Archives de catégorie : Métro

Voeux 2016. Demain, la fête ? (CALPE, EPT 12, MGP)

Il y a plus de quarante ans Michel FUGAIN et son Big Bazar se produisaient sur les écrans de télévision en chantant « C’est la fête ». Chanson caractéristique des variétés des années 70 où la jeunesse de l’époque affichait déjà ses préoccupations concernant la dégradation de l’environnement mais aussi un immense espoir de renouveau.

Nous voilà entrés dans l’année 2016, et cette chanson résume en grande partie l’édito des vœux aux lecteurs de notre webzine Portes de l’Essonne Environnement, portail de l’intelligence informationnelle, opérationnelle et territoriale.

L’INTÉGRATION DE LA CALPE DANS LA MGP

Le programme comme toujours reste dense en début d’année. Viry-Châtillon a intégré la CALPE. Les communes de la CALPE ont elles-mêmes intégré la Métropole du Grand Paris (MGP), plus précisément l’établissement public territorial (EPT) 12. Celui-ci regroupe 24 communes et près de 678 000 habitants, s’étendant le long de l’ancienne route nationale 7, des portes de Paris à Viry-Châtillon, sa limite sud.

Avec ses 92 conseillers territoriaux, cette strate supplémentaire aura à prouver son efficacité. Et là, rien n’est moins certain. Contrairement à l’assertion « plus c’est gros, mieux c’est », les faits le démontrent rarement. Pour faire le parallèle avec un déjeuner entre collègues de travail, les commandes sont individuelles, l’addition est commune, chacun en voulant pour son argent, la surenchère est systématique. À l’issue, la fiscalité explose alors que l’intercommunalité nous est initialement présentée comme économe car elle mutualise, soi-disant, les actions.

La première réunion du conseil de territoire n° 12, dont le siège est à Vitry-sur-Seine, est prévue le 12 janvier 2016 afin d’élire le président et les vice-présidents… Leur nom sera à lui seul tout un programme ! Ces conseillers territoriaux n’ont pas été élus au suffrage universel direct.  Aucune concertation n’a été proposée aux Calpiens par les élus de la CALPE sur l’intégration de la communauté au sein de la MGP. (1)(2)(3)

L’installation du conseil métropolitain, réunissant l’ensemble des conseillers territoriaux de la métropole, et l’élection du président de la MGP se tiendront le 22 janvier 2016. (4)

AMÉNAGEMENT DES TERRITOIRES ET CADRE DE VIE. CALPE, EPT ET MGP ?

Qu’en sera-t-il de l’aménagement des territoires et du cadre de vie dans la MGP ? Par exemple, la ville de Savigny-sur-Orge que je connais fort bien pour y habiter, à cause du manque d’anticipation et d’ambition de son actuel maire doté d’un immobiliste perpétuel, elle est en train de passer du statut de ville dortoir à celui de ville mouroir. Tout ce qui ne faut pas faire est fait. Tout ce qui devrait être fait n’est pas fait. Savigny-sur-Orge se dotera d’un plan local d’urbanisme (PLU) plus de 15 ans après la publication de la loi SRU qui les intronise. Il faudra y être très attentif, car l’étude des documents du projet arrêté laisse augurer plus de béton avec des habitants toujours plus entassés dans des cages à lapins. (5) Qu’en seront-ils des révisions des PLU de Juvisy-sur-Orge, d’Athis-Mons et de Viry-Châtillon avec l’entrée dans l’EPT 12 ? Qui prendront les véritables décisions pour ces dossiers puisque le vademecum de la création des EPT (publié en septembre 2015) précise que, dès le 1er janvier 2016, la politique de la ville et la plan local d’urbanisme sont exercés obligatoirement et intégralement par les territoires ? Enfin n’oublions la création du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) à l’échelle de la MGP dans quelques mois que nos chers élus locaux semblent oublier ! (6)

Pourtant, une ville comme on la souhaite, c’est un lieu  où l’on travaille, où l’on se déplace,  où l’on s’instruit, où l’on se soigne, où l’on s’approvisionne, où l’on échange avec les autres notamment dans les cadres culturels et sportifs, où l’on se repose, où l’on se détend, où l’on vit tout simplement.

QUID DES TRANSPORTS ?

Le chantier des transports urbains répondront-ils aux attentes des « Sud-EPTiens 12 »  ? Le T7 atteindra Juvisy-sur-Orge au prix d’une traversée souterraine désastreuse mais il bute sur l’aérogare sud d’Orly pour ensuite se perdre dans les méandres rungissois. Le Tram-Train Massy-Évry (TTME) passera à Savigny-sur-Orge sans s’y arrêter. La ligne d’autobus 183 sera remplacée par une ligne de tramway. Reste les projets structurants plus rapides des lignes de métro M14 et M18. Or, celles-ci sont terminus à l’aéroport Paris-Orly, à la future colossale aérogare qui s’élèvera contre l’avis des riverains et des associations environnementales de la construction d’un bâtiment de jonction entre Orly-Ouest et Orly-Est pour mieux développer le trafic aérien et faire sauter le couvre-feu à terme. Le prolongement des M14 et M18, pourtant très peu onéreux, à proximité des hangars de maintenance technique de Morangis n’est pas à l’ordre du jour aux yeux des seuls décideurs de la Métropole du Grand Paris. Reste les modes de circulation doux de type vélo et marche à pied, plus rapides pour le premier dans les faits que les autobus et à égalité avec le tramway. Encore faut-il que des pistes cyclables soient créées, ce qui n’est pas le cas dans le projet de PLU de Savigny ! Et que les trottoirs soient entretenus et praticables par tous les piétons, ce qui n’est guère le cas dans certaines zones calpiennes !

Hélas, pour sortir de la MGP, ne serait-ce que pour partir en vacances en famille, l’automobile restera pour encore plusieurs années la seule solution acceptable pour les usagers. En effet, les transports en commun doivent faire preuve d’une bien meilleure efficacité et d’une bien meilleure fiabilité qu’elles ne le sont actuellement. Cela passe par le remise en question d’organisations internes chez les opérateurs de transports, rien ne dit qu’une réforme soit possible tant les clivages internes persistent en certains endroits.

ENVIRONNEMENT ET CADRE DE VIE, COMPÉTENCES DE LA MGP

L’EPT 12 de la région francilienne est pauvre en espaces verts, la plus pauvre des grandes métropoles européennes. Vu du satellite, la zone non-urbanisée semblant verte n’est en fait que la zone de l’aéroport d’Orly dont le rendement financier par mètre carré reste faible. Un aéroport occupe une surface impressionnante par rapport aux revenus générés. Sans compter les pollutions sonores et chimiques, un aéroport n’est pas un voisin très intéressant. Or, Paris-Orly est appelé à être de plus en plus gênant !

Restent des zones non-construites dans ce contexte ultra-urbanisé, je veux parler des cours d’eau tels que la Seine, l’Orge, la Bièvre et leurs rus… Toutes ces trames bleues malgré certains efforts de réhabilitation de-ci de-là ont une eau de piètre qualité.

DE LA NÉCESSAIRE TRILOGIE « INTELLIGENCE INFORMATIONNELLE, OPÉRATIONNELLE ET TERRITORIALE » EN 2016

De gros chantiers en perspective doivent être décidés et orientés en concertation avec les populations, voire mieux encore sous leur impulsion et dans la transparence totale. Il reste de nombreux progrès à accomplir. A l’heure du numérique à ultra haut débit et à ultra haute capacité, il n’est plus acceptable que des communes, des communautés d’agglomération ou de communes, certains organismes publics, certaines entités associatives persistent à faire de la rétention d’information au nom d’un je ne sais quel secret.

La culture participative ne doit pas être une simple idée couchée sur les papiers glacés des magazines des collectivités, elle doit s’accomplir par tous les acteurs de la société au quotidien. C’est ce à quoi nous nous employons à Portes de l’Essonne Environnement en mettant en avant les intelligences informationnelles et opérationnelles au service de l’intelligence territoriale, en publiant régulièrement les informations publiques nécessaires à la compréhension de la gestion d’un territoire.

Meilleurs vœux à nos lecteurs…

RÉFÉRENCES
1. Mission de préfiguration de la Métropole du Grand Paris, Vademecum. Création des établissements publics territoriaux, et Annexes, septembre 2015, 28 p. et 12 p. (pdf) : VADEMECUM -septembre2015 ; Vademecum-EPT-calendrier ; ANNEXES+VADEMECUM-+septembre2015.

Vademecum-EPT-calendrier 2016

MGP, Vademecum EPT, calendrier 2016.

Vademecum-EPT-calendrier 2016 suite

MGP, Vademecum EPT, calendrier 2016 suite.

2. « Décryptage sur le futur EPT. « Cap sur le Grand Paris en 2016 » », Les Portes magazine, n°26, janvier-février 2016, pp. 6-9 (pdf) : Décryptage Cap sur le Grand Paris en 2016.
3. Décret n° 2015-1665 du 11 décembre 2015 relatif à l’EPT n°12, site Internet www.legifrance.gouv.fr (pdf) : DECRET 2015-1665 du 11-12-2015 Legifrance.
4. Site internet de la préfiguration du Grand Paris consulté le 6 janvier 2015 : http://www.prefig-metropolegrandparis.fr/A-la-une-1/Meilleurs-voeux-2016.

Prefig MGP Voeux 2016

Préfiguration du Grand Paris, Voeux 2016. Capture d’écran du site Internet consulté le 6 janvier 2016.

5. Voir le dossier du projet de PLU arrêté par délibération en date du 23 septembre 2015 : http://portes-essonne-environnement.fr/les-documents-du-projet-de-plan-local-durbanisme-plu-de-savigny-sur-orge-rendus-publics-par-pee/.
6. Au sujet des compétences de la MGP, voir la plaquette (pdf) : PLAQUETTE MGP_11-12-2015.

PLAQUETTE MGP_11-12-2015 P 3

Les compétences au sein de la MGP et des EPT, La métropole du Grand Paris, plaquette de décembre 2015, p. 3.

En matière de PLU, il est précisé dans le Vademecum que « l’EPT est compétent dès sa création au 1er janvier 2016 pour poursuivre les procédures engagées antérieurement par les communes. Les modalités sont codifiées à l’article L. 141-10 et suivants du code de l’urbanisme :  « Le conseil de territoire peut décider, le cas échéant après accord de la commune concernée, d’achever toute procédure d’élaboration ou d’évolution d’un plan local d’urbanisme ou d’un document en tenant lieu, engagée avant la date de sa création et encore en cours à cette même date » » (page 11).

© Jean-Marie CORBIN, Président de Portes de l’Essonne Environnement, le 6 janvier 2016.

Faut vraiment prolonger le T7 ?

Diantre, voilà un président d’une association de protection de l’environnement et de l’intelligence territoriale qui semble douter de la présomption irréfragable de la supériorité des tramways sur les autres transports individuels notamment motorisés.

Et pourquoi pas ? Pour être supérieur, il faut que ce transport en commun soit performant. Et il ne faut pas que ce soit au prix de coûts astronomiques de réalisation et d’exploitation, ni au prix de régressions inacceptables en temps de parcours.

Faites confiance au 30 ans d'expertise d'usage du rédacteur de ces lignes !

Faites confiance au 30 ans d’expertise d’usage du rédacteur de ces lignes !

Est-ce bien raisonnable de proposer aux usagers de parcourir les 18 km qui séparent Savigny-sur-Orge au Kremlin-Bicêtre en 1h40 ? Soit 45 min en bus 292, plus 35 min en T7, plus 15 minutes en métro ligne 7, plus enfin le reste perdu en temps de correspondances et d’acheminement domicile / arrêt de bus et bouche de métro au lieu de travail. Autant dire que dans sa version actuelle le T7 est peu intéressant. Et les faits tendent à le prouver. Dans la dizaine d’usagers aux heures de pointe au départ du terminus des Portes de l’Essonne, il n’y a personne avec une valise aux abords de l’aéroport d’Orly. Le lobby des taxis peuvent se rendormir tranquille, la concurrence ne viendra pas de là. Le T7 ne se remplit que dans les zones où il a remplacé d’anciennes lignes d’autobus comme à Rungis ou à Chevilly-Larue. Je n’ai repéré personne qui a parcouru la ligne T7 de bout en bout en dehors de moi qui l’expérimentait. Les gens ne sont pas fous.

Citations dérisoires entendues ci et là

Utilisez les parkings Véligo.
Comme les tramways sont interdits aux bicyclettes, les usagers sont obligés à laisser leur vélos au parking payant de la gare de tramway de départ pour ensuite prolonger leur parcours en tramway. Libre à eux de louer un Velib à la gare d’arrivée. Est-ce pour mieux inciter à l’usage des parkings vélo payants que la piste cyclable traversant l’aéroport d’Orly a été démolie pour laisser la place au tramway ? En vérité, la disparition est le fruit de l’inconséquence et de l’imprévision de la maîtrise d’ouvrage (le STIF) pas suffisamment présente sur le terrain.

On va pouvoir faire ses courses au centre commercial Belle-Épine le samedi.
Sans aucun doute les bras encombrés des courses de la semaine, on est « heureux » de devoir passer plus d’une heure (debout) sur le chemin du retour après avoir perdu une bonne heure à aller, tout ça pour protéger la planète. Notons que le temps parcours est au maximum d’une vingtaine de minutes en automobile le samedi.

Le T7 est et sera interconnecté

  • A Villejuif. 5 minutes à pied pour un bon marcheur. Bof.
  • A Orly. Pas de chance, l’arrêt du T7 se trouve à l’est d’Orly Sud tandis que le pôle gare M14-M18-TGV est prévu entre les actuelles aérogares Sud et Ouest.
  • A Juvisy-sur-Orge. le T7 arriverait sur l’actuelle gare routière. Ceux qui la fréquente actuellement savent qu’elle se trouve loin des quais et que le couloir qui débouche à l’extérieur est déjà complètement saturé à ses trois accès.

Projet d'Orly (objectif 24h/24 et 500 000 mouvements par an ?) avec les interconnexions des métros, du TGV et du tramway 7

J’ajouterais bien un petit mot sur l’intérêt sociétal pour Juvisy-sur-Orge (cadre de vie, requalification) et sur l’intérêt économique (chiffre d’affaire en hausse de quasi 20 % pour les commerçants sur l’axe d’un tramway) (fin de citation). Voici une monumentale erreur de raisonnement où le effets et les causes sont mélangés. Le rôle d’un tramway est de transporter des voyageurs d’un point à un autre, pas de leur faire du lèche-vitrine. L’usager est davantage captivé par ce qu’il regarde sur son smartphone que ce qui défile quotidiennement et répétitivement sous ses yeux.

Les conseilleurs ne doivent pas être les usagers … ni les payeurs

Le coût de la première partie du T7 a déjà dépassé les 500 millions d’euros pour une fréquentation famélique. Le coût de son prolongement à plus d’un milliard d’euros promet d’être astronomique. Et ce n’est pas son passage à proximité de l’observatoire Camille-Flammarion qui en est la cause, mais la traversée en tunnel sous le parc de Juvisy-sur-Orge juste après. La question du financement d’un tunnel ne représente pas un inconvénient pour ses défendeurs alors que, sur le dossier du TTME (Tram-train Massy-Évry), ces mêmes personnes avaient jadis défendu une traversée de Savigny-sur-Orge sans arrêt et une traversée dégradante du parc du Séminaire à Morsang-sur-Orge, maux nécessaires pour une réalisation « économique » du TTME. Voilà un bel exemple de cohérence !

Le Sous-Marin Jaune © Heinz Edelmann 1968

Le Sous-Marin Jaune © Heinz Edelmann 1968.

Aux partisans de la traversée en tunnel, je suggère que la chaudronnerie des rames soient repeintes en jaune pour être raccord avec la chanson des Beatles Yellow Submarine. En effet, le parc de Juvisy-sur-Orge est truffé de sources. Les promeneurs et les cyclistes qui traversent le parc dont je fait partie le savent bien, car leurs résurgences coulent toute l’année. Vue d’une auto, c’est sans aucun doute moins visible. Est-ce-là la raison de leur ignorance de la topologie des lieux ?

Un tracé alternatif, via le pont des Belles Fontaines, fut un temps envisagé, mais cela impliquait une centaine de mètre en voie unique. Solution, inacceptable par les défenseurs de la traversée en tunnel, notons que ces mêmes défenseurs sont moins regardants sur la question des 2 à 3 km en voie unique du TTME entre Épinay-sur-Orge et Morsang-sur-Orge. Où est la logique ?

Intérieur du T7 au départ de la station des Portes de l'Essonne un matin de semaine à 8h13 © Jean-Marie CORBIN 2015

Intérieur « bondé » du T7 au départ de la station des Portes de l’Essonne un matin de semaine à 8h13. © Jean-Marie CORBIN, 2015.

En résumé, nous nous retrouvons avec un tramway coûteux peu efficace. Fort de ce constat, plutôt que de s’interroger sur les causes de cet « échec » et de proposer des solutions, un collectif de la « fuite en avant » s’est formé pour rendre cette ligne de tramway encore plus exorbitante et, sans aucun doute, au détriment de projets plus utiles comme le prolongement du service voyageurs des lignes de métro 14 et 18 aux terminus techniques de Morangis (50 millions d’euros soit 20 fois moins cher).

© Jean-Marie CORBIN, 8 octobre 2015.

L’enfer de la promiscuité des transports en commun (métro, transilien, ligne du RER-C…)

La revue numérique metropolitique.eu a publié deux articles forts intéressants sur la promiscuité dans les transports en commun : « L’enfer, dans la métro parisien, c’est les autres », de Martin KONING et Luke HAYWOOD (2 octobre 2014, 1) faisant suite à « Comment supporte-t-on les rames bondées ? Le rôle des émotions dans le métro parisien » , de Martin ARANGUREN et Stéphane TONNELAT (14 octobre 2013, 2).

L’INCONFORT, UNE NOTION POLITIQUE

L’introduction de KONING et HAYWOOD est pertinente. On génère de l’inconfort routier qui se reporte ensuite en inconfort des transports en commun. Le cas de Paris étudié depuis 2001 est éloquent. En une dizaine d’années, la municipalité parisienne a tenté de résoudre les problèmes de congestion routière en provoquant davantage de congestion routière pour inciter les usagers à se reporter vers les transport en commun. Mais, les transports en commun n’ayant pas ou peu augmenté leur capacité, ces derniers se sont retrouvés encore plus congestionnés.

C’est sur cette même base que le chantier du tramway T7 a été lancé ! Surcongestionner l’ex-N7 pour inciter un report vers le tramway. Encore faut-il pour être attractif avoir un minimum de performances. Deux critères fonctionnels se dégagent : rapidité et confort. Le T7 a une faible fréquentation entre Portes de l’Essonne et le MIN de Rungis. Il est confortable car des places assises restent disponibles, mais il est excessivement lent. Le phénomène s’inverse sur la section qui relie le MIN à Villejuif-Louis-Aragon. À peine inauguré, le T7 devient inconfortable à cause de sa sur-fréquentation. Comme tout transport de surface, sa rapidité reste plafonnée par les  intersections routières à franchir à allure réduite.

QUELLES CONCESSIONS POUR PLUS DE CONFORT ?

KONING et HAYWOOD traitent du seuil d’acceptabilité du métro parisien congestionné. Deux interrogations en ressortent :

  • Pour votre confort, êtes-vous prêt à allonger votre temps parcours ? Cet allongement se traduit, soit par un changement d’itinéraire, soit par un laisser passer une rame. Remarquons que la seconde attitude relève de la totale naïveté. Aux heures de pointe toutes les rames qui se succèdent sont bondées.
  • Êtes-vous prêt à payer plus cher pour votre confort ? C’est, d’une manière sous-jacente, prôner le rétablissement des premières classes ! Cette conception archaïque et discriminatoire des voyageurs se soldait par des compartiments moins occupés au détriment des autres. Notons que le projet CDG Express repose sur la base d’une tarification fortement différenciée en fonction du confort et de la rapidité visée.

Ce genre de propos seraient inacceptables si le STIF en venait à les reprendre à son compte.

  • Les transports en commun sont déjà très lents. Les voyageurs les empruntent majoritairement à des fins utilitaires. Quel plaisir y prendrait-on à y flâner ?
  • En réalité, pendant des décennies, les premières classes ne furent majoritairement réservées qu’aux fraudeurs et aux castes privilégiées des personnels travaillant dans les transports – largement pratiqué notamment à la SNCF. En septembre 1999, lors de l’abandon des premières classes dans les RER et les trains de banlieue SNCF, le STIF avoua piteusement que sa billetterie des tickets de première classe était plus de 20 fois inférieure à celle des tickets de seconde.

UN SEUIL D’ACCEPTABILITÉ DIFFÉRENT

Dessins représentant différents niveaux d’occupation d’un compartiment de métro. Les personnes interrogées doivent indiquer à partir de quel seuil cela devient pénible pour eux. © KONING et HAYWOOD.

À la lecture de l’étude KONING-HAYWOOD, on s’aperçoit que les voyageurs et les opérateurs de transport ne partagent pas le même niveau du seuil d’acceptabilité. Pour le commun des usagers, voyager debout plusieurs dizaines de minutes – comme c’est désormais le cas du RER-C – est inacceptable. À la RATP, les calculs en passagers debout sont établis sur une base de 4 voyageurs au m² (carte n°6), soit un carré de 100 x 100 cm. À titre de comparaison, une cabine de douche médiane mesure 80 x 80 cm, une cabine téléphonique 90 x 90 cm. Pour les cabines, seuls quelques excentriques s’amusent à s’y tasser en si grand nombre.  Les opérateurs de transport prendraient-ils les usagers pour des excentriques ?

Photograph by Joe Munroe in LIFE Magazine, 1959, Saint Mary's College of California. 22 students vie for world record in phone booth occupancy. Photo: Joe Munroe

Joe MUNRO a photographié, pour Life Magazine, en 1959, 22 étudiants du Saint Mary’s College of California entassés dans une cabine téléphonique. © Joe MUNROE.

LES ÉMOTIONS CALMENT-ELLES RÉELLEMENT LE JEU ?

Le second article analyse les réactions entre les voyageurs dans les flux de montée et de descente aux stations en période de pointe. Autant dire que les enquêteurs n’ont pas manqué de « matière » pour mener leurs observations. ARANGUREN et TONNELET ont déterminé que les émotions sont des modes de gestion de situations problématiques. Ainsi, les « petites émotions … contribuent à l’ordre social du métro. » Elles permettent la retenue des usagers qui « au lieu de se taper dessus, restent stoïques, été comme hiver, sur les quais et dans les rames du métro ». Cependant, ils ne peuvent s’empêcher de conclure par la véritable question : ces petites émotions sont-elles encore efficaces lors d’une perturbation continue des transports en commun. « Jusqu’à quel point fonctionnent-elles ? »  Les usagers de la ligne du RER-C sont ainsi actuellement excédés par les retards et les incidents répétés, les suppressions de train, les ralentissements, les travaux au coup par coup, les agressions, bref l’obsolescence de la ligne qui ne retrouvera sa « fiabilité » que dans plusieurs années si l’on en croit les dirigeants de la SNCF et du STIF !

En définitive, la forte promiscuité subie et la lenteur des transports en commun continuent fortement à dissuader les usagers de l’automobile à renoncer à leur véhicules individuels qui dégradent l’environnement urbain. Pire, involontairement, elles incitent les usagers actuels des transports en commun las d’un réseau obsolète et saturé à prendre – ou reprendre – leurs véhicules !

La pénibilité des transports en commun doit être bien davantage prise en compte dans les contrats qui lient opérateurs de transport en commun et le maître d’ouvrage, c’est-à-dire le STIF. Les critères actuels sont encore trop permissifs.

Extrait des Dingodossiers, tome 3. © Goscinny et Gotlib.

DOCUMENTS :
1. Martin KONING & Luke HAYWOOD, « L’enfer, dans le métro parisien, c’est les autres », Métropolitiques, 1er octobre 2014. URL : http://www.metropolitiques.eu/L-enfer-dans-le-metroparisien-c.html. Article en pdf : Metropolitique-Lenfer-dans-le-metro-parisien-cest-les-autres-2014-10-01.
2. Martin ARANGUREN & Stéphane TONNELAT, « Comment supporte-t-on les rames bondées ? Le rôle des émotions dans le métro parisien », Métropolitiques, 14 octobre 2013. URL : http://www.metropolitiques.eu/Comment-supporte-t-on-les-rames.html. Article en pdf : metropolitique – comment supporte-t-on les rames bondees 2013-10-10.

© Jean-Marie CORBIN, 5  octobre 2014.

 

Paray-Vieille-Poste, la réunion de « concertation » pour la station d’Orly du métro de la ligne 14

Le projet de prolongation de la ligne 14 du métro (actuellement Saint-Lazare – Olympiades) déplace son terminus situé à Olympiades en créant une nouvelle gare « Aéroport d’Orly » à l’horizon 2023-2024. Elle sera située sur le territoire de la commune de Paray-Vieille-Poste. Elle concerne toutes les communes limitrophes, notamment celles de la communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE).

Une réunion vient de se tenir. Intitulée « Gare Aéroport d’Orly. Concertation à Paray-Vieille-Poste. Réunion publique le 22 septembre 2014 à 19 H 30, Espace Éric Tabalry », elle était organisée par la Société du Grand Paris – Grand Paris express en présence de la Commission nationale du débat public (CNDP).

Reunion Metro Orly 2014

Annonce de la réunion de concertation sur la gare « Aéroport d’Orly » de la ligne 14 du métro à Paray-Vieille-Poste le 22 septembre 2014. © Société du Grand Paris, septembre 2014.

UNE COMPLEXITÉ VOULUE

A propos du « Grand Paris », il est utile de relever que l’expression désigne un champ rendu complexe par une succession de décisions politiques.

  • Société du Grand Paris est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) créé par la loi n°2010-597 du 3 juin 2010 et régi par la loi du 7 juillet 2010. Elle a été fondée par Christian BLANC. Le président de son conseil de surveillance est André SANTINI. Elle est chargée du réseau de transport dénommé « Grand Paris Express ».
  • Métropole du Grand Paris est un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) qui regroupe Paris et les communes de la petite couronne.
  • Paris Métropole est un syndicat mixte d’études.
  • Grand Paris est un projet qui vise à transformer l’agglomération parisienne en une métropole mondiale.
  • Atelier international du Grand Paris est un groupement d’intérêt public (GIP) chargé de mener une réflexion sur le grand Paris.

La réunion « Gare Aéroport d’Orly Concertation » du 22 septembre 2014 présente un caractère technico-politique manifeste, présentant une tension permanente entre l’appareil administratif et technique qui formule des analyses et des projets, et, l’appareil politique qui décide. On le voit lorsque Pascal NOURY, maire de Morangis, sollicite la prolongation de la ligne au-delà d’Orly. Cette dernière dépend d’une décision politique.

UNE TENSION ENTRE LE FOND ET LA FORME MANIFESTE

Sur le fond, des questions ont été posées. Des éléments de réponse ont été donnés : sur l’interconnection entre trois gares et une station (gare RATP 14 / gare SNCF-TGV / Gare Tramway T7 / Station Orly-Val), sur la prolongation de la ligne au-delà d’Orly, en direction de Morangis, sur le temps de parcours, sur la fréquence des dessertes en heure creuse, sur les parkings, sur les services offerts par les nouvelles gares, etc.

Sur la forme, la pluralité d’institutions intervenantes brouille la lisibilité du programme. Métropole du Grand Paris, la RAPT, le STIF, la SNCF, RFF, Aéroport de Paris… chacun possède des compétences propres et dispose de chefs de projets, d’ingénieurs, de bureaux d’étude, etc.

Ce type de réunion constitue un progrès par rapport à une situation antérieure durant laquelle elles n’existaient pas. Y a-t-il eu des réunions lors de la création du Paris-Orléans au milieu du XIXe siècle, ou lors de celle du métropolitain parisien (le métro) à la fin du XIXe siècle ? En revanche, il est permis d’interroger la correspondance entre la « concertation » annoncée et l’espace public qu’elle construit.

Les personnes présentes l’ont compris dans la non-réponse apportée par Philippe YVAIN, président du Directoire de la société du Grand Paris, sur le financement des investissements et son rapport aux conditions d’exploitation des lignes en service actuellement. La « concertation citoyenne » annoncée n’est pas à ce jour « une concertation d’usagers ».


DOCUMENTS

  1. « Prolongement de le ligne 14 du métro jusqu’à Orly », communiqué de la Société du Grand Paris, organisatrice de la réunion du 22 septembre 2014.
  2. « Salle comble à Paray-Vieille-Poste pour la ligne 14 sud », compte rendu de la réunion, par la Société du Grand Paris, 23 septembre 2014.
  3. « Le métro en Essonne, c’est (presque) pour demain », article du Parisien (24 septembre 2014)

1. PROLONGEMENT DE LA LIGNE 14 DU MÉTRO JUSQU’À ORLY
Le dernier rendez-vous de la concertation sur le prolongement de la ligne 14 au sud se déroulera à Paray-Vieille-Poste, lundi 22 septembre 2014, à 19h30 dans la salle de conférence de l’Espace Éric Tabarly. L’équipe projet de la Société du Grand Paris viendra présenter la gare « Aéroport d’Orly ».
Cette réunion d’échange se déroulera en deux temps. Tout d’abord les équipes de la Société du Grand Paris présenteront le projet en détail : caractéristiques du tronçon Olympiades – Aéroport d’Orly, implantation de la future gare « Aéroport d’Orly », méthodes de construction, enjeux environnementaux, calendrier de réalisation…
Puis un second temps sera consacré aux échanges avec le public. Chacun pourra alors s’exprimer, poser ses questions aux équipes de la Société du Grand Paris qui prendra en considération l’ensemble des observations.
Pierre-Gérard Merlette, garant indépendant de la concertation nommé par la Commission nationale du débat public (CNDP) sera présent. Il veillera à la qualité des échanges et à la bonne participation du public.
Pour participer à la concertation, posez votre question en ligne en complétant le formulaire ici ».
SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS, GRAND PARIS EXPRESS
, « Prolongement de le ligne 14 du métro jusqu’à Orly », Communiqué, 22 septembre 2014.

2. SALLE COMBLE À PARAY-VIEILLE-POSTE POUR LA LIGNE 14 SUD
« Hier soir (lundi 22 septembre 2014 à 19 H 30) se tenait à Paray-Vieille-Poste la huitième et dernière réunion publique de concertation renforcée sur le prolongement de la Ligne 14 au sud. Les très nombreux participants se sont notamment penchés sur l’intermodalité de la future gare « Aéroport d’Orly ».
160 personnes étaient présentes hier à l’espace Éric Tabarly à Paray-Vieille-Poste, pour venir s’informer sur  le prolongement de la ligne 14 au sud. Elles ont été accueillies par Franck Degioanni, Premier adjoint au maire de Paray-Vieille-Poste, et par Jérôme Guedj, Président du Conseil général de l’Essonne et membre du Conseil de surveillance de la Société du Grand Paris. Les deux élus ont souligné l’importance de l’arrivée du Grand Paris Express dans le nord de l’Essonne, territoire sur lequel ils ont regretté le sous-investissement en matière d’infrastructures de transport lourd.
En présence de Pierre-Gérard Merlette, garant de la concertation, la future gare Aéroport d’Orly a été au centre des débats de la soirée. Soucieux de la qualité de desserte du futur pôle de transports, les participants ont évoqué les conditions d’intermodalité avec les transports existants et à venir : les bus, le tramway T7, la future gare TGV d’Orly et la ligne 18 du Grand Paris Express. La possibilité d’implanter des parkings a été évoquée. Le site de maintenance et de remisage, dont l’implantation est prévue à Morangis, a également fait l’objet de questions. La future offre de transports a été abordée, à travers des demandes de précision sur les temps de parcours.
La SGP et ses partenaires – Frank Mereyde, directeur de l’aéroport d’Orly, Michèle Chevrant-Breton, du STIF, Lise Nedelec, chef de projet Interconnexion Sud chez RFF – ont répondu aux questions posées par le public. Philippe Yvin, président du Directoire de la SGP, a notamment tenu à rappeler que le Grand Paris Express est un projet qui avance grâce au travail mené avec les élus locaux et partenaires, et qu’il bénéficie de ressources propres qui en garantissent la faisabilité dans le respect du calendrier gouvernemental. »

SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS, GRAND PARIS EXPRESS, « Salle comble à Paray-Vieille-Poste pour la ligne 14 Sud », 23 septembre 2014, http://www.societedugrandparis.fr/actualite/salle-comble-paray-vieille-poste-ligne-14-sud.

3. LE MÉTRO EN ESSONNE, C’EST (PRESQUE) POUR DEMAIN

« Paray-Vieille-Poste – Plateau de Saclay. Le métro en Essonne, c’est (presque) pour demain », Le Parisien, 24 septembre 2014.

Document : MÉRÉO Florence, « Paray-Vieille-Poste – Plateau de Saclay. Le métro en Essonne, c’est (presque) pour demain ». © Le Parisien, LP/Infographie, 24 septembre 2014.

Le train sera à l’heure. Voire même en avance ! Initialement prévu en 2027, le prolongement de la ligne 14 du métro parisien d’Olympiade (XIII e) à la future gare Aéroport-d’Orly, située à Paray-Vieille-Poste, devrait être effectif à l’horizon 2023-2024. C’est du moins ce que vient d’annoncer le Premier ministre Manuel Valls. Avec cette gare, les Essonniens pourront, pour la première fois, rejoindre directement la capitale en métro. « C’est une desserte essentielle pour le département, qui, ces trente dernières années, n’a inauguré qu’une seule infrastructure ferrée, le récent tramway T7 à Athis-Mons », a noté le président PS du conseil général Jérôme Guedj, lundi soir, lors de la réunion publique de concertation organisée à Paray par la Société du Grand Paris (SGP).
L’aéroport au croisement des lignes 14 et 18
La gare – accompagnée d’un grand site de maintenance et de remisage qui sera, lui, situé à Morangis – sera aussi le point de départ d’une autre ligne de métro en Essonne. La 18, également en avance, reliera l’aéroport au plateau de Saclay d’ici 2023-2024. Elle terminera sa course à Versailles-Chantiers vers 2030. Ce métro nommé désir dans ce secteur en plein boum est un vrai « atout » pour le territoire, a renchéri lundi soir le président de la chambre de commerce et d’industrie. Avec des commerces et des services à proximité, l’infrastructure devrait « dynamiser et soutenir le développement économique et l’emploi », a assuré Philippe Yvin, président du directoire de la SGP. En plus de rejoindre Paris en quelques minutes, elle permettra d’alléger les RER bondés.
En souterrain, les métros longs de 120 m arriveront dans les tunnels d’Orly, à Paray-Vieille-Poste. Demain, pour aller de la ligne 14 à la ligne 18, depuis Paris jusqu’au Plateau de Saclay et son pôle universitaire où se concentre 10 % de la recherche en France, la correspondance quai à quai se fera en quelques secondes, un peu plus dans l’autre sens. « Ce métro nie l’utilité du T7 (avec lequel on mettra 20 minutes de plus qu’avec la ligne 14 pour rejoindre Paris, NDLR), pourquoi ne pas avoir pensé à une meilleure liaison avant ? », a réagi lundi soir un commerçant d’Athis, inquiet aussi pour le commerce au centre-ville qui pourrait pâtir du pôle gare. »

MÉRÉO Florence, « Paray-Vieille-Poste – Plateau de Saclay. Le métro en Essonne, c’est (presque) pour demain », Le Parisien, 24 septembre 2014.


RÉFÉRENCES
SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS, GRAND PARIS EXPRESS
, « Concertation à Paray-Vieille-Poste, réunion publique le 22 septembre 2014, 19 H 30 ». Tract 14,8 x 21 cm.
SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS, GRAND PARIS EXPRESS, « Prolongement de le ligne 14 du métro jusqu’à Orly », Communiqué, 22 septembre 2014.
SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS, GRAND PARIS EXPRESS, « Salle comble à Paray-Vieille-Poste pour la ligne 14 Sud », 23 septembre 2014, http://www.societedugrandparis.fr/actualite/salle-comble-paray-vieille-poste-ligne-14-sud.
MÉRÉO Florence, « Paray-Vieille-Poste – Plateau de Saclay. Le métro en Essonne, c’est (presque) pour demain », Le Parisien, 24 septembre 2014.

© Bernard MÉRIGOT, 25 septembre 2014.