L’appel à projets « Inventons la Métropole » a été lancé le 23 mai 2016 par la Métropole du Grand Paris (MGP) auprès des 131 communes (696 051 habitants) qui la composent. Le 10 octobre 2016, les candidatures de 112 sites ont été dévoilées. L’un d’eux retient l’attention. La commune de Morangis (Essonne) projette de réimplanter une agriculture urbaine et maraîchère sur un terrain de 10 900 m2, actuellement en friche. Marie LAPEIGNE et Bernard MÉRIGOT, collaborateurs réguliers du média numérique Portes de l’Essonne Environnement, répondent à nos questions. (1)
PEE. Pourquoi l’agriculture urbaine et maraîchère est-elle importante ?
Marie LAPEIGNE. L’agriculture urbaine et maraichère peut se définir comme « une activité agricole dont les ressources, les produits et les services font l’objet d’une utilisation urbaine directe ». Depuis les années 2000, toutes les métropoles occidentales rêvent – ou bien font croire qu’elles rêvent – de devenir des « villes vertes ». Seulement il y a loin entre ce que ses responsables annoncent et les réalisations concrètes. Les formes de l’agriculture urbaine et maraîchère sont novatrices : elles n’impliquent pas seulement des lieux, mais aussi des acteurs, des productions, des systèmes de distribution, des supports de production.
PEE. Que peut produire l’agriculture urbaine ?
Marie LAPEIGNE. Les productions sont variées : légumes, fruits, herbes, champignons, poisson, miel, œufs, poules, céréales… Mais surtout, il faut insister sur les systèmes de distribution qui peuvent comprendre aussi bien la cueillette sur place, le troc de plantes, les marchés, l’abonnement à des paniers, le magasin de producteur, la table d’hôte, le restaurant… (2)
Bernard MÉRIGOT (présent à la cérémonie dévoilant les projets retenus par la MGP le 10 octobre 2016). Pour Pascal NOURY, maire de Morangis, conseiller métropolitain du Grand Paris et vice-président du conseil territorial de l’établissement public territorial n° 12 Grand Orly Bièvre Seine (GOBS), « cet espace constituera une formidable opportunité nourricière pour le territoire et contribuera à la réduction de son empreinte écologique.»
PEE. Quelles sont les fonctionnalités d’un tel projet ?
Marie LAPEIGNE. Elles sont multiples. Depuis l’aménagement urbain (création d’espaces verts), le développement économique (insertion, lutte contre la pauvreté), les loisirs (contact avec la nature), la santé (produits bio), la sécurité alimentaire (autoproduction, circuits courts), l’environnement (compostage, recyclage de l’eau, biodiversité), aux interactions sociales (empowerment), et à l’éducation (écocitoyenneté).
L’agriculture urbaine et maraîchère est en rupture avec le système agroalimentaire déterritorialisé dominant. Elle se caractérise par une revendication de proximité de la consommation (ventes directes, circuits courts, marchés de producteurs…). Elle participe à la construction de villes durables. (2)
PEE. Quelles sont les communes qui ont déposé un dossier dans le cadre de « Inventons la Métropole du Grand Paris » ?
Bernard MÉRIGOT. On remarquera que le projet de Morangis est le seul qui émane des six anciennes communes de l’ancienne communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE : Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge, Morangis, Paray-Vieille-Poste, Savigny-sur-Orge, Viry-Châtillon) qui ne se sont pas manifestées. C’est regrettable. Nous perdons des opportunité réelles de faire évoluer notre secteur de façon innovante tout en les faisant connaître aux autres communes de la MGP. Il ressort de cet état un manque de dynamisme profond pour les cinq communes de l’ex-CALPE non candidates. Il est notamment dommage que Savigny-sur-Orge n’ait pas élaboré un projet mobilisateur. Manque d’idée, manque de temps ?
Les sites
DOCUMENT
DEGRADI Laurent, SIVAN Nicolas, « Le Grand Paris va soutenir trois grands projets en Essonne » , Le Parisien Essonne matin, 11 octobre 2016. (3)
Hier, l’établissement public a dévoilé les 61 « territoires innovants » dont il aidera le développement. Trois figurent dans le 91. La Métropole du Grand Paris, ce n’est pas qu’en petite couronne. L’Essonne en fait également partie. C’est tout à fait officiel depuis hier et l’annonce des 61 « territoires innovants » retenus par l’établissement public qui aidera à leur mise en place, dont trois se trouvent dans le département.
Un appel à projets va être lancé. « Cela montre que le Grand Paris a besoin de la grande couronne pour se développer », se félicite Francis Chouat, maire (PS) d’Évry et président de l’agglomération Grand Paris sud où figurent trois sites.
Excepté pour organiser cette procédure, puis pour rémunérer les architectes qui seront présélectionnés, aucun budget dédié à la construction elle-même n’est prévu, mais selon l’élu, cela donnera « un coup d’accélérateur » aux projets, qui seront présentés d’ici à la fin de l’année 2017.
- L’ancien hôpital Louise-Michel de Courcouronnes. La réhabilitation de ce bâtiment des années 1970 doit permettre de créer 50 logements, ainsi que 5 000 m² « dédiés à des équipements et des activités économiques ».
- Le Génopole d’Évry-Corbeil. Ce site qui accueille déjà 82 entreprises, 19 laboratoires et 25 plates-formes technologiques s’étendra sur 7 ha supplémentaires. Ses développeurs comptent y accueillir « de 100 à 150 nouvelles entreprises et plus de 3 000 emplois industriels » d’ici 2025.
- Le site de l’Armée Leclerc à Morangis. Ce vaste espace abrite d’anciens locaux industriels, où sont aujourd’hui accueillis des bureaux de la Croix-Rouge, du Secours populaire et de diverses associations.A terme, la municipalité de Morangis aimerait y développer un site de maraîchage urbain et d’agriculture périurbaine. « La commune n’a pas les moyens de porter seule ce projet, admet la mairie. Sur le plan financier, les ressources de la Métropole du Grand Paris sont un plus considérable dans l’aboutissement de ce programme. »
RÉFÉRENCES
1. Préfecture de la région d’Île-de-France, Métropole du Grand Paris, Société du Grand Paris, « Inventons la Métropole du Grand Paris. 10 octobre 2016. Événement de lancement de l’appel à projets », Dossier remis le lundi 10 octobre 2016 lors de la présentation au Pavillon Baltard, Nogent-sur-Marne.
2. DANIEL Anne-Cécile, AUBRY Chistine, THOURET Amélie, DEVINS Antoine, « Naissances et développement des formes commerciales d’agriculture urbaine en région parisienne », VertigO, 2013.
LOUDIYI Salma, MAURY Caroline et LARDON Sylvie, « Agriculture(s) et projet urbain durable : issues incertaines, destinées imprévisibles », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement, Volume 11, numéro, 2 septembre 2011, http://vertigo.revues.org/11481.
DUCHEMIN Éric, « Agriculture urbaine : quelle définition ? », AgriUrbain, 212.
3. DEGRADI Laurent, SIVAN Nicolas, « Le Grand Paris va soutenir trois grands projets en Essonne », Le Parisien Essonne matin , 11 octobre 2016, http://www.leparisien.fr/espace-premium/essonne-91/le-grand-paris-va-soutenir-trois-grands-projets-en-essonne-11-10-2016-6192373.php.
4. GRANOZIO Clélia, Mon projet d’agriculture urbaine en Île-de-France, Guide pratique d’information et d’orientation, DRIAAF Ile-de-France, 2013, 44 p.
© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Marie LAPEIGNE, Bernard MÉRIGOT, 12 octobre 2016, 20 h 30.
ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.