Sur Radio France Bleu Gascogne, le secrétaire d’État aux Transports Alain VIDALIES a annoncé ce 30 avril 2015 que l’État ne signera pas le contrat pour la mise en œuvre de l’autoroute ferroviaire Atlantique (AFA) entre Dourges (Pas-de-Calais) et Tarnos (Landes) via la région parisienne en janvier 2016. La décision a été prise en accord avec le Premier ministre, Manuel VALLS, et le gouvernement dans la soirée du 29 avril.
Extraits de l’interview d’Alain VIDALIES donnant les motifs de ce renoncement :
- « L’équilibre total de ce dossier a amené à constater qu’il y avait des conséquences pour les populations, que ce projet n’était pas financièrement équilibré, qu’il y avait un gros risque pour l’État ».
- « C’est un dossier qui avait reçu un avis négatif du conseil général de l’investissement, qui est un organisme d’État, et qui constatait que ce projet supposait 375 millions d’euros de financement public, principalement de l’Etat et de Réseau ferré de France » (gestionnaire des infrastructures devenu SNCF Réseau par la loi du 4 août 2014 portant réforme ferroviaire).
- Le conseil général de l’investissement « avait relevé que ce projet présentait une rentabilité négative. Donc il y a aussi des arguments économiques ».
- « Le dossier était considérablement fragilisé sur le plan juridique, par le fait que, au moment de l’enquête publique, on n’a pas suffisamment pris en compte les conséquences en matière d’environnement ». (1)
En juillet 2014, le régulateur du rail avait désavoué le projet. Pierre CARDO, le président de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires (ARAF), avait ainsi expliqué au quotidien Libération que le contrat était complètement déséquilibré pour RFF. Il déplorait que le gestionnaire n’avait « déjà pas assez d’argent pour subventionner le fret ferroviaire », qu’il était « très endetté » et que lui demander « de mettre 208 millions d’euros sur cette desserte alors que Bercy » réduisait « ses engagements » était une erreur. Par ailleurs, « certains éléments chiffrés » du dossier d’AFA étaient, selon lui, sous-estimés. (2)
Le gouvernement précise que le projet n’est pas pour autant abandonné, sans indication de financement d’un plan bis ! Il souhaiterait notamment travailler à d’autres solutions pour remplacer ce qui était, jusqu’alors, présenté comme une mesure concrète de la transition énergétique. Ainsi, le terminal de Tarnos pourrait être déplacé à Vitoria, dans le Pays basque espagnol, puisqu’il existe un projet similaire de l’autre côté des Pyrénées. (3) Après le coûteux naufrage de l’écotaxe française qui fonctionne depuis dix ans en Allemagne, le renoncement à ce projet AFA constitue un nouveau recul de la France à l’égard de ses engagements pour réduire les pollutions.
Le principe des autoroutes ferroviaires est bénéfique pour l’environnement en général. Toutefois, pour les associations environnementales de la région parisienne signataires d’un avis commun lors de l’enquête publique en juillet 2014, le passage de l’AFA dans une zone très densément peuplée sur un réseau ferré de banlieue francilienne déjà saturé et obsolescent était une erreur fondamentale. Elles approuvent pleinement le report modal de la route vers le rail sur la traversée de la France, du sud au nord (et inversement), mais elles réaffirment leur volonté de voir l’État travailler à la création d’une ligne dédiée au fret contournant l’Ile-de-France. (4)
SOURCES
1. Interview d’Alain VIDALIES par Radio France Bleu Gascogne, 30 avril 2015 : http://www.francebleu.fr/infos/le-gouvernement-renonce-l-autoroute-ferroviaire-entre-le-nord-et-les-landes-2320263.
2. MAUSSION Catherine, « L’autoroute ferroviaire Atlantique sur une voie de garage », Libération.fr, 17 juillet 2014 (http://www.liberation.fr/economie/2014/07/17/l-autoroute-ferroviaire-atlantique-sur-une-voie-de-garage_1065649).
3. Lire : http://actu.orange.fr/france/le-gouvernement-renonce-a-l-autoroute-ferroviaire-atlantique-afp_CNT0000009DM3B.html.
4. Voir parmi les neuf articles sur le présent site Internet :
– http://portes-essonne-environnement.fr/autoroute-ferroviaire-atlantique-afa-liaison-la-revue-didfe-publie-un-article-cosigne-par-pee/ ;
– http://portes-essonne-environnement.fr/autoroute-ferroviaire-atlantique-afa-rapports-et-avis-de-la-commission-denquete/ ;
– http://portes-essonne-environnement.fr/autoroute-ferroviaire-atlantique-2e-enquete-avis-defavorable-de-pee/ ;
– http://portes-essonne-environnement.fr/le-mysterieux-pont-rail-de-savigny-sur-orge-autoroute-ferroviaire-atlantique/ ;
– http://portes-essonne-environnement.fr/lautoroute-ferroviaire-atlantique-passera-t-elle-par-la-ligne-du-rer-c/.
NOTA BENE
Cet article sera publié conjointement sur les sites des associations essoniennes signataires de l’avis défavorable commun lors de la deuxième enquête publique de juillet 2014, à savoir Portes Essonne Environnement (PEE), Essonne Nature Environnement (ENE) et Culture Arts Découverte (CAD) : www.portes-essonne-environnemennt.fr, www.ene91.fr, www.savigny-avenir.info.
© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, trésorière et directrice d’édition numérique de PEE, secrétaire générale d’Essonne Nature Environnement (ENE), 30 avril 2015.