Archives de catégorie : Grand Paris

Journées européennes du patrimoine 2015 : Savigny-sur-Orge, décor de dessin animé ?

L’édition 2015 des Journées européennes du patrimoine met à l’honneur le patrimoine du XXIe siècle, les créations architecturales et paysagères des quinze dernières années, symbolisant une « histoire d’avenir ». Faire table rase du passé étant une chose délicate, le concept ne peut se réaliser sans une once de référence au passé qu’il soit lointain ou proche.

Logements av. Jean Marsaudon - de Longjumeau

Savigny-sur-Orge, quartier de la Ferme de Champagne. Photographie extraite du site Internet : www.archi-guide.com. Architectes : Céleste et Blanc. © Archi-guide / Guide architecture, cliché pris le 24 décembre 2011. (3 bis)

Il est un secteur où le renouvellement « philosophique » des projets se rapproche aisément de l’ancien ou se met carrément en opposition avec l’ancien, c’est celui de l’urbanisme. De nombreux édiles révisent actuellement le plan local d’urbanisme (PLU) de leur commune pour la deuxième ou troisième fois (tel Juvisy-sur-Orge). Certains, à la traîne, ne sont encore que dans la phase d’élaboration (tel Savigny-sur-Orge). D’autres sont parfois plus hardis lorsqu’ils ont accepté de créer un schéma de cohérence territoriale (SCOT), document d’urbanisme déterminant un projet de territoire visant à mettre en cohérence l’ensemble des politiques d’habitat, d’aménagement commercial, de mobilité, d’environnement. Des élus, plus téméraires ou en avance sur leur temps, ont quant à eux franchi le pas du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) afin d’harmoniser au mieux leurs aménagements urbains ou ruraux. Ainsi, une centaine d’intercommunalités s’est lancée dans un PLUI en 2015 – aucune en Essonne. (1)

VILLES ET COMMUNAUTÉS D’AGGLOMÉRATION AUJOURD’HUI, MGP DEMAIN : UNE SEULE ET MÊME POLITIQUE EN MATIÈRE D’URBANISME

Au 1er janvier 2016, la métropole du Grand Paris (MGP) absorbera les communes de la CALPE. Quatre compétences obligatoires seront transférées à la MGP : 1/ l’aménagement de l’espace métropolitain, 2/ la politique locale de l’habitat, 3/ le développement et l’aménagement économique, social et culturel, 4/ la protection et la mise en valeur de l’environnement et la politique du cadre de vie. Un seul PLU pour tout le territoire de la MGP (intégralité de la compétence transférée dès 2016, mais avec une gestion communale des PLU tant que le PLUI n’est pas élaboré). Un seul SCOT pour tout le territoire de la MGP (en réflexion dès 2016, élaboré à compter du 1er janvier 2017). (2)

Extrait synthese MGP loi NOTre

Métropole du Grand Paris. Mission de préfiguration, « Synthèse des dispositions relatives à la Métropole du Grand Paris. Article 59 de la loi NOTRe du 7 août 2015 », page 4.

Dès lors, on peut s’inquiéter de la gestion des patrimoines architecturaux et culturels anciens de la CALPE et, notamment de celui de Savigny-sur-Orge peu mis à l’honneur depuis 2010. Idem pour les programmes de constructions nouvelles dont le style architectural de ce XIXe siècle n’est souvent guère inspiré. Quel sera celui de la MGP ? Mystère… Celui des cabinets d’architecte à la mode, très certainement ! A Savigny-sur-Orge, il est un quartier où les aménagements contemporains se multiplient : celui de la Ferme de Champagne. En janvier 2015, un terrain de 8 817 m2 a été cédé à la ville par le ministère de la Justice afin de bâtir une soixantaine de logements dans la lignée de ceux construits en 2009 et 2010, avenue de Longjumeau et avenue Jean-Marsaudon, très cubiques. (3)

Logements avenue Jean Marsaudon

Savigny-sur-Orge, quartier de la Ferme de Champagne. Photographie extraite du site Internet : www.archi-guide.com. Architecte : TGT. © Archi-guide / Guide architecture, cliché pris le 24 décembre 2011. (3 ter)

Ces édifices ne vous rappellent-ils pas les maisons du quartier où vit la jeune Petite Fille à qui un vieil aviateur raconte l’histoire du Petit Prince dans le dessin animé réalisé par Mark OSBORNE, sorti au cinéma en juillet 2015 ? (4) Est-ce cette architecture très carrée, sans âme, terne, atone, uniformisée, que l’on souhaite laisser aux générations futures de Grands-Parisiens saviniens ?

Le Petit Prince Paramout Pictures 2015 Youtube

Le Petit Prince de Mark OSBORNE, © Paramount Pictures France. Sortie du film en salles de cinéma le 29 juillet 2015. Capture d’écran à partir d’un extrait vidéo publié sur Youtube, « En voiture », consulté le 19 septembre 2015. (4)

Au fait, la ferme de Champagne, qu’est-ce que c’était ? Retour vers le passé…

LA FERME DE CHAMPAGNE

Sis à Savigny-sur-Orge, le domaine de Champagne apparaît au XIIe siècle dans une charte du prieuré bénédictin de Marmoutiers comme lieu d’exploitation agricole. Le plateau calcaire, recouvert de limon très fertile, a donné le nom à la propriété. Elle appartient à Gace de Champagne, évêque de Laon, dont la demeure principale était située à l’endroit où le quartier de Clair-Village est construit.

En 1744, la ferme est la propriété de la famille Petit dont trois membres seront maires de Savigny : Charles Pierre (1800-1811), Jules Henri (1840-1843), enfin Charles Antoine (1869-1872). Sous la direction de ce dernier, le vaste domaine prospère et la polyculture intensive y règne. La célèbre maison Vilmorin s’y fournit en graines de betteraves et de blé dont la production pouvait atteindre jusqu’à trois tonnes de semences par jour. L’élevage est diversifié : 15 paires de bœufs, 250 moutons, dix chevaux, une basse-cour…

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Savigny-sur-Orge. Vue aérienne de l’exploitation agricole de Champagne prise dans les années 1950. Carte postale du fonds privé CAD/BM.

En 1854, avec l’aide d’Hugues Champonnois, Charles Petit crée une usine où sont réalisés les premiers essais de distillerie de betterave à sucre. Un imposant portail d’entrée donne accès à une immense cour, où se trouvent les bâtiments agricoles. La maison de maître fait face à la distillerie reconnaissable à sa grande colonne de distillation et à sa haute cheminée. Au-dessus, se trouvent les dortoirs des ouvriers agricoles saisonniers venus essentiellement du Morvan et de Belgique. Chaque jour, 24 tonnes de betteraves (cultivées sur près de 70 hectares) peuvent être distillées dans le laboratoire donnant près de 2 800 litres d’alcool. Sur les cartes postales anciennes se trouve une mare alimentée par un puits de 18 m de profondeur. Elle était destinée au lavage des betteraves.

FERMES ET CHATEAUX FdeC BS

Baronne STAFFE, « La ferme de Champagne », Fermes et Châteaux, p. 283 (Savigny-sur-Orge). Fonds privé CAD/BM. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.

FERMES ET CHATEAUX FdeC BS 2

Baronne STAFFE, « La ferme de Champagne », Fermes et Châteaux, p. 284 (Savigny-sur-Orge). Fonds privé CAD/BM. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.

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Savigny-sur-Orge. Une partie de l’étang de la distillerie de Champagne qui servait de bassin de lavage des betteraves en 1915. Carte postale du fonds privé CAD/BM affranchie en 1928.

C’est à la ferme de Champagne que les premiers tests de labourage avec une machine à vapeur tirant une charrue sont réalisés. En 1910, les hangars abritent le monoplan d’Émile Dubonnet. La Grande guerre achève le règne de la famille Petit. En 1916, Louis meurt au combat à Verdun laissant derrière lui de jeunes enfants. La ferme est vendue puis louée à une association ayant pour objectif la réinsertion des mutilés de guerre. La « Ferme des mutilés » est inaugurée par le Président Poincaré en octobre 1917.

ILLUSTRATION

Lucien FOURNIER, « La ferme des mutilés », L’Illustration, 20 octobre 1917, n° 3894, p. 404 (Savigny-sur-Orge). Fonds privé CAD/BM.

ILLUSTRATION 2

Lucien FOURNIER, « La ferme des mutilés », L’Illustration, 20 octobre 1917, n° 3894, p. 405 (Savigny-sur-Orge). Fonds privé CAD/BM.

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Savigny-sur-Orge. Entrée de la ferme de Champagne, champs de betteraves au premier plan. Carte postale du fonds privé CAD/BM affranchie en décembre 1915.

Le domaine est ensuite acquis par le ministère de la Justice qui envisage d’y installer un centre pour les mineurs délinquants. Au lendemain de la Libération, le Centre d’Observation Public de l’Éducation Surveillée (COPES) ouvre ses portes… Il prend le nom de Centre d’Action Éducative (CAE) de la ferme de Champagne cinquante ans plus tard. (5)

RÉFÉRENCES
1. Voir le dossier sur les plans locaux d’urbanisme du site Internet de la revue Le Courrier des maires et des élus locaux :  http://www.courrierdesmaires.fr/50175/104-plans-locaux-durbanisme-intercommunaux-plui-soutenus-financierement-par-letat/.
2. Nous aurons l’occasion de revenir sur le document suivant : Métropole du Grand Paris. Mission de préfiguration, « Synthèse des dispositions relatives à la Métropole du Grand Paris. Article 59 de la loi NOTRe du 7 août 2015 », 26 pages (pdf extrait du site Internet http://www.prefig-metropolegrandparis.fr/A-noter/Dernieres-publications) : Presentation MGP loi NOTRe.
3. Jérôme LEMONNIER, « L’État cède ses terrains pour la création de logement », www.essonneinfo.fr, 13 janvier 2015 (pdf) : Essonne : L’Etat cède ses terrains pour la création de logements.
3 bis. http://www.archi-guide.com/PH/FRA/IDF/SaviOrgLogCompagnonTGT.jpg.
3 ter. http://www.archi-guide.com/PH/FRA/IDF/SaviOrgLogCompagnonCeBlc.jpg.

4. Le Petit Prince de Mark OSBORNE, © Paramount Pictures France, 29 juillet 2015. Capture d’écran à partir d’un extrait vidéo publié sur Youtube, « En voiture », consulté le 19 septembre 2015.
5. Article revu et corrigé extrait de Mémoire en Images, Savigny-sur-Orge, Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge sous la direction de Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Alan Sutton, 2e édition, 2008, pp. 121-123.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 19 septembre 2015.

 

La SNCF priée d’améliorer la gestion du réseau après Brétigny

Si vous êtes usagers des transports en commun dans l’espace des Portes de l’Essonne, vous avez le choix pour vous extraire de cette « zone » et vous rendre au « Moyen Paris » (en attendant le Grand) :

  • soit le T7 qui mettra déjà plus d’une demi-heure pour parcourir les 5 premiers km au départ d’Athis-Mons-Portes-de-L’Essonne,
  • soit le RER-C au départ des gares de Savigny-sur-Orge, Juvisy-sur-Orge et Athis-Mons.
Visite du technicentre des Ardoines le 12 octobre 2013

Visite du technicentre des Ardoines le 12 octobre 2013 © Jean-Marie CORBIN.

Sachez que ce sera sans la compagnie du rédacteur de ces lignes. En effet, je suis passé récemment du statut d’usager à celui « d’usagé », lassé par 30 années de transports en commun de plus en plus défaillants en Ile-de-France. En 1986, j’ai pu rejoindre la Gare de Lyon à celle de Montgeron en 12 minutes chrono. Je défie d’en faire autant sur le RER-D actuel. J’ai abandonné, épuisé par ces pannes de signalisation au printemps, par ces rails qui se dilatent en été, par ces patinages artistiques sur feuilles mortes en automne, et, par ce givre tenace sur les caténaires en hiver. Quand ce n’est pas la divagation d’un chien qui a paralysé tout le trafic à Juvisy-sur-Orge le 25 février 2015 à la mi-journée ! J’ai donc troqué mon Pass Navigo contre une moto (pas trop polluante) qui divise par trois mon temps de parcours mais à mes risques et périls.

Le rapport final, objet de cette dépêche de l’agence Reuters, confirme ce que nous avions envisagé dans les articles précédents : l’état de vétusté accablant du réseau ferroviaire. Hélas, l’heure n’est pas aux travaux de remise à niveau mais au principe de précaution où à la moindre suspicion d’anomalie le trafic est ralenti voire suspendu.

alertes trafic canicule SNCF RER-C ete 2015

© Jean-Marie CORBIN, 18 septembre 2015.


PARIS (Reuters) – Le rapport final du BEA-TT sur la catastrophe de Brétigny-sur-Orge en 2013, publié vendredi, demande au gestionnaire d’infrastructure SNCF Réseau (ex-RFF) une meilleure gestion de la maintenance du réseau ferré national.

Le 12 juillet 2013, le déraillement d’un train Paris-Limoges avait fait 7 morts à Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne, à 30 kilomètres au sud de Paris.

Dans un rapport préliminaire diffusé en janvier 2014, le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre BEA-TT avait déjà mis en cause la qualité des tournées visuelles de surveillance des voies par la SNCF.

Le 7 juillet suivant, le rapport des experts mandatés cette fois par la justice avait mis sévèrement en cause la maintenance, dénonçant un « délabrement  » des voies et relevant une centaine de défauts  « visibles  » et « critiques ».

Le déraillement a été provoqué par le basculement d’une éclisse – pièce de métal reliant deux rails – mal entretenue, avait alors déclaré le procureur de la République d’Evry.

La SNCF et RFF ont été mises en examen en septembre 2014 en tant que personnes morales dans cette affaire pour « homicides involontaires  ».

Dans son rapport final, le BEA-TT recommande notamment d’intégrer systématiquement dans les audits de sécurité des contrôles de l’état réel d’un échantillon d’équipements ayant récemment fait l’objet d’interventions de surveillance ou d’entretien « afin d’évaluer la pertinence des règles de maintenance et la qualité de leur mise en œuvre ».

Il demande aussi d’améliorer la politique d’affectation des cadres dans les établissements en charge de la maintenance de l’infrastructure ferroviaire.

Le secrétaire d’Etat chargé des Transports, Alain Vidalies, a demandé au groupe SNCF « de poursuivre la mise en oeuvre de l’ensemble des recommandations » du rapport du BEA-TT.

L’état d’avancement de ces préconisations sera examiné en Comité de suivi de la sécurité ferroviaire, que le secrétaire d’Etat réunira le 1er octobre.

(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)

Les communes de la CALPE aux portes de la métropole du Grand Paris / Grand Orly ou pas ?

Le Parisien Essonne matin du 28 août 2015 informe les habitants de la communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE) que leurs élus aspirent à entrer dans la métropole du Grand Paris (MGP) à partir du 1er janvier 2016. La CALPE ferait alors partie d’un établissement public territorial (EPT) regroupant 632 000 habitants résidant du sud de Paris au nord d’Évry. (1) 

2015-08-28 LPE CALPE GP1

2015-08-28 LPE CALPE GP

Document : « Les Portes de l’Essonne disent oui à la métropole », Le Parisien Essonne matin, 28 août 2015, p. 1.

EPT DU GRAND ORLY ! OU PAS ?!

Le site d’information www.essonneinfo.fr a interviewé le président de la CALPE, Robin REDA : il semblerait que l’EPT se réalise autour du Grand Orly. « Depuis plus d’un an, j’ai œuvré pour que Paray-Vieille-Poste ne rentre pas seule dans la Métropole. Nous avons imposé l’idée que le territoire du Grand Orly autour de l’aéroport international, du MIN de Rungis et de la zone de développement Coeur d’Orly, était enfin possible » (2)

Chaque conseil municipal des communes membres de la CALPE doit se prononcer sur le sujet avant le 7 septembre 2015. Ainsi, les conseils municipaux se réuniront principalement la semaine de la rentrée scolaire. Seul problème : les informations contradictoires véhiculées par les élus dans la presse et dans les notes de synthèse.

  • Le 2 septembre, à 20 h 30, pour Athis-Mons. (3)
  • Le 3 septembre, à 19 h, pour Paray-Vieille-Poste. (4)
  • Le 3 septembre, à 20 h 30, pour Morangis. Pas d’information en dehors de celle du Parisien. (5)
  • Le 4 septembre, à 18 h 30, pour Savigny-sur-Orge. La date n’est pas indiquée sur le site de la mairie de Savigny-sur-Orge consulté le 31 août 2015, mais PEE a réussi à se procurer la convocation. Intéressant : l’ordre du jour indique que l’EPT serait constitué des communes des communautés d’agglomération du Val-de-Bièvre (Arcueil, Cachan, Fresnes, Gentilly, Le Kremlin-Bicêtre, L’Haÿ-les-Roses, Villejuif) et de Seine-Amont (Choisy-le-Roi, Ivry-sur-Seine, Vitry-sur-Seine, ainsi que communes isolées du Val-de-Marne. Exit le Grand Orly cher au président REDA ?! (6)
  • Le ? septembre, à ? h, pour Juvisy-sur-Orge. La date n’est pas indiquée sur le site de la mairie de Juvisy-sur-Orge consulté le 31 août 2015.
  • Enfin, Viry-Châtillon prévoit son prochain conseil municipal le 23 septembre ! Voir le pdf de la page du site internet de la ville de Viry-Châtillon consulté le 31 août 2015. (7)

RÉFÉRENCES
1. « Les Portes de l’Essonne disent oui à la métropole », Le Parisien Essonne matin, 28 août 2015, p. I.
2. Autre information véhiculée par la presse et par le président de la CALPE : l’EPT serait celui constitué autour du Grand Orly. Jérôme LEMONNIER, « La CALPE intègrera le Grand Paris en 2016 », www.essonneinfo.fr, 28 août 2015 (pdf) : Essonne : La CALPE intégrera le Grand Paris en 2016.
3. CM Athis-Mons ODJ 02-09-2015.
4. CM PVP ODJ 03-09-2015.
5. CM M ODJ 03-09-2015.
6. CM SSO ODJ NS 04-09-2015.
7. CM VC 23-09-2015.

© Bernard MÉRIGOT, 28 août 2015. Article remanié le 31 août 2015.

Les sens interdits fleurissent à la CALPE : le printemps avant le printemps

Décidément, les Calpiens assistent soit au printemps avant le printemps, soit au tournage d’une mauvaise série à leur dépens avec en toile de fond une application de la signalétique du Code de la route par des maires qui, sous couvert d’une motivation a priori honorable (réduire les nuisances), sont en fait peu attentifs au vécu de leurs concitoyens.

SOUVENONS-NOUS DE LA FIN DE L’ÉTÉ 2014

Fin août 2014, les riverains et les usagers réguliers de l’intersecteur résidentiel de Paray-Vieille-Poste / Athis-Mons / Morangis / Savigny-sur-Orge (secteur des 4 communes ou de la Voie-verte) subissent la mise en place d’un plan de circulation truffé de sens interdits. On pouvait lire entre les lignes de la prose du maire de Paray-Vieille-Poste :  « Halte. On ne passe plus dans ma ville » ou « Stop. Trouvez-vous un autre chemin pour entrer dans ma ville ou en sortir » ou encore « Vous êtes riverains, qu’importe si vous devez faire des kilomètres avant de pouvoir rentrer chez vous »… En quelques semaines, la révolte gronde si fort qu’Alain VÉDÈRE doit reculer. Ne subsistent alors que quelques panneaux tel celui de l’avenue Charles-de-Gaulle à Paray-Vieille-Poste, très gênant pour les Saviniens en transit mais apparemment pas pour le maire de Savigny-sur-Orge. (1) Depuis lors, nombreux sont ceux qui passent outre cette interdiction restreinte aux seuls véhicules légers. Il suffit de se poster au carrefour quelques heures pour s’en apercevoir…

Savigny - Paray accès bloqué avenue CdG 2014-08-31

Avenue Charles-de-Gaulle, Paray-Vieille-Poste, le 31 août 2014. © JMC/PEE.

AGITATION DANS LE LANDERNEAU CALPIEN

Voici, que le 18 février 2015, la maire d’Athis-Mons, Christine RODIER, décide d’implanter un sens interdit condamnant l’avenue Jean-Jacques Rousseau, à titre expérimental jusqu’au 28 mai et dans l’attente du plan intercommunal de circulation prévu pour… 2016 !

Aussitôt une pétition est organisée contre ce 7e, ce 9e, ce 10e… panneau d’interdiction dans ce secteur – on ne sait plus. Elle recueille en quelques jours plus de 200 signatures, tandis que les maires se renvoient la balle ou le panneau « c’est pas moi, c’est l’autre qui ne la joue pas collectif dans ce dossier ». (2)

Le président de la CALPE, Robin REDA, siffle alors la mi-temps. Se posant en arbitre, il organise une réunion le 26 février 2015 afin d’accélérer la concertation des seuls élus sur le plan intercommunal de circulation. Il ressort de cette rencontre « sereine » que 1/ ledit plan entrera en vigueur en septembre 2015, 2/ les maires pourront – en attendant – installer des sens de circulation provisoires « concertés », et 3/ le sort du sens interdit de l’avenue Charles-de-Gaulle à Paray sera décidé prochainement. (3)

QUI DÉTIENT LE POUVOIR DE POLICE DE LA CIRCULATION ROUTIÈRE ?

Le maire et/ou le président de la communauté d’agglomération. L’autorité est partagée suivant le type de voirie concernée et la localisation. Le maire est responsable de la sûreté et de la commodité du passage dans les voies publiques. Il peut décider de mesures restrictives (telle la mise en place de sens interdits). En vertu de la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, sur les voies d’intérêt communautaire, les maires ont la faculté de transférer aux présidents d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) leurs pouvoirs de police en matière de circulation et de stationnement. Par contre, à Paris, le préfet de police se substitue au maire et exerce lesdites compétences. (4)

La signalisation routière est réglée par des textes réglementaires. Sa mise en place relève donc de la compétence des maires et parfois, si des transferts ont été effectués, de celle des présidents d’intercommunalité. Les maires de la CALPE ont-ils transféré cette compétence à la CALPE, notamment pour l’élaboration d’un plan intercommunal de circulation ? Parmi les compétences obligatoires se trouvent celle de l’élaboration et de la gestion du plan communautaire de déplacements urbains (PCDU). La CALPE « assure l’aménagement et l’entretien de l’espace public : voirie, trottoirs, éclairage public, signalisation ». Dans la mesure où les maires de Paray-Vieille-Poste et d’Athis-Mons ont décidé d’implanter des sens interdits sur leur voirie, cela signifie que le transfert n’a pas été fait. Le manque de transparence dans la gestion de l’EPCI empêche toute réponse explicite. Aucune information sur le sujet n’est véritablement dispensée à l’attention des Calpiens sur le site Internet de l’agglomération ! (5)

ET LA CONCERTATION CITOYENNE DANS CE DOSSIER ?

Quid d’une vaste concertation citoyenne sur ce plan intercommunal de circulation, avec les élus, les fonctionnaires, les riverains, les usagers, les associations, les acteurs économiques locaux de la CALPE ? On peut constater que, comme à l’habitude des maires des contrées très urbanisées n’ayant pas mis en place des conseils de quartier structurés, agissant entre eux ou avec une minuscule poignée d’associations dites « de cadre de vie » hyper-sélectionnées par les élus (pour ne pas dire très proches d’eux), il n’existe pas chez ces dirigeants d’approche ascendante (des citoyens vers les élus, dite bottom-up) caractérisant le principe général de fonctionnement d’une démarche de concertation publique. Les maires imposent leurs décisions.

Faut-il leur rappeler quelques textes fondateurs de toute démarche démocratique visant le bien public, susceptible d’avoir une incidence notable sur l’environnement ? De la convention d’Aarhus (1998) à la directive européenne d’évaluation des politiques publiques (1985) en passant la Charte de l’environnement intégrée à la Constitution française (2004), ces textes prévoient que 1/ chaque citoyen dispose d’un droit d’accès aux informations sur l’environnement détenues par les autorités publiques, 2/ il peut participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une répercussion sur l’environnement. A minima, puisque ces maires agissent afin de réduire les nuisances et les dangers, ce plan intercommunal de circulation aura des incidences notables sur l’environnement et le cadre de vie des Calpiens. N’ont-ils donc pas le droit de contribuer à sa conception, à quelque niveau que ce soit ?

Enfin, combien de temps les frondeurs Alain VÉDÈRE et Christine RODIER tiendront-ils sans être atteint par une nouvelle crise de  « sensinterdite aigüe » ? A peine cinq mois se sont écoulés entre les interdits de l’un et ceux de l’autre.

OÙ EST PASSÉE L’INTELLIGENCE TERRITORIALE DES ÉLUS DE LA CALPE ?

Le moins que l’on puisse dire c’est que ces maires sont étrangers à une intelligence territoriale intercommunale active mais uniquement réactive puisque le président de la CALPE est obligé de convoquer des réunions en urgence pour les faire s’entendre entre eux. Idem pour l’intelligence opérationnelle concertée… Et, aujourd’hui, ils ne sont que 5 au sein de l’intercommunalité. Qu’en sera-t-il lorsqu’ils seront plus nombreux ? Avec le maire de Viry-Châtillon intégré dans le cadre décisionnel calpien par le préfet de région lors de la nouvelle carte intercommunale. Sans le maire de Paray-Vieille-Poste, partant dans les méandres de la Métropole du Grand Paris (MGP). Avec le maire de Draveil, selon une rumeur fort intéressante au demeurant ? Avec les maires du Grand Orly puisque les élus calpiens veulent intégrer ce « mixte de pôle urbain et économique / contrat de développement territorial » qui – chut, il ne faut pas effrayer les Calpiens – sera une composante de la Métropole du Grand Paris ?

QUI DÉCIDERA DEMAIN DE LA SIGNALÉTIQUE ROUTIÈRE SUR LES COMMUNES DE LA CALPE ?

D’un côté , la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris a créé le contrat de développement territorial (CDT), instrument permettant de mettre en œuvre les objectifs du Grand Paris (transports, développement économique, urbanisme, logement, etc…). Les CDT de la Métropole du Grand Paris sont des outils de planification et de programmation élaborés conjointement par les collectivités territoriales et l’État. L’accord cadre du CDT du Grand Orly a été signé le 6 novembre 2013. (6)

De l’autre côté, le territoire du Grand Orly est formé de communes situées en Essonne et dans le Val-de-Marne, ce département étant absorbé par la Métropole du Grand Paris selon les termes de la loi MAPTAM du 16 décembre 2010. (5) Pourquoi donc ne pas dire directement aux Calpiens que le souhait de leurs élus est d’intégrer le Grand Orly qui doit lui-même intégrer la Métropole du Grand Paris !

CarteMAPAMfev2014

La Métropole du Grand Paris. Carte établie en février 2014 téléchargeable sur le site Internet www..ateliergrandparis.fr. (7)

Détail intéressant. Dans la préfiguration du Grand Paris, bon nombre des compétences des élus municipaux deviendront métropolitaines. Ainsi, la responsabilité de l’aménagement des territoires deviendra une compétence métropolitaine. Sur le périmètre de la MGP, les conseils de territoire prendront la suite des intercommunalités existantes. La loi indique qu’ils exerceront la compétence en matière de politique de la ville qui est attribuée à la métropole.  (8) Bref, le millefeuille administratif n’est qu’un prétexte pour vendre les redécoupages intercommunaux. Il n’est pas prêt de disparaître. Mais, il s’agit d’un autre sujet…

Dans la présente affaire, qui détiendra le pouvoir de police demain ? Qui prendra la décision d’implanter les futurs sens interdits aux usagers et aux riverains locaux si la CALPE intègre la Métropole du Grand Paris ? Le maire ? Le président du conseil de territoire dont dépendra la commune ? L’éventuel préfet de police de la MGP à l’instar de l’actuel préfet de police de Paris ?  Autant de questions auxquelles les citoyens sont en droit d’obtenir des réponses claires et précises de la part des autorités publiques avant les prochaines échéances électorales.

RÉFÉRENCES
1. Voir l’article de Jean-Marie CORBIN, « Paray-Vieille-Poste, ça n’a pas de sens », 15 septembre 2014 : http://portes-essonne-environnement.fr/paray-vieille-poste-ca-na-pas-sens/.
2. Cédric SAINT-DENIS, « Les maires dans l’impasse à cause… des sens interdits », Le Parisien Essonne matin, 25 février 2015, p. I (pdf) : 2015-02-25 LP Sens interdits Athis-Paray.
3. Cédric SAINT-DENIS, « Vers une issue dans la guerre des sens interdits », Le Parisien Essonne matin, 27 février 2015, p. II (pdf) : 2015-02-27 LP Sens Interdits suite.
4. Le Grand Orly. Accord cadre du contrat de développement territorial, 6 novembre 2013, 85 p. (pdf) : 2013-11-06 CDT GRAND ORLY Accord cadre.
4. Voir les articles relatifs au pouvoir de police dans le Code général des collectivités territoriales.
5. Site internet de la CALPE : http://www.portesessonne.fr/.
6. Site Internet de la préfecture de la région Ile-de-France. http://www.ile-de-france.gouv.fr/gdparis/Metropole-du-Grand-Paris.
7. Site Internet de l’Atelier international du Grand Paris. http://www.ateliergrandparis.fr/ressources/cartemetropole/.
8. La Métropole du Grand Paris en préfiguration. Dossier du préfet de la région d’Ile-de-France, préfet de Paris, janvier 2015, 4 p. (pdf) : MGP PREFIG – DOSSIER PRIDF janvier 2015.

© Philippe TRENTY, 27 février 2015.

Interdiction des feux de cheminée : l’État fait machine arrière

L’affaire était sur le grill depuis bien longtemps, un de nos membres du conseil d’orientation nous l’avait signalé dès mars 2013. L’article, extrait du site Internet Boulevard Voltaire en date de juin 2013, était clair à ce sujet. Comme d’habitude, c’est seulement au moment où la menace est là que l’on s’agite.

En premier, il convient de s’interroger sur la possibilité de faire appliquer cette mesure d’interdiction. Les municipalités sont déjà débordées sur les questions d’urbanisme. Interrogée sur l’aspect réglementaire de l’édification d’une clôture pleine en béton, la municipalité de Savigny-sur-Orge a mis presque 3 mois et demi pour réagir. Quant à ma question concernant le contrôle de conformité des ravalements de façade avec déclaration préalable systématique, elle a été éludée.

L’impact sur la pollution atmosphérique des feux de cheminée est souvent comparée à celle des automobiles, jamais à celle des camions et encore moins à celle des avions. Et pourtant ce qui passe au-dessus de nos têtes ne rejette pas des petites « fleufleurs ». Il suffit d’approcher l’aéroport d’Orly pour se rendre compte que l’odeur acre de combustion n’est pas celle de voisins préparant un moment de convivialité entre amis en allumant le barbecue avec des produits pétroliers pourtant vendu dans le commerce mais bien celle de réacteurs d’avions donnant leur maximum d’effort à l’instant du décollage (bruyant par ailleurs).

Feu de cheminée - © JM Corbin 2015-01-06

Feu de cheminée – © Jean-Marie Corbin, 2015

L’interdiction ciblait principalement les foyers ouverts. Chacun sait que les cheminées à foyer ouvert ont un piètre rendement. Ils ne peuvent guère chauffer convenablement une habitation. En effet, l’air sain de la pièce est aspiré avec les fumées dans le conduit de cheminée. En remplacement, de l’air frais provenant de l’extérieur pénètre par toutes les ouvertures au point de transformer les pièces avoisinantes en glacières.

En vérité, se chauffer au bois est devenu un luxe même avec un foyer fermé ou un poêle à bois. En effet, les collectivités s’accaparent de plus en plus les réserves de bois. Ainsi, depuis janvier 2014, l’aéroport de Roissy se chauffe au bois. Dans les autres régions, la communauté de l’Abbevillois en Picardie s’est convertie au chauffage au bois au grand désarroi des habitants à proximité de la forêt domaniale de Crécy. Même-là, le prix du bois a flambé – 55 € le stère et non pas le mètre cube où la différence est de 25 %.

D’ailleurs, les ménages qui ont des difficultés pour se chauffer, ne se chauffent plus au bois mais avec des poêles à pétrole ! Ces engins (made in China) sont beaucoup plus toxiques car les produits de la combustion restent dans la pièce même dotés de sécurité avec un pétrole vendu comme désaromatisé. Au mieux, l’atmosphère sera difficilement respirable et chargée d’humidité. Cela fera le bonheur des champignons se développant sur les parois froides car, en plus, les ménages qui ont des difficultés financières pour se chauffer vivent souvent dans des habitations mal ou pas calorifugées.

Pour une rare fois, l’État a fait machine arrière en annulant l’arrêté du préfet de région interdisant les feux de cheminée au 1erjanvier 2015 – arrêté du 25 mars 2013. Il s’est rendu compte qu’il s’était fourvoyé dans une mesure d’écologie punitive complètement déconnectée de la réalité. Ségolène Royal pourtant régulièrement raillée – y compris par ses alliés politiques – a fait preuve d’une grande clairvoyance sur le sujet.

RÉFÉRENCES
1. Arrêté inter-préfectoral n° 2013 084 0002 relatif à la mise en oeuvre du Plan de Protection de l’Atmosphère révisé pour l’Île-de-France : arrete_application_vfinale_cle134e15 – Prefecture IDF – 2014-06-17
2. Ministère de l’Environnement, Lettre annulant l’interdiction des feux de cheminée au 1er janvier 2015 : 2014-12-15 Feux de cheminee Lettre de S ROYAL aux prefets
3. Boulevard Voltaire, Nicolas Gauthier – Faire du feu dans sa cheminée ce sera bientôt interdit – 17 décembre 2014 : bvoltaire.fr – nicolas gauthier- faire-du-feu-dans-sa-cheminee-ce-sera-bientot-interdit 2013-12-17 
4. Chauffage au bois à l’aéroport de Roissy – Le Moniteur – 29 janvier 2014  : Un quart du chauffage de l’aéroport de Roissy désormais assuré au bois – Le moniteur d’après une dépêche AFP 2014-01-29

© Jean-Marie CORBIN, 12 janvier 2015.