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Les populations essonnienne et « mgpienne » au 1er janvier 2017 (INSEE)

L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a publié les valeurs de la population légale 2014, en vigueur au 1er janvier 2017. Le département de l’Essonne compte 1 268 228 habitants (population dite « municipale »). La Métropole du Grand Paris (MGP) compte, elle, 6 999 077 habitants dont 686 407 pour le GOSB (EPT 12).


La population essonnienne continue de croître à un bon rythme, avec 1,14 % d’augmentation par rapport à 2013 (valeur entrée en vigueur au 1er janvier 2016), ce qui la place parmi les départements les plus dynamiques d’Ile-de-France. (1) Cette hausse s’explique principalement par une poussée immobilière dans les secteurs très urbanisés et par une forte croissance économique. Ceci ne sera pas sans poser de problèmes en matière d’infrastructures et d’équipements communaux, de densification de population, de transports en commun.

L’Essonne compte 196 communes, dont :

  • une de plus de 50 000 habitants, Évry (53 609 hab. – en hausse)
  • deux entre 40 et 50 000 habitants, Corbeil-Essonne (49 373 hab. – en hausse) et Massy (48 372 hab. – en hausse)
  • six entre 30 et 40 000 habitants, Savigny-sur-Orge (37 045 hab. – en baisse), Sainte-Geneviève-des-Bois (35 877 hab. – en hausse), Palaiseau (32 461 hab. – en hausse), Viry-Châtillon (31 350 hab. – en hausse), Vigneux-sur-Seine (31 074 hab. – en baisse), Athis-Mons (31 434 hab. – en hausse).

La commune la moins peuplée de l’Essonne reste Chatignonville avec ses 57 habitants (en hausse).


Les chiffres de l’ancien territoire de la Communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE) – MGP / EPT 12 – entrant dans le calcul des dotations de l’État pour les communes, au 1er janvier 2017 :

  • Savigny-sur-Orge : 37 045 hab. – en baisse, pour la deuxième année consécutive. Perte d’attractivité réelle ? En cause, la politique communale.
  • Athis-Mons : 31 434 hab. – en hausse.
  • Juvisy-sur-Orge : 16 160 hab. – en hausse.
  • Morangis : 112 563 hab. – en hausse.
  • Paray-Vieille-Poste : 7 378 hab. – en hausse.
  • Viry-Châtillon (entrée dans l’ancienne CALPE le 1er janvier 2016) : 31 350 hab. – en hausse.

Population totale de l’ancienne CALPE + Viry-Châtillon = 135 930 hab., soit un accroissement de 1,65 % par rapport à la situation de 2016 (population légale 2013).


Les chiffres de la population de l’EPT12 appelé Grand Orly Seine Bièvre (GOSB) :

  • Ablon-sur-Seine (Val de Marne) : 5 449 hab. – en hausse.
  • Arcueil (Val de Marne) : 20 911 hab.- en hausse.
  • Athis-Mons (Essonne) : 31 434 hab. – en hausse.
  • Cachan (Val de Marne) : 29 932 hab. – en hausse.
  • Chevilly-Larue (Val de Marne) : 19 151 hab. – en hausse.
  • Choisy-le-Roi (Val de Marne) : 43 505 hab. – en hausse (4e commune du GOSB).
  • Fresnes (Val de Marne) : 26 808 hab. – en hausse.
  • Gentilly (Val de Marne) : 16 358 hab. – en baisse.
  • Ivry-sur-Seine (Val de Marne) : 59 793 hab. – en hausse (2e commune du GOSB).
  • Juvisy-sur-Orge (Essonne) : 16 160 hab. – en hausse.
  • L’Haÿ-les-Roses (Val de Marne) : 30 772 hab. – en baisse.
  • Le Kremlin-Bicêtre (Val de Marne) : 26 661 hab. – en baisse.
  • Morangis (Essonne) : 12 563 hab. – en hausse.
  • Orly (Val de Marne) : 22 603 hab. – en hausse.
  • Paray-Vieille-Poste (Essonne) : 7 378 hab. – en hausse.
  • Rungis (Val de Marne) : 5 661 hab. – en hausse.
  • Savigny-sur-Orge : 37 045 hab. – en baisse (5e commune du GOSB).
  • Thiais (Val de Marne) : 28 812 hab. – en baisse.
  • Valenton (Val de Marne) : 13 346 hab. – en hausse.
  • Villejuif (Val de Marne) : 57 781 hab. – en hausse (3e commune du GOSB).
  • Villeneuve-le-Roi (Val de Marne) : 19 870 hab. – en baisse.
  • Villeneuve-Saint-Georges (Val de Marne) : 32 976 hab. – en hausse.
  • Viry-Châtillon (Essonne) : 31 350 hab. – en hausse.
  • Vitry-sur-Seine (Val de Marne) : 91 188 hab. – en hausse (1ère commune du GOSB).

Population totale du GOSB = 686 407 hab., soit un accroissement de 1,02 % par rapport à la situation de 2016 (population légale 2013).


Les chiffres de la population de la Métropole du Grand Paris (MGP, 131 communes) :

  • Paris : 2 220 445 hab.
  • Hauts de Seine : 1 597 770 hab.
  • Seine-Saint-Denis : 1 571 028 hab.
  • Val de Marne : 1 365 039 hab.
  • 6 communes de l’Essonne (ancienne CALPE) : 135 930 hab.
  • 1 commune du Val d’Oise (Argenteuil) : 108 865 hab.

Population totale de la MGP = 6 999 077 hab., soit un accroissement de 0,43 % par rapport à la situation de 2016 (population légale 2013).


RÉFÉRENCES
1. INSEE, Recensement de la population. Populations légales en vigueur à compter du 1er janvier 2017. 91-Essonne, décembre 2016,  14 p. (pdf) : insee-91-essonne-pop-2017.
2. Voir le site de l’INSEE pour la population légale en vigueur à compter du 1er janvier 2017 de Paris (75), des Hauts de Seine (92), de la Seine-Saint-Denis (93), du Val de Marne (94) et du Val d’Oise : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2525768.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 2 janvier 2017, 18 h 00.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.

Aéroport d’Orly. Nuisances aériennes, les inégalités de la capacité d‘agir des territoires survolés. Dossier

Les nuisances aériennes produites vont en croissant en nombre et en quantité. Nous sommes tous survolés par des avions, à tout moment et où que nous soyons. Il suffit de regarder le ciel. (1) Autant les nuisances engendrées (pollution sonore, pollution de l’air, pollution des sols…) sont cachées pour nombre de territoires, autant elles sont manifestes pour les riverains des aéroports. Celles-ci touchent de façon inégalitaire les territoires. Qu’est-ce qui fait qu’un territoire demeure relativement préservé des nuisances aériennes alors qu’un autre subit leur aggravation continue ?

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Où est le nuage ? Ou est la pollution ? Traînées de condensation d’avions (traînées de vapeur, traînées blanches, « contrail »). © Photographie BM/CAD pour PEE, 22 octobre 2016.

Sommaire de ce dossier
1. Les quatre inégalités environnementales
2. Les inégalités du pouvoir d’agir
3. Indétermination et indécision politique
4. Comment rendre tolérables des nuisances aériennes inadmissibles ?


1. Les quatre inégalités environnementales

Quels sont les liens entre les inégalités environnementales et une société locale ou un territoire urbain donné ? Guillaume FABUREL, dans une étude publiée en 2008, répond à cette question en se référant notamment aux quatre types d’inégalités établies par Lydie LAIGLE et Vincent OEHLER en 2004 :

  • les inégalités liées à l’héritage et au marquage des territoires urbains,
  • les inégalités d’accès à l’urbanité et au cadre de vie (habitat, équipements, services, transports, espaces verts et qualité de l’environnement urbain),
  • les inégalités d’exposition aux nuisances urbaines (bruits, pollutions, insécurité, etc.) et aux risques (naturels, technologiques, industriels, etc.),
  • les inégalités dans la capacité d’agir sur l’environnement et d’interpeller la puissance publique pour la transformation du cadre de vie. (2)

2. Les inégalités du pouvoir d’agir

Il est utile de s’interroger sur la façon dont ces quatre inégalités, qui sont à la fois sociales et environnementales, se cumulent. Quelles logiques territoriales de développement conditionnent les modalités de fragilisation des territoires et des populations qui y résident ? Comment alternent-elles trois états temporels successifs ?

  • Les héritages territoriaux : c’est-à-dire le passé.
  • Les expositions actuelles : c’est-à-dire le présent.
  • La capacité d’agir pour, sinon obtenir une amélioration, tout du moins empêcher une dégradation : c’est-à-dire l’avenir. (3)

 

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Chevelu des vols dans les couloirs d’arrivée à Orly, avec vents face à l’ouest, le 2 juin 2014. Extrait du site Internet de la DGAC. (4)

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Chevelu des vols dans les couloirs d’arrivée à Orly, avec vents face à l’est, le 2 juin 2014. Extrait du site Internet de la DGAC. (4)

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Chevelu des vols dans les couloirs de départ d’Orly, avec vents face à l’ouest, le 2 juin 2014. Extrait du site Internet de la DGAC. (4)

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Chevelu des vols dans les couloirs de départ d’Orly, avec vents face à l’est, le 2 juin 2014. Extrait du site Internet de la DGAC. (4)

Un couloir aérien (ou airway) est une voie de passage des avions définie par le code de l’aviation civile en France. Les avions circulent à l’intérieur de ces couloirs pouvant mesurer 18 kilomètres de large. Les aéronefs sont dans l’obligation de suivre les trajectoires établies par des règles internationales. Il peut arriver que des facteurs impondérables – tels les conditions météorologiques ou les incidents techniques sur une piste – perturbent la bonne utilisation des couloirs aériens et le respect des trajectoires. Des populations riveraines n’ayant pas l’habitude d’être survolées sont alors victimes de ces perturbations de façon temporaire. 

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Avion traversant notamment le ciel de Savigny-sur-Orge, le 3 octobre 2016 : une voie aérienne devenue journalière et très sonore alors qu’elle ne l’était avant les travaux de la piste 4 de l’aéroport Paris-Orly. © Photographie NM pour PEE.

Et puis, il y a les perturbations rendues pérennes par les pouvoirs publics sans aucune concertation avec les autorités locales et les administrés. Deux exemples symptomatiques des inégalités du pouvoir d’agir. Le premier concerne le projet de modification des trajectoires de vol au décollage de Paris-Orly face à l’est annoncé par voie de presse le 20 juin 2016 aux futures victimes des nuisances aériennes alors qu’elles n’en connaissaient que peu jusqu’alors… (5) Ce changement est validé par la Commission consultative de l’environnement (CCE) de l’aéroport d’Orly où siègent notamment des élus et des associations environnementales telles que la fédération Essonne Nature Environnement, Alerte Nuisances Aériennes, AVEVY… Si la dernière nommée publie régulièrement des informations sur ses actions auprès des autorités aériennes, il n’en est rien pour les deux premières. Cela est fort regrettable, elles ne jouent pas le jeu de contre-pouvoir en mettant en ligne tous les documents ou tous leurs comptes rendus relatifs à la CCE d’Orly. (6)

  • Sous l’action conjuguée des élus du secteur concerné, des associations et des riverains, menée par le député Romain COLAS, le secrétaire d’État chargé des transports Alain VIDALIES a décidé de reporter l’entrée en vigueur de la modification des trajectoires de décollage, initialement prévue le 8 décembre 2016, et de lancer une nouvelle concertation. (7)
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Avion traversant notamment le ciel de Morsang-sur-Orge, Viry-Chätillon, Savigny-sur-Orge, le 13 septembre 2016 :  une voie aérienne devenue journalière et très sonore alors qu’elle ne l’était avant les travaux de la piste 4 de l’aéroport Paris-Orly. © Photographie PS pour PEE.

 

Le deuxième exemple concerne le dossier du survol bruyant et régulier de la vallée de l’Orge suite aux travaux ravageurs en terme de nuisances sur la piste 4 d’Orly l’été dernier. La communication officielle a été catastrophique. Les élus locaux de l’ancienne communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne n’ont pratiquement pas sourcillé sur les manquements quotidiens de Paris-Aéroport, ou, s’ils l’ont fait c’est avec une grande mollesse.

  • Une exception cependant la députée de la 7e circonscription de l’Essonne Éva SAS (EELV) reconnaissons-le mais elle n’agit exclusivement qu’avec des associations locales de son obédience (cartes à l’appui) qu’elle met régulièrement en avant oubliant volontairement l’existence d’autres associations environnementales qui se préoccupent aussi du problème des nuisances aériennes, qu’elle place ou fait placer dans certaines institutions et à qui elle distribue ou fait distribuer des subsides conséquents pour des communications qui demeurent hypothétiques puisqu’elles n’ont pas – à notre connaissance – été rendues publiques à ce jour, soit dix mois après la fin de la COP 21 (aucun document en ligne)… (8)
  • Une autre élue est particulièrement active au sujet des nuisances aériennes de l’été : Marjolaine RAUZE, maire de Morsang-sur-Orge, figure politique locale qui s’érige contre les arguments mensongers sur l’impact des travaux effectués par Paris Aéroport (ADP) et la DGAC. Une allégation mensongère ? Le non-respect des engagements pris par les autorités aériennes sur l’utilisation de la piste 2 : l’utilisation ponctuelle, soit trois fois deux heures au moment du trafic de pointe, s’est transformée en utilisation continue au décollage comme à l’atterrissage. Une deuxième allégation mensongère ? Les survols niés à très basse altitude qui ont provoqué des dégâts sur certaines toitures de Juvisy-sur-Orge ou Athis-Mons par exemple. (9)
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Avion traversant notamment le ciel de Morsang-sur-Orge, Viry-Chätillon, Savigny-sur-Orge, le 3 octobre 2016 : une voie aérienne très sonore devenue journalière et très sonore alors qu’elle ne l’était avant les travaux de la piste 4 de l’aéroport Paris-Orly. © Photographie PS pour PEE.

Comble de malheur pour les riverains de la vallée de l’Orge, à l’issu des travaux, les nuisances aériennes ont perduré et perdurent encore ! En effet, il ne se passe plus une journée ou une nuit sans que les avions ne survolent des espaces non survolés quotidiennement avant les travaux. Pourquoi ? Les raisons avancées par la DGAC : des avions venant ou allant à l’aéroport Roissy – Charles-de-Gaulle qui ne possède pas de couvre-feu nocturne, des trajectoires modifiées et des procédures nocturnes d’approche modifiées depuis le 16 septembre 2016 pour ce même aéroport afin de réduire les nuisances sonores des riverains de Roissy mais qui gênent les riverains d’Orly qui possède un couvre-feu nocturne. On mesure l’habileté de la gestion des nuisances qui utilise les inégalités existantes pour les aggraver.

Et pour les avions qui rayent le ciel diurne et nocturne de Morsang-sur-Orge, Viry-Châtillon, Savigny-sur-Orge, Épinay-sur-Orge… alors qu’avant les travaux de la piste 4 ce n’était pas le cas ? Une modification déguisée des couloirs sans concertation peut-être. (10) Mais, que font les élus locaux à ce sujet ? Dès lors que certains pouvoirs politiques sont défaillants, comment le simple citoyen peut-il lutter contre celui qui porte atteinte à la santé publique ? Les questions méritent d’être clairement posées, à tous les niveaux : du simple riverain administré aux élus de tous les échelons des collectivités territoriales en passant par les décideurs de l’aérosphère. Une lectrice du présent média numérique a interpelé ces derniers. Tout comme la rédaction de PEE, elle s’est trouvée en présence de discours et de pratiques des autorités aéroportuaires volontairement confus et/ou contradictoires. (11) Une hypothèse ressort de tous les échanges que la rédaction a eu ces derniers mois avec ses lecteurs : les travaux d’été se sont révélés être des lieux d’expérience jusqu’à la mi-octobre. ADP joue avec la santé des riverains survolés et à survoler afin de préparer une nouvelle exploitation maximale de la plate-forme Paris-Orly, notamment lorsque le bâtiment de jonction entre les aérogares Ouest et Sud sera mis en service au cours du premier semestre 2019…

Il existe une loi de la dissémination généralisée des nuisances. Un territoire déjà victime de nuisances acceptera assez facilement une augmentation des nuisances qu’il subit. Alors qu’un territoire, qui n’en subit aucune, acceptera difficilement de passer du stade « zéro nuisance » à celui de « nuisances nouvelles ». C’est l’application du principe de l’amoindrissement sensoriel.

La situation idéale pour un producteur de nuisances est de posséder un stock de territoires pouvant recevoir des nuisances nouvelles. Il recherchera donc à disséminer dans le présent les nuisances existantes afin d’être en capacité d’en développer de nouvelles dans l’avenir.

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Double peine pour les riverains survolés : avions traversant notamment le ciel de Morsang-sur-Orge, Viry-Chätillon, Savigny-sur-Orge, Épinay-sur-Orge, le 3 octobre 2016 : deux voies aériennes devenues journalières et très sonores alors qu’elles ne l’étaient avant les travaux de la piste 4 de l’aéroport Paris-Orly. © Photographie PS pour PEE.


3. Indétermination et indécision politique

Il ne faut pas se cacher qu’il existe pour un territoire donné à la fois une indétermination politique et une indécision politique. Nous somme en présence de deux capacités :

  • la capacité des ménages et des sociétés locales à changer une dégradation de leur « cadre de vie », notamment par leur implication démocratique dans les arènes de débat, leur environnement, à améliorer sa qualité. Lorsque cette capacité n’existe pas, ou bien est inopérante, on retrouve tout simplement ce que l’on désigne par un euphémisme, celui de la mobilité résidentielle, c’est-à-dire le fait que, face à une dégradation des conditions de vie, les habitants qui en ont la possibilité et les moyens, quittent ce territoire.
  • la capacité des territoires et de leurs pouvoirs, notamment par des modalités participatives et les nouvelles régulations de la gouvernance territoriale, à faire face tant aux situations de vulnérabilités induites par leurs héritages environnementaux qu’à leurs moyens inégaux pour améliorer le bien-être des populations résidentes.

Rappelons la Convention d’Aahrus signé par les pays de l’Union européenne en 1994 : Le public doit avoir « la possibilité de participer au processus décisionnel et a accès à la justice en matière d’environnement sans discrimination fondée sur la citoyenneté, la nationalité ou le domicile ». (12)

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Les pollutions aériennes, invisibles, insidieuses, sont accrues par le fait d’un nombre croissant de vols mais aussi par la taille sans cesse plus importante des aéronefs. © Photographie BM/CAD pour PEE, Nantes Atlantique, octobre 2014.


4. Comment rendre tolérables des nuisances aériennes inadmissibles ?

Les nuisances causées par les survols des avions augmentent sans cesse. Comment aborder de façon critique les mécanismes complexes qui permettent de repousser sans cesse la limite de tolérance des riverains ? La réponse réside dans les observations provenant de nos enquêtes de terrain. Elle visent à analyser les logiques de construction des postures et des discours des différents intervenants.

  • 1/ Logique de la complexité institutionnelle.
  • 2/ Logique technique et historique.
  • 3/ Logique de la communication institutionnelle des autorités.
  • 4/ Logique de l’escamotage.
  • 5/ Logique de rivalité entre les territoires.

1/ La première logique est celle de la complexité institutionnelle. Il existe une pluralité d’institutions, d’organismes et d’associations obligeant tout citoyen isolé, subissant des nuisances aériennes concrètes, avant de manifester une quelconque protestation, à essayer de comprendre à qui s’adresser. S’il ne comprend pas qui fait quoi, il se verra opposer une réponse dilatoire : « Ce n’est pas moi, il faut s’adresser à… »
Le premier exemple est offert par le partage entre Paris Aéroport (ADP) et la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC). Qui est en mesure de dire quelle est la vraie nature des relations entre ces deux autorités ? Et avec le ministère de l’Environnement ? Et avec la Préfecture ? Et avec les mairies ? Et avec les intercommunalités ? Et avec les conseils départementaux ? Et avec le conseil régional ? Et avec les établissements publics territoriaux et la Métropole du Grand Paris ?
Le second exemple est apporté par une galaxie d’associations « de défense ». Elles peuvent être communales, intercommunales, départementales, régionales, nationales… Certaines siègent dans diverses instances et commissions. Cela entraîne des conséquences.

  • Elles obtiennent des informations choisies (dont elles ont connaissance avant les citoyens), dont elles rendent compte en partie, dans des délais variables, ou pas du tout. Elles sont pénétrées de la reconnaissance dont elles bénéficient et du sentiment de savoir ce que d’autres ne savent pas, ce qui leur permet d’exercer un pouvoir intermédiaire « de relais ».
  • Elles se trouvent associées – parfois avec leur assentiment, parfois à leur insu – à des dispositifs qui les rendent de fait dépendantes des autorités.
  • Elles ne sont en aucun cas dans une posture qui leur permet de contester les dispositifs auxquels elles participent. C’est la rhétorique du « qui ne dit mot, consent »… Leur présence est utilisée comme une caution par les autorités.

La moindre réunion sur les nuisances aériennes rassemble des personnes disponibles – c’est-à-dire celles dont c’est le métier, ou bien celles dont c’est le « passe-temps associatif » – qui se connaissent parce qu’elles ont l’habitude de se retrouver périodiquement pour aborder les mêmes sujets. Il faut souligner que ces réunions se déroulent toutes en pleine journée, donc pendant le temps de travail excluant de fait toutes les personnes non retraités qui représentent des associations. Elles forment un cercle fermé qui communique peu vers l’extérieur et qui ne pratique pas d’Open data généralisés des documents publics ou des comptes rendus, ou infiniment peu. Sur les sites Internet des membres de la CCE d’Orly, aucune association environnementale ou d’usagers ne publie les documents publics, même pas les convocations avec les ordres du jour ! Bref, on pourrait y voir une certaine complicité entre ces gens d’une même « CCEsphère » : « qui ne publie pas, consent ». Et, après on se retrouve dans un imbroglio comme celui des nouvelles trajectoires de décollage face à l’est… (13)

2/ La seconde logique est d’ordre technique et historique. On ne va pas parler trivialement de « bruit » ou de « pollutions » mais de notions complexes, comme celles développées dans de multiples plans d’exposition au bruit (PEB) ou plans de gêne sonore (PGS) comportant de multiples données techniques. Comme certains responsables d’associations sont en place depuis plusieurs dizaines d’années, la connaissance de l’historique des nuisances dont ils sont porteurs est à la fois un signe de reconnaissance, d’ancienneté et de sérieux. C’est entrer sans la voir dans une « bulle d’illusion » qui amène à relativiser toute aggravation d’une situation déjà intolérable en amoindrissement ses effet.

L’accomplissement de cette seconde logique se vérifie en constatant que, loin d’observer une amélioration, on assiste à une augmentation lente et masquée des nuisances : toujours plus d’avions et de vols. Ainsi, une partie de Savigny-sur-Orge faisait partie du PEB de l’aérodrome Paris-Orly de 1975. Puis, elle a été déclassée dans une zone C ambigüe, à la fois supprimée et maintenue pour ses contraintes d’urbanisation dans le cadre de renouvellement urbain, une troisième zone « transparente » en sus des deux que compte le PEB arrêté le 21 décembre 2012. Parallèlement, elle ne figure pas dans le PGS arrêté en décembre 2013. Pourquoi ? Un mystère que ni les élus, ni les associatifs de la CCE de Paris-Orly sont en mesure d’expliquer alors que ces plans ont figuré à l’ordre du jour de cette même CCE… (14) Pire, certains associatifs se sont réjouis, bien trop vite, que le territoire savinien sorte des premières zones PEB en 2012 ! (15) Et, maintenant, on fait quoi avec les avions journellement et bruyamment sur les têtes des Saviniens ? Qui obligera la révision du PEB de 2012 ? Quant aux communes de la vallée de l’Orge qui subissent dernièrement des nuisances sonores pérennes depuis les travaux 2016, la plupart ne sont ni dans le premier plan ni dans l’autre. Quel discours leur sera tenu ?

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Plan d’exposition au bruit de l’aérodrome Paris-Orly, arrêté le 21 décembre 2012, extrait du site Internet de la préfecture de l’Essonne, www.essonne.gouv.fr consulté le 28 octobre 2016.

3/ La troisième logique est celle d’une communication institutionnelle des autorités. Elle est fondée sur plusieurs procédés comme celui du détournement d’argument. Pour communiquer sur les nuisances de l’été 2016, les autorités parlent de la nécessité d’effectuer des « travaux de sécurité ». Qui peut s’opposer à un tel argument « imparable » ? L’impératif sécuritaire – toujours urgent – impose l’augmentation des nuisances. La communication institutionnelle sait toujours tout sur tout. Elle n’interroge jamais l’habitant, le citoyen, l’usager : « On peut faire de différentes façons. Qu’est-ce que vous en pensez ? ». La question n’est jamais posée.

Cette communication use de la « stratégie du relais » qui applique la première logique. On a l’exemple de sa mise en œuvre dans les productions médiatiques, celle de la presse. Les contenus qu’elle livre sont variables. Ils sont mesurables sur une échelle d’indépendance, allant de l’analyse critique à la reprise « copié-collé » des communiqués adressés par les services de presse d’ADP, de la DGAC ou des préfectures, aux commentaires critiques, voire dans certains cas extrêmes à l’admiration, aux louanges…

4/ La quatrième logique est celle de l’escamotage. Elle est fondée sur la mise en œuvre – dans un dispositif pré-établi – de deux choses : ce qu’on voit, et ce qu’on ne voit pas. (16) Ce qui est montré permet d’attirer l’attention. Un discours visible : l’augmentation des nuisances, conséquence des travaux, est annoncée comme temporaire. Un discours caché : la modification subreptice des couloirs aériens : peu a peu, ils agrandissent leur toile dont les routes sont empruntées de façon de moins en moins discontinue.

5/ La cinquième logique est celle de la rivalité entre les territoires. Certaines communes subissent des survols incessants. D’autres subissent des survols limités et périodiques. Ce sont les victimes temporaires. De ce fait, les communes relativement épargnées vont craindre, en se manifestant, de subir le sort des victimes permanentes. « Ça pourrait être pire, demeurons discrets ». Il est évident que tout pouvoir teste, pas à pas, l’ampleur des réactions et des oppositions suscitées par chaque décision. Pour la prochaine décision. Une constante : le pouvoir agit toujours contre les territoires les plus faibles, les plus silencieux, les plus inactifs, et il respecte les plus forts, les plus prolixes, les plus actifs.

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Plan de gêne sonore de l’aérodrome Paris-Orly, arrêté le 30 décembre 2013, extrait du site Internet de la préfecture de l’Essonne, www.essonne.gouv.fr consulté le 28 octobre 2016.


Il ne faut en aucun cas conclure en étant inspiré par un quelconque fatalisme qui prendrait la forme de pensées démobilisatrices comme « les choses sont comme elles sont » ou bien « il n’y a rien à faire ». D’une part, parce que tout système de pouvoir vertical qui impose des décisions préétablies, sans aucun espace de co-élaboration citoyenne, ne peut en aucun cas être durable. Aucun « pouvoir d’en-haut » ne peut imposer ses décisions sans limites. D’autre part, parce qu’il comporte des impasses, des failles, des erreurs. Chaque secret, chaque connivence établie, décrite, analysée, dénoncée… par le « pouvoir d’en bas » remet en cause la légitimité du « pouvoir d’en-haut » à les prendre sans vraie concertation, sans la participation de tous aux décisions qui s’imposent à tous.


RÉFÉRENCES
1. Les traînées de condensation des avions – on parle aussi de traînées de vapeur, de traînées blanches ou encore de contrail pour condensation trail – sont crées par la condensation de la vapeur d’eau émise par les moteurs à haute altitude. Elles se produisent généralement à partir de 8 000 m d’altitude si le taux d’humidité est de plus de 68 % et la température inférieure à −39 °C à partir des noyaux de congélations fournis en grande partie par les gaz de combustion.
Le phénomène physique, étudié dès les années 1950,. dépend de phénomènes atmosphériques complexes.
Les traînées visibles s’estompent en général rapidement par sublimation mais peuvent se transformer, dans certaines conditions d’hygrométrie et de température, en nuages artificiels analogues à des cirrus allongés. Ces nuages artificiels peuvent couvrir de vastes surfaces de ciel, notamment dans l’hémisphère nord et persister durant plusieurs heures à des dizaines d’heures.
2. LAIGLE Lydie, OEHLER Vincent, « Les enjeux sociaux et environnementaux du développement urbain : la question des inégalités écologiques », Rapport final du CTSB /PUCA MELT, 2004, 100 p.
3. FABUREL Guillaume, « Les inégalités environnementales comme inégalités de moyens des habitants et des acteurs territoriaux », Espace populations sociétés, 2008/1, http://eps.revues.org/2430 ; DOI : 10.4000/eps.2430.
4. Direction générale de l’aviation civile (DGAC), « Journées caractéristiques du trafic aérien en Ile-de-France », Paris-Orly, 2 juin 2014 : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Journees-caracteristiques-trafic.html.
5. LAURENT Quentin, « Aéroport d’Orly : de nouvelles trajectoires pour moins de bruit », www.leparisien.fr, 20 juin 2016 : http://www.leparisien.fr/ablon-sur-seine-94480/aeroport-d-orly-des-nouvelles-trajectoires-pour-moins-de-bruit-20-06-2016-5900541.php.
Document infographique du Parisien.fr :

doct-le-parisien-orly

Document infographique extrait de l’article de LAURENT Quentin, « Aéroport d’Orly : de nouvelles trajectoires pour moins de bruit », www.leparisien.fr, 20 juin 2016.

6. Les documents publics relatifs à la CCE d’Orly doivent absolument faire l’objet d’un open data. Une demande est actuellement en cours auprès de la préfecture de région afin d’obtenir tous les documents publics de la CCE de ces dernières années, avec intervention auprès de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) si nécessaire.
7. COLAS Romain, « Suite à une mobilisation de Romain COLAS et des élus du territoire, le Gouvernement annonce une nouvelle concertation et la révision du calendrier de la procédure de modification des trajectoires de vol au départ d’Orly », www.romaincolas.fr, 18 octobre 2016 : http://www.romaincolas.fr/en-circonscription/218-orly-mobilisation-gouvernement-concertation-revision.
8. Voir le blog d’Éva SAS (EELV), députée de la 7e circonscription de l’Essonne, www.evasas.eelv.fr : http://evasas.eelv.fr/survol-rdv-aeroport-de-paris/. A l’instar d’un président de la République, un député (masculin ou féminin) n’est-il pas le représentant de tous les administrés de sa circonscription sans distinction politique ? Ne se doit-il pas de traiter toutes les associations de sa circonscription sans favoritisme, surtout lorsqu’il s’agit d’un problème de santé publique comme celui des nuisances aériennes ? Ce n’est guère le cas : la députée SAS et ses attachés parlementaires n’ont contacté aucune autre association savinienne, par exemple, pour tirer les conséquences de l’affaire des travaux d’Orly de l’été 2016 et offrir ainsi aux administrés une plus large couverture numérique d’information. Là aussi, il y a inégalité de traitement organisée par un représentant du pouvoir législatif élu au suffrage universel.
Pour les subsides versés à des associations pour des projets non aboutis à ce jour, demandez donc à certains responsables associatifs où en sont un certain « Inventaire urbanistique et environnemental de Savigny-sur-Orge » (3 500 € versés à l’association environnementale savinienne dont Madame SAS est adhérente – ligne budgétaire de la réserve parlementaire 2013 : http://evasas.eelv.fr/utilisation-de-la-reserve-parlementaire/) et une « Action menée par des associations de Savigny-sur-Orge pour sensibiliser les habitants de la commune aux enjeux de la COP » 21 qui s’est déroulée en novembre – décembre 2015 (15 000 € versés à cette même association par le conseil régional PS d’Ile-de-France en octobre 2015). Cette dernière sériée « mobilisation citoyenne » locale, les Saviniens n’en ont guère vu le jour puisque le concert pour le climat prévu a été annulé par le maire et que les outils d’information pédagogique annoncés dans la fiche action déposée au conseil régional ont été introuvables (non fabriqués ?), même sur le site Internet de l’association pilote d’un collectif (voir la fiche action pp. 109-111 : rapcp15-716rap). Et, les subventions nous direz-vous ?… Cagnotte… Voilà avec qui les élus de la 7e circonscription travaillent sur des sujets environnementaux, urbanistiques et autres.
9. COSSON Nolwenn, « Essonne. Comment éviter un deuxième été sous les avions ?, www.leparisien.fr, 13 octobre 2016 :  http://www.leparisien.fr/essonne-91/essonne-comment-eviter-un-second-ete-sous-les-avions-12-10-2016-6199125.php
. Lire également tous les articles relatifs aux travaux de la piste 4 de l’aéroport d’Orly durant l’été 2016 sur le présent site Internet : http://portes-essonne-environnement.fr/?s=Travaux+Orly.
10. PEE aura l’occasion de poser la question à ADP dans les prochaines semaines.
11. Quelques extraits des courriels de Nadia COMOLLI, habitante d’Épinay-sur-Orge, adressés à la Maison de l’environnement d’Orly, la DGAC, aux élus d’Épinay-sur-Orge et d’Europ’Essonne, à Portes de l’Essonne Environnement et à Essonneinfo.

– 14 octobre 2016, localisation : « Les travaux réalisés cet été par l’aéroport d’Orly sont officiellement terminés depuis la fin du mois d’août 2016. Pourtant le ciel d’Épinay-sur-Orge n’a pas cessé de gronder et de vrombir durant le mois de septembre et seuls des vents d’Est ont apporté un répit en ce mois d’octobre. (…) »
26 octobre 2016, questions : « (…) on m’a aimablement transmis le 21 octobre dernier une autre réponse de la Maison de l’Environnement et du Développement durable de l’aéroport Paris-Orly, donnée probablement le même jour et informant du fait  »qu’un retour complet à la normale était effectif depuis mi-octobre. » (NDLR : caractères mis en gras par la rédaction) Ce vendredi 21 octobre, le vent était d’ouest et je peux pour ma part attester qu’un retour complet et effectif à la normale n’avait toujours pas eu lieu. (…)
S‘il est déjà possible de noter le caractère contradictoire des réponses fournies par la Maison de l’Environnement et du Développement durable de l’aéroport Paris-Orly à trois interlocuteurs différents, il faut sans tarder commenter la notion de  »retour à la norme en vigueur », qui n’est pas équivalente à celle de  »retour à la normale » pour les populations survolées ou non survolées habituellement. (…)
S’il y a donc nécessairement eu un retour à la norme en vigueur, après la période exceptionnelle de travaux, il n’y a cependant pas eu de retour à la normale pour tout le monde, au sens d’une absence de retour à la situation qui avait cours, de manière stable et durable, avant le 18 juillet 2016. Je réaffirme avec force et vigueur que mon cadre de vie à Épinay-sur-Orge subit désormais des nuisances sonores dues, au premier chef, aux décollages d’avions à Paris-Orly par vent d’ouest et que ces nuisances y étaient inconnues avant cette date. (…)
Puisque les conséquences sous la forme de nuisances sonores diffèrent d’une période (avant le 18/07/16) à l’autre (depuis septembre 2016), il faut bien en conclure que quelque chose dans le détail des modalités d’exploitation de l’aéroport a été modifié. (…)
Ma première question est donc la suivante : depuis début septembre, y a-t-il eu une modification de ce faisceau de trajectoires ? Les trajectoires utilisées à Paris-Orly au décollage par vent d’ouest ont-elles subi un déplacement (plus ou moins vers l’est, si l’on peut dire les choses ainsi) ? Et/ou y a-t-il depuis ce moment, plutôt qu’un faisceau de trajectoires très ramassé sur lui-même, l’exploitation d’une aire beaucoup plus large par les avions qui quittent Paris-Orly ?
Il est bien entendu que je parle d’un phénomène relatif à une exploitation régulière et continue au fil des heures, et non pas d’un phénomène ponctuel. Du moins le déplacement du faisceau de trajectoires serait-il de nature à expliquer que les nuisances sonores atteignent à présent Épinay-sur-Orge, commune qui ne possède pourtant pas de surfaces concernées par le PGS.
(…)
À cette modification, déjà drastique, de l’environnement sonore, il faut ajouter des survols bruyants, car à relativement basse altitude, d’avions allant vers l’ouest après un décollage face à l’est et d’avions venant de Paris-Charles de Gaulle notamment en début de nuit. De manière générale, on constate la présence d’un plus grand nombre d’avions dans le ciel spinolien. (…)
Enfin, il est indéniable que les gens sont insuffisamment informés sur les dangers de la pollution par le bruit, laquelle est d’un type bien particulier lorsqu’elle provient du trafic aérien. Ces différents paramètres influeront probablement sur le nombre de signalements de la présence nouvelle de ces nuisances sonores dues aux avions à Épinay-sur-Orge. Mais expliquer n’est pas justifier l’existence d’une situation.
Ma seconde question est donc la suivante : le détail des modalités d’exploitation de la plate-forme aéroportuaire de Paris-Orly a-t-il été modifié pour servir de période de test ?
(…) »

Ces extraits sont reproduits avec l’aimable autorisation de Mme. COMOLLI qui attend, bien évidement, des réponses de la part d’ADP mais aussi des élus. Elle en fera part à PEE.
12. Union européenne, Convention d’Aarhus, 1994, article 3.9.
13. Préfecture de la région d’Ile-de-France, « Arrêté modifiant l’arrêté n° 2016-05-31-001 du 31 mai 2016 portant nomination des membres de la commission consultative de l’environnement de l’aérodrome de Paris-Orly », 10 p. (pdf) : recueil-idf-023-2016-06-recueil-des-actes-administratifs-special-du-15-06-2015.
14. Préfectures du Val-de-Marne et de l’Essonne, « Rapport de présentation du plan d’exposition au bruit approuvé par arrêté interpréfectoral du 21 décembre 2016 », 83 p. (pdf) : rapport_de_presentation_peb_orly ; « Aérodrome de Paris-Orly. Rapport de présentation du plan de gêne sonore approuvé par l’arrêté interpréfectoral n° 2013-3820 du 30 décembre 2016 », 28 p. (pdf) : rapport-de-presentation-pgs.
15. Elan – Savigny Environnement, « Enquête publique relative au plan d’exposition au bruit de l’aérodrome de Paris-Orly », tract mis en ligne le 1er mars 2012, à l’occasion de l’enquête publique du 10 février au 23 mars 2012, site Internet consulté le 28 octobre 2016, 1 p. (pdf) : observation_elan_peb.
16. Pour notre part, à Portes de l’Essonne Environnement, nous faisons nôtre ce qu’écrivait Charles PÉGUY : « Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. » (Pensées, Gallimard, 1934, p. 45).

Ce dossier est loin d’être terminé. A suivre donc…

© Dossier réalisé par Paul-André BEAUJEAN, Marie LAPEIGNE, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 30 octobre 2016, 20 h 00.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 (4) : le vrai bilan des nuisances aériennes (18 juillet – 28 août 2016)

Un avion toutes les deux minutes

De nouvelles communes situées au sud de l’aéroport d’Orly ont été survolées durant six semaines, du 18 juillet au 28 août 2016. La raison avancée par l’établissement public Paris-Aéroport (Groupe ADP) et par son administration de tutelle, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) du ministère des Transports est  le suivant : la nécessité de réaliser des travaux de rénovation et la mise en sécurité des pistes.

Après un mois quel est le vrai bilan de ces nuisances subies par les habitants situés dans l’axe Brétigny-sur-Orge, Saint-Michel-sur-Orge, Sainte-Geneviève-des-Bois, Villemoisson-sur-Orge, Épinay-sur-Orge, Morsang-sur-Orge, Savigny-sur-Orge, Viry-Châtillon, Juvisy-sur-Orge, Paray-Vieille-Poste, Athis-Mons ?

Un bilan prématuré et partial

« Très vive début juillet, la colère des habitants s’est finalement atténuée », pouvait-on lire dans Le Parisien Essonne-Matin (édition du 22 août 2016). Il est étonnant que cette conclusion ait été tirée avant que la période de survol ne soit achevée totalement. (1)

Cet article poursuivait en minimisant les effets des nuisances.

« Finalement, le ciel ne leur est pas tombé sur la tête. Très redoutées au début de l’été, les nuisances aériennes ont finalement eu moins d’impact que prévu sur le quotidien des habitants du nord-est de l’Essonne (voir ci-contre). Le 18 juillet, un chantier de six semaines a démarré sur l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne). Ces travaux de rénovation de la piste 4, qui doivent s’achever en fin de semaine, ont décalé le trafic sur la piste 2 dite « de secours », située plus proche des habitations. Un contexte qui a entraîné les gênes attendues quelques jours après le début des travaux avant une accalmie constatée en milieu de chantier. »

LIBELLULE A SSO - SMM

Une libellule dans un jardin de Savigny-sur-Orge. Les habitants de la Vallée de l’Orge auraient préféré vivre au rythme calme de cet insecte odonate durant l’été 2016, plutôt que sous le bruit des avions. © SMM pour PEE, 26 août 2016.

Des arguments trompeurs

A l’appui de sa conclusion, le journal Le Parisien Essonne-Matin relate deux témoignages. Ceux des maires de Viry-Châtillon et de Savigny-sur-Orge.

  • Viry-Châtillon. « Nous avons reçu une demi-douzaine d’appels par jour en mairie lors des deux premières semaines, constate ainsi Jean-Marie Vilain (UDI), le maire de Viry-Châtillon. Les gens se plaignaient du bruit et cherchaient des explications. Depuis quelques jours, nous avons l’impression que la commune est moins survolée. La situation s’est calmée. »
  • Savigny-sur-Orge. « Le constat est similaire dans la ville voisine de Savigny-sur-Orge. « Les premiers jours, nous avons reçu une vingtaine de courriers à l’hôtel de ville. Les gens se plaignaient de la fréquence des passages mais aussi de la faible hauteur du survol, constate-t-on au cabinet du maire Eric Mehlhorn (LR). Il y a eu aussi des réactions sur les réseaux sociaux. » Depuis, la situation est « rentrée dans l’ordre » affirme encore l’entourage d’Eric Mehlhorn. »

On remarquera l’acceptabilité tacite de la situation ainsi, encore une fois, la volonté de minimiser les effets des nuisances.

Des indicateurs non pertinents

D’une part, le nombre de plaintes (appels téléphoniques, lettres, mails, SMS…) enregistrées par deux mairies constituent des indicateurs invérifiables. D’autre part, il faudrait s’interroger sur la représentativité des démarches effectuées auprès des mairies. Celles-ci sont-elles considérées par les habitants comme des instances de lutte contre les nuisances qu’ils subissent ?  Ce n’est pas sûr.

On doit également s’interroger lorsque l’on sait qu’une démarche entreprise par quatre maires est demeurée sans effet. « Aux côtés de ses collègues de Viry-Châtillon, Juvisy-sur-Orge et Athis-Mons, le maire de Savigny-sur-Orge a adressé fin juillet un courrier à Ségolène Royal, ministre de l’Environnement dénonçant notamment la multiplication des rotations et un non-respect du couvre-feu instauré à 23 h 30. « Cette lettre est restée sans réponse », déplore Jean-Marie Vilain. » Alors, les mairies sont-elles des instances efficaces face à Paris-Aéroport (ADP) ? (2)


Les étranges arguments des maires

Prenons l’exemple d’Olivier LÉONHARDT, maire de Saint-Geneviève-des-Bois (35 868 habitants) et président de l’agglomération Cœur d’Essonne (21 communes, 193 221 habitants). Il écrit dans Votre Ville, le bulletin municipal de Sainte-Geneviève-des-Bois, un article dans lequel il se borne à reproduire les informations développées par Paris-Aéroport (ADP) avec, pour appel, la phrase «quelques explications d’ADP pour mieux comprendre». Ce faisant, il accepte les arguments de l’autorité productrice de nuisances. Il avait annoncé que l’agglomération porterait plainte pour non respect des engagements pris au sujet du survol des communes dans l’axe de la piste 2 de façon discontinue et avec faibles nuisances. Il a renoncé, contrairement à Marjolaine RAUZE, maire de Morsang-sur-Orge, qui a lancé une pétition contre les nuisances aériennes répétées et le non-respect des engagements pris par ADP pour les travaux de l’été 2016. (3) (4)

« SURVOL DE SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS : DES TRAVAUX A ORLY DU 18/07 AU 28/08/2016

Comme nous avions tenu à vous en informer dans le Votre Ville de Juillet/Août, Sainte-Geneviève-des-Bois (entre autres) est, depuis ce matin, survolée, en raison de travaux réalisés par Aéroport de Paris sur la piste 4 à Orly.
Si les nuisances sonores sont évidentes pour les foyers génovéfains, ces travaux de rénovation et de mise en conformité sont nécessaires pour la sécurité des avions et leurs passagers. Quelques explications d’ADP pour mieux comprendre.

La rénovation est liée aux conditions d’usure normale de l’infrastructure. L’enrobé de la piste 4 date de 2006, la durée de vie est d’environ 10 ans. Des zones sont abîmées avec des attaques liées à la météorologie et à l’usage de la piste. De ce fait, la maintenance est importante pour sécuriser cette piste. Pour rappel, les rénovations de pistes sont nécessaires afin de maintenir la capacité opérationnelle de l’aéroport et la sécurité du personnel comme des voyageurs. Les avions roulant dessus à près de 250 km/h.

L’aire de sécurité d’extrémité de piste sera prolongée de 200 mètres afin de réduire les risques. Les déplacements aviaires et les cheminements de surveillances de piste seront refaits à neuf. Paris Aéroport profite de l’opportunité de cette rénovation pour améliorer la mise en sécurité de la piste en installant un nouveau système d’atterrissage aux instruments. Il doit permettre une utilisation plus performante de la piste dans des conditions météorologiques particulières. Il augmentera la sécurité des appareils sur la plate-forme, quel que soit le sens d’atterrissage.

La piste a été réalisée en 1963, rénovée en partie en 1995, puis en 2006 et 2009. Certaines zones sont vétustes. Les équipements électriques, les câblages, toutes les alimentations électriques et tous les systèmes qui permettent d’alimenter électriquement les pistes seront refaits en 2016-2017. Le but est de répondre aux nouvelles normes européennes. Les travaux seront réalisés dans le cadre d’une démarche environnementale avec la technologie «leds » pour le balisage entièrement rénové.

La piste 4 sera complètement fermée à l’exploitation durant les six semaines de l’été 2016. Seules la piste 3 (08/26) et piste 2 dite de secours (02/20) seront en activité. Paris Aéroport a élaboré le phasage de telle manière à optimiser le plus possible la durée des travaux. Il a été demandé aux compagnies aériennes de réduire l’activité durant ce temps. Un travail avec les compagnies a donc été effectué de façon à limiter à la baisse la programmation des vols sur la base du volontariat avec des déplacements ou des suppressions provisoires de vols. Le respect du couvre-feu et l’impact limité des travaux sur les opérateurs aériens ont été les deux cadres de ce phasage.

Sur les six semaines de l’été 2016, les équipes travailleront 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, afin de comprimer le plus possible la gêne.

Pour rappel, les travaux ont été programmés sur la période la moins pénalisante pour les foyers. Cœur d’Essonne Agglomération et la Municipalité ont obtenu de l’aéroport d’Orly qu’aucun avion ne survole la zone avant 7h du matin. » Pour toute question : DGAC – Direction des Services de la Navigation Aérienne. Tel : 01 58 09 43 21 » (5)


A la recherche de l’argument qui tue

Si les nuisances sonores sont reconnues, elle sont justifiées par la sécurité, par l’environnement (qui peut être contre des leds ?), ainsi que par l’indépassable « moins pénalisant ». A aucun moment on n’envisage de diminuer drastiquement les vols pour laisser à la piste 2 sa vocation de secours ou de fermer l’aéroport durant un bref laps de temps comme cela se pratique ailleurs. Alors, nous assistons à l’affrontement argumentaire : il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Avec le renfort de ceux qui soutiennent ceux qui sont pour, et celui de ceux qui sont contre mais qui pensent au fond d’eux-mêmes qu’on ne peut rien faire, que c’est un moment à passer et que, donc, il faut le subir.

La fascination du transport aérien et sa croissance démesurée, les déplacements inutiles qu’il suscite – au mépris de toute sobriété – la coûteuse guerre économique entre les compagnies concurrentes, le mythe de la compétition économique mondialisée, les emplois faussement créés dans les zones aéroportuaires… sont autant de justifications pour repousser sans cesse les limites des survols des riverains par les avions.


Les nuisances oubliées

Les maires et les associations, s’ils évoquent les nuisances sonores, évoquent rarement les nuisances causées par la pollution des gaz de combustion des réacteurs volant à basse altitude. Une altitude qui, contrairement à ce qui a été annoncé dans la presse locale (dernier article du Parisien Essonne-matin), semble plus basse qu’au démarrage des travaux lorsque l’on étudie le sujet pour une localisation terrestre fixe sur toute la durée de la rénovation  de la piste 4. Par ailleurs, des lecteurs du présent site ont rapporté d’importantes déflagrations notamment sur le plateau de Juvisy-sur-Orge causant de nombreux dégâts à des toitures de maisons. Quels recours ont ces riverains ?

IC JSO PLATEAU 24-08-2016 1

Quartier de Juvisy Plateau : passage des avions à basse altitude, des déflagrations suivies de bruits de tuiles, lors des travaux 2016 de la piste 4 d’Orly. © Isabelle CANDELIER, 24 août 2016. (6)

IC JSO PLATEAU 24-08-2016 2

Quartier de Juvisy Plateau : zoom sur la toiture d’une maison ayant subi des dégâts après le passage d’un avion à basse altitude avec déflagration suivie de bruits de tuiles se décrochant de la toiture (voir au centre de la photographie). © Isabelle CANDELIER, 24 août 2016. (6)

Conclusions pour les sinistrés des travaux d’Orly 2016. Davantage de bruit. Davantage de gaz de combustions. Davantage de poussières… Des élus fatalistes et complaisants. Que demander de plus ? Et dire que cela doit recommencer l’année prochaine en 2016, puis en 2018 et en 2019…


RÉFÉRENCES
1. DEGRADI Laurent, « Le bruit des avions s’estompe avec la fin des travaux d’Orly. Transports. En raison de travaux sur les pistes, le Val d’Orge a été survolé tout l’été par les avions. Très vive début juillet, la colère des habitants s’est finalement atténuée », Le Parisien Essonne-Matin, 22 août 2016 (pdf) :
LPE ORLY 22-08-2016.
2. Lettre des maires de Juvisy-sur-Orge, de Savigny-sur-Orge et de Viry-Châtillon à Madame la Ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, 25 juillet 2016 (pdf) :
JSO SSO VC A SG 25 juillet 2016.
3. F. L. et C. Ch, « Vallée de l’Orge. Les maires s’unissent contre ADP », www.leparisien.fr, 26 juillet 2016 (pdf) : Vallée de l’Orge : les maires s’unissent contre ADP – Le Parisien. « Aéroport d’Orly. Nuisances aériennes : les maires renoncent à porter plainte », Le Parisien Essonne-matin, 8 août 2016 (pdf) : LPE ORLY CER 08-08-2016.
4. Commune de Morsang-sur-Orge. « Pétition : Morsang mobilisée contre les nuisances sonores », http://www.morsang.fr/spip.php?article15292. Page consultée le 27 août 2016. 331 signataires de la pétition mise en ligne : https://www.change.org/o/ville_de_morsang_sur_orge.

Travaux Aéroport d’Orly : Stop aux nuisances sonores à Morsang
Ville de Morsang sur Orge
La Municipalité et la population Morsaintoise exigent de la DGAC et de la Direction d’ADP que soient respectés les engagements pris :  respect des horaires du couvre feu, de l’altitude lors des phases d’atterrissage et de décollage, réduction de la fréquence et du nombre de vols, afin de limiter, le plus possible les nuisances sonores subies en raison des travaux de rénovation de la piste 4 de l’Aéroport d’Orly.

Rappelons que cette commune fait partie de la communauté d’agglomération Coeur d’Essonne.
5. Commune de Sainte-Geneviève-des-Bois, « Survol de Sainte-Geneviève-des-Bois : des travaux a Orly du 18/07 au 28/08/2016 », www.sgdb91.com/news/actualites/actualites/survol-de-sainte-genevieve-des-bois-des-travaux-a-orly-du-1807-au-28082016-1.html. Page consultée le 8 août 2016.
6. Photographies reproduites avec l’aimable autorisation d’Isabelle CANDELIER, habitante de Juvisy-sur-Orge, 24 août 2016.

© Paul-André BEAUJEAN, 27 août 2016, 23 h.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Savigny-sur-Orge. Histoire des inondations dans le secteur Kennedy – Rossays. Des études oubliées ! (Partie I)

Préambule : Les trois paradoxes de l’histoire des inondations

L’histoire des inondations est paradoxale. Pour au moins trois raisons.

  • Le premier paradoxe tient à la temporalité : celle des événements (l’inondation par elle-même), la façon dont elle est vécue localement, et celle de ce qui la suit. Autant son apparition et les parades qui sont mises en œuvre pour faire face dans l’urgence à ses effets, pour la contenir, puis pour en effacer les traces, se produisent dans un climat d’accélération d’actions et de discours, toujours relayées à l’excès par les médias ; autant l’après catastrophe connaît un désinvestissement de l’attention, prélude le plus souvent à un oubli pernicieux. Les témoignages apportés par les victimes et les témoins des inondations constituent une mémoire essentielle. Leur conservation est primordiale. Le temps vécu d’une inondation est fait d’accélérations, de ralentissements et d’arrêts : il n’est pas continu.
  • Le second paradoxe d’une inondation est de ne pouvoir être considérée uniquement que comme une « catastrophe naturelle ». Toute catastrophe est à la fois une catastrophe naturelle (on ne sait pas quand et comment elle se produira) et une catastrophe humaine (on sait que toute zone inondable sera un jour inondée). D’innombrables exemples démontrent et ont démontré que les pouvoirs locaux, avec l’assentiment des pouvoirs de l’État, ont autorisé des constructions dans des zones inondables. Ils n’ont pas pris les mesures nécessaires pour protéger les biens et les personnes. Divers travaux ont, soit causé directement, soit aggravé la catastrophe. Une inondation est toujours l’histoire d’un échec d’une politique publique et des contrôles qui doivent s’exercer sur cette dernière et qui, visiblement, ne l’ont pas été. Ayons une pensée pour les 29 personnes qui ont trouvé la mort dans des conditions atroces, chez elles, du fait de la submersion d’une digue à La Faute-sur-Mer, durant la nuit du 27 au 28 février 2010. Cette dramatique nuit symbolise l’absence totale de discernement des autorités tant locales que préfectorales ayant accordé les permis de construire.
  • Le troisième paradoxe concerne la difficulté d’accès et la dispersion des documents concernant les inondations. Tous ces documents sont publics. Ils émanent de multiples autorités : communes, communautés, syndicats intercommunaux de rivière, conseils généraux/conseils départementaux, administrations départementales, préfectures, services publics… Toute une littérature est produite, souvent sans publicité, par diverses commissions préfectorales notamment (CLE, SAGE…). Aucun dossier centralisé local n’existe. Une recherche historique des sources doit être entreprise. Elle est longue et difficile. D’une part, les archives communales sont généralement bien pauvres en documents complets. D’autre part, les services gestionnaires (services techniques, services d’urbanisme…) communiquent très souvent avec une extrême réticence les documents publics qu’ils détiennent. C’est pourquoi la mémoire des acteurs des politiques publiques locales (élus, fonctionnaires territoriaux) est déterminante pour restituer au citoyen (au contribuable, au propriétaire, au locataire, à l’habitant, au riverain, à l’usager d’un territoire…) cette histoire. Ce n’est que par un travail de recherche historique que l’on peut répondre à ces deux questions : Quand et comment un territoire s’est-il constitué ? Quelles en sont les vulnérabilités présentes et à venir.

Nous tenons à remercier Bernard MÉRIGOT, président de Mieux Aborder l’Avenir, ancien maire-adjoint de Savigny-sur-Orge (1983-2009), ancien vice-président du Syndicat mixte de la vallée de l’Orge aval / SIVOA, devenu Syndicat de l’Orge, (1995-2009) et du Syndicat intercommunal pour l’aménagement hydraulique de la vallée de l’Yvette / SIAHVY (2001-2009), qui nous a aidé à identifier et à localiser un certain nombre de documents publics. (1)

Ses grands-parents paternels se sont installés dans la commune en 1928 et ses parents en 1956. Ils ont connu les différents épisodes de montée des eaux de l’Orge et de l’Yvette à une époque ou l’urbanisation et l’imperméabilisation des sols n’avaient encore atteint leur paroxysme.

0. SSO QUARTIER BAS

Savigny-sur-Orge, vue aérienne du quartier ancien, de la place Davout vers Morsang-sur-Orge, Épinay-sur-Orge et Villemoisson-sur-Orge. Au-delà de l’Oasis (maison Soltikoff), on aperçoit en arrière-plan les espaces boisés et le parc du château de Grand-Vaux où coulent l’Orge et l’Yvette. Carte postale affranchie en 1956, collection privée AM/CAD.


Sommaire

Partie I
Préambule : Les trois paradoxes de l’histoire des inondations
Introduction : Premier ministre, préfète et secrétaire d’État au chevet des communes essonniennes sinistrées en juin 2016

I. Géographie des lieux avant les années 1960 : une mère nature respectée
II. Après 1960, les autorités oublient la vulnérabilité des lieux et imperméabilisent les sols
Références de la partie I

Partie II
III. Des tentatives pour réduire les aléas des inondations, de 1999 à 2008
IV. Pourtant la forte vulnérabilité des lieux est connue et reconnue !
V. Quels travaux ont-ils été entrepris après les inondations de 2001 ?
Références de la partie II

Partie III
VI. Juin 2016, une nouvelle inondation cinquantennale
Références de la partie III

Partie IV
VII. Quel avenir pour le groupe scolaire Kennedy ?
Conclusion
Références de la partie IV

1. SSO PONT ORGE RVP

Savigny-sur-Orge / Morsang-sur-Orge, le pont sur l’Orge, rivière poissonneuse… En arrière-plan, les arbres du domaine du château Davout. Carte postale affranchie en 1911, collection privée HB/CAD.


Premier ministre, préfète et secrétaire d’État au chevet des communes essonniennes sinistrées en juin 2016

Du 30 mai au 7 juin 2016, les Essonniens ont vécu au rythme des inondations. Revenant sur ses terres, le Premier ministre Manuel VALLS s’est rendu à Longjumeau, Corbeil-Essonnes, Viry-Châtillon, Montgeron et Crosne afin de constater l’ampleur des dégâts en compagnie de la préfète de l’Essonne Josiane CHEVALIER, du président du conseil départemental François DUROVRAY, des maires et des conseillers départementaux concernés, à grand renfort de médias. (2)

Le 22 juin 2016,  la préfète a organisé une réunion sur les récentes inondations, en présence des élus et des administrations locales, des maires et des syndicats de rivière. La presse n’a pas été conviée à cette conférence conclusive, ni les associations environnementales. A ce jour, rien n’a filtré de la part des collectivités territoriales ou intercommunales. Seule la visite de Barbara POMPILI, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité,  sur les rives de l’Orge a été couverte par la presse le 27 juin 2016. (3)

Pourtant, les inondations des quartiers vulnérables sont porteuses d’interrogations, d’inquiétudes, d’attentes des sinistrés. Il est donc essentiel de se pencher sur l’aspect historique des événements. Prenons comme exemple le quartier Kennedy – Rossays à Savigny-sur-Orge.


I. Géographie historique des lieux avant les années 1960 : une mère nature respectée

Le ville de Savigny-sur-Orge est parcourue par deux rivières, l’Orge et l’Yvette, leur confluence étant sise sur le territoire savinien. D’une façon générale, la nappe d’eau phréatique est sub-affleurante, donc à quelques mètres de profondeur, dans la partie du vieux Savigny, des vallées et des coteaux. 

BRGM SSO NAPPE

Localisation de la nappe phréatique à Savigny-sur-Orge. © Donnée extraite du site web www.inondationsnappes.fr développé par le BRGM. Capture d’écran faite le 3 juillet 2016. (4)

Au début du XXe siècle et jusqu’au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le long de l’Orge ou de l’Yvette, se trouvent des lavoirs, des blanchisseries, des moulins, une brasserie, des vergers, des jardins.

2. SSO PONT ORGE BRASSERIE

Lavandières œuvrant au lavoir sur l’Orge, brasserie de Savigny-sur-Orge ayant remplacé le moulin de Joppelin propriété des Davout, embarcadère conduisant aux jardins sis derrière le muret… promenade d’agrément en barque. Carte postale écrite en 1916, collection privée SD/CAD.

4. SSO PONT B B

Savigny-sur-Orge, pont sur la rivière séparant le lavoir et la blanchisserie, à gauche, et la brasserie à droite. Carte postale écrite en 1910, collection privée SD/CAD.

5. SSO BLANCHISSERIE

Blanchisserie « industrielle » de Narcisse Guillon sur la rive droite de l’Orge, à proximité du pont de la rue de Morsang. Le linge arrivait notamment des grands hôtels parisiens par le train via la gare de Savigny-sur-Orge. Carte postale écrite en 1911, collection privée AM/CAD.

3. SSO R MORSANG CH DAVOUT-ORGE a1903

Savigny-sur-Orge. Porte du domaine Davout donnant sur la rue de Morsang à proximité de l’Orge (à droite), et menant au pont vers le moulin de Joppelin (dit également d’Eckmühl) transformé en brasserie. Carte postale affranchie en 1903, collection privée SMM/CAD.

2B SSO BRASSERIE

A l’intersection des communes de Savigny-sur-Orge, de Morsang-sur-Orge et de Viry-Châtillon, la brasserie avec à sa droite le pont sur l’Orge et l’accès au domaine Davout. Carte postale affranchie en 1903, collection privée AM/CAD.

Du côté de l’actuel lycée Corot, les eaux de l’Orge s’étalent régulièrement dans le parc du château Davout. Les bâtiments scolaires ne sont construits qu’à partir de 1949.

6. SSO PARC CH DAVOUT

Savigny-sur-Orge, le domaine Davout parcouru par des canaux ou bras morts de l’Orge. Ici, celui conduisant vers l’église Saint-Martin. Carte postale affranchie en 1910, collection privée SMM/CAD.

7. SSO COROT

Savigny-sur-Orge, le lycée Corot en construction vers 1955. Au premier plan, à gauche, l’Orge. Entre les bâtiments scolaires et le terrain de sport, le canal conduisant vers l’église Saint-Martin. Au-delà du lycée, la rue de Morsang et les terres du maraîcher Chanteau, les parcs boisés de la maison Nenon et de l’Oasis à l’extrémité desquels coulent l’Orge. Carte postale affranchie en 1956, collection privée AM/CAD.

Du côté Kennedy, des Rossays, de Grand-Vaux et des Prés-Saint-Martin, des marécages alternent avec des terrains cultivés ou maraîchers, des espaces boisés et des parcs résidentiels de villégiatures de Parisiens.

8. SSO NENON

Savigny-sur-Orge, rue des Rossays, la maison Nenon et son parc en bordure de l’Orge. Carte poste affranchie en 1922, collection privée GF.

10. SSO P SOLTIKOFF e1916

Savigny-sur-Orge, rue des Rossays, la maison construite pour l’artiste Andréa par le prince russe Soltikoff vers 1857. Le nom de l’Oasis lui sera donnée par le couturier Bechoff de la place Vendôme à Paris, devenu le propriétaire vers 1918. Carte poste écrite en 1916, collection privée SMM/CAD.

Quelques îlots de constructions, pour la plupart anciennes (XVIIIe, XIXe et début XXe siècles), s’offrent aux plus grandes crues telle celle de 1955. La population savinienne est alors en pleine expansion, elle grimpe de 5 593 habitants en 1926 à 14 554 âmes en 1946.

9. SSO A PROP SOLTIKOFF a1913

Savigny-sur-Orge, le parc de la maison Soltikoff devenue la propriété du baron Empain durant la Grande guerre. Il s’étend jusqu’à l’Orge où un embarcadère sera installé pour des promenades en barque. Carte postale affranchie en 1913, collection privée SMM/CAD.


II. Après 1960, les autorités oublient la vulnérabilité des lieux et imperméabilisent les sols

Face à un besoin criant de logements, des programmes immobiliers sont envisagés à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Quelques années après, à la place des activités agricoles ou des paysages champêtres, s’érigent des immeubles et des équipements collectifs tels des écoles et un gymnase. Un maire, Paul BONICI (1965 – 1971) propose même l’idée de raser complètement le quartier ancien du bas de la commune pour y édifier un grand ensemble d’immeubles, un  « Savigny vertical ». Ce projet ne verra pas le jour.

1966-03-29 SSO ARTICLE LAURORE PL DAVOUT

Le projet BONICI visant à rénover la place Davout de Savigny-sur-Orge avec de grands ensembles collectifs en 1966. « Grand Paris. Édition spéciale : Tout reste à faire à Savigny-sur-Orge », L’Aurore, 29 mars 1966, fonds privé BM/CAD. (5)

Comme dans les autres villes parisiennes et françaises, Savigny-sur-Orge se dote de « grands ensembles », sa population passe à 31 956 habitants en 1968. Elle remodèle son paysage semi-urbain en paysage urbain au fort contraste entre de vastes zones pavillonnaires et horizontales, loties principalement durant l’entre-deux-guerre, et les nouveaux quartiers verticaux construits… notamment sur des terrains bas le long de l’Orge et de l’Yvette, en zone inondable ! Ainsi, vendu à des sociétés immobilières, le château de Grand-Vaux laisse la place à la résidence Grand-Val en 1958. Sur le vaste parc attenant, en bordure de l’Yvette, sont construits les 1 600 logements de la cité Grand-Vaux au tournant des années 1960, avec les écoles Saint-Exupéry et Mermoz en 1963 et 1966.

12. SSO GRAND-VAUX YVETTE e1904

Savigny-sur-Orge, domaine de Grand-Vaux. Une passerelle sur l’Yvette… en 1904. Collection privée AM/CAD.

13. SSO GRAND VAUX YVETTE

Savigny-sur-Orge, le domaine de Grand-Vaux à proximité de l’Yvette est loti de grands ensembles au début des années 1960. Collection privée HB/CAD.

Les parcs de l’Oasis et de la maison Nenon, en bordure de l’Orge, sont lotis de plus de 500 appartements dans la rue des Rossays, entre 1961 et 1967, couplés au groupe scolaire Kennedy en 1966. Sur les terres du maraîcher CHANTEAU, rue de Morsang, poussent plus de 250 logements dans les années 1965-1970, avec le gymnase Kennedy en 1966. Plus loin, vers Viry-Châtillon, en longeant l’Orge, les prés de Saint-Martin sont transformés en quartier des Prés-Saint-Martin, autre ensemble collectif au début des années 1970.

11. SSO OASIS ROSSAYS

Savigny-sur-Orge, en lieu et place des dépendances du domaine de l’Oasis, des immeubles sortent de terre à partir de 1961. Carte postale affranchie en 1966, collection privée BM/CAD.

7B. SSO VDE

Viry-Châtillon vers Savigny-sur-Orge, les canalisations des eaux de la Vanne, du Loing et du Lunain traversant l’Orge. En arrière-plan, les prés de Saint-Martin. Carte postale affranchie en 1910, collection privée SD/CAD.

C’est ainsi que les autorités ont rapidement oublié que, dans Savigny-sur-Orge, il y a « Orge ».

Si la crue trentennale des 22 et 23 janvier 1955 est restée dans les mémoires de nombreux Franciliens comme à Draveil, à Athis-Mons, à Juvisy-sur-Orge…, elle est rapidement oubliée à Savigny-sur-Orge. La raison est simple : peu de biens immobiliers furent touchés en dehors des quelques habitations situées dans le vieux Savigny. Ce ne sera pas le cas avec la montée des eaux le 22 mars 1978, déclenchée après des jours de fortes précipitations comparables à celles vécues en juin 2016. Les résidents des nouveaux quartiers construits dans le lit majeur des rivières « saviniennes » sont pour la première fois confrontés aux aléas des inondations. La tour des Rossays est transformée en île. Des familles sont évacuées. Des caves sont inondées. Des parkings sont recouverts par 1 m d’eau. L’école et le gymnase Kennedy, envahis par 40 cm d’eau, sont fermés. Le lycée Corot n’est pas épargné. Un nouveau moyen de transport est utilisé : la barque. Des passerelles improvisées sont montées à la hâte par les services techniques… (6)

1. SSO BMO N7 Mars-avril 1978 p. 1

Ville de Savigny-sur-Orge, Bulletin municipal officiel, n° 7, mars-avril 1978, p. 1. Fonds privé AM/CAD.

2. SSO BMO N7 Mars-avril 1978 p. 3

Ville de Savigny-sur-Orge, Bulletin municipal officiel, n° 7, mars-avril 1978, p. 3. Fonds privé AM/CAD.

3. SSO BMO N7 Mai 1978 p. 2 copie

Ville de Savigny-sur-Orge, Bulletin municipal officiel, n° 7, mai 1978, p. 2. Fonds privé AM/CAD.

La disparition des espaces naturels dans le fond des vallées locales de l’Orge et de l’Yvette n’est certes pas totale. Le parc du Séminaire, à cheval sur les communes de Morsang-sur-Orge et de Savigny-sur-Orge, a été épargné des promoteurs. De même, côté Épinay-sur-Orge, le parc de Sillery. Ils jouent un rôle de bassin de retenue, mais insuffisamment. Quand, en plus, les maires soulèvent le problème des vannes trop longtemps fermées, peut-être pour éviter des inondations ailleurs, en aval… Les autorités préfectorales, elles, préfèrent aborder les solutions afin de retenir les eaux en amont, tels les futurs bassins de la Sallemouille et de Saint-Germain-lès-Arpajons qui ne seront pas encore réalisés lors de la crue suivante, celle du 14 janvier 1982. (7) Rebelotte, même scénario ! Ce jour-là, le foyer-logement du 8 rue de Morsang en construction est également inondé. Les Anciens ne sont guère étonnés puisque, dès l’édification des fondations, il avait fallu assécher le site et pomper des mètres cubes d’eau… (8)

De l’utilité des digues ?

Le Syndicat mixte de la vallée de l’Orge aval (SIVOA) et la Direction départementale de l’équipement (DDE) réfléchissent alors à la construction d’une digue associée à la réalisation de la continuité de la promenade, interrompue dans le secteur, entre l’autoroute A6 et le pont sur l’Orge sis rue de Morsang. Mal ficelé, le projet de promenade/digue sur la rive gauche de l’Orge se heurte à l’absence d’assise foncière, obligeant à exproprier des parcelles privées sans réelle compensation. L’opposition des riverains et des enseignants du groupe scolaire Kennedy est telle que ce premier projet est classé en attente, puis abandonné en 1989. (9) La digue ne règle pas le problème en soi, mais peut avoir un effet retardateur. Sans bassin de rétention des eaux en amont, l’inondation se serait trouvée déplacée en amont ou en aval.

Du PERI au PPRI, de 1994 à 2017

Du côté de la préfecture, le plan d’exposition aux risques d’inondation (PERI) dans 14 communes riveraines de l’Orge est mis en place. Les limites des zones inondées sont celles de la crue de 1978. La ville de Savigny-sur-Orge approuve le plan le 31 mars 1994. (10)(11)

SSO PERI 1994 plan

Le plan d’exposition aux risques d’inondation (PERI) de Savigny-sur-Orge tel qu’arrêté le 31 mars 1994, avec pour référence la crue de 1978. La zone couverte par ce PERI est située à gauche de la rue de Morsang. A droite, la commune relève du plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) de la Seine. Que signifient les légendes ? La zone rouge : zone très exposée aux risques. La zone bleue : zone moyennement exposée. La zone blanche : zone non exposée. La zone quadrillée rouge : zone d’écoulement et d’expansions des crues d’aléas très forts. La zone quadrillée jaune : zones d’expansions des crues d’autres aléas. La zone quadrillée bleu marine : zone urbanisée autre que les centres urbains d’aléas forts. La zone quadrillée bleu : zone urbanisée autre que les centres urbains. Fonds privé BM/CAD.

Le projet de digue anti-crue est rouvert, avec prise en compte des observations formulées par les riverains à la suite du premier projet. Cette digue doit pouvoir rendre non inondable toute la zone rouge savinienne délimitée par le PERI, à savoir 40 parcelles cadastrales comprenant des immeubles, des parkings, le groupe scolaire Kennedy et le gymnase, le foyer-logement Lucien-Midol. Inscrit au budget du SIVOA en décembre 1994, l’achèvement des travaux est envisagé pour 1997… (12)

Le PERI permet notamment d’interdire les constructions en zones inondables les plus exposées (zones rouges). Vingt ans plus tard, en 2016, on ne peut que constater que les autorisations sont toujours données avec l’accord des services de l’État ! Un exemple : l’extension de l’établissement d’accueil d’handicapés « Joie de créer », rue des Franchises, construite sur pilotis et dont les eaux de l’Orge ont affleuré le haut desdits pilotis en juin 2016. Certes, la construction n’a pas pris l’eau. Mais, il est à craindre que les résidents les plus fragiles auraient été évacués par sécurité, comme ceux du foyer-logement Lucien-Midol le 2 juin 2016 alors qu’il n’y avait que de l’eau dans les sous-sols ! (13)

DSCN7746

Savigny-sur-Orge, le foyer d’accueil pour personnes handicapées « Joie de créer » en travaux. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

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Savigny-sur-Orge, extension non achevée du foyer d’accueil pour personnes handicapées « Joie de créer » : une île… © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

Aujourd’hui, et depuis le 21 décembre 2012, le PERI est en cours d’évolution vers un plan de prévention des risques naturels prévisibles d’inondation (PPRI) des cours d’eau de l’Orge et de la Sallemouille. Il aurait dû être approuvé au plus tard le 21 décembre 2015. Mais, comme il doit être compatible avec le plan de gestion des risques d’inondation (PGRI) du bassin Seine-Normandie non encore approuvé, le délai d’élaboration du PPRI a été prorogé jusqu’au 21 juin 2017. (14)

10. PPRI Orge Sallemouille P Carto REG P14

11. PPRI Orge Sallemouille P Carto REG P15

Plan de prévention des risques inondation des vallées de l’Orge et de la Sallemouille, projet 2015. Cartographie réglementaire, planches 14 et 15.

14. PPRI ORGE SALLEMOUILLE ALEAS 2014 P21

15. PPRI ORGE SALLEMOUILLE ALEAS 2014 P22

Plan de prévention des risques inondation des vallées de l’Orge et de la Sallemouille, projet 2015. Cartographie des aléas « inondation », planches 21 et 22.

Le projet de PPRI est élaboré sur un scénario correspondant à une crue centennale. Savigny-sur-Orge est loin d’être protégée par une telle catastrophe ! Les élus saviniens n’ont même pas participé à l’opération Sequana du 7 au 18 mars 2016 simulant une montée centennale des eaux et le débordement de la Seine et de ses affluents. Certes, la ville n’est pas riveraine du fleuve. Mais les Saviniens auraient dû recevoir une information municipale sur le sujet au regard des événements passés, et du fait que la partie sud-est de Savigny se trouve dans le PPRI de la Seine… (15)

SSO SEQUANA 1

Sequana 2016 : simulation d’inondation de Savigny-sur-Orge, côté parc du séminaire, Rossays, Kennedy, Corot, si la Seine est en crue comme en 1910. Voir le site : http://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr.

SSO SEQUANA 2

Sequana 2016 : simulation d’inondation de Savigny-sur-Orge, côté lycées Corot et Monge, si la Seine est en crue comme en 1910. Voir le site : http://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr.

SSO SEQUANA 3

Sequana 2016 : simulation d’inondation de Savigny-sur-Orge, côté Prés-Saint-Martin, si la Seine est en crue comme en 1910. Voir le site : http://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr.

A suivre.


RÉFÉRENCES DE LA PARTIE I
1. L’ensemble de cet article a été réalisé à partir de documents publics ainsi que de fonds privés, notamment ceux de Bernard MÉRIGOT et des membres de l’association CAD. Les données historiques sont issues des recherches faites sous les directions de Bernard MÉRIGOT et de Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT entre 1983 et 2009. Pour en savoir plus, se référer à l’ouvrage : Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge, Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Alan Sutton, 2008, 128 p.
2. Le Parisien Essonne-matin, Spécial inondations, 8 juin 2016, p. III (pdf) : 2016-06-08 LPE INONDATIONS.
3. LOISY Florian, « Vallée de l’Orge. Ce syndicat-là a su éviter les dégâts », Le Parisien Essonne-matin, 28 juin 2016, p. III (pdf) : 2016-06-28 LPE INONDATIONS.
4. Donnée extraite du site web www.inondationsnappe.fr développé par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
5. « Grand Paris. Édition spéciale : Tout reste à faire à Savigny-sur-Orge », L’Aurore, 29 mars 1966 (pdf) : 1966-03-29 SSO ARTICLE LAURORE.
6. Ville de Savigny-sur-Orge, Bulletin municipal officiel, n° 7, mars-avril 1978, 8 p.
7. Ville de Savigny-sur-Orge, Bulletin municipal officiel, n° 7, mai 1978, 8 p. (en réalité, il s’agit du numéro 8).
8. Dossier technique du foyer-logement Lucien-Midol, 1981-1989, fonds privé Bernard MÉRIGOT, adjoint au maire (1983-2009).
9. Assemblée générale du SIVOA, intervention de Bernard MÉRIGOT, vice-président, 15 décembre 1994, fonds privé.
10. Préfecture de l’Essonne, Dossier sur le plan d’exposition aux risques inondations approuvé par la ville de Savigny-sur-Orge le 31 mars 1994 (pdf). 1/ PERI de Savigny-sur-Orge : 1. PERI SSO 1992-1993 2 ; 2/ Arrêté du 31 mars 1994 : 2. PERI – PPRi Orge Aval SSO A 1994 ; 3/ Rapport de présentation : 3. PERI -PPRi Orge Aval SSO RP 1994 ; 4/ Règlement : 4. PERI – PPRi Orge Aval SSO R 1994 ; 5/ PERI de la vallée Orge aval, avril 2005 : 5. PERI ORGE AVAL ATLAS 2005.
11. SIVOA, Au fil de l’Orge, n° 26, février 1994, 4 p. (pdf) : 0. SIVOA Au fil de l Orge N26 Fevrier 1994 PERI.

1. SIVOA Au fil de l Orge N26 Fevrier 1994 PERI Ext
12. Assemblée générale du SIVOA, intervention de Bernard MÉRIGOT, vice-président, 15 décembre 1994, fonds privé.
13. Ville de Savigny-sur-Orge, Lettre du maire au préfet de l’Essonne, Demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, 4 juin 2016, 7 p. (pdf) : SSO L EM PREF RECN 4 juin 2016.
14. Préfectures de l’Essonne et des Yvelines, Arrêté interpréfectoral du 21 décembre 2015, 3 p. (pdf) : 7. PPRI ORGE SALLEMOUILLE PROROG 2015.
15. Préfecture de l’Essonne, Invitation presse, 3 mars 2016 (pdf) : INVITATION PRESSE – EU Sequana 2016 ; Exercice EU Sequana 2016 : www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Marie LAPEIGNE, Bernard MÉRIGOT, 4 juillet 2016, 22 h.

Brétigny-sur-Orge, Base aérienne 217. Des avions militaires aux drones et à l’e-commerce

Le Premier ministre Manuel VALLS (PS) a donné ses lettres de noblesse à la formule étonnante de « maire bâtisseur » au Congrès des maires en 2014. Celle-ci a été reprise par nombre d’élus, comme Valérie PÉCRESSE (LR), présidente du conseil régional d’Ile-de-France. Elle n’est pas récente puisque des géographes et des politistes l’utilisent depuis un certain temps déjà. (1) Un débat aujourd’hui dépassé puisque ce ne sont plus les maires mais les présidents de communauté, les présidents d’établissement public, les président de métropole… qui ont ravi aux maires la capacité d’être des bâtisseurs.

« Les maires bâtisseurs » disparaissent au profit des « présidents d’intercommunalité bâtisseurs »

On peut légitimement s’interroger sur ce qui rend recevable le concept de « maire bâtisseur » dans son ambition  de classer les élus locaux. L’expression personnalise à outrance le mérite de réalisations publiques en attribuant à une seule personne le mérite de les avoir conduites, oubliant le rôle collectif de la communauté municipale, tant au sein des conseils municipaux, qu’au sein de l’ensemble des populations concernées. Un équipement public n’est jamais un désir solitaire, mais un désir partagé par des citoyens.

La fonction bâtisseuse constituerait-elle un critère permettant de discriminer les « bons élus » des « mauvais élus » ? Sa reconnaissance constitue-t-elle un label ou bien un certificat anticipé pour un bilan de mandat avant de prochaines élections ? Le qualificatif est de toute façon chargé de significations implicites et de questionnements non formulés : que vaut-il mieux, en fin de compte, densifier l’espace urbain ou bien préserver les espaces libres ? A ceci près, que pour accéder au statut reconnu de « bâtisseur », il existe un préalable, pour qu’un espace public puisse entreprendre une urbanisation publique qui est de disposer à la fois :
•  d’un foncier libre,
•  des capacités financières pour procéder aux aménagements nécessaires.

Deux conditions qui se trouvent, semble-t-il, réunies par le projet d’aménagement de 300 hectares situés principalement sur les communes de Brétigny-sur-Orge et Le Plessis-Pâté. L’opération est conduite par Olivier LEONHARDT (DG), président de la communauté d’agglomération Cœur d’Essonne (21 communes, 260 000 habitants). Il concerne un espace non construit, occupé anciennement par la Base aérienne 217 (BA 217), propriété du ministère de la Défense, cédé pour 1 € à la communauté d’agglomération Cœur d’Essonne. (2)

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La Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge, les hangars, les bâtiments et la tour de contrôle. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA, 15 juin 2016.


300 HECTARES DE LA BASE AÉRIENNE 217 CÉDÉS POUR 1 EURO

Actuellement, le ministère de la Défense a rétrocédé les parties nord et sud de l’emprise de la BA 217 coupée en deux par la piste est-ouest qui relie deux blocs de bâtiments édifiés de part et d’autres. Cette rétrocession en deux parties non communicantes totalise 300 hectares. Elle a été confiée pour un euro symbolique à la communauté d’agglomération Cœur d’Essonne associée à la communauté de communes Val d’Essonne. (3)

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Entrée de la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA, 15 juin 2016.

Fort de cette opportunité foncière, ces communautés envisagent des aménagements ambitieux des terrains actuellement cultivés. Car, comme le reste des terres autour de Paris, celles-ci sont fertiles voire même les plus fertiles de la région.

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Terres agricoles de la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA, 15 juin 2016.

La chute du bloc de l’Est et la suspension de la conscription ont profondément modifié les missions et les moyens de la Défense nationale française. Dans un contexte où l’État est de plus en plus endetté, le ministère de la Défense a dû se séparer d’emprises dont il avait moins besoin, et dont l’entretien générait des charges importantes afin de réduire les dépenses et de dégager de nouvelles marges financières.

Le site de Brétigny-sur-Orge en fait partie. Base aérienne encerclée progressivement par l’urbanisation croissante de l’Ile-de-France, elle a cessé  ses activités les plus bruyantes depuis de nombreuses années déjà. À plus ou moins long terme, il était prévu la cessation complète de toute activité militaire sur le site. Le plan a récemment évolué. En effet, par exemple, la BA 217 sert actuellement de point d’accueil pour les soldats venus en renfort au titre de l’opération sentinelle.

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Équipements de la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA, 15 juin 2016.

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Piste de la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA, 15 juin 2016.

La visite de la BA 217

Le mercredi 15 juin 2016, Olivier LÉONHARDT et Patrick IMBERT ont accueilli Josiane CHEVALIER, préfète de l’Essonne, et François DUROVRAY, président du conseil départemental de l’Essonne, pour une visite des lieux et faire le point de la situation. (4)

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Visite de la Base aérienne de Brétigny-sur-Orge en présence de François DUROVRAY président du conseil départemental de l’Essonne (à gauche), de Josiane CHEVALIER, préfète de l’Essonne (au centre), d’Olivier LÉONHARDT, président de la communauté d’agglomération Cœur d’Essonne (au centre en arrière-plan), de Nicolas MÉARY, maire de Brétigny-sur-Orge et vice-président du conseil départemental de l’Essonne (avec un dossier rouge), le 15 juin 2016. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA.

La visite s’est ponctuée en plusieurs lieux où doivent figurer les premiers projets d’aménagements. Ces aménagements concernent pour l’essentiel des activités du secteur tertiaire, aucune activité dans le secteur secondaire, et un reliquat de moins de 75 hectares alloués au primaire à travers des cultures biologiques dont du maraîchage.

CE BA217 plan tri

« La Base » de Brétigny-sur-Orge, projet économique développé par la communauté d’agglomération Cœur de l’Essonne et présenté le 15 juin 2016 aux personnalités essonniennes. (5)

En termes de potentiel d’emplois, la cible fixée est de 10 000 postes. Comme projet principal défini, il nous a été notifié l’installation à venir d’un pôle logistique d’e-commerce totalisant 3 000 emplois sur une surface 32 hectares et 240 000 m² de bâtiments. Les paris sont ouverts : Amazon, Cdiscount, FNAC, Carrefour, Vente-privée ou encore un outsider ?

Les emprises Ouest et du Carré Nord offrent des capacités d’installations considérables, mais qu’en est-il des potentielles entreprises clientes ?

En effet, et bien que cela soit prestigieux, l’implantation des principaux acteurs du secteur des drones, ne saurait suffire à combler toutes les offres foncières de l’emprise.

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Visite de la Base aérienne de Brétigny-sur-Orge, démonstration de l’utilisation d’un drone. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

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Drone en vol, visite de la Base aérienne de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

50 hectares de l’emprise seront consacrés aux événementiels rassemblant des foules immenses pour des événements ponctuels. Dans un langage familier, cela pourrait se résumer en des « Woodstocks » où rien ne serait improvisé. (6)

PLAN BA217

Communauté d’agglomération Cœur d’Essonne, « La Base. 300 hectares d’avenirs », 2016, 8 p. (5)

Le problème des transports en commun

La question des transports doit être incidemment posée, que ce soit au fil de l’année ou lors des événements festifs ponctuels. Dans les deux cas, ceux-ci semblent à notre avis largement sous-évalués. La gare du RER-C de Brétigny-sur-Orge se trouve à plus de 2 km de l’entrée ouest de la BA 217. La voie routière qui longe l’emprise, la RD 19, est déjà bien chargée. L’implantation du gigantesque réseau de feux tricolores à l’intersection des RD 19 et 312 au nord n’a pas arrangé les choses, n’en déplaise aux promoteurs de ce genre de dispositif !

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Nœud routier sur la RD19, en Essonne. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

À propos du transport par câbles aériens appelés communément télécabines, les renseignements pris sur Internet font état d’une vitesse de 5 à 6 m/s (environ 18 km/h) et d’une capacité de 1 500 personnes par heure. (7) C’est bien en retrait des autres transports urbains y compris le bus en site propre qui a une capacité 2 fois supérieure.

Bretigny-sur-Orge Base 217 OpenStreetMap lieux

Localisation de « La Base » et de la BA 217 via Open Street Map.

Une question non évoquée par les officiels, celle de la dépollution des sols

Immanquablement, un terrain militaire crée, provoque et subit diverses pollutions par ses activités passées et présentes. Il est peu probablement que l’emprise de la BA 217 y ait échappé. Toute cession ou modification d’activité d’un site nécessite certaines actions afin de déceler les atteintes à l’environnement. « La dépollution constitue alors un préalable à la reconversion fonctionnelle des sites militaires » qu’il s’agisse de dépollution pyrotechnique, qui concerne les activités de défense militaire (champs de tirs, entreposage de munitions, camps militaires…), ou de dépollution industrielle, qui concerne les activités en temps de paix (stockage de carburant, entretien de matériel, déchets polluants…). (8) Lors de la cession de l’État à une collectivité territoriale ou un EPCI, le ministère de la Défense doit remettre à l’acquéreur un audit environnemental, une étude historique de pollution pyrotechnique répertoriant et analysant les activités du site, un diagnostic évaluant le degré de pollution des différentes zones du bien cédé.

Avant cession, un site militaire étant assimilé à une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), le ministère de la Défense prend en charge le démantèlement de l’installation classée, à savoir la dépollution industrielle, la remise en état et la mise en sécurité des lieux lors de l’arrêt de ses activités.

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Bâtiment désaffecté sur la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

Pour la dépollution pyrotechnique, dans le cadre des dispositions de l’article 67 de la loi n° 2008-1425 sur la cession à l’euro symbolique (avec obligatoirement complément de prix différé), « le cessionnaire est substitué à l’État pour les droits et les obligations liés aux biens qu’il reçoit en l’état ». Cette dépollution est donc à la charge de l’acquéreur. Si une revente du bien (en entier ou en partie) est effectuée dans les quinze années qui suivent la cession initiale, le coût des travaux de dépollution est alors déduit du complément de prix différé. (9)

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Bâtiment désaffecté sur la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

De quelle nature sont les pollutions sur l’emprise de la BA 217 ? Que mentionne l’audit environnemental, l’étude historique pyrotechnique, le diagnostic ? Quel sera le chantier de dépollution ? A quels coûts ? Lors de la visite, les autorités ont été bien silencieuses sur le sujet.

Analyse SWOT – ou MOFF – du projet

Forces/Faiblesses

  • Force. Surface. Dynamisme apporté par une communauté d’agglomération (EPCI) de 21 communes et de 260 000 habitants.
  • Faiblesse. Transfert des décisions en matière d’aménagement, d’urbanisme, d’équipements… depuis l’échelon communal vers l’échelon communautaire. Quelles seront les justes répartitions des avantages et des coûts ?
  • Force. Gouvernance centralisée.
  • Faiblesse. Gouvernance démocratique et participative à inventer. Autant le citoyen municipal possède une existence certaine, autant le citoyen communautaire a une existence problématique.
  • Force. Opportunité d’urbaniser un foncier à l’état naturel.
  • Faiblesse. Disparition de zones libres. Imperméabilisation inévitable des sols.
  • Force. Créations d’emplois.
  • Faiblesses. Accessibilité du site. Transports en commun inexistants. Accès routiers saturés aux heures de pointe : bouchons automobiles quotidiens sur la route nationale 104 (dite Francilienne), entre Évry et Linas, sur la route départementale 19, entre Arpajon et Fleury-Mérogis/Grigny, « queues » de véhicules pour accéder ou sortir de la zone d’activité de la Croix-Blanche…

Opportunités/Menaces

  • Opportunité. Reprise de 300 hectares de terrain militaire.
  • Menaces. Difficultés liées à la reprise de terrains militaires pouvant receler diverses pollutions (hydrocarbures, pyrotechnie d’armement…).
  • Opportunité. L’EPCI Cœur de l’Essonne disposera de 300 hectares pour 1 € symbolique.
  • Menaces. Incertitude sur l’évolution à terme de la structure de l’intercommunalité qui est susceptible de transférer des charges de fonctionnement sur les communes, et donc sur les budgets communaux et sur les contribuables.
  • Opportunité. Le transfert par le ministère de la Défense de terrains dont il était propriétaire à une collectivité territoriale publique ne pose pas en soi de problème.
  • Menace. En revanche, d’éventuelles ventes par l’EPCI à des propriétaires privés de biens fonciers provenant du Domaine national peut soulever des interrogations sur sa justification (sur l’opération de privatisation, sur son fondement, et sur la détermination de la valeur des biens transférés…).

NB. Cette grille est établie à partir des informations dont nous disposons au moment où cet article est rédigé. Elle sera corrigée, complétée en fonction des éléments nouveaux dont nous aurons connaissance.

Conclusion sur l’opération

On peut s’interroger sur l’intérêt véritable de l’État et sur les contre-parties qu’il attend de la part des collectivités locales. Un bilan prospectif coûts/bénéfices doit être établi, rendu public, débattu et corrigé chaque année.

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Plan-maquette présenté lors de la visite de la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

RÉFÉRENCES
1. PRÉVOT Maryvonne, « Pierre Mauroy, maire bâtisseur : un héritier de l’avenir », Revue du Nord, 2011, n°389, pp. 181-192.
2. Ville de Brétigny-sur-Orge, « BA 217 : un passé riche, un avenir prometteur », Bulletin municipal « Paroles », novembre 2012, pp. 6-8 (pdf) : BSO BM Nov 2012 – BA217. Communauté d’agglomération Val d’Orge, « BA 217 : une opportunité pour le Val d’Orge, l’avenir du Sud francilien », juin 2012, 8 p. (pdf) : VAL D ORGE Signature CRSD BA2017.
3. Communauté d’agglomération Cœur d’Essonne, « C’est avec le cœur que nous construisons l’avenir », 2016, 7 p. (pdf) : CACE BA217 doc 1.
4. Conseil départemental de l’Essonne, « Visite de la base aérienne de Brétigny-sur-Orge. Invitation presse », 10 juin 2016, 3 p. (pdf) : invitation-visite-BA.

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5. Communauté d’agglomération Cœur d’Essonne, « La Base. 300 hectares d’avenirs », 2016, 8 p. (pdf) : CACE BA217 doc 3.
6. LOISY Florent, « Brétigny-sur-Orge. La BA217 va revivre », Le Parisien Essonne-matin, 16 juin 2016, p. III (pdf) : 2016-06-16 LEP BA217.

7. Sur les remontées mécaniques, lire le site Internet : http://www.remontees-mecaniques.net.
8. GINET Pierre, « Le lien défense-territoires. Quelles perspectives pour le géographe sur le plan scienti fique et dans sa pratique de l’aménagement ? », Cours magistral de Master Défense, risque, sécurité et aménagement, Metz (Université de Lorraine), France. 2014, 17 p. : https://cel.archives-ouvertes.fr/cel-00966048.
9. DAFI, CERTU, « Modalités de cession des immeubles du ministère de la Défense », fiche 6, septembre 2013, 12 p. (pdf) : DAFI CERTU 2013.

invitation-visite-BA© Jean-Marie CORBIN, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 20 juin 2016, 19 h 30.


NOTE
L’invitation du conseil départemental de l’Essonne à la visite de la BA 217 le 15 juin 2016 est parvenue par mail à Bernard MÉRIGOT, rédacteur en chef de Territoires et démocratie numérique locale (www.savigny-avenir.info, ISSN 2261-1819) et président de Mieux Aborder L’Avenir, le 10 juin. Empêché par d’autres obligations professionnelles, il a demandé à Jean-Marie CORBIN, président de Portes de l’Essonne Environnement et directeur de publication de www.portes-essonne-environnement.fr, de bien vouloir le remplacer auprès des officiels durant cette visite. Le présent article a été rédigé en collaboration par les deux rédacteurs et Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT. Il est publié sur les deux sites Internet avec des illustrations, des références et un titre différents.