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Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Savigny-sur-Orge, un autre lieu patrimonial liquidé par Eric Mehlhorn

La Maison des jeunes et de la culture (MJC) François Rabelais de Savigny-sur-Orge cessera-t-elle ses activités fin juin  2015 ? Au cours du conseil municipal du 13 avril 2015, le maire Éric MEHLHORN (UMP) et sa majorité ont approuvé un budget primitif supprimant les subventions attribuées à l’association MJC, une institution de la commune. Les Saviniens et les employés ont été avertis par la presse deux jours plutôt, étrange ressemblance avec les agissements des patrons-voyous sans mémoire ! (1)

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L’avenir de la MJC de Savigny-sur-Orge menacé par le maire UMP Éric MEHLHORN. © CAD/BM, 16 avril 2015.

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L’avenir de la MJC de Savigny-sur-Orge menacé par le maire UMP Éric MEHLHORN. © CAD/BM, 16 avril 2015.

Mairie Int

L’avenir de la MJC de Savigny-sur-Orge menacé par le maire UMP Éric MEHLHORN. Manifestation des Saviniens dans le hall de la mairie. © CAD/BM, 16 avril 2015.

En effet, à peine élu maire de la commune le 6 avril 2014, Éric MEHLHORN avait loué les mérites de la MJC lors des festivités du cinquantenaire de l’association (3 mai 2014). Aujourd’hui, pour redresser le budget de la ville, se plaignant de la baisse des dotations de l’État et de la mauvaise gestion de la précédente municipalité, l’édile se transforme en patron d’une entreprise de démolition du patrimoine, du milieu associatif et du monde de la jeunesse saviniens. Selon la presse nationale, il ne serait pas le seul maire à agir ainsi. Rappelons qu’avant de présider aux destinées de la ville suite aux élections de mars 2014, Éric MEHLHORN a été conseiller municipal un temps chargé de l’administration générale (1995-2008), puis adjoint au maire chargé du cadre de vie durant une partie de la précédente municipalité (2008-2012), puis de nouveau conseiller municipal (2012-2014). Il connaissait les capacités financières de la ville, les secrets budgétaires, les forces et les faiblesses de la commune. (2)

INT MAIRIE

L’avenir de la MJC de Savigny-sur-Orge menacé par le maire UMP Éric MEHLHORN. Manifestation des Saviniens dans le hall de la mairie. © CAD/BM, 16 avril 2015.

MANIF MJC

L’avenir de la MJC de Savigny-sur-Orge menacé par le maire UMP Éric MEHLHORN. Manifestation des Saviniens devant la mairie. © CAD/BM, 16 avril 2015.

STATUE

L’avenir de la MJC de Savigny-sur-Orge menacé par le maire UMP Éric MEHLHORN. Manifestation des Saviniens devant la mairie. © CAD/BM, 16 avril 2015.

MANIF 19

L’avenir de la culture et de la jeunesse de Savigny-sur-Orge menacé par le maire UMP Éric MEHLHORN. Manifestation des Saviniens lors de la brocante annuelle. © CAD/BM, 19 avril 2015.

Comme pour La Savinière, PEE propose d’effectuer un très bref historique de la MJC afin de mieux comprendre pourquoi sans subvention municipale et sans convention avec la municipalité de Savigny-sur-Orge pour les locaux, cette association sera très fragilisée et son existence condamnée.

DVT MAIRIE

L’avenir de la MJC de Savigny-sur-Orge menacé par le maire UMP Éric MEHLHORN. Manifestation des Saviniens devant la mairie. © CAD/BM, 16 avril 2015.


1. Naissance de la MJC en juin 1964

La MJC prend sa source d’une initiative de jeunes issus du scoutisme et de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) en juin 1964. Association loi de 1901 déclarée en sous-préfecture de Palaiseau le mois suivant, elle est alors dénommée Maison des jeunes du Plateau de Savigny. Le 6 avril 1965, elle s’affirme comme Maison des jeunes et de la culture (MJC), entité autonome dirigée par un conseil d’administration, affiliée à la fédération régionale des MJC d’Ile-de-France. Comme tout organisme de ce type, elle a une vocation d’éducation populaire d’accueil des jeunes, de promotion « des activités culturelles, de loisirs et de plein air ». Les statuts sont modifiés en 1981 : l’association « Maison des jeunes et de la culture François Rabelais offre à la population, aux jeunes comme aux adultes, la possibilité de prendre conscience de leurs aptitudes, de développer leur personnalité et de préparer à devenir les citoyens actifs et responsables d’une communauté vivante. » L’association crée, gère et contrôle la « Maison pour tous ». (3)

Dès 1965, bien que disposant d’un budget limité, la nouvelle structure savinienne anime des activités pour plus de 130 usagers qui ne sont pas toujours à jour de cotisation. Grâce à une subvention municipale de 30 000 francs, elle acquiert du matériel photographique et musical. En 1967, elle obtient l’agrément du Ministère de la Jeunesse et des Sports. (4)

Bulletin municipal SSO octobre 1965 MJC

Bulletin municipal officiel de Savigny-sur-Orge, octobre 1965. Article sur la MJC, p. 13. Fond privé AM.

Bulletin municipal SSO Decembre 1967 MJC

Bulletin municipal officiel de Savigny-sur-Orge, décembre 1967. Article sur la MJC, p. 18. Fond privé AM.

Au cours des années 1970, les activités sont organisées au sein des ateliers de sérigraphie, de photographie, de varappe, de théâtre, de poésie. Le groupe folk « La Cagouille » monte une dizaine de concerts suivis de bals et d’échanges avec ses homologues essonniens. L’atelier de cinéma amateur réalise un film super 8 intitulé « Savigny climat » traitant des problèmes de la vie locale. (5)

Bulletin municipal SSO mai 1977-2 MC

Savigny. Bulletin municipal officiel, informations locales, n°2, mai 1977. Article sur la MJC et le groupe « La Cagouille », p. 12. Fond privé AM.

La MJC a eu deux implantation successives : d’abord au 108 de la rue de Paris avec une baraque prêtée – en 1965 – par la municipalité sur le stade des Tilleuls (de sa création à 1966), puis dans un préfabriqué sis au 13 rue des Genêts (de 1966 à 1982). Dès l’ouverture des lieux en novembre 1966, les activités provoquent les récriminations du voisinage qui se plaint régulièrement des nuisances sonores. En 1972, la MJC est fermée pour raison de sécurité. Les permanences sont notamment assurées dans le gymnase de Grand-Vaux ou à l’aumônerie et au séminaire de Morsang-sur-Orge.

Bulletin municipal SSO janvier 1973 MJC

Savigny. Bulletin municipal officiel, janvier 1973. Article sur la MJC, p. 9. Fond privé AM.

Dans la convention de septembre 1975 qui lie l’association à la ville pour la mise à disposition gratuite des locaux, la municipalité reconnaît la vétusté et l’inadaptabilité du préfabriqué peu propice à la mission de la MJC. Raymond BROSSEAU s’engage alors à étudier une meilleure implantation par le biais d’un nouvel équipement… (6)


2. La MJC, une structure associative assurant un service public depuis 1982

En novembre 1982, la MJC déménage enfin dans des locaux neufs et spacieux (inaugurés en février 1983) ! Elle dispose d’une cafétéria, de bureaux, de différentes salles destinées aux ateliers et aux spectacles. Comme précédemment pour la rue des Genêts, l’ensemble des bâtiments équipés par la municipalité fait l’objet d’une convention entre la commune et la MJC. En 1983, en échange d’une location au franc symbolique, l’association est assurée d’avoir des locaux maintenus en bon état, entretenus, gardés, avec des matériels et du mobilier renouvelés. (7)

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Infos Savigny. Bulletin municipal, n°4, juin-juillet 1981. Les travaux « MJC », p. 6. Fond privé AM.

MJC TRAVAUX GR BM 4 1981 2

Infos Savigny. Bulletin municipal, n°4, juin-juillet 1981. Les travaux « MJC », p. 6. Fond privé AM.

MJC TRAVAUX BM 3 AVR 1982

Infos Savigny. Bulletin municipal mensuel, n°3, mars-avril 1982. Les travaux « MJC », p. 11. Fond privé AM.

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Dépliant de la MJC de Savigny-sur-Orge, années 1980. Fond privé BM/CAD.

En février 1984, l’audit de la SIRTEP commandé par le maire Jean MARSAUDON met en évidence la substantielle participation financière à la gestion de la MJC par la municipalité. L’association bénéficie de moyens municipaux sans cesse croissants tant en fonctionnement qu’en investissement : 93,5 % du budget de l’association est ainsi couvert par la subvention municipale en 1983, le reste étant assuré par le département et par l’État. La ville lui délègue du personnel pour l’entretien – au début, puis pour l’administration – mais elle prend également en charge le contrat du poste de directeur via une subvention à la fédération régionale des MJC. (8)

Avec son implantation dans la Grande-rue, l’association bénéficie d’une ouverture aux Saviniens plus importante. Elle s’installe dans un secteur densément peuplé, à proximité de grands ensembles d’habitations collectives, de la gare, des deux lycées de la commune. Dans les années 1980, 100 à 150 personnes participent régulièrement aux ateliers tels que boxe libre, guitare, danse jazz, initiation aux échecs, micro-informatique…

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Affichette de la MJC de Savigny-sur-Orge, janvier 1986. Fond privé BM/CAD.

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Programme de la MJC de Savigny-sur-Orge, décembre 1983 – mars 1984. Fond privé BM/CAD.

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Carte postale de la MJC de Savigny-sur-Orge, années 1980. Fond privé BM/CAD.

Une Cafét’club ouvre ses portes en avril 1983. Le faible coût des consommations, les expositions, les jeux éducatifs, l’ambiance, les animateurs sont autant d’atours pour les 400 adolescents qui fréquentent les lieux. A cela, s’ajoutent les activités de plein air, de randonnées, de camps de vacances, de week-end au ski… Les tarifs dégressifs en fonction des revenus des familles ouvrent aux moins défavorisées le moyen d’avoir des loisirs, des activités sportives et des vacances. La grande salle François Rabelais permet de diversifier les spectacles proposés par la MJC : bals folk, concert de rock, danses folkloriques, café-théâtre, pièces de théâtre montées par la Compagnie Les Trois clous, fêtes de la MJC, les vendredis du cinéma…

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Dépliant de la MJC de Savigny-sur-Orge, décembre 1985. Fond privé BM/CAD.

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Annonce de la MJC de Savigny-sur-Orge, années 1980. Fond privé BM/CAD.

La phrase conclusive de l’audit SIRTEP est intéressante à plus d’un titre : « Avec les récents atouts dont elle dispose, après avoir réorganisé sa gestion, planifié un programme culturel, conforté les ateliers performants, corrigé les erreurs dues à un développement inattendu et rapide, la MJC de Savigny-sur-Orge devrait, à court terme, augmenter son audience dans la ville et multiplier les actions d’animation et de promotion, au bénéfice principal des habitants de la commune. » Ce fut le cas jusqu’à nos jours ! (9)

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Façade de la MJC de Savigny-sur-Orge, années 1980. Fond privé BM/CAD.


3. Les services de la MJC font-ils double emploi avec les services municipaux ou les associations de Savigny-sur-Orge ?

Entre 1983 et 2014, un partenariat s’est instauré entre la municipalité et la MJC. Les collaborations se sont multipliées. Les locaux se sont agrandis, prenant sur les anciennes salles du conservatoire déplacé en face (1993). Les comptes ne sont pas toujours en équilibre, mais les animations se renouvellent. Pêle-mêle : la radio éphémère locale « Radio Loco » (1996), le centre de formation Union départementale des MJC (UDMJC) et son projet Essonne Wide Web (1999), les Journées du rock (à partir de 2001), les réunions du Bar des sciences (à partir de 2002), le Festival des danses urbaines (à partir de 2007), l’accueil de compagnies théâtrales en résidence (2007), la création du Pôle images (2011), les Rencontres de cornemuses d’Ile-de-France (2012)… (10)

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Dernier programme de la MJC de Savigny-sur-Orge, avril-juin 2015.

Contrairement à ce que le maire de Savigny-sur-Orge et sa majorité pensent et déclarent en ce mois d’avril 2015, une MJC ne fait pas double – voire triple – emploi avec les services municipaux ou les associations. (11) Toutes leurs animations attirent un public et des acteurs, professionnels ou bénévoles, très différents de ceux qui gravitent dans les conservatoires municipaux, dans les associations culturelles ou sportives pour lesquels des critères d’admission restrictifs empêchent la participation de ceux qui fréquentent une MJC. Les activités sont complémentaires. La richesse d’une collectivité locale se jauge à la diversité de l’offre culturelle : chacun doit pouvoir trouver sa place là où il se sent le plus à même de s’épanouir, quelles que soient ses conditions socio-économiques. Une MJC est le symbole même du savoir démocratiquement dispensé, sans consumérisme. C’est un éveil permanent et incontournable à la citoyenneté.

MJC Q BM FEV 1981Annonce du financement du poste de directeur permanent de la MJC
assuré par une subvention de la municipalité…
« Demain que sera la MJC ?
Une association ayant le souci d’être complémentaire aux associations existantes sur Savigny
et d’aider celles-ci, si elles le désirent à réaliser leurs objectifs. »
Infos Savigny. Bulletin d’informations de Savigny, février 1981, p. 6. Fond privé CAD/BM.

 


Au cours des campagnes électorales, des Saviniens ont entendu que le maire, vice-président de la CALPE, conseiller départemental envisageait la construction d’une résidence pour étudiants dans la Grande-rue. On peut désormais se demander si l’édifice n’était pas déjà prévu en lieu et place des locaux de la MJC dans la tête du candidat. (12) Quand le bail arrive-t-il à échéance ?

Lors du débat d’orientation budgétaire de mars 2015 puis de l’adoption du budget primitif le 13 avril 2015, Eric MEHLHORN a oublié les belles paroles qu’il a prononcées lors du cinquantenaire de la MJC, le 3 mai 2014, notamment : « Animé par cette même et belle ambition pour notre jeunesse, je sais que les liens ténus unissant la MJC et la Ville ont encore de beaux jours devant eux. Agir pour la jeunesse, c’est investir pour l’avenir de la Ville. » Le lecteur de cet article jugera… MJC pour Maison de la jeunesse et de la culture, ou MJC pour Mehlhorn jamais cohérent (dans ses actes et ses paroles) comme le scandaient certains manifestants le 19 avril 2015 ? (13)

MJC LIVRET 50A 2014

Maison des jeunes et de la culture. Maison pour tous François Rabelais. Savigny-sur-Orge. 1964-2014, 50 ans. 42 pages.

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Discours d’Eric MEHLHORN, maire de Savigny-sur-Orge, à l’occasion du cinquantenaire de la MJC (3 mai 2014), publié dans la plaquette de 42 pages, surligné par les employés de la MJC menacés de perdre leur emploi. Photographie © CAD/BM, 16 avril 2015.

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L’avenir de la culture et de la jeunesse de Savigny-sur-Orge menacé par le maire UMP Éric MEHLHORN. Manifestation des Saviniens lors de la brocante annuelle. © CAD/BM, 19 avril 2015.

En janvier 2015, des millions de Français ont manifesté autour du slogan « Nous sommes Charlie ». Ce 23 avril 2015, 3 222 personnes (soit 14 % des électeurs inscrits de la ville de Savigny-sur-Orge) ont signé la pétition dénonçant les coupes budgétaires condamnant notamment la MJC à disparaître, lancée par le collectif Sauvons l’enfance de Savigny. A 21 heures, à la MJC, se tient l’assemblée générale de ces citoyens « Charlie de la jeunesse savinienne ». (14) Des acteurs de cette fronde citoyenne spontanée ont suggéré une adhésion massive des Saviniens à la MJC afin qu’elle survive à cette turbulence. Excellente idée, non ?

Sources
1. Voir les articles sur le sujet sur le site www.savigny-avenir.info et les sources de l’article publié sur le présent site Internet le 17 avril 2015 (http://portes-essonne-environnement.fr/la-saviniere-et-savigny-sur-orge-apres-83-ans-dhistoire-damour-eric-mehlhorn-decide-une-separation-fatale/).
Sur la notion de patron-voyou apparue en 2003, lire : MAZADE Olivier, « « Patron voyou » : de la désignation publique à la sanction juridique », Champ pénal/Penal field, Vol. X – 2013, mis en ligne le 06 mars 2013. DOI : 10.4000/champpenal.8431. URL  http://champpenal.revues.org/8431 (article en pdf : « Patron voyou » : de la désignation publique à la sanction juridique).
2. COSNARD Denis, « Le monde associatif français victime des coupes budgétaires», Le Monde économie, 17 avril 2015 (pdf) : Le monde associatif français victime des coupes budgétaires.
3. Statuts de la MJC, archives privées AM.
4. Archives privées Culture Arts Découverte / BM.
5. Savigny. Bulletin municipal officiel, informations locales, n°2, mai 1977. Article sur la MJC et le groupe « La Cagouille », p. 12. Archives privées AM.
6. Bulletins municipaux, 1965 – 1989. Archives privés AM.
7. Archives privées Culture Arts Découverte / BM.
8. Sur l’audit de la SIRTEP, lire : http://www.savigny-avenir.fr/2015/04/19/savigny-sur-orge-de-lutilite-dun-audit-dune-maison-des-jeunes-et-de-la-culture/.
9. Archives privées Culture Arts Découverte / BM.
10. Bulletins municipaux, 1990 – 2013. Archives privées AM ; MJC/MPT François Rabelais, Maison des jeunes et de la culture. Maison pour tous François Rabelais. Savigny-sur-Orge. 1964-2014, 50 ans. 42 pages.
11. PLOUVIEZ Grégory, « Les défenseurs de la MJC de Savigny dénoncent « la grande braderie de la jeunesse », Le Parisien Essonne matin, 20 avril 2015. Extrait : « Pour justifier cette coupe budgétaire spectaculaire, le maire (UMP) confronté à une situation financière compliquée met en avant le fait que « beaucoup d’offres proposées dans ce lieu font doublon voire triplon avec celles d’associations ou des maisons de quartier. C’est le cas pour les cours de musique, par exemple : le conservatoire en fait aussi. Comme on finance aussi les associations, il fallait rationaliser les coûts », s’expliquait avant le vote du budget le maire (UMP) Eric Mehlhorn. » (article en pdf : 2015-04-20 Le Parisien Essonne – MJC).
12. Rencontre avec des Saviniens lors des tractages UMP sur le marché de la place Davout, février – mars 2015.
13. DELAPORTE Ixchel, « A Savigny, le maire brade la jeunesse», L’Humanité, 20 avril 2015 (pdf) : l’humanite – A Savigny, le maire brade la jeunesse 2015-04.
14. Annonce de l’assemblée générale du collectif Sauvons l’enfance de Savigny : https://www.facebook.com/events/1608687746015533/. ; voir également le site Internet du collectif Sauvons l’enfance de Savigny : https://sites.google.com/site/sauvonslenfancesavigny/news.

AG Sauvons les enfants de Savigny

© Philippe TRENTY, 23 avril 2015.


Note du 20 juin 2015.
La radio France Culture a demandé à PEE l’autorisation d’utiliser une photographie de cet article afin d’illustrer la page web du Magazine de la rédaction de Tara SCHLEGEL consacré à la culture mise en danger par la baisse des dotations attribuées par les collectivités territoriales en 2015. L’auteur de la photographie et l’auteur de cet article ont accepté.

2015-06-20 FRANCE CULTURE - MJC

Page Accueil du site www.franceculture.fr. Annonce du Magazine de la rédaction consacré au « Coup de rabot sur la culture : le modèle français en danger », diffusé le 19 juin 2015. Illustration : photographie CAD/BM pour PEE, article sur la fermeture de la MJC de Savigny-sur-Orge. Capture d’écran effectuée le 20 juin 2015.

Pour écouter l’émission du vendredi 19 juin 2015 (43 minutes), intitulé « Coup de rabot sur la culture : le modèle français en danger » : http://www.franceculture.fr/emission-le-magazine-de-la-redaction-coup-de-rabot-sur-la-culture-le-modele-francais-en-danger-2015-.

MAGAZINE FRANCE CULTURE

Page du site www.franceculture.fr. Magazine de la rédaction consacré au « Coup de rabot sur la culture : le modèle français en danger », diffusé le 19 juin 2015. Illustration : photographie CAD/BM pour PEE, article sur la fermeture de la MJC de Savigny-sur-Orge. Capture d’écran effectuée le 20 juin 2015.

La Savinière et Savigny-sur-Orge : après 83 ans d’histoire d’amour, Eric Mehlhorn décide une séparation fatale !

Le 13 avril 2015, la municipalité de Savigny-sur-Orge dirigée par Éric MEHLHORN a adopté un budget primitif programmant la fermeture du centre d’accueil de la Savinière en Vendée, de la Maison des jeunes et de la culture (MJC) et de la crèche familiale sises dans la Grande-Rue de la ville. (1) Les 28 élus de la majorité ont été aveugles au déplacement massif de Saviniens désireux d’assister au conseil municipal, manifestant leur volonté de maintenir des structures œuvrant pour les jeunes. (2) Ils ont été sourds aux appels à la concertation lancés par cette opposition citoyenne au maire UMP, une opposition physique et verbale jamais vue dans l’enceinte de la salle du conseil municipal de Savigny-sur-Orge ! (3) Ils ont été muets face à la pétition lancée par les parents d’élèves sur le site www.change.org rassemblant plus de 2 000 signatures en deux jours contre un budget fermé à la jeunesse. Cette pétition a été signée par PEE dès sa mise en ligne. (4 et 4 bis) Cette séance du conseil municipal de Savigny-sur-Orge est un déni de démocratie participative.

Je suis la Saviniere - V3

Conseil municipal de Savigny-sur-Orge, dirigé par Eric MEHLHORN, séance du 13 avril 2015. © BM/CAD/PEE.

Dans le cadre de ses réflexions sur les trois intelligences appliquées au développement durable (informationnelle, opérationnelle et territoriale), PEE reprend ci-dessous le bref historique du patrimoine savinien en terre vendéenne publié dans La Mémoire de Savigny-sur-Orge de novembre 2007. La communication est reproduite avec l’autorisation de l’auteur. (5) Elle est suivie d’un diaporama en deux parties et d’une conclusion sur la situation actuelle.


DOCUMENT 1 : COMMUNICATION

LA COLONIE SCOLAIRE DE SAVIGNY-SUR-ORGE

Quelles sont les grandes lignes de l’histoire de ce lieu de sociabilité pas comme les autres ? Pour répondre, cette communication s’inspire de l’ouvrage de Jean-Michel GAUTHEY, directeur du centre, rédigé à l’occasion du soixantième anniversaire de « La Savinière », complété par des archives privées.

1931 – 1938 : Naissance de la colonie scolaire de Savigny-sur-Orge

Au début des années trente, de jeunes Saviniens passent leurs vacances à la ferme de Champagne ou à Boyardville (sur l’île d’Oléron). René LEGROS, maire de Savigny-sur-Orge, pense alors doter sa commune de sa propre colonie de vacances. Par hasard, en 1931, il trouve un terrain d’un prix abordable à La-Tranche-sur-Mer, en Vendée, au lieu-dit Les Conches-Mouillées, à quelques centaines de mètres de la mer et au milieu des pins. Le 21 décembre 1931, le conseil municipal décide d’acquérir les 3 200 m2 de pinède – qui sera plus tard classée. Les travaux commencent très vite. Un vaste bâtiment moderne abrite des dortoirs, une infirmerie, des douches, des cuisines. Une vaste cour sablée est aménagée afin que les enfants s’amusent.

5. LS CP ENTREE

Entrée de la colonie scolaire de Savigny-sur-Orge en Vendée, années 1940. Collection privée CAD/BM.

Dès juillet 1932, la colonie fonctionne avec 120 places puis 200, ce qui permettra d’envoyer près de 600 jeunes au bord de mer, chaque été, pendant trois séjours d’une durée de trois semaines. Les enfants de Savigny-sur-Orge (mais aussi de Choisy-le-Roi et de Villeneuve-Saint-Georges) effectuent les voyages en train de Paris-Montparnasse jusqu’à La-Roche-sur-Yon, puis en car. Ils sont encadrés par des instituteurs, des membres de la Caisse des écoles, des conseillers municipaux et des mères de familles bénévoles.

3. LS PHOTO 1e Colonie 1932

Premiers colons en Vendée, année 1932. Photographie numérisée, collection privée CAD/BM.

La Caisse des écoles gère le fonctionnement de la colonie jusqu’en 1938. La mairie prend alors la gestion directe, ce qui permet aux gardiens du centre, les époux GIRAUDEAU, de devenir des employés communaux (jusqu’en 1970).

1939 – 1945 : La colonie occupée

Lors des journées tragiques de juin 1940, la commune obtient l’autorisation d’y mettre à l’abri 150 enfants. La municipalité pense les envoyer par le train. Ils seront finalement conduits grâce à des véhicules communaux.

En 1942, un régiment de la Schutzstaffel (SS) s’installe dans les locaux. Les officiers sont logés à l’étage, le théâtre des armées et les écuries prennent place au rez-de-chaussée. A la Libération, les Forces française de l’intérieur (FFI) remplacent les Allemands avant de rendre les lieux à leur propriétaire, la ville de Savigny-sur-Orge. 

7. LS CP ARRIERE

Façade arrière de la colonie scolaire de Savigny-sur-Orge en Vendée, années 1940. Collection privée CAD/BM.

1946 – 1971 : Le centre de vacances

A partir de l’été 1946, les jeunes Saviniens reprennent possession de la colonnie vendéenne afin d’y trouver « nourriture, bon lait et soleil ». Les structures ont tellement souffert pendant la guerre qu’en 1959, les services chargés du contrôle avertissent la municipalité que l’autorisation d’ouverture ne sera pas donnée si d’importants travaux ne sont pas rapidement effectués.

9. CP LS ENFANTS

Les jeunes Saviniens dans la cour de la colonie, années 1950. Collection privée CAD/BM.

Dans les années soixante, grâce aux maires de Savigny-sur-Orge (le Docteur OUZILLEAU et Paul BONICI), la colonie scolaire s’offre donc une nouvelle jeunesse : dortoirs et salles à manger cloisonnés en petites unités, rénovation des douches, installation du gaz dans les cuisines, carrelage au sol, baies vitrées multipliées par trois, ravalement des façades, construction de l’infirmerie, des salles de jeux, une bibliothèque…

En 1962, la colonie est dirigée par Jean-Michel GAUTHEY. Cet instituteur de l’école Ferdinand-Buisson y a été moniteur, puis directeur adjoint. Chaque été, il se consacre aux deux sessions organisées à la colonie qui s’est transformée en centre de vacances.

Pendant près de 25 ans, les effectifs accueillis sont sans cesse grandissants. Des kermesses, des dîners masqués, des veillées à thème, des concours de châteaux de sable, des spectacles variés, des jeux divers, des courses de trésor, et bien d’autres activités sont organisés. Très vite, dès 1964, Jean-Michel GAUTHEY entrevoit de nouvelles perspectives : l’accueil de classes de mer…

4 juillet 1972 : Le centre permanent de classes de mer et de colonie de vacances «  La Savinière »

Le centre ouvre de manière permanente en mars 1972 par une colonie de vacances de Pâques avec une dominante sportive. Elle est suivie par quatre classes de mer, les premières organisées au centre, mais aussi dans le département. Le « tiers-temps » y est appliqué. Chaque jour, sauf le dimanche, on consacre deux heures et demie aux disciplines d’éveil, deux heures et demie aux activités physiques, artistiques et manuelles qui partent de l’observation du milieu : la mer, la pêche, l’environnement naturel. Les enseignants sont secondés par des moniteurs ou normaliens en stages pédagogiques.

Le 4 juillet 1972, l’inauguration officielle du centre permanent de classes de mer et de colonie de vacances est réalisée sous la présidence du maire de Savigny-sur-Orge, Raymond BROSSEAU. Pour plus de commodités, Jean-Michel GAUTHEY a proposé de dénommer le centre « La Savinière », nom acté par le conseil municipal le 26 avril 1972.

Bulletin municipal SSO novembre 1972 LA SAVINIERE

Bulletin municipal de Savigny-sur-Orge, novembre 1972. Les premières classes découvertes en terre vendéenne, p. 8. Fond privé CAD/BM.

Bulletin municipal SSO novembre 1972 LA SAVINIERE-1

Bulletin municipal de Savigny-sur-Orge, novembre 1972. Les premières classes découvertes en terre vendéenne, p. 9. Fond privé CAD/BM.

Depuis lors les classes de mer se sont transformées en classe de découverte. Elles sont de plus en plus nombreuses à fréquenter « La Savinière » : 8 en 1972, plus de 60 dans les années quatre-vingt-dix venant de Savigny-sur-Orge ou d’autres communes. Puis, le centre propose des activités sportives (initiation à la navigation, char à voile, poney…) et des activités liées à la découverte du patrimoine local (l’histoire de la Vendée, la géographie physique, la géologie, la faune et la flore, les problématiques humaines).

12. D LS CV et CM 1983

Dépliant publicitaire sur le Centre permanent La Savinière, 1983 (verso). Fond privé CAD/BM.

18. CP LS OPTIMISTE

Ecole de voile La Savinière, années 1980. Collection privée CAD/BM.

En 1982, le directeur présente à la municipalité savinienne un projet d’hôtellerie de plein air dans la pinède. La proposition est retenue… En juillet 1983, les premières caravanes arrivent sur une partie du terrain. Le camping-caravaning « La Savinière », 4 étoiles, est inauguré le 4 juillet 1984. Il n’existe plus mais, à la place, le centre disposera d’un agrément pour accueillir des mini camps de jeunes, des groupes sous tente.

21. CP LS VUES

Camping La Savinière, années 1980. Collection privée CAD/BM.

Sources de la communication
– Jean-Michel GAUTHEY, La Savinière. 1932-1992, Ville de Savigny-sur-Orge, Centre permanent de La-Tranche-sur-Mer, Imprimerie Graphique de l’Ouest, 1992, 48 p.

– Fonds privés « La Savinière » de Bernard MÉRIGOT, maire adjoint de la ville de Savigny-sur-Orge.
Bulletin municipal de Savigny-sur-Orge, novembre 1972, 6 pages consacrées à La Savinière (pdf) : Bulletin municipal SSO novembre 1972 LA SAVINIERE.
– Notice rédigée par Sylvie MONNIOTTE pour l’exposition « L’histoire des écoles de Savigny-sur-Orge (1847-1998) », lors des Journées européennes du patrimoine 1998, à la bibliothèque – médiathèque André Malraux, du 18 au 30 septembre 1998.
– Notice rédigée par Sylvie MONNIOTTE pour l’exposition « Savigny au siècle dernier. Les commerces, les écoles, « La Savinière » », organisée par le Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge,  à la salle des fêtes de Savigny-sur-Orge, du 21 au 25 novembre 2007.

Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, novembre 2007


DOCUMENT 2 : LES SAVINIENS SONT LA SAVINIÈRE !
– diaporama en deux parties à télécharger en pdf –

Première partie (1932 – 1972) : LES SAVINIENS SONT LA SAVINIERE – PEE Avril 2015 – Partie 1 def
Deuxième partie (1972 – 2015) : LES SAVINIENS SONT LA SAVINIERE – PEE Avril 2015 – Partie 2 def


En quatre-vingt-trois ans d’existence, le centre d’accueil « La Savinière » est devenu une institution pour l’épanouissement des enfants grâce aux classes découvertes pendant l’année scolaire ou aux séjours vacances, encadrés par une équipe de 22 employés. Plus d’une centaine de milliers de jeunes se sont forgés des souvenirs inoubliables. Rires, joies mais aussi parfois appréhension, pleurs… émotions et sentiments en tout genre éprouvés par des générations de Saviniens imprègnent les murs de la bâtisse vendéenne.

Rénovés régulièrement entre 1983 et 2008, les locaux ont été dotés d’un équipement de restauration moderne pour un coût de près de 500.000 euros en 2010. (6) Aujourd’hui, sous le prétexte d’une économie budgétaire, Éric MEHLHORN et sa majorité ferment la boîte à souvenirs. Le sourire des enfants, de leurs parents, de leurs grands-parents ne sera plus vendéen.

Certains ont dit que « La Savinière » était la danseuse de Savigny, un gouffre financier permanent. Cette seule raison ne pourrait justifier la fermeture et la cession de ce patrimoine de Savigny-sur-Orge sans aucune concertation avec les administrés. Brader le patrimoine de la commune, c’est brader l’intérêt général des Saviniens. D’autres solutions sont possibles. Les Saviniens ne manquent pas d’idées mais, pour que la municipalité de Savigny-sur-Orge les entende, encore faudrait-il que le maire et sa majorité sortent de leur tour d’ivoire dorée ! Un patrimoine local est, par définition, inestimable. Il n’a pas vocation à devenir une source de revenus. Préserver, entretenir, restaurer, gérer, valoriser pour les générations présentes et futures, voilà les maîtres-mots de son propriétaire.


SOURCES
1. Pour consulter les notes de synthèse et le budget primitif 2015 de la ville de Savigny-sur-Orge :

2. Lire les articles du site www.savigny-avenir.info, et les articles d’Essonneinfo.fr et du Parisien Essonne-matin (pdf) :

3. Pour voir une vidéo du conseil municipal, mise en ligne par Olivier VAGNEUX : https://oliviervagneux.wordpress.com/2015/04/14/la-video-du-conseil-municipal-du-13-avril-2015-a-savigny-sur-orge/.

4. Pétition sur le site www.change.org : https://www.change.org/p/conseil-municipal-de-savigny-sur-orge-rejet-du-budget-pour-la-partie-li%C3%A9e-aux-d%C3%A9penses-pour-la-jeunesse

PEE signe la pétition contre le budget primitif 2015 de la ville de Savigny-sur-Orge proposé par Eric MEHLHORN, maire UMP (www.change.org). 12 avril 2015.

PEE signe la pétition contre le budget primitif 2015 de la ville de Savigny-sur-Orge proposé par Eric MEHLHORN, maire UMP (www.change.org). 12 avril 2015.

4 bis. L’opposition citoyenne à la municipalité d’Eric MEHLHORN s’est constituée en collectif : Sauvons l’enfance de Savigny. Il possède son propre site Internet d’information et sa page Facebook : https://sites.google.com/site/sauvonslenfancesavigny/homehttps://www.facebook.com/sauvonslenfancesavigny.

LA SAVINIERE 1932-1992 - jaquette VHS

Jacquette de la VHS : La Savinière, 1932-1992. Fond privé CAD/BM.

5. Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, « La colonie scolaire de Savigny-sur-Orge », La Mémoire de Savigny-sur-Orge, n° 16, sous la direction de Bernard MÉRIGOT, novembre 2007, pp. 6-7.
Voir aussi la VHS : Ville de Savignsy-sur-Orge – Centre permanent de La Tranche-sur-Mer, « La Savinière, 1932-1992 ».

6. Budget primitif 2010 de la ville de Savigny-sur-Orge : SSO CM BUDGET PRIMITIF 2010.

11b. D LS CV et CM 1983 une

Une du dépliant publicitaire sur La Savinière, année 1983. Fond privé CAD/BM.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 16 avril 2015.

Les sens interdits fleurissent à la CALPE : le printemps avant le printemps

Décidément, les Calpiens assistent soit au printemps avant le printemps, soit au tournage d’une mauvaise série à leur dépens avec en toile de fond une application de la signalétique du Code de la route par des maires qui, sous couvert d’une motivation a priori honorable (réduire les nuisances), sont en fait peu attentifs au vécu de leurs concitoyens.

SOUVENONS-NOUS DE LA FIN DE L’ÉTÉ 2014

Fin août 2014, les riverains et les usagers réguliers de l’intersecteur résidentiel de Paray-Vieille-Poste / Athis-Mons / Morangis / Savigny-sur-Orge (secteur des 4 communes ou de la Voie-verte) subissent la mise en place d’un plan de circulation truffé de sens interdits. On pouvait lire entre les lignes de la prose du maire de Paray-Vieille-Poste :  « Halte. On ne passe plus dans ma ville » ou « Stop. Trouvez-vous un autre chemin pour entrer dans ma ville ou en sortir » ou encore « Vous êtes riverains, qu’importe si vous devez faire des kilomètres avant de pouvoir rentrer chez vous »… En quelques semaines, la révolte gronde si fort qu’Alain VÉDÈRE doit reculer. Ne subsistent alors que quelques panneaux tel celui de l’avenue Charles-de-Gaulle à Paray-Vieille-Poste, très gênant pour les Saviniens en transit mais apparemment pas pour le maire de Savigny-sur-Orge. (1) Depuis lors, nombreux sont ceux qui passent outre cette interdiction restreinte aux seuls véhicules légers. Il suffit de se poster au carrefour quelques heures pour s’en apercevoir…

Savigny - Paray accès bloqué avenue CdG 2014-08-31

Avenue Charles-de-Gaulle, Paray-Vieille-Poste, le 31 août 2014. © JMC/PEE.

AGITATION DANS LE LANDERNEAU CALPIEN

Voici, que le 18 février 2015, la maire d’Athis-Mons, Christine RODIER, décide d’implanter un sens interdit condamnant l’avenue Jean-Jacques Rousseau, à titre expérimental jusqu’au 28 mai et dans l’attente du plan intercommunal de circulation prévu pour… 2016 !

Aussitôt une pétition est organisée contre ce 7e, ce 9e, ce 10e… panneau d’interdiction dans ce secteur – on ne sait plus. Elle recueille en quelques jours plus de 200 signatures, tandis que les maires se renvoient la balle ou le panneau « c’est pas moi, c’est l’autre qui ne la joue pas collectif dans ce dossier ». (2)

Le président de la CALPE, Robin REDA, siffle alors la mi-temps. Se posant en arbitre, il organise une réunion le 26 février 2015 afin d’accélérer la concertation des seuls élus sur le plan intercommunal de circulation. Il ressort de cette rencontre « sereine » que 1/ ledit plan entrera en vigueur en septembre 2015, 2/ les maires pourront – en attendant – installer des sens de circulation provisoires « concertés », et 3/ le sort du sens interdit de l’avenue Charles-de-Gaulle à Paray sera décidé prochainement. (3)

QUI DÉTIENT LE POUVOIR DE POLICE DE LA CIRCULATION ROUTIÈRE ?

Le maire et/ou le président de la communauté d’agglomération. L’autorité est partagée suivant le type de voirie concernée et la localisation. Le maire est responsable de la sûreté et de la commodité du passage dans les voies publiques. Il peut décider de mesures restrictives (telle la mise en place de sens interdits). En vertu de la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, sur les voies d’intérêt communautaire, les maires ont la faculté de transférer aux présidents d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) leurs pouvoirs de police en matière de circulation et de stationnement. Par contre, à Paris, le préfet de police se substitue au maire et exerce lesdites compétences. (4)

La signalisation routière est réglée par des textes réglementaires. Sa mise en place relève donc de la compétence des maires et parfois, si des transferts ont été effectués, de celle des présidents d’intercommunalité. Les maires de la CALPE ont-ils transféré cette compétence à la CALPE, notamment pour l’élaboration d’un plan intercommunal de circulation ? Parmi les compétences obligatoires se trouvent celle de l’élaboration et de la gestion du plan communautaire de déplacements urbains (PCDU). La CALPE « assure l’aménagement et l’entretien de l’espace public : voirie, trottoirs, éclairage public, signalisation ». Dans la mesure où les maires de Paray-Vieille-Poste et d’Athis-Mons ont décidé d’implanter des sens interdits sur leur voirie, cela signifie que le transfert n’a pas été fait. Le manque de transparence dans la gestion de l’EPCI empêche toute réponse explicite. Aucune information sur le sujet n’est véritablement dispensée à l’attention des Calpiens sur le site Internet de l’agglomération ! (5)

ET LA CONCERTATION CITOYENNE DANS CE DOSSIER ?

Quid d’une vaste concertation citoyenne sur ce plan intercommunal de circulation, avec les élus, les fonctionnaires, les riverains, les usagers, les associations, les acteurs économiques locaux de la CALPE ? On peut constater que, comme à l’habitude des maires des contrées très urbanisées n’ayant pas mis en place des conseils de quartier structurés, agissant entre eux ou avec une minuscule poignée d’associations dites « de cadre de vie » hyper-sélectionnées par les élus (pour ne pas dire très proches d’eux), il n’existe pas chez ces dirigeants d’approche ascendante (des citoyens vers les élus, dite bottom-up) caractérisant le principe général de fonctionnement d’une démarche de concertation publique. Les maires imposent leurs décisions.

Faut-il leur rappeler quelques textes fondateurs de toute démarche démocratique visant le bien public, susceptible d’avoir une incidence notable sur l’environnement ? De la convention d’Aarhus (1998) à la directive européenne d’évaluation des politiques publiques (1985) en passant la Charte de l’environnement intégrée à la Constitution française (2004), ces textes prévoient que 1/ chaque citoyen dispose d’un droit d’accès aux informations sur l’environnement détenues par les autorités publiques, 2/ il peut participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une répercussion sur l’environnement. A minima, puisque ces maires agissent afin de réduire les nuisances et les dangers, ce plan intercommunal de circulation aura des incidences notables sur l’environnement et le cadre de vie des Calpiens. N’ont-ils donc pas le droit de contribuer à sa conception, à quelque niveau que ce soit ?

Enfin, combien de temps les frondeurs Alain VÉDÈRE et Christine RODIER tiendront-ils sans être atteint par une nouvelle crise de  « sensinterdite aigüe » ? A peine cinq mois se sont écoulés entre les interdits de l’un et ceux de l’autre.

OÙ EST PASSÉE L’INTELLIGENCE TERRITORIALE DES ÉLUS DE LA CALPE ?

Le moins que l’on puisse dire c’est que ces maires sont étrangers à une intelligence territoriale intercommunale active mais uniquement réactive puisque le président de la CALPE est obligé de convoquer des réunions en urgence pour les faire s’entendre entre eux. Idem pour l’intelligence opérationnelle concertée… Et, aujourd’hui, ils ne sont que 5 au sein de l’intercommunalité. Qu’en sera-t-il lorsqu’ils seront plus nombreux ? Avec le maire de Viry-Châtillon intégré dans le cadre décisionnel calpien par le préfet de région lors de la nouvelle carte intercommunale. Sans le maire de Paray-Vieille-Poste, partant dans les méandres de la Métropole du Grand Paris (MGP). Avec le maire de Draveil, selon une rumeur fort intéressante au demeurant ? Avec les maires du Grand Orly puisque les élus calpiens veulent intégrer ce « mixte de pôle urbain et économique / contrat de développement territorial » qui – chut, il ne faut pas effrayer les Calpiens – sera une composante de la Métropole du Grand Paris ?

QUI DÉCIDERA DEMAIN DE LA SIGNALÉTIQUE ROUTIÈRE SUR LES COMMUNES DE LA CALPE ?

D’un côté , la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris a créé le contrat de développement territorial (CDT), instrument permettant de mettre en œuvre les objectifs du Grand Paris (transports, développement économique, urbanisme, logement, etc…). Les CDT de la Métropole du Grand Paris sont des outils de planification et de programmation élaborés conjointement par les collectivités territoriales et l’État. L’accord cadre du CDT du Grand Orly a été signé le 6 novembre 2013. (6)

De l’autre côté, le territoire du Grand Orly est formé de communes situées en Essonne et dans le Val-de-Marne, ce département étant absorbé par la Métropole du Grand Paris selon les termes de la loi MAPTAM du 16 décembre 2010. (5) Pourquoi donc ne pas dire directement aux Calpiens que le souhait de leurs élus est d’intégrer le Grand Orly qui doit lui-même intégrer la Métropole du Grand Paris !

CarteMAPAMfev2014

La Métropole du Grand Paris. Carte établie en février 2014 téléchargeable sur le site Internet www..ateliergrandparis.fr. (7)

Détail intéressant. Dans la préfiguration du Grand Paris, bon nombre des compétences des élus municipaux deviendront métropolitaines. Ainsi, la responsabilité de l’aménagement des territoires deviendra une compétence métropolitaine. Sur le périmètre de la MGP, les conseils de territoire prendront la suite des intercommunalités existantes. La loi indique qu’ils exerceront la compétence en matière de politique de la ville qui est attribuée à la métropole.  (8) Bref, le millefeuille administratif n’est qu’un prétexte pour vendre les redécoupages intercommunaux. Il n’est pas prêt de disparaître. Mais, il s’agit d’un autre sujet…

Dans la présente affaire, qui détiendra le pouvoir de police demain ? Qui prendra la décision d’implanter les futurs sens interdits aux usagers et aux riverains locaux si la CALPE intègre la Métropole du Grand Paris ? Le maire ? Le président du conseil de territoire dont dépendra la commune ? L’éventuel préfet de police de la MGP à l’instar de l’actuel préfet de police de Paris ?  Autant de questions auxquelles les citoyens sont en droit d’obtenir des réponses claires et précises de la part des autorités publiques avant les prochaines échéances électorales.

RÉFÉRENCES
1. Voir l’article de Jean-Marie CORBIN, « Paray-Vieille-Poste, ça n’a pas de sens », 15 septembre 2014 : http://portes-essonne-environnement.fr/paray-vieille-poste-ca-na-pas-sens/.
2. Cédric SAINT-DENIS, « Les maires dans l’impasse à cause… des sens interdits », Le Parisien Essonne matin, 25 février 2015, p. I (pdf) : 2015-02-25 LP Sens interdits Athis-Paray.
3. Cédric SAINT-DENIS, « Vers une issue dans la guerre des sens interdits », Le Parisien Essonne matin, 27 février 2015, p. II (pdf) : 2015-02-27 LP Sens Interdits suite.
4. Le Grand Orly. Accord cadre du contrat de développement territorial, 6 novembre 2013, 85 p. (pdf) : 2013-11-06 CDT GRAND ORLY Accord cadre.
4. Voir les articles relatifs au pouvoir de police dans le Code général des collectivités territoriales.
5. Site internet de la CALPE : http://www.portesessonne.fr/.
6. Site Internet de la préfecture de la région Ile-de-France. http://www.ile-de-france.gouv.fr/gdparis/Metropole-du-Grand-Paris.
7. Site Internet de l’Atelier international du Grand Paris. http://www.ateliergrandparis.fr/ressources/cartemetropole/.
8. La Métropole du Grand Paris en préfiguration. Dossier du préfet de la région d’Ile-de-France, préfet de Paris, janvier 2015, 4 p. (pdf) : MGP PREFIG – DOSSIER PRIDF janvier 2015.

© Philippe TRENTY, 27 février 2015.

Les tapages nocturnes cautionnés par Éric Mehlhorn, maire de Savigny-sur-Orge ?

Alors que la décision du 4 avril 1968 portant réglementation de l’utilisation nocturne de l’aéroport d’Orly proscrit tout vol de nuit entre 23 h 30 et 6 h 00, les Saviniens sont régulièrement privés d’une heure de sommeil supplémentaire « accordée » par Aéroport de Paris (ADP). (1) En effet, les éboueurs commencent leur collecte avec fracas dès 5 h 00 du matin : de plus en plus de Saviniens se plaignent de ce tapage nocturne organisé. Camions aux décibels pétaradants à fond les manettes, bacs et containers jetés bruyamment sur les trottoirs, personnels qui courent en sifflant ou en vociférant pour accomplir leur métier. Quelle hâte, quel engouement à nous débarrasser de nos immondices !

UNE CONVENTION COLLECTIVE SINGULIÈRE

L’explication est en fait toute simple, la convention collective de cette branche professionnelle est bien singulière sur plusieurs points. Elle permet à ces personnels d’être payés à la mission et non pas à l’heure comme c’est le cas dans la plupart des autres professions. Ainsi, plus vite le travail est commencé, plus vite il est terminé ! Le petit matin, où la circulation automobile est moindre, est une aubaine pour ces éboueurs pressés d’enchaîner un probable second emploi comme certains le disent. Qu’importe le repos brisé de milliers de riverains …

éboueur selon Gotlib

Le boueux de mon enfance. Rubrique à brac, tome 2, Éditions Dargaud. © Marcel Gotlib.

LA CAUTION D’ÉRIC MEHLHORN, MAIRE DE SAVIGNY-SUR-ORGE

Alerté sur ces dérives, la réponse de la mairie de Savigny-sur-Orge en date du 5 juin 2014 est stupéfiante, voire navrante : « Pour faire suite à votre courrier concernant les horaires de passage pour la collecte des ordures ménagères, je vous informe que des circuits ont été établis en accord avec l’entreprise, que les horaires peuvent varier mais que la collecte peut effectivement commence dès 5h du matin. » Tout va bien braves gens et mettez des boules quies ! On était en droit d’espérer d’un maire qu’il se préoccupe davantage de la tranquillité de ces administrés. Quant à la société Europe Service Déchets (ESD, sise à Viry-Châtillon), prestataire assurant la collecte de déchets pour la ville de Savigny-sur-Orge, elle n’a pas daigné répondre aux sollicitations par courriel. Attendons la réponse de la Communauté d’agglomération les Portes de l’Essonne (CALPE) qui exerce depuis 2013 la compétence collecte et traitement, encaissant ainsi la Taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) versée par les Saviniens, soit près de 3,8 millions €. La question citoyenne est simple : les habitants de Savigny-sur-Orge bénéficient-ils de la qualité d’un service de collecte et de traitement des déchets ménagers qui coûte plus de 3 millions d’euros par an ? (2)

réponse mairie savigny suite à passages à 5h des éboueurs 2014-06-17

Réponse de Nadège Atchergaele, maire-adjointe à Savigny-sur-Orge, le 05 juin 2014.

Il convient de s’interroger sur la nécessité du tapage nocturne, de fait organisé ou cautionné par un règlement municipal dans un tel cas. Pourquoi lutter contre le bruit et les nuisances d’un aéroport à proximité alors que, dans le même temps, le maire autorise la nuit une nuisance sonore répétée définie à l’article R. 623-2 du Code pénal ? Cette pratique est entièrement politique. Les horaires de collecte des déchets ménagers sont rarement remis en cause, notamment en raison des problèmes de circulation et de l’évolution des flux… La collecte des déchets ménagers relève d’une mission de service public. Elle n’est pas soumise à des prescriptions particulières relatives aux conditions d’horaires. (3) Les arrêtés « bruit » ne s’appliquent donc pas à ce type d’activité. (4) Cette thèse est discutable et abusive.

UNE MISSION DU MAIRE : ASSURER LA TRANQUILLITÉ PUBLIQUE

Le maire est tenu d’assurer dans sa commune la tranquillité publique ! Nadège ACHTERGAELE, maire adjointe ayant répondu au courrier adressé au maire, aurait pu proposer d’étudier avec toutes les associations environnementales de la commune et les riverains le report d’une heure du début de collecte afin de la faire correspondre au couvre-feu d’Orly. Elle aurait pu envisager la création d’une commission extra-municipale, formée de citoyens, de fonctionnaires, d’employés du concessionnaire ESD afin de travailler sur la notion du bruit incivique. L’Agence régionale de la santé est compétente pour aider le maire à faire respecter la réglementation. La première adjointe aurait pu indiquer qu’en tant que nouvelle élue, elle l’interrogerait sur les dispositifs techniques pouvant être mis en place sur les camions du concessionnaire ESD afin de faire disparaître les nuisances…

Évoquons enfin la responsabilité du maire pouvant être engagée pour carence dans l’exercice de son pouvoir de police administrative en ne prenant pas les mesures appropriées pour mettre fin à des nuisances sonores générées par ses services ou des concessionnaires.

EN QUÊTE D’UNE MUNICIPALITÉ SOUCIEUSE DE LA SANTÉ DE SES ADMINISTRÉS

Cette nonchalance vis-à-vis des nuisances sonores nocturnes, qui n’est pas sans rappeler l’absence de réaction du maire Éric MEHLHORN sur le projet de l’autoroute ferroviaire atlantique, conduit à s’interroger sur la capacité de certains élus à gérer des dossiers portant atteinte à la qualité de vie et à l’environnement. Faut-il s’inquiéter de leur potentiel de réactivité lorsque ADP cherchera à réduire à une peau de chagrin le couvre-feu afin de rentabiliser ses nouveaux aménagements ? En Ile-de-France, le bruit représente la première source de nuisance. Ses effets sur la santé sont néfastes. Les enjeux de réduction du bruit doivent être considérés par les autorités publiques comme étant cruciaux pour le bien-être de leurs administrés. La nouvelle municipalité de Savigny-sur-Orge devrait travailler à une meilleure conciliation entre les usages urbains avec les nuisances sonores sans pour autant les augmenter ! (5)

SOURCES ET DOCUMENTS
1. Décision ministérielle
sur le couvre-feu d’Orly (pdf) :  Decision_ministerielle_Orly_1968.
2. Voir l’article de Bernard MÉRIGOT, « Savigny-sur-Orge. Commission consultative des services publics locaux du 26 septembre 2013 : déchets ménagers, eau et assainissement », sur le site internet www.savigny-avenir.fr : http://www.savigny-avenir.fr/2013/09/26/savigny-sur-orge-commission-consultative-des-services-publics-locaux-du-26-septembre-2013-dechets-menagers-eau-et-assainissement/.
3. Arrêté municipal relatif aux bruits de voisinage Savigny-sur-Orge 2003-10-02.
4. Voir le site internet du Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIDB) : www.bruit.fr.
5. Site internet de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) : www.ademe.fr.

© Jean-Marie CORBIN, 1er septembre 2014.

Autoroute ferroviaire Atlantique : action du député-maire d’Etampes, Franck Marlin

Dans le cadre de la première enquête publique sur le projet d’autoroute ferroviaire Atlantique (AFA) qui traverse la région francilienne via la ligne du RER-C (et notamment Étampes, Brétigny-sur-Orge, Juvisy-sur-Orge), PEE a adressé une copie de son avis au député-maire d’Étampes, Franck MARLIN. En retour, ce dernier a fait part de son opinion plutôt défavorable sur le sujet ainsi que des démarches entreprises auprès de l’État. Quelles sont-elles ? Quelles conclusions peuvent-elles être tirées ?

LA RÉPONSE DE FRANCK MARLIN À PEE (20 juin 2014)

Le député-maire d’Étampes, Franck MARLIN, remercie PEE de son initiative. Il « partage pleinement » son analyse « quant à l’absence extrêmement préjudiciable de concertation » et comprend les « légitimes inquiétudes » relatives à l’impact du tracé proposé par le concessionnaire (VIIA, filiale de la SNCF).

Afin de compléter le dossier de l’association, il a l’amabilité de lui adresser une copie des courriers qu’il a rédigé le 12 mai 2014 à l’attention de Frédéric CUVILLIER, secrétaire d’État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, de Jacques RAPOPORT, président de Réseau Ferré de France (RFF), de Guillaume PÉPY, président de la SNCF. Il y ajoute une copie de la réponse de Jacques RAPOPORT. (1)

Par ailleurs, il informe de la tenue d’un conseil municipal de la commune d’Étampes au cours de laquelle sera votée « une motion sollicitant des informations complémentaires dans le cadre d’une concertation élargie et l’organisation d’une nouvelle enquête publique » (NDLR : en cours au moment où le présent article est rédigé).

2014-06-20 Lettre de Franck Marlin a PEE

Lettre du député-maire Franck MARLIN à PEE, 20 juin 2014. © PEE.

LES INQUIÉTUDES DE FRANCK MARLIN

En premier lieu, le député-maire s’étonne de l’absence de concertation et de consultation des élus locaux concernés par le tracé, en particulier ceux du Paris-Orléans. Puis, il s’interroge sur les conséquences d’un tel projet générant des nuisances supplémentaires pour les riverains en période nocturne (sonores notamment), une dangerosité ferroviaire accrue, une hausse du trafic et un impact indéniable sur l’actuel usage de la ligne empruntée par les convois de l’AFA. Il attire l’attention de ses correspondants sur l’utilité écologique du ferroutage, progrès annoncé pour la préservation de l’environnement, mais qui ne doit pas se faire au détriment du cadre et de la qualité de vie des riverains. Le « transfert de nuisances » est inacceptable, selon lui. Cette conclusion ne peut être que partagée.

CONSULTATION SANS CONCERTATION DES POPULATIONS CONCERNÉES !

La réponse du directeur général de RFF est pour le moins surprenante : « L’enquête publique en cours vise précisément à recueillir l’avis du public sur ce projet de report modal (NDLR : trafic routier reporté sur le trafic ferroviaire), ainsi que les impacts associés et les mesures proposées pour y remédier ». Jacques RAPOPORT écrit le 17 juin 2014, alors que l’enquête est bouclée depuis le 5 juin.

Il estime que l’information des populations est satisfaisante. Il précise même que la commission d’enquête est la « garante de l’égal accès à l’information de toutes les populations concernées ». Il annonce que, pour les 470 communes traversées par l’AFA, 40 lieux d’enquête ont été ouverts (NDLR : soit 1 pour 11,75 communes), 80 permanences ont été tenues (NDLR : soit deux par lieu d’enquête), 300 affiches et 450 DVD ont été distribués (NDLR : même pas une affiche et un DVD par commune !), enfin un registre électronique était accessible sur le site de la préfecture du Pas-de-Calais, siège de l’enquête publique.

ENTRE LA SOUMISSION ET LA RÉVOLTE, IL Y A LE DÉBAT !

Selon le président de RFF, la procédure d’enquête publique a pour objet de répondre aux questions posées et à « porter des recommandations éventuelles de modification du projet proposé ». C’est le but de toute enquête publique. Mais, en lisant entre les lignes de Jacques RAPOPORT, il est aisé de constater que la décision a été prise avant que l’enquête ait eu lieu. Le projet sera réalisé : l’AFA est sur les rails, et ce quel que soit le résultat de l’enquête. Or, les maires n’ont pas été informés du dossier au préalable. Certains, les nouveaux édiles portés à la fonction lors des élections de mars 2014, ignorent tout. A leur tour, ils n’ont pas pu transmettre les éléments à leurs administrés par le biais de leurs différents vecteurs de communication (bulletins municipaux, lettres d’information, sites internet, totems…). La plupart n’ont pas été en mesure de tenir des réunions d’information. Le temps de la concertation avec les services publics, le concessionnaire, les élus et les administrés a été confisqué aux conseils municipaux récemment renouvelés.

PEE a participé au colloque international « Le citoyen et la décision publique », placé sous le haut patronage du président de la République, organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP) les 16 et 17 juin 2014. Une phrase doit être retenue : « Entre la soumission et la révolte, il y a le débat ». (2) Où est le débat pour l’AFA ? Il a eu lieu en catimini, noyé dans le grand débat public sur les lignes à grande vitesse (LGV), en 2006 : il y a 8 ans ! Qui s’en souvient ? De qui se moque-t-on ? L’enquête publique n’a jamais été considérée comme un moment de débat entre l’auteur du projet et le citoyen. La société politique ( les élus, les collectivités locales…) et la société civile (les citoyens, les entreprises, les associations…) doivent sans cesse rappeler à l’État, aux pouvoirs publics, aux délégataires de services publics ou concessionnaires leur exigence du débat, préalable à toute décision concernant les équipements publics et leur fonctionnement.

Couverture de la plaquette du colloque international organisé par le CNDP en juin 2014. CNDP.

Couverture de la plaquette du colloque international organisé par le CNDP en juin 2014. © CNDP.

L’État et ses opérateurs doivent évoluer en passant d’une gouvernance verticale, qui impose du haut vers le bas, à une gouvernance horizontale, fondée sur une co-élaboration des projets collectifs.

POUR LE CONTOURNEMENT DE LA RÉGION PARISIENNE ET SON RÉSEAU FERRÉ OBSOLÈTE

Le président de RFF termine par un aveu également surprenant : l’Autorité de régulation des activités ferroviaires (ARAF), sollicitée afin d’émettre un avis « sur les conditions de mise en oeuvre des navettes d’Autoroute Ferroviaire », ne le rendra qu’au cours de l’été ! Il aurait été bien utile de l’insérer dans les documents d’enquête, notamment pour la partie francilienne du projet.

A l’heure où les expertises judiciaires, accablantes pour la SNCF et RFF, sur le déraillement de Brétigny-sur-Orge en juillet 2013 sont rendues publiques avec maintes interrogations sur la qualité du réseau ferré francilien et sa maintenance plus qu’insuffisante, les convois de l’autoroute ferroviaire peuvent-ils emprunter ce réseau vétuste et saturé de la Grande Ceinture et traverser nos gares, nos communes franciliennes, sans susciter de réelles inquiétudes ? Il ne se passe pas un jour sans que les usagers, les riverains et les professionnels du rail subissent les dysfonctionnements et l’entretien déplorable du réseau francilien. Les ingénieurs chargés des expertises, eux-mêmes, sont préoccupés par une telle situation de défaillance quasi généralisée dans certains secteurs. (3)

Dans ces conditions, peut-on envisager sereinement que des trains de fret au contenu inconnu, long d’un kilomètre, circulant la nuit (et pourquoi pas le jour aux heures creuses ensuite), traversent la région la plus peuplée de France et possédant le réseau ferré le plus délabré ? Un état qui est démenti par la SNCF, mais que tous les usagers et les riverains constatent depuis des années, voire des décennies. Ne vaut-il pas mieux appliquer le principe constitutionnel de précaution et contourner la région parisienne ?

SOURCES
1. Lettre de Franck MARLIN, député-maire d’Étampes, adressée à PEE, en date du 20 juin 2014. Dossier joint comprenant copies des lettres de Franck MARLIN à Frédéric CUVILLIER, Jacques RAPOPORT, Guillaume PÉPY, en date du 12 mai 2014, et une réponse de Jacques RAPOPORT à Franck MARLIN en date du 17 juin 2014. Correspondance sous format pdf : 2014-06-20 Franck Marlin Dossier AFA – PEE.
2. Colloque international « Le citoyen et la décision publique : enjeux de légitimité et d’éfficacité », sous le haut patronage de Monsieur François HOLLANDE, président de la République, organisé par la Commission nationale du débat publique (CNDP), les 16 et 17 juin 2014 à la Cité des sciences et de l’industrie Paris.
3. Articles du Parisien en date du 7, 8 et 9 juillet 2014 : Vincent VÉRIER « Drame de Brétigny : un rapport accuse la SNCF », 7 juillet 2014 (p. 16),  2014-07-07 LP Accident Bretigny p.16 ; Vincent VÉRIER, « La SNCF face à ses responsabilités », 8 juillet 2014 (p. 2), 2014-07-08 LP Accident Bretigny p.2.

© Philippe TRENTY et Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 9 juillet 2014.