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Le très haut débit à la CALPE : état des lieux

Depuis une bonne décennie, le haut débit de type ADSL est déployé sur l’ensemble des communes constituant les actuelles Portes de l’Essonne (CALPE). Il est présent dans tous les foyers qui en ont fait la demande. L’ADSL utilise comme support les lignes téléphoniques en fils de cuivre des abonnés au téléphone. Prévues à l’origine pour ne transmettre que la voix et encore, pas dans des conditions « hi-fi », les réutiliser pour transmettre la voix, les données, les images de télévision dans une qualité supérieure à une cassette VHS relève du miracle. C’était encore impensable, il y a une vingtaine d’années. Mais, la qualité de la connexion et le débit numérique possible sont directement liés à la longueur du fil de cuivre qui relie l’abonné à son central téléphonique.

fibres optiques licence Creative Commons

fibres optiques licence Creative Commons

ÉTAT DES LIEUX

La ville d’Athis-Mons est intégralement éligible au très haut débit (THD). Morangis a une large couverture à plus de 8 Mbits.

Pour les abonnés Saviniens et Juvisiens, c’est déjà plus préoccupant. Le central (noeud de raccordement d’abonné ou NRA) se situe, avenue Joachim du Bellay, à Viry-Châtillon, là-même où se trouvait l’agence France Télécom fermée depuis des années. En résumé, plus vous êtes près de cet endroit, meilleure sera la qualité de la connexion. À l’autre bout de Savigny-sur-Orge, dans la ZAC des Gâtines, malgré plus 4400 m de câble en cuivre, le débit se maintient à plus de 2 Mbits ce qui reste acceptable pour de la navigation sur internet mais insuffisant pour transmettre la télévision. Et encore, il faut que la connexion terminale au domicile de l’abonné soit très soignée.

l'observatoire du très haut débit - situation pour la CALPE au 3 septembre 2014 - (c) 2014 La France du Très Haut Débit

L’observatoire du très haut débit : situation pour la CALPE au 3 septembre 2014.

DU TRÈS HAUT DÉBIT, POUR EN FAIRE QUOI ET COMMENT ?

Ce débit est donc suffisant, pour travailler sur internet, et faire fonctionner le téléphone en VOIP (technologie retenue sur toutes les « box »).

Les consommateurs sont friands de nouvelles technologies et demandent toujours plus. Ils souhaitent désormais le très haut débit, c’est à dire 100 Mbits. Pour quels usages ?

  • Le télétravail ? 2 Mbits suffisent pour faire fonctionner une dispositif de prise de contrôle à distance de type VNC, (Virtual Network Computing, c’est-à-dire un système de pilotage d’ ordinateur à distance).
  • Les jeux en réseau ? Est-il raisonnable que la communauté s’endette davantage, pour promouvoir ce type de loisir numérique et déployer un réseau plus réactif à la propagation d’informations numériques (réponse au ping) ?
  • La télévision ? Un concession trentenaire avait été accordé à CiteCâble Essonne pour exploiter un réseau câblé sur Savigny-sur-Orge. Il expirera en 2026.

Après consultation du site internet de Numericable, on constate que leurs offres utilisent l’ADSL comme support, et pas le réseau câblé déployé. Numéricable se plaint de l’appellation diffamante « Miséricable ». Pourtant malgré une publicité tonitruante pour la fibre optique dans cette ville, le réseau commercial répond aux abonnés absents avec un réseau câblé en déshérence. Quel intérêt porte Numéricable aux Saviniens ?

publicité Numéricable à arrêt de bus à Savigny sur Orge le 4 septembre 2014

Publicité Numéricable à un arrêt de bus à Savigny-sur-Orge, le 4 septembre 2014. © Jean-Marie CORBIN.

Trois solutions pour augmenter le débit dans ces zones.

  • Déployer un nouveau réseau à fibre optique à Savigny-sur-Orge. Malgré les aides diverses que l’on peut obtenir dans ce type d’opération, le reste à charge sera considérable. Il convient de bien s’assurer des engagements des futurs clients avant d’entreprendre de lourds travaux d’infrastructures.
  • Exiger que Numéricable vienne s’asseoir à la table des négociations et lui demander de remettre à niveau le réseau câblé savinien afin qu’il puisse supporter le très haut débit comme il le pratique déjà dans d’autres communes de l’Ile-de-France (FTTLA) notamment à Athis-Mons.
  • Enfin la dernière solution, la moins coûteuse et la plus efficace que nous préconisons. Les NRA MeD pour Noeuds de raccordement d’abonné Montée en débit. Initialement prévus pour couvrir les zones d’ombre inéligibles à l’ADSL, une courte liaison de type ADSL vers ce type d’équipement lui même raccordé par de la fibre optique permet de relever le débit jusqu’à 25 Mbits en ADSL, voire 100 Mbits, si l’on opte pour la technologie VDSL à l’intérieur d’armoires dédiées (encombrement identique).
Un NRA-MeD à Quend Plage (Somme)

Un NRA-MeD à Quend Plage (Somme), 2014. © Jean-Marie CORBIN.

POUR EN SAVOIR PLUS – DOCUMENTS

  1. Le NRA MeD expliqué par Ariase.com Qu’est-ce que le NRA-MeD (anciennement NRA-ZO) Ariase.com
  2. Decision_no96-79_du_23_janvier_1996_version_initiale
  3. consult-ftth-mutualisation-immeuble-juillet07
  4. Decision_no90-954_du_21_decembre_1990_version_initiale

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© Jean-Marie CORBIN, 4 septembre 2014.

Les tapages nocturnes cautionnés par Éric Mehlhorn, maire de Savigny-sur-Orge ?

Alors que la décision du 4 avril 1968 portant réglementation de l’utilisation nocturne de l’aéroport d’Orly proscrit tout vol de nuit entre 23 h 30 et 6 h 00, les Saviniens sont régulièrement privés d’une heure de sommeil supplémentaire « accordée » par Aéroport de Paris (ADP). (1) En effet, les éboueurs commencent leur collecte avec fracas dès 5 h 00 du matin : de plus en plus de Saviniens se plaignent de ce tapage nocturne organisé. Camions aux décibels pétaradants à fond les manettes, bacs et containers jetés bruyamment sur les trottoirs, personnels qui courent en sifflant ou en vociférant pour accomplir leur métier. Quelle hâte, quel engouement à nous débarrasser de nos immondices !

UNE CONVENTION COLLECTIVE SINGULIÈRE

L’explication est en fait toute simple, la convention collective de cette branche professionnelle est bien singulière sur plusieurs points. Elle permet à ces personnels d’être payés à la mission et non pas à l’heure comme c’est le cas dans la plupart des autres professions. Ainsi, plus vite le travail est commencé, plus vite il est terminé ! Le petit matin, où la circulation automobile est moindre, est une aubaine pour ces éboueurs pressés d’enchaîner un probable second emploi comme certains le disent. Qu’importe le repos brisé de milliers de riverains …

éboueur selon Gotlib

Le boueux de mon enfance. Rubrique à brac, tome 2, Éditions Dargaud. © Marcel Gotlib.

LA CAUTION D’ÉRIC MEHLHORN, MAIRE DE SAVIGNY-SUR-ORGE

Alerté sur ces dérives, la réponse de la mairie de Savigny-sur-Orge en date du 5 juin 2014 est stupéfiante, voire navrante : « Pour faire suite à votre courrier concernant les horaires de passage pour la collecte des ordures ménagères, je vous informe que des circuits ont été établis en accord avec l’entreprise, que les horaires peuvent varier mais que la collecte peut effectivement commence dès 5h du matin. » Tout va bien braves gens et mettez des boules quies ! On était en droit d’espérer d’un maire qu’il se préoccupe davantage de la tranquillité de ces administrés. Quant à la société Europe Service Déchets (ESD, sise à Viry-Châtillon), prestataire assurant la collecte de déchets pour la ville de Savigny-sur-Orge, elle n’a pas daigné répondre aux sollicitations par courriel. Attendons la réponse de la Communauté d’agglomération les Portes de l’Essonne (CALPE) qui exerce depuis 2013 la compétence collecte et traitement, encaissant ainsi la Taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) versée par les Saviniens, soit près de 3,8 millions €. La question citoyenne est simple : les habitants de Savigny-sur-Orge bénéficient-ils de la qualité d’un service de collecte et de traitement des déchets ménagers qui coûte plus de 3 millions d’euros par an ? (2)

réponse mairie savigny suite à passages à 5h des éboueurs 2014-06-17

Réponse de Nadège Atchergaele, maire-adjointe à Savigny-sur-Orge, le 05 juin 2014.

Il convient de s’interroger sur la nécessité du tapage nocturne, de fait organisé ou cautionné par un règlement municipal dans un tel cas. Pourquoi lutter contre le bruit et les nuisances d’un aéroport à proximité alors que, dans le même temps, le maire autorise la nuit une nuisance sonore répétée définie à l’article R. 623-2 du Code pénal ? Cette pratique est entièrement politique. Les horaires de collecte des déchets ménagers sont rarement remis en cause, notamment en raison des problèmes de circulation et de l’évolution des flux… La collecte des déchets ménagers relève d’une mission de service public. Elle n’est pas soumise à des prescriptions particulières relatives aux conditions d’horaires. (3) Les arrêtés « bruit » ne s’appliquent donc pas à ce type d’activité. (4) Cette thèse est discutable et abusive.

UNE MISSION DU MAIRE : ASSURER LA TRANQUILLITÉ PUBLIQUE

Le maire est tenu d’assurer dans sa commune la tranquillité publique ! Nadège ACHTERGAELE, maire adjointe ayant répondu au courrier adressé au maire, aurait pu proposer d’étudier avec toutes les associations environnementales de la commune et les riverains le report d’une heure du début de collecte afin de la faire correspondre au couvre-feu d’Orly. Elle aurait pu envisager la création d’une commission extra-municipale, formée de citoyens, de fonctionnaires, d’employés du concessionnaire ESD afin de travailler sur la notion du bruit incivique. L’Agence régionale de la santé est compétente pour aider le maire à faire respecter la réglementation. La première adjointe aurait pu indiquer qu’en tant que nouvelle élue, elle l’interrogerait sur les dispositifs techniques pouvant être mis en place sur les camions du concessionnaire ESD afin de faire disparaître les nuisances…

Évoquons enfin la responsabilité du maire pouvant être engagée pour carence dans l’exercice de son pouvoir de police administrative en ne prenant pas les mesures appropriées pour mettre fin à des nuisances sonores générées par ses services ou des concessionnaires.

EN QUÊTE D’UNE MUNICIPALITÉ SOUCIEUSE DE LA SANTÉ DE SES ADMINISTRÉS

Cette nonchalance vis-à-vis des nuisances sonores nocturnes, qui n’est pas sans rappeler l’absence de réaction du maire Éric MEHLHORN sur le projet de l’autoroute ferroviaire atlantique, conduit à s’interroger sur la capacité de certains élus à gérer des dossiers portant atteinte à la qualité de vie et à l’environnement. Faut-il s’inquiéter de leur potentiel de réactivité lorsque ADP cherchera à réduire à une peau de chagrin le couvre-feu afin de rentabiliser ses nouveaux aménagements ? En Ile-de-France, le bruit représente la première source de nuisance. Ses effets sur la santé sont néfastes. Les enjeux de réduction du bruit doivent être considérés par les autorités publiques comme étant cruciaux pour le bien-être de leurs administrés. La nouvelle municipalité de Savigny-sur-Orge devrait travailler à une meilleure conciliation entre les usages urbains avec les nuisances sonores sans pour autant les augmenter ! (5)

SOURCES ET DOCUMENTS
1. Décision ministérielle
sur le couvre-feu d’Orly (pdf) :  Decision_ministerielle_Orly_1968.
2. Voir l’article de Bernard MÉRIGOT, « Savigny-sur-Orge. Commission consultative des services publics locaux du 26 septembre 2013 : déchets ménagers, eau et assainissement », sur le site internet www.savigny-avenir.fr : http://www.savigny-avenir.fr/2013/09/26/savigny-sur-orge-commission-consultative-des-services-publics-locaux-du-26-septembre-2013-dechets-menagers-eau-et-assainissement/.
3. Arrêté municipal relatif aux bruits de voisinage Savigny-sur-Orge 2003-10-02.
4. Voir le site internet du Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIDB) : www.bruit.fr.
5. Site internet de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) : www.ademe.fr.

© Jean-Marie CORBIN, 1er septembre 2014.

Dégradation de la qualité de service sur le RER-C, quelques faits éloquents

Alors que l’enquête sur l’accident de Brétigny-sur-Orge se termine par des conclusions accablantes sur l’état de vétusté du réseau ferroviaire public, les déboires des usagers de la ligne du RER-C sont loin d’être terminés.

En plus des habituels travaux d’été Castors, qui se répètent tous les étés depuis plus de quinze ans et qui ont duré 5 semaines cette année, d’autres événements funestes sont venus se greffer depuis le début de l’année 2014.

TRAVAUX = FERMETURE ET SUPPRESSION

À commencer par une campagne de travaux inédites nécessitant dès le printemps 2014, des fermetures précoces de gares en soirée et la suppression de missions PAUL et BALI aux heures de pointe. Cette campagne est censée se prolonger jusqu’au mois de novembre 2014. En bonus, les usagers de la gare d’Austerlitz ont eu droit pendant les deux premières semaines d’avril 2014 à une gare totalement recouvertes d’immondices volontairement épandus par les personnels grévistes en charge du nettoyage.

La gare d’Austerlitz volontairement salie par les agents d’entretien en grève. © Jean-Marie Corbin avril 2014.

LES SEMPITERNELLES GRÈVES

C’était sans compter, la grève du mois de juin 2014 où 20 % de personnels cheminots grévistes arrivent à perturber 100 % du réseau. Brillante démonstration d’efficacité que l’on aimerait plus souvent retrouver exprimée dans la capacité à faire circuler les trains et en toute sécurité de préférence. Que le lecteur se rassure, les usagers ont été indemnisés à hauteur de 32,80 € sur les 1 093,40 € que coûte l’abonnement Navigo annuel zone 1-4.

remboursement grève juin 2014

Lettre chèque concernant le remboursement partiel du pass Navigo suite aux grèves de juin 2014.

L’INCENDIE DU POSTE DE CIRCULATION DES ARDOINES / VITRY ET SES CONSÉQUENCES

Enfin, un dernier événement très fâcheux est venu s’ajouter à cette liste : l’incendie d’un poste d’aiguillage situé à l’extrémité d’une zone de remisage des rames et d’un atelier de maintenance du RER-C. S’il n’y a pas eu de victime, les dégâts sont considérables. Le poste relativement ancien est complètement détruit, et les aiguillages ne sont plus actionnables qu’à la main. Il n’est désormais plus possible de faire communiquer efficacement la zone de remise avec le reste du réseau du RER-C. Cela a pour conséquence la suppression de tous les trains en renforcement aux heures de pointes (PAUL et BALI), et la suppression d’autres convois ou de leur raccourcissement à 4 voitures y compris aux heures de pointes.

La SNCF, prise au dépourvu, n’est pas en mesure d’avancer un délai de remise en service du poste d’aiguillage, les dégâts obligeant la reconstruction ex-nihilo du poste. Ce qui nécessite le passage par les cases financements, études, chantiers, et réception. (1) Les spéculations vont bon train (contrairement au RER-C) et tablent sur un retour à la « normale » pas avant fin 2015. Le bâtiment sinistré contient de l’amiante, les travaux de démolition s’annoncent compliqués. Ainsi, non seulement, d’être un cancérigène avéré, on apprend en plus que l’amiante est incapable de tenir son rôle d’ignifugeant !

visite technicentre ardoines oct 2013

Atelier de remisage des rames aux Ardoines lors de la journée portes ouvertes en octobre 2013. © Jean-Marie Corbin.

Concernant cet incendie, les premiers éléments de l’enquête dans cette affaire s’avèrent accablants puisque l’agent en poste au début de l’incendie s’était endormi après avoir fumé et bu de nombreuses bières. (2) Un comportement totalement inadmissible qui impacte depuis plus d’un demi-million de voyageurs par jour et sur lequel la SNCF ne s’étendra pas ! (3)

Pour terminer, nous reconnaissons que la SNCF fait depuis plusieurs années des efforts indéniables pour communiquer et informer les clients d’une manière de plus en plus efficace. Ce ne fut, hélas, pour annoncer qu’une longue série de mauvaises nouvelles depuis le début de l’année.


Mise à jour du jeudi 4 septembre 2014

Alors que jusqu’à maintenant les spéculations les plus pessimistes avançaient le rétablissement pas avant la fin de l’année 2015, celui-ci est officiellement annoncé à plus de deux ans soit à la fin de l’année 2016 (4). Or, à la fin de l’année 2015, le chantier du Tram Train Massy Évry aura démarré. Théoriquement, depuis l’année 1992, la gare de Savigny-sur-Orge bénéficiait notamment d’une desserte de trois trains au quart d’heure. Depuis cette desserte était restée inchangée  malgré la très forte hausse de fréquentation du tronçon Val d’Orge. Elle avait même été dégradée par des allongements successifs des temps de parcours et notamment en décembre 2013 par des arrêts supplémentaires à Ivry-sur-Seine et Vitry-sur-Seine des trains CIME, VICK, KUMA, DUFY. Il est désormais confirmé que cette desserte appartient définitivement au passé.


DOCUMENTS
1. SNCF, « La Lettre aux élus. Réunion d’information suite à l’incendie du poste d’aiguillage des Ardoines », 29 juillet 2014, 7 pages illustrées (pdf) : Incident Ligne C Communiqué officiel.
2. Le Figaro, , « Trafic bloqué à Austerlitz : le cheminot était ivre », 24 juillet 2014, mis à jour le 25 juillet 2014 (pdf) : Trafic bloqué à Austerlitz _ le cheminot était ivre.
3. SNCF, « Info trafic. Conséquences de l’incendie du poste de circulation de Vitry » (les nouveaux horaires de la ligne du RER-C à compter du 25 août 2014), 11 pages :  RER C info trafic a partir 25 aout 2014.
4. AFP, « Après l’incendie d’un poste d’aiguillage, le RER C restera perturbé pendant plus de 2 ans », 4 septembre 2014 : Après l’incendie d’un poste d’aiguillage, le RER C restera perturbé pendant plus de 2 ans _ AFP
5. Le Parisien, «Deux ans et demi de travaux forcés ! », 5 septembre 2014 : 2014-09-05 Le Parisien RER-C GALERE.

© Jean-Marie CORBIN, 31 août 2014.

Un an après l’accident de Brétigny-sur-Orge

Le 12 juillet 2013, une défaillance d’un aiguillage sur la voie de chemin fer à l’approche de Brétigny-sur-Orge a fait dérailler un train de grande ligne, se renversant en partie sur le quai de banlieue (RER-C) en direction d’Étampes et de Dourdan. Le bilan se solde par sept morts et de nombreux blessés. Très vite, l’enquête met hors de cause l’agent de conduite qui roulait en-dessous de la vitesse autorisée, qui a immobilisé le convoi en perdition et donné l’alerte le plus rapidement possible.

UN RÉSEAU FERROVIAIRE SOUFFRANT

Très rapidement les hypothèses ont convergé vers une défaillance d’un aiguillage et, surtout, de fortes interrogations sur l’entretien du réseau ferroviaire. Dans notre précédent article, nous exposions des documents confortant l’hypothèse. (1) Un an s’est écoulé depuis le drame. Le rapport des experts remis au procureur est particulièrement accablant. A cet endroit, la voie montrait des faiblesses depuis 2008 ! En mai 2013, soit deux mois avant le drame, un aiguillage très proche de celui incriminé avait dû faire l’objet de réparations urgentes tant son état était préoccupant. (2, 3, 4)

Les victimes survivantes sont stupéfaites de découvrir l’état de délabrement du réseau ferroviaire qui aurait bien pu leur coûter la vie.

UN REFUS DE PRISE DE CONSCIENCE DE LA PART DE SNCF ET RFF 

Et la série noire n’est peut-être pas près de s’achever puisque, pour l’accident Denguin survenu le 17 juillet 2014, on s’oriente aussi vers un problème d’infrastructure avec une signalisation défaillante qui aurait pu être réparée dans les délais si la périodicité d’entretien avait été scrupuleusement respectée. (5)

On constate une recrudescence de travaux sur le RER-C depuis l’hiver 2013-2014 : les voies sont en réfection à la hauteur de Choisy-le-Roi pour de nombreux mois avec des ralentissements, retards et suppressions conséquents sur la ligne. Viennent s’ajouter à cela les grèves, les travaux annuels Castors et les ralentissement des circulations dès que la température dépasse les 30°C par crainte de voir les rails se gondoler au passage des trains. Le principe de précaution est poussé à son paroxysme !

Enfin, le facteur humain direct reste tout de même en cause dans certains cas comme le montre cet incendie récent au poste de circulation des Ardoines. Les premiers éléments de l’enquête font état d’un fumeur en état d’ébriété sur le lieu de travail qui aurait provoqué l’incendie pendant une période de somnolence. Cette négligence issue d’un autre siècle, et totalement inacceptable, a eu pour conséquence l’obligation de réduire encore plus la circulation des trains, en attendant la réparation des équipements sérieusement endommagés par le feu.

Espérons que les idéologues cesseront de proférer des imbécilités en montrant du doigt les défaillances du réseau ferroviaire britannique privatisé. Les défaillances sont bien françaises et RFF, comme la SNCF, sont des sociétés nationalisées.

SOURCES ET DOCUMENTS
1.
Article publié en 2013 : http://portes-essonne-environnement.fr/le-deraillement-de-bretigny-sur-orge/.
2. Le Parisien, édition du 7 juillet 2014, page 16 : 2014-07-07 LP Accident Bretigny p16.
3. Le Parisien, édition du 7 juillet 2014,  page 2 : 2014-07-08 LP Accident Bretigny p.2.
4. Le Parisien, édition du 7 juillet 2014, page 3 : 2014-07-08 Accident Bretigny p.3.
5. Claude CANELLAS, « Une défaillance technique à l’origine de la collision de Denguin », dépêche de l’Agence Reuters publiée par Sophie LOUET.


 DÉPÊCHE DE L’AGENCE REUTERS

collision ter tgv denguin 2014-07-17

Collision d’un TER et d’un TGV à Denguin, 17 juillet 2014.

BORDEAUX (Reuters) – La collision entre un TER et un TGV qui a fait 40 blessés le 17 juillet près de Pau est due à un signal passé indûment au vert en raison d’une défaillance électrique dans une borne, confirme un rapport d’enquête interne de la SNCF.
La direction de la SNCF avait écarté vendredi l’hypothèse d’une erreur commise par le conducteur du TER.
« Les constats faits ont mis en évidence avec certitude que le sémaphore 23 a présenté pendant au moins une minute l’indication « voie libre » (feu vert) alors que la portion de voie qu’il protégeait était occupée par le TGV », indique le rapport diffusé durant le week-end par la SNCF.
La Direction des audits de sécurité qui a mené l’enquête a pu constater « des traces de rongeurs dans le centre de signalisation et la présence de nombreux fils conducteurs partiellement dénudés ».
Le jeudi 17 juillet, à 17h35, le TER Pau-Bordeaux qui transportait 80 passagers percutait par l’arrière à Denguin, à 18 km au nord-ouest de Pau (Pyrénées-Atlantiques), le TGV Tarbes-Paris dans lequel avaient pris place 175 personnes.
L’enquête a confirmé que le TGV qui roulait à 30 km/h avait été percuté par le TER, qui avait repris sa vitesse normale après avoir marqué l’arrêt au feu rouge et roulait à 120 km/h peu avant la collision.
Quarante personnes ont été blessées, dont quatre gravement.
Une personne restait hospitalisée en fin de semaine.
Le parquet de Pau a ouvert le 18 juillet une information judiciaire pour « blessures involontaires ».
Douze personnes qui se trouvaient dans les deux trains ont déposé plainte et ont été entendues.
(Claude CANELLAS, édité par Sophie LOUET)


© Jean-Marie CORBIN, 21 juillet 2014.

Journée technique de l’eau du SIAHVY, 24 juin 2014

Ce mardi 24 juin 2014, s’est tenue la cinquième journée annuelle technique de l’eau organisée par le Syndicat Intercommunal de l’Aménagement Hydraulique de la Vallée de l’Yvette (SIAHVY). Ce syndicat regroupe 34 communes situées sur le bassin versant de l’Yvette et de ses affluents. Dans le périmètre de la communauté d’agglomération des Portes de l’Essonne sont concernées les communes de Savigny-sur-Orge et Morangis. Concernant l’exploitation hydraulique et l’entretien de la rivière environ 2,7 M € ont été consacrés au fonctionnement et 3,7 M € à l’investissement. Concernant l’assainissement 9 M € ont été consacrés au fonctionnement et 5,2 M € à l’investissement.

grenouille SIAHVY

La mascotte du SIAHVY.

Le SIAHVY est financé par les recettes issues des redevances indexées sur la consommation d’eau potable des particuliers et des entreprises, les subventions communales liées à la collecte des eaux usées, les subventions départementales, régionales, et l’agence de l’eau Seine Normandie …

Pour l’assainissement, le SIAHVY se charge de la collecte des eaux usées mais il ne les traite pas. Celles-ci transitent par le réseau du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA, Syndicat intercommunal de la Vallée de l’Orge Aval) pour être traitées par le Syndicat Interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP) à l’usine Seine Amont située à Valenton. Face à des coûts de traitement élevés du SIAAP, le SIAHVY a envisagé d’être autonome et de construire une station d’épuration. Celle-ci ne verra finalement pas le jour, le SIAAP ayant fortement souhaité pour que la réalisation n’ait pas lieu.

Notons que Michel BARRET est le nouveau président du SIAHVY en remplacement de Daniel SIROT. François VIVIEN reste attaché à la Direction générale des services du SIAHVY.

Le programme de cette journée technique était consacré, cette année, à la visite de 3 chantiers en cours. (1)

1. Le dévoiement du collecteur intercommunal d’assainissement des eaux usées des Grands Prés de Vaugien à Saint-Rémy-lès-Chevreuse

Ce vaste chantier en compte trois en réalité : le dévoiement du collecteur intercommunal, le raccordement de Saint-Rémy-lès-Chevreuse au réseau d’assainissement, et l’implantation d’un poste de refoulement. Le financement (1,7 M €) provient à 60 % de l’agence de l’eau Seine Normandie, 10 % de la région Ile-de-France, 10 % du Conseil général de l’Essonne et 20 % du SIAHVY. La visite de chantier a permis d’examiner les pompes de rehaussement avant leur pose. Ces pompes – deux principales et une de secours – refouleront à une hauteur de cinq mètres. Après observation de celles-ci, on comprend mieux les mises en garde des services en charge de l’assainissement sur la nature des effluents. En effet, il ne faut pas jeter les lingettes et autres produits d’hygiène de la même dimension à l’égout. Cela détériore les pompes. Par ailleurs, notons que l’alimentation électrique des pompes n’est pas secourue. En cas de coupure prolongée, le service de télégestion lance une alerte. Le service d’assainissement doit mettre en place des moyens de secours comme un groupe électrogène pour éviter une pollution du cours d’eau voisin par un débordement du réseau d’eaux usées.

vue aerienne grands pres de vaugien

Vue aérienne du chantier. © 2014 SIAHVY.

Pompes de relevage sur l'Yvette à Gif 2014-06-24

Pompes de relevage, sur l’Yvette à Gif, avant leur pose. © 2014 JMC.

3 vannes de répartition local enterré pompes de relevage Gif sur Yvette 2014-06-24

Trois vannes de répartition dans un local enterré des pompes de relevage. © 2014 JMC.

2. La restauration de la continuité écologique de la Mérantaise à Gif-sur-Yvette et le programme de lutte contre les inondations

Ces travaux concerne le cours d’eau la Mérantaise un affluent de l’Yvette à Gif-sur-Yvette, aux abords du campus du CNRS. La Mérantaise est sujette à de fortes crues par temps d’orage. Il y a eu cinq graves inondations en moins dix ans. Le SIAHVY a donc entrepris de restaurer le cours d’eau d’une manière sinueuse comme cela l’était à l’origine avant son bétonnage et d’élargir le pont situé en amont. Notons que bien qu’étant sur l’emprise privée du CNRS, le campus est un lieu ouvert. Les visiteurs extérieurs sont autorisés à se promener le long des rives. Nous pouvons que saluer cet esprit d’ouverture : il contraste fortement avec l’attitude particulièrement intransigeante et crispée des Hôpitaux de Paris concernant l’accès des berges de l’Orge dans la traversée de l’hôpital du Perray-Vaucluse.

La Mérentaise à Gif-sur-Yvette aux abords du CNRS avant les travaux

La Mérentaise à Gif-sur-Yvette, aux abords du CNRS, avant les travaux. © 2014 SIAHVY.

La Mérentaise à Gif sur Yvette aux abords du CNRS avec les visiteurs 2014-06-24

Les berges de la Mérentaise après renaturation. © 2014 JMC.

La Mérentaise à Gif sur Yvette aux abords du CNRS 3 2014-06-24

Les berges de la Mérentaise après renaturation. © 2014 JMC.

3. Le chantier du Moulin de Saulx, futur siège du SIAHVY

Le moulin de Saulx-les-Chartreux a été acquis en 2007 pour la somme de 1,2 M €. Il était destiné initialement à en faire un espace pédagogique dédié à l’eau. Le SIAHVY a décidé de transférer son siège situé à Villebon-sur-Yvette au moulin de Saulx. L’opération de remise en état et des aménagements des bâtiments a coûté, selon l’affichage à l’entrée du chantier, 2,5 M € TTC. La surface habitable projetée étant de 600 m², cela nous fera le m² à plus 6100 €. Ces travaux comprendront outre la rénovation des bâtiments, la restauration de la roue à aubes du moulin qui produira de l’électricité d’une puissance d’une dizaine de kilowatts (selon ce qui est habituellement constaté sur ce type d’installation). Pour information, la centrale hydroélectrique de Beauchastel sur le Rhône produit 192 mégawatts. Il ne faut pas oublier que le moulin ne doit pas perturber l’écoulement des eaux au risque de rompre la continuité écologique entre aval et amont.  L’installation du moulin comprendra aussi un dispositif de récupération de chaleur sur les eaux usées à  l’aide d’un système de type pompe à chaleur. On peut toutefois s’interroger sur l’impact des eaux usées très froides sur l’activité biologique en station d’épuration ou le risque de colmatage des canalisations.

visite de chantier du futur siège du SIAHVY 2 2014-06-24

Visite de chantier du futur siège du SIAHVY, le 24 juin 2014, à Saulx-les-Chartreux. © 2014 JMC.

Au-delà de la lecture d’un simple rapport d’activité (2), ces journées techniques sont particulièrement intéressantes. Par la rencontre informelle des différents acteurs (élus, opérateurs de la maîtrise d’ouvrage, opérateurs de la maîtrise d’œuvre, autres associations …), elles mettent le citoyen en condition d’apprentissage et de questionnement sur un sujet qu’il aborde bien souvent que par le biais d’une facture. Elles permettent ainsi de contrôler un pan de la gestion du service public.

DOCUMENTS
1.
SIAHVY Journée Technique de l’eau 2014-06-24.
2.
Rapport activité SIAHVY 2013.
3. exploitation-des-stations-dépuration.

© Jean-Marie CORBIN, 21 juillet 2014.