Archives de catégorie : Aérodrome de Paris-Orly

Environnement. Comment réduire d’une façon significative et rapide les émissions de gaz carbonique ?

Deux voies s’ouvrent aux citoyens comme aux entreprises et aux collectivités pour réduire les émissions de gaz carbonique : soit attendre d’y être contraints par les lois et les règlements, soit s’engager volontairement dans des programmes d’action. Cette dernière voie est celle que suivent de plus en plus d’entreprises. C’est ainsi que le président-directeur général du Groupe Aéroport de Paris (ADP), Augustin de ROMANET, vient d’annoncer une diminution de 65 % des émissions de CO2 pour les trois aéroports parisiens à l’horizon de 2020. (1)

« Je n’émets plus CO2, donc je peux continuer à exister » remplace désormais « J’émets du CO2, donc j’existe », seconde formulation du cogito de la pollution et du réchauffement climatique. © Photographie BM/CAD pour PEE, 2017.


Les diminutions d’émission de CO2 portent sur trois objectifs : les centrales thermiques, la consommation d’électricité, les véhicules de service.

  • La géothermie permet de chauffer les bâtiments de l’ensemble de la plate-forme aéroportuaire Paris-Orly. Elle représente 70 % du chauffage des terminaux. Une économie de 50 000 tonnes de CO2 a été réalisée depuis 2011.
  • Les énergies renouvelables. La récupération de la chaleur de l’usine d’incinération de Rungis fournit 27 % de la production de chaleur. Une économie de 50 000 tonnes de CO2 a été réalisée depuis 2011.
  • La chaufferie biomasse. La chaufferie installée en 2012 à Paris-Charles de Gaulle produit 25 % des besoins en chaleur. Une économie de 18 000 tonnes de CO2 est réalisée chaque année.

Graphique extrait de : Groupe ADP, « Le groupe relève son ambition de réduction des émissions de CO² : – 65 % sur les 3 aéroports parisiens entre 2009 et 2020 », communiqué de presse en date du 13 juin 2017.


Cette forte réduction de l’empreinte carbone d’ADP est louable. Elle est avant tout exigée par la transition écologique mondiale établie par la Conférence de Rio. Elle entre dans la politique globale des entreprises qui, surtout depuis les années 2000, intègrent obligatoirement, sans que cela n’affecte leur performance économique, la politique de développement durable dans leurs décisions de gestion. Au regard des bilans du Groupe ADP, cette performance économique est effectivement loin d’être mise en danger par les dispositions prises par l’entreprise pour lutter contre le réchauffement climatique. (2) Elle en a fait un argument de développement économique avec trois priorités mises en avant lors de la COP21, pour 2016-2020 :

  • 1. la diminution des émissions de CO2 des infrastructures aéroportuaires par passager de 65 % entre 2009 et 2020 ;
  • 2. l’amélioration de la performance énergétique de 1,5 % par an sur la période 2016-2020 ;
  • 3. la dévolution de la part d’énergies renouvelables dans la consommation finale des aéroports à 15 % en 2020.

Pour aller encore plus loin, le Groupe ADP a signé en mars 2017 le Manifeste pour décarbonner l’Europe (The Shift Project). Il a pour ambition de supprimer l’émission de gaz à effet de serre à l’horizon 2050.

Le riverain de l’aéroport Paris-Orly, survolé au quotidien ou occasionnellement, peut légitimement se poser la question suivante : est-ce du greenwashing ou bien une réalité pour ceux qui vivent à proximité d’un aéroport ? Autrement dit, à quand une réelle réduction des gaz à effet de serre émis par les rotations des avions au-dessus des têtes des riverains survolés ? Notamment lors des procédures de remise de gaz qui, au dire de la DGAC, sont de plus en plus nombreuses ces derniers mois dans la vallée de l’Orge et l’ancienne communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE) .


DOCUMENTS

MANIFESTE POUR DÉCARBONER L’EUROPE

Nous, signataires du présent Manifeste pour décarboner l’Europe, appelons les États européens à lancer dès maintenant les politiques capables d’aboutir en 2050 à des émissions de gaz à effet de serre aussi proches que possible de zéro.

L’Accord de Paris sur le climat engage l’Europe à réinventer la totalité de son économie. Tout ou presque reste à faire. Le défi met en jeu chacune des activités essentielles encore dépendantes des énergies fossiles : l’industrie et la production électrique, les transports, le bâtiment, l’agriculture, et de manière indirecte la finance, l’assurance et les politiques publiques.

L’Europe a vu naître la première révolution industrielle, celle du charbon et des hydrocarbures. Depuis, l’humanité a brûlé en 150 ans près de la moitié du pétrole que la nature a mis un demi-milliard d’années à créer. Il faut choisir d’urgence le chemin capable de conduire au-delà de ces sources d’énergie tarissables, qui sont en train de dégrader le climat de façon irréparable.

L’Europe se doit d’ouvrir la voie de la prochaine révolution industrielle, celle de la sortie des énergies fossiles. Elle a tout à y gagner. Le projet européen s’est construit après 1945 autour du charbon et de l’acier. Il peut maintenant se régénérer pour donner naissance à un monde nouveau, prospère et durable. Un monde de paix.

Inventons ensemble l’Europe post-carbone. Cette invention est le souffle neuf dont l’Europe a besoin, et qu’elle peut offrir au monde pour empêcher la ruine des conditions de vie sur Terre.

Nous appelons tous les acteurs de l’Europe – individus, société civile, compagnies privées, pouvoirs publics – à entreprendre au plus vite les actions cohérentes et concrètes à la mesure du défi du climat et de la préservation des ressources naturelles. L’Union européenne peut et doit impérativement se donner les moyens de converger vers l’ambitieux objectif vital que fixe l’Accord de Paris. Pour réussir, il lui faut se rassembler autour de cet objectif commun, en respectant en son sein les différences génératrices de solidarité et de synergies. La raison, la liberté et l’audace, racines de l’Europe, feront fructifier ce projet sans précédent.

Les solutions techniques et organisationnelles sont là. Il ne tient qu’à la volonté des Européens de les transformer en réponses politiques, capables de donner rapidement naissance à une économie différente, source de profits, d’emplois et de bien-être nouveaux. Nous prenons acte que ces réponses réclament de changer bon nombre d’habitudes : habitudes de production, habitudes de consommation, habitudes de penser surtout.

Allons-nous renoncer parce que la tâche qui nous revient est immense ?

Nous avons le devoir moral d’agir. Nous en avons aussi l’ambition.

Une fois encore, l’Europe a rendez-vous avec l’Histoire. Le défi est redoutable, tant mieux : anticiper l’inexorable, c’est triompher de l’avenir. L’ampleur de l’entreprise égale tout ce que l’Europe a accompli depuis sa création. Cette entreprise, c’est la voie de la modernité.

http://decarbonizeurope.org/

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9 PROPOSITIONS POUR QUE L’EUROPE CHANGE D’ÈRE
Pour relever le défi du climat et réussir la révolution post-carbone d’ici 2050

Les « 9 propositions pour changer d’ère » n’engagent pas les signataires du « Manifeste pour décarboner l’Europe » mais constituent la vision du Shift Project (http://www.theshiftproject.org) de ce que pourrait être les axes du plan d’action auquel appelle le Manifeste. Ces propositions décrivent ce que l’Europe pourrait faire a minima pour respecter l’accord de Paris sur le climat. Leur mise en œuvre pourrait permettre d’accomplir l’essentiel des réductions d’émissions nécessaires afin de respecter notre « budget carbone », c’est-à-dire le plafond d’émissions de gaz à effet de serre visé en 2050, correspondant à une division par quatre (« Facteur 4 ») des émissions de 1990 des pays membres de l’Union européenne.

  1. Fermer toutes les centrales à charbon
  2. Généraliser la voiture à moins de 2 litres au 100 kilomètres
  3. Réussir la révolution du transport en ville
  4. Tripler le réseau des trains à grande vitesse
  5. Inventer l’industrie lourde post-carbone
  6. Rénover les logements anciens
  7. Lancer le grand chantier de rénovation des bâtiments publics
  8. Développer la séquestration de carbone par les forêts européennes
  9. Réussir le passage à l’agriculture durable

file://localhost/Shift Project http/::www.theshiftproject.org


RÉFÉRENCES
1. Groupe ADP, « Le groupe relève son ambition de réduction des émissions de CO² : – 65 % sur les 3 aéroports parisiens entre 2009 et 2020 », communiqué de presse en date du 13 juin 2017, reçu par PEE le 13 juin 2017 à 11 h 33.
2. Le Groupe Aéroport de Paris (ADP) exploite les plates-formes aéroportuaires Paris-Charles de Gaule à Roissy-en-France, Paris-Orly, Paris-Le Bourget Il a accueilli plus de 97 millions de passagers et plus de 2 millions de tonnes de fret en 2016. Son chiffre d’affaires s’est élevé à 2 947 millions d’euros.

© Paul-André BEAUJEAN, 15 juin 2017, 15 h 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.

Aéroport d’Orly. Interview du directeur Frank MEREYDE : les travaux 2017 (3e et dernière partie). A quand un Code des populations survolées ?

Portes de l’Essonne Environnement (PEE), dans le cadre de son partenariat avec Territoires et démocratie numérique locale (TDNL), média numérique collaboratif et associatif, vous présente un entretien inédit qui a eu lieu le jeudi 11 mai 2017 avec Frank MEREYDE, directeur de l’aéroport Paris-Orly.  Au cours de cet entretien, cinq questions ont été abordées. (1) (2) (3)

  • 1. Nature des travaux sur la piste
  • 2. Nuisances
  • 3. Augmentation des survols
  • 4. Limites de la capacité de l’aéroport
  • 5. Territoires limitrophes

Franck MEREYDE, directeur de l’aéroport Paris-Orly lors de la réunion publique du 12 mai 2017 à Viry-Châtillon. © Photographie BM/CAD pour PEE, 2017.


3. Augmentation des survols. Des habitants des communes de la Vallée de l’Orge témoignent qu’indépendamment des survols liés directement à des décollages ou à des atterrissages à Orly, il y aurait davantage de survols, à d’autres altitudes, générant des nuisances sonores importantes, notamment la nuit. Y a-t-il eu une modification de l’ensemble des trajectoires à la suite des travaux de l’été 2016 tant sur Orly que Roissy ?

Frank MEREYDE précise que l’aéroport d’Orly gère les avions qui décollent et qui atterrissent sur ses pistes. En revanche, en ce qui concerne Ies avions qui survolent son espace aérien, il en a connaissance, mais ceux-ci sont gérés par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). « Les travaux de l’aéroport d’Orly n’ont pas d’impact sur les trajectoires des avions qui n’utilisent pas ses pistes et donc sur les survols. Si des riverains constataient après les travaux des modifications de trajectoires, il faudrait qu’ils signalent le jour et l’heure à la DGAC afin qu’ils en fassent l’analyse. Il est possible qu’il y ait non-respect des procédures par un avion. »

En ce qui concerne la gestion des pistes, elle demeurera identique après les travaux. Ceux-ci procureront une meilleure sécurité générale et amélioreront en particulier les conditions d’atterrissage par temps de brouillard.


4. Limites de la capacité de l’aéroport. L’aéroport d’Orly accueille un nombre de passagers en augmentation (31 237 en 2016, soit + 5,5 % par rapport à 2015). Depuis sa création, il est enserré dans un espace fortement urbanisé qui empêche toute extension. Une troisième aérogare est en cours de construction (bâtiment de jonction entre les aérogares Ouest et Sud). Paris-Orly s’est-il fixé un seuil de passagers à ne pas dépasser ou vise-t-il le « no-limit » dans son extension ? Comment envisage-t-il la limitation des nuisances globales liées à ses activités ?

« Il y a deux limitations : le couvre feu et le nombre d’avions. L’aéroport d’Orly s’inscrit dans ces deux limitations. » Frank MEREYDE indique qu’en 1998, le taux de remplissage d’un avion était de 103 passagers. En 2016, il a été de 133. Pour les A320 ou des 737 de certaines compagnies, le taux moyen est de 150 passagers.

« Aujourd’hui un A320 comporte 180 sièges. On est à un taux de remplissage de 133 passagers. Il y a de la marge avant que le niveau maximum soit atteint. »

« Sur dix ans, entre 1996 et 2016, le bruit produit par un avion a été divisé par deux ». L’histoire du bruit, qu’il s’agisse des bruits de la vie quotidienne, des activités artisanales et industrielles, des transports… est un sujet sur lequel on dispose d’un nombre limité d’archives. Quelle est la mémoire du bruit que faisaient les Caravelles (produites par Sud-Aviation de 1958 à 1973) au décollage ?


5. Territoires limitrophes. L’organisation des collectivités territoriales a évolué depuis le 1er janvier 2016 avec la création de la Métropole du Grand Paris (131 communes), de l’établissement public territorial Grand Orly Seine Bièvre (EPT 12, 24 communes). Les communes se voient privées de l’exercice direct de certaines compétences (urbanisme, environnement, etc.) qu’elles exerçaient auparavant. Les citoyens se trouvent de plus en plus éloignés des lieux de décision. Comment les établissements exerçant un service public comme l’aéroport d’Orly tiennent-ils compte de cette situation nouvelle ?

Frank MEREYDE indique que le groupe Aéroport de Paris rencontre fréquemment les élus et les maires. « La mobilisation a permis d’accélérer la programmation de la ligne 14. 

Le Grand Paris Express annonce la liaison  Olympiades / Villejuif / Aéroport d’Orly / Massy / CEA Saint-Aubin pour 2023-2024.
•   Ligne 14. Aéroport d’Orly / Pont de Rungis / MIN Porte de Thiais / Chevilly Trois communes / Villejuif Institut Gustave Roussy / Kremlin-Bicêtre Hôpital / Maison Blanche Paris 13e / Olympiades.
•    Ligne 18. Aéroport d’Orly / Antonypole / Massy Opéra / Massy-Palaiseau / Palaiseau / Orsay-Gif / CEA Saint-Aubin.

« Le point faible de la zone d’Orly est qu’aujourd’hui 85 % de ceux qui y travaillent y viennent en voiture, alors que le mode de transport de 85 % de ceux qui fréquentent le quartier d’affaire de La Défense est celui des transports en commun ».

Quelles sont les logiques dominantes de développement des équipements publics ? Pour Frank MEREYDE « un aéroport s’inscrit dans le long terme. Il y a des avions à Orly depuis 1918. Nous avons en commun avec les communes et les collectivités locales une obligation de continuité ». Il est vrai qu’il est difficile d’imaginer que des activités s’installent pour se délocaliser du jour au lendemain

L’actualité de la décision de principe prise en mai 2017 par l’établissement public territorial « Grand Orly Seine Bièvre » d’installer son siège social à Orly est importante. « Un aéroport est lié à un territoire. C’est une ouverture vers l’extérieur et c’est une porte d’entrée ».


En préparant cette interview, le point de départ de notre média numérique était celui des nuisances aériennes subies par les populations survolées par les avions de l’aéroport d’Orly, envisagées à l’occasion de l’actualité des travaux d’été durant les mois de juillet et d’août 2016 et 2017. Notre enquête prend comme premiers témoignages ceux des personnes qui vivent sous les avions.

Nos interrogations portent sur les causes, considérées elles-mêmes comme résultant de l’effet de décisions et de choix effectués par différentes autorités publiques (ADP, DGAC, Ministères…).

Il existe une double production sociale. La première production est celle des merveilles du progrès technique (des avions de plus en plus performants) et du développement économique (tarifs « low cost », augmentation du nombre de passagers, de la fréquentation touristique, emplois générés, etc.). La seconde production est celle des nuisances territorialisées qui sont engendrées par ces activités. Elles sont de nature profondément inégalitaires.

Il existe une hétérogénéité de contenu entre ces deux productions. Bien que différentes, elles donnent lieu à des régulations/arbitrages qui sont permanents. Cette situation est propre au fonctionnement de grands équipements publics structurants (aéroports, autoroutes, voies ferrées…) concernant les nuisances produites, que ce soit en phase de construction, en phase d’exploitation, ou en phase de travaux de modernisation. Nous constatons que celle-ci ne fait pas l’objet aujourd’hui d’une pensée publique aboutie.

Il n’est pas anodin qu’en ces années 2016 et 2017 l’évolution institutionnelle des collectivités  locales révise la prise en compte de la territorialisation des nuisances. La constitution en 2016, et la dénomination en 2017, au sein de la Métropole du Grand Paris, de l’établissement public territorial « Grand Orly Seine Bièvre » qui regroupe 24 communes en est le signe. On doit se demander ce que cela change, et ce que cela changera. Par-delà les élus, les administrations territoriales, les associations locales, quel sera demain en matière de nuisances le poids des citoyens/contribuables/habitants ?

Une question se pose : À quand un « Code des populations survolées par les avions » ?

RÉFÉRENCES
1. Cette publication fait suite à deux autres articles : Bernard MÉRIGOT, « Aéroport d’Orly. Interview du directeur Franck MEREYDE : les travaux 2017 (1ère partie) « , www.portes-essonne-environnement.fr, 11 mai 2017 ; Bernard MÉRIGOT, « Aéroport d’Orly. Interview du directeur Franck MEREYDE : les travaux 2017 (2e partie)  » , www.portes-essonne-environnement.fr, 25 mai 2017
2. Articles sur les travaux 2017 en ligne sur www.portes-essonne-environnement.fr :

3. Rappel : prochaine réunion publique sur les travaux 2017 à Orly, le mercredi 14 juin à 19 h 30, à la salle des fêtes de Savigny-sur-Orge.

© Bernard MÉRIGOT, 9 juin 2017, 10 h 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.

 

Aéroport d’Orly. Retour sur la réunion publique de Viry-Châtillon sur les nuisances

« Nous sommes conscients des gênes que nous causons. » a déclaré Franck MEREYDE, directeur de l’aéroport d’Orly, en évoquant les travaux sur les pistes durant les mois de juillet et d’août 2016 et qui se renouvelleront cette année, lors de la réunion publique de ce 12 mai 2017 à Viry-Châtillon.

Les nuisances subies dans leur vie quotidienne par les habitants ont deux réalités : celle de faits objectifs, avec leurs causes, et celle du discours, des paroles prononcées, des phrases écrites, qu’il s’agisse de plaintes de riverains et d’usagers, ou de reconnaissances, de dénégations et de justifications avancées par les autorités.

Mais comprenons-nous réellement ce qui se joue dans les réunions publiques portant sur des problèmes locaux ?

Jean-Marie VILAIN, maire de Viry-Châtillon, et Frank MEREYDE, directeur de l’aéroport Paris-Orly, lors de la réunion publique sur les travaux estivaux 2017 qui s’est tenue le vendredi 12 mai 2017 au Gymnase du Bellay à Viry-Châtillon. © Photographie CAD/BM pour PEE.


De l’importance de l’explicite et de l’implicite

Lors d’une réunion publique, il y a des choses explicites et des choses implicites. Pour une raison simple : un face-à-face entre élus et électeurs, administrés et administrateurs, usagers et prestataires, clients et fournisseurs… est toujours traversé par des lignes de force de natures inégales, qui pré-déterminent leur issue. Le rôle de chacun est en quelque sorte auto-défini.

  • D’abord, les conditions matérielles et techniques d’organisation : le choix de la salle, la disposition des chaises, la présence d’une table faisant face à l’auditoire, l’écran sur lequel est projeté un inévitable PowerPoint (diaporama), les micros…
  • Ensuite, l’auditoire composé ici d’une cinquantaine de personnes de Viry-Châtillon, de Savigny-sur-Orge, de Vilemoisson-sur-Orge, et d’autres communes, réparties sur trois cent chaises. Et puis les élus présents (Robin REDA,  maire de Juvisy-sur-Orge), deux conseillers municipaux (Bernard BLANCHAUD et Pierre GUYARD de Savigny-sur-Orge).  Et enfin les élus absents (Éric MEHLHORN, maire de Savigny-sur-Orge, Christine RODIER, maire d’Athis-Mons…). Homogénéité et hétérogénéité des auditoires et des acteurs.
  • Enfin, le tour de la parole. Trois parties : Jean-Marie VILAIN, maire de Viry-Châtillon qui introduit, Frank MEREYDE qui fait l’exposé, et enfin le public qui pose des questions.

Retour de chantier

Au cours de la réunion une vidéo « Rénover la piste 4 de l’Aéroport d’Orly en cinq semaines ! » portant sur les travaux de l’été 2016 a été projetée. Elle est en ligne sur le site Internet YouTube. (1)

Capture d’écran du site Internet Youtube effectuée le 15 mai 2017 : vidéo « Rénover la piste 4 de l’aéroport de Paris-Orly en 5 semaines ! », mis en ligne le 8 novembre 2016 (durée 4:54) : https://www.youtube.com/watch?v=VxidePQMS8g .


L’after

Et puis, il existe un après de la réunion par les articles qui en rendent compte. On notera à la fois le décalage et l’accentuation de sens apporté par les deux titres différents du même article du Parisien. (2) D’abord celui de la version numérique (les habitants interpellent), puis celle de la version papier (les habitants ne veulent pas). Ils offrent deux formulations décalées. On notera qu’aucune association n’est intervenue en tant que telle lors de la réunion. (3)

Frank MEREYDE, directeur de l’aéroport Paris-Orly, et Jean Marie VILAIN. Réunion publique sur les travaux estivaux 2017 qui s’est tenue le vendredi 12 mai 2017 au Gymnase du Bellay à Viry-Châtillon. © Photographie BM/CAD pour PEE.


RÉFÉRENCES
1. « Rénover la piste 4 de l’Aéroport d’Orly en cinq semaines ! », Video de 4 minutes 55, 8 novembre 2016,
https://www.youtube.com/watch?v=VxidePQMS8g.
2. COSSON Nolwenn, « Nuisances aériennes : les habitants de Viry-Châtillon interpellent le patron d’Orly », www.leparisien.fr, 12 mai 2017 :
http://www.leparisien.fr/viry-chatillon-91170/nuisances-aeriennes-les-habitants-de-viry-interpellent-le-patron-d-orly-12-05-2017-6944067.php.
COSSON Nolwenn, « Les habitants ne veulent pas d’un nouvel été sous les avions », Le Parisien Essonne, 13 mai 2017, p. I (pdf) : LPE ORLY COSSON 13 mai 2017.
3. VAGNEUX Olivier, « À la réunion d’information du 12 mai  sur les travaux d’ADP en 2017 et 2019 (Viry-Châtillon) », Le Savinien libéré, 13 mai 2017 : https://oliviervagneux.wordpress.com/2017/05/13/a-la-reunion-dinformation-du-12-mai-sur-les-travaux-dadp-en-2017-et-2019-viry-chatillon/.

© Bernard MÉRIGOT, 15 mai 2017, 23 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.

 

Aéroport d’Orly. Interview du directeur Franck MEREYDE : les travaux 2017 (1ère partie)

Portes de l’Essonne Environnement (PEE), dans le cadre de son partenariat avec Territoires et démocratie numérique locale (TDNL), média numérique collaboratif et associatif (1), vous présente un entretien inédit qui a eu lieu le jeudi 11 mai 2017 avec Frank MEREYDE, directeur de l’aéroport Paris-Orly. Au cours de cet entretien, cinq questions ont été abordées.

  • 1. Nature des travaux sur la piste 4 (2)(3)
  • 2. Nuisances
  • 3. Augmentation des survols
  • 4. Limites de la capacité de l’aéroport
  • 5. Territoires limitrophes

Premier thème abordé : les travaux sur la piste 4. (2)

Aéroport d’Orly. Entrée de la direction générale, Aérogare Sud, Porte L. © Photographie BM/CAD pour PEE, 11 mai 2017.


La nature des travaux de l’été 2016 et de l’été 2017

L’aéroport d’Orly a entrepris un programme de travaux sur les pistes durant quatre années (2016, 2017, 2018, 2019). Y a-t-il une différence concernant la nature des travaux prévus en 2017 par rapport à ceux de 2016 ? Quels sont ces travaux précisément ?

Monsieur Franck MEREYDE insiste sur la nature de la mise aux normes des deux pistes 4 (6/24) et 3 (8/26) qui ont été construites respectivement en 1963, il y a 54 ans, et 1950, il y a 67 ans. « Il y a de nouvelles normes qui s’imposent aux aéroports et auxquelles ils doivent se soumettre ». Les zones de sécurité en bout de piste sont à refaire. Les pentes du profil des pistes doivent être modifiées ce qui oblige à les reprendre avant de remettre une couche d’enrobé. « Aucun obstacle doit exister à 150 m de part et d’autre de la piste, ce qui oblige à supprimer des équipements existants ». La réfection des équipements électriques a obligé à dérouler 300 kilomètres de câbles.

Il s’agit donc de travaux qui mobilisent des moyens comparables à ceux utilisés lors d’une construction neuve, avec la contrainte d’une intervention sur un site déjà réalisé et qui est utilisé. En 2016, 50 % du programme a été réalisé en 6 semaines. Pour 2017, il reste à effectuer les 50 % restants en 5 semaines. En 2018-2019, les travaux ne nécessiteront pas de fermer les pistes.

Aéroport d’Orly, aérogare Sud. © Photographie BM/CAD pour PEE, 11 mai 2017.

RÉFÉRENCES
1.  Territoires et démocratie numérique locale (TDNL) est un média numérique collaboratif et associatif, créé et animé en 2010 par Bernard MÉRIGOT. Il est consultable sous le lien www.savigny-avenir.fr (ISSN 2261-1819).
2. Lire les articles en ligne relatifs aux travaux 2017 sur www.portes-essonne-environnement.fr :

© Bernard MÉRIGOT, 11 mai 2017, 20 heures. A suivre…

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017

Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 (3) : la DGAC confirme l’augmentation incessante du niveau des nuisances subies par les riverains

Dans notre précédent article sur les travaux de la piste 4 de Paris-Orly, nous regrettions l’étonnant silence de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Par la voie de sa Mission Environnement, elle vient de nous communiquer les réponses aux questions posées. (1)

La réponse de la DGAC

Lisons ensemble le courriel de la Mission Environnement de la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA) de la DGAC :

Sujet : Travaux Orly – Survols de Savigny-sur-Orge (91) Date : Fri, 05 Aug 2016 14:12:41 +0200 De : Environnement-DSNA <environnement-dsna@aviation-civile.gouv.fr> Pour : Jean-Marie CORBIN

Bonjour,

Vous avez demandé des précisions sur le nombre de décollages et atterrissages sur les pistes 2 et 3 à l’aéroport de Paris-Orly dimanche 24 juillet.

Il ressort de l’étude menée que 673 mouvements ont eu lieu ce jour-là :
222 avions au décollage de la piste 2 (aucun à l’atterrissage) ;
114 avions au décollage de la piste 3 et 337 à l’atterrissage de cette piste

Nous vous précisons que ces travaux engendrent des modifications d’exploitation de l’aéroport mais ils contribueront à la sécurité aéronautique et à l’efficacité opérationnelle de la plate-forme.

Cependant, les premières journées de travaux n’ont pas permis de gérer les 3 périodes de pointe comme il avait été annoncé car le trafic a été très dense. Mais nous vous confirmons que la situation devrait progressivement s’améliorer.

Si vous souhaitez obtenir rapidement des informations de nature factuelle sur des survols, n’hésitez pas à prendre contact avec la maison de l’environnement de Paris-Orly, gérée par Aéroports de Paris et ouverte du lundi au vendredi de 08h30 à 16h30 (tél 01 49 75 90 70).

Elle dispose du système VITRAIL permettant d’apporter un premier niveau d’information sur des survols, par la visualisation en temps différé des trajectoires des avions.

Cordialement,
DSNA/Mission Environnement

DECOLLAGE SSO 06-08-2016 2

Survol de Savigny-sur-Orge dans l’axe de décollage de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, le 6 août 2016, à 14 h 22. © Photographie MM pour PEE.


Confirmation de notre analyse par la DGAC

673 mouvements en une journée représentent sur un an 245 645 mouvements. Nous sommes toujours au dessus de la moyenne annuelle confortant notre première analyse.

Nous sommes dans une relation « un tiers / deux tiers » au niveau des usages des pistes. Conformément à nos calculs, publiés dans notre précédent article, la piste 3 chargée de 451 mouvements a été saturée toute la journée du 24 juillet 2016. Le reste du trafic, un tiers, a donc été reporté sur la piste n° 2. Cela ne relève plus de l’usage exceptionnel comme cela a été présenté en avril dernier.

  • Les travaux « contribueront à la sécurité aéronautique et à l’efficacité opérationnelle de la plate-forme. » Au même titre que l’on ne sait pas quelle est la proportion entre ceux qui sont supprimés et ceux décalés sur les soi-disant 2 000 mouvements réaménagés pendant 6 semaines, on ne sait plus si l’intérêt majeur des travaux est d’améliorer l’efficacité de la plateforme ou bien, comme annoncé, seulement sa sécurité…
  • « Si vous souhaitez obtenir rapidement des informations de nature factuelle sur des survols, n’hésitez pas à prendre contact avec la maison de l’environnement de Paris-Orly, gérée par Aéroports de Paris« . Sauf que dans un courriel en date du 28 juillet 2016, le Pôle relations territoriales Sud de la Maison de l’environnement et du développement durable de Paris-Orly nous avait répondu que : la « Mission Environnement de la Direction Générale de l’Aviation Civile vous apportera directement des éléments de réponse à vos interrogations qui relèvent de leur compétence ». On tourne en rond, tels des avions attendant qu’une piste veuille bien se libérer pour atterir. A ce rythme-là, on va à la panne sèche de kérosène…

Fort de cette seconde série de chiffres, il apparaît qu’ADP n’a jamais souhaité faire de concession pour la tranquillité des riverains et entend bien ainsi tester leur résilience à supporter les développements aéroportuaires à venir d’Orly.

Ces faits confirment que les nuisances aériennes subies par les riverains :

  • sont considérées comme légitimes par la DGAC : c’est-à-dire, comme un mal naturel qui est une conséquence du développement des transports aériens,
  • font l’objet d’une stratégie différenciées selon les territoires survolés (tantôt l’un, tantôt l’autre),
  • sont en constante augmentation. (2)

Pour la journée du dimanche 24 juillet 2016, 673 mouvements d’avions (sur les seules pistes 2 et 3 d’Orly) représentent sur une durée de 17,5 heures (de 6 h 00 à 23 h 30), une moyenne de 39 avions à l’heure, soit un avion toute les deux  minutes.

Il reste important de se mobiliser très fortement pour exiger une réduction significative des mouvements (au moins de 30 %) pour les prochaines sessions de travaux prévus durant les étés 2017, 2018 et 2019. Ce qui nécessite le refus des arguments fatalistes qui justifient l’augmentation du trafic, et par voie de conséquence, légitiment la dégradation continue et durable de la qualité de vie des riverains et des Sud-franciliens.

DECOLLAGE SSO 06-08-2016

Survol de Savigny-sur-Orge dans l’axe de décollage de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, le 6 août 2016, à 14 h 22. © Photographie MM pour PEE.


RÉFÉRENCES
1. CORBIN Jean-Marie, MÉRIGOT Bernard, « Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 (2) : nuisances aériennes, ce qu’ADP (Paris Aéroport) cache aux riverains », www.portes-essonne-environnement.fr, 2 août 2016 : http://portes-essonne-environnement.fr/aeroport-dorly-chronique-des-travaux-2016-2-nuisances-aeriennes-ce-quadp-paris-aeroport-cache-aux-riverains/.

2. Quelles sont les missions de la Direction des services de la navigation aérienne (DGAC) du ministère de l’Environnement ? Elles apparaissent ainsi sur le site officiel du ministère :

« Les missions de la DSNA (prestataire de service de navigation aérienne et service à compétence nationale) sont de fournir aux usagers de l’espace aérien les services de contrôle du trafic aérien, dans les meilleures conditions de sécurité, de régularité et de prix ; préserver l’environnement grâce à différents engagements du Grenelle Environnement ; faire évoluer les moyens du contrôle aérien.”
Site internet consulté le 8 août 2016 : http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Navigation-aerienne-.html.

Le malentendu réside dans le fait que la DSNA s’adresse aux « usagers de l’espace aérien » et non aux « usagers des territoires survolés ». D’où le discours que l’on peut qualifier de « convenu » qu’elle tient : annonce de travaux, justification des nuisances supplémentaires, contraintes du couvre-feu pour ADP, incertitudes diverses…

PEE lui a écrit le 25 juillet 2016. Elle nous a répondu le 8 août 2016, à 11 h 54.

« Objet: Travaux Orly : survols des communes des Portes de l’Essonne

Bonjour,

Par mail du 25 juillet, vous avez demandé des informations sur les passages fréquents d’avions de ligne à basse altitude au-dessus de certaines communes de l’Essonne.

Aéroports de Paris vous a apporté plusieurs réponses et que nous complétons ci-dessous.

Les survols actuels de certaines communes de l’Essonne sont effectivement dus aux travaux de la piste n°4 en cours sur la plateforme de Paris-Orly et programmés du 18 juillet au 28 août 2016.

Ces travaux, réalisés par Aéroports de Paris, engendrent des modifications d’exploitation de l’aéroport et ils contribueront à la sécurité aéronautique et à l’efficacité opérationnelle de la plate-forme.

Pendant cette période, l’objectif des services de la Navigation aérienne d’Orly est que les décollages et atterrissages des aéronefs s’effectuent essentiellement en piste unique (piste 3), avec une utilisation de la piste 2 durant les périodes quotidiennes de pointe (matin, début d’après-midi et soirée).

Ces éléments d’information ont été annoncés lors de la réunion organisée par Aéroports de Paris le 15 avril 2016 pour les élus des communes concernées et lors de la Commission Consultative de l’Environnement (CCE) du 16 juin 2016.

La DGAC avait bien confirmé, lors de cette réunion, l’intention d’utiliser la piste 2 lors des pointes de trafic, compte tenu des limitations de la seule piste Est-Ouest (piste n°3) restant disponible. Cependant, la complexité de la gestion de la plateforme dans cette configuration, où un certain nombre de voies de circulation au sol sont indisponibles pour travaux, rend la tâche des contrôleurs d’autant plus difficile lorsqu’il s’agit d’alterner en toute sécurité des changements de configuration de piste en cours de journée. De plus, la nécessité de respecter le couvre-feu (entre 23h30 et 06h00 locales), imposée sur la plateforme, empêche de lisser le trafic en décalant significativement le programme de vol de la journée.

La DGAC a conscience de l’impact sur les populations riveraines des survols dus à un plan de circulation aérienne exceptionnel très dépendant des travaux réalisés par ADP.

Dans l’immédiat et pour le reste de la période des travaux, la DGAC s’engage à adapter au mieux les configurations de piste à la demande de trafic, tout en respectant les limites qu’impose le couvre-feu.

La baisse de trafic attendue pour le mois d’août laisse espérer une utilisation moindre de la piste Nord-Sud (piste n°2), quoique la situation opérationnelle doive rester tendue jusqu’à la fin des travaux.

Cordialement,
DSNA/Mission Environnement

Ainsi donc, il ne faut guère compter sur un ralentissement des nuisances aériennes et des pollutions au-dessus des villes survolées durant ce mois d’août 2016…

© Jean-Marie CORBIN, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 9 août 2016, 22 h 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.


Complément : Vidéo amateur d’un avion au décollage de la piste 2 le 6 aout 2016.

Avion survolant Savigny-sur-Orge dans l’axe de décollage de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, durant les travaux 2016 de la piste 4, engendrant d’importantes gênes sonores dans un secteur habituellement calme pour ce type de nuisances, ainsi qu’une pollution atmosphérique s’ajoutant au trafic routier et ferré. L’avion décollant a emprunté l’axe Orly (piste 2) / Athis-Mons / Juvisy-sur-Orge / Savigny-sur-Orge / Morsang-sur-Orge / Villemoisson-sur-Orge / Epinay-sur-Orge… © MM pour PEE, 6 août 2016.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 9 août 2016, 22 h 45.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.