Archives de catégorie : Histoire locale

Les privilèges et les risques de l’histoire locale (Guy THUILLIER et Jean TULARD). Interview

« L’historien local a des privilèges. Il a un terrain de chasse privilégié, un temps libre assuré, il peut mener son effort », écrivent Guy THUILLIER et Jean TULARD dans leur livre Histoire locale et régionale. Ils poursuivent. « Mais on voit bien les risques : un sentiment de la propriété exagéré, la fermeture sur soi, la surestimation des travaux, une dispersion fâcheuse, l’incapacité de transmettre son savoir ». (1) Ils appellent l’historien local à réagir contre ce que les deux auteurs désignent sous le terme de « dérives ».

Nous avons interrogé Bernard MÉRIGOT autour de l’expérience de la publication en 2005 du livre Mémoire en images : Savigny-sur-Orge. (2) (3)

Histoire locale TULARD

Guy THUILLIER et Jean TULARD, Histoire locale et régionale, PUF, 1992.

L’HISTOIRE LOCALE EN LIGNE

Question. Qu’est-ce qui fait exister l’histoire locale ?
Bernard MÉRIGOT.
Il est essentiel de considérer qu’aucune « histoire » n’existe « en soi ». Il y a deux conditions pour qu’elle existe.

  • Premièrement, elle doit être constituée. Ce qui « existe », ce sont des documents. Le travail de la recherche historique consiste à les trouver, les identifier, les dater, les analyser… pour en faire un récit. Ces documents ne sont pas tous préexistants : pour une part, ils doivent être « inventés », c’est-à-dire produits (photographies, entretiens…). Un document isolé ne signifie rien tant qu’il n’est pas mis en perspective par une problématique et mis en rapport avec d’autres documents.
    http://www.savigny-avenir.fr/2007/11/20/patrimoine-et-recherches-en-histoire-locale/
  • Deuxièmement, elle doit être publiée, c’est-à-dire, mise à la disposition de tous. Pendant des siècles, cela s’est fait par le livre. Cela se fait encore par le livre, mais de moins en moins. Aujourd’hui, depuis le tournant des années 2000, le mode de recherche, d’identification, d’accès… des documents se fait, depuis le monde entier, par Internet. Cela entraine des conséquences : ce n’est plus le document matériel qui est important, mais l’identification du document (textes, images, enregistrements, vidéos…), et son accès, sous une forme numérique (scan, jpeg…). La « richesse » d’une documentation pour un travail de recherche n’est plus matérielle (des livres), mais est constituée par des données (un accès Internet, leur téléchargement). L’enjeu est désormais de trouver ces données, et d’en garder durablement la trace.
    http://www.savigny-avenir.fr/bernard-merigot/histoire-de-savigny-sur-orge/

MISE EN LIGNE DE TOUS DOCUMENTS PUBLICS

Question. Qu’en est-il de l’édition par Internet de documents historiques et de documents publics ?
Bernard MÉRIGOT.
Comment apprécier à un moment donné l’état (la richesse ou la pauvreté…) d’un fonds de documents historiques ou de documents  publics ? Tout simplement par l’existence des documents qui sont en ligne sur Internet et accessibles, par tous et à tout moment, dans le cadre de l’Open Data. Il s’agit à la fois des documents originaux bruts (scan de document public, de document d’archive…) et, bien évidemment, de leur références administratives, archivistiques, bibliographiques, muséales… On observe aujourd’hui la pauvreté de beaucoup de sites « officiels » de
mairies et de collectivités locales. Elles sont dans la «communication», c’est-à-dire dans le secret et la rétention d’informations, mais pas dans l’Open Data. En revanche, de très nombreux documents publics sont rendus publics par des associations ou par des initiatives individuelles.

DOCUMENTS HISTORIQUES ET DOCUMENTS PUBLICS

Question. Donc, tous les documents publics sont des documents historiques ?
Bernard MÉRIGOT.
L’histoire ne s’arrête pas. Il n’y a pas d’une part les documents concernant le Maréchal DAVOUT (1770-1823) qui relèveraient de l’histoire et, d’autre part, les comptes rendus du conseil municipal de 2015 qui ne possèderaient pas de qualité historique. Cette conception est erronée : tout ce qui se passe dans un territoire concerne l’histoire de ce territoire. Le plan local d’urbanisme de la commune de Savigny-sur-Orge (37 000 habitants) vient en enquête publique le 18 janvier 2016. Où trouve t-on le pdf du dossier complet ? Si on effectue une interrogation (le 12 janvier 2016) sur le site officiel de la mairie de
Savigny-sur-Orge (www.savigny.org), ce document est inexistant. Le dernier document en ligne date de 2012, soit il y a quatre ans ! En revanche, on le trouve le pdf complet sur des sites d’associations. Depuis le 28 octobre 2015, sur http://portes-essonne-environnement.fr/les-documents-du-projet-de-plan-local-durbanisme-plu-de-savigny-sur-orge-rendus-publics-par-pee/ ; depuis le 5 janvier 2016, sur https://oliviervagneux.wordpress.com/2016/01/05/savigny-sur-orge-lance-lenquete-publique-pour-son-plan-local-durbanisme-plu/

POLITIQUES PUBLIQUES LOCALES

Question. Qu’est-ce qu’une politique publique locale à l’égard de l’histoire ?
Bernard MÉRIGOT.
Qu’est-ce qu’une politique publique locale ? C’est le fait de mettre en œuvre des moyens publics pour des actions et des réalisations d’intérêt général. Chaque commune, et chaque communauté, pour les compétences qu’elle exerce, conduit de facto – même de façon inconsciente – une politique publique locale culturelle, sportive, sociale, scolaire… Chacune se traduit par des décisions et par l’inscription au budget de la collectivité des dépenses d’investissement et de fonctionnement correspondantes.

Dans le domaine de la politique municipale à l’égard de l’histoire, cela s’est traduit, dans le cas présent, par un soutien apporté par Jean MARSAUDON, le député maire, et par l’incorporation du projet au récit de la politique publique locale.

On peut dire qu’il y a, mutatis mutandis,  un « fait du maire », comme on dit dans le langage courant, un « fait du prince », c’est-à-dire un acte arbitraire émanant du responsable d’un exécutif : un maire, ou une municipalité, peut décider une chose. Rien ne les y oblige. Ils peuvent aussi ne pas décider cette chose. Ou encore, un maire peut décider une chose, et son successeur décider le contraire. Dans tous les cas, il convient de porter un regard critique sur le système  aux motifs de la décision qui crée, comme à celle qui annule, et au récit qui est fait de cette politique publique.

L’histoire locale ne saurait être monophonique. Il ne faut pas confondre une histoire locale officielle, faite par le maire et par l’administration, et l’histoire locale critique, qui est nécessairement polyphonique.

Il est évident que les politiques publiques locales, pour un secteur donné, ne suivent jamais une évolution linéaire, mais plutôt sinusoïdale, avec des hauts et des bas. Il y a des avancées et des reculs, des actions qui sont engagées. En 1991, Jean MARSAUDON (maire de 1983 à 2008) crée le service du Patrimoine (un bureau, un fonctionnaire à temps plein, un budget). En 2009, Laurence SPICHER-BERNIER (maire de 2008 à 2014) supprime le service du Patrimoine (plus de bureau, plus de fonctionnaire, cessation des actions en cours, dispersion et destruction des archives du service).
http://www.savigny-avenir.fr/2010/09/09/la-fin-du-service-du-patrimoine-1991-2009/

HISTOIRE GLOBALE, HISTOIRE LOCALE

Question. En quels termes l’histoire globale et l’histoire locale ont-elles été décrites par le feu le député-maire lors de la publication de l’ouvrage Mémoire en images : Savigny-sur-Orge ?
Bernard MÉRIGOT.
Dans sa préface, Jean MARSAUDON cite l’historien Raoul GIRARDET : « Il existe une mémoire officialisée, codifiée, pérennisée : celle d’une démarche historique reconnue dans sa spécificité méthodologique qui étend sa curiosité jusqu’aux premiers pas de l’aventure humaine. Mais il existe aussi une mémoire d’une plus courte durée, parcellisée, individualisée : celle du souvenir personnel, d’une réalité momentanément vécue et dont l’image et le récit se trouvent retransmis de génération en génération. »

Il concluait : « Par cette publication, ces deux mémoires se trouvent réunies. Celle de l’histoire globale, reconstituée, intellectualisée, interprétée. Et celle de l’histoire locale, partielle, héritée, riche d’un passé vécu, personnel, familial. Leur rencontre constitue des repères précieux pour mieux aborder l’avenir. » (4)

RÉFÉRENCES
1. THUILLIER Guy et TULARD Jean, Histoire locale et régionale, PUF, 1992, p.
2. Bernard MÉRIGOT, adjoint au maire de Savigny-sur-Orge (1983-2009), conseiller municipal (2009-2014).
3. Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge (Christian AUCLAIR, Henri BONNIN, Annie DEPRINCE, Simone DUSSART, Françoise JOSSEAUME, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Muriel VAILLANT, préface de Jean MARSAUDON), Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2005 (première édition),  128 p., ISBN 2-84910-340-3.

Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge (Christian AUCLAIR, Henri BONNIN, Annie DEPRINCE, Simone DUSSART, Françoise JOSSEAUME, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Muriel VAILLANT, préface de Jean MARSAUDON), Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2008, (seconde édition), 128 p., ISBN 2-84910-340-3.
4. MARSAUDON Jean, « Préface », Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2005, p. 7, ISBN 2-84910-340-3.

NOTE
Co-publication de cet article sur le site www.savigny-avenir.fr et le présent site Internet.

© Marie LAPEIGNE, Bernard MÉRIGOT, 14 janvier 2016.

Cartes postales anciennes de Savigny-sur-Orge : une histoire locale en vidéo (2006)

Ou comment un ouvrage d’histoire locale est-il né à Savigny-sur-Orge en 2005 ? Ou comment mettre l’histoire locale au service des intelligences informationnelle et territoriale d’aujourd’hui au moment de l’élaboration du plan local d’urbanisme (PLU) ?

SSO VUE AERIENNE vers 1955

Vue aérienne des coteaux de Savigny-sur-Orge prise vers 1955, du collège Paul-Bert vers le Plateau. Collection privée ML.

Le Groupe de recherche sur l’histoire de Savigny-sur-Orge
En février 1998, sous la direction de Gérard FAM, un groupe de cartophiles se réunit en section « Savigny-sur-Orge par les cartes postales » au sein de l’association Art et loisirs à Savigny afin d’inventorier et d’étudier les cartes postales publiées sur la commune de Savigny-sur-Orge. (1) Très vite, il entrevoit la possibilité de mieux appréhender ce qu’aujourd’hui l’association Portes de l’Essonne Environnement appelle l’intelligence territoriale savinienne, du Moyen Âge aux années 1980, en élargissant l’étude de ces images cartonnées par celle de l’histoire de la ville et de ses habitants.

CHATEAU GRAVURE

Lithographie de 1845 réalisée depuis l’actuelle avenue Charles-de-Gaulle, carte postale écrite en avril 1915. Collection privée ML.

Soutenus par la municipalité de l’époque, les érudits locaux décident d’organiser une première exposition à la salle des fêtes, en novembre 2001, en adjoignant aux cartes postales de nombreuses sources originales diverses et variées – plans, écrits, archives municipales, ouvrages, objets, etc. (2) Fort d’un franc succès, un catalogue regroupant les principaux documents présentés est envisagé. Gérard FAM ne peut hélas plus poursuivre l’aventure. Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, historienne, le remplace en décembre 2001. Elle supervise la réalisation d’un second montage de l’exposition à la Bibliothèque-Médiathèque André-Malraux de Savigny en janvier 2002. (3)

Les cartophiles partent en quête de nouveautés chez les différents collectionneurs du secteur. L’association d’accueil ne leur est plus d’utilité. Ils se constituent donc en Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge avec un port d’attache, la mairie, son service du Patrimoine et son service des Archives. (4)

SSO CAFE MATHUBERT

Café Mathubert, près de la gare de Savigny-sur-Orge, carte postale affranchie en 1918. Collection privée AM.

Le temps passe. En février 2005, à la demande du député-maire Jean MARSAUDON passionné par l’histoire napoléonienne et par l’histoire de sa ville, la publication du catalogue est relancée sous la direction de Bernard MÉRIGOT, maire adjoint chargé du Patrimoine et des Syndicats intercommunaux, directeur et co-auteur du bulletin « La Mémoire de Savigny-sur-Orge » depuis plus de dix ans. (5) Il se transforme en véritable livre : Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, publié en septembre 2005 par les éditions Alan Sutton. Autre succès. En à peine quelques mois, l’édition est épuisée ! (6)

LIVRE CP 2005 1-4

Première et quatrième de couverture de l’ouvrage « Mémoire en images : Savigny-sur-Orge », Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge, Alan Sutton, septembre 2005 (réédition 1er trimestre 2008), 128 p., ISBN : 2-84910-340-3.

En décembre 2005, le député maire et son adjoint proposent au Groupe la vente du livre sur un stand professionnel, celui du libraire Thierry AUNEAU (« Atout papier »), lors de la prochaine cérémonie des vœux. L’idée germe d’un montage d’une vidéo regroupant les principales cartes postales exposées en 2001, symboles de passé mais aussi richesses pour l’histoire urbanistique présente.

SSO GRAND VAUX

Le pré aux Houches au temps des chevaux, quartier de Grand-Vaux à Savigny-sur-Orge, carte postale écrite en 1976. Collection privée DB.

La vidéo
Un choix est effectué par l’auteure principale de l’ouvrage, en accord avec les cartophiles du Groupe et les élus. Le montage de la vidéo est confiée à Christian DENIS, photographe prestataire de la mairie. Cette vidéo est présentée lors des vœux de la municipalité aux Saviniens le 14 janvier 2006. Dix ans plus tard, elle n’est toujours pas en ligne sur le site Internet de la ville que ce soit en rubrique « Archives & Histoire » ou en rubrique « P.L.U. » ! Aussi, l’association Portes de l’Essonne Environnement a t-elle décidé de publier ce document visuel public (7) :

Vidéo montée par Christian DENIS, sous la direction de Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT,
responsable du Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge,
afin de présenter l’ouvrage Mémoire en images : Savigny-sur-Orge
publié aux éditions Alan Sutton en 2005 (128 p). (8)
Durée de la vidéo : 5 minutes 10 secondes.
Cliquer sur le triangle au centre de l’écran pour la démarrer.

L’ouvrage est réédité au cours du 1er trimestre 2008, suite au décès de la conseillère générale Simone DUSSART et à la tenue d’une nouvelle exposition de cartes postales en novembre 2007. (9) Un an plus tard, la nouvelle maire de la commune décide de ne plus soutenir le Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge. Il est interdit de réunion en mairie. Le nouveau livre en préparation est en danger. Les sources originales publiques deviennent inaccessibles. Le service du Patrimoine est dissout à la rentrée 2009. Le maire adjoint chargé du Patrimoine retire sa confiance au maire et démissionne de sa fonction en octobre 2009…

Les panneaux de la seconde exposition et des sources originales privées prêtées sont restés soit chez le prestataire de la mairie, soit dans les locaux de la mairie, depuis plusieurs mois en attente de numérisation… Que sont-ils devenus ? Ont-ils été remis ou déposés au service des Archives après octobre 2009 ? En tous les cas, le second livre ne s’est pas fait, faute de moyens et des documents non rendus par la mairie. Pourtant, une manifestation est prévue à Savigny-sur-Orge le week-end des 23 et 24 janvier 2016 autour du livre historique et de « L’histoire de Savigny-sur-Orge par les cartes postales ». Certains membres du Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge et l’ancien adjoint au maire chargé du Patrimoine (de 1989 à 2009) n’ont pas été contactés par les élus actuels, ni invités à découvrir cette manifestation. Une affaire politique… (10)

Une histoire locale citoyenne
Dommage, car l’Histoire n’est la propriété de personne. Elle appartient à toutes les générations passées, présentes et à venir ! L’histoire des lieux ne devrait pas avoir d’étiquette politique. Elle est citoyenne. La conserver, la faire vivre, l’enseigner, la transmettre, la faire aimer forment « une tâche essentielle pour toute collectivité », écrivait Jean MARSAUDON dans les années 1990-2000. (11)

Il ne s’agit pas, ici, d’une appropriation de l’histoire de la commune par telle ou telle personne, telle ou telle entité. Les érudits locaux et les historiens sont des vecteurs de transmission de découvertes, de savoirs, d’instants passés vécus. Ils suscitent des curiosités, sauvegardent la mémoire locale en la faisant resurgir de l’oubli ou en la préservant de la destruction. Selon Bernard MÉRIGOT, « c’est le devoir de chaque génération d’assurer les conditions qui permettent de transmettre aux générations qui lui succèderont, aussi bien ce qu’elle a reçu que ce qu’elle réalise elle-même ». (12) Les collectivités territoriales sont ainsi des facilitatrices de communication de l’histoire locale, une histoire publique. Pour la faire vivre, celle-ci dépend de toutes les bonnes volontés, professionnelles et érudites, privées et publiques, sans condition. Ce n’est apparemment pas le cas à Savigny-sur-Orge depuis 2009. (13) A vous de juger.

SSO AB

Carrefour de la route de Montlhéry et de la rue Edouard-Branly à Savigny-sur-Orge, carte postale affranchie en 1928. Collection privée ML.

RÉFÉRENCES
1. Les premiers membres du groupe de cartophiles et érudits locaux étaient, par ordre alphabétique : Christian AUCLAIR, Simone BONNIN puis, après son décès, son époux Henri BONNIN, Gérard FAM (quatre Saviniens détenteurs de collection de cartes postales et d’archives privées), Françoise JOSSEAUME (ancienne maire-adjointe de 1981 à 1987, appartenant à une très vieille famille savinienne, férue d’histoire locale et possédant un fonds d’archives privées important), Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT (historienne, auteur, co-auteur de nombreux livres et d’articles en rapport avec l’histoire locale et patrimoniale, chargée de la collecte des documents et de la rédaction du manuscrit « Mémoire en images : Savigny-sur-Orge »).

Livre CP SSO Preface

Préface du député-maire Jean MARSAUDON, p. 7 de l’ouvrage « Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, édition 2005.

2. L’exposition « 380 cartes postales de Savigny-sur-Orge » a été présentée du 25 au 27 octobre 2001 à la salle des fêtes de Savigny-sur-Orge.

380 CP SSO AFF EXPO 2001

Carte postale d’invitation à l’exposition « 380 cartes postales de Savigny-sur-Orge », présentée du 25 au 27 octobre 2001 à la salle des fête de Savigny-sur-Orge par le groupe d’étude « Savigny-sur-Orge par les cartes postales ». Collection privée CAD.

3. L’exposition a été adaptée au dimension de salle d’exposition de la Bibliothèque-Médiathèque André-Malraux afin de poursuivre l’ouverture au public du 18 au 30 janvier 2002, notamment des scolaires visiteurs et participants au concours sur les cartes postales organisé dans le cadre du Prix du Patrimoine 2002 de la ville de Savigny-sur-Orge.

SSO AV 11 NOVEMBRE

Avenue du 11 novembre à Savigny-sur-Orge, carte postale écrite en 1929. Collection privée SD.

4. Au fil du temps, se sont intégrés au groupe d’étude originel : Annie DEPRINCE (fonctionnaire territoriale de la ville de Savigny-sur-Orge, responsable du service des Archives et de la documentation), Simone DUSSART (conseillère générale, passionnée d’histoire locale à travers les cartes postales), Bernard MÉRIGOT (maire adjoint de 1981 à 2009, chargé du Patrimoine, des Syndicats intercommunaux et du Développement durable, appartenant à une vieille famille savinienne, et dont la grand-mère a été conseillère municipale et présidente de la Croix-Rouge locale, possédant un fonds d’archives privées important) et Muriel VAILLANT (fonctionnaire territoriale de la ville de Savigny-sur-Orge, responsable du service du Patrimoine).

SSO COUR MAIRIE v1950

Cour de la mairie de Savigny-sur-Orge dans les années 1950, avec la borne n° 10 ornée d’un bonnet phrygien. Collection privée AM.

5. Sous la direction de Bernard MÉRIGOT, « La Mémoire de Savigny-sur-Orge », 18 numéros parus entre septembre 1993 et janvier 2008.

MSSO - Septembre 1993 p1

Ville de Savigny-sur-Orge, sous la direction de Bernard MÉRIGOT, « La Mémoire de Savigny-sur-Orge », n° 1, septembre 1993, p. 1. Fond privé BM.

6. Réunis en membres du Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge, les cartophiles publient  Mémoire en images : Savigny-sur-Orge aux éditions Alan Sutton sous la direction de l’historienne professionnelle, Sylvie MONNIOTTE, qui a conçu les notices, les introductions, puis défini l’imposition des cartes postales dans l’ouvrage. Chacun y a apporté sa pierre, chacun a été considéré comme auteur et a perçu des droits d’auteur, y compris les fonctionnaires… Les pages de cet ouvrage sont/seront disponibles en pdf sur le site www.savigny-avenir.fr : http://www.savigny-avenir.fr/2016/01/02/savigny-sur-orge-lhistoire-par-le-livre-en-ligne-petite-histoire-de-la-commune/ ; http://www.savigny-avenir.fr/2016/01/05/savigny-sur-orge-lhistoire-par-le-livre-en-ligne-1-le-chateau/ ; http://www.savigny-avenir.fr/2016/01/07/savigny-sur-orge-lhistoire-par-le-livre-en-ligne-2-autour-du-chateau/http://www.savigny-avenir.fr/2016/01/09/savigny-sur-orge-lhistoire-par-le-livre-en-ligne-3-le-quartier-de-la-gare/ (publication des autres chapitres à suivre prochainement sur ledit site).

SSO GARE 1904

La gare de Savigny-sur-Orge inaugurée en 1904, carte postale écrite en 1916. Collection privée HB.

7. La vidéo avait été dupliquée en plusieurs exemplaires, remis notamment à certains élus, à des services municipaux et Groupe d’étude… Quant à l’ouvrage, il est consultable à la Bibliothèque-Médiathèque André-Malraux.

SSO RUE NOUVELLE 2

La pharmacie Normale de la rue Nouvelle à Savigny-sur-Orge, carte postale écrite en 1908. Collection privée ML.

8. Le Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge n’existe plus. Il n’est donc plus domicilié en mairie de Savigny-sur-Orge.
9. Exposition « Savigny au siècle dernier. Exposition de cartes postales sur les comme
rces, les écoles, La Savinière » a été présentée du 21 au 25 novembre 2007 à la salle des fêtes de Savigny-sur-Orge. Voir la présentation de cette exposition sur le site Internet www.savigny-avenir.fr (http://www.savigny-avenir.fr/2007/11/01/savigny-sur-orge-au-siecle-dernier-les-commerces-les-ecoles-la-saviniere/) et dans la plaquette « La Mémoire de Savigny-sur-Orge » sous la direction de Bernard MÉRIGOT, n° 16, novembre 2007 (12 p., pdf : MSSO – Novembre 2007).

SAVIGNY SIECLE DERNIER AFF EXPO CP 2007

Affiche de l’exposition « Savigny au siècle dernier. Exposition de cartes postales sur les commerces, les écoles, La Savinière « , présentée du 21 au 25 novembre 2007 à la salle des fête de Savigny-sur-Orge par le Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge. Fonds privé CAD.

MSSO - Novembre 2007

Ville de Savigny-sur-Orge, sous la direction de Bernard MÉRIGOT, « La Mémoire de Savigny-sur-Orge », n° 16, novembre 2007, p. 1. Fond privé BM.

10. Pour rédiger cet article, nous avons rencontré certains cartophiles, membres du Groupe d’étude. Si Éric MEHLHORN, maire (LR), et ses adjoints chargés étaient un peu censés, ils aideraient à la renaissance du Groupe d’étude d’histoire locale de Savigny-sur-Orge afin de soutenir la publication du second livre d’histoire locale par les cartes postales dont l’élaboration était bien avancée ! D’autant que, nous avons appris en écrivant cet article, que les parents de l’actuelle première adjointe avaient rejoint le Groupe en 2008. Mais, pour des raisons strictement politiques, hélas, les élus actuels n’en feront rien…
Une manifestation doit avoir lieu les 23 et 24 janvier 2016 sur le site administratif de la mairie, organisée par la municipalité mehlhornienne. L’ancienne responsable et auteure principale du Groupe d’étude (Sylvie MONNIOTTE), le maire adjoint honoraire chargé jadis du Patrimoine et de la Bibliothèque-Médiathèque André-Malraux (Bernard MÉRIGOT) et certains auteurs, cartophiles de Savigny et membres du Groupe, tous résidant encore à Savigny-sur-Orge, nous ont indiqué qu’ils n’avaient pas été contactés pour retracer l’histoire du Groupe d’étude sur l’histoire locale, celle de l’ouvrage Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, celle des nombreuses manifestations autour du livre présidées par l’adjoint durant 20 ans à la bibliothèque-médiathèque, ou encore celle du bulletin « La Mémoire de Savigny-sur-Orge ». Cette manifestation s’intitule pourtant « L’histoire par le livre. 1ère rencontre autour du livre historique » et une exposition de cartes postales « Histoire de Savigny-sur-Orge au travers des cartes postales ».
Retrouverons-nous le fond des fameux panneaux de la seconde exposition (rédactionnels, agrandissements…) et des sources originales non restitués aux membres du Groupe ? Le maire Eric MEHLHORN et son service des Archives se serviront-ils du travail du Groupe, du premier ouvrage, du projet presque achevé du second, des « Mémoires » locales, sans avoir la courtoisie républicaine d’informer de la tenue de cette manifestation certains anciens érudits locaux ? Nulle doute que la réponse soit oui !

SSO ECOLE FB

Enfants et instituteurs au milieu de l’avenue de la Gare, à proximité de l’école communale de garçons (Ferdinand-Buisson), lieu d’apprentissage des valeurs républicaines comme la courtoisie… Carte postale écrite en 1907, collection privée CAD.

11. Citation figurant dans de nombreuses préfaces de Jean MARSAUDON publiée en une de couverture du bulletin « La Mémoire de Savigny-sur-Orge » (cf. op. cit. illustration de la note n° 5)
12. Bernard MÉRIGOT n’a cessé d’écrire et de réécrire cette phrase dans les éditoriaux des différentes publications municipales dont il avait la direction entre 1993 et 2008, en en faisant une référence. Il la signe pour la première fois en septembre 1993, lors de la parution du n° 1 de « La Mémoire de Savigny-sur-Orge » (8 p., pdf : MSSO – Septembre 1993).

MSSO - Septembre 1993 p2

Ville de Savigny-sur-Orge, sous la direction de Bernard MÉRIGOT, « La Mémoire de Savigny-sur-Orge », n° 1, septembre 1993, p. 2. Fond privé BM.

13. Lire l’interview de Bernard MÉRIGOT, co-publiée sur le site Internet www.savigny-avenir.fr et sur le site de PEE, à la suite de cet article, le 14 janvier 2016 : « Les privilèges et les risques de l’histoire locale (Guy THUILLIER et Jean TULARD). Interview ».

© Marie LAPEIGNE, 14 janvier 2016.

1946 – 2016 : il y a 70 ans, les Américains rendaient l’aéroport de Paris-Orly aux Français

A l’heure où la rénovation et l’extension de l’aéroport de Paris-Orly sont de plus en plus contestées par les associations environnementales qui, en 2015, ont déposé un recours au tribunal administratif de Versailles contre le permis de construire d’un bâtiment de jonction entre les deux aérogares Ouest et Sud. (1)

A l’heure où les populations riveraines et survolées sont en droit de se demander si cela ne cache pas une volonté de la société Aéroport de Paris (ADP) d’accroître le trafic sur cette plate-forme aéroportuaire et de faire sauter les verrous du plafonnement et du couvre-feu nocturne. (2)

A l’heure où les nuisances exponentielles épuisent les Sud-Franciliens qui se prennent à rêver d’une délocalisation d’Orly. (3)(4)

Et, dans le cadre de sa démarche d’intelligence territoriale éclairée par l’histoire locale, l’association Portes de l’Essonne Environnement vous propose de découvrir un article publié en 1950 dans la revue SESAM (Société savante et artistique de la banlieue parisienne sud) : « L’aéroport de Paris-Orly » par Louis BRUNEL. (5)

SESAM BRUNEL ORLY 1

Illustration de l’article de Louis BRUNEL, « L’aéroport de Paris-Orly », SESAM, 1950, p. 356.

Créé pendant la Première Guerre mondiale par les Américains sur la plaine du Longboyau à proximité de zones habitées, l’aérodrome d’Orly est une base arrière dans les opérations de défense et d’offensive contre l’Allemagne. Les premiers bâtiments réservés à l’aviation civile sont édifiés entre 1921 et 1923. Orly devient sept ans plus tard un des principaux centres français de l’aviation de tourisme. Les années 30 voient fleurir de nombreuses sociétés privées dites clubs d’aviation. En septembre 1939, les services de l’Armée de l’air française réquisitionnent terrains et hangars. Mais, avec l’arrivée des Allemands, l’aérodrome passe sous l’autorité de la Luftwaffe qui s’empare des terrains avoisinants et crée les deux premières pistes en ciment (Nord-Sud, Est-Ouest). Bombardé en mai et juin 1944 par les Alliés, les premiers appareils de l’US Air Forces atterrissent à Orly le 22 août : les Américains occupent Orly, le remettent en état, installent les prémices d’une technologie moderne (tour de contrôle, radio-guidage des avions en vol et télécommunications au sol). Le 7 novembre 1944, l’aérodrome militaire modernisé est rendu par le gouvernement américain à son homologue français. (6)

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Vue aérienne extraite de l’article de Louis BRUNEL, « L’aéroport de Paris-Orly », SESAM, 1950, p. 352. On aperçoit les trois pistes de l’aéroport, le vieil Athis (au premier plan), la mairie, le parc d’Avaucourt, l’église, le château, la cité Air-France, la ville de Paris et la tour Eiffel (en arrière-plan).

L’actuel Paris-Orly et le Grand Orly se profilent à l’horizon en 1948-1950. Jugez-en plutôt avec ces lignes sur l’avant-projet résumé par l’érudit BRUNEL : « L’Aéroport d’Orly doit être considérablement agrandi et devenir au stade extrême de son développement la pièce maîtresse de l’équipement aérien de la Région Parisienne et même de la France… Cet effort doit pourtant être consenti par la France, quelles que soient les difficultés présentes, car notre Pays ne saurait rester à l’écart de cette nouvelle activité internationale qui lui permettra d’augmenter son influence et qui sera sans aucun doute profitable à son économie. »

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« Avant-projet de l’aéroport d’Orly, plan général », extrait de l’article de Louis BRUNEL, « L’aéroport de Paris-Orly », SESAM, 1950, p. 349.

Intrigués par cet avant-projet et les similitudes d’éléments de communication employés par l’érudit et les dirigeants d’ADP sur la « nécessaire » extension d’Orly aujourd’hui ? Faites une pause « histoire locale », lisez l’article de Louis BRUNEL (pdf) : SESAM PARIS ORLY 1950.

Et dans tout cela, où se situe le riverain d’hier et d’aujourd’hui ?

RÉFÉRENCES
1. Conférence débat organisée par Essonne Nature Environnement le 24 septembre 2015, intitulée « Quel avenir pour l’aéroport d’Orly et ses populations riveraines ? Nuisances généralisées, paupérisation des territoires. Délocalisation partielle ou totale ? » : http://ene91.fr/quel-avenir-pour-laeroport-dorly-et-ses-populations-riveraines-nuisances-generalisees-pauperisation-des-territoires-delocalisation-partielle-ou-totale-conference-debat/.
2. Voir les vidéos 14 à 19 de la conférence d’ENE sur la page Dailymotion de la fédération : 
http://www.dailymotion.com/video/x3bnhie_14-l-aeroport-d-orly-delocalisation-partielle-ou-totale-conference-du-24-septembre-2015-partie-1-6_news, et suivantes.
3. Voir les sites Internet des associations AVEVY (http://www.avevy.com/) et ADVOCNAR (http://www.advocnar.fr/).
4. Convergence associative, Le dossier noir du transport aérien, novembre 2015, 24 p. (pdf) : Dossier-noir-du-transport-aerien.

Dossier-noir-du-transport-aerien

Convergence associative, Le dossier noir du transport aérien, novembre 2015, 24 p.

5. BRUNEL Louis, « L’aéroport de Paris-Orly », SESAM, Revue savante et artistique de la banlieue parisienne sud, volume VII, 4e année, 1950, pp. 339-356 (pdf) : SESAM PARIS ORLY 1950.

SESAM une VolVII 1950

Une de couverture de la revue SESAM, éditée à Athis-Mons, volume VII, 1950. Tour Agnès Sorel, façade arrière du château de Savigny-sur-Orge devenu annexe du lycée Lakanal (puis lycée Jean-Baptiste Corot), en 1950.

6. Pour en web-savoir plus sur l’histoire de l’aéroport de Paris-Orly : https://fr.wikipedia.org/wiki/A%C3%A9roport_de_Paris-Orly.

© Marie LAPEIGNE, 9 janvier 2016.

 

Et si faire du vélo était une façon de lutter contre le terrorisme ?

La prise de conscience écologique est fondée sur l’idée qu’il existe un rapport de cause à effet entre l’addition des comportements individuels et les conséquences collectives sur l’environnement. Les pays du Moyen-Orient tirent d’énormes profits de la production de pétrole. Ceux-ci servent à établir une puissance politique qui se manifeste sous diverses formes d’activisme. (1) Et si faire du vélo était une façon de lutter contre le terrorisme ?

Pris en dehors de son contexte, le raccourci peut surprendre. Bien évidemment Portes de l’Essonne Environnement s’associe avec compassion au drame que viennent de subir les proches des victimes des attentats du vendredi 13 novembre 2015. Selon nos informations, au moins deux Saviniens ont péri sous les balles des terroristes.

PEE EST PARIS

Portes de l’Essonne Environnement est Paris en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. © Photographie BM/CAD pour PEE, 2015.

Lutter contre le terrorisme dans sa globalité est un devoir impérieux. Or, la presse s’est faite unanimement le relais de s’attaquer aux effets et pas aux causes. Elle titre « C’est la guerre ! » ;   justement pour faire la guerre, surtout lorsqu’elle s’inscrit dans la durée, il faut beaucoup d’argent et une bonne logistique. Il convient de s’interroger sur l’origine de la puissance de l’État Islamique (EI) ou Daesh. Dispose-t-il d’une industrie et d’une ingénierie de guerre égalant celle de l’Allemagne nazie, ingénierie tellement puissante que les alliés vainqueurs s’étaient empressés de se l’accaparer ? A l’Ouest, les premiers hommes ont pu marcher sur la lune grâce à l’expertise de Werner VON BRAUN, architecte des sinistres V2. A l’Est, Mikhaïl Timofeïevitch KALACHNIKOV s’est inspiré, au moins pour l’aspect, du fusil d’assaut Sturmgewehr 44 pour concevoir ce fusil tant utilisé de nos jours par nombre de gangs et autres factions armées, dont tous les terroristes, y compris ceux de ce vendredi 13 novembre 2015.

L’EI ne dispose probablement pas de cette ingénierie. Il exporte son pétrole de contrebande, certes, mais en quantité insuffisante. Il doit donc trouver ses appuis à l’extérieur.

Quels seraient ces appuis extérieurs ?

L’affaire de la fuite des « câbles diplomatiques » révélée par Wikileaks dès 2010 a appris qu’à l’intérieur des pays arabes ayant une certaine respectabilité internationale – toute relative dans ces pays où persistent les châtiments corporels et la peine de mort en guise de condamnation -, des collectes avaient lieu dans le but de financer le djihad, sans que les dignitaires du régime s’en émeuvent outre mesure. (2)

L’Arabie Saoudite et les autres pays du golfe arabo-persique sont des pourvoyeurs de pétrole. Depuis 1973, si les premiers bénéficiaires de la vente restent les puissantes compagnies pétrolières, les pays exportateurs ont une part de bénéfice suffisamment importante pour afficher ostensiblement l’opulence qu’elle leur procure. Notre civilisation, notre industrie, notre mode de vie sont essentiellement tournés vers l’avion, le camion et l’automobile en attendant des transports en commun et individuels propres qui tardent à se transformer et à devenir performants. Il convient de s’interroger sérieusement sur le bon usage des richesses que nous donnons en contrepartie des quantités colossales de pétrole que nous importons depuis ces pays pétroliers.

Il fut consternant de constater, moi cycliste solitaire sur mon vélo électrique, le nombre illimité de personnes en train de se déplacer en bagnole ce week-end des 14 et 15 novembre comme s’il ne s’était rien passé. Toutes ne sont pas des personnes à mobilité réduite (PMR). Combien sont allées dimanche matin au marché de la place Davout à Savigny-sur-Orge – fermé en raison des événements – en ne marchant pas mais en « bagnolant » (« drive in » en anglais) ?

En cette veille de la COP21, il est grand temps que la population prenne conscience que se déplacer avec des combustibles fossiles n’est pas bon pour la planète et son atmosphère, cette fine pellicule de vie isolée dans l’immensité sidérale, mais que cela crée aussi des opportunités à des acteurs malfaisants.

RÉFÉRENCES
1. http://www.lemonde.fr/international/article/2010/12/05/wikileaks-l-arabie-saoudite-et-le-financement-du-terrorisme_1448871_3210.html.
2. http://www.atlantico.fr/pepites/wikileaks-revele-dessous-strategie-saoudienne-pour-exporter-islamisme-partout-planete-2253161.html.

© Jean-Marie CORBIN, 16 novembre 2015.

Journées européennes du patrimoine 2015 : Savigny-sur-Orge, décor de dessin animé ?

L’édition 2015 des Journées européennes du patrimoine met à l’honneur le patrimoine du XXIe siècle, les créations architecturales et paysagères des quinze dernières années, symbolisant une « histoire d’avenir ». Faire table rase du passé étant une chose délicate, le concept ne peut se réaliser sans une once de référence au passé qu’il soit lointain ou proche.

Logements av. Jean Marsaudon - de Longjumeau

Savigny-sur-Orge, quartier de la Ferme de Champagne. Photographie extraite du site Internet : www.archi-guide.com. Architectes : Céleste et Blanc. © Archi-guide / Guide architecture, cliché pris le 24 décembre 2011. (3 bis)

Il est un secteur où le renouvellement « philosophique » des projets se rapproche aisément de l’ancien ou se met carrément en opposition avec l’ancien, c’est celui de l’urbanisme. De nombreux édiles révisent actuellement le plan local d’urbanisme (PLU) de leur commune pour la deuxième ou troisième fois (tel Juvisy-sur-Orge). Certains, à la traîne, ne sont encore que dans la phase d’élaboration (tel Savigny-sur-Orge). D’autres sont parfois plus hardis lorsqu’ils ont accepté de créer un schéma de cohérence territoriale (SCOT), document d’urbanisme déterminant un projet de territoire visant à mettre en cohérence l’ensemble des politiques d’habitat, d’aménagement commercial, de mobilité, d’environnement. Des élus, plus téméraires ou en avance sur leur temps, ont quant à eux franchi le pas du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) afin d’harmoniser au mieux leurs aménagements urbains ou ruraux. Ainsi, une centaine d’intercommunalités s’est lancée dans un PLUI en 2015 – aucune en Essonne. (1)

VILLES ET COMMUNAUTÉS D’AGGLOMÉRATION AUJOURD’HUI, MGP DEMAIN : UNE SEULE ET MÊME POLITIQUE EN MATIÈRE D’URBANISME

Au 1er janvier 2016, la métropole du Grand Paris (MGP) absorbera les communes de la CALPE. Quatre compétences obligatoires seront transférées à la MGP : 1/ l’aménagement de l’espace métropolitain, 2/ la politique locale de l’habitat, 3/ le développement et l’aménagement économique, social et culturel, 4/ la protection et la mise en valeur de l’environnement et la politique du cadre de vie. Un seul PLU pour tout le territoire de la MGP (intégralité de la compétence transférée dès 2016, mais avec une gestion communale des PLU tant que le PLUI n’est pas élaboré). Un seul SCOT pour tout le territoire de la MGP (en réflexion dès 2016, élaboré à compter du 1er janvier 2017). (2)

Extrait synthese MGP loi NOTre

Métropole du Grand Paris. Mission de préfiguration, « Synthèse des dispositions relatives à la Métropole du Grand Paris. Article 59 de la loi NOTRe du 7 août 2015 », page 4.

Dès lors, on peut s’inquiéter de la gestion des patrimoines architecturaux et culturels anciens de la CALPE et, notamment de celui de Savigny-sur-Orge peu mis à l’honneur depuis 2010. Idem pour les programmes de constructions nouvelles dont le style architectural de ce XIXe siècle n’est souvent guère inspiré. Quel sera celui de la MGP ? Mystère… Celui des cabinets d’architecte à la mode, très certainement ! A Savigny-sur-Orge, il est un quartier où les aménagements contemporains se multiplient : celui de la Ferme de Champagne. En janvier 2015, un terrain de 8 817 m2 a été cédé à la ville par le ministère de la Justice afin de bâtir une soixantaine de logements dans la lignée de ceux construits en 2009 et 2010, avenue de Longjumeau et avenue Jean-Marsaudon, très cubiques. (3)

Logements avenue Jean Marsaudon

Savigny-sur-Orge, quartier de la Ferme de Champagne. Photographie extraite du site Internet : www.archi-guide.com. Architecte : TGT. © Archi-guide / Guide architecture, cliché pris le 24 décembre 2011. (3 ter)

Ces édifices ne vous rappellent-ils pas les maisons du quartier où vit la jeune Petite Fille à qui un vieil aviateur raconte l’histoire du Petit Prince dans le dessin animé réalisé par Mark OSBORNE, sorti au cinéma en juillet 2015 ? (4) Est-ce cette architecture très carrée, sans âme, terne, atone, uniformisée, que l’on souhaite laisser aux générations futures de Grands-Parisiens saviniens ?

Le Petit Prince Paramout Pictures 2015 Youtube

Le Petit Prince de Mark OSBORNE, © Paramount Pictures France. Sortie du film en salles de cinéma le 29 juillet 2015. Capture d’écran à partir d’un extrait vidéo publié sur Youtube, « En voiture », consulté le 19 septembre 2015. (4)

Au fait, la ferme de Champagne, qu’est-ce que c’était ? Retour vers le passé…

LA FERME DE CHAMPAGNE

Sis à Savigny-sur-Orge, le domaine de Champagne apparaît au XIIe siècle dans une charte du prieuré bénédictin de Marmoutiers comme lieu d’exploitation agricole. Le plateau calcaire, recouvert de limon très fertile, a donné le nom à la propriété. Elle appartient à Gace de Champagne, évêque de Laon, dont la demeure principale était située à l’endroit où le quartier de Clair-Village est construit.

En 1744, la ferme est la propriété de la famille Petit dont trois membres seront maires de Savigny : Charles Pierre (1800-1811), Jules Henri (1840-1843), enfin Charles Antoine (1869-1872). Sous la direction de ce dernier, le vaste domaine prospère et la polyculture intensive y règne. La célèbre maison Vilmorin s’y fournit en graines de betteraves et de blé dont la production pouvait atteindre jusqu’à trois tonnes de semences par jour. L’élevage est diversifié : 15 paires de bœufs, 250 moutons, dix chevaux, une basse-cour…

FdeC VG

Savigny-sur-Orge. Vue aérienne de l’exploitation agricole de Champagne prise dans les années 1950. Carte postale du fonds privé CAD/BM.

En 1854, avec l’aide d’Hugues Champonnois, Charles Petit crée une usine où sont réalisés les premiers essais de distillerie de betterave à sucre. Un imposant portail d’entrée donne accès à une immense cour, où se trouvent les bâtiments agricoles. La maison de maître fait face à la distillerie reconnaissable à sa grande colonne de distillation et à sa haute cheminée. Au-dessus, se trouvent les dortoirs des ouvriers agricoles saisonniers venus essentiellement du Morvan et de Belgique. Chaque jour, 24 tonnes de betteraves (cultivées sur près de 70 hectares) peuvent être distillées dans le laboratoire donnant près de 2 800 litres d’alcool. Sur les cartes postales anciennes se trouve une mare alimentée par un puits de 18 m de profondeur. Elle était destinée au lavage des betteraves.

FERMES ET CHATEAUX FdeC BS

Baronne STAFFE, « La ferme de Champagne », Fermes et Châteaux, p. 283 (Savigny-sur-Orge). Fonds privé CAD/BM. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.

FERMES ET CHATEAUX FdeC BS 2

Baronne STAFFE, « La ferme de Champagne », Fermes et Châteaux, p. 284 (Savigny-sur-Orge). Fonds privé CAD/BM. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.

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Savigny-sur-Orge. Une partie de l’étang de la distillerie de Champagne qui servait de bassin de lavage des betteraves en 1915. Carte postale du fonds privé CAD/BM affranchie en 1928.

C’est à la ferme de Champagne que les premiers tests de labourage avec une machine à vapeur tirant une charrue sont réalisés. En 1910, les hangars abritent le monoplan d’Émile Dubonnet. La Grande guerre achève le règne de la famille Petit. En 1916, Louis meurt au combat à Verdun laissant derrière lui de jeunes enfants. La ferme est vendue puis louée à une association ayant pour objectif la réinsertion des mutilés de guerre. La « Ferme des mutilés » est inaugurée par le Président Poincaré en octobre 1917.

ILLUSTRATION

Lucien FOURNIER, « La ferme des mutilés », L’Illustration, 20 octobre 1917, n° 3894, p. 404 (Savigny-sur-Orge). Fonds privé CAD/BM.

ILLUSTRATION 2

Lucien FOURNIER, « La ferme des mutilés », L’Illustration, 20 octobre 1917, n° 3894, p. 405 (Savigny-sur-Orge). Fonds privé CAD/BM.

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Savigny-sur-Orge. Entrée de la ferme de Champagne, champs de betteraves au premier plan. Carte postale du fonds privé CAD/BM affranchie en décembre 1915.

Le domaine est ensuite acquis par le ministère de la Justice qui envisage d’y installer un centre pour les mineurs délinquants. Au lendemain de la Libération, le Centre d’Observation Public de l’Éducation Surveillée (COPES) ouvre ses portes… Il prend le nom de Centre d’Action Éducative (CAE) de la ferme de Champagne cinquante ans plus tard. (5)

RÉFÉRENCES
1. Voir le dossier sur les plans locaux d’urbanisme du site Internet de la revue Le Courrier des maires et des élus locaux :  http://www.courrierdesmaires.fr/50175/104-plans-locaux-durbanisme-intercommunaux-plui-soutenus-financierement-par-letat/.
2. Nous aurons l’occasion de revenir sur le document suivant : Métropole du Grand Paris. Mission de préfiguration, « Synthèse des dispositions relatives à la Métropole du Grand Paris. Article 59 de la loi NOTRe du 7 août 2015 », 26 pages (pdf extrait du site Internet http://www.prefig-metropolegrandparis.fr/A-noter/Dernieres-publications) : Presentation MGP loi NOTRe.
3. Jérôme LEMONNIER, « L’État cède ses terrains pour la création de logement », www.essonneinfo.fr, 13 janvier 2015 (pdf) : Essonne : L’Etat cède ses terrains pour la création de logements.
3 bis. http://www.archi-guide.com/PH/FRA/IDF/SaviOrgLogCompagnonTGT.jpg.
3 ter. http://www.archi-guide.com/PH/FRA/IDF/SaviOrgLogCompagnonCeBlc.jpg.

4. Le Petit Prince de Mark OSBORNE, © Paramount Pictures France, 29 juillet 2015. Capture d’écran à partir d’un extrait vidéo publié sur Youtube, « En voiture », consulté le 19 septembre 2015.
5. Article revu et corrigé extrait de Mémoire en Images, Savigny-sur-Orge, Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge sous la direction de Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Alan Sutton, 2e édition, 2008, pp. 121-123.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 19 septembre 2015.