Archives de catégorie : Urbanisme

Comment associer les citoyens à la construction du Grand Paris ?

Décider ensemble est une association loi de 1901. Elle a pour finalité de développer la culture de la concertation et de la décision partagée en France. Ses membres sont issus du monde des entreprises privées et publiques, des collectivités locales, du secteur associatif et du milieu universitaire.

 

COMMENT ASSOCIER LES CITOYENS À LA CONSTRUCTION DU GRAND PARIS ?

 

Décider ensemble organise ses 10e rencontres de la concertation sur la construction du Grand Paris et les citoyens. (1) « Le projet du Grand Paris, lancé en 2008, vise à transformer la région parisienne en métropole mondiale. Bien que centré sur le thème des transports, ce projet souhaite équilibrer toutes les dimensions de la vie métropolitaine : mobilité, logement, emploi, urbanisme, architecture et environnement. A l’heure des grandes décisions sur le futur de la métropole, il est plus que jamais nécessaire que les citoyens soient intégrés au processus de concertation, qui doit s’intensifier, s’élargir et s’améliorer.

Bertrand PANCHER, président du Think-Tank et député de la Meuse, affirme ainsi promouvoir cette vision afin de « remettre la citoyenneté au coeur du processus de décision et permettre à l’ensemble des Français de tirer profit du potentiel de développement du Grand Paris qui doit rester dans le concert des métropoles d’envergure internationale. »

A l’heure des grandes décisions sur le futur du Grand Paris, qu’en est-il de la gouvernance citoyenne à l’échelle de la métropole ? Comment construire une concertation large et décloisonnée, appropriable et lisible ? Comment mettre en place des espaces de véritables échanges où un dialogue, transparent et équilibré peut avoir lieu, y compris sur les questions d’organisation et de montage des politiques publiques ? Décider ensemble, à travers une étude qui sera présentée, propose des pistes de réflexion, afin d’intégrer la question citoyenne en tant qu’élément permanent et constitutif du projet en lui-même. »

 

L’association Portes de l’Essonne Environnement participera au séminaire du 20 février 2014 (de 9h00 à 13h00, au Palais Bourbon, 126, rue de l’Université, 75007 Paris). Un débat sur la gouvernance partagée fondée sur l’action de la société civile sera animé en présence de : Alexis BACHELAY (député des Hauts-de-Seine), Patrick BRAOUEZEC (ancien député de la Seine-Saint-Denis), Frédéric GILLI (docteur en économie, urbaniste), Antoine GRUMBACH (architecte), Philippe LAURENT (président de Paris Métropole), Grégoire MILOT (président de l’agence conseil en concertation Etat d’Esprit), Bertrand PANCHER (député de la Meuse), Michel VALACHE (vice-président de la Chambre du commerce et d’industrie de la région Paris Ile-de-France), Sibylle VINCENDON (journaliste, auteur d’un blog « Grand Paris et petits détours », www.grandparis.blogs.liberation.fr) et Marc WIEL (urbaniste).

DOCUMENTS

1. BRAOUEZEC Patrick, « De la gouvernance du Grand Paris », 8 février 2011, Metropolitiques, MET-Braouezec (pdf)

2. GILLI Frédéric, « Le Grand Paris, une métropole en marche ? », 30 janvier 2011, Metropolitiques, MET-Gilli 1 (pdf)

3. GILLI Frédéric, « Gouvernance du Grand Paris : l’enjeu démocratique », 22 mai 2013, Metropolitiques, MET-Gilli 2 (pdf)

4. Comité stratégique de la Société du Grand Paris, Rapport 2013, 38 p. CSSGP – Rapport 2013 (pdf)


SOURCE

1. www.deciderensemble.com

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 11 février 2014.

Environnement et santé publique

Étudier et défendre le « bien-être » en ville » (Well-being in the city)

Pour Jérémy RIFKIN, l’homme est devenu un « homo urbanus » depuis le début des années 2000. La ville et ses zones périphériques constituent désormais son unique horizon de vie.

Comment faire de la ville un espace prenant en compte l’aménité, c’est-à-dire « les aspects agréables de l’environnement ou de l’entourage social, qui ne sont ni appropriables, ni quantifiables en termes de valeur monétaire » ?
Comment faire en sorte que les conditions de vie des citadins, en particulier en matière de transport et de logement, ne se dégradent pas ? Comment éviter la croissance des inégalités socio-spatiales induites notamment par l’augmentation du prix du foncier ?
Comment minimiser les externalités négatives sur l’environnement et sur la santé des citadins : promiscuité, congestion, pollution… ?

HABITAT, TRAVAIL ET SANTÉ


Toutes ces questions constituent des défis pour les aménageurs, pour les acteurs locaux, pour les politiques, et pour tous les citoyens. Elles sont toutes liées à la quête du « bien-être en ville » (« Well-being in the city »), concernant tous les éléments contribuant à la qualité de vie et à la santé des citadins. Lise BOURDEAU-LEPAGE établit, à partir de nombreuses enquêtes, que la nature constitue un élément déterminant du « bien-être » des citadins (1) et C. ANDRÉ souligne que la nature, par sa seule présence, produit des effets thérapeutiques (2).

VILLES ET MALADIES


La ville est porteuse de risques sanitaires liés à l’altération du milieu et aux nuisances (pollution de tous les milieux : air, eau, sol, toxicité des matériaux, vétusté de l’habitat, radioactivité…) qui peuvent engendrer des pathologies, dites environnementales, ou fragiliser les états de santé. Après le choléra au XIXe siècle, la tuberculose dans la première partie du XXe siècle, les risques sanitaires sont aujourd’hui les maladies chroniques (maladies cardio-vasculaires, maladies respiratoires, cancers, allergies …) issues en partie de la dégradation du milieu.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il y a en France 30 000 décès prématurés par an imputables à la pollution atmosphérique. De même, les maladies allergiques respiratoires ont doublé depuis 20 ans. 20 % des cancers auraient pour origine des facteurs environnementaux. Ces risques pour la santé appellent donc un « nouvel hygiénisme », que l’on retrouve au cœur des réflexions sur la santé environnementale et la ville durable, par exemple, afin de réduire les pollutions ou encore diminuer le niveau de stress des citadins.

ESPACES VERTS ET SANTÉ


Les arbres, par leur seule présence, contribuent à réduire le niveau des polluants dans l’air, à diminuer les effets des îlots urbains de chaleur ainsi que la pollution sonore. Les espaces verts en ville ont des effets bénéfiques sur l’environnement mais aussi sur la santé physique et mentale des citadins : ils diminuent l’anxiété, le stress, les dépressions, les pathologies liées à l’obésité.

De nombreuses études médicales montrent l’existence d’une relation entre l’état de santé d’une personne et la proximité d’éléments naturels tels qu’une voie d’eau, un parc ou un jardin que W. GESLER nomme des « paysages thérapeutiques » (3) Quant à Roger ULRICH, il démontre comment le fait d’avoir une chambre donnant sur un parc accélère la convalescence des patients hospitalisés après une intervention chirurgicale. (4)

ÉTABLIR DES CARTES DE SANTÉ

Carte de John SNOW sur  l’épidémie de choléra à Londres en 1854. Version adaptée par Géoconfluences, ENS de Lyon, 2012.

Carte de John SNOW sur l’épidémie de choléra à Londres en 1854. Version adaptée par Géoconfluences, ENS de Lyon, 2012.

Les premières cartes épidémiologiques ont été établies en 1885, il y a maintenant un siècle et demi, par le Dr John. SNOW (5). De nouveaux algorithmes permettent de géolocaliser les informations sur l’état de santé des individus à partir des réseaux sociaux (6), de les publier, de les analyser et d’alimenter le débat scientifique et le débat citoyen dans le contexte de « big data » et d’ « open data », impliquant de nouvelles échelles spatiales et temporelles concernant :

  • les inégalités sanitaires et environnementales,
  • les choix de territoires.

Toutes les décisions qui impliquent la nature et l’environnement ont des effets sur la santé. Elles ne peuvent pas être prises uniquement ni par les élus, ni par les administrations. La société civile doit y participer.

SOURCES

1. BOURDEAU-LEPAGE Lise, « Nature en ville », Métropolitiques, 22 février 2013.
2. ANDRÉ C,
« Notre cerveau a besoin de nature », Cerveau & Psycho, n°54 novembre-décembre 2012, pp. 12-13.
3. GESLER W.,
« Therapeutic Landscapes: Medical issues in light of the new cultural geography », Social Science & Medicine, vol 34, n° 7, 1992, pp. 735-746.
4. ULRICH Roger,
« View through a window may influence recovery from surgery », Science, vol. 224, 1984, pp. 420-421.
5. SNOW J.,
On the Mode of Communication of Cholera, 2nd Ed, 1885, London, John Churchill, New Burlington Street. Géoconfluences, « Interpréter les épidémies du passé », ENS de Lyon, 2002, mise à jour 2012, 8 p. (www.geoconfluences.ens-lyon.fr).
6. KAUTZ H.,
« Data Mining Social Media for Public Health Applications », 23rd International Joint Conference on Artificial Intelligence (IJCAI 2013), Beijing, 2013.

AGENDA

Un prochain colloque « Bien-être en ville », présidé par Lise BOURDEAU–LEPAGE aura lieu les 12 et 13 juin 2014 à l’Université Jean Moulin – Lyon 3. Avec Lise Bourdeau-Lepage, Professeure, Université Jean Moulin Lyon 3 (UMR EVS-CRGA), Céline Broggio, Maître de Conférences HDR, Université Jean Moulin Lyon 3 (Équipe Magellan), Enali De Biaggi, Maître de conférences, Université Jean Moulin Lyon 3 (UMR EVS-CRGA), Pierre-Marie Chapon, Directeur de recherche, Icade et chercheur (UMR EVS-CRGA), Virginie Chasles, Maître de Conférences, Université Jean Moulin Lyon 3 (Équipe Santé Individu Société), Linda Chourfi, Secrétaire du CRGA, Université Jean Moulin Lyon 3, Hervé Gazel, Maître de Conférences, Université Jean Moulin Lyon 3 (UMR EVS-CRGA), Michel Mietton, Professeur, Université Jean Moulin – Lyon 3 (UMR EVS-CRGA), Jean-Philippe Pierron, Maître de Conférences HDR, Université Jean Moulin Lyon 3 (EA Santé Individu Société), Emmanuel Thimonier, Chargé d’études, UrbaLyon et chercheur (UMR EVS-CRGA).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 10 février 2014.

 

PEE et l’intelligence territoriale

Habiter, travailler, séjourner dans un territoire, le visiter ou le parcourir, suppose que l’on ait pour lui, à des degrés divers, des attentes, des désirs, des projets. Chacun de ses acteurs, qu’il appartienne à la société politique ou à la société civile, est porteur de compétences, d’expériences, de contributions. Elles sont toutes légitimes et doivent être prises en considération. Le géographe Alexandre MOINE définit le territoire comme « un système complexe qui évolue dans le temps en relation avec la boucle de rétroaction qui lie un ensemble d’acteurs et l’espace géographique qu’ils utilisent, aménagent et gèrent ». (1)

CASSINI Paray Morangis Athis Juvisy
QU’EST-CE QUE L’INTELLIGENCE TERRITORIALE ?

La notion d’intelligence territoriale est apparue au début des années 2000. Elle s’est développée sur le modèle de l’intelligence économique ou « competitive intelligence » aux États-Unis (2). Il s’agit d’une approche de l’évolution durable des espaces qui tient compte des dimensions informationnelles développées grâce aux nouvelles technologies de l’information, notamment le numérique.

Selon Jean-Jacques GIRARDOT, « l’intelligence territoriale ambitionne d’être la science pluridisciplinaire dont l’objet est le développement durable (…) dans une société de la connaissance » pour une meilleure gouvernance. (3) Il a été un des premiers économistes à en donner une définition prospective : « L’intelligence territoriale est un moyen pour les chercheurs, pour les acteurs et pour la communauté (…) d’acquérir une meilleure connaissance du territoire, mais également de mieux maîtriser son développement. L’appropriation des technologies de l’information et de la communication, et de l’information elle-même, est une étape indispensable pour que les acteurs entrent dans un processus d’apprentissage qui leur permettra d’agir de façon pertinente et efficiente. L’intelligence territoriale est notamment utile pour aider les acteurs territoriaux à projeter, définir, animer et évaluer les politiques et les actions de développement territorial durable. » (4)

La démarche d’intelligence territoriale implique, de fait, une meilleure connaissance des publics et de leurs besoins, une prise en compte des demandes des citoyens, un échange des informations, une coopération constante des initiateurs et des initiatives, un savoir-faire et des compétences afin de déterminer des réponses adéquates dans chacun des champs observés. Les acteurs se coordonnent au mieux pour dégager des actions en faveur du bien-être collectif en interaction avec les piliers du développement durable (environnement, économie, social).

CASSINI Montgeron

La notion d’ingénierie territoriale apparaît en 2003 pour désigner un « ensemble des savoir-faire professionnels dont ont besoin les collectivités publiques et les acteurs locaux pour conduire le développement territorial ou l’aménagement durable des territoires ». (5) Elle consiste en un ensemble de pratiques et de méthodes concernant le « faire-ensemble » qui s’applique à toute construction collective. On parlera aussi d’ingénierie du développement territorial ou d’ingénierie du développement durable des territoires. La chaîne d’ingénierie territoriale, telle qu’elle a été proposée par Sylvie LARDON, se définit comme un « réseau imbriqué de compétences multiples » (6), comprenant à la fois des dépendances mais aussi des synergies. Elle s’inscrit dans une problématique de gouvernance qui est à la fois multi-acteurs et multi-niveaux. Son enjeu est la « capacité collective à agir et innover sur un espace donné », dans le cadre de projets de territoire collectifs. (7)

L’ASSOCIATION PEE ET L’INTELLIGENCE TERRITORIALE

La démarche de PEE s’inscrit dans le cadre d’une intelligence territoriale participative et contributive. Son principal vecteur de communication sur la société et son territoire est un média numérique informatif. Le site internet, alimenté par des articles individuels ou collectifs (associatifs), est conçu comme une intelligence informationnelle en capacité à s’orienter vers une intelligence opérationnelle : collecte des données, pratiques de terrain, mutualisation des informations, analyses, dynamique des savoirs et des expériences, dynamique des innovations, propositions, décisions/réponses, actions. (8)

CASSINI Savigny

SOURCES
1. MOINE Alexandre, « Le territoire comme un système complexe : un concept opératoire pour l’aménagement et la géographie », L’Espace géographique, 2006/2, tome 35, pp. 115-132. « Le territoire comme système complexe », cours d’Alexandre MOINE, professeur de géographie à l’Université de Franche-Comté, laboratoire ThéMA.
2. PORTER Michaël, Competitive-Strategy, Techniques for Analyzing Industries and Competitors, 1980. PRIOR Vernon, Language of Business Intelligence, http://www.markintell.com/introduction-vernon-prior. PELISSIER Maud, « Étude sur l’origine et les fondements de l’intelligence territoriale : l’intelligence territoriale comme une simple déclinaison de l’intelligence économique à l’échelle du territoire ? », Revue internationale d’intelligence économique, 2009/2, vol. 1, pp. 291-303.
3. GIRARDOT Jean-Jacques, « Qu’est-ce que l’intelligence territoriale ? », http://www.collaboratif-info.fr, 28 juin 2010. Jean-Jacques GIRARDOT, maître de conférence à l’Université de Franche-Comté, est notamment coordinateur scientifique de l’Enti ((Europeen Network for Territorial Intelligence).

4. GIRARDOT Jean-Jacques, « Principes, Méthodes et Outils d’Intelligence Territoriale. Évaluation participative et Observation coopérative », Conhecer melhor para agir melhor, Actes du séminaire européen de la Direction Générale de l’Action Sociale du Portugal, EVORA (Portugal), 2000, pp. 7-17.
5. Comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire (CIATD), 2003.
6. LARDON Sylvie, MOQUAY Patrick, POSS Y. (dir.), Développement territorial et diagnostic prospectif. Réflexions autour du viaduc de Millau, Éditions de l’Aube, 2007.
7. LARDON Sylvie, PIVETEAU Vincent, « La nouvelle fabrique des experts du territoire. Un dispositif de recherche-formation-action », Conférence OPDE « Aide à la décision et gouvernance », 25-26 octobre 2010, Montpellier. PIVETEAU Vincent, « L’ingénierie territoriale, défi pour la gouvernance », Pour, n° 209, 2011, pp. 159-164.
8. BERTACCHINI Yann, Intelligence territoriale. Le Territoire dans tous ses états, collection Les ETIC, Presses technologiques, Toulon, 2007, 316 p.

CASSINI Evry

ILLUSTRATIONS DE CET ARTICLE
Les illustrations de cet article sont extraites de la Carte de Cassini de l’Ile-de-France levée entre 1749 et 1755. Pour en savoir plus : www.geoportail.gouv.fr (producteurs des données : EHESS, CNRS, BnF).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 18 janvier 2014.