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L’autoroute ferroviaire Atlantique passera-t-elle par la ligne du RER-C ?

Entre le 5 mai et le 5 juin 2014, une enquête publique soumet aux citoyens le projet d’une autoroute ferroviaire Atlantique (AFA) entre Dourges (Pas-de-Calais) et Tarnos (Landes), via l’Essonne¹ et la ligne du RER-C, soit 1 050 km. (1) Par extension, l’Espagne sera reliée à la Belgique. Le but est de proposer une alternative au transport routier sur des axes saturés dès le printemps 2016. Un contrat de concession entre l’État et VIIA Atlantique, filiale de la SNCF, a été signé le 20 mars 2014. (2) En faisant transporter l’équivalent de 60 semi-remorques par train, les convois atteindraient plus de 1 km de long en 2019, une première en France. Quatre trains² dans chaque sens assureront une navette quotidienne, sachant qu’ils circuleront de nuit.

FINAL Dossier de presse Autoroutes Ferroviaires 18 Sept 2013-6

Carte du tracé de l’autoroute ferroviaire Atlantique, extraite de www.viia.fr

UNE IDÉE INTÉRESSANTE, MAIS…

L’idée d’un transport de fret par voie ferrée plutôt que par la route n’est pas neuve. Elle est même intéressante et abonde dans le sens du développement durable. Les temps de transport peuvent être ainsi réduits de 20 %. De même, on avance une réduction des coûts de 10 à 15 %. Écologiquement, les gains ne sont pas négligeables en réduisant de 10 à 20 % le trafic routier par transfert vers le fret ferroviaire, soit environ 85 000 poids lourds annoncés pour près de 100 000 tonnes équivalent CO2 économisés annuellement à terme et en régime de croisière. Les faits ont-ils été vérifiés grâce aux statistiques issues de l’utilisation des deux autoroutes ferroviaires existantes en France : celle dite alpine ouverte en 2003 entre Chambéry et Turin (175 km), et la ligne Perpignan-Luxembourg mise en service en 2007 (1 045 km) ? Dans son rapport sur les autoroutes ferroviaires de février 2012, la Cour des Comptes a pointé du doigt ces expériences en utilisant une terminologie rude pour les qualifier : « inabouties », « marquées par des retards », « lancées sans étude suffisante » et « déficitaires ». En résumé, ces autoroutes ferroviaires « peinent à faire leurs preuves sur les plans économique et financier ». (3) L’économie générale financière de ce projet semble défaillante et le financement incertain.

UN RÉSEAU FRANCILIEN DÉJÀ SURCHARGÉ

Pourtant, des associations environnementales et certaines municipalités émettent un bémol, notamment en région parisienne. Il est, en effet, inadmissible de faire passer de tels convois sur le réseau francilien déjà surchargé, voire saturé et à risque. Ainsi, à partir de 2016, ces trains emprunteraient les lignes de la grande couronne. Parmi elles, celle du RER-C dont les travaux de modernisation débutent à peine et sont échelonnés sur six années. Oui, mais voilà, le tracé emprunté par l’AFA serait rénové en 3 ans : donc, aucun obstacle pour VIIA/SNCF !

AFA. Ile-de-France. Infographie Le Parisien 5 mai 2014

Document : AFA en Ile-de-France. Infographie publiée par le Parisien Essonne matin du 5 mai 2014, p. II.

DES TRAINS POTENTIELLEMENT DANGEREUX

A Drancy (93), le maire a lancé une pétition sur Internet : il a fait voter une motion par son conseil municipal contre le passage de cette autoroute ferroviaire en zone urbaine dense. Le principe de précaution est mis en avant dans ce refus de voir les communes franciliennes traversées par des trains potentiellement dangereux car transportant des produits inflammables, explosifs, toxiques, voire radioactifs. Drancy s’oppose également à l’augmentation des nuisances phoniques la nuit. Nous ne pouvons que confirmer cette inquiétude, sachant que les lignes ferroviaires de banlieues franciliennes sont déjà fréquemment empruntées par des convois de déchets nucléaires sans que les populations ne soient averties. De manière générale, les risques sont sous-estimés et les études excluent régulièrement les réactions combinées de matières toxiques en cas d’accident. Plus modestement, le maire de Viry-Châtillon (91) a convoqué son conseil municipal le 28 mai 2014, en séance extraordinaire, afin de demander des informations complémentaires et une nouvelle enquête publique. Mais, il n’a pas pris réellement position puisque le délibéré n’a pas émis un avis défavorable. (4) La crainte sur le bruit, la dangerosité, les impacts sur l’homme et son environnement gagne du terrain parmi les élus concernés et les associations locales, dont la nôtre.

Train d'autoroute ferroviaire

Train d’autoroute ferroviaire photographié par Xavier Bonnaventure ©. Plaquette de présentation de l’AFA publiée lors de la concertation de 2013.

D’une façon générale, le constat est simple : « Les villes et intercommunalités critiquent (…) l’absence de clarté et de visibilité concernant la politique de RFF et de la SNCF, voire des Régions (ndlr : partenaires). Elles dénoncent la multiplicité des parties prenantes et leur insuffisante participations aux décisions. » (5) Les associations sont dans le même cas. D’autant plus qu’en 2013, le débat public précédant toute enquête publique n’a pas eu lieu en Ile-de-France, mais seulement sur les deux communes où se trouveront les terminaux³ ! Il faut remonter à 2006 pour trouver une trace d’un débat public sur les lignes à grande vitesse avec mention d’une autoroute ferroviaire Atlantique.

UNE PLATEFORME AU SUD DE PARIS. OUI, MAIS OÙ ?

Par ailleurs, le projet global prévoit une plateforme au sud de Paris, mais aucune véritable précision n’est indiquée dans le dossier d’enquête. Pas même de localisation détaillée, en dehors d’un Brétigny-sur-Orge (Essonne) cité dans la procédure de mise en concession. Autre problème : aucune voie d’évitement de plus d’1 km n’existe entre Pierrefitte et Étampes. Un convoi engagé doit, quelle que soit la conjoncture, passer par l’Ile-de-France. Quid de l’impact sur le trafic voyageur de banlieue en cas de problème ? Comment un Sud-Francilien ou une municipalité sud-francilienne peuvent-ils abonder dans le sens du projet si des éléments leur sont cachés ?

ON RABOTE LES QUAIS, ICI AUSSI !

En pleine cacophonie sur les quais qu’il faut raboter pour le passage des nouveaux TER commandés par la SNCF, il semblerait que, pour celui de l’AFA, il faille aussi réduire certains quais afin de faire circuler des trains larges de 2,55 m. Quid de l’espace nécessaire sur ces quais pour l’attente de Franciliens empruntant quotidiennement les RER afin de se rendre à leur travail ou afin de vaquer à leurs occupations… ? En pleine heure de pointe, certains quais sont déjà très exigus. Le seront-ils un peu plus, même s’il ne s’agit que de quelques centimètres rabotés ? Le dossier d’enquête n’indique pas précisément les lieux des 3 800 interventions où ces travaux nocturnes d’ajustement du gabarit bas seront nécessaires. Une lacune… Même remarque pour les infrastructures qui devront être adaptées en hauteur (dont 5 tunnels et 2 ponts-routes). Ainsi, un pont-rail à Savigny-sur-Orge est concerné. Le dossier ne précise pas lequel alors qu’il en existe plusieurs sur ce territoire ! Dans son avis rendu public le 19 décembre 2012, l’Autorité environnementale insiste sur les coûts élevés du projet, avec notamment un surcoût de retouche des ouvrages de 188 millions d’euros. (6)

ENCORE DU BRUIT !

Au sujet des nuisances sonores, les convois rouleraient à environ 60 km/h. Le bruit généré en soi n’est donc pas plus important que n’importe quel autre train, sauf qu’il s’ajoutera aux autres bruits environnants, en principe moins importants puisque nocturnes… Ainsi, en Essonne, le surplus serait évalué entre 0,2 et 0,8 dB selon les secteurs. Imperceptible, dit-on. Non, lorsque ce sont des bruits supplémentaires, s’ajoutant aux nuisances acoustiques autoroutières et aériennes critiques. Certes, VIIA/SNCF étudiera la possibilité d’installer des protections phoniques le long des voies afin de faire monter les bruits vers le haut. Mais, quid des immeubles le long de ces mêmes voies dans les milieux urbains denses ? Ces murs anti-bruit, on les connaît déjà le long des autoroutes routières. Ils ne sont pas toujours efficaces ! A force de rajouter des nuisances générant un stress non pris en compte dans le projet, que devient la santé des Franciliens dont le sommeil est déjà perturbé par les bruits ambiants et par le trafic aérien. C’est une atteinte supplémentaire à la qualité de vie !

« BONNES » VIBRATIONS…

Enfin, qu’envisage de faire VIIA/SNCF contre les vibrations liées au passage des trains de fret ? Tous les résidents vivant dans des pavillons à proximité des lignes de chemin de fer connaissent déjà ces nuisances liées au roulement des essieux de certaines rames mal équilibrées, aux conteneurs mal calés sur une structure ferroviaire défaillante… Les vitres, les tableaux, les parquets, certains meubles tremblent. Une gêne acoustique se fait entendre par le biais des structures des habitations qui entrent en vibration et rayonnement du bruit. Parfois, à force de passage, des dommages sur les bâtiments apparaissent. Bref, VIIA/SNCF appréhendera-t-elle l’impact de ces nuisances vibratoires dans tous les secteurs urbains et les solutionnera-t-elle au même titre que les nuisances sonores ? Il faut espérer qu’elle agira à la source partout où cela sera nécessaire.

Train dautoroute ferroviaire 2

Convoi d’autoroute ferroviaire. Plaquette AFA publiée lors de la concertation de 2013. © Xavier Bonnaventure.

L’AVIS DE L’AUTORITÉ ENVIRONNEMENTALE

« A l’échelle locale, l’Autorité environnementale a estimé que les impacts du projet sur le bruit et les vibrations ainsi que le transport de matières dangereuses (risques technologiques et risque de pollution accidentelle des eaux) en constituaient les enjeux environnementaux principaux. Elle recommande de compléter l’étude d’impact sur le plan des risques technologiques et des impacts acoustiques (clarification des hypothèses de calculs, identification des points noirs de bruit, localisation des bâtiments exposés) en ce sens. Les enjeux du projet concernent par ailleurs ses impacts sur les milieux naturels et les espèces protégées, notamment au niveau des tunnels et des plateformes de transbordements. Elle recommande de vérifier la présence éventuelle d’espèces protégées et de compléter les évaluations d’incidences Natura 2000, puis d’en présenter les mesures d’évitement, de réduction et de compensation correspondantes. » (7)

DES QUESTIONS NON SOULEVÉES, POURTANT ESSENTIELLES !

Reste que les thématiques franciliennes essentielles ne sont pas soulevées dans le dossier d’enquête publique. De nombreuses questions restent sans réponses quant aux atteintes à la qualité de vie. Quels seraient les risques pour les populations en cas d’accident grave ? Seront-elles suffisamment informées et formées à une éventuelle catastrophe ferroviaire, même mineure ? Les centres hospitaliers et médicaux seront-ils à même de gérer l’urgence, sachant que la politique de la concentration de services d’urgence s’accélère au détriment de la santé des Français ? Que se passera-t-il lors d’un déraillement en plein été, au moment même où des services hospitaliers sont fermés par mesure d’économie et de rentabilité ? A partir de quel seuil, la nuisance sonore nocturne est-elle infime et/ou acceptable ? Quelles sont les conséquences en cas de panne ou de retard de ces convois sur l’activité traditionnelle du réseau ferré banlieusard ? Ces convois seront-ils prioritaires sur les trains de banlieue ? La gestion des conflits de priorité ne sera-t-elle pas favorable au fret au détriment des voyageurs ? N’ajoute-t-on pas une couche de perturbations potentielles sur des réseaux déjà fortement perturbés en temps normal ? Enfin, la grande interrogation est de savoir pourquoi il n’est pas proposé de contourner l’Ile-de-France sur cette ligne d’autoroute ferroviaire alors que des plans de contournement existent à Lyon et à Montpellier pour ses homologues ?

UN AVIS DÉFAVORABLE EN L’ÉTAT DU DOSSIER

L’autoroute ferroviaire est en soi un bon moyen de diminuer le trafic routier, mais il est impossible d’apporter un blanc seing à ce projet d’AFA sans réelle concertation avec tous les élus et les milieux associatifs sur l’ensemble du tracé au préalable. Elle aurait dû avoir lieu dans les tous les départements ou régions traversés, à plus forte raison en Ile-de-France, la zone la plus densément peuplée de la ligne Tarnos-Dourges. Nous la réclamons. L’association PEE émet donc un avis défavorable en l’état du dossier soumis à enquête publique. (8)

NOTES
1. Villes essonniennes traversées du nord au sud par l’autoroute ferroviaire atlantique : Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge, Viry-Châtillon, Savigny-sur-Orge, Villemoisson-sur-Orge, Épinay-sur-Orge, Sainte-Geneviève-des-Bois, Saint-Michel-sur-Orge, Brétigny-sur-Orge, Saint-Germain-lès-Arpajons, La Norville, Marolles-en-Hurepoix, Cheptainville, (Bouray-sur-Juine, gare sis sur le territoire de Lardy), Lardy, Étrechy, Morigny-Champigny, Etampes, Guillerval, Monnerville, Angerville.
2. En phase de test, en 2015, ce ne sont pas quatre trains allers-retours par jour qui circuleraient, mais entre 10 et 20 allers-retours qui seraient effectués selon VIIA/SNCF ! Certains tableaux du dossier d’enquête mentionnent même une circulation de 20 à 40 trains, ce qui est très lourd de conséquences pour les populations résidentes à proximité des voies, notamment en zones très urbanisées, subissant déjà des nuisances de transports ferroviaires de fret incontestables. Un convoi type AFA serait composé de 2 locomotives et de 30 wagons de 33 mètres de long.
3. La concertation s’est déroulée du 28 octobre au 9 novembre 2013, avec pour seule thématique la construction des deux terminaux de Tarnos et de Dourges. (www.aquitaine.developpement-durable.gouv.fr). Les études d’avant-projet ont ensuite abouti au projet soumis à enquête publique actuellement. Les travaux commenceront à l’automne 2014. La mise en service commerciale est prévue au printemps 2016.

SOURCES
1. Le dossier d’enquête publique complet est consultable sur le site www.viia.fr. Quelques éléments en pdf du dossier : 1. Avis enquete2. Arrete autoroute ferroviaire3. Plaquette concertation. 7oct20134. DEUP Presentation projet. Piece 1 non technique. mars 2014 ; 5. DEUP Piece 2 etude impact vol1 c ; 7. DEUP Piece 2 etude impact vol38. DEUP Piece 2 etude impact vol4 c9. DEUP Piece 4 vol1 ; 10. DEUP Piece 5 vol 1.
2. La durée des études et de la construction des terminaux est de 2 ans. Celle de l’exploitation du service est de 15 ans. Ainsi, le contrat de concession donne à VIIA Atlantique la charge de construire les deux terminaux de Tarnos et de Dourges. L’opérateur a choisi le matériel fabriqué par le groupe Lohr : wagons et équipements de transbordement seront produits en France. La charge financière de mise aux normes du réseau ferré national est dévolue aux régions partenaires du projet et l’État (www.developpement-durable.gouv.fr). Réseau ferré de France (RFF) réalisera les travaux. A l’issue des 17 années, l’État deviendra propriétaire des terminaux et organisera le service autoroutier.
3. Rapport de la Cour des comptes, février 2012 (pdf) : Cour comptes autoroutes ferroviaires 2012.
4. Site internet de Drancy : www.drancy.net ; pétition sur Internet « Non au passage de l’autoroute ferroviaire à Drancy », www.change.org ; MÉRÉO Florence, « A Viry, des élus inquiets », Le Parisien Essonne matin, 27 mai 2014, p. II ; FONTAINE Isoline, « Tout savoir sur l’autoroute ferroviaire qui traverse l’Europe », Le Parisien Essonne matin, 27 mai 2014, p. II ; 2014-05-27 LP Autoroute ferrov. ; « Autoroute ferroviaire : les élus exigent une autre enquête publique », Le Parisien Essonne matin, 28 mai 2014, p. III ; www.amisdelaterre40.fr/spip/spip.php?article402.
5. MAULAT Juliette, PASSALACQUA Arnaud, « Les collectivités locales prises dans la nouvelle « bataille du rail » », Metropolitiques, 26 mai 2014, www.metropolitiques.eu.
6. Avis délibéré de l’Autorité environnementale n°Ae 2012-06 / n°CGEDD 008541-01 adopté lors de la séance du 19 décembre 2012 (pdf) : Autorite environnementale avis AFA 008541-01.
7. Résumé de l’avis de l’Autorité environnementale consultable sur le site internet www.cgedd.documentation.developpement-durable.fr.
8. Avis de PEE sur le projet d’AFA adressé au président de la commission d’enquête d’utilité publique en lettre RAR (pdf) : PEE Avis sur l’EUP AFA 2 juin 2014.

© Philippe TRENTY, 29 mai 2014.

Pollution urbaine : Orly, Roissy et les avions ?

Alors qu’en ce mois de mars de l’année 2014, notre région Ile-de-France bat de tristes records de pollutions atmosphériques, il est un pollueur qui se montre fort discret dans la presse, il s’agit de l’aviation civile.

Ciel au petit matin à Savigny-sur-Orge. © JMC.

Ciel au petit matin à Savigny-sur-Orge. © JMC.

Les dernières mesures de gratuité des transports en commun sont qu’un pis aller vis-à-vis du transport routier et de trafic aérien. Ce dernier a battu un record en 2013 avec 90,3 millions de passagers pour la région Ile-de-France. (1) L’aéroport de Roissy est le neuvième aéroport au monde, et le projet d’extension de l’aérogare d’Orly ne laisse augurer rien de bon.

QU’EN EST-IL DE LA RELATION ENTRE SANTÉ ET POLLUTION CHIMIQUE AÉRONAUTIQUE ?

Le gros problème est que le kérosène et le gas-oil sont des carburants suffisamment proches pour qu’il soit impossible de les distinguer lors des prélèvements par les stations d’observation de la qualité de l’air d’AirParif. (2) 

L’avion est-il le moyen de transport le plus polluant ? Le Réseau Action Climat – France (RAC-F) y répond sans détour par l’affirmative. C’est une association loi de 1901, spécialisée sur le thème des changements climatiques, fondée en 1996. (3)

Les rejets de l’aviation sont très importants : si l’aviation était un pays, elle serait le 7e plus gros pollueur mondial ! Ces émissions devraient plus que tripler d’ici 2050. À travers un site internet dédié et une courte vidéo parodique, RAC-F affiche son contre-lobbying face à la puissance de celui de l’aérien. (4)

Nous saluons aussi l’action de l’ADVOCNAR, Ile-de-France Environnement (IDFE) et des associations environnementales qui ont appelé à manifester contre la pollution chimique d’origine aéronautique ce samedi 1er février 2014. (5)

Affiche du Carnaval des asphyxiés 2014. IDFE.

Affiche du Carnaval des asphyxiés 2014. IDFE.

DOCUMENT VIDEO


SOURCES

1. Source ADP : http://www.aeroportsdeparis.fr/ADP/fr-FR/Groupe/Groupe-Strategie/LEssentiel/Trafic/.
2.
http://www.airparif.asso.fr/.
3. Réseau Action Climat – France (RAC-F).
4. http://lesdessousdelaviation.org/ ; http://www.youtube.com/watch?v=P0kEE7ehQWM.
5. http://www.advocnar.fr/art_appelamanifester.html.

© Jean-Marie CORBIN, 15 mars 2014.

Prédecelle : Essonne Nature Environnement réclame une véritable concertation

Cours d’eau de 17,9 km de long, la Prédecelle prend sa source à Choiseul (Yvelines). Elle se jette dans la Rémarde à Saint-Maurice-Montcouronne, cette rivière étant un affluent de la rive gauche de l’Orge à Saint-Germain-lès-Arpajons.

Le Syndicat intercommunal de l’hydraulique et de l’assainissement de la région de Limours (SIHAL) assure la gestion de la rivière ainsi que les ruissellements sur son bassin versant. Sa principale mission est de maîtriser les risques d’inondation. Or, depuis plusieurs décennies, les territoires traversés par la Prédecelle sont touchés par des inondations récurrentes. (1)

Une enquête publique a été menée, du 23 novembre 2013 au 6 janvier 2014, sur les ouvrages de lutte contre les inondations du SIHAL. Le rapport de la commission d’enquête a été publié sur le site de la préfecture. (2) La fédération départementale Essonne Nature Environnement a émis un avis défavorable. (3) Elle réclame, maintenant, auprès du SIHAL une véritable concertation avec tous les acteurs concernés. (4)

Predecelle

Vue de la Prédecelle, extraite du dossier d’enquête intitulé « Étude d’impact sur l’environnement ». (5)


DOCUMENT
COMMUNIQUÉ DE PRESSE D’ESSONNE NATURE ENVIRONNEMENT, 5 MARS 2014

Inondations de la Prédecelle : protéger les biens et les personnes, oui,
mais pas à n’importe quel prix !

La commission d’enquête chargée de recueillir les avis du public sur le projet d’aménagements de la rivière Prédecelle pour lutter contre les inondations porté par le syndicat intercommunal de l’hydraulique de la région de Limours (SIHAL) a rendu son rapport le 7 février 2014.

Sur un total de 268 observations, une majorité sont favorables au projet mais sans aucun témoignage (photos, factures des dégâts) ou arguments quant aux solutions choisies. (ndlr 6) Les avis défavorables émanent d’associations environnementales ou de riverains directement concernés par les ouvrages. (ndlr 7)

Essonne Nature Environnement salue le travail de la commission et relève que bien des préoccupations des associations ont été prises en compte : solutions alternatives proposées beaucoup moins pénalisantes pour l’environnement et les paysages;  nécessité de traiter en priorité les ruissellements locaux et doutes quant au bilan « coûts-avantages »; préjudices causés à l’élevage bovin.

Les PCB : un problème de santé publique sous-estimé ! (ndlr 8)

Le problème de la contamination de la rivière aux PCB avec des taux excédant largement les concentrations maximales admissibles (jusqu’à huit fois le seuil de référence au droit des deux principaux ouvrages prévus dans le programme) n’a pas été occulté par la commission. Elle  s’étonne que : « les incidences potentielles du projet sur la santé ne soient pas vraiment traitées. »

Elle regrette de ne pas disposer d’informations sur le mode de traitement et de stockage des sédiments contaminés, sur la réglementation en vigueur, sur les coûts occasionnés pour l’évacuation des terres polluées… Elle demande que « l’éleveur occupant la prairie du Pivot et réellement affecté par un préjudice moral et financier significatif trouve de justes compensations à cette situation. »

Les propositions des associations écartées sans justification par le syndicat
La commission relève que : « le SIHAL n’a pas pris en compte de façon objective et étayée toute alternative à l’ouvrage du Pivot. Elle considère que les arguments avancés ne sont pas convaincants et regrette que : « dans un souci de ne pas remettre en cause les études antérieures, le syndicat ait écarté sans plus de justification les différentes options d’aménagement proposées lors de l’enquête publique précédente. »

Traiter en priorité les eaux de ruissellement

La commission s’étonne que le dossier se focalise uniquement sur des ouvrages lourds et coûteux, alors qu’il est admis que la Prédecelle est alimentée essentiellement par les eaux de ruissellement. Elle recommande que : « des ouvrages légers de traitement des ruissellements soient initiés sans délais ».

Prévenir plutôt que guérir !

La commission demande la concrétisation rapide du Plan de Prévention des Risques Inondations (PPRI) et des restrictions drastiques pour éviter l’urbanisation en zones à risques, ainsi que la mise en place d’un système d’alerte auprès du public.

Ménager les finances locales !

Pour la commission, le volet « coût du projet » est incomplet et peu lisible : « Le public n’est pas en état d’apprécier l’impact du programme sur les finances individuelles et publiques. »

Le coût des études, auquel il faut ajouter le coût de duplication des dossiers pour l’enquête publique, les coûts de maîtrise d’œuvre pour le suivi des travaux, les coûts d’entretien des ouvrages ne figurent pas dans le dossier. L’efficacité des dépenses engagées n’est pas démontrée ni comparée rigoureusement à d’autres solutions étudiées ou proposées.

En conclusion, Essonne Nature Environnement, qui a donné un avis défavorable lors de l’enquête publique, demande au SIHAL de se saisir des résultats de cette consultation publique pour engager une vraie concertation avec les populations locales et les agriculteurs. Elle rappelle que des solutions « partagées », beaucoup plus respectueuses de l’environnement, pourraient conduire à des économies d’argent public substantielles. 

Contact presse :
Catherine GIOBELLINA – catherine.giobellina@wanadoo.fr
Essonne Nature Environnement – 14 rue de la Terrasse, 91360 Épinay-sur-Orge – adnessonne@orange.fr


SOURCES
1. Voir le site www.predecelle-environnement.org.
2. Rapport, avis et conclusion de la commission d’enquête publique, 7 février 2014, www.essonne.gouv.fr : 1. RECP – Rapport Predecelle.pdf  ; 2. RCEP – Conclusions et avis Predecelle.pdf ; 3. RCEP – Annexes et PJ Predecelle.pdf.
3. Essonne Nature Environnement, « Avis à l’enquête publique concernant la Prédecelle », 4 janvier 2014, www.ene91.frAvis d’ENE EP Predecelle 04012014.pdf.
4. Essonne Nature Environnement, « Inondations de la Prédecelle : protéger les biens et les personnes, oui, mais pas à n’importe quel prix ! », communiqué de presse du 5 mars 2014, www.ene91.fr : CP ENE Amenagement Predecelle 05032014.pdf.
5. Antea Group, « Étude d’impact sur l’environnement », juin 2013, 288 p. (dossier d’enquête publique complet consultable sur le site www.essonne.gouv.fr) : ANTEAGROUP Etude d’impact sur l’environnement – 062013.pdf.
6. Association des habitants du bassin de la Prédecelle, www.bassin-predecelle.org.
7. Association Vivre à Forges : Avis VAF EP Predecelle.pdf.
8. Les polychlorobiphényles (PCB), improprement dits « pyralènes », sont des liquides insolubles dans l’eau, incolores ou jaunâtres, à forte odeur aromatique. Ce sont des polluants toxiques persistants. Suivant leur catégorie, ils sont classés comme des perturbateurs endocriniens, des cancérogènes probables à certains. En avril 2013, la préfecture de l’Essonne a reconnu que le PCB était en cause dans la pollution de la Prédecelle. (http://essonneinfo.fr/91-essonne-info/41527/pollution-aux-pcb-a-limours-et-dans-la-predecelle/ ; http://www.le-republicain.fr/limours/limours-2/1025-une-pollution-des-interrogations).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 12 mars 2014.

Environnement et santé publique

Étudier et défendre le « bien-être » en ville » (Well-being in the city)

Pour Jérémy RIFKIN, l’homme est devenu un « homo urbanus » depuis le début des années 2000. La ville et ses zones périphériques constituent désormais son unique horizon de vie.

Comment faire de la ville un espace prenant en compte l’aménité, c’est-à-dire « les aspects agréables de l’environnement ou de l’entourage social, qui ne sont ni appropriables, ni quantifiables en termes de valeur monétaire » ?
Comment faire en sorte que les conditions de vie des citadins, en particulier en matière de transport et de logement, ne se dégradent pas ? Comment éviter la croissance des inégalités socio-spatiales induites notamment par l’augmentation du prix du foncier ?
Comment minimiser les externalités négatives sur l’environnement et sur la santé des citadins : promiscuité, congestion, pollution… ?

HABITAT, TRAVAIL ET SANTÉ


Toutes ces questions constituent des défis pour les aménageurs, pour les acteurs locaux, pour les politiques, et pour tous les citoyens. Elles sont toutes liées à la quête du « bien-être en ville » (« Well-being in the city »), concernant tous les éléments contribuant à la qualité de vie et à la santé des citadins. Lise BOURDEAU-LEPAGE établit, à partir de nombreuses enquêtes, que la nature constitue un élément déterminant du « bien-être » des citadins (1) et C. ANDRÉ souligne que la nature, par sa seule présence, produit des effets thérapeutiques (2).

VILLES ET MALADIES


La ville est porteuse de risques sanitaires liés à l’altération du milieu et aux nuisances (pollution de tous les milieux : air, eau, sol, toxicité des matériaux, vétusté de l’habitat, radioactivité…) qui peuvent engendrer des pathologies, dites environnementales, ou fragiliser les états de santé. Après le choléra au XIXe siècle, la tuberculose dans la première partie du XXe siècle, les risques sanitaires sont aujourd’hui les maladies chroniques (maladies cardio-vasculaires, maladies respiratoires, cancers, allergies …) issues en partie de la dégradation du milieu.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il y a en France 30 000 décès prématurés par an imputables à la pollution atmosphérique. De même, les maladies allergiques respiratoires ont doublé depuis 20 ans. 20 % des cancers auraient pour origine des facteurs environnementaux. Ces risques pour la santé appellent donc un « nouvel hygiénisme », que l’on retrouve au cœur des réflexions sur la santé environnementale et la ville durable, par exemple, afin de réduire les pollutions ou encore diminuer le niveau de stress des citadins.

ESPACES VERTS ET SANTÉ


Les arbres, par leur seule présence, contribuent à réduire le niveau des polluants dans l’air, à diminuer les effets des îlots urbains de chaleur ainsi que la pollution sonore. Les espaces verts en ville ont des effets bénéfiques sur l’environnement mais aussi sur la santé physique et mentale des citadins : ils diminuent l’anxiété, le stress, les dépressions, les pathologies liées à l’obésité.

De nombreuses études médicales montrent l’existence d’une relation entre l’état de santé d’une personne et la proximité d’éléments naturels tels qu’une voie d’eau, un parc ou un jardin que W. GESLER nomme des « paysages thérapeutiques » (3) Quant à Roger ULRICH, il démontre comment le fait d’avoir une chambre donnant sur un parc accélère la convalescence des patients hospitalisés après une intervention chirurgicale. (4)

ÉTABLIR DES CARTES DE SANTÉ

Carte de John SNOW sur  l’épidémie de choléra à Londres en 1854. Version adaptée par Géoconfluences, ENS de Lyon, 2012.

Carte de John SNOW sur l’épidémie de choléra à Londres en 1854. Version adaptée par Géoconfluences, ENS de Lyon, 2012.

Les premières cartes épidémiologiques ont été établies en 1885, il y a maintenant un siècle et demi, par le Dr John. SNOW (5). De nouveaux algorithmes permettent de géolocaliser les informations sur l’état de santé des individus à partir des réseaux sociaux (6), de les publier, de les analyser et d’alimenter le débat scientifique et le débat citoyen dans le contexte de « big data » et d’ « open data », impliquant de nouvelles échelles spatiales et temporelles concernant :

  • les inégalités sanitaires et environnementales,
  • les choix de territoires.

Toutes les décisions qui impliquent la nature et l’environnement ont des effets sur la santé. Elles ne peuvent pas être prises uniquement ni par les élus, ni par les administrations. La société civile doit y participer.

SOURCES

1. BOURDEAU-LEPAGE Lise, « Nature en ville », Métropolitiques, 22 février 2013.
2. ANDRÉ C,
« Notre cerveau a besoin de nature », Cerveau & Psycho, n°54 novembre-décembre 2012, pp. 12-13.
3. GESLER W.,
« Therapeutic Landscapes: Medical issues in light of the new cultural geography », Social Science & Medicine, vol 34, n° 7, 1992, pp. 735-746.
4. ULRICH Roger,
« View through a window may influence recovery from surgery », Science, vol. 224, 1984, pp. 420-421.
5. SNOW J.,
On the Mode of Communication of Cholera, 2nd Ed, 1885, London, John Churchill, New Burlington Street. Géoconfluences, « Interpréter les épidémies du passé », ENS de Lyon, 2002, mise à jour 2012, 8 p. (www.geoconfluences.ens-lyon.fr).
6. KAUTZ H.,
« Data Mining Social Media for Public Health Applications », 23rd International Joint Conference on Artificial Intelligence (IJCAI 2013), Beijing, 2013.

AGENDA

Un prochain colloque « Bien-être en ville », présidé par Lise BOURDEAU–LEPAGE aura lieu les 12 et 13 juin 2014 à l’Université Jean Moulin – Lyon 3. Avec Lise Bourdeau-Lepage, Professeure, Université Jean Moulin Lyon 3 (UMR EVS-CRGA), Céline Broggio, Maître de Conférences HDR, Université Jean Moulin Lyon 3 (Équipe Magellan), Enali De Biaggi, Maître de conférences, Université Jean Moulin Lyon 3 (UMR EVS-CRGA), Pierre-Marie Chapon, Directeur de recherche, Icade et chercheur (UMR EVS-CRGA), Virginie Chasles, Maître de Conférences, Université Jean Moulin Lyon 3 (Équipe Santé Individu Société), Linda Chourfi, Secrétaire du CRGA, Université Jean Moulin Lyon 3, Hervé Gazel, Maître de Conférences, Université Jean Moulin Lyon 3 (UMR EVS-CRGA), Michel Mietton, Professeur, Université Jean Moulin – Lyon 3 (UMR EVS-CRGA), Jean-Philippe Pierron, Maître de Conférences HDR, Université Jean Moulin Lyon 3 (EA Santé Individu Société), Emmanuel Thimonier, Chargé d’études, UrbaLyon et chercheur (UMR EVS-CRGA).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 10 février 2014.