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La Savinière et Savigny-sur-Orge : après 83 ans d’histoire d’amour, Eric Mehlhorn décide une séparation fatale !

Le 13 avril 2015, la municipalité de Savigny-sur-Orge dirigée par Éric MEHLHORN a adopté un budget primitif programmant la fermeture du centre d’accueil de la Savinière en Vendée, de la Maison des jeunes et de la culture (MJC) et de la crèche familiale sises dans la Grande-Rue de la ville. (1) Les 28 élus de la majorité ont été aveugles au déplacement massif de Saviniens désireux d’assister au conseil municipal, manifestant leur volonté de maintenir des structures œuvrant pour les jeunes. (2) Ils ont été sourds aux appels à la concertation lancés par cette opposition citoyenne au maire UMP, une opposition physique et verbale jamais vue dans l’enceinte de la salle du conseil municipal de Savigny-sur-Orge ! (3) Ils ont été muets face à la pétition lancée par les parents d’élèves sur le site www.change.org rassemblant plus de 2 000 signatures en deux jours contre un budget fermé à la jeunesse. Cette pétition a été signée par PEE dès sa mise en ligne. (4 et 4 bis) Cette séance du conseil municipal de Savigny-sur-Orge est un déni de démocratie participative.

Je suis la Saviniere - V3

Conseil municipal de Savigny-sur-Orge, dirigé par Eric MEHLHORN, séance du 13 avril 2015. © BM/CAD/PEE.

Dans le cadre de ses réflexions sur les trois intelligences appliquées au développement durable (informationnelle, opérationnelle et territoriale), PEE reprend ci-dessous le bref historique du patrimoine savinien en terre vendéenne publié dans La Mémoire de Savigny-sur-Orge de novembre 2007. La communication est reproduite avec l’autorisation de l’auteur. (5) Elle est suivie d’un diaporama en deux parties et d’une conclusion sur la situation actuelle.


DOCUMENT 1 : COMMUNICATION

LA COLONIE SCOLAIRE DE SAVIGNY-SUR-ORGE

Quelles sont les grandes lignes de l’histoire de ce lieu de sociabilité pas comme les autres ? Pour répondre, cette communication s’inspire de l’ouvrage de Jean-Michel GAUTHEY, directeur du centre, rédigé à l’occasion du soixantième anniversaire de « La Savinière », complété par des archives privées.

1931 – 1938 : Naissance de la colonie scolaire de Savigny-sur-Orge

Au début des années trente, de jeunes Saviniens passent leurs vacances à la ferme de Champagne ou à Boyardville (sur l’île d’Oléron). René LEGROS, maire de Savigny-sur-Orge, pense alors doter sa commune de sa propre colonie de vacances. Par hasard, en 1931, il trouve un terrain d’un prix abordable à La-Tranche-sur-Mer, en Vendée, au lieu-dit Les Conches-Mouillées, à quelques centaines de mètres de la mer et au milieu des pins. Le 21 décembre 1931, le conseil municipal décide d’acquérir les 3 200 m2 de pinède – qui sera plus tard classée. Les travaux commencent très vite. Un vaste bâtiment moderne abrite des dortoirs, une infirmerie, des douches, des cuisines. Une vaste cour sablée est aménagée afin que les enfants s’amusent.

5. LS CP ENTREE

Entrée de la colonie scolaire de Savigny-sur-Orge en Vendée, années 1940. Collection privée CAD/BM.

Dès juillet 1932, la colonie fonctionne avec 120 places puis 200, ce qui permettra d’envoyer près de 600 jeunes au bord de mer, chaque été, pendant trois séjours d’une durée de trois semaines. Les enfants de Savigny-sur-Orge (mais aussi de Choisy-le-Roi et de Villeneuve-Saint-Georges) effectuent les voyages en train de Paris-Montparnasse jusqu’à La-Roche-sur-Yon, puis en car. Ils sont encadrés par des instituteurs, des membres de la Caisse des écoles, des conseillers municipaux et des mères de familles bénévoles.

3. LS PHOTO 1e Colonie 1932

Premiers colons en Vendée, année 1932. Photographie numérisée, collection privée CAD/BM.

La Caisse des écoles gère le fonctionnement de la colonie jusqu’en 1938. La mairie prend alors la gestion directe, ce qui permet aux gardiens du centre, les époux GIRAUDEAU, de devenir des employés communaux (jusqu’en 1970).

1939 – 1945 : La colonie occupée

Lors des journées tragiques de juin 1940, la commune obtient l’autorisation d’y mettre à l’abri 150 enfants. La municipalité pense les envoyer par le train. Ils seront finalement conduits grâce à des véhicules communaux.

En 1942, un régiment de la Schutzstaffel (SS) s’installe dans les locaux. Les officiers sont logés à l’étage, le théâtre des armées et les écuries prennent place au rez-de-chaussée. A la Libération, les Forces française de l’intérieur (FFI) remplacent les Allemands avant de rendre les lieux à leur propriétaire, la ville de Savigny-sur-Orge. 

7. LS CP ARRIERE

Façade arrière de la colonie scolaire de Savigny-sur-Orge en Vendée, années 1940. Collection privée CAD/BM.

1946 – 1971 : Le centre de vacances

A partir de l’été 1946, les jeunes Saviniens reprennent possession de la colonnie vendéenne afin d’y trouver « nourriture, bon lait et soleil ». Les structures ont tellement souffert pendant la guerre qu’en 1959, les services chargés du contrôle avertissent la municipalité que l’autorisation d’ouverture ne sera pas donnée si d’importants travaux ne sont pas rapidement effectués.

9. CP LS ENFANTS

Les jeunes Saviniens dans la cour de la colonie, années 1950. Collection privée CAD/BM.

Dans les années soixante, grâce aux maires de Savigny-sur-Orge (le Docteur OUZILLEAU et Paul BONICI), la colonie scolaire s’offre donc une nouvelle jeunesse : dortoirs et salles à manger cloisonnés en petites unités, rénovation des douches, installation du gaz dans les cuisines, carrelage au sol, baies vitrées multipliées par trois, ravalement des façades, construction de l’infirmerie, des salles de jeux, une bibliothèque…

En 1962, la colonie est dirigée par Jean-Michel GAUTHEY. Cet instituteur de l’école Ferdinand-Buisson y a été moniteur, puis directeur adjoint. Chaque été, il se consacre aux deux sessions organisées à la colonie qui s’est transformée en centre de vacances.

Pendant près de 25 ans, les effectifs accueillis sont sans cesse grandissants. Des kermesses, des dîners masqués, des veillées à thème, des concours de châteaux de sable, des spectacles variés, des jeux divers, des courses de trésor, et bien d’autres activités sont organisés. Très vite, dès 1964, Jean-Michel GAUTHEY entrevoit de nouvelles perspectives : l’accueil de classes de mer…

4 juillet 1972 : Le centre permanent de classes de mer et de colonie de vacances «  La Savinière »

Le centre ouvre de manière permanente en mars 1972 par une colonie de vacances de Pâques avec une dominante sportive. Elle est suivie par quatre classes de mer, les premières organisées au centre, mais aussi dans le département. Le « tiers-temps » y est appliqué. Chaque jour, sauf le dimanche, on consacre deux heures et demie aux disciplines d’éveil, deux heures et demie aux activités physiques, artistiques et manuelles qui partent de l’observation du milieu : la mer, la pêche, l’environnement naturel. Les enseignants sont secondés par des moniteurs ou normaliens en stages pédagogiques.

Le 4 juillet 1972, l’inauguration officielle du centre permanent de classes de mer et de colonie de vacances est réalisée sous la présidence du maire de Savigny-sur-Orge, Raymond BROSSEAU. Pour plus de commodités, Jean-Michel GAUTHEY a proposé de dénommer le centre « La Savinière », nom acté par le conseil municipal le 26 avril 1972.

Bulletin municipal SSO novembre 1972 LA SAVINIERE

Bulletin municipal de Savigny-sur-Orge, novembre 1972. Les premières classes découvertes en terre vendéenne, p. 8. Fond privé CAD/BM.

Bulletin municipal SSO novembre 1972 LA SAVINIERE-1

Bulletin municipal de Savigny-sur-Orge, novembre 1972. Les premières classes découvertes en terre vendéenne, p. 9. Fond privé CAD/BM.

Depuis lors les classes de mer se sont transformées en classe de découverte. Elles sont de plus en plus nombreuses à fréquenter « La Savinière » : 8 en 1972, plus de 60 dans les années quatre-vingt-dix venant de Savigny-sur-Orge ou d’autres communes. Puis, le centre propose des activités sportives (initiation à la navigation, char à voile, poney…) et des activités liées à la découverte du patrimoine local (l’histoire de la Vendée, la géographie physique, la géologie, la faune et la flore, les problématiques humaines).

12. D LS CV et CM 1983

Dépliant publicitaire sur le Centre permanent La Savinière, 1983 (verso). Fond privé CAD/BM.

18. CP LS OPTIMISTE

Ecole de voile La Savinière, années 1980. Collection privée CAD/BM.

En 1982, le directeur présente à la municipalité savinienne un projet d’hôtellerie de plein air dans la pinède. La proposition est retenue… En juillet 1983, les premières caravanes arrivent sur une partie du terrain. Le camping-caravaning « La Savinière », 4 étoiles, est inauguré le 4 juillet 1984. Il n’existe plus mais, à la place, le centre disposera d’un agrément pour accueillir des mini camps de jeunes, des groupes sous tente.

21. CP LS VUES

Camping La Savinière, années 1980. Collection privée CAD/BM.

Sources de la communication
– Jean-Michel GAUTHEY, La Savinière. 1932-1992, Ville de Savigny-sur-Orge, Centre permanent de La-Tranche-sur-Mer, Imprimerie Graphique de l’Ouest, 1992, 48 p.

– Fonds privés « La Savinière » de Bernard MÉRIGOT, maire adjoint de la ville de Savigny-sur-Orge.
Bulletin municipal de Savigny-sur-Orge, novembre 1972, 6 pages consacrées à La Savinière (pdf) : Bulletin municipal SSO novembre 1972 LA SAVINIERE.
– Notice rédigée par Sylvie MONNIOTTE pour l’exposition « L’histoire des écoles de Savigny-sur-Orge (1847-1998) », lors des Journées européennes du patrimoine 1998, à la bibliothèque – médiathèque André Malraux, du 18 au 30 septembre 1998.
– Notice rédigée par Sylvie MONNIOTTE pour l’exposition « Savigny au siècle dernier. Les commerces, les écoles, « La Savinière » », organisée par le Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge,  à la salle des fêtes de Savigny-sur-Orge, du 21 au 25 novembre 2007.

Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, novembre 2007


DOCUMENT 2 : LES SAVINIENS SONT LA SAVINIÈRE !
– diaporama en deux parties à télécharger en pdf –

Première partie (1932 – 1972) : LES SAVINIENS SONT LA SAVINIERE – PEE Avril 2015 – Partie 1 def
Deuxième partie (1972 – 2015) : LES SAVINIENS SONT LA SAVINIERE – PEE Avril 2015 – Partie 2 def


En quatre-vingt-trois ans d’existence, le centre d’accueil « La Savinière » est devenu une institution pour l’épanouissement des enfants grâce aux classes découvertes pendant l’année scolaire ou aux séjours vacances, encadrés par une équipe de 22 employés. Plus d’une centaine de milliers de jeunes se sont forgés des souvenirs inoubliables. Rires, joies mais aussi parfois appréhension, pleurs… émotions et sentiments en tout genre éprouvés par des générations de Saviniens imprègnent les murs de la bâtisse vendéenne.

Rénovés régulièrement entre 1983 et 2008, les locaux ont été dotés d’un équipement de restauration moderne pour un coût de près de 500.000 euros en 2010. (6) Aujourd’hui, sous le prétexte d’une économie budgétaire, Éric MEHLHORN et sa majorité ferment la boîte à souvenirs. Le sourire des enfants, de leurs parents, de leurs grands-parents ne sera plus vendéen.

Certains ont dit que « La Savinière » était la danseuse de Savigny, un gouffre financier permanent. Cette seule raison ne pourrait justifier la fermeture et la cession de ce patrimoine de Savigny-sur-Orge sans aucune concertation avec les administrés. Brader le patrimoine de la commune, c’est brader l’intérêt général des Saviniens. D’autres solutions sont possibles. Les Saviniens ne manquent pas d’idées mais, pour que la municipalité de Savigny-sur-Orge les entende, encore faudrait-il que le maire et sa majorité sortent de leur tour d’ivoire dorée ! Un patrimoine local est, par définition, inestimable. Il n’a pas vocation à devenir une source de revenus. Préserver, entretenir, restaurer, gérer, valoriser pour les générations présentes et futures, voilà les maîtres-mots de son propriétaire.


SOURCES
1. Pour consulter les notes de synthèse et le budget primitif 2015 de la ville de Savigny-sur-Orge :

2. Lire les articles du site www.savigny-avenir.info, et les articles d’Essonneinfo.fr et du Parisien Essonne-matin (pdf) :

3. Pour voir une vidéo du conseil municipal, mise en ligne par Olivier VAGNEUX : https://oliviervagneux.wordpress.com/2015/04/14/la-video-du-conseil-municipal-du-13-avril-2015-a-savigny-sur-orge/.

4. Pétition sur le site www.change.org : https://www.change.org/p/conseil-municipal-de-savigny-sur-orge-rejet-du-budget-pour-la-partie-li%C3%A9e-aux-d%C3%A9penses-pour-la-jeunesse

PEE signe la pétition contre le budget primitif 2015 de la ville de Savigny-sur-Orge proposé par Eric MEHLHORN, maire UMP (www.change.org). 12 avril 2015.

PEE signe la pétition contre le budget primitif 2015 de la ville de Savigny-sur-Orge proposé par Eric MEHLHORN, maire UMP (www.change.org). 12 avril 2015.

4 bis. L’opposition citoyenne à la municipalité d’Eric MEHLHORN s’est constituée en collectif : Sauvons l’enfance de Savigny. Il possède son propre site Internet d’information et sa page Facebook : https://sites.google.com/site/sauvonslenfancesavigny/homehttps://www.facebook.com/sauvonslenfancesavigny.

LA SAVINIERE 1932-1992 - jaquette VHS

Jacquette de la VHS : La Savinière, 1932-1992. Fond privé CAD/BM.

5. Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, « La colonie scolaire de Savigny-sur-Orge », La Mémoire de Savigny-sur-Orge, n° 16, sous la direction de Bernard MÉRIGOT, novembre 2007, pp. 6-7.
Voir aussi la VHS : Ville de Savignsy-sur-Orge – Centre permanent de La Tranche-sur-Mer, « La Savinière, 1932-1992 ».

6. Budget primitif 2010 de la ville de Savigny-sur-Orge : SSO CM BUDGET PRIMITIF 2010.

11b. D LS CV et CM 1983 une

Une du dépliant publicitaire sur La Savinière, année 1983. Fond privé CAD/BM.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 16 avril 2015.

Parc Duparchy, les travaux en cours du Syndicat de l’Orge

Des travaux de réaménagement des berges, de renaturation du lit de l’Orge et de restauration de la promenade de l’espace naturel dans le secteur sis entre la rue de Morsang à Savigny-sur-Orge et l’avenue du Bellay à Viry-Châtillon, plus communément connu sous les noms de square de la Brasserie et parc Duparchy, avaient été soumis à une enquête publique entre le 17 février et le 22 mars 2014. L’association Portes de l’Essonne Environnement avait alors émis un avis favorable avec des réserves sur 1/ la nécessité réelle de démolir le plus ancien pont du secteur franchissant la rivière, 2/ l’absence de piste cyclable indépendante de la promenade piétonne. (1)

Les travaux sont en cours de réalisation. Le pont a été démoli, sans aucune conservation de matériaux le constituant à titre de sauvegarde de la mémoire patrimoniale : quelques pierres, quelques rambardes, des relevés de situation, des photographies… afin de créer un musée lapidaire. Les maires de Savigny-sur-Orge et de Viry-Châtillon n’ont probablement pas fait de démarche auprès du Syndicat en ce sens, loin d’eux ce genre de pensée pour les générations futures.

Pont dit Corot, un des accès au lycée Corot.

Pont dit Corot, un des accès au lycée Corot. Le plus vieux pont du secteur démoli lors des travaux sur la renaturation de la rivière par le Syndicat de l’Orge. © BM, mars 2014.

PEE avait été la seule association à se préoccuper de ce patrimoine vernaculaire. Cette volonté de protection patrimoniale avait été clairement écrite dans l’avis remis lors de l’enquête publique. Le Syndicat de l’Orge n’a pas contacté le conseil d’orientation pour étudier ce dossier. Lors de la prochaine réunion de la commission des services publics, le jeudi 9 avril 2015, le représentant de PEE ne manquera pas d’en faire la remarque.

QUELQUES PHOTOGRAPHIES DES TRAVAUX (mars 2015)

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Chantier Duparchy, phase 1. Coût : 644 278 € TTC. Maître d’ouvrage et d’œuvre : Syndicat de l’Orge. © BM, mars 2015.

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Localisation du chantier Duparchy, phase 1. Maître d’ouvrage et d’œuvre : Syndicat de l’Orge. © BM, mars 2015.

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Chantier Duparchy : le pont dit Corot n’est plus là… Un pan de l’histoire vernaculaire du lieu a disparu à tout jamais, sans même rejoindre un musée lapidaire local ! © BM, mars 2015.

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Chantier Duparchy : le pont dit Corot n’est plus là… © BM, mars 2015.

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Chantier Duparchy, mené par le Syndicat de l’Orge. © BM, mars 2015.

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Chantier Duparchy, mené par le Syndicat de l’Orge. © BM, mars 2015.

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Chantier Duparchy, mené par le Syndicat de l’Orge. © BM, mars 2015.

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Chantier Duparchy, mené par le Syndicat de l’Orge. © BM, mars 2015.

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Chantier Duparchy, mené par le Syndicat de l’Orge. © BM, mars 2015.

SOURCES
1. Voir l’article sur le présent site Internet : http://portes-essonne-environnement.fr/le-syndicat-de-lorge-reamenagera-les-berges-de-lorge-parc-duparchy/ (17 mars 2014).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 25 mars 2015.

L’origine de la traversée du Transilien RER-C à Savigny-sur-Orge

PEE ET LES JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE 2014

Étrangement, on oublie souvent que les dossiers locaux, gérés dans le temps présent, puisent leur origine dans l’histoire locale. Le 5 juin 2014, le conseil d’administration du Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF) a approuvé la convention de financement pour la réalisation de la phase de projet du Tram-train Massy-Évry, la consultation des entreprises et la libération des emprises pour un montant de 39 millions d’euros. (A) Trois mois plus tard, le conseil général de l’Essonne adopte la convention de financement relative aux études « projet et assistance » pour un montant de 4,3 millions d’euros. Les travaux débuteront en 2015 pour une mise en service fin 2019. (B) Autre actualité locale, l’enquête publique relative à l’acquisition des terrains nécessaires à la réalisation du prolongement du T7 entre Athis-Mons et Juvisy-sur-Orge, créant ainsi une correspondance entre le tramway et les lignes du RER-C et du RER-D en 2018. (C) Deux dossiers, deux devoirs de mémoire des lieux : le premier rappelant que la création d’une ligne de transport n’est pas sans contrainte pour une cité et ses acteurs, le second rappelant que cette naissance se traduit par un accouchement parfois douloureux d’un nouveau paysage urbain local.

Les Journées du Patrimoine 1997 de la ville de Savigny-sur-Orge étaient consacrées au chemin de fer de Paris à Orléans traversant la commune depuis 1843. Ce fut l’occasion pour Sylvie MONNIOTTE de présenter une communication intitulée « L’histoire du chemin de fer à Savigny-sur-Orge à partir des sources originales conservées aux archives ». Elle a été reproduite en 2005, avec autorisation de l’auteur, dans la publication La Mémoire de Savigny-sur-Orge, coordonnée par Bernard MÉRIGOT, alors maire adjoint chargé du Patrimoine et des Syndicats intercommunaux. L’origine de la traversée du Transilien RER-C à Savigny-sur-Orge se trouve dans la construction de la ligne du chemin de fer de Paris à Orléans. (D)

Memoire SSO 2005 Chemin de fer 8 p

La Mémoire de Savigny-sur-Orge, n°10, septembre 2005, p. 1.


DOCUMENT : COMMUNICATION

Sommaire

I. Balafres ferroviaires indélébiles et lieux de mémoire
II. La mémoire manuscrite
III. Une physionomie communale qui change (NDLR : le texte est consultable en pdf)
1. 1841 : la ligne Paris-Orléans

2. 1881 : la Grande ceinture de Paris
3. 1888 : la Gare de marchandises
4. 1903-1904 : le doublement des voies et la Gare actuelle de Savigny
Notes (NDLR : le texte est consultable en pdf)

Communication
(extraits reproduits ci-dessous avec l’autorisation de l’auteur – texte entier en pdf)

Le patrimoine ferroviaire et ses implications cadastrales sont souvent considérés comme mineurs dans une ville. Lignes de chemin de fer, ponts, passages à niveau, réseaux routiers adjacents font tellement parties de notre paysage quotidien que l’on n’y fait plus guère attention. Pourtant une lecture historique des documents qui concernent ce patrimoine, montre combien ces lieux de mémoire sont primordiaux dans l’Histoire d’une cité.

I. BALAFRES FERROVIAIRES INDÉLÉBILES ET LIEUX DE MÉMOIRE

Au moment où la Tangentielle ferrée sud dans les vallées de l’Orge et de l’Yvette suscite bien des interrogations de la part des administrations, des collectivités, de ses futurs riverains, quant aux aménagements liés directement à la mise en œuvre du projet et aux conséquences d’une telle ligne ferroviaire sur la ville, ses habitants et l’écosystème local, les Saviniens d’aujourd’hui ont-ils une pensée pour ceux d’hier ?

Les études du Comité de pilotage 1996-97 portent essentiellement sur le déplacement de la gare d’Épinay-sur-Orge vers le nord (à l’intersection de la future ligne Massy – Évry et la ligne RER-C), sur la dérivation du cours de l’Yvette, sur l’adaptation de la RD 257, sur l’insertion dans l’environnement local (en ce qui nous concerne celui de Grand-Vaux) : bref, sur des lieux qui ont une mémoire, un passé, une histoire à nous transmettre avant de disparaître ou d’être irrémédiablement modifiés (1).

SNCF, ligne C du RER, Lara, Bali, ticket, coupon, contrôleur, retards, grèves, ce sont autant de mots si souvent utilisés de nos jours par des milliers de banlieusards empruntant le train pour aller et venir de Savigny-sur-Orge à un point X, et inversement.
Mais ces voyageurs savent-ils qu’une ligne ferroviaire est un formidable lieu de mémoire pour quiconque s’intéresse à l’Histoire d’une localité ? Ont-ils conscience de la valeur historique d’une balafre ferroviaire sur un plan cadastral ? Soupçonnent-ils que, de la construction de leur ligne, est née une frontière indélébile entre le haut de Savigny, le Plateau, et le bas de Savigny, l’ancien village ? Qu’au cours des XIXe et XXe siècles, sous l’impulsion d’une société remodelant selon ses besoins les tracés ferroviaires et leurs abords, le chemin de fer a bouleversé au moins quatre fois la configuration des rues et des quartiers qu’il traverse, pour leur donner leurs allures actuelles ?

Avec le projet de rocade ferroviaire, nous sommes sur le point de tourner une page de l’histoire des lieux. Nous assistons aux premières douleurs de l’accouchement d’un nouveau paysage urbain local. Dans des circonstances différentes, nous vivons ce que les Saviniens ont vécu lors :

1/ de l’arrivée du chemin de fer à Savigny en 1841 : entrant par le nord-est sur un pont surplombant l’Orge construit par la Compagnie de chemin de fer, longeant l’actuelle avenue de l’Orge (supprimant ainsi les anciens sentiers de Savigny à Fromenteau, de la Péteuse, et de Saint-Martin, élargissant le chemin d’exploitation des Marais pour Dieu), passant sous le pont de la Montagne pavée (ancienne Montagne du Christ), suivant le trajet d’une partie de la rue de la Fontaine Blanche (ancien sentier du même nom), arrivant à la hauteur de l’actuelle gare (ancien sentier latéral, suppression de la Vieille rue, passage à niveau devant le château), traversant sur un pont la rue Joliot-Curie (ancien chemin de la Cave), longeant la rue des Tourelles (ancien sentier latéral), enjambant la rue de la Martinière par un pont (voie très fréquentée à l’époque), passant entre la rue de l’Égalité et la rue des Rossays (remplacement du chemin de Savigny à Épinay, du vieux chemin de Rossay, suppression du sentier du haut de Rossay, pont sur le chemin de la Croix de Rossay -seule voie de communication avec Grand-Vaux), sortant de Savigny en direction d’Épinay par le viaduc sur l’Yvette ; corollaire de cette arrivée, une station provisoire est construite sur un petit terrain cédé par la maréchale DAVOUT en 1844, près du pont Joliot-Curie ;

La première gare de Savigny-sur-Orge, avant 1904. Carte postale A. Thévenet, Savigny. Collection HB.

La première gare de Savigny-sur-Orge, avant 1904. Carte postale A. Thévenet, Savigny. Collection SMM.

2/ de la réalisation de la Grande ceinture de Paris en 1881 : touchant le site de Grand-Vaux en se déviant de la ligne Paris – Orléans à la hauteur de l’actuelle autoroute A6, passant sur l’Yvette en direction de la gare de Petit-Vaux ;

3/ de l’établissement d’une gare de marchandises à Savigny, avec son chemin latéral d’accés, en 1888-89 : entre la ligne Paris – Orléans et l’actuelle rue de la Fontaine Blanche (non loin de la gare) ;

4/ du doublement des voies de la ligne Paris – Orléans en 1903 ; corollaire de ces travaux, en 1904-05, la construction de la gare actuelle de Savigny et du pont de Saint-Michel (2).

Gare 1904

La gare de Savigny-sur-Orge, construite en 1904. Carte postale A. Thévenet, Savigny. Collection HB.

II. LA MÉMOIRE MANUSCRITE

Grâce aux documents conservés dans les dépôts d’archives municipales, départementales et particulières, les historiens peuvent saisir les changements vécus par les Saviniens et leur patrimoine foncier tant privé que communal.

Les Archives municipales de Savigny détiennent les registres de délibérations municipales (3), les matrices cadastrales et un fonds de photographies – cartes postales anciennes sur lesquelles la gare de Savigny figure sous différents angles et à différentes époques. Nous avons ainsi une illustration de la première gare de Savigny, datant de la deuxième moitié du XIXe siècle, succédant à la simple station – abri de 1844, construite en pierre, sise tout près du pont Joliot-Curie (en arrière de l’actuelle maison dite « École Joséphine »). La seconde gare de Savigny, édifiée en 1904 légèrement en amont de la ligne par rapport à son aînée, est celle que nous connaissons avec sa célèbre frise « Chemin de fer d’Orléans » (4).

À Chamarande, aux Archives départementales de l’Essonne, deux séries sont immédiatement consultables pour le réseau ferré parisien : les séries Sp et Up. Malgré des intitulés de cotes alléchants, les dossiers Sp « Chemin de fer » spécifiques à Savigny se sont avérés lacunaires. Une succession de rapports d’ingénieurs, d’arrêtés, de correspondances (1930-1940), des tables de surfaces de déblai – remblai (1836), une carte du réseau des lignes de base (1868) n’offrent à cette commune qu’une infime place et la relègue au rang de citation parmi d’autres villes. Seule une mise en demeure pour la Compagnie de chemin de fer d’enlever un atterrissement sous le viaduc du chemin de fer portant directement la commune (5).

La deuxième série, Up « Tribunal de première instance de Corbeil », est beaucoup plus instructive sur les balafres ferroviaires saviniennes. Trois importantes liasses de documents concernent : les procédures administratives et judiciaires entamées par la Compagnie de chemin de fer d’Orléans afin d’obtenir les terrains saviniens nécessaires à la construction de la voie ferrée de 1841, les premières préoccupations des Saviniens (élus et administrés dont la maréchale DAVOUT), les dossiers d’expropriation de 1841-43, de 1879-81 pour le chemin de fer de la Grande ceinture de Paris, de 1888 pour la réalisation d’une gare de marchandises, enfin de 1903 pour le doublement des voies de la ligne Paris – Orléans (6).

Gare vers la province

Vue de la gare de Savigny-sur-Orge, en direction de la province. Carte postale Olivier, épicerie. Collection HB.

Enfin, une bibliographie ancienne est disponible dans le fichier « Chemin de fer » du dépôt départemental. La presse locale du XIXe siècle y est peu abondante, mais elle fournit un état précis du processus d’expropriation. La presse du début du XXe siècle et les périodiques généraux ou spécifiques au chemin de fer mentionnent certains détails intéressants sur la future ligne du RER C : agitation anti-ferroviaire, urgence du doublement des voies entre autres (7). Un livre, édité à Orléans et à Paris en 1845, doit retenir l’attention – en sus des ouvrages spécialisés et des manuels de vulgarisation, précurseurs des « Que-sais-je ? » : Paris – Orléans ou parcours pittoresque du chemin de fer de Paris à Orléans de Salvador TUFFLET. Il s’agit d’un superbe guide touristique de luxe présentant les diverses curiosités naturelles et historiques des citées, dont Savigny, traversées par le Paris – Orléans du début des années 1840. On peut y admirer des dessins de la station-abri provisoire de Savigny, du château de Savigny vu du railway, du viaduc de Villemoisson-sur-Orge et du viaduc sur l’Yvette (8).

III. UNE PHYSIONOMIE COMMUNALE QUI CHANGE

(…)

Sylvie MONNIOTTE, septembre 1997

La suite du texte de la communication (partie III et notes) est consultable à l’intérieur du fichier  pdf de La Mémoire de Savigny-sur-Orge, n°10, septembre 2005, pp. 5-8 : MEMOIRE SSO 2005.


SOURCES
A. STIF, « Convention de financement de 39 millions d’euros pour le tram-train Massy-Évry », communiqué de presse du 2 juillet 2014 (pdf) : STIF_-_CA_02072014_CP-_Financement_Tram-Train_Massy-Evry-2.
B. Le Parisien Essonne-matin, « Un pas de plus pour le projet tram-train », 16 septembre 2014, p. II (pdf) : 2014-09-16 LP TTME ; Le Républicain, F.H., « Le projet de tram-train Massy-Évry devient irréversible selon Jérôme Guedj », 18 septembre 2014, p. 08 (pdf) : 2014-09-18 LR TTME.
C. Préfecture de l’Essonne, Arrêté n°2014/SP2/BAIE/022 du 5 août 2014 portant ouverture de l’enquête parcellaire relative au projet de prolongation de la ligne du tramway 7 d’Athis-Mons à Juvisy-sur-Orge (du 22 septembre au 7 octobre 2014) (pdf) : arrêté parcellaire T7.
D. Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, « L’histoire du chemin de fer à Savigny-sur-Orge à partir des sources originales conservées aux archives », La Mémoire de Savigny-sur-Orge, n°10, septembre 2005, pp. 5-8 (communictaion présentée en septembre 1997).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 20 septembre 2014.

Le mystérieux pont-rail de Savigny-sur-Orge (autoroute ferroviaire Atlantique)

Le dossier d’enquête publique (DEP) sur l’autoroute ferroviaire Atlantique (AFA) mentionne des travaux sur des ouvrages d’art, dont celui de Savigny-sur-Orge : un pont-rail de type « bac à fleur ». (1) Où se trouve-t-il ?

DESCRIPTION DU PONT-RAIL DANS LE DEP

La photographie insérée dans l’étude d’impact n’est guère explicite. Seules mentions signalées pour les initiés : « Cet ouvrage est situé sur la commune de Savigny-sur-Orge, sur la ligne 570 000 (Paris-Bordeaux), au PK 22+050. Il est composé de 4 tabliers disposés parallèlement et supportant chacun une voie (1, 2,1 bis et 2 bis). Posés en 1980, les tabliers extérieurs, obstacles à l’autoroute ferroviaire, portes les voies 1 bis et 2 bis. » (2)

Pont rail de Savigny-sur-Orge

Le pont-rail de Savigny-sur-Orge. DEUP : Pièce 2, volume 2, figure 192, p. 283. Photo SNCF.

L’avez-vous reconnu ? Il s’agit du pont-rail de la rue de la Martinière, construit vers 1842, modifié en 1903.

UN PEU D’HISTOIRE SAVINIENNE

En 1841, le tracé du chemin de fer de Paris à Orléans coupe le territoire de la commune. Des passages à niveaux sont décidés sur treize voies de communication (avenue, rues, sentiers). Les habitants du quartier de Saint-Martin sont alors enclavés entre le railway et l’Orge. À force de négociations, la municipalité appuyée par la maréchale Davout obtient la suppression des passages à niveaux au profit de ponts, sauf celui de l’avenue du château (future avenue de la gare). Les terrains acquis, les travaux terminés, la ligne est inaugurée solennellement le 2 mai 1843 sans arrêt à Savigny, aucune gare n’ayant été prévue.

La maréchale avait grandement facilité l’exécution des travaux du chemin de fer en cédant des terrains au plus bas prix courant. Elle réclame à la direction de la Compagnie une preuve de sa reconnaissance en sollicitant l’établissement d’une station avec arrêt le matin et le soir. Après de longues discussions, un avis favorable est donné. La maréchale cède gratuitement un petit terrain à proximité du pont de la Cave (actuel pont Joliot-Curie), derrière l’école Joséphine, afin qu’une station provisoire soit construite. Ouverte le 18 février 1845, elle est maintenue à titre définitif…

Pont-rail de la rue de la Martinière

Pont-rail de la rue de la Martinière. En haut, à gauche, on aperçoit le mur d’enceinte du cimetière. La rue de l’Egalité se trouve immédiatement à gauche en sortant du pont. A droite, un petit sentier mène à des maisons particulières. (carte postale colorisée, affranchie en 1930)

Après les deux catastrophes ferroviaires de Juvisy-sur-Orge et Choisy-le-Roi à la fin du XIXe siècle, l’urgence du doublement des voies de la ligne Paris-Orléans se fait ressentir. Le décret d’utilité publique est publié en mars 1901 pour la section Paris – Brétigny. En 1903, les travaux commencent. La petite station est démolie afin de construire légèrement en amont de la ligne une véritable gare. Son architecture reprend le modèle le plus élaboré de l’époque : un corps central à étage carré flanqué de deux ailes plus basses. Sous la toiture, la frise faite de mosaïques portant l’indication Chemin de fer d’Orléans est toujours visible. (3)

Vue aerienne

Vue aérienne du secteur de la gare prise en direction du cimetière de la Martinière au début des années 1950. Le rectangle ajouté signale l’emplacement du pont-rail.

LES TRAVAUX ENVISAGÉS POUR LE PASSAGE DE L’AFA

Le tablier du pont-rail fait obstacle au passage des convois dont la largeur est de 2,55 mètres. De ce fait, il est prévu de relever les voies 1 bis et 2 bis, sur une longueur de 250 mètres chacune, et sur une hauteur d’au moins 18 centimètres.

Pont rail de Savigny-sur-Orge 2

Tablier extérieur du pont-rail de Savigny-sur-Orge. Pièce 2, volume 2, figure 191, p. 283. Photo SNCF.

Les caniveaux seront déposés et reposés avec un ripage des câbles. Suite à ce relèvement des voies, les équipes de la SNCF-GID effectueront des ajustements de caténaires en hauteur. (4)

Pont rail de Savigny-sur-Orge - Annexe DEUP AFA

Annexe technique du DEUP. Pièce 2, volume 4, chapitre 4, p. 259.

La commune de Savigny-sur-Orge est la seule impactée par des travaux sur des ouvrages d’art dans le secteur de la communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE).

SOURCES
1. Voir article de Philippe TRENTY : http://portes-essonne-environnement.fr/lautoroute-ferroviaire-atlantique-passera-t-elle-par-la-ligne-du-rer-c/.
2. Dossier d’enquête publique (DEP) : Pièce 2, étude d’impact, volume 2, chapitre 3, p. 283 (www.viia.fr).
3. Sous la direction de Bernard MÉRIGOT, « La mémoire de Savigny-sur-Orge n°10 », « Le chemin de fer de Paris à Orléans, 1843-2005 », 2005, 8 p. ; Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge, sous la direction de Sylvie MONNIOTTE, Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2008, 128 p.
4. Dossier d’enquête publique (DEP) : Pièce 2, étude d’impact, volume 2, chapitre 3, p. 282-283 ; Pièce 2, étude d’impact, volume 4, chapitre 4, p. 259 (www.viia.fr).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 30 mai 2014.

Le Syndicat de l’Orge réaménagera les berges de l’Orge, parc Duparchy

Des travaux de réaménagement des berges et de renaturation du lit de l’Orge dans le secteur sis entre la rue de Morsang à Savigny-sur-Orge et l’avenue du Bellay à Viry-Châtillon, plus communément connu sous les noms de square de la Brasserie et parc Duparchy, sont soumis à une enquête publique entre le 17 février et le 22 mars 2014. (1)

Parc Duparchy, Viry-Châtillon.

Parc Duparchy, Viry-Châtillon. © SMM.

Le projet présenté est porté par le Syndicat de l’Orge (SIVOA). Connaissant les compétences de ce syndicat intercommunal et les opérations similaires qu’il a menées jadis avec succès en d’autres endroits, ces travaux n’amènent aucune remarque majeure de notre part.

SAUVEGARDER LE PATRIMOINE VERNACULAIRE !

Nous regrettons cependant que le patrimoine vernaculaire ancien ne soit pas conservé. Ce pont à deux arches, dit pont Corot, est un petit monument architectural. Son jumeau à arche simple enjambe les douves du château de Savigny-sur-Orge depuis la suppression du pont-levis (fin XVIIe – début XVIIIe siècles). Il se trouvait jadis au centre de l’emprise foncière de la propriété du château du maréchal Davout qui, d’une façon surprenante, n’est pas classé. Il franchit actuellement l’Orge afin de donner un accès au lycée Corot.

Pont dit Corot, un des accès au lycée Corot.

Pont dit Corot, un des accès au lycée Corot de Savigny-sur-Orge. © SMM.

Extrait de la carte de Cassini (XVIIIe siècle), secteur de Savigny-sur-Orge.

Extrait de la carte de Cassini (XVIIIe siècle), secteur de Savigny-sur-Orge.

Pont aux lions de la façade principale du château dit Davout à Savigny-sur-Orge. Les douves larges et profondes sont alimentées par l'Orge. Cette carte postale date de 1906 environ.

Pont aux lions de la façade principale du château dit Davout à Savigny-sur-Orge. Les douves larges et profondes sont alimentées par l’Orge. Cette carte postale date de 1906 environ. (2)

Portes de l’Essonne Environnement demande que, avant toute intervention, le Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE) soit consulté pour dater précisément ce pont qui est le plus ancien de ce style du secteur, et donner un avis sur sa démolition. La réhabilitation des berges nécessite-t-elle vraiment la démolition de ce patrimoine.

La pile centrale de ce pont semble poser un problème d’écoulement des eaux (« frein hydraulique important », « actuelle source d’embâcle et de perte de charge »). (3) Les expertises lui affectent une responsabilité dans les épisodes d’inondation des terrains en amont. Dont acte. Nous sommes soucieux d’éviter ces nuisances.

Les pierres issues de la démolition serviraient à la constitution des berges et « banquettes en cailloux et enrochement ». (3) Si la preuve est apportée que sa démolition garantit les parties en amont de toute inondation, l’association souhaiterait que le Syndicat de l’Orge la prévienne et offre la possibilité de conserver une partie symbolique de ce patrimoine, quelques pierres et une rambarde, afin d’enrichir le musée de Savigny-sur-Orge et sa collection lapidaire à l’état d’embryon actuellement.

Pont Corot sur l'Orge.

Pont Corot sur l’Orge. © SMM.

DES ÉLÉMENTS MANQUANTS SUR LA RESTAURATION ATTENDUE DE LA PROMENADE

En second lieu, le projet se caractérise par une restauration de la promenade de l’Orge. Il s’agit d’un objectif fort louable au regard de l’aspect dégradé des allées et des barrières de sécurité existantes ainsi que du mobilier vétuste. Il était donc temps de s’occuper de ce secteur tant pour les riverains, que pour les lycéens, ou les usagers occasionnels.

Autant la partie technique relative au réaménagement des berges et à la renaturation du lit de l’Orge (vocation première du Syndicat) est bien développée et détaillée dans le dossier d’enquête, autant celle sur la restauration de la promenade est très succincte. Il n’est fait mention d’aucun élément sur la nouvelle composition du revêtement des allées, sur les nouvelles barrières de sécurité nécessaires à certains endroits, sur une éventuelle installation d’un système d’éclairage économe dans les secteurs stratégiques (sortie du lycée Corot par exemple), sur le nouveau mobilier.

Nous regrettons que la promenade piétonne ne soit pas véritablement doublée d’une promenade cycliste le long de la rivière, peut-être faute de place. Il semblerait que piétons et cyclistes circulent sur les mêmes allées, sans séparation, comme c’est le cas actuellement et comme le suggère une simple illustration dans le dossier d’enquête. (3) Une promenade fréquentée par des piétons et des cyclistes peut parfois générer des conflits d’usage pouvant conduire à des accidents de personnes.

UN AVIS FAVORABLE RÉSERVÉ

Pour conclure, l’association Portes de l’Essonne Environnement émet un avis favorable au réaménagement des berges, à la renaturation du lit de l’Orge, à la restauration de la promenade dans l’espace naturel Duparchy à Viry-Châtillon et Savigny-sur-Orge présentée par le Syndicat de l’Orge (SIVOA). Cet avis favorable comporte cependant des réserves sur 1/ la nécessité réelle de démolir le plus ancien pont du secteur franchissant la rivière, 2/ l’absence de piste cyclable indépendante de la promenade piétonne. (4)

Dossier d'enquête public "Orge-Duparchy" consulté à Viry-Châtillon le 15 mars 2014. SMM.

Dossier d’enquête public « Orge-Duparchy » consulté à Viry-Châtillon le 15 mars 2014. © SMM.

SOURCES

1. Dossier d’enquête publique consulté le 15 mars 2014, en mairie de Viry-Châtillon et Savigny-sur-Orge, comporte un arrêté préfectoral, un mémoire (cf la source n°3), 22 annexes : EP Orge et Duparchy.pdf ; DEP SO Duparchy pp0-20.defDEP SO Duparchy pp21-41.defDEP SO Duparchy pp42-61.defDEP SO Duparchy pp62-90.defAnnexe 3.pdf ; Annexe 4. pdfAnnexe 5.pdfAnnexe 9.pdfAnnexe 13.pdfAnnexe 14.pdf.
2. Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge, sous la direction de Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Mémoire en Images. Savigny-sur-Orge, Alan Sutton éditeur, 2008, 128 p.
3. Syndicat de l’Orge, Réaménagement des berges, renaturation du lit de l’Orge et restauration de la promenade dans l’espace naturel Duparchy à Viry-Châtillon et Savigny-sur-Orge, mars 2013, 90 p. (dossier d’enquête consultable sur le site internet www.syndicatdelorge.fr, téléchargeable en pdf cf source n°1).
4. Avis de l’association Portes de l’Essonne Environnement adressé au président de la commission d’enquête le 17 mars 2014 : 2014-03-17 Avis EP Orge-Duparchy def.pdf.

© Jean-Marie CORBIN, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 17 mars 2014.