Archives de catégorie : Nuisances chimiques

Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 (5) : la fin des nuisances pour la vallée de l’Orge annoncée ce lundi 5 septembre ?

Les travaux de la piste 4 de l’aéroport de Paris-Orly se sont bel et bien achevés le dimanche 28 août 2016. Pourtant, les riverains de la vallée de l’Orge ont continué à subir des nuisances sonores toute la semaine suivante, et notamment avec le passage fort bruyant d’un vieux « coucou » probablement des années 1950-1960, à très basse altitude au-dessus du secteur de Juvisy-sur-Orge et Savigny-sur-Orge les 29 et 31 août.

Portes de l’Essonne Environnement (PEE) a aussitôt interrogé la Maison de l’environnement et du développement durable de l’aéroport Paris-Orly par courriel. Une réponse téléphonique nous a été donnée le jeudi 1er septembre. (1)


Des travaux qui n’en finissent pas de finir

La première tranche de travaux de rénovation et de mise aux normes européennes de la piste 4 a pris fin le dimanche 28 août 2016, comme convenu dans le planning annoncé par Paris-Aéroport du groupe Aéroports de Paris (ADP). Le hic, c’est que la piste 4 rouverte n’était pas suffisamment propre pour permettre aux gros porteurs de manœuvrer en toute sécurité. Le temps de son nettoyage, une dizaine d’aéronefs imposants par jour ont donc décollé de la piste 3, par vent d’ouest notamment, durant la semaine écoulée, entraînant sur leur passage au-dessus des communes de l’ancienne CALPE des nuisances sonores plus ou moins sourdes. Avec un peu plus d’attention, il semblerait toutefois qu’à l’écoute des bruits aériens, le chiffre d’une dizaine soit un peu faible… Cette semaine « complémentaire » de travaux doit s’achever ce dimanche 4 septembre. L’exploitation normale de la plate-forme d’Orly doit reprendre pleinement le lundi 5 septembre. Les riverains de la vallée de l’Orge habituellement non concernés par les survols quotidiens devraient retrouver une quiétude aérienne relative et temporaire.

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Avion survolant Savigny-sur-Orge en direction de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly. © Photographie MFM, 23 août 2016, 12 h 31.

La gestion des mécontentements

Petit plus de la conversation : ADP et la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) doivent réaliser prochainement un bilan des six semaines de travaux 2016. Les nombreuses plaintes, pétitions et réclamations faites par les riverains, les élus et les administrés, donneraient à réfléchir pour les travaux 2017, 2018 et 2019. Un nouveau mode opératoire, un autre calendrier, d’autres méthodes… seraient à l’étude afin de ne pas connaître l’important flux de remontées négatives.

Les associations environnementales publieront-elles sur leurs sites Internet toutes les informations de première main qu’elles recevront lors des prochaines réunions de la commission consultative de l’environnement de Paris-Orly afin que les citoyens puissent se faire une idée par eux-mêmes des futures nuisances auxquelles ils seront confrontés ? Et les élus ? Il faut l’espérer car, pour cette année, la communication des documents et comptes-rendus qu’ils soient fournis par ADP, par les associations ou par les collectivités locales elles-mêmes n’a pas été à la hauteur des nuisances subies. (2)

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Présentation aux membres de la commission consultative de l’environnement de l’aéroport Paris-Orly des travaux de rénovation de la piste 06-24 dite 4. © Photographie SMM, 15 avril 2016.

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Aéroports de Paris, « Rénovation de la piste 06-24 sur l’aéroport Paris-Orly », présentation aux membres de la commission consultative de l’environnement de Paris-Orly, le 15 avril 2016, diapositive n° 2/8. Document public publié par aucune association environnementale ou collectivité territoriale, ni ADP.

Un objet polluant non identifié

Pour finir, au sujet du vieux « coucou » survolant en quasi rase-motte des maisons du secteur de l’Orge aval, ADP est dans le flou le plus complet. Cet avion a été vu et entendu le 29 août aux alentours de 11 heures et le 31 août vers 14 h 20. Or, il n’apparaît pas sur le logiciel « Vitrail » développé par ADP afin de visualiser les trajectoires des avions. Il ne s’agit pas du fameux DC décollant et atterrissant parfois d’Orly. La Maison de l’environnement conclut donc qu’il s’agit d’un avion de collection ayant manœuvré depuis des aéroports secondaires tels que Toussus-le-Noble ou Le-Bourget…


Un couvre-feu « respecté » semble-t-il

Autre information donnée par mail cette fois-ci concernant les nuisances sonores la nuit, entre 23 h 30 et 6 h, à savoir lors du couvre-feu d’Orly. Tout l’été, les Sud-Franciliens ayant dormi la fenêtre ouverte ont pu entendre des avions survoler leur commune. Selon la Maison de l’environnement, « l’analyse des données informatiques fournies par les services de la navigation aérienne indique que » ces vols s’opèrent « au départ ou à l’arrivée de Paris Charles-de-Gaulle », aéroport non soumis au couvre-feu. C’est ainsi qu’au-dessus des communes de l’ancienne CALPE, des aéronefs types A388, A343, B777 ont créé et créent des nuisances sonores nocturnes alors qu’ils volent à une altitude comprise entre 3 500 et 4 000 mètres. (3)


La règle, c’est de polluer… L’exception, c’est de ne pas polluer

Le groupe Aéroports de Paris a réussi, au fil des années, à imposer aux riverains un véritable renversement des valeurs. La règle n’est plus celle du calme, de la tranquillité et du silence. Celle-ci réside désormais dans les cerveaux. Les nuisances sont devenues relatives – d’autres subissent davantage de nuisances – et temporaires – le calme ne durera pas.

Les nuisances sonores parviennent à occulter les autres nuisances : celles de la pollution de l’air, des rejets de gaz de combustion, des poussières des réacteurs… Rappelons qu’Orly n’est pas né dans une plaine isolée mais a été construit à l’intérieur d’un espace déjà urbanisé. (4) La DGAC se dit consciente « de l’impact sur les populations riveraines des survols dus à un plan de circulation aérienne exceptionnel très dépendant des travaux réalisés par ADP ». Sous couvert de la « sécurité aéronautique », on en oublie la santé des Sud-Franciliens.


RÉFÉRENCES
1. Appel téléphonique de la Maison de l’environnement et du développement durable de l’aéroport Paris-Orly à la directrice d’édition numérique de PEE, le 1er septembre 2016 à 13 h 43.
2. Le présent site Internet s’étant vu attribué un numéro ISSN répertorié par la Bibliothèque nationale de France (BNF) en juillet 2016 comme média numérique, des démarches sont actuellement effectuées auprès d’ADP afin de participer aux conférences de presse. La rédaction espère ainsi pouvoir pallier l’absence de publication numérique de tous les documents originaux publics, sous des formats pdf ou jpg, et sans filtre, par les associations environnementales et les collectivités membres de la commission consultative de l’environnement (CCE) d’Orly. Un exemple, le diaporama de présentation des travaux 2016 élaboré par ADP afin de faire comprendre les enjeux de la rénovation aux membres de la CCE présents à la réunion du 15 avril 2016 : Aéroports de Paris, « Rénovation de la piste 06-24 sur l’aéroport Paris-Orly » (pdf), ADP RTO 15 avril 2016
.
3. Courriels échangés entre la Maison de l’environnement et du développement durable de l’aéroport Paris et PEE, entre la DGAC et PEE, durant la période des travaux 2016.
4. LAPEIGNE Marie, « 1946-2016 : il y a 70 ans, les Américains rendaient l’aéroport de Paris-Orly aux Français », www.portes-essonne-environnement.fr, 9 janvier 2016 : http://portes-essonne-environnement.fr/1946-2016-il-y-a-70-ans-les-americains-rendaient-laeroport-de-paris-orly-aux-francais/.

© Paul-André BEAUJEAN, 4 septembre 2016, 23 h 20.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.


Complément en date du 5 septembre 2016

Premiers couacs pour la reprise de l’exploitation normale de la plate-forme d’Orly annoncée pour ce jour par la Maison de l’environnement de l’aéroport le jeudi 1er septembre ! Dès la première heure d’ouverture, les nuisances sourdes des gros porteurs décollant ou atterrissant de la piste 3 au lieu de la 4 rompent le silence du ciel calpien et val d’orgien. Au bout d’une semaine de nettoyage, la piste 4 serait-elle toujours impropre à la circulation de ces aéronefs ou les aiguilleurs du ciel n’ont-ils pas été avertis du retour à la « normale » programmé pour ce 5 septembre ? A suivre…

Paul-André BEAUJEAN, 5 septembre 2016, 7 h 55.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.


Complément n° 2 en date du 5 septembre 2016

Le président de Portes de l’Essonne Environnement précise l’information suivante : « Concernant l’avion qui a survolé Savigny-sur-Orge mercredi, je l’ai vu faire son beau virage à droite au-dessus de la ville. Il s’agit bien du fameux DC-3 de l’association France DC-3. Il se préparait certainement pour atterrir sur la piste n° 2 d’Orly, son aéroport d’attache. Il en a été dérouté au dernier moment, la piste n° 3 en intersection étant probablement occupée. Il est étonnant de lire dans l’article de notre rédacteur et ami BEAUJEAN que la Maison de l’environnement d’Orly n’était pas au courant de sa sortie. Serions-nous plus attentifs qu’eux à ce qui se passe dans notre espace aérien ? » (Courriel de JMC, Savigny-sur-Orge, 5 septembre 2016, 13 h 17).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 5 septembre 2016, 13 h 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.


Complément n° 3 en date du 10 septembre 2016

Vous êtes nombreux à nous interroger sur les nuisances aériennes subsistantes après les travaux de l’été sur la piste 4 de Paris-Orly. Certains se posent des questions sur les anomalies sonores sourdes vécues quotidiennement, de jour comme de nuit, avec des avions transitant au-dessus des communes sud-franciliennes depuis les aéroports Charles-de-Gaulle, Le-Bourget ou Toussus-le-Noble à plus de 3 000 mètres d’altitude faisant en sorte que notre ciel ne soit plus d’un calme olympien. D’autres se demandent si les trajectoires n’ont pas été modifiées dans une toute relative discrétion puisque cela doit être acté par la DGAC, notamment, et travaillé en amont comme celles qui seront opérationnelles en décembre 2016. Enfin, il y a ce DC3 qui survole l’ancienne agglomération Les Portes de l’Essonne régulièrement depuis plusieurs jours à grand renfort de bruit et de pollution, comme ce matin du 10 septembre 2016 aux alentours de 10 heures : un superbe joujou pour les passionnés de l’association France DC3, un faiseur de nuisances pour tous les survolés. La rédaction de PEE investiguera sur toutes ces interrogations. Nous reviendrons donc sur ces sujets dans les prochaines semaines.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 10 septembre 2016, 10 h 40.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 (4) : le vrai bilan des nuisances aériennes (18 juillet – 28 août 2016)

Un avion toutes les deux minutes

De nouvelles communes situées au sud de l’aéroport d’Orly ont été survolées durant six semaines, du 18 juillet au 28 août 2016. La raison avancée par l’établissement public Paris-Aéroport (Groupe ADP) et par son administration de tutelle, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) du ministère des Transports est  le suivant : la nécessité de réaliser des travaux de rénovation et la mise en sécurité des pistes.

Après un mois quel est le vrai bilan de ces nuisances subies par les habitants situés dans l’axe Brétigny-sur-Orge, Saint-Michel-sur-Orge, Sainte-Geneviève-des-Bois, Villemoisson-sur-Orge, Épinay-sur-Orge, Morsang-sur-Orge, Savigny-sur-Orge, Viry-Châtillon, Juvisy-sur-Orge, Paray-Vieille-Poste, Athis-Mons ?

Un bilan prématuré et partial

« Très vive début juillet, la colère des habitants s’est finalement atténuée », pouvait-on lire dans Le Parisien Essonne-Matin (édition du 22 août 2016). Il est étonnant que cette conclusion ait été tirée avant que la période de survol ne soit achevée totalement. (1)

Cet article poursuivait en minimisant les effets des nuisances.

« Finalement, le ciel ne leur est pas tombé sur la tête. Très redoutées au début de l’été, les nuisances aériennes ont finalement eu moins d’impact que prévu sur le quotidien des habitants du nord-est de l’Essonne (voir ci-contre). Le 18 juillet, un chantier de six semaines a démarré sur l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne). Ces travaux de rénovation de la piste 4, qui doivent s’achever en fin de semaine, ont décalé le trafic sur la piste 2 dite « de secours », située plus proche des habitations. Un contexte qui a entraîné les gênes attendues quelques jours après le début des travaux avant une accalmie constatée en milieu de chantier. »

LIBELLULE A SSO - SMM

Une libellule dans un jardin de Savigny-sur-Orge. Les habitants de la Vallée de l’Orge auraient préféré vivre au rythme calme de cet insecte odonate durant l’été 2016, plutôt que sous le bruit des avions. © SMM pour PEE, 26 août 2016.

Des arguments trompeurs

A l’appui de sa conclusion, le journal Le Parisien Essonne-Matin relate deux témoignages. Ceux des maires de Viry-Châtillon et de Savigny-sur-Orge.

  • Viry-Châtillon. « Nous avons reçu une demi-douzaine d’appels par jour en mairie lors des deux premières semaines, constate ainsi Jean-Marie Vilain (UDI), le maire de Viry-Châtillon. Les gens se plaignaient du bruit et cherchaient des explications. Depuis quelques jours, nous avons l’impression que la commune est moins survolée. La situation s’est calmée. »
  • Savigny-sur-Orge. « Le constat est similaire dans la ville voisine de Savigny-sur-Orge. « Les premiers jours, nous avons reçu une vingtaine de courriers à l’hôtel de ville. Les gens se plaignaient de la fréquence des passages mais aussi de la faible hauteur du survol, constate-t-on au cabinet du maire Eric Mehlhorn (LR). Il y a eu aussi des réactions sur les réseaux sociaux. » Depuis, la situation est « rentrée dans l’ordre » affirme encore l’entourage d’Eric Mehlhorn. »

On remarquera l’acceptabilité tacite de la situation ainsi, encore une fois, la volonté de minimiser les effets des nuisances.

Des indicateurs non pertinents

D’une part, le nombre de plaintes (appels téléphoniques, lettres, mails, SMS…) enregistrées par deux mairies constituent des indicateurs invérifiables. D’autre part, il faudrait s’interroger sur la représentativité des démarches effectuées auprès des mairies. Celles-ci sont-elles considérées par les habitants comme des instances de lutte contre les nuisances qu’ils subissent ?  Ce n’est pas sûr.

On doit également s’interroger lorsque l’on sait qu’une démarche entreprise par quatre maires est demeurée sans effet. « Aux côtés de ses collègues de Viry-Châtillon, Juvisy-sur-Orge et Athis-Mons, le maire de Savigny-sur-Orge a adressé fin juillet un courrier à Ségolène Royal, ministre de l’Environnement dénonçant notamment la multiplication des rotations et un non-respect du couvre-feu instauré à 23 h 30. « Cette lettre est restée sans réponse », déplore Jean-Marie Vilain. » Alors, les mairies sont-elles des instances efficaces face à Paris-Aéroport (ADP) ? (2)


Les étranges arguments des maires

Prenons l’exemple d’Olivier LÉONHARDT, maire de Saint-Geneviève-des-Bois (35 868 habitants) et président de l’agglomération Cœur d’Essonne (21 communes, 193 221 habitants). Il écrit dans Votre Ville, le bulletin municipal de Sainte-Geneviève-des-Bois, un article dans lequel il se borne à reproduire les informations développées par Paris-Aéroport (ADP) avec, pour appel, la phrase «quelques explications d’ADP pour mieux comprendre». Ce faisant, il accepte les arguments de l’autorité productrice de nuisances. Il avait annoncé que l’agglomération porterait plainte pour non respect des engagements pris au sujet du survol des communes dans l’axe de la piste 2 de façon discontinue et avec faibles nuisances. Il a renoncé, contrairement à Marjolaine RAUZE, maire de Morsang-sur-Orge, qui a lancé une pétition contre les nuisances aériennes répétées et le non-respect des engagements pris par ADP pour les travaux de l’été 2016. (3) (4)

« SURVOL DE SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS : DES TRAVAUX A ORLY DU 18/07 AU 28/08/2016

Comme nous avions tenu à vous en informer dans le Votre Ville de Juillet/Août, Sainte-Geneviève-des-Bois (entre autres) est, depuis ce matin, survolée, en raison de travaux réalisés par Aéroport de Paris sur la piste 4 à Orly.
Si les nuisances sonores sont évidentes pour les foyers génovéfains, ces travaux de rénovation et de mise en conformité sont nécessaires pour la sécurité des avions et leurs passagers. Quelques explications d’ADP pour mieux comprendre.

La rénovation est liée aux conditions d’usure normale de l’infrastructure. L’enrobé de la piste 4 date de 2006, la durée de vie est d’environ 10 ans. Des zones sont abîmées avec des attaques liées à la météorologie et à l’usage de la piste. De ce fait, la maintenance est importante pour sécuriser cette piste. Pour rappel, les rénovations de pistes sont nécessaires afin de maintenir la capacité opérationnelle de l’aéroport et la sécurité du personnel comme des voyageurs. Les avions roulant dessus à près de 250 km/h.

L’aire de sécurité d’extrémité de piste sera prolongée de 200 mètres afin de réduire les risques. Les déplacements aviaires et les cheminements de surveillances de piste seront refaits à neuf. Paris Aéroport profite de l’opportunité de cette rénovation pour améliorer la mise en sécurité de la piste en installant un nouveau système d’atterrissage aux instruments. Il doit permettre une utilisation plus performante de la piste dans des conditions météorologiques particulières. Il augmentera la sécurité des appareils sur la plate-forme, quel que soit le sens d’atterrissage.

La piste a été réalisée en 1963, rénovée en partie en 1995, puis en 2006 et 2009. Certaines zones sont vétustes. Les équipements électriques, les câblages, toutes les alimentations électriques et tous les systèmes qui permettent d’alimenter électriquement les pistes seront refaits en 2016-2017. Le but est de répondre aux nouvelles normes européennes. Les travaux seront réalisés dans le cadre d’une démarche environnementale avec la technologie «leds » pour le balisage entièrement rénové.

La piste 4 sera complètement fermée à l’exploitation durant les six semaines de l’été 2016. Seules la piste 3 (08/26) et piste 2 dite de secours (02/20) seront en activité. Paris Aéroport a élaboré le phasage de telle manière à optimiser le plus possible la durée des travaux. Il a été demandé aux compagnies aériennes de réduire l’activité durant ce temps. Un travail avec les compagnies a donc été effectué de façon à limiter à la baisse la programmation des vols sur la base du volontariat avec des déplacements ou des suppressions provisoires de vols. Le respect du couvre-feu et l’impact limité des travaux sur les opérateurs aériens ont été les deux cadres de ce phasage.

Sur les six semaines de l’été 2016, les équipes travailleront 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, afin de comprimer le plus possible la gêne.

Pour rappel, les travaux ont été programmés sur la période la moins pénalisante pour les foyers. Cœur d’Essonne Agglomération et la Municipalité ont obtenu de l’aéroport d’Orly qu’aucun avion ne survole la zone avant 7h du matin. » Pour toute question : DGAC – Direction des Services de la Navigation Aérienne. Tel : 01 58 09 43 21 » (5)


A la recherche de l’argument qui tue

Si les nuisances sonores sont reconnues, elle sont justifiées par la sécurité, par l’environnement (qui peut être contre des leds ?), ainsi que par l’indépassable « moins pénalisant ». A aucun moment on n’envisage de diminuer drastiquement les vols pour laisser à la piste 2 sa vocation de secours ou de fermer l’aéroport durant un bref laps de temps comme cela se pratique ailleurs. Alors, nous assistons à l’affrontement argumentaire : il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Avec le renfort de ceux qui soutiennent ceux qui sont pour, et celui de ceux qui sont contre mais qui pensent au fond d’eux-mêmes qu’on ne peut rien faire, que c’est un moment à passer et que, donc, il faut le subir.

La fascination du transport aérien et sa croissance démesurée, les déplacements inutiles qu’il suscite – au mépris de toute sobriété – la coûteuse guerre économique entre les compagnies concurrentes, le mythe de la compétition économique mondialisée, les emplois faussement créés dans les zones aéroportuaires… sont autant de justifications pour repousser sans cesse les limites des survols des riverains par les avions.


Les nuisances oubliées

Les maires et les associations, s’ils évoquent les nuisances sonores, évoquent rarement les nuisances causées par la pollution des gaz de combustion des réacteurs volant à basse altitude. Une altitude qui, contrairement à ce qui a été annoncé dans la presse locale (dernier article du Parisien Essonne-matin), semble plus basse qu’au démarrage des travaux lorsque l’on étudie le sujet pour une localisation terrestre fixe sur toute la durée de la rénovation  de la piste 4. Par ailleurs, des lecteurs du présent site ont rapporté d’importantes déflagrations notamment sur le plateau de Juvisy-sur-Orge causant de nombreux dégâts à des toitures de maisons. Quels recours ont ces riverains ?

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Quartier de Juvisy Plateau : passage des avions à basse altitude, des déflagrations suivies de bruits de tuiles, lors des travaux 2016 de la piste 4 d’Orly. © Isabelle CANDELIER, 24 août 2016. (6)

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Quartier de Juvisy Plateau : zoom sur la toiture d’une maison ayant subi des dégâts après le passage d’un avion à basse altitude avec déflagration suivie de bruits de tuiles se décrochant de la toiture (voir au centre de la photographie). © Isabelle CANDELIER, 24 août 2016. (6)

Conclusions pour les sinistrés des travaux d’Orly 2016. Davantage de bruit. Davantage de gaz de combustions. Davantage de poussières… Des élus fatalistes et complaisants. Que demander de plus ? Et dire que cela doit recommencer l’année prochaine en 2016, puis en 2018 et en 2019…


RÉFÉRENCES
1. DEGRADI Laurent, « Le bruit des avions s’estompe avec la fin des travaux d’Orly. Transports. En raison de travaux sur les pistes, le Val d’Orge a été survolé tout l’été par les avions. Très vive début juillet, la colère des habitants s’est finalement atténuée », Le Parisien Essonne-Matin, 22 août 2016 (pdf) :
LPE ORLY 22-08-2016.
2. Lettre des maires de Juvisy-sur-Orge, de Savigny-sur-Orge et de Viry-Châtillon à Madame la Ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, 25 juillet 2016 (pdf) :
JSO SSO VC A SG 25 juillet 2016.
3. F. L. et C. Ch, « Vallée de l’Orge. Les maires s’unissent contre ADP », www.leparisien.fr, 26 juillet 2016 (pdf) : Vallée de l’Orge : les maires s’unissent contre ADP – Le Parisien. « Aéroport d’Orly. Nuisances aériennes : les maires renoncent à porter plainte », Le Parisien Essonne-matin, 8 août 2016 (pdf) : LPE ORLY CER 08-08-2016.
4. Commune de Morsang-sur-Orge. « Pétition : Morsang mobilisée contre les nuisances sonores », http://www.morsang.fr/spip.php?article15292. Page consultée le 27 août 2016. 331 signataires de la pétition mise en ligne : https://www.change.org/o/ville_de_morsang_sur_orge.

Travaux Aéroport d’Orly : Stop aux nuisances sonores à Morsang
Ville de Morsang sur Orge
La Municipalité et la population Morsaintoise exigent de la DGAC et de la Direction d’ADP que soient respectés les engagements pris :  respect des horaires du couvre feu, de l’altitude lors des phases d’atterrissage et de décollage, réduction de la fréquence et du nombre de vols, afin de limiter, le plus possible les nuisances sonores subies en raison des travaux de rénovation de la piste 4 de l’Aéroport d’Orly.

Rappelons que cette commune fait partie de la communauté d’agglomération Coeur d’Essonne.
5. Commune de Sainte-Geneviève-des-Bois, « Survol de Sainte-Geneviève-des-Bois : des travaux a Orly du 18/07 au 28/08/2016 », www.sgdb91.com/news/actualites/actualites/survol-de-sainte-genevieve-des-bois-des-travaux-a-orly-du-1807-au-28082016-1.html. Page consultée le 8 août 2016.
6. Photographies reproduites avec l’aimable autorisation d’Isabelle CANDELIER, habitante de Juvisy-sur-Orge, 24 août 2016.

© Paul-André BEAUJEAN, 27 août 2016, 23 h.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 (3) : la DGAC confirme l’augmentation incessante du niveau des nuisances subies par les riverains

Dans notre précédent article sur les travaux de la piste 4 de Paris-Orly, nous regrettions l’étonnant silence de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Par la voie de sa Mission Environnement, elle vient de nous communiquer les réponses aux questions posées. (1)

La réponse de la DGAC

Lisons ensemble le courriel de la Mission Environnement de la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA) de la DGAC :

Sujet : Travaux Orly – Survols de Savigny-sur-Orge (91) Date : Fri, 05 Aug 2016 14:12:41 +0200 De : Environnement-DSNA <environnement-dsna@aviation-civile.gouv.fr> Pour : Jean-Marie CORBIN

Bonjour,

Vous avez demandé des précisions sur le nombre de décollages et atterrissages sur les pistes 2 et 3 à l’aéroport de Paris-Orly dimanche 24 juillet.

Il ressort de l’étude menée que 673 mouvements ont eu lieu ce jour-là :
222 avions au décollage de la piste 2 (aucun à l’atterrissage) ;
114 avions au décollage de la piste 3 et 337 à l’atterrissage de cette piste

Nous vous précisons que ces travaux engendrent des modifications d’exploitation de l’aéroport mais ils contribueront à la sécurité aéronautique et à l’efficacité opérationnelle de la plate-forme.

Cependant, les premières journées de travaux n’ont pas permis de gérer les 3 périodes de pointe comme il avait été annoncé car le trafic a été très dense. Mais nous vous confirmons que la situation devrait progressivement s’améliorer.

Si vous souhaitez obtenir rapidement des informations de nature factuelle sur des survols, n’hésitez pas à prendre contact avec la maison de l’environnement de Paris-Orly, gérée par Aéroports de Paris et ouverte du lundi au vendredi de 08h30 à 16h30 (tél 01 49 75 90 70).

Elle dispose du système VITRAIL permettant d’apporter un premier niveau d’information sur des survols, par la visualisation en temps différé des trajectoires des avions.

Cordialement,
DSNA/Mission Environnement

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Survol de Savigny-sur-Orge dans l’axe de décollage de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, le 6 août 2016, à 14 h 22. © Photographie MM pour PEE.


Confirmation de notre analyse par la DGAC

673 mouvements en une journée représentent sur un an 245 645 mouvements. Nous sommes toujours au dessus de la moyenne annuelle confortant notre première analyse.

Nous sommes dans une relation « un tiers / deux tiers » au niveau des usages des pistes. Conformément à nos calculs, publiés dans notre précédent article, la piste 3 chargée de 451 mouvements a été saturée toute la journée du 24 juillet 2016. Le reste du trafic, un tiers, a donc été reporté sur la piste n° 2. Cela ne relève plus de l’usage exceptionnel comme cela a été présenté en avril dernier.

  • Les travaux « contribueront à la sécurité aéronautique et à l’efficacité opérationnelle de la plate-forme. » Au même titre que l’on ne sait pas quelle est la proportion entre ceux qui sont supprimés et ceux décalés sur les soi-disant 2 000 mouvements réaménagés pendant 6 semaines, on ne sait plus si l’intérêt majeur des travaux est d’améliorer l’efficacité de la plateforme ou bien, comme annoncé, seulement sa sécurité…
  • « Si vous souhaitez obtenir rapidement des informations de nature factuelle sur des survols, n’hésitez pas à prendre contact avec la maison de l’environnement de Paris-Orly, gérée par Aéroports de Paris« . Sauf que dans un courriel en date du 28 juillet 2016, le Pôle relations territoriales Sud de la Maison de l’environnement et du développement durable de Paris-Orly nous avait répondu que : la « Mission Environnement de la Direction Générale de l’Aviation Civile vous apportera directement des éléments de réponse à vos interrogations qui relèvent de leur compétence ». On tourne en rond, tels des avions attendant qu’une piste veuille bien se libérer pour atterir. A ce rythme-là, on va à la panne sèche de kérosène…

Fort de cette seconde série de chiffres, il apparaît qu’ADP n’a jamais souhaité faire de concession pour la tranquillité des riverains et entend bien ainsi tester leur résilience à supporter les développements aéroportuaires à venir d’Orly.

Ces faits confirment que les nuisances aériennes subies par les riverains :

  • sont considérées comme légitimes par la DGAC : c’est-à-dire, comme un mal naturel qui est une conséquence du développement des transports aériens,
  • font l’objet d’une stratégie différenciées selon les territoires survolés (tantôt l’un, tantôt l’autre),
  • sont en constante augmentation. (2)

Pour la journée du dimanche 24 juillet 2016, 673 mouvements d’avions (sur les seules pistes 2 et 3 d’Orly) représentent sur une durée de 17,5 heures (de 6 h 00 à 23 h 30), une moyenne de 39 avions à l’heure, soit un avion toute les deux  minutes.

Il reste important de se mobiliser très fortement pour exiger une réduction significative des mouvements (au moins de 30 %) pour les prochaines sessions de travaux prévus durant les étés 2017, 2018 et 2019. Ce qui nécessite le refus des arguments fatalistes qui justifient l’augmentation du trafic, et par voie de conséquence, légitiment la dégradation continue et durable de la qualité de vie des riverains et des Sud-franciliens.

DECOLLAGE SSO 06-08-2016

Survol de Savigny-sur-Orge dans l’axe de décollage de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, le 6 août 2016, à 14 h 22. © Photographie MM pour PEE.


RÉFÉRENCES
1. CORBIN Jean-Marie, MÉRIGOT Bernard, « Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 (2) : nuisances aériennes, ce qu’ADP (Paris Aéroport) cache aux riverains », www.portes-essonne-environnement.fr, 2 août 2016 : http://portes-essonne-environnement.fr/aeroport-dorly-chronique-des-travaux-2016-2-nuisances-aeriennes-ce-quadp-paris-aeroport-cache-aux-riverains/.

2. Quelles sont les missions de la Direction des services de la navigation aérienne (DGAC) du ministère de l’Environnement ? Elles apparaissent ainsi sur le site officiel du ministère :

« Les missions de la DSNA (prestataire de service de navigation aérienne et service à compétence nationale) sont de fournir aux usagers de l’espace aérien les services de contrôle du trafic aérien, dans les meilleures conditions de sécurité, de régularité et de prix ; préserver l’environnement grâce à différents engagements du Grenelle Environnement ; faire évoluer les moyens du contrôle aérien.”
Site internet consulté le 8 août 2016 : http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Navigation-aerienne-.html.

Le malentendu réside dans le fait que la DSNA s’adresse aux « usagers de l’espace aérien » et non aux « usagers des territoires survolés ». D’où le discours que l’on peut qualifier de « convenu » qu’elle tient : annonce de travaux, justification des nuisances supplémentaires, contraintes du couvre-feu pour ADP, incertitudes diverses…

PEE lui a écrit le 25 juillet 2016. Elle nous a répondu le 8 août 2016, à 11 h 54.

« Objet: Travaux Orly : survols des communes des Portes de l’Essonne

Bonjour,

Par mail du 25 juillet, vous avez demandé des informations sur les passages fréquents d’avions de ligne à basse altitude au-dessus de certaines communes de l’Essonne.

Aéroports de Paris vous a apporté plusieurs réponses et que nous complétons ci-dessous.

Les survols actuels de certaines communes de l’Essonne sont effectivement dus aux travaux de la piste n°4 en cours sur la plateforme de Paris-Orly et programmés du 18 juillet au 28 août 2016.

Ces travaux, réalisés par Aéroports de Paris, engendrent des modifications d’exploitation de l’aéroport et ils contribueront à la sécurité aéronautique et à l’efficacité opérationnelle de la plate-forme.

Pendant cette période, l’objectif des services de la Navigation aérienne d’Orly est que les décollages et atterrissages des aéronefs s’effectuent essentiellement en piste unique (piste 3), avec une utilisation de la piste 2 durant les périodes quotidiennes de pointe (matin, début d’après-midi et soirée).

Ces éléments d’information ont été annoncés lors de la réunion organisée par Aéroports de Paris le 15 avril 2016 pour les élus des communes concernées et lors de la Commission Consultative de l’Environnement (CCE) du 16 juin 2016.

La DGAC avait bien confirmé, lors de cette réunion, l’intention d’utiliser la piste 2 lors des pointes de trafic, compte tenu des limitations de la seule piste Est-Ouest (piste n°3) restant disponible. Cependant, la complexité de la gestion de la plateforme dans cette configuration, où un certain nombre de voies de circulation au sol sont indisponibles pour travaux, rend la tâche des contrôleurs d’autant plus difficile lorsqu’il s’agit d’alterner en toute sécurité des changements de configuration de piste en cours de journée. De plus, la nécessité de respecter le couvre-feu (entre 23h30 et 06h00 locales), imposée sur la plateforme, empêche de lisser le trafic en décalant significativement le programme de vol de la journée.

La DGAC a conscience de l’impact sur les populations riveraines des survols dus à un plan de circulation aérienne exceptionnel très dépendant des travaux réalisés par ADP.

Dans l’immédiat et pour le reste de la période des travaux, la DGAC s’engage à adapter au mieux les configurations de piste à la demande de trafic, tout en respectant les limites qu’impose le couvre-feu.

La baisse de trafic attendue pour le mois d’août laisse espérer une utilisation moindre de la piste Nord-Sud (piste n°2), quoique la situation opérationnelle doive rester tendue jusqu’à la fin des travaux.

Cordialement,
DSNA/Mission Environnement

Ainsi donc, il ne faut guère compter sur un ralentissement des nuisances aériennes et des pollutions au-dessus des villes survolées durant ce mois d’août 2016…

© Jean-Marie CORBIN, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 9 août 2016, 22 h 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.


Complément : Vidéo amateur d’un avion au décollage de la piste 2 le 6 aout 2016.

Avion survolant Savigny-sur-Orge dans l’axe de décollage de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, durant les travaux 2016 de la piste 4, engendrant d’importantes gênes sonores dans un secteur habituellement calme pour ce type de nuisances, ainsi qu’une pollution atmosphérique s’ajoutant au trafic routier et ferré. L’avion décollant a emprunté l’axe Orly (piste 2) / Athis-Mons / Juvisy-sur-Orge / Savigny-sur-Orge / Morsang-sur-Orge / Villemoisson-sur-Orge / Epinay-sur-Orge… © MM pour PEE, 6 août 2016.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 9 août 2016, 22 h 45.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 (2) : nuisances aériennes, ce qu’ADP (Paris Aéroport) cache aux riverains

Depuis le 18 juillet 2016, les habitants de la vallée de l’Orge (où se trouvent notamment les villes essonniennes de l’ancienne CALPE intégrées dans l’EPT 12 : Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge, Morangis, Paray-Vieille-Poste, Savigny-sur-Orge et Viry-Châtillon) sont accablés par les survols quasiment continus d’avions à très basses altitudes en provenance ou en direction de l’aéroport d’Orly. La cause avancée : les avions décollent de la piste n° 2 en raison de travaux de réfection de la piste n° 4. (1)

Pourquoi tant d’avions au décollage sur la piste nord-sud d’Orly dite n° 2 ? Telle est l’interrogation posée aux responsables du site Internet Portes de l’Essonne Environnement (PEE) par ses nombreux lecteurs, particulièrement ceux qui habitent dans les communes concernées. (2) Cela revient à remettre en cause le contenu de la communication institutionnelle du groupe Aéroport de Paris (ADP), cautionnée par le ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer dont dépend la Direction générale de l’aviation civile (DGAC).

Tracés des différents décollages simulés par ADP - © ADP avril 2016

Tracés des différents décollages simulés par ADP. © ADP, avril 2016. (3)


Notre enquête

Pour aller au-delà de ce que ressentent les riverains survolés, pour examiner les faits et les arguments avancés, enfin pour être factuel, nous avons contacté :

  • La Maison de l’environnement et du développement durable de Paris-Orly (courriel : environnement.orly@adp.fr), malgré nos demandes insistantes concernant les chiffres de la répartition du trafic, nous a répondu à coté. Elle nous a fourni des informations très superficielles. Elle nous renvoie vers la DGAC pour la circulation aérienne.
  • La Direction Générale de l’Aviation Civile (courriel : environnement-dsna@aviation-civile.gouv.fr), également jointe, persiste dans un mutisme complet. Contrairement à la plaquette distribuée et les courriels de réponse de la Maison de l’environnement, la DGAC ne répond à aucun courriel. La rédaction de PEE est toujours dans l’attente de la première demande de renseignements effectuée le 18 juillet 2016, soit il y a 14 jours. Pas même une réponse d’attente. Nous sommes donc devant une assertion mensongère publiée et répétée, un non-respect d’un engagement public pris.
  • Nous avons également demandé des informations à des fins de recoupement auprès de l’association de défense des populations survolées du Val d’Yerres (AVEVY). Cette dernière dispose d’un excellent niveau d’expertise, d’outils statistiques et graphiques très puissants. AVEVY se tient à la disposition des associations de défense de l’environnement afin de leur transmettre des éléments de compréhension des survols inhabituels et pouvoir ainsi questionner ADP et la DGAC. Le directeur de la Direction des services de la navigation aérienne, Maurice GEORGES (depuis 2009), répondrait à ses demandes d’information en moins d’une heure… Pour étayer notre article sur l’utilisation de la piste n° 2 plus importante qu’annoncée de façon institutionnelle par ADP, nous avons donc entrepris une démarche auprès d’AVEVY sur le survol de la vallée de l’Orge et l’axe de la piste n° 2 durant la première semaine de travaux, précisément le dimanche 24 juillet. Particulièrement embarrassée par les questions posées, AVEVY a fourni un « chevelu » (une carte) des trajectoires empruntées par les avions sur la piste n° 3. Rien sur la piste n° 2 bien qu’elle dise qu’elle est en mesure de la faire. Elle a avoué préférer souhaiter maintenir ses relations, initiées depuis plusieurs années, avec le groupe ADP et la DGAC. D’ajouter les noms de deux sites publics de radar de poursuite. (4) Cette réponse n’a pas manqué de nous surprendre. (5)
VERS P2 AU-DESSUS COROT et SSO

Survol de Savigny-sur-Orge dans l’axe d’atterrissage de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, le 25 juillet 2016, vers 19 h 30. Au premier plan, le lycée Jean-Baptiste Corot non survolé habituellement, sauf utilisation exceptionnelle de la piste de secours n° 2. © Photographie, SMM/PEE.


Notre analyse

Analysons la situation avec les d’éléments à notre disposition.

Le nombre de vols. Au cours des différentes conférences données par AVEVY, le plafond du nombre de mouvements effectifs (décollages plus atterrissages) est donné pour un total d’environ 240 000 mouvements. (6)

Selon la réponse donnée par le groupe ADP le 19 juillet 2016, le nombre de mouvements a été de 744 pour la journée du 18 juillet 2016. (7)

  • Soit rapporté sur une année 271 746 mouvements, c’est-à-dire 13 % de plus que le plafond constaté. Le groupe ADP, sur sa plaquette officielle, prétend avoir réduit de 2 000 mouvements par rapport à son trafic habituel, soit seulement 57 mouvements par jour en moyenne. Notons que sur un autre document, ADP prévoit non pas la suppression mais la répartition des 2 000 sur d’autres tranches horaires « légèrement » moins fréquentées. (8)
  • Si on ajoute ces 57 mouvements au 744 du 18 juillet 2016, cela fait 801 mouvements par jour, soit rapporté sur une année 292 565.

A trafic journalier constant, le trafic estival est supérieur de 20 % au trafic annuel moyen. Un chiffre qu’il faut relativiser légèrement car, selon le jour de la semaine, le trafic est plus ou moins important.

L’aubaine des travaux. La décision du groupe ADP d’organiser les travaux l’été n’a aucune corrélation avec une quelconque baisse de trafic qui, bien au contraire, est augmentée avec les congés. Comme nous l’a suggéré AVEVY, ADP a organisé les travaux en cette période de l’année en misant sur l’absence pour les vacances d’été d’une partie des populations survolées. Ce raisonnement peut être jugé comme pervers de la part d’ADP, car il revient à chasser les riverains insatisfaits qui en ont la possibilité d’aller vivre ailleurs, et, à négliger le sort des populations empêchées de partir en vacances dans cette période de six semaines. Cela constitue une discrimination choquante.

La fréquence des vols. Nous avons également observé à l’aide d’un simple chronomètre numérique, que l’intervalle moyen au décollage de la piste n° 2 entre deux avions est d’environ 2 minutes. En raisonnant sur un trafic moyen équilibré entre atterrissages et décollages : 744 mouvements par jour, cela signifie 372 décollages. À raison d’un décollage toutes les 2 minutes, il faut donc 12,4 heures, soit 12 h 24 pour écouler tout le trafic. Or l’aéroport d’Orly est ouvert 17 h 30 par jour. (9) Cela signifie que l’aéroport d’Orly n’est pas saturé durant près de 5 h par jour.

Ou exprimé autrement, l’aéroport d’Orly fonctionne plus des deux tiers du temps en mode saturé. La notion de trafic de pointe ne veut plus rien dire alors que, sur la plaquette relative aux travaux 2016, ADP annonce l’usage de la piste n° 2 aux seules heures de pointe.

À raison d’un mouvement par piste toute les deux minutes, en 17 h 30, une seule piste ne peut absorber qu’un trafic d’environ 525 mouvements maximum (soit au maximum absolu moins des deux tiers du trafic).

Une situation prévisible qui cache une augmentation du trafic. Dans les faits, comme nous l’a suggéré AVEVY, par commodité d’exploitation, il est très peu probable que les contrôleurs aériens « jonglent » pour insérer « à-la-qui-mieux-mieux » des décollages sur la piste n° 3 en plus des atterrissages, avec les risques de collision que cela comporte. Par une plus grande facilité, le trafic habituel de la piste n° 4 est, probablement, quasi intégralement reporté vers la piste n° 2. (10)

Le groupe ADP et la DGAC ne pouvaient ignorer cette problématique. Ils savaient que la piste n°3 ne pourrait absolument pas contenir seule tout le trafic prévu. Ils ont donc menti délibérément aux populations dans l’intention de ne pas les braquer contre eux, avant le début des travaux, les plaçant ainsi devant le fait accompli. Et de leur faire accepter « en douceur » de nouvelles nuisances, discontinues – donc moins perceptibles – qui cachent les augmentations de trafic à venir.

DECOL P2 GARE JSO

Décollage depuis la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, au-dessus – en léger décalé – de la ligne du RER-C, au droit de la gare de Juvisy-sur-Orge, le 25 juillet 2016, vers midi. © Photographie SMM/PEE.


Quel respect pour les populations ?

Actuellement, face aux actuelles récriminations des riverains, la seule posture d’ADP consiste à répéter que les populations ont été informées quelques semaines au préalable. (11) C’est comme si un cambrioleur justifiait son geste par l’argument qu’il a prévenu qu’il allait attaquer une banque. « Vous allez subir de nouvelles nuisances. Vous ne pouvez pas vous plaindre. Vous êtes au courant. »

En fait, les riverains survolés sont confrontés à un habillage argumentaire. Il cache la montée d’une marche supplémentaire de l’escalier des nuisances aériennes.

Perruches à Savigny-sur-Orge (c) septembre 2015 Jean-Marie CORBIN

Seul un très grand rassemblement de perruches devant la piste n° 2 pourrait avoir raison du « rouleau compresseur » ADP-DGAC. © Photographie, Jean-Marie CORBIN, septembre 2015.


RÉFÉRENCES
1. Groupe ADP, DGAC, « Aéroport de Paris-Orly. Information sur les travaux de la piste 4 du 18 juillet au 28 août 2016 », plaquette n° 22509, 6 p., mai 2016 (pdf) : ORLY TRAVAUX 2016 – 22509 ADP. Ce document ne dit pas qu’il s’agit de la première phase de travaux de rénovation de la piste 06/24, dite n° 4. La seconde phase aura lieu durant l’été 2017. Puis ce sera au tour de la piste 3 en 2018 et 2019.
2. A noter que les nuisances continues créées par ADP en cette période estivale sont vécues également par plusieurs rédacteurs de PEE qui vivent dans la vallée de l’Orge actuellement survolée. C’est dire que nous comprenons le sentiment d’exaspération de nos lecteurs.
3. Communication du ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, Direction générale de l’aviation civile, « Travaux Orly piste 4 (06/24) du 18 juillet au 28 août 2016 », sous la direction de TRASSART-P, 16 mars 2016, 14 p. (pdf) : MEEM DGAC TO 2016.
4. Il s’agit des sites Internet étrangers Flightradar24 (https://www.flightradar24.com) et planefinder (https://planefinder.net/).
5. Tout comme la copie visible de la réponse courriel du directeur de la communication d’AVEVY à une association avec laquelle le périodique numérique référencé par la Bibliothèque nationale de France, PEE, ne souhaite pas être assimilé.
6. 10. Arrêté du 6 octobre 1994 limitant à 250 000 créneaux, soit 200 000 mouvements sur la plateforme aéroportuaire d’Orly (en théorie) : Ar_6_octobre_1994 JO199414328.
7. Réponse courriel de la Maison de l’environnement et du développement durable de Paris-Orly du 19 juillet 2016, 17 h 20.
8. Voir note n° 3.
9. Décision ministérielle du 4 avril 1968 instaurant un couvre-feu sur la plate-forme aéroportuaire d’Orly : decision ministrielle orly couvre feu 4 avril 1968.
10. Selon les jours car, il semblerait que, depuis que le président de Cœur d’Essonne (communauté d’agglomération de 21 communes) et certains maires de l’ancienne CALPE aient adressé un courrier au ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer au début de la seconde semaine des travaux afin d’obtenir d’ADP et de la DGAC le respect de leur engagement public d’utiliser la piste 2 aux seules heures de pointe, les nuisances se soient légèrement atténuées pour les habitants du val d’Orge riverains d’Orly. D’ailleurs, la soirée du 1er août et la matinée du 2 août 2016 ont été extraordinairement calmes pour tous les riverains concernés par l’axe de la piste 2 (Orly – Brétigny-sur-Orge) !
11. Dans son courrier au ministre, Cœur d’Essonne se plaint également d’avoir relayé une « information erronée » à ses administrés : CHEVALLIER Cécile, LOISY Florent, « Vallée de l’Orge. Les maires s’unissent contre ADP », Le Parisien Essonne-matin, 26 juillet 2016, p. I.

© Jean-Marie CORBIN, Bernard MÉRIGOT, 2 août 2016, 11 h 40.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.


Complément : Vidéo amateur d’un avion au décollage de la piste 2 le 20 juillet 2016.

Avion survolant Juvisy-sur-Orge et Savigny-sur-Orge dans l’axe de décollage de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, durant les travaux 2016 de la piste 4, engendrant d’importantes gênes sonores dans un secteur habituellement calme pour ce type de nuisances, ainsi qu’une pollution atmosphérique s’ajoutant au trafic routier et ferré. Remarquez le croisement de l’avion décollant avec un avion atterrissant. L’avion décollant a emprunté l’axe Orly (piste 2) / Athis-Mons / Juvisy-sur-Orge / Savigny-sur-Orge / Morsang-sur-Orge / Villemoisson-sur-Orge / Epinay-sur-Orge vers Les Ulis… et l’ouest. © MFC pour PEE, 20 juillet 2016.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 2 août 2016, 12 h 20.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 : tous les riverains sont des victimes potentielles

« Comment rendre acceptables des nuisances inacceptables ? » Cette question résume la tâche du gestionnaire de l’aéroport d’Orly, Paris-Aéroport (groupe Aéroport de Paris, ADP), et de son administration de tutelle, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) du ministère des Transports.

Gérer un aéroport qui accueille un nombre croissant de passagers, a pour conséquence d’augmenter sans cesse les nuisances causées aux riverains : nuisances permanentes et nuisances temporaires, nuisances de proximité immédiate et nuisances distantes, nuisances continues et nuisances discontinues. Tout habitant survolé par des avions a été, est ou sera atteint dans sa qualité de vie.

Les communes survolées (ainsi que les quartiers), les altitudes, les types d’appareils, les jours, les heures, les cadences… sont changeants. Ce 18 juillet 2016, un habitant demeurant à Villemoisson-sur-Orge, deux autres de Morsang-sur-Orge, quatre autres encore de Savigny-sur-Orge, trois de Juvisy-sur-Orge découvrent les débuts des travaux de la piste 4 par le ballet incessant des avions au-dessus de leurs têtes entre 7 h 20 et 23 h 25 environ. Ils vivent sous l’axe d’atterrissage et de décollage de la piste 2, dite de secours et utilisée en heures de pointe durant la période des travaux de rénovation des pistes principales. Cet axe ? Brétigny-sur-Orge, Sainte-Geneviève-des-Bois, Villemoisson-sur-Orge, Morsang-sur-Orge, Viry-Châtillon, Savigny-sur-Orge, Juvisy-sur-Orge, Athis-Mons vers la piste 2 d’Orly. Tous nous interpellent par courriel…

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Avion dans l’axe d’atterrissage sur la piste 2 d’Orly, arrivant de Brétigny-sur-Orge, survolant Savigny-sur-Orge, vers Juvisy-sur-Orge puis Orly, le 18 juillet 2016 à 7 h 33. Les aéronefs ne passent que très rarement par-là. © Photographie SMM/CAD.

Pour être complet sur le sujet, il faut préciser qu’un autre ballet se déroule au même moment afin de faire emprunter la piste 3 aux avions en phase de décollage et d’atterrissage, en procédure de piste unique. Là, ce sont les habitants des communes suivant l’axe Chilly-Mazarin / Marcoussis – Janvry voire Étampes qui souffrent. (1)

Le citoyen peut tout accepter sauf l’inacceptable. Témoignages (2)

« (…) Comment se fait-il que nous n’ayons pas été informés des travaux d’Orly ? Encore un été où ne pouvons pas profiter de notre jardin à cause des avions et de la piste 2. Aucun message sur le site de la ville, des liens ou des adresses mails qui ne fonctionnent pas sur d’autres sites contre les nuisances, des articles de presse qui ne nous apprennent rien ou si peu, des sites spécialisés dans les nuisances, qui ne pensent pas aux autres villes, même pas de tract dans nos boîtes aux lettres… Si nous avions su, nous aurions programmé nos vacances à partir d’aujourd’hui et pas avant ! Heureusement que vous (NDLR : PEE) annoncez que l’opération sera renouvelée trois ans de suite encore. Nous serons plus attentifs pour nos congés en 2017. (…) » (Monsieur P. A., Savigny-sur-Orge, 18 juillet 2016)

« (…) En achetant notre appartement à Morsang-sur-Orge, il y a quelques années, nous n’avions vu que le cadre agréable de la ville et la proximité du parc du Séminaire. Orly était loin… Bonjour le réveil ce matin ! Difficile de comprendre que les élus se fassent le relais des mensonges d’ADP en insistant sur les nuisances exceptionnelles ou ponctuelles pendant les heures de pointe. Les avions en direction de la piste 2 sont passés toute la journée ! Et en plus, la chaleur est écrasante. Même les boules Quies sont insuffisantes. Une seule solution, partir car nous ne croyons pas à la bonne volonté d’ADP. Tout cela s’est pour mieux faire passer l’augmentation des vols dans les années prochaines. (…) » (Madame S. V., Morsang-sur-Orge, 18 juillet 2016)

« (…) Nous ne savons plus à qui s’adresser, les politiciens qui n’écoutent pas et ne prennent pas en compte notre santé. Depuis ce matin, depuis 7 h 30 et jusqu’à maintenant 22 h 40, et ce n’est pas fini (…) nous ne pouvons pas ouvrir nos fenêtres à cause du ballet incessant d’avions devant les habitations de notre rue. N’y a t-il pas des horaires de vols à respecter ? Ce n’est pas normal que, chaque année, nous devions nous voir privés de notre liberté et de notre tranquillité pour la réfection des pistes. Chaque année de nouveaux travaux, de nouvelles pistes… Ça ne s’arrête plus. C’est toujours la même réponse que l’on nous fait chaque année. On se moque de qui ? Nous n’avions pas d’avions quand nous avons acheté à Villemoisson-sur-Orge il y a 17 ans (NDLR : en 1999). Depuis 2010, depuis plus de cinq ans, en juillet et en août, c’est infernal. Notre santé est mise en cause, nos jardins sont encrassés, nous faisons des allergies, nous ne pouvons pas ouvrir nos fenêtres malgré la chaleur, le stress, le bruit qui nous tape sur les nerfs, la télévision que nous devons mettre plus fort. Ce n’est pas normal. Nous avons acheté à Villemoisson-sur-Orge pour sa tranquillité et sa qualité de vie. Or l’été nous ne pouvons plus profiter de notre jardin. Les années passent et le flux d’avions de plus en plus important, du fait de la réfection annuelle des pistes. (…) » (Madame M. M., Villemoisson-sur-Orge, 18 juillet 2016)

« (…) Et revoilà les avions ! Je comprends tout à fait que l’aéroport d’Orly soit rénové régulièrement. Il en va de la sécurité des passagers et du personnel navigant. Moi-même, je prends l’avion pour mes activités professionnelles et cela me rassure de lire dans vos articles que les pistes sont refaites et mises aux normes européennes. Mais, et il y a un mais, pourquoi faut-il que nous soyons mis sous le fait accompli en nous faisant voler les avions durant six semaines sans en être informé avant par nos élus ? Et pourquoi diable ADP nous dit dans sa brochure que la piste 2 ne sera utilisée qu’en période de pointe le matin, dans l’après-midi et le soir, si c’est pour nous survoler volontairement sans arrêt hier ? C’est plus supportable aujourd’hui, surtout avec la clim en route, mais il y a de l’abus. Et je viens de rejeter un coup d’œil sur le site de la ville, ils font enfin une annonce ! « Savigny survolé à titre exceptionnel ». Ils se moquent de qui avec ce terme ? (…) » (Monsieur J. L., Savigny-sur-Orge, 19 juillet 2016)

Les nuisances aériennes ne sont pas négociables.

Les aéroports sont une source directe de nuisances pour les populations riveraines. Le survol par les avions, au décollage ou à l’atterrissage, affecte de façon inégalitaire et variable les territoires. Pourquoi cette commune, et pas une autre ? Pourquoi ce quartier ? Pourquoi ce jour-ci ? Pourquoi cette période ?

Quelle est la limite d’acceptabilité des nuisances par les habitants d’un lieu ? C’est-à-dire le seuil à partir duquel manifestations et révoltes se produisent contre une situation imposée.

Comment les services gestionnaires des nuisances aéronautiques procèdent-ils ? Par la pratique régulière d’une tactique basée sur l’incrémentation, c’est-à-dire reposant non pas sur des modifications importantes et brutales, mais sur des séries de modifications mineures et régulières : tous les jours, quelques avions de plus, un peu plus gros, un peu plus bas, pour voir si cette augmentation « passe » ou bien si les riverains protestent.

Une pause, et puis on reprend une autre série.

Chaque riverain est un cobaye sur qui on teste un protocole. Celui-ci associe actions et discours : les actions pour mettre devant des faits accomplis, les discours pour présenter des arguments qui emportent la conviction. Ses indifférences comme ses réactions sont observées.

  • 15 avril 2016. Annonce par Franck MEYREDE, directeur de l’aéroport d’Orly, du déploiement de nuisances nouvelles sur des zones jusque-là non exposées. Cela fait partie du dispositif de rénovation des pistes depuis que l’aéroport existe. Il n’est pas anodin de rappeler que cet aéroport n’a pas été construit en terrain vierge de toute habitation : il s’est inséré dans un tissu urbain préexistant. (3) Les communes riveraines connaissent la chanson, l’utilisation de la piste 2 est coutumière en cas de travaux. Annoncer que les survols auraient lieu d’une façon discontinue durant une pointe le matin, une pointe l’après-midi et une pointe le soir sur cette piste 2 a eu pour effet de rassurer. Publier une plaquette avec ce message en gros caractères gras, idem. (4) Communiquer aux communes riveraines ledit message, qu’elles reprennent sans sourciller, idem. (5) Communiquer à la presse ledit message, idem une dernière fois ! (6)
  • Lundi 18 juillet 2016. Les survols d’une façon continue de 7 h 20 à 23 h 25 environ ont provoqué de vifs mécontentements. L’association Portes de l’Essonne Environnement a adressé un courriel à la Maison de l’environnement et du développement durable l’aéroport de Paris-Orly. Voici comment ADP justifie les premières entorses à leur annonce initiale :
    Les « travaux engendrent des modifications d’exploitation de la plateforme ; les décollages et atterrissages des aéronefs s’effectuent essentiellement sur la piste 3 et sur la piste 2 en fonction du trafic. Ce dernier très dense hier 18 juillet (744 mouvements) a occasionné une exploitation de la plateforme sur les deux pistes en continu. Cette première journée de travaux n’a pas permis de gérer les 3 périodes de pointe comme il avait été annoncé et le contrôle aérien a fait face à plus d’une heure de retard dans la gestion des vols. La situation devrait progressivement s’améliorer. »  (7)
  • Mardi 19 juillet 2016. Les survols sont effectués d’une façon discontinue dès 7 h 19, avec des trafics plus ou moins réguliers, une petite pause dans la journée, davantage d’avions de petits gabarits. Cela a un effet rassurant. Il y a eu (un peu) moins de nuisances sonores. (8)
  • Et demain ? Et durant ces six prochaines semaines, jusqu’au 28 août s’il n’y a pas d’incident ou de problème météorologique ?

Interpeler toujours plus

La Charte de l’environnement, les chartes de bonne gouvernance, la Charte de la participation du public et de la démocratisation du dialogue environnemental, la gouvernance partagée, la concertation, la démocratie environnementale, la démocratie participative… nécessitent une prise en main permanente par le citoyen des dossiers qui le concernent dans son quotidien. Les nuisances aériennes en sont un exemple parfait.

Cowboys et shérifs dégainaient leurs pistolets au Far West pour résoudre leurs conflits, dégainez vos claviers pour dénoncer les manquements à ce qui a été annoncé ou pour communiquer vos observations. A qui ?
1/ A la Maison de l’environnement d’Orly qui gère les problèmes de nuisances : environnement.orly@adp.fr (9) ;
2/ A la direction générale de l’aviation civile (DGAC) qui s’occupe de la circulation aérienne : environnement-dsna@aviation-civile.gouv.fr ;

3/ Faites un envoi avec copie à votre maire, votre président de communauté d’agglomération ou d’établissement public territorial, vos conseillers départementaux, sans oublier le président, votre député, les sénateurs de votre département, le président de la métropole du Grand Paris si votre commune en fait partie… (10)

A vos courriels !

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Avion au-dessus de la ligne de chemin de fer, quartier de la Gare de Savigny-sur-Orge, dans l’axe d’atterrissage sur la piste de2 d’Orly, le 18 juillet 2016 à 7 h 28. Les aéronefs ne passent que très rarement au-dessus de ce quartier. © Photographie SMM/CAD.

La dissonance cognitive

Une dissonance cognitive se produit lorsque deux données contradictoires se succèdent, par exemple lorsque ce qui se produit ne correspond pas à ce qui est annoncé. Dans la situation présente, elle a un effet : habituer les riverains à vivre dans l’arbitraire, dans l’imprévisible, dans le doute. Ils ne savent à aucun moment ce qui va se passer. Ils sont obligés de se soumettre à la loi de l’incertitude, remerciant par avance, non pas l’amélioration de la situation qu’ils vivent, mais tout simplement, la non aggravation de ce qu’ils subissent, face à la menace du « ça pourrait être pire » qui demeure une éventualité est toujours possible. Est-ce une situation normale ?

RÉFÉRENCES
1. Groupe ADP, DGAC, « Aéroport de Paris-Orly. Information sur les travaux de la piste 4 du 18 juillet au 28 août 2016 », plaquette n° 22509, 6 p., mai 2016 (pdf) : ORLY TRAVAUX 2016 – 22509 ADP.

2. Témoignages parvenus au contact courriel de PEE ou aux contacts personnels des rédacteurs de PEE les 18 et 19 juillet 2016. A noter que le manque flagrant d’information sur les sites des collectivités territoriales riveraines d’Orly, de la presse locale, de certaines associations, et d’Orly, a conduit un nombre considérable d’internautes à lire les articles publiés sur le présent média référencé au registre du dépôt légal du numérique de la Bibliothèque nationale de France. La fréquentation du 18 juillet 2016 a atteint près de 3 600 lecteurs.
3. LAPEIGNE Marie, « 1946 – 2016 : il y a 70 ans, les Américains rendaient l’aéroport de Paris-Orly aux Français », www.portes-essonne-environnement.fr, 9 janvier 2016, : http://portes-essonne-environnement.fr/1946-2016-il-y-a-70-ans-les-americains-rendaient-laeroport-de-paris-orly-aux-francais/.
4. Voir note 1.
5. Les sites Internet des communes d’Athis-Mons, Brétigny-sur-Orge, Épinay-sur-Orge, Juvisy-sur-Orge, Morsang-sur-Orge, Sainte-Geneviève-des-Bois, Savigny-sur-Orge et Viry-Châtillon ont été consultés le 18 juillet et le 19 juillet 2016. Seuls ceux de Savigny-sur-Orge et Viry-Châtillon n’informaient pas leurs administrés le 18. Viry-Châtillon n’a toujours rien publié au moment de la publication de cet article.
6. Documents : « Aéroport d’Orly. Des nuisances à cause du chantier », Le Parisien Essonne matin, 18 juillet 2016, p. I (pdf) : 2016-07-18 LPE TRAVAUX ORLY ; LEMONNIER Jérôme, « Aéroport. Six semaines de travaux à l’aéroport d’Orly », www.essonneinfo.fr, 19 juillet 2016 (pdf) : ESSONNEINFO ORLY 19 juillet 2016.
7. A noter que le 19 juillet 2016, les avions ont survolés Savigny-sur-Orge à partir de 7 h 19 jusqu’aux environs de 23 heures.
8. Maison de l’Environnement et du Développement durable de l’aéroport Paris-Orly à Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Courriel de réponse en date du 19 juillet 2016, à 17:20, au courriel qui a été adressé à ADP le 18 juillet 2016, à 23:50, sur le survol continu des communes de la vallée d’Orge suivant l’axe d’atterrissage vers la piste 2 ledit 18 juillet.
9. Maison de l’Environnement et du Développement durable d’Orly. Téléphone : 08 05 71 27 12 (appel gratuit / numéro vert). Courriel : environnement.orly@adp.fr. Site Internet : www.entrevoisins.org.
10. Quelques conseils. La plupart des collectivités territoriales possèdent une adresse ou un formulaire de contact pour les élus. Il en est ainsi  pour les maires (voir le site Internet de votre mairie), les départements (exemple pour l’Essonne : François DUROVRAY, voir sa fiche de contact sur http://www.essonne.fr/le-conseil-departemental/fonctionnement/lassemblee-departementale/#.V45ZyK4skfp), les communautés d’agglomération. Les sites Internet de l’Assemblée nationale et du Sénat ont une rubrique dédiée (députés : http://www2.assemblee-nationale.fr/deputes/liste/alphabetique ; sénateurs : http://www.senat.fr/elus.html). Seuls l’EPT 12 et la métropole du Grand Paris ne sont pas encore bien organisés sur ce sujet, donc contactez les services de presse. N’hésitez pas à utiliser aussi les réseaux sociaux pour atteindre les élus.

Vidéos
Les deux vidéos amateurs ont été prises à Savigny-sur-Orge, le 18 juillet 2016, à 8 h 19 (avion) et à 8 h 25 (avion à hélice) sur une partie de l’axe qui n’est habituellement pas emprunté par les aéronefs, ni en temps normal de trafic, ni en cas d’incident nécessitant l’utilisation de la piste 2 dire de secours, à savoir le tracé de la ligne de chemin de fer, là où l’État veut densifier la population. © Moyens techniques MFC pour PEE.

Pour en savoir plus sur la nature des travaux de l’été 2016, lire :

© Bernard MÉRIGOT, Marie LAPEIGNE, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 19 juillet 2016, 23 h 50.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.