Archives de l’auteur : Marie LAPEIGNE

Les privilèges et les risques de l’histoire locale (Guy THUILLIER et Jean TULARD). Interview

« L’historien local a des privilèges. Il a un terrain de chasse privilégié, un temps libre assuré, il peut mener son effort », écrivent Guy THUILLIER et Jean TULARD dans leur livre Histoire locale et régionale. Ils poursuivent. « Mais on voit bien les risques : un sentiment de la propriété exagéré, la fermeture sur soi, la surestimation des travaux, une dispersion fâcheuse, l’incapacité de transmettre son savoir ». (1) Ils appellent l’historien local à réagir contre ce que les deux auteurs désignent sous le terme de « dérives ».

Nous avons interrogé Bernard MÉRIGOT autour de l’expérience de la publication en 2005 du livre Mémoire en images : Savigny-sur-Orge. (2) (3)

Histoire locale TULARD

Guy THUILLIER et Jean TULARD, Histoire locale et régionale, PUF, 1992.

L’HISTOIRE LOCALE EN LIGNE

Question. Qu’est-ce qui fait exister l’histoire locale ?
Bernard MÉRIGOT.
Il est essentiel de considérer qu’aucune « histoire » n’existe « en soi ». Il y a deux conditions pour qu’elle existe.

  • Premièrement, elle doit être constituée. Ce qui « existe », ce sont des documents. Le travail de la recherche historique consiste à les trouver, les identifier, les dater, les analyser… pour en faire un récit. Ces documents ne sont pas tous préexistants : pour une part, ils doivent être « inventés », c’est-à-dire produits (photographies, entretiens…). Un document isolé ne signifie rien tant qu’il n’est pas mis en perspective par une problématique et mis en rapport avec d’autres documents.
    http://www.savigny-avenir.fr/2007/11/20/patrimoine-et-recherches-en-histoire-locale/
  • Deuxièmement, elle doit être publiée, c’est-à-dire, mise à la disposition de tous. Pendant des siècles, cela s’est fait par le livre. Cela se fait encore par le livre, mais de moins en moins. Aujourd’hui, depuis le tournant des années 2000, le mode de recherche, d’identification, d’accès… des documents se fait, depuis le monde entier, par Internet. Cela entraine des conséquences : ce n’est plus le document matériel qui est important, mais l’identification du document (textes, images, enregistrements, vidéos…), et son accès, sous une forme numérique (scan, jpeg…). La « richesse » d’une documentation pour un travail de recherche n’est plus matérielle (des livres), mais est constituée par des données (un accès Internet, leur téléchargement). L’enjeu est désormais de trouver ces données, et d’en garder durablement la trace.
    http://www.savigny-avenir.fr/bernard-merigot/histoire-de-savigny-sur-orge/

MISE EN LIGNE DE TOUS DOCUMENTS PUBLICS

Question. Qu’en est-il de l’édition par Internet de documents historiques et de documents publics ?
Bernard MÉRIGOT.
Comment apprécier à un moment donné l’état (la richesse ou la pauvreté…) d’un fonds de documents historiques ou de documents  publics ? Tout simplement par l’existence des documents qui sont en ligne sur Internet et accessibles, par tous et à tout moment, dans le cadre de l’Open Data. Il s’agit à la fois des documents originaux bruts (scan de document public, de document d’archive…) et, bien évidemment, de leur références administratives, archivistiques, bibliographiques, muséales… On observe aujourd’hui la pauvreté de beaucoup de sites « officiels » de
mairies et de collectivités locales. Elles sont dans la «communication», c’est-à-dire dans le secret et la rétention d’informations, mais pas dans l’Open Data. En revanche, de très nombreux documents publics sont rendus publics par des associations ou par des initiatives individuelles.

DOCUMENTS HISTORIQUES ET DOCUMENTS PUBLICS

Question. Donc, tous les documents publics sont des documents historiques ?
Bernard MÉRIGOT.
L’histoire ne s’arrête pas. Il n’y a pas d’une part les documents concernant le Maréchal DAVOUT (1770-1823) qui relèveraient de l’histoire et, d’autre part, les comptes rendus du conseil municipal de 2015 qui ne possèderaient pas de qualité historique. Cette conception est erronée : tout ce qui se passe dans un territoire concerne l’histoire de ce territoire. Le plan local d’urbanisme de la commune de Savigny-sur-Orge (37 000 habitants) vient en enquête publique le 18 janvier 2016. Où trouve t-on le pdf du dossier complet ? Si on effectue une interrogation (le 12 janvier 2016) sur le site officiel de la mairie de
Savigny-sur-Orge (www.savigny.org), ce document est inexistant. Le dernier document en ligne date de 2012, soit il y a quatre ans ! En revanche, on le trouve le pdf complet sur des sites d’associations. Depuis le 28 octobre 2015, sur http://portes-essonne-environnement.fr/les-documents-du-projet-de-plan-local-durbanisme-plu-de-savigny-sur-orge-rendus-publics-par-pee/ ; depuis le 5 janvier 2016, sur https://oliviervagneux.wordpress.com/2016/01/05/savigny-sur-orge-lance-lenquete-publique-pour-son-plan-local-durbanisme-plu/

POLITIQUES PUBLIQUES LOCALES

Question. Qu’est-ce qu’une politique publique locale à l’égard de l’histoire ?
Bernard MÉRIGOT.
Qu’est-ce qu’une politique publique locale ? C’est le fait de mettre en œuvre des moyens publics pour des actions et des réalisations d’intérêt général. Chaque commune, et chaque communauté, pour les compétences qu’elle exerce, conduit de facto – même de façon inconsciente – une politique publique locale culturelle, sportive, sociale, scolaire… Chacune se traduit par des décisions et par l’inscription au budget de la collectivité des dépenses d’investissement et de fonctionnement correspondantes.

Dans le domaine de la politique municipale à l’égard de l’histoire, cela s’est traduit, dans le cas présent, par un soutien apporté par Jean MARSAUDON, le député maire, et par l’incorporation du projet au récit de la politique publique locale.

On peut dire qu’il y a, mutatis mutandis,  un « fait du maire », comme on dit dans le langage courant, un « fait du prince », c’est-à-dire un acte arbitraire émanant du responsable d’un exécutif : un maire, ou une municipalité, peut décider une chose. Rien ne les y oblige. Ils peuvent aussi ne pas décider cette chose. Ou encore, un maire peut décider une chose, et son successeur décider le contraire. Dans tous les cas, il convient de porter un regard critique sur le système  aux motifs de la décision qui crée, comme à celle qui annule, et au récit qui est fait de cette politique publique.

L’histoire locale ne saurait être monophonique. Il ne faut pas confondre une histoire locale officielle, faite par le maire et par l’administration, et l’histoire locale critique, qui est nécessairement polyphonique.

Il est évident que les politiques publiques locales, pour un secteur donné, ne suivent jamais une évolution linéaire, mais plutôt sinusoïdale, avec des hauts et des bas. Il y a des avancées et des reculs, des actions qui sont engagées. En 1991, Jean MARSAUDON (maire de 1983 à 2008) crée le service du Patrimoine (un bureau, un fonctionnaire à temps plein, un budget). En 2009, Laurence SPICHER-BERNIER (maire de 2008 à 2014) supprime le service du Patrimoine (plus de bureau, plus de fonctionnaire, cessation des actions en cours, dispersion et destruction des archives du service).
http://www.savigny-avenir.fr/2010/09/09/la-fin-du-service-du-patrimoine-1991-2009/

HISTOIRE GLOBALE, HISTOIRE LOCALE

Question. En quels termes l’histoire globale et l’histoire locale ont-elles été décrites par le feu le député-maire lors de la publication de l’ouvrage Mémoire en images : Savigny-sur-Orge ?
Bernard MÉRIGOT.
Dans sa préface, Jean MARSAUDON cite l’historien Raoul GIRARDET : « Il existe une mémoire officialisée, codifiée, pérennisée : celle d’une démarche historique reconnue dans sa spécificité méthodologique qui étend sa curiosité jusqu’aux premiers pas de l’aventure humaine. Mais il existe aussi une mémoire d’une plus courte durée, parcellisée, individualisée : celle du souvenir personnel, d’une réalité momentanément vécue et dont l’image et le récit se trouvent retransmis de génération en génération. »

Il concluait : « Par cette publication, ces deux mémoires se trouvent réunies. Celle de l’histoire globale, reconstituée, intellectualisée, interprétée. Et celle de l’histoire locale, partielle, héritée, riche d’un passé vécu, personnel, familial. Leur rencontre constitue des repères précieux pour mieux aborder l’avenir. » (4)

RÉFÉRENCES
1. THUILLIER Guy et TULARD Jean, Histoire locale et régionale, PUF, 1992, p.
2. Bernard MÉRIGOT, adjoint au maire de Savigny-sur-Orge (1983-2009), conseiller municipal (2009-2014).
3. Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge (Christian AUCLAIR, Henri BONNIN, Annie DEPRINCE, Simone DUSSART, Françoise JOSSEAUME, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Muriel VAILLANT, préface de Jean MARSAUDON), Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2005 (première édition),  128 p., ISBN 2-84910-340-3.

Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge (Christian AUCLAIR, Henri BONNIN, Annie DEPRINCE, Simone DUSSART, Françoise JOSSEAUME, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Muriel VAILLANT, préface de Jean MARSAUDON), Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2008, (seconde édition), 128 p., ISBN 2-84910-340-3.
4. MARSAUDON Jean, « Préface », Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2005, p. 7, ISBN 2-84910-340-3.

NOTE
Co-publication de cet article sur le site www.savigny-avenir.fr et le présent site Internet.

© Marie LAPEIGNE, Bernard MÉRIGOT, 14 janvier 2016.

Cartes postales anciennes de Savigny-sur-Orge : une histoire locale en vidéo (2006)

Ou comment un ouvrage d’histoire locale est-il né à Savigny-sur-Orge en 2005 ? Ou comment mettre l’histoire locale au service des intelligences informationnelle et territoriale d’aujourd’hui au moment de l’élaboration du plan local d’urbanisme (PLU) ?

SSO VUE AERIENNE vers 1955

Vue aérienne des coteaux de Savigny-sur-Orge prise vers 1955, du collège Paul-Bert vers le Plateau. Collection privée ML.

Le Groupe de recherche sur l’histoire de Savigny-sur-Orge
En février 1998, sous la direction de Gérard FAM, un groupe de cartophiles se réunit en section « Savigny-sur-Orge par les cartes postales » au sein de l’association Art et loisirs à Savigny afin d’inventorier et d’étudier les cartes postales publiées sur la commune de Savigny-sur-Orge. (1) Très vite, il entrevoit la possibilité de mieux appréhender ce qu’aujourd’hui l’association Portes de l’Essonne Environnement appelle l’intelligence territoriale savinienne, du Moyen Âge aux années 1980, en élargissant l’étude de ces images cartonnées par celle de l’histoire de la ville et de ses habitants.

CHATEAU GRAVURE

Lithographie de 1845 réalisée depuis l’actuelle avenue Charles-de-Gaulle, carte postale écrite en avril 1915. Collection privée ML.

Soutenus par la municipalité de l’époque, les érudits locaux décident d’organiser une première exposition à la salle des fêtes, en novembre 2001, en adjoignant aux cartes postales de nombreuses sources originales diverses et variées – plans, écrits, archives municipales, ouvrages, objets, etc. (2) Fort d’un franc succès, un catalogue regroupant les principaux documents présentés est envisagé. Gérard FAM ne peut hélas plus poursuivre l’aventure. Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, historienne, le remplace en décembre 2001. Elle supervise la réalisation d’un second montage de l’exposition à la Bibliothèque-Médiathèque André-Malraux de Savigny en janvier 2002. (3)

Les cartophiles partent en quête de nouveautés chez les différents collectionneurs du secteur. L’association d’accueil ne leur est plus d’utilité. Ils se constituent donc en Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge avec un port d’attache, la mairie, son service du Patrimoine et son service des Archives. (4)

SSO CAFE MATHUBERT

Café Mathubert, près de la gare de Savigny-sur-Orge, carte postale affranchie en 1918. Collection privée AM.

Le temps passe. En février 2005, à la demande du député-maire Jean MARSAUDON passionné par l’histoire napoléonienne et par l’histoire de sa ville, la publication du catalogue est relancée sous la direction de Bernard MÉRIGOT, maire adjoint chargé du Patrimoine et des Syndicats intercommunaux, directeur et co-auteur du bulletin « La Mémoire de Savigny-sur-Orge » depuis plus de dix ans. (5) Il se transforme en véritable livre : Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, publié en septembre 2005 par les éditions Alan Sutton. Autre succès. En à peine quelques mois, l’édition est épuisée ! (6)

LIVRE CP 2005 1-4

Première et quatrième de couverture de l’ouvrage « Mémoire en images : Savigny-sur-Orge », Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge, Alan Sutton, septembre 2005 (réédition 1er trimestre 2008), 128 p., ISBN : 2-84910-340-3.

En décembre 2005, le député maire et son adjoint proposent au Groupe la vente du livre sur un stand professionnel, celui du libraire Thierry AUNEAU (« Atout papier »), lors de la prochaine cérémonie des vœux. L’idée germe d’un montage d’une vidéo regroupant les principales cartes postales exposées en 2001, symboles de passé mais aussi richesses pour l’histoire urbanistique présente.

SSO GRAND VAUX

Le pré aux Houches au temps des chevaux, quartier de Grand-Vaux à Savigny-sur-Orge, carte postale écrite en 1976. Collection privée DB.

La vidéo
Un choix est effectué par l’auteure principale de l’ouvrage, en accord avec les cartophiles du Groupe et les élus. Le montage de la vidéo est confiée à Christian DENIS, photographe prestataire de la mairie. Cette vidéo est présentée lors des vœux de la municipalité aux Saviniens le 14 janvier 2006. Dix ans plus tard, elle n’est toujours pas en ligne sur le site Internet de la ville que ce soit en rubrique « Archives & Histoire » ou en rubrique « P.L.U. » ! Aussi, l’association Portes de l’Essonne Environnement a t-elle décidé de publier ce document visuel public (7) :

Vidéo montée par Christian DENIS, sous la direction de Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT,
responsable du Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge,
afin de présenter l’ouvrage Mémoire en images : Savigny-sur-Orge
publié aux éditions Alan Sutton en 2005 (128 p). (8)
Durée de la vidéo : 5 minutes 10 secondes.
Cliquer sur le triangle au centre de l’écran pour la démarrer.

L’ouvrage est réédité au cours du 1er trimestre 2008, suite au décès de la conseillère générale Simone DUSSART et à la tenue d’une nouvelle exposition de cartes postales en novembre 2007. (9) Un an plus tard, la nouvelle maire de la commune décide de ne plus soutenir le Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge. Il est interdit de réunion en mairie. Le nouveau livre en préparation est en danger. Les sources originales publiques deviennent inaccessibles. Le service du Patrimoine est dissout à la rentrée 2009. Le maire adjoint chargé du Patrimoine retire sa confiance au maire et démissionne de sa fonction en octobre 2009…

Les panneaux de la seconde exposition et des sources originales privées prêtées sont restés soit chez le prestataire de la mairie, soit dans les locaux de la mairie, depuis plusieurs mois en attente de numérisation… Que sont-ils devenus ? Ont-ils été remis ou déposés au service des Archives après octobre 2009 ? En tous les cas, le second livre ne s’est pas fait, faute de moyens et des documents non rendus par la mairie. Pourtant, une manifestation est prévue à Savigny-sur-Orge le week-end des 23 et 24 janvier 2016 autour du livre historique et de « L’histoire de Savigny-sur-Orge par les cartes postales ». Certains membres du Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge et l’ancien adjoint au maire chargé du Patrimoine (de 1989 à 2009) n’ont pas été contactés par les élus actuels, ni invités à découvrir cette manifestation. Une affaire politique… (10)

Une histoire locale citoyenne
Dommage, car l’Histoire n’est la propriété de personne. Elle appartient à toutes les générations passées, présentes et à venir ! L’histoire des lieux ne devrait pas avoir d’étiquette politique. Elle est citoyenne. La conserver, la faire vivre, l’enseigner, la transmettre, la faire aimer forment « une tâche essentielle pour toute collectivité », écrivait Jean MARSAUDON dans les années 1990-2000. (11)

Il ne s’agit pas, ici, d’une appropriation de l’histoire de la commune par telle ou telle personne, telle ou telle entité. Les érudits locaux et les historiens sont des vecteurs de transmission de découvertes, de savoirs, d’instants passés vécus. Ils suscitent des curiosités, sauvegardent la mémoire locale en la faisant resurgir de l’oubli ou en la préservant de la destruction. Selon Bernard MÉRIGOT, « c’est le devoir de chaque génération d’assurer les conditions qui permettent de transmettre aux générations qui lui succèderont, aussi bien ce qu’elle a reçu que ce qu’elle réalise elle-même ». (12) Les collectivités territoriales sont ainsi des facilitatrices de communication de l’histoire locale, une histoire publique. Pour la faire vivre, celle-ci dépend de toutes les bonnes volontés, professionnelles et érudites, privées et publiques, sans condition. Ce n’est apparemment pas le cas à Savigny-sur-Orge depuis 2009. (13) A vous de juger.

SSO AB

Carrefour de la route de Montlhéry et de la rue Edouard-Branly à Savigny-sur-Orge, carte postale affranchie en 1928. Collection privée ML.

RÉFÉRENCES
1. Les premiers membres du groupe de cartophiles et érudits locaux étaient, par ordre alphabétique : Christian AUCLAIR, Simone BONNIN puis, après son décès, son époux Henri BONNIN, Gérard FAM (quatre Saviniens détenteurs de collection de cartes postales et d’archives privées), Françoise JOSSEAUME (ancienne maire-adjointe de 1981 à 1987, appartenant à une très vieille famille savinienne, férue d’histoire locale et possédant un fonds d’archives privées important), Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT (historienne, auteur, co-auteur de nombreux livres et d’articles en rapport avec l’histoire locale et patrimoniale, chargée de la collecte des documents et de la rédaction du manuscrit « Mémoire en images : Savigny-sur-Orge »).

Livre CP SSO Preface

Préface du député-maire Jean MARSAUDON, p. 7 de l’ouvrage « Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, édition 2005.

2. L’exposition « 380 cartes postales de Savigny-sur-Orge » a été présentée du 25 au 27 octobre 2001 à la salle des fêtes de Savigny-sur-Orge.

380 CP SSO AFF EXPO 2001

Carte postale d’invitation à l’exposition « 380 cartes postales de Savigny-sur-Orge », présentée du 25 au 27 octobre 2001 à la salle des fête de Savigny-sur-Orge par le groupe d’étude « Savigny-sur-Orge par les cartes postales ». Collection privée CAD.

3. L’exposition a été adaptée au dimension de salle d’exposition de la Bibliothèque-Médiathèque André-Malraux afin de poursuivre l’ouverture au public du 18 au 30 janvier 2002, notamment des scolaires visiteurs et participants au concours sur les cartes postales organisé dans le cadre du Prix du Patrimoine 2002 de la ville de Savigny-sur-Orge.

SSO AV 11 NOVEMBRE

Avenue du 11 novembre à Savigny-sur-Orge, carte postale écrite en 1929. Collection privée SD.

4. Au fil du temps, se sont intégrés au groupe d’étude originel : Annie DEPRINCE (fonctionnaire territoriale de la ville de Savigny-sur-Orge, responsable du service des Archives et de la documentation), Simone DUSSART (conseillère générale, passionnée d’histoire locale à travers les cartes postales), Bernard MÉRIGOT (maire adjoint de 1981 à 2009, chargé du Patrimoine, des Syndicats intercommunaux et du Développement durable, appartenant à une vieille famille savinienne, et dont la grand-mère a été conseillère municipale et présidente de la Croix-Rouge locale, possédant un fonds d’archives privées important) et Muriel VAILLANT (fonctionnaire territoriale de la ville de Savigny-sur-Orge, responsable du service du Patrimoine).

SSO COUR MAIRIE v1950

Cour de la mairie de Savigny-sur-Orge dans les années 1950, avec la borne n° 10 ornée d’un bonnet phrygien. Collection privée AM.

5. Sous la direction de Bernard MÉRIGOT, « La Mémoire de Savigny-sur-Orge », 18 numéros parus entre septembre 1993 et janvier 2008.

MSSO - Septembre 1993 p1

Ville de Savigny-sur-Orge, sous la direction de Bernard MÉRIGOT, « La Mémoire de Savigny-sur-Orge », n° 1, septembre 1993, p. 1. Fond privé BM.

6. Réunis en membres du Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge, les cartophiles publient  Mémoire en images : Savigny-sur-Orge aux éditions Alan Sutton sous la direction de l’historienne professionnelle, Sylvie MONNIOTTE, qui a conçu les notices, les introductions, puis défini l’imposition des cartes postales dans l’ouvrage. Chacun y a apporté sa pierre, chacun a été considéré comme auteur et a perçu des droits d’auteur, y compris les fonctionnaires… Les pages de cet ouvrage sont/seront disponibles en pdf sur le site www.savigny-avenir.fr : http://www.savigny-avenir.fr/2016/01/02/savigny-sur-orge-lhistoire-par-le-livre-en-ligne-petite-histoire-de-la-commune/ ; http://www.savigny-avenir.fr/2016/01/05/savigny-sur-orge-lhistoire-par-le-livre-en-ligne-1-le-chateau/ ; http://www.savigny-avenir.fr/2016/01/07/savigny-sur-orge-lhistoire-par-le-livre-en-ligne-2-autour-du-chateau/http://www.savigny-avenir.fr/2016/01/09/savigny-sur-orge-lhistoire-par-le-livre-en-ligne-3-le-quartier-de-la-gare/ (publication des autres chapitres à suivre prochainement sur ledit site).

SSO GARE 1904

La gare de Savigny-sur-Orge inaugurée en 1904, carte postale écrite en 1916. Collection privée HB.

7. La vidéo avait été dupliquée en plusieurs exemplaires, remis notamment à certains élus, à des services municipaux et Groupe d’étude… Quant à l’ouvrage, il est consultable à la Bibliothèque-Médiathèque André-Malraux.

SSO RUE NOUVELLE 2

La pharmacie Normale de la rue Nouvelle à Savigny-sur-Orge, carte postale écrite en 1908. Collection privée ML.

8. Le Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge n’existe plus. Il n’est donc plus domicilié en mairie de Savigny-sur-Orge.
9. Exposition « Savigny au siècle dernier. Exposition de cartes postales sur les comme
rces, les écoles, La Savinière » a été présentée du 21 au 25 novembre 2007 à la salle des fêtes de Savigny-sur-Orge. Voir la présentation de cette exposition sur le site Internet www.savigny-avenir.fr (http://www.savigny-avenir.fr/2007/11/01/savigny-sur-orge-au-siecle-dernier-les-commerces-les-ecoles-la-saviniere/) et dans la plaquette « La Mémoire de Savigny-sur-Orge » sous la direction de Bernard MÉRIGOT, n° 16, novembre 2007 (12 p., pdf : MSSO – Novembre 2007).

SAVIGNY SIECLE DERNIER AFF EXPO CP 2007

Affiche de l’exposition « Savigny au siècle dernier. Exposition de cartes postales sur les commerces, les écoles, La Savinière « , présentée du 21 au 25 novembre 2007 à la salle des fête de Savigny-sur-Orge par le Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge. Fonds privé CAD.

MSSO - Novembre 2007

Ville de Savigny-sur-Orge, sous la direction de Bernard MÉRIGOT, « La Mémoire de Savigny-sur-Orge », n° 16, novembre 2007, p. 1. Fond privé BM.

10. Pour rédiger cet article, nous avons rencontré certains cartophiles, membres du Groupe d’étude. Si Éric MEHLHORN, maire (LR), et ses adjoints chargés étaient un peu censés, ils aideraient à la renaissance du Groupe d’étude d’histoire locale de Savigny-sur-Orge afin de soutenir la publication du second livre d’histoire locale par les cartes postales dont l’élaboration était bien avancée ! D’autant que, nous avons appris en écrivant cet article, que les parents de l’actuelle première adjointe avaient rejoint le Groupe en 2008. Mais, pour des raisons strictement politiques, hélas, les élus actuels n’en feront rien…
Une manifestation doit avoir lieu les 23 et 24 janvier 2016 sur le site administratif de la mairie, organisée par la municipalité mehlhornienne. L’ancienne responsable et auteure principale du Groupe d’étude (Sylvie MONNIOTTE), le maire adjoint honoraire chargé jadis du Patrimoine et de la Bibliothèque-Médiathèque André-Malraux (Bernard MÉRIGOT) et certains auteurs, cartophiles de Savigny et membres du Groupe, tous résidant encore à Savigny-sur-Orge, nous ont indiqué qu’ils n’avaient pas été contactés pour retracer l’histoire du Groupe d’étude sur l’histoire locale, celle de l’ouvrage Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, celle des nombreuses manifestations autour du livre présidées par l’adjoint durant 20 ans à la bibliothèque-médiathèque, ou encore celle du bulletin « La Mémoire de Savigny-sur-Orge ». Cette manifestation s’intitule pourtant « L’histoire par le livre. 1ère rencontre autour du livre historique » et une exposition de cartes postales « Histoire de Savigny-sur-Orge au travers des cartes postales ».
Retrouverons-nous le fond des fameux panneaux de la seconde exposition (rédactionnels, agrandissements…) et des sources originales non restitués aux membres du Groupe ? Le maire Eric MEHLHORN et son service des Archives se serviront-ils du travail du Groupe, du premier ouvrage, du projet presque achevé du second, des « Mémoires » locales, sans avoir la courtoisie républicaine d’informer de la tenue de cette manifestation certains anciens érudits locaux ? Nulle doute que la réponse soit oui !

SSO ECOLE FB

Enfants et instituteurs au milieu de l’avenue de la Gare, à proximité de l’école communale de garçons (Ferdinand-Buisson), lieu d’apprentissage des valeurs républicaines comme la courtoisie… Carte postale écrite en 1907, collection privée CAD.

11. Citation figurant dans de nombreuses préfaces de Jean MARSAUDON publiée en une de couverture du bulletin « La Mémoire de Savigny-sur-Orge » (cf. op. cit. illustration de la note n° 5)
12. Bernard MÉRIGOT n’a cessé d’écrire et de réécrire cette phrase dans les éditoriaux des différentes publications municipales dont il avait la direction entre 1993 et 2008, en en faisant une référence. Il la signe pour la première fois en septembre 1993, lors de la parution du n° 1 de « La Mémoire de Savigny-sur-Orge » (8 p., pdf : MSSO – Septembre 1993).

MSSO - Septembre 1993 p2

Ville de Savigny-sur-Orge, sous la direction de Bernard MÉRIGOT, « La Mémoire de Savigny-sur-Orge », n° 1, septembre 1993, p. 2. Fond privé BM.

13. Lire l’interview de Bernard MÉRIGOT, co-publiée sur le site Internet www.savigny-avenir.fr et sur le site de PEE, à la suite de cet article, le 14 janvier 2016 : « Les privilèges et les risques de l’histoire locale (Guy THUILLIER et Jean TULARD). Interview ».

© Marie LAPEIGNE, 14 janvier 2016.

1946 – 2016 : il y a 70 ans, les Américains rendaient l’aéroport de Paris-Orly aux Français

A l’heure où la rénovation et l’extension de l’aéroport de Paris-Orly sont de plus en plus contestées par les associations environnementales qui, en 2015, ont déposé un recours au tribunal administratif de Versailles contre le permis de construire d’un bâtiment de jonction entre les deux aérogares Ouest et Sud. (1)

A l’heure où les populations riveraines et survolées sont en droit de se demander si cela ne cache pas une volonté de la société Aéroport de Paris (ADP) d’accroître le trafic sur cette plate-forme aéroportuaire et de faire sauter les verrous du plafonnement et du couvre-feu nocturne. (2)

A l’heure où les nuisances exponentielles épuisent les Sud-Franciliens qui se prennent à rêver d’une délocalisation d’Orly. (3)(4)

Et, dans le cadre de sa démarche d’intelligence territoriale éclairée par l’histoire locale, l’association Portes de l’Essonne Environnement vous propose de découvrir un article publié en 1950 dans la revue SESAM (Société savante et artistique de la banlieue parisienne sud) : « L’aéroport de Paris-Orly » par Louis BRUNEL. (5)

SESAM BRUNEL ORLY 1

Illustration de l’article de Louis BRUNEL, « L’aéroport de Paris-Orly », SESAM, 1950, p. 356.

Créé pendant la Première Guerre mondiale par les Américains sur la plaine du Longboyau à proximité de zones habitées, l’aérodrome d’Orly est une base arrière dans les opérations de défense et d’offensive contre l’Allemagne. Les premiers bâtiments réservés à l’aviation civile sont édifiés entre 1921 et 1923. Orly devient sept ans plus tard un des principaux centres français de l’aviation de tourisme. Les années 30 voient fleurir de nombreuses sociétés privées dites clubs d’aviation. En septembre 1939, les services de l’Armée de l’air française réquisitionnent terrains et hangars. Mais, avec l’arrivée des Allemands, l’aérodrome passe sous l’autorité de la Luftwaffe qui s’empare des terrains avoisinants et crée les deux premières pistes en ciment (Nord-Sud, Est-Ouest). Bombardé en mai et juin 1944 par les Alliés, les premiers appareils de l’US Air Forces atterrissent à Orly le 22 août : les Américains occupent Orly, le remettent en état, installent les prémices d’une technologie moderne (tour de contrôle, radio-guidage des avions en vol et télécommunications au sol). Le 7 novembre 1944, l’aérodrome militaire modernisé est rendu par le gouvernement américain à son homologue français. (6)

SESAM BRUNEL ORLY 3

Vue aérienne extraite de l’article de Louis BRUNEL, « L’aéroport de Paris-Orly », SESAM, 1950, p. 352. On aperçoit les trois pistes de l’aéroport, le vieil Athis (au premier plan), la mairie, le parc d’Avaucourt, l’église, le château, la cité Air-France, la ville de Paris et la tour Eiffel (en arrière-plan).

L’actuel Paris-Orly et le Grand Orly se profilent à l’horizon en 1948-1950. Jugez-en plutôt avec ces lignes sur l’avant-projet résumé par l’érudit BRUNEL : « L’Aéroport d’Orly doit être considérablement agrandi et devenir au stade extrême de son développement la pièce maîtresse de l’équipement aérien de la Région Parisienne et même de la France… Cet effort doit pourtant être consenti par la France, quelles que soient les difficultés présentes, car notre Pays ne saurait rester à l’écart de cette nouvelle activité internationale qui lui permettra d’augmenter son influence et qui sera sans aucun doute profitable à son économie. »

SESAM BRUNEL ORLY 2

« Avant-projet de l’aéroport d’Orly, plan général », extrait de l’article de Louis BRUNEL, « L’aéroport de Paris-Orly », SESAM, 1950, p. 349.

Intrigués par cet avant-projet et les similitudes d’éléments de communication employés par l’érudit et les dirigeants d’ADP sur la « nécessaire » extension d’Orly aujourd’hui ? Faites une pause « histoire locale », lisez l’article de Louis BRUNEL (pdf) : SESAM PARIS ORLY 1950.

Et dans tout cela, où se situe le riverain d’hier et d’aujourd’hui ?

RÉFÉRENCES
1. Conférence débat organisée par Essonne Nature Environnement le 24 septembre 2015, intitulée « Quel avenir pour l’aéroport d’Orly et ses populations riveraines ? Nuisances généralisées, paupérisation des territoires. Délocalisation partielle ou totale ? » : http://ene91.fr/quel-avenir-pour-laeroport-dorly-et-ses-populations-riveraines-nuisances-generalisees-pauperisation-des-territoires-delocalisation-partielle-ou-totale-conference-debat/.
2. Voir les vidéos 14 à 19 de la conférence d’ENE sur la page Dailymotion de la fédération : 
http://www.dailymotion.com/video/x3bnhie_14-l-aeroport-d-orly-delocalisation-partielle-ou-totale-conference-du-24-septembre-2015-partie-1-6_news, et suivantes.
3. Voir les sites Internet des associations AVEVY (http://www.avevy.com/) et ADVOCNAR (http://www.advocnar.fr/).
4. Convergence associative, Le dossier noir du transport aérien, novembre 2015, 24 p. (pdf) : Dossier-noir-du-transport-aerien.

Dossier-noir-du-transport-aerien

Convergence associative, Le dossier noir du transport aérien, novembre 2015, 24 p.

5. BRUNEL Louis, « L’aéroport de Paris-Orly », SESAM, Revue savante et artistique de la banlieue parisienne sud, volume VII, 4e année, 1950, pp. 339-356 (pdf) : SESAM PARIS ORLY 1950.

SESAM une VolVII 1950

Une de couverture de la revue SESAM, éditée à Athis-Mons, volume VII, 1950. Tour Agnès Sorel, façade arrière du château de Savigny-sur-Orge devenu annexe du lycée Lakanal (puis lycée Jean-Baptiste Corot), en 1950.

6. Pour en web-savoir plus sur l’histoire de l’aéroport de Paris-Orly : https://fr.wikipedia.org/wiki/A%C3%A9roport_de_Paris-Orly.

© Marie LAPEIGNE, 9 janvier 2016.

 

COP21. Accord universel sur le climat, les discours de clôture

La 21e Conférence de Paris pour le climat s’est déroulée du 30 novembre au 12 décembre 2015. Autour de la table des négociations, 196 États se sont penchés sur les enjeux visant à contenir le réchauffement climatique mondial sous le seuil de 1,5 °C d’ici la fin du XXIe siècle, et, à obtenir un nouvel « accord, différencié, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant » (Laurent FABIUS). Une clause prévoit de réviser les engagements à la hausse tous les cinq ans, à partir de 2023. Les aspects essentiels de l’accord universel sur le climat ont été développés par Pierre LE HIR, dans un article du Monde, publié le 12 décembre 2015. (1)

Le président de la République française a annoncé que notre pays :

  • s’engagerait à réviser ses engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, au plus tard en 2020,
  • réviserait sa contribution financière en direction des pays les plus vulnérables,
  • favoriserait la formation d’une coalition avec les pays volontaires afin d’aboutir à un prix du carbone pour que les investissements puissent être réorientés,
  • proposerait de réactualiser, avant 2020, leurs engagements aux pays désireux d’aller plus vite.


DOCUMENTS

1. Discours de clôture de François HOLLANDE, président de la République française, 12 décembre 2015 (2)


Le Bourget – Samedi 12 décembre 2015 

Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies, cher Ban Ki-MOON,
Mesdames, Messieurs les délégués, 

Alors, vous l’avez fait ! Vous avez réussi là où il y avait eu l’échec il y a six ans. Vous avez réussi alors que le scepticisme était encore à un niveau élevé ces derniers mois. Vous l’avez fait et vous l’avez fait à Paris. Vous avez été capables de dépasser vos intérêts légitimes pour trouver un accord et pas n’importe quel accord, un accord ambitieux, un accord universel, un accord contraignant. Je veux vous remercier d’avoir été à la hauteur de la responsabilité qui vous était confiée, d’avoir répondu à l’appel des chefs d’Etat et de Gouvernement.

Jamais, il ne sera possible d’exprimer autant de gratitude à une conférence et vous vous souviendrez longtemps que c’était à Paris, le 12 décembre 2015. Et plus tard lorsque l’on vous interrogera, lorsque l’on nous interrogera sur le sens de notre vie, sur l’accomplissement de nos actions, nous pourrons évoquer bien des faits, nous pourrons raconter bien des histoires mais une reviendra, vous pourrez dire « le 12 décembre 2015, nous étions à Paris pour l’Accord sur le climat » et vous pourrez en être fiers devant vos enfants et vos petits-enfants.

Je remercie Laurent FABIUS pour le travail qu’il a mené pendant des mois. Vous savez que c’est le ministre des Affaires étrangères du gouvernement français et je posais la question à mes collaborateurs, je disais « mais où est Laurent FABIUS ? » et on me répondait « mais il est dans l’avion car il visite tous les pays du monde pour aller chercher l’accord sur le climat » et puis depuis treize jours, il a, avec vous, pendant toutes ces heures, élaboré cet accord, cherché les compromis et en même temps il n’a pas renoncé à aucun moment à l’ambition qui devait être la nôtre.

Au-delà de lui, je veux remercier comme vous l’avez tous fait et avec des mots qui sont allés droit au cœur des intéressés, toute l’équipe, toute l’équipe du secrétariat général des Nations unies, toute l’équipe autour de Madame FIGUERES, toute l’équipe qui a pu permettre justement d’arriver au résultat que nous connaissons. 

Cet accord, nous l’attendions depuis longtemps. Depuis plus de quarante ans, la prise de conscience progressait, des scientifiques étaient de plus en plus sûrs de leurs travaux, des déclarations des chefs d’Etat et de Gouvernement se multipliaient, des femmes et des hommes d’avant-garde, des précurseurs comme AL GORE ici présent, lançaient des alertes, nous disaient qu’il était temps d’agir ! Mais les engagements décisifs étaient toujours attendus.

Puis, il y avait cet échec de Copenhague qui avait -si je puis dire- refroidi les meilleurs esprits, peut-être même découragé un certain nombre de chefs d’Etat et de Gouvernement les plus engagés. Si bien qu’il y a trois ans, j’ai proposé que la France accueille la conférence de Paris pour le climat. On m’avait mis en garde, on m’avait dit « est-ce sûr qu’il y aura un accord ? » mais comment le savoir avant que l’on ait travaillé pour y parvenir ? J’étais conscient qu’il s’agissait d’une énorme responsabilité, je savais que l’échec était possible mais en même temps, tirant la leçon de l’Histoire, je savais qu’il n’y a pas d’avancée sans audace, pas de progrès sans risque, pas de réussite sans épreuve. L’Histoire, Mesdames et Messieurs, elle est écrite par ceux qui s’engagent, pas par ceux qui calculent ! Et aujourd’hui, vous vous êtes engagés et vous n’avez pas calculé !

J’étais confiant parce que jamais, un enjeu n’avait rassemblé autant de chefs d’Etat et de Gouvernement. Jamais, il n’y avait eu autant de contributions nationales, ces fameuses INDC élaborées par les gouvernements pour dire les engagements de chaque Etat. Jamais, il n’y avait eu autant de textes avec ces engagements. Mais avec l’Accord, nous sommes maintenant en mesure de limiter la hausse des températures en-deçà de 2 degrés, de 1,5 degré même d’ici la fin du siècle. Puisqu’une clause a été prévue pour réviser ces engagements, que des financements – 100 milliards – sont mobilisés pour l’adaptation des économies, notamment dans les pays en développement, que vous avez introduit des mécanismes pour que la solidarité soit effective notamment en direction des pays les plus vulnérables et notamment pour qu’ils puissent compenser les pertes et les dommages. Alors, oui, le monde a écrit avec vous une nouvelle page de son Histoire !

Nous entrons dans l’ère du bas carbone. C’est un mouvement puissant et irréversible et ce mouvement va bien au-delà des Etats et des Gouvernements, des milliers de régions, de provinces, de villes, se sont engagées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 ; des entreprises, le secteur financier, ont décidé de réorienter leurs investissements vers les secteurs bas carbone. Et ici à Paris, nous avons lancé de multiples initiatives, initiatives africaines, pour apporter l’électricité à tous, une alliance a été conclue pour le développement de l’énergie solaire, pour les innovations, pour partager les technologies.

Au cours de cette conférence, ont été présentées des initiatives qui vont révolutionner le monde et lui permettre d’assurer sa transition. Mais cet accord, votre accord n’est pas un aboutissement ; c’est un début et la France mettra tout en œuvre non seulement pour appliquer l’Accord, nous en avons la responsabilité, mais pour accélérer le mouvement.

Je m’engage au nom de la France à réviser au plus tard en 2020 nos engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. 

Je m’engage à réviser la contribution financière notamment pour les pays les plus vulnérables, pour l’adaptation. Je m’engage avec d’autres pays s’ils veulent nous rejoindre pour former une coalition pour aboutir à un prix du carbone et pour que les investissements puissent être ainsi réorientés !

Demain, dès demain, je ferai la proposition que les pays qui veulent aller plus vite puissent réactualiser avant 2020 tous leurs engagements. 

Mesdames et Messieurs, le combat pour le climat participe d’une lutte, d’une lutte engagée depuis des siècles, des décennies pour la dignité humaine, une lutte pour l’égalité, une lutte pour les droits fondamentaux. Vous savez qu’ici, à Paris, ont été proclamés les droits de l’Homme et du citoyen, eh bien grâce à vous aujourd’hui, vous venez de proclamer les droits de l’Humanité. C’est à cet acte, à cette révolution-là que je veux également souligner la portée de l’Accord de Paris.

Je suis fier, fier que la France ait accueilli cette conférence ; fier que les Nations Unies aient été capables en tant que communauté internationale de prendre cette responsabilité ; fier que les idéaux de justice aient pu prévaloir ; fier de ma génération, de votre génération, qui a été capable de décider d’agir pour un monde que nous ne verrons pas. 

Oui, le 12 décembre 2015 restera une grande date pour la planète. A Paris, il y a eu bien des révolutions depuis des siècles mais aujourd’hui c’est la plus belle et la plus pacifique des révolutions qui vient d’être accomplie : la révolution sur le changement climatique.

Merci ! 

Vive les Nations Unies,
Vive la planète,
Et vive la France ! 

*****

2. Intervention de François HOLLANDE, président de la République française, à la clôture de la négociation de la COP21 (assemblée plénière), 12 décembre 2015 (3)

Le Bourget – Samedi 12 décembre 2015

Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies, cher Ban KI-MOON,
Je sais quelle a été votre obstination pendant ces derniers mois pour que nous puissions nous réunir ici, à Paris, avec la possibilité d’un accord.

Monsieur le Président de la Conférence, cher Laurent FABIUS,
Vous avez tout au long de ces derniers mois – et encore davantage ces derniers jours – joué un rôle considérable pour rapprocher les points de vue et pour concilier parfois ce qui paraissait inconciliable. Mais c’est le sens-même d’un accord universel.

Madame la Secrétaire exécutive,
Je sais ce que vous avez fait aussi pour que les délégués puissent pleinement jouer leur rôle, parce que vous étiez attachée à cette idée si belle que la communauté internationale peut agir.

Mesdames, messieurs les délégués,
Vous avez beaucoup travaillé et je veux vous exprimer la gratitude de la France pour les discussions que vous avez menées ici, à Paris, jour et nuit et parfois plus la nuit que le jour, pour chercher l’accord qui n’avait pas été trouvé jusque-là.

Tous ces efforts doivent maintenant trouver leur conclusion, à quoi auraient servi ces temps partagés, ces initiatives multiples, ces volontés de tous les continents, à quoi aurait servi ce travail s’il ne débouchait pas sur un accord universel contraignant et différencié.

Nous sommes maintenant au moment décisif, à la seule question qui vaille et à laquelle vous seuls pouvez apporter la réponse. Voulons-nous un accord ? Cet accord qui n’a pas pu, à Copenhague, être trouvé ; cette impasse qui, pendant des années, a été une immense déception pour tous ceux qui voulaient que la planète puisse avoir un avenir ; cette impasse qui a pu jeter le doute sur la capacité de la communauté internationale à agir. Eh bien, c’est vous, par les progrès que vous avez été capables d’accomplir ces derniers mois et, surtout, ces derniers jours, c’est vous et vous seuls qui avez la réponse !

Nous avons à faire le dernier pas, celui qui permet d’atteindre le but, le pas décisif. Le texte, qui a été préparé et qui vous est soumis, est à la fois ambitieux et réaliste. Il concilie la responsabilité et notamment celle des pays les plus riches ; et en même temps la différenciation. Il accorde aux plus vulnérables et aux pays en développement les moyens qui ont été promis. Il fixe des mécanismes de révision qui sont essentiels pour la crédibilité de l’accord. Ce texte sera, si vous en décidez, le premier accord universel de l’histoire des négociations climatiques.

Vous allez faire un choix, un choix pour votre pays, un choix pour votre continent mais aussi un choix pour le monde. Ce sera un acte majeur pour l’humanité. C’est la raison pour laquelle, à ce stade de la négociation, à ce stade ultime de la Conférence, j’ai tenu à être avec vous. Parce que je suis dépositaire – comme vous – du mandat qui a été confié par les 150 chefs d’Etat et de Gouvernement, qui sont venus au début de la Conférence pour porter l’engagement qu’il y aurait un accord à Paris. Mais également pour l’ambition, tenir l’objectif des 2 degrés, tout faire même pour être à 1,5 degré, parce que c’est notre responsabilité, parce que c’est l’enjeu décisif, parce qu’un réchauffement qui irait au-delà pourrait gravement atteindre les équilibres de la planète.

Pour y parvenir, nous avons fixé de nouveaux rendez-vous pour réviser les contributions nationales, pour revoir les engagements financiers. Comme l’a dit le Président de la COP, l’accord ne sera parfait pour personne si chacun le lit à la lumière de ses seuls intérêts. Mais il sera un succès pour tous parce que ce qui nous rassemble, c’est la planète elle-même.

Face au changement climatique, nos destins sont liés. Chacun a ses contraintes et je les connais. Mais la seule chose qui compte maintenant, c’est d’avoir raison ensemble. Toutes les exigences n’ont pas été satisfaites, toutes les revendications n’ont pas abouti, mais nous ne serons pas jugés sur un membre de phrase mais sur le texte dans son ensemble, nous ne serons pas jugés sur un mot mais sur un acte, pas sur un jour mais sur un siècle. Il en va donc de notre crédibilité collective et celle de la communauté internationale toute entière.

Mesdames et messieurs, la présence ici aujourd’hui de 196 délégations -vous êtes le monde- après tant de mois de travail, est sans précédent dans l’histoire des discussions sur le climat. Un espoir considérable s’est levé. Le monde s’est mis en marche, pas seulement dans cette salle mais bien au-delà. Des actions immédiates ont été engagées par les collectivités locales, les citoyens, les chercheurs, les entreprises. Des coalitions se sont formées, des initiatives ont été prises dans tous les continents et je pense notamment sur les énergies renouvelables à ce qui a été fait pour l’Afrique, ce que l’Inde a porté. Je sais aussi combien nous nous sommes mobilisés sur le prix du carbone. Nous sommes donc capables d’assurer la lutte contre le réchauffement climatique et le développement.

Voilà ! L’Histoire arrive, l’Histoire est là, toutes les conditions sont réunies et elles ne le seront plus avant longtemps. Nous sommes, vous êtes sur la dernière marche, il faut se hisser encore à la hauteur de l’enjeu. Il n’y aura pas de report, il n’y aura pas de sursis possible, l’accord décisif pour la planète c’est maintenant. Et il ne tient qu’à vous, à vous seuls au nom de ce que vous représentez, l’ensemble des nations du monde, d’en décider.

Le 12 décembre 2015 peut être un jour non seulement historique mais une grande date pour l’humanité. Le 12 décembre 2015 peut être un message de vie et je serai personnellement heureux, presque soulagé, j’en serai même fier que ce message-là soit lancé de Paris, parce que Paris a été meurtrie il y a tout juste un mois, jour pour jour.

Alors mesdames et messieurs, la France vous demande, la France vous conjure d’adopter le premier accord universel sur le climat de notre Histoire.

Il est rare d’avoir dans une vie l’occasion de changer le monde, vous avez cette occasion-là, de changer le monde. Saisissez-la pour que vive la planète, vive l’Humanité et vive la vie.

*****

3. Présentation du projet final d’accord, Laurent FABIUS, président de la COP 21, 12 décembre 2015 (4)

Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies,
Madame la Secrétaire exécutive,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les chefs de délégations et négociateurs,
Chers collègues et chers amis,

Nous voici donc presque au bout du chemin, et, sans doute, au début d’un autre.

Je veux d’abord vous remercier, toutes et tous, pour votre travail, non seulement ces derniers jours – et ces dernières nuits –, mais tous ces derniers mois et même et, pour beaucoup d’entre vous, toutes ces dernières années. Le projet d’accord final qui vous est soumis ce matin, et qui vous sera distribué quand cette séance sera terminée, doit évidemment beaucoup aux progrès accomplis, ici à Paris, mais personne d’entre nous n’oublie ceux qui ont été obtenus notamment depuis Durban.

Je remercie tout particulièrement le Secrétaire général des Nations Unies ainsi que le Président de la République française, qui nous font l’honneur de leur présence et qui ont tous les deux mis leur très forte détermination personnelle au service du succès de cette COP 21.

Durant quatre années, le groupe ADP a réalisé un travail considérable : je veux saluer les co-présidents successifs, les facilitateurs et l’ensemble des négociateurs. Je veux aussi adresser un merci affectueux à la Présidence péruvienne de la COP 20, en particulier Manuel Pulgar-Vidal, qui a donné l’impulsion nécessaire, avant que nos amis Marocains prennent le relais l’an prochain. J’ai une pensée particulière enfin pour tous ceux, ministres, négociateurs, militants, qui auraient voulu être là en cette circonstance, probablement historique, mais qui ont agi et lutté sans pouvoir connaître ce jour.

***

Au cours de cette Conférence de Paris, nous avons voulu que les conditions d’accueil, de travail et de préparation de l’accord soient les meilleures possibles. J’avais annoncé une méthode faite d’écoute, de transparence, d’ambition, et de recherche des compromis. Une COP dans laquelle chaque partie puisse se sentir entendue et comprise. J’espère que collectivement nous y sommes parvenus.

Chers amis,

Après l’impulsion politique exceptionnelle donnée par les 150 chefs d’Etat et de gouvernement, rassemblés au début de notre Conférence, le groupe ADP a poursuivi ses travaux lors de la première semaine. Samedi dernier – cela semble déjà extrêmement loin ! –, après la remise du texte ADP par les co-présidents, nous avons mis en place une instance informelle de consultation ouverte à tous, ce « Comité de Paris » ; nous avons tous beaucoup travaillé, relativement peu dormi et plusieurs ministres facilitateurs nous ont aidés à dégager des compromis : je les remercie, je vous remercie très chaleureusement. Plusieurs réunions en format Indaba ont été organisées sur des questions difficiles. Je vous ai soumis au cours de cette semaine pas moins de deux versions successives, intermédiaires, venant des travaux des parties, avant de vous proposer aujourd’hui le texte final. A chaque étape, l’objectif a été de nous rapprocher, ensemble, de l’accord souhaité par tous. A chaque fois, les parties ont été consultées sur la meilleure méthode pour avancer, ainsi que sur le fond. Tout cela s’est fait dans une atmosphère constructive que je veux particulièrement souligner, et aujourd’hui, nous sommes proches de l’issue du processus.

***

Nous sommes en effet parvenus, et c’est ma conviction profonde, à un projet d’accord ambitieux et équilibré qui reflète les positions des parties. Il vous sera distribué dans quelques minutes. Je ne veux pas entrer ici, en ce moment dans tous les détails, mais souligner cependant quelques points. Ce texte, qui est nécessairement un texte équilibré, contient les principales avancées dont beaucoup d’entre nous pensaient qu’elles seraient peut-être impossibles à obtenir. Le projet d’accord proposé est différencié, juste, durable, dynamique, équilibré, et juridiquement contraignant. Il est fidèle au mandat de Durban. Il reconnait la notion de « justice climatique », et il tient compte, sur chaque sujet, des responsabilités différenciées des pays, de leurs capacités respectives à la lumière des circonstances nationales. Il confirme notre objectif central, vital même, de contenir l’augmentation de la température moyenne bien en-deçà de 2 degrés et de s’efforcer de limiter cette augmentation à 1,5 degrés, ce qui permettrait de réduire significativement les risques et les impacts liés au changement climatique. Il fixe un objectif à long terme ambitieux mais nécessaire. Il fait de la réduction des émissions de gaz à effet de serre l’affaire de tous, grâce à la soumission ou à l’actualisation, tous les cinq ans, de contributions nationales, qui dans ce cas ne pourront être que plus ambitieuses. Il réserve une place accrue à l’adaptation aux effets du dérèglement climatique. Il reconnaît la nécessaire coopération sur les pertes et dommages, de manière permanente et prééminente. Il prévoit les moyens nécessaires pour permettre l’accès de tous au développement durable, en mobilisant les moyens adéquats de mise en œuvre – et par ailleurs le projet de décision de notre conférence prévoit que les 100 milliards de dollars par an prévus pour 2020 devront être un plancher pour l’après-2020 et qu’un nouvel objectif chiffré devra être défini au plus tard d’ici 2025. Ce texte est de nature à renforcer la confiance mutuelle entre les parties, grâce à un cadre de transparence renforcé é, adapté en fonction des capacités de chacun et se fondant sur les dispositifs actuels. Il prévoit tous les cinq ans un bilan collectif de nos progrès, qui nous permette de réagir collectivement si nos efforts paraissent insuffisants au regard des objectifs fixés. S’il est adopté, ce texte sera donc un tournant historique. Et plus généralement cette COP 21 est un véritable tournant, aussi bien pour les actions non gouvernementales – celles des collectivités locales, des entreprises, des organisations multiples – que pour la mise en place d’un accord juridique universel.

Au cours de nos discussions nombreuses, chaque partie a fait valoir ses propositions et ses lignes rouges, c’est légitime, et nous les avons respectées. Certes, chaque pays n’obtient sans doute pas tout ce qu’il souhaitait. Mais reconnaissons qu’avec 196 parties, nous savions dès le début que si chacun avait exigé la satisfaction de 100 % de ses demandes, notre collectivité aurait abouti en réalité à 0 %. Comme l’une d’entre vous nous l’a justement rappelé au cours de nos travaux, il s’agit de montrer au monde que notre effort collectif vaut plus que la somme de nos actions individuelles.

Tous ici nous pensons que le temps est venu de nous concentrer, non pas sur les lignes rouges, mais sur les lignes vertes d’un compromis universel. La question pour chacun de nous n’est donc plus seulement : « comment faire prévaloir mes positions ? ». Mais : « puis-je espérer mieux que l’équilibre général qui m’est proposé ? ». Et la réponse, c’est ma conviction et j’espère que vous la partagerez, est clairement que ce texte, celui que nous avons bâti ensemble, le nôtre donc, constitue le meilleur équilibre possible, un équilibre à la fois puissant et délicat qui permettra à chaque délégation, à chaque groupe de pays, de rentrer chez soi la tête haute et avec des acquis importants.

Et je veux ajouter que, comme président de la COP, je m’engage à tenir compte des difficultés que certains d’entre nous pourraient avoir une fois notre accord adopté, et organiser le cas échéant, au cours de ma présidence, des consultations destinées à y apporter rapidement une réponse.

***

Chers collègues et amis,
Aujourd’hui vient donc pour nous tous le moment de vérité. Avant que vous n’examiniez le texte et que nous puissions, je l’espère, l’approuver un peu plus tard dans la journée, je souhaite vous dire, pour terminer, ceci.

Cet accord est nécessaire à la fois pour le monde entier et pour chacun de nos pays.

Il aidera les Etats insulaires, par exemple du Pacifique et des Caraïbes, à se protéger de l’avancée des mers qui commencent à submerger leurs côtes. Il accélérera la mise à disposition de l’Afrique des moyens financiers et technologiques indispensables à son développement durable. Il appuiera les pays d’Amérique latine, notamment dans la préservation de leurs forêts. Il accompagnera les pays producteurs d’énergies fossiles dans leurs efforts de diversification technologique et économique. Il nous aidera, tous, à prendre le tournant d’un développement résilient, faiblement émetteur, fondé sur des modes de vie soutenables. Car, au-delà des strictes questions climatiques, cet accord va servir les grandes causes que sont la sécurité et la production alimentaires, la santé publique, la lutte contre la pauvreté, les droits essentiels et en fin de compte la paix.

Une autre raison puissante d’approuver l’accord, tient au contexte qui l’entoure. C’est qu’en ce mois de décembre 2015, nous sentons bien qu’existe ici à Paris, ce que certains appellent un « momentum » particulier, notamment au regard de la mobilisation de la société civile. Vous l’avez tous répété au cours de ces deux semaines de travaux, un contexte aussi positif, une telle conjonction des planètes, pour reprendre un terme que notre ami Ban ki-Moon affectionne, n’ont jamais été autant réunis qu’aujourd’hui. Notre responsabilité face à l’Histoire est donc grande, et cette responsabilité consiste à ne pas laisser passer l’occasion unique qui s’offre à nous.

Personne ici ne veut de la répétition de Copenhague. D’un Copenhague qui serait sans doute beaucoup plus polissé, mais qui serait finalement beaucoup plus destructeur. Car à l’époque, et beaucoup d’entre vous ont vécu cette conférence-là, il y avait eu des insuffisances et des erreurs, et toutes les planètes n’étaient pas alignées ; aujourd’hui, elles le sont. A l’époque, certains pouvaient encore nourrir l’espoir que l’échec du moment serait dépassé. Mais aujourd’hui, si par malheur nous échouions, comment pourrions-nous rebâtir l’espoir ? La confiance dans la capacité même du concert des Nations à obtenir des résultats pour le climat serait irrémédiablement entamée. Au-delà, c’est la crédibilité du multilatéralisme et de la communauté internationale, en tant qu’entité capable d’agir face à des défis universels, qui serait en jeu. Aucun d’entre nous ne peut, ni ne va négliger cet aspect. Les citoyens du monde et nos propres concitoyens, nos enfants, ne le comprendraient pas et, je crois, qu’ils ne le pardonneraient pas.

Je nous appelle donc tous à garder à l’esprit ce qu’ont dit clairement et fortement nos chefs d’Etat et de gouvernement, lors de l’ouverture de la Conférence. Et que nous ont-ils dit ? Quel mandat nous ont-ils fixé ? « concluez cet accord climatique universel ». En cet instant où nous détenons entre nos mains le sort de l’accord, nous ne pouvons laisser douter ni de la sincérité d’engagements de ces très hauts responsables, ni de notre propre capacité à honorer les engagements qu’ils ont pris.

***

Je termine. L’une d’entre vous rappelait l’autre jour la phrase justement célèbre de Nelson Mandela. Je cite : « cela semble toujours impossible jusqu’à ce que cela soit fait ». Je veux y ajouterai ces autres mots, du même héros. Je cite : « aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès ». Le succès est à portée de toutes nos mains réunies. Vous allez, dans cette salle, décider d’un accord historique. Le monde retient son souffle et il compte sur nous tous.
Merci.


RÉFÉRENCES
1. LE HIR Pierre, « COP 21 : les points clés de l’accord universel sur le climat », www.lemonde.fr, 12 décembre 2015, mis à jour le 13 décembre 2015 (pdf) :
LE HIR Cop21 (http://www.lemonde.fr/cop21/article/2015/12/12/cop21-les-points-cles-du-premier-accord-universel-sur-le-climat_4830606_4527432.html).
2.  Site Internet de l’Elysée : http://www.elysee.fr/declarations/article/discours-de-cloture-de-la-cop-2/.
3. Site Internet de l’Elysée : http://www.elysee.fr/declarations/article/intervention-du-president-a-la-cloture-de-la-negociation-de-la-cop2-2/.

4. Site internet du ministère des Affaires étrangères et du Développement international : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/climat/paris-2015-cop21/actualites-et-evenements-lies-a-paris-climat-2015/article/cop21-presentation-du-nouveau-texte-en-pleniere-du-comite-de-paris-intervention/.

 

© Marie LAPEIGNE, 31 décembre 2015.