Avec quels projets une commune peut-elle favoriser l’insertion des jeunes par le travail ?
Territoires et Emplois. Un territoire donné – en l’occurrence ici, une commune – comprend une réalité visible (ses rues, ses équipements, ses monuments, ses maisons…) et des réalités vécues, non visibles directement, qui doivent faire l’objet d’enquêtes pour être appréhendées. Il en est ainsi de l’emploi dans une commune. Qui travaille et qui ne travaille pas ? Qui est à la recherche d’un travail ? Qui est au chômage ?
Cette réalité se décline à chaque niveau d’emboîtement des territoires (commune, intercommunalité, département, région, métropole, ensemble de la France). On se livre ici au jeu de la comparaison des valeurs et des pourcentages : où y a-t-il plus de chômage ? Où y a-t-il moins de chômage ?
- 2006-2010. Le taux de chômage à Savigny-sur-Orge est inférieur au taux de l’ensemble de la France.
- 2011. Le taux de chômage à Savigny-sur-Orge est identique au taux de l’ensemble de la France (9,7%).
- 2014. Le taux de chômage à Savigny-sur-Orge est supérieur au taux de l’ensemble de la France.
Il est évident que cette situation requiert une attention de tous les acteurs de la commune. D’autant plus qu’il s’agit d’une moyenne et que le chômage touche plus sévèrement les jeunes, particulièrement dans certains quartiers de la commune. A la date du 9 mai 2018, l’INSEE en France ne fournit aucun chiffre postérieur à l’année 2014.
Quel est le taux de chômage des 15-24 ans en France ? L’Organisation internationale du travail définit le chômage comme « la situation de la main-d’oeuvre disponible pour travailler, qui est à la recherche d’un emploi, et qui ne réussit pas à en trouver ». Pour le centre de recherche Perspective Monde de l’Université de Sherbrooke (Canada), la situation du chômage en France pour les 15-24 ans s’établit en 2017 à un taux de 24,58 %. Pour les années à venir, les projections qu’ils ont établies prend en compte la situation structurelle de l’économie française. Elles ne prévoient en aucun cas une diminution du chômage mais, au contraire, une augmentation régulière. (1)
Taux de chômage des 18 – 24 ans en France
- 2017. 24,58 %
- 2018. 24,72 %
- 2019. 24,85 %
- 2020. 24,98 %
Quelles initiatives pour changer la situation ? C’est dans ce contexte d’augmentation du chômage dans la commune que deux habitants proposent de créer une entreprise d’insertion par l’emploi sous la forme d’un atelier coopératif de menuiserie sous le nom de « Urban Style. Une menuiserie dans les quartiers ».
Elle prendrait la forme d’une société coopérative de production (SCOP) dont le capital serait réparti pour 1/3 par les jeunes habitants de la commune, 1/3 par les habitants et 1/3 par les entreprises. Ses produits seraient constitués par des mobiliers conçus, fabriqués et vendus à partir de matériaux neufs et/ou d’occasion afin d’être recyclés.
DOCUMENT
SAVIGNY-SUR-ORGE : UNE MENUISERIE D’INSERTION
EN PROJET AU CŒUR DE GRAND-VAUX
Deux associés travaillent sur l’installation d’une menuiserie coopérative dans le quartier de Grand-Vaux où des jeunes du quartier, éloignés de l’emploi, seraient embauchés et actionnaires.
A 62 ans, Bernard Blanchaud, a conservé intact son esprit d’entreprendre. Ce chef d’entreprise, également élu d’opposition (LREM) à Savigny-sur-Orge, apporte actuellement les dernières touches à un projet d’entreprise d’insertion par le travail qui pourrait voir le jour dès janvier 2019 sur le quartier de Grand-Vaux.
« Mon mandat d’élu m’a aidé à prendre conscience de certaines réalités présentes sur les quartiers populaires de notre ville comme Grand Vaux ou les Prés-Saint-Martin. Surtout en ce qui concerne la situation des jeunes », confie-t-il. Associé à Nicolas Fernandes, jeune chauffeur-livreur de 26 ans originaire de Grand Vaux, il s’est fixé l’objectif d’ouvrir une menuiserie à statut de coopérative de production (SCOP). « Dans un premier temps, on partirait avec 36 actionnaires, révèle Bernard Blanchaud. Un tiers d’entre eux seraient des jeunes issus de ces quartiers, un tiers des particuliers et le dernier tiers serait composé de chefs d’entreprise de la région. »
Mobilier urbain et meubles
Dans un premier temps, cette menuiserie pourrait intégrer les locaux d’une ancienne supérette de Grand Vaux, désormais fermée, sous la forme d’un bail précaire. Puis, dans le cadre de l’opération ANRU dont va bénéficier ce grand ensemble, Bernard Blanchaud espère voir sa SCOP intégrer des locaux neufs dans la zone artisanale prévue en bordure du quartier.
Le public visé par cette menuiserie solidaire est celui concerné par le dispositif d’insertion par l’activité économique (IAE), à savoir très éloigné de l’emploi. « Pôle emploi et les missions locales nous enverrons leurs 16-25 ans que nous formerons mais ce dispositif peut aussi concerner les seniors en fin de droits notamment », explique le chef d’entreprise. Chaque candidat retenu profitera d’une formation de six mois aux métiers du bois naturellement mais également à l’ensemble des maillons d’une entreprise commerciale comme la comptabilité, le secrétariat ou les méthodes de vente. « Nous allons démarrer avec un salarié à plein temps spécialisé dans la production du bois et une équipe de bénévoles », complète Bernard Blanchaud qui a déjà débuté sa prospection. Des réunions d’information sont organisées dans la commune et des affiches ont été placardées à Grand Vaux ou aux Pré-Saint-Martin. « C’est un appel à toutes les bonnes volontés. Il faut aussi que des particuliers s’investissent pour que ce projet existe », poursuit-il.
Une fois lancée, la menuiserie s’attaquera à deux marchés différents. Celui du mobilier urbain comme les bancs ou tables de pique-nique et celui d’un mobilier davantage adressé aux particuliers. « On veut développer un site Internet de e-commerce pour la vente de produits tendances réalisés à partir de tonneaux recyclés et de palettes. Il s’agit d’une toute nouvelle activité », révèle Bernard Blanchaud qui se heurte à un ultime obstacle, celui du financement. « Un partenaire financier s’est déjà déclaré intéressé puisque ce projet bénéficie des mesures en faveur des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPC), poursuit-il. Reste maintenant à trouver des prêts complémentaires. »
RÉFÉRENCES DE L’ARTICLE
« Savigny-sur-Orge : une menuiserie d’insertion en projet au cœur de Grand-Vaux », Le Parisien Essonne, 6 mai 2018. Article de Laurent Degradi. http://www.leparisien.fr/essonne-91/savigny-sur-orge-une-menuiserie-d-insertion-en-projet-au-coeur-de-grand-vaux-06-05-2018-7701789.php
RÉFÉRENCES
1. « Chômage. % de la main d’oeuvre totale âgée de 15 à 24 ans », in Perspective monde, Outil pédagogique des grandes tendances mondiales depuis 1945, UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE (Canada). http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=FRA&codeTheme=8&codeStat=SL.UEM.1524.ZS
« Les projections sont établies à partir d’une tendance linéaire des cinq dernières valeurs réelles. L’équation de régression est construite ainsi : constante = -246.965, coefficient de régression = 0.135. Le calcul est simple : au produit de l’année par le coefficient de régression, on additionne la constante. On obtient alors la valeur estimée. »
Le site de Perspective Monde de l’université de Sherbrooke a été fondé en 2000 par Jean-Herman Guay, professeur titulaire à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke. Professeurs, professionnels de recherche, chargés de cours et étudiants ont contribué à son développement et son rayonnement. L’idée maîtresse est simple : fournir une plate-forme conviviale, gratuite, avec des contenus variés qui permettent de comprendre le monde contemporain.
LÉGENDES DES ILLUSTRATIONS
Savigny-sur-Orge. Urban Style. Une menuiserie dans les quartiers. Entreprise d’insertion par l’emploi. Extrait du dossier de présentation, 7 mai 2018.
© Bernard MÉRIGOT, 9 mai 2018, 23 heures.
ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2018
http://portes-essonne-environnement.fr