 2016, 673 mouvements d’avions (sur les seules pistes 2 et 3 d’Orly) représentent sur une durée de 17,5 heures (de 6 h 00 à 23 h 30), une moyenne de 39 avions à l’heure, soit un avion toute les deux minutes.
Il reste important de se mobiliser très fortement pour exiger une réduction significative des mouvements (au moins de 30 %) pour les prochaines sessions de travaux prévus durant les étés 2017, 2018 et 2019. Ce qui nécessite le refus des arguments fatalistes qui justifient l’augmentation du trafic, et par voie de conséquence, légitiment la dégradation continue et durable de la qualité de vie des riverains et des Sud-franciliens.
RÉFÉRENCES
1. CORBIN Jean-Marie, MÉRIGOT Bernard, « Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 (2) : nuisances aériennes, ce qu’ADP (Paris Aéroport) cache aux riverains », www.portes-essonne-environnement.fr, 2 août 2016 : http://portes-essonne-environnement.fr/aeroport-dorly-chronique-des-travaux-2016-2-nuisances-aeriennes-ce-quadp-paris-aeroport-cache-aux-riverains/.
2. Quelles sont les missions de la Direction des services de la navigation aérienne (DGAC) du ministère de l’Environnement ? Elles apparaissent ainsi sur le site officiel du ministère :
« Les missions de la DSNA (prestataire de service de navigation aérienne et service à compétence nationale) sont de fournir aux usagers de l’espace aérien les services de contrôle du trafic aérien, dans les meilleures conditions de sécurité, de régularité et de prix ; préserver l’environnement grâce à différents engagements du Grenelle Environnement ; faire évoluer les moyens du contrôle aérien.”
Site internet consulté le 8 août 2016 : http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Navigation-aerienne-.html.
Le malentendu réside dans le fait que la DSNA s’adresse aux « usagers de l’espace aérien » et non aux « usagers des territoires survolés ». D’où le discours que l’on peut qualifier de « convenu » qu’elle tient : annonce de travaux, justification des nuisances supplémentaires, contraintes du couvre-feu pour ADP, incertitudes diverses…
PEE lui a écrit le 25 juillet 2016. Elle nous a répondu le 8 août 2016, à 11 h 54.
« Objet: Travaux Orly : survols des communes des Portes de l’Essonne
Bonjour,
Par mail du 25 juillet, vous avez demandé des informations sur les passages fréquents d’avions de ligne à basse altitude au-dessus de certaines communes de l’Essonne.
Aéroports de Paris vous a apporté plusieurs réponses et que nous complétons ci-dessous.
Les survols actuels de certaines communes de l’Essonne sont effectivement dus aux travaux de la piste n°4 en cours sur la plateforme de Paris-Orly et programmés du 18 juillet au 28 août 2016.
Ces travaux, réalisés par Aéroports de Paris, engendrent des modifications d’exploitation de l’aéroport et ils contribueront à la sécurité aéronautique et à l’efficacité opérationnelle de la plate-forme.
Pendant cette période, l’objectif des services de la Navigation aérienne d’Orly est que les décollages et atterrissages des aéronefs s’effectuent essentiellement en piste unique (piste 3), avec une utilisation de la piste 2 durant les périodes quotidiennes de pointe (matin, début d’après-midi et soirée).
Ces éléments d’information ont été annoncés lors de la réunion organisée par Aéroports de Paris le 15 avril 2016 pour les élus des communes concernées et lors de la Commission Consultative de l’Environnement (CCE) du 16 juin 2016.
La DGAC avait bien confirmé, lors de cette réunion, l’intention d’utiliser la piste 2 lors des pointes de trafic, compte tenu des limitations de la seule piste Est-Ouest (piste n°3) restant disponible. Cependant, la complexité de la gestion de la plateforme dans cette configuration, où un certain nombre de voies de circulation au sol sont indisponibles pour travaux, rend la tâche des contrôleurs d’autant plus difficile lorsqu’il s’agit d’alterner en toute sécurité des changements de configuration de piste en cours de journée. De plus, la nécessité de respecter le couvre-feu (entre 23h30 et 06h00 locales), imposée sur la plateforme, empêche de lisser le trafic en décalant significativement le programme de vol de la journée.
La DGAC a conscience de l’impact sur les populations riveraines des survols dus à un plan de circulation aérienne exceptionnel très dépendant des travaux réalisés par ADP.
Dans l’immédiat et pour le reste de la période des travaux, la DGAC s’engage à adapter au mieux les configurations de piste à la demande de trafic, tout en respectant les limites qu’impose le couvre-feu.
La baisse de trafic attendue pour le mois d’août laisse espérer une utilisation moindre de la piste Nord-Sud (piste n°2), quoique la situation opérationnelle doive rester tendue jusqu’à la fin des travaux.
Cordialement,
DSNA/Mission Environnement
Ainsi donc, il ne faut guère compter sur un ralentissement des nuisances aériennes et des pollutions au-dessus des villes survolées durant ce mois d’août 2016…
© Jean-Marie CORBIN, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 9 août 2016, 22 h 30.
ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.
Complément : Vidéo amateur d’un avion au décollage de la piste 2 le 6 aout 2016.
Avion survolant Savigny-sur-Orge dans l’axe de décollage de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, durant les travaux 2016 de la piste 4, engendrant d’importantes gênes sonores dans un secteur habituellement calme pour ce type de nuisances, ainsi qu’une pollution atmosphérique s’ajoutant au trafic routier et ferré. L’avion décollant a emprunté l’axe Orly (piste 2) / Athis-Mons / Juvisy-sur-Orge / Savigny-sur-Orge / Morsang-sur-Orge / Villemoisson-sur-Orge / Epinay-sur-Orge… © MM pour PEE, 6 août 2016.
© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 9 août 2016, 22 h 45.
ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.