Archives de l’auteur : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT

Histoire. Croissance et mondialisation depuis 1850 (1re ES. Thème 1. Chapitre 1)

A partir de la moitié du XIXe siècle, l’Europe occidentale connaît un changement économique dont l’ampleur peut être comparée à l’invention de l’agriculture au néolithique : la Révolution industrielle. On assiste au passage d’une économie agraire et artisanale à une économie dominée par l’industrie et la machine. La croissance économique s’accélère fortement du fait de l’essor de l’industrie dans le cadre d’économies libérales. Le continent européen se couvre d’usines et de voies ferrées. De nouvelles sources d’énergie font leur apparition. Les évolutions technologiques conduisent au développement des échanges à travers le monde. Dès la fin du XIXe, l’industrialisation se diffuse progressivement en Russie, en Amérique du Nord, au Japon, en Australie. Entre 1850 et aujourd’hui, le monde connaît une croissance économique dont l’intensité varie au cours du temps en fonction de différents facteurs et touche de façon inégale les différentes régions du monde. (1)

Parallèlement, le phénomène de mondialisation entame une nouvelle phase. La nation qui maîtrise le mieux Les nouvelles technologies à un instant « t » se trouve à la tête de l’économie mondiale et organise celle-ci. Le marché devient mondial. Trois « économies-monde » se manifestent alors successivement depuis 1850. (2) Au XIXe siècle, l’Angleterre s’impose comme la première économie-monde grâce à la première industrialisation. Au XXe siècle, les États-Unis dominent. Enfin, en ce début du XXIe siècle, de nombreuses puissances se partagent la gouvernance de l’économie mondiale : on est en présence d’une économie multipolaire.

Brasserie de Savigny-sur-Orge, société anonyme au capital de 275 000 francs, fondée en 1893. Obligation de cinq cents francs au porteur n° 306, 31 janvier 1895 (archives privées SMM).


Problématique

Quelles sont les différentes phases de la croissance économique mondiale depuis 1850 ? Quelles puissances dominent l’économie mondiale depuis 1850 ?
Comment la croissance économique a-t-elle alimenté le processus de mondialisation depuis le milieu du XIXe siècle ?


Sommaire

I. La croissance économique et ses différentes phases depuis 1850

A. Trois grandes phases de croissance

1/ La première industrialisation (années 1780-1880) : la mécanisation de l’industrie
2/ La seconde industrialisation (années 1880-1945) : la révolution du pétrole et de l’électricité
3/ La troisième industrialisation (depuis les années 1945) : la « révolution tertiaire »

B. Les vecteurs de croissance économique et les acteurs

C. Une croissance économique très irrégulière et très inégale

1/ Jusqu’aux années 1920
2/ Durant l’entre-deux-guerres
3/ Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale

II. Les trois « économies-monde » successives

A. Une « économie-monde » britannique (de 1850 à 1914)

B. Une « économie-monde » américaine (de 1914 à 1990)

C. Une « économie-monde » multipolaire (depuis 1914)


Conclusion

De 1850 à nos jours, trois phases de croissance économique se sont enchaînées : elles correspondent à peu près aux trois phases d’industrialisation nées grâce à des sources d’énergie et à des secteurs d’activités spécifiques. Mais cette croissance, bien qu’alimentée par de multiples moteurs et acteurs, est très irrégulière dans le temps et très inégale dans l’espace. La croissance économique a donné naissance à trois économies-monde qui se sont, elles aussi, succédé depuis 1850 : britannique, états-unienne puis multipolaire. Les trois économies-monde correspondent plus ou moins aux trois phases de la croissance économique. Depuis plusieurs décennies, de nombreuses nations du Sud ont enclenché une dynamique de développement. La mondialisation actuelle est en quelque sorte fille de la croissance économique.

Le mode de développement capitaliste a toutefois atteint ses limites. Les activités humaines ont ravagé les milieux naturels. Elles ont provoqué un réchauffement du climat. La seule et unique planète Terre ne suffit plus à faire vivre les 7,4 milliards d’êtres humains. Ainsi, le 1er août 2018, selon le Global Footprint Network (ONG canadienne), l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la planète peut renouveler en une année : c’est le Jour du dépassement de la Terre (Earth overshoot day). Il arrive de plus en plus tôt dans l’année. Il devient urgent de promouvoir le développement durable pour couvrir les besoins élémentaires de tous les humains et préserver les droits des générations futures.


Cours dispensé au lycée Saint-Charles d’Athis-Mons en septembre 2018

Synthèse (pdf de 8 pages) : H1ES T1 CH1 CROISSANCE 1850 SYNTHESE v2018


Références – sources
1. Ce chapitre ouvrant le programme d’histoire de la classe de première a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons notamment pour la partie « cours » : 1/ les séminaires de John Day, « Histoire économique de l’Europe du XIIIe au XVIIIe siècle », de Fabienne Bock, « État, pouvoir, exercice du pouvoir au XIXe siècle », de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du lycée Saint-Jean (Lectoure) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de Jacques El Alami du lycée d’Adultes (Paris), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), M. Buchoux, Mmes Trédez et Vitte du lycée Jean-Baptiste-Corot (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, niveau première, sous la direction de F. Lebrun et V. Zanghelli (Belin), R Benichi et J. Mathiex (Hachette), F. Besset, M. Navarro et R. Spina (Hachette), M. Chevaliier et X. Lapray (Hatier), P. Wagret (Istra), A. Ployé (Magnard), S. Cote (Nathan).
2. BRAUDEL Fernand, La Méditerranée et le Monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1949, 1160 p.
BRAUDEL Fernand, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, vol. 3, Le Temps du monde, Armand Colin, Paris, 1979. 908 p.
FOURQUET François, « Villes et économies-mondes selon Fernand Braudel », Les Annales de la recherche urbaine, n° 38, 1988 : « Villes et États », pp. 13-22 : http://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_1988_num_38_1_1362.

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 1er septembre 2017, 18 heures. Mise à jour le 21 septembre 2018, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2018.
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Les 17 objectifs mondiaux du développement durable 2015. Où en est-on deux ans après ?

Les 17 objectifs mondiaux du développement durable (en anglais Sustainable Development Goals) adoptés le 2 août 2015, ont été approuvés le 25 septembre 2015 par 193 pays pour la période 2015-2030. Portés par l’Organisation des Nations unies (ONU), ils ont pour but le développement international.

Le dispositif actuel comprend :

  • 17 objectifs,
  • 169 cibles,
  • 244 indicateurs.

Où en sommes-nous deux ans après ?

« La Planète des singes Suprématie » dans le métro de Paris. (1) Ligne n° 5 Place d’Italie-Bobigny-Pablo Picasso, station Gare d’Austerlitz. © Photographie BM/CAD pour PEE, 28 juillet 2017.


Les 17 objectifs mondiaux du développement durable

  • 1. PAUVRETÉ. Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde.
  • 2. FAIM. Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable.
  • 3. SANTÉ. Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge.
  • 4. ÉDUCATION. Assurer à tous une éducation équitable, inclusive et de qualité et des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.
  • 5. GENRES. Égalité des genres : parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles.
  • 6. EAU. Garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable.
  • 7. ÉNERGIE. Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable.
  • 8. EMPLOI. Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous.
  • 9. INNOVATION. Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation.
  • 10. INÉGALITÉS. Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre.
  • 11. VILLES. Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables.
  • 12. CONSOMMATION. Établir des modes de consommation et de production durables.
  • 13. CLIMAT. Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions.
  • 14. OCÉANS. Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable.
  • 15. ÉCOSYSTÈMES ET BIODIVERSITÉ. Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité.
  • 16. PAIX. Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous.
  • 17. PARTENARIAT MONDIAL. Renforcer les moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le développement durable et le revitaliser. 

Les 169 cibles

L’Assemblée générale de l’ONU en adoptant l’Agenda 2030 instaurant les 17 objectifs de développement durable (ODD) a élaboré une liste de 169 cibles pour la période 2015-2030. Trois buts essentiels sont poursuivis :

  • lutter contre les inégalités, l’exclusion et les injustices ;
  • faire face au défi climatique ;
  • mettre fin à l’extrême pauvreté.

Les 244 indicateurs

En mars 2017, la commission statistique des Nations Unies a validé une liste de 244 indicateurs relatifs aux 17 objectifs et aux 169 cibles de développement durable à l’horizon 2030. Cette liste, destinée au suivi mondial des ODD, doit être révisée en 2020 et 2025 pour tenir compte des développements méthodologiques et des capacités de chacun des pays à produire ces données. Chaque année, le Secrétaire général de l’ONU établira un rapport annuel de suivi et d’examen des ODD au niveau mondial. Les États sont également invités à réaliser des rapports nationaux qui doivent s’appuyer sur leurs propres indicateurs nationaux de suivi.


Quelles avancées significatives ces deux dernières années pour inverser les évolutions funestes du monde ?

L’opinion publique a le sentiment, qu’à quelques exceptions près, l’ensemble des élus et des administrations se désintéressent au quotidien de l’exécution par la France de ses engagements internationaux. Des engagements qui ne sont pas seulement pour la France mais aussi pour le monde. On serait tenté de citer Blaise PASCAL lorsqu’il écrivait ce qu’il décrivait comme l’ « empêchement de la pensée ».

« Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. Nonobstant ces misères, il veut être heureux, et ne veut être qu’heureux, et ne peut ne vouloir pas l’être. Mais comment s’y prendra t il ? Il faudrait, pour bien faire, qu’il se rendît immortel. Mais ne le pouvant, il s’est avisé de s’empêcher d’y penser. » (2)


La difficile évaluation de l’exécution des engagements

En France, le ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) et le Ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE) coordonnent et accompagnent la mise en place des ODD.

Au niveau national, le Commissariat général au développement durable (CGDD) publie un rapport annuel sur les ODD. L’INSEE effectue un recensement auprès des producteurs de statistiques publiques afin d’avoir un premier aperçu sur la faisabilité et la disponibilité des indicateurs statistiques en France. (3)

RÉFÉRENCES
1. « La Planète des singes. Suprématie » (War for the Planet of the Apes), film de science-fiction américain coécrit et réalisé par Matt REEVES (2017), nouvelle variation à partir du roman La Planète des singes (1963) de Pierre BOULLE (1912-1994).
2. PASCAL Blaise, Pensées. On se reportera au site conjoint de l’Université de Clermont-Ferrand/CNRS/BNF « Les Pensées de Blaise Pascal » qui propose références et commentaires :
http://www.penseesdepascal.fr/Divertissement/Divertissement2-moderne.php. Fragment Divertissement 2 / 7. Papier original : RO 121-2 ; copies manuscrites du XVIIe: C1 : Divertissement n° 184 p. 53 / C2 : p. 75 ; Éditions de Port-Royal. Chap. XXVI – Misère de l’homme: 1669 et janv. 1670 p. 217 / 1678 n° 4 p. 211 ; Éditions savantes : Faugère II, 39, IV / Havet IV.5 / Brunschvicg 169 et 168 / Tourneur p. 205-1 / Le Guern 124 / Lafuma 134 et 133 / Sellier 166.
3. http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 10 août 2017, 10 heures.

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Géographie urbaine. Ce que mangent nos villes, ressources sur l’alimentation (Revue « Urbanités »)

Nous ne pouvons pas vivre, ni sans acquérir chaque jour de nouvelles connaissances, ni sans réfléchir aux questions qui se posent sans cesse au monde se transformant sous nos yeux. Nous ne pouvons pas vivre sans nous interroger sur nos propres pratiques individuelles. Nous ne pouvons pas vivre sans être attentifs, curieux et actifs afin de rendre compte des recherches qui sont en cours, au moment même où elles s’élaborent. Nous ne pouvons pas vivre sans être conscients du rôle passif que nous y jouons et du rôle actif que nous pouvons y jouer.

L’équipe de géographie urbaine de la revue Urbanités a engagé une importante recherche portant sur la ville qui mange et qui se nourrit. Elle la conduit dans une perspective transdisciplinaire, affranchie des oppositions établies entre les mondes urbains et les mondes agricoles et ruraux, tant dans les villes des Nords que dans celles des Suds. Sans attendre la publication du numéro spécial qu’elle consacre à ce sujet, il nous semble important de rendre compte sans tarder de ses recherches, de ses réflexions, ainsi que des ressources qu’elle a rassemblées. (1)

Légumes achetés dans une Association Pour le Maintien de l’Agriculture de Proximité (AMAP). AMAP de Savigny-sur-Orge, « Panier » du 12 février 2014. © Photographie BM/CAD pour PEE.

Sommaire de cet article :

  • 1. Les villes sont au centre des systèmes alimentaires
  • 2. Villes affamées et villes nourricières
  • 3. Les réseaux qui nourrissent les villes
  • 4. L’agriculture urbaine n’est pas une utopie
  • 5. La ville « comestible »
  • 6. L’alimentation fait la ville
  • 7. Les pratiques alimentaires des consommateurs
  • 8. Les villes sont des prescriptrices alimentaires
  • 9. Les bio-politiques alimentaires
  • 10. Cultures et interdits alimentaires
  • 11. La re-territorialisation des politiques alimentaires
  • 12. Comment produire, s’approvisionner et consommer autrement ?
  • 13. Le droit à l’alimentation
  • 14. La remise en cause de la « géométrie du pouvoir » agroalimentaire

1. Les villes sont au centre des systèmes alimentaires

Assurer la sécurité alimentaire des villes constitue un enjeu planétaire de premier ordre pour les 3,5 milliards d’urbains qui existent dans le monde.

Les villes ont été longtemps envisagées comme des entités consommatrices par opposition aux campagnes productrices. Les villes apparaissent aujourd’hui comme des éléments centraux des systèmes alimentaires.

Les politiques urbaines durables comprennent aujourd’hui :

  •  la revalorisation des circuits courts,
  • l’approvisionnement des cantines par des produits issus de l’agriculture biologique,
  • la réduction du gaspillage alimentaire (la thématique des « hungry cities », STEEL, 2008) devient une question politique ,
  • la reconsidération par la société civile des modes d’alimentation, de ses risques et de ses bienfaits sur le corps comme sur la planète, est une préoccupation croissante.

2. Villes affamées et villes nourricières

Dire que les villes ne sont pas seulement affamées mais aussi nourricières amène à reconsidérer l’ensemble de la chaîne alimentaire citadine, de la production à la consommation, en passant par la transformation et la distribution, et à s’interroger sur les nouveaux modèles alimentaires qui émergent en milieu urbain.

L’assurance d’une alimentation suffisante, saine et nutritive, pour la population urbaine, comme la sous-alimentation et la malnutrition ne peut être assurée sans une analyse des circuits de distribution des denrées. Les systèmes alimentaires alternatifs qui rapprochent les consommateurs urbains des producteurs agricoles (circuits courts, réseaux associatifs, maintien de l’agriculture paysanne) révèlent la vigueur des mouvements citadins et des nouveaux agencements marchands autour de la question alimentaire (AUBRY et CHIFFOLEAU, 2009, DEVERRE et LAMINE, 2010, LE VELLY, 2017).


3. Les réseaux qui nourrissent les villes

Quels sont les circuits d’approvisionnement des lieux de restauration collective publique (écoles, hôpitaux, prisons…), les pratiques de livraison et de restauration à domicile portées par de nouvelles start-up ? La vogue des brasseries artisanales urbaines laisse entrevoir la (re)naissance d’activités de transformation des denrées agricoles dans des lieux urbains dédiés, engageant des réflexions sur les mutations de l’industrie agro-alimentaire.

Quelles sont les nouvelles pratiques des politiques urbaines alimentaires ?

Autrefois négligée dans les projets d’aménagement urbain, l’alimentation est prise en compte par les acteurs publics des villes, comme l’atteste l’adoption de plans stratégiques pour l’alimentation à New York, Londres ou encore Toronto (MORGAN et SONNINO, 2010).

Les villes constituent-elles l’échelon d’action le plus adéquat dans la mise en œuvre d’une gouvernance alimentaire locale ?


4. L’agriculture urbaine n’est pas une utopie

Il existe un essor de l’agriculture urbaine qui bénéficie de nombreux travaux (agronomie, géographie, anthropologie, sociologie, urbanisme, écologie) et d’une forte médiatisation à la faveur d’initiatives emblématiques :

  • valorisation agricole des friches urbaines à Detroit,
  • projet des « Parisculteurs » lancé par la mairie de Paris,
  •  toits couverts d’arbres fruitiers ou façades végétalisés,
  • potagers communautaires,
  • fermes urbaines,
  • jardins associatifs,
  • cultures hydroponiques dans des parkings,
  • petits élevages ovins sur d’anciennes friches.

L’agriculture en ville vient se nicher dans des interstices de la ville (LAURENS, 2015), elle épouse les innovations architecturales.


5. La ville « comestible »

Nous assistons au-delà de la pluralité des initiatives et des acteurs à l’émergence d’une ville comestible des :

  • petits jardins urbains communs disséminés par le mouvement des Incroyables Comestibles,
  • applications pour tablettes ou smartphones recensant les lieux de cueillette de plantes sauvages, de baies ou de racines en ville,
  • potagers gastronomiques dans lesquels viennent se fournir un nombre croissant de chefs étoilés, à l’instar d’un Thierry MARX cultivant tomates, fraises et plantes aromatiques sur le toit d’un hôtel parisien pour l’un de ses restaurants.

La ville comestible ne répond pas uniquement à des motivations vivrières comme en témoignent les activités agricoles observables dans des villes d’Afrique subsaharienne où l’agriculture urbaine s’inscrit tout à la fois dans des pratiques d’autoconsommation familiale et dans des stratégies commerciales. Ces initiatives aux objectifs divers vont dans le sens de la recherche d’une autonomie alimentaire dans un contexte de crise des systèmes agro-alimentaires traditionnels. Elles traduisent l’émergence d’un nouveau regard sur des villes, vues désormais comme fertiles, vivantes, nutritives, généreuses.


6. L’alimentation fait la ville

Du champ ou du potager à la table du mangeur, en passant par les commerces, les cuisines, jusqu’au traitement des déchets, les différentes facettes de l’alimentation des villes sont des révélateurs de leurs dynamiques et des enjeux auxquels elles sont confrontées, comme l’a analysé Carolyn STEEL pour le cycle alimentaire londonien.

  • Quelle est l’histoire alimentaire des villes ?
  • Comment fonctionne le métabolisme alimentaire urbain ?
  • Dans quelle mesure l’incessant d’alimentation et d’évacuation imprègne-t-il l’espace urbain ?
  • Quelles sont les conséquences d’une rupture dans cet approvisionnement ?

Plateau de canapés salés. Buffet organisé à l’occasion de la réception des voeux de la Métropole du Grand Paris, Paris, 23 janvier 2017. © Photographie BM/CAD pour PEE.


7. Les pratiques alimentaires des consommateurs

Une attention particulière doit être portée aux pratiques des consommateurs. Celles-ci relèvent d’une pluralité de registres, de l’alimentation de crise ou d’urgence à laquelle ont recours les individus et groupes sociaux en situation précaire, aux pratiques alimentaires de luxe réservées à une minorité de gourmets.

De nouveaux modes de consommation se développent en réaction aux travers de notre société d’abondance, comme  l’injonction à la « frugalité heureuse ». Les villes semblent être les lieux par excellence de la commensalité, du partage en commun du repas, de l’habitude de manger ensemble qui se trouve bousculée par la multiplication d’alimentations « particulières » (FISCHLER, 2013), pour des raisons médicales, éthiques ou spirituelles :

  • consommations sans gluten,
  • sans sucre, ou aliments allégées en sucre,
  • sans sulfites,
  • sans pesticides…

Les villes sont le théâtre d’un renouvellement du lien social autour de la cuisine, comme l’ont rappelé récemment en France les repas organisés en ville à destination des migrants. Les régimes alimentaires des urbains sont le miroir de rapports sociaux, de processus de distinction et d’exclusion, que ce soit d’un point de vue de la géographie sociale et culturelle, de la  sociologie ou de l’anthropologie de l’alimentation.


8. Les villes sont des prescriptrices alimentaires

Les villes ne sont pas de simples révélateurs des évolutions sociétales. Elles sont aussi des prescriptrices de nouvelles tendances en matière d’alimentation et de pratiques culinaires.

À l’échelle internationale, l’excellence gastronomique est un signe des recompositions dans la hiérarchie métropolitaine, comme l’illustre Singapour, nouvel eldorado de la gastronomie, dont la première édition du Guide Michelin en 2016 a encensé tant les restaurants étoilés que la street food locale.

Localement, à l’échelle de la cité, voire des quartiers, la géographie des commerces alimentaires urbains peut être envisagée comme le témoin des cultures alimentaires propres à un territoire et à son évolution dans le temps.

  • Valorisation patrimoniale et touristique de certaines spécialités locales auxquelles les villes donnent leur nom (jambon de Bayonne, sauce bolognaise, vins de Bordeaux).
  • Vogue des restaurants ethniques (vietnamiens, thaïlandais, italiens, indiens, turcs…) qui réinterprètent des menus « typiques » de contrées lointaines.

Réciproquement, les pratiques et les aspirations des citadins sont des agents de transformation de la géographie du commerce de bouche (article du journal Slate portant sur la montée en gamme de l’offre urbaine de burgers à Paris, CASSELY et GARNIER, 2017). Il existe un « foodscape » (paysage alimentaire) qui voit les pratiques alimentaires structurer l’espace urbain.


9. Les bio-politiques alimentaires

En 2016, 56,8 % d’hommes et 40,9 % de femmes en France sont en surcharge pondérale, tandis que plus de 200 produits, essentiellement des confiseries, sont contaminés par des nanoparticules de dioxyde de titane (E171) aux effets cancérogènes et responsables de dysfonctionnement de l’ADN, d’inflammations chroniques ou de la mort des cellules.

Les citadins, en moyenne plus riches que les ruraux, consomment et gaspillent plus (BRICAS, 2015). Ce modèle alimentaire a pour corollaire une montée en flèche des maladies chroniques (cancers, obésité et diabète associés, maladies cardiovasculaires), devenues la première cause de mortalité mondiale devant les maladies infectieuses (CICOLLA, 2013).

L’entrée dans le « phagocène » (BONNEUIL et FRESSOZ, 2016) se caractérise non seulement par la dégradation de l’environnement, mais aussi par l’altération en profondeur des corps et de la physiologie des consommateurs. Le corps de l’anthropocène est aussi un corps altéré par des milliers de substances toxiques. Face aux nouveaux enjeux alimentaires, quelles sont les mutations des habitudes et des pratiques alimentaires, les enjeux de santé publique ainsi que les hexis corporelles ? (L’hexis est le fait de déterminer les caractéristiques d’un concept par exemple. C’est l’ensemble des propriétés essentielles de quelque chose)

De récents travaux issus des feminist food studies réinvestissent les questions de la domesticité, du care (que l’on peut traduire par le soin ou l’attention portée), des normes esthétiques corporelles ou encore des identités autour du lien entre genre et alimentation (voir HOLLOWS, 2003, GUTHMAN, 2011).


10. Cultures et interdits alimentaires

La géographie culturelle identifie le rôle des cultures alimentaires et des interdits alimentaires culturels et religieux dans la manière dont se structurent les systèmes de production, de commercialisation et de consommation.

  • Les mutations des comportements et des pratiques alimentaires, et surtout leur mise en scène en ville à travers des événements comme les apéros « charcuterie-pinard », révèlent moins la relation au patrimoine alimentaire qu’une re-politisation de l’alimentation comme attribut identitaire.
  • De plus en plus de projets d’agriculture urbaine intègrent ou revendiquent la diversité des cultures alimentaires en y répondant par une biodiversité des cultures agricoles (BAKER, 2004).

Conscients de la part que représente l’alimentation dans les dépenses des ménages, quel rôle jouent la publicité et le marketing alimentaires dans le pilotage des comportements alimentaires ?

Les campagnes publicitaires ciblant les consommateurs urbains, que ce soit pour les produits du terroir (comme la saucisse de Morteau) ou pour les nouvelles formes de commensalité (services de livraison à domicile « ubérisés » de type Deliveroo ou Foodora)  traduisent les tentatives de captation de nouveaux segments de consommateurs, des mutations des stratégies de positionnement des filières agro-alimentaires ainsi que des modes de travail dans la chaîne alimentaire.

Éclairs géants de 35 cm, parfum chocolat ou café. Boulangerie Pâtisserie Gosselin, 258 boulevard Saint Germain, Paris 7e. © Photographie PML/CAD pour PEE, 2 décembre 2016.


11. La re-territorialisation des politiques alimentaires

Ces nouvelles bio-politiques alimentaires se traduisent par la proposition de politiques alimentaires re-territorialisées à l’échelle locale. Or, ces politiques, comme les initiatives citoyennes alternatives, ne répondent que très partiellement aux problèmes alimentaires soulevés. Le poids des lobbies agricoles et agroalimentaires, la libéralisation du commerce des marchandises, les inégalités structurelles d’accès au foncier, les iniquités face aux options de consommation restent peu abordées.

Aujourd’hui, le droit de l’alimentation en France est à 80 % communautaire, laissant tout un pan de transformation du système alimentaire hors de portée des collectivités. Ainsi, la récente loi sur le gaspillage a permis la redistribution d’invendus de la grande distribution. Mais, elle ne dit rien sur le gaspillage en amont, dans la chaîne agro-alimentaire (CLOTEAU et MOURAD, 2016). Il existe un « fétichisme du local », une idée que l’option de la re-localisation ne permet pas totalement de comprendre ni d’agir sur le rôle des relations de pouvoir dans la production de tous les lieux (DUPUIS et GOODMAN, 2005).


12. Comment produire, s’approvisionner et consommer autrement ?

Les villes abritent des pratiques qui s’organisent autour des nouveaux enjeux alimentaires visant à produire, s’approvisionner et consommer autrement. Dans les villes,

  • les lieux de réemploi se multiplient, comme les ressourceries ou les recycleries, et participent à l’économie circulaire.
  • les bio-déchets (déchets alimentaires, drêches de bières, marc de café) et le compostage local fournissent des engrais pour les projets d’agriculture urbaine.
  • les initiatives de la société civile se multiplient, de l’essor des défis des familles Zero Waste, au développement des pratiques de trocs ou des associations des « maîtres-composteurs », jusqu’à la récupération de nourriture dans les poubelles des supermarchés, le « freeganism », et les échanges alternatifs (trocs et banques de semences, coopératives alimentaires, etc.).

Quels sens les individus donnent-ils à leurs actions ? Comment peut-on mesurer leurs bénéfices ? Quel en est le potentiel transformateur ? La lutte contre le gaspillage alimentaire ou le permis de végétaliser en sont des exemples (LAGNEAU, 2016).


13. Le droit à l’alimentation

Face à la « crise des affamés et des repus » (PATEL, 2007), le partage des bénéfices et des risques concernant les lieux, les produits et la façon dont la nourriture est produite, transformée, transportée et distribuée, accessible et mangée, reste inéquitable. Les injustices alimentaires atteignent les groupes les plus vulnérables – populations défavorisées, groupes ethniques marginalisés, migrants, femmes…

Le concept de justice alimentaire se situe à la croisée des discours sur le droit à l’alimentation, les objectifs de durabilité appliqués aux systèmes alimentaires, et les risques d’insécurité alimentaire dans des situations de pauvreté et de précarité (HOCHEDEZ et LE GALL, 2015).

  • La transformation du système alimentaire relie des mouvements et des idées disparates (GOTTLIEB et JOSHI, 2010).
  • Le cadre de la justice alimentaire ouvre des liens vers une série plus large de cadres conceptuels : la démocratie, la citoyenneté, les mouvements sociaux et la justice sociale et environnementale.

Dans les villes des Nords et des Suds, des associations lancent des initiatives (aide alimentaire aux populations démunies et aux migrants, actions d’éducation alimentaire et environnementale dans les quartiers populaires) sans qu’il existe à proprement parler de mouvement alimentaire unifié, aux acteurs identifiés, celui-ci restant encore largement invisible et fragmenté.

Les actions de ces associations (gaspillage, circuits courts, agriculture biologique, aide alimentaire, bien manger, risques et santé, pesticides…) dessinent le paysage d’un activisme agro-alimentaire. Il existe des réseaux d’engagement qui conduisent des actions originales (repas préparés à partir d’invendus comme Discosoupe) et dessinent de nouveaux espaces agro-alimentaires urbains.

À quoi ressembleront les futurs espaces agro-alimentaires urbains, différents des espaces du système alimentaire actuel (supermarchés, fast-foods) ?


14. La remise en cause de la « géométrie du pouvoir agri-alimentaire »

Quelle est la capacité de ces pratiques, de ces espaces et de ces systèmes qui se construisent sous nos yeux pour modifier la « géométrie du pouvoir agri-alimentaire » existante (MASSEY, 1994) et de son économie ? (2)

La question interroge la géographie culturelle, l’économie alimentaire, l’histoire de l’alimentation, l’anthropologie la sociologie de l’alimentation, le droit et les sciences politiques, l’économie, l’agronomie, les études de genre…

Chocolat liégeois et pain au chocolat. Starbucks Beaubourg, 4 rue Aubry Le Boucher, Paris 4e. © Photographie PML/CAD pour PEE, 6 décembre 2014.

Starbucks est la première chaîne mondiale de salons de café. Fondée en 1971, elle comprend  (en 2016) 25 000 établissements implantés dans 70 pays (13 000 aux États-Unis, 2000 en Chine, 1 500 au Canada, 1 000 au Japon, 100 en France…). La majorité des commerces est exploitée en franchise.


Bibliographie indicative rassemblée par les chercheurs de la revue Urbanités

  • Aubry C. et Chiffoleau Y., 2009, « Le développement des circuits courts et l’agriculture périurbaine : histoire, évolution en cours et questions actuelles », Innovations Agronomiques, 5, pp. 53-67.
  • Baker L., 2004, « Tending Cultural Landscapes and Food Citizenship in Toronto’s Community Gardens », Geographical Review, 94 (3), pp. 305-325.
  • Bonneuil C. et Fressoz J-B., 2016, L’Évènement Anthropocène, la Terre, l’histoire et nous, Paris, Le Seuil, 304 p.
  • Bricas N., 2015. « Les enjeux de l’alimentation des villes », Cahiers de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme Île de France, n°173.
  • Cassely J.-L. et Garnier M., 2017, « Que s’est-il passé pour que le burger devienne si cher à Paris ? », Slate, 3 avril 2017, en ligne [http://www.slate.fr/story/135242/burgers-cafes-salades-bio-evolution-restauration-region-parisienne].
  • Cicolella A., 2013, Toxique planète. Le scandale invisible des maladies chroniques, Seuil, Anthropocène, 310 p.
  • Cloteau A. et Mourad M., 2016, « Action publique et fabrique du consensus. La « lutte contre le gaspillage alimentaire » en France et aux États-Unis », Gouvernement et Action publique, pp. 63-90.
  • Deverre C. et Lamine C., 2010, « Les systèmes agroalimentaires alternatifs. Une revue de travaux anglophones en sciences sociales », Économie rurale, 317, pp. 57-73.
  • Dupuis, E.M. et Goodman, D., 2005. « Should we go “home” to eat?: toward a reflexive politics of localism », Journal of Rural Studies, 21 (3), pp. 359–371.
  • Fischler C. (dir.), 2013, Les alimentations particulières. Mangerons-nous encore ensemble demain ?, Paris, Odile Jacob, 266 p.
  • Gottlieb R. et Joshi A., 2010, Food Justice, Cambridge, MIT Press, 304 p.
  • Guthman J., 2011, Obesity, Food justice, and the limits of Capitalism, Berkeley, University of California Press, 277 p.
  • Hochedez C. et Le Gall J. (dir.), 2015. « Justice alimentaire et agriculture », Justice spatial | Spatial Justice, n°9, http://www.jssj.org/
  • Hollows, J., 2003, « Feeling Like a Domestic Goddess: Postfeminism and Cooking », European Journal of Cultural Studies, 6 (2), pp. 179-202.
  • Lagneau A., 2016, « Agriculture urbaine. Fonction alimentaire, sociale, écologique… Qu’attendons nous de l’agriculture urbaine », Les Notes de la FEP, Note n°10.
  • Laurens L., 2015, « Agri-interstice urbain ou quand l’agriculture change la réalité des marges urbaines », Bulletin de la Société de Géographie de Liège, n° 64, pp. 5-22
  • Le Velly R., 2017, Sociologie des systèmes alimentaires alternatifs. Une promesse de différence, Paris, Presses des Mines, Collection Sciences sociales, 200 p.
  • Massey D., 1994, Space, Place and Gender, Minneapolis: University of Minnesota Press, 288 p.
  • Morgan K. et Sonnino R., 2010, « The urban foodscape: world cities and the new food equation », Cambridge Journal of Regions, Economy and Society, Vol. 3, n°2 pp. 209-224.
  • Patel R., 2007, Stuffed and starved: Markets, power and the hidden battle for the world food system, London, Portobello Books, 398 p.
  • Steel C., 2008, Hungry city: How Food Shapes Our Lives, London, Random House, 383 p.

RÉFÉRENCES

1. « Ce que mangent les villes », Appel à projet pour le numéro thématique n° 10 de la revue Urbanités. A paraître en avril 2018. Voir : « Villes affamées, villes nourricières », http://www.revue-urbanites.fr/appel-10-villes-affamees-villes-nourricieres/
La publication est coordonnée par Frédérique CÉLÉRIER (frederique.celerier@revue-urbanites.fr) et Flaminia PADDEU (flaminia.paddeu@revue-urbanites.fr).

La revue Urbanités a été créée en 2012 par une équipe d’étudiants en Géographie de la région de Lyon. Ils sont partis du constat qu’il manquait en France une revue consacrée à la géographie urbaine et au fait urbain, alors que les revues anglo-saxonnes comme Urban Studies ou Urban Geography se consacrent spécifiquement à ce thème de recherche. Elle propose à la fois des informations régulières sur le fait urbain dans le monde et des dossiers thématiques.
ISSN : 2268-9613 http://www.revue-urbanites.fr/

2. Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt (Centre d’études et de prospective), « La mondialisation par le commerce des produits alimentaires. Tendances structurelles et exploitation », Analyse, n° 102, 1977, 8 p.

On peut y lire que « Les exportations de produits alimentaires pèsent aujourd’hui plus de 1 200 milliards de dollars. À prix constants, c’est près de 7 fois plus qu’il y a 50 ans, soit un rythme de croissance annuel moyen de 3,8 % environ. »
« La circulation des produits agricoles et alimentaires est à la fois une manifestation et un vecteur majeur de la mondialisation des systèmes alimentaires. Elle renforce l’interdépendance des pays importateurs comme des exportateurs et, au-delà des produits ainsi véhiculés, contribue à la diffusion de normes, des valeurs, des innovations, et des risques.

On portera attention :

  • aux deux cartes intitulées 1. « Structure du commerce international de produits agricoles 1995-1996 », et 2. « Structure du commerce international de produits agricoles 2012-2013 ».
  • à la partie intitulée « Les chaines mondiales de valeur renforcent l’interdépendance des économies nationales » concernant le remplacement de la « trilogie » importateur/produit/exportateur par les chaînes globales de valeur (CGV).

VIDÉO

DUVAL Wilfrid, Nourrir le Grand Paris, Urba Paris.fr, Vidéo de 19 : 11. https://www.youtube.com/watch?v=zNfGRDuHnWQ
Wilfried DUVAL est vidéaste urbain et webdocumentariste. il réalise des courts et moyens métrages sur le phénomène de la métropolisation.


Note de la rédaction de PEE : Cet article reprend l’appel à projet de la revue Urbanités, remanié, inter-titré, illustré par Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT et Bernard MÉRIGOT (©), le 19 juillet 2017, 12 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.
http://portes-essonne-environnement.fr

PEE. Rapport d’activités 2016 du média numérique www.portes-essonne-environnement.fr, ISSN 2495-1161

En septembre 2016, Le Monde économique titrait que « bientôt » il y aurait « autant de lectures de presse numérique que » de presse « papier ». (1) Ordinateurs, tablettes ou téléphones permettent à 71 % des Français de lire un titre de presse en ligne. La lecture digitale et papier se partagent presque pour moitié-moitié la consommation de la presse totale en France. Le format numérique est en passe de supplanter les versions papiers pour le lectorat assidu, notamment en raison des mises à jour des articles en quasi-instantané, et pour le lectorat ponctuel du fait des liens hypertextes permettant d’approfondir un sujet depuis son écran.

Il y a un an, en introduction de son assemblée générale numérique, l’association Portes de l’Essonne Environnement (PEE) rappelait qu’elle n’était pas une structure associative comme les autres. Elle participe depuis sa naissance (2 janvier 2014) à la culture immatérielle et numérique en ayant pour objectif d’approcher les questions sociétales et environnementales sous l’angle de l’intelligence territoriale tenant compte des dimensions informationnelles développées grâce aux nouvelles technologies de l’information. De fait, il s’agit avant tout d’agir comme une association communicante selon le principe de la concertation citoyenne sur un territoire donné et non d’être une association lobbyiste revendicative, voire clientéliste, sous des couverts faussement affables.

Le 8 juillet 2016, PEE est entrée dans une nouvelle ère en rejoignant la grande famille des médias en ligne reconnus et référencés par le dépôt légal du numérique. La Bibliothèque Nationale de France (BNF) ayant reconnu que les articles publiés sur le site Internet associatif www.portes-essonne-environnement.fr était le résultat d’un « travail éditorial ou journalistique manifeste » lui a attribué un International Standard Serial Number (ISSN) : ISSN 2495-1161. Afin de répondre aux critères de la presse numérique professionnelle, les pratiques associatives de PEE ont été modifiées. PEE n’est plus une simple association environnementale à la gouvernance collégiale qui, par le biais d’un vecteur de communication, dit uniquement ce qu’elle pense ou fait : elle va beaucoup plus loin, elle informe selon les codes de l’information numérique répertoriée. PEE est notamment devenue une structure associative dont le conseil d’orientation :

  • continue d’animer une équipe de rédacteurs publiant selon les règles du journalisme,
  • s’adresse non plus à des adhérents « élargis » à la sphère web mais à des lecteurs et à des abonnés,
  • gère un média numérique officiellement répertorié, une ressource intégratrice permanente qui participe à l’information digitale internationale. (2)

Les médias sont des réseaux. Autant les médias imprimés traditionnels constituent des réseaux en deux dimensions, autant les médias numériques et les «réseaux sociaux» constituent des structures aux dimensions multiples qui associent, en temps réel, les fonctions d’émissions et de réception. © Photographie BM/CAD pour PEE, 31 décembre 2016.


Rapport d’activités du média numérique www.portes-essonne-environnement.fr 2016

La philosophie de PEE

Association loi 1901, Portes de l’Essonne Environnement (PEE) informe sur les communes des secteurs de l’ex-communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE), du Sud-francilien, de l’établissement public territorial Grand Orly Seine Bièvre (EPT 12) et de la Métropole du Grand Paris (MGP). Elle maintient le même niveau d’exigence citoyenne à l’égard de toutes les structures territoriales ou institutionnelles : transparence des décisions, accès à tous les documents publics, concertation… que ce soit pour la protection de l’environnement, le patrimoine, le cadre de vie, les aménagements… de la partie sud de la MGP. PEE conçoit l’organisation territoriale fondée sur une superficie permettant des relations de proximité entre les citoyens, les élus, les administrations locales et les organisations institutionnelles. Ces derniers doivent chaque jour s’imprégner d’une réelle culture participative : un territoire ne peut se gérer qu’avec ses habitants et non contre eux.

Portes de l’Essonne Environnement a choisi une gouvernance collégiale pour gérer son média numérique éponyme. Chacun apporte sa plume digitale à son édifice, qu’il soit membre de l’exécutif, lecteur, porteur de suggestion d’article ou d’amendement, photographe… Organe de réflexion et de direction, le conseil d’orientation de PEE émet des propositions sur la stratégie de l’association. En fonction des thématiques, des compétences et des disponibilités de chacun, le conseil d’orientation est l’interlocuteur de référence. Il participe ainsi à de nombreuses réunions avec les élus, les institutionnels, les porteurs de projets publics et privés.

Activités en 2016

Les membres du conseil d’orientation ainsi que les rédacteurs du présent webmédia ont participé à plus d’une centaine de réunions, de rencontres, de séminaires, de colloques relatifs :

  • à la Métropole du Grand Paris,
  • à l’établissement public territorial Grand Orly Seine Bièvre (EPT 12),
  • aux collectivités territoriales essonniennes,
  • aux syndicats intercommunaux de gestion de rivières et de traitement des déchets ménagers,
  • à des associations environnementales,
  • à des entreprises publiques ou ayant mission de service public, des entreprises privées,
  • à des enquêtes publiques,
  • à la gouvernance associative, politique, environnementale,
  • aux nuisances aériennes liées aux travaux de l’aéroport Paris-Orly,
  • à l’histoire et au patrimoine,
  • à l’intelligence territoriale…

Statistiques numériques en 2016

Au cours de l’année 2016, 101 articles ont été publiés, ce qui porte à 205 le nombre d’articles publiés depuis la création du site Internet. A ce jour, 8 juillet 2017, il contient 260 articles.

En 2016, quatre lettres d’informations (newsletter ou PEEnews) ont été adressées aux abonnés et aux membres des réseaux relationnels de PEE. En janvier 2017, ces lettres numériques sont devenues hebdomadaires (distribuées principalement le jeudi).

Les publications sont toutes accompagnées de photographies ou de documents : 1 350 sont téléchargeables par les internautes depuis la création du webmédia en janvier 2014.

Le média numérique www.portes-essonne-environnement.fr a été consulté 89 630 fois en 2016, soit une moyenne journalière de 245 vues. Le pic de lecture a été enregistré en juillet, avec 18 207 visites, soit une moyenne journalière de 587 vues. Le jour du 18 juillet a connu un pic de fréquentation extraordinaire avec 3 576 connexions du fait de l’absence de communication d’ADP et des collectivités territoriales riverains sur les travaux estivaux entrepris afin de rénover la piste n° 4.

Le webmédia a abordé 187 thèmes au cours de l’année 2016, répartis en 44 catégories principales. Les sujets d’articles les plus consultés sont :

  • l’aéroport de Paris-Orly,
  • les plans locaux d’urbanisme,
  • les inondations (Orge, Yvette),
  • l’état des lieux sur le très haut débit à la CALPE,
  • la population essonnienne,
  • les transports ferroviaires (TTME, RER, T7)
  • l’histoire de Savigny-sur-Orge.

Le référencement est très satisfaisant. Lors d’une recherche dans les différents moteurs (Google, Yahoo, etc.), le site se place régulièrement dans les deux premières pages et, avec une interrogation pointue, en première page.

Coût du média numérique en 2016

L’association PEE rappelle que son objet social et son média numérique n’ont pas vocation à faire du chiffre en deniers sonnants et trébuchants. Le but est non lucratif. PEE ne demande aucune subvention aux collectivités territoriales. Aucune adhésion payante n’est exigée de nos adhérents et de nos abonnés.

Le coût du fonctionnement propre du site Internet et de l’association est supporté par une cotisation versée ou des dons effectués par les membres du conseil d’administration, des rédacteurs et de quelques adhérents. La plupart des membres apportent leurs compétences sur les thématiques constituant l’objet de PEE, et/ou participent à la rédaction d’articles pour le site Internet. En 2016, l’association PEE est constituée de 16 membres actifs.

Avec l’attribution de l’ISSN le 8 juillet 2016, PEE ne raisonne plus en adhérents mais en abonnés contributifs au nombre de 23 et en abonnés lecteurs au nombre de 107, soit un total de 120 abonnés en 2016. Le média numérique associatif a, en effet, enregistré 120 abonnements « gratuits » via le cartouche « Abonnez-vous à notre newsletter ». Beaucoup sont des lecteurs participatifs en adressant à la rédaction de PEE des commentaires ou des courriels sur les sujets qui les préoccupent (exemple les nuisances aériennes) ou sur la thématique de fond des articles publiés.

Le coût de fonctionnement du média numérique en 2016 s’est élevé à 35,87 € (hébergement, nom de domaine, ovh). Des frais postaux ont été réalisés pour un montant de 16,25 €. Les cotisations versées à PEE se sont élevées à 70 €. Quant aux contributions volontaires de nos membres, elles représentent 29 280 €. Le budget 2016 se monte donc à 29 332, 12 €. L’indépendance financière de PEE (pas de subvention ni publicité) débouche sur une indépendance rédactionnelle.

Conseil d’orientation et rédacteurs 2017

Les membres du conseil d’orientation et de la rédaction de PEE de 2016 poursuivront leurs activités au sein du média numérique en 2017. Toute nouvelle demande d’intégration est examinée par l’actuel conseil d’orientation.

Ce rapport d’activités vaut assemblée générale numérique 2017 pour l’année 2016.


RÉFÉRENCES
1. COGNÉ Capucine, « Bientôt autant de lectures de presse numérique que papier », www.lemonde.fr, 22 septembre 2016 : http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2016/09/22/bientot-autant-de-lectures-de-presse-numerique-que-print_5001770_3236.html.
2. Répertoire des ISSN : 1,9 million de titres de presse en série numérique en janvier 2017 de part le monde (http://www.issn.org/understanding-the-issn/the-issn-international-register/).

© Jean-Marie CORBIN, président de PEE, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, directrice d’édition numérique de PEE, 8 juillet 2017, 21 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.

PEE. Ressources pédagogiques et éducatives

A partir de l’été 2017, le media numérique Porte de l’Essonne Environnement (www.portes-essonne-environnement.fr) mettra régulièrement en ligne des ressources pédagogiques et des ressources éducatives en rapport avec les programmes des collèges et des lycées : histoire, géographie, éducation morale et civique, étude de gestion (en lien avec les politiques de développement durable, etc.). Une page est désormais consacrée à cette thématique particulière.

« Regarde le ciel » : une définition de l’enseignement et de la pédagogie ? Un exemple de street art parisien, un tag à la bombe de peinture sur un mur, 16 rue du Temple, Paris. © Photographie BM/CAD pour PEE, 17 décembre 2013.


  • Ressources pédagogiques
    Les ressources pédagogiques sont des entités, sur quelque support que ce soit, qui sont « utilisées dans un processus d’enseignement, de formation ou d’apprentissage. »
    Les articles de ce présent site Internet peuvent être considérés comme des ressources pédagogiques utiles à l’élaboration des cours de collège et de lycée.
    http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/archives/metadata/glossaire/quelques-definitions
  • Ressources éducatives
    Les ressources éducatives libres (REL), traduction de l’anglais « Open Educational Resources », désignent « des matériaux d’enseignement, d’apprentissage ou de recherche appartenant au domaine public ou publié avec une licence de propriété intellectuelle permettant leur utilisation, adaptation et distribution à titre gratuit ». Elles peuvent être utilisées librement sous réserve d’en indiquer explicitement la provenance.

    L’apparition et le développement d’Internet a permis à des enseignants, à des chercheurs, à des pédagogues de créer et de distribuer des ressources éducatives. Le concept général fait partie du même mouvement que celui de l’Open source, l’Open data, le libre accès, les licences libres (Creative Commons), les formations en ligne (MOOC). L’UNESCO estime que « l’accès universel à une éducation de qualité est essentiel à la construction de la paix, au développement social et économique, et au dialogue interculturel. Les ressources éducatives libres (REL) offrent une opportunité stratégique pour améliorer la qualité de l’éducation, faciliter le dialogue politique et partager les connaissances et le renforcement des capacités.»
    http://www.unesco.org/new/fr/communication-and-information/access-to-knowledge/open-educational-resources/

Dans un premier temps, les ressources éducatives seront destinées aux élèves de :

  • Cinquième
  • Troisième
  • Première ES
  • Première STMG
  • Terminale S
  • Terminale STMG

Point de contact : resseduc@portes-essonne-environnement.fr

© La rédaction de PEE, le 16 juin 2017, 21 h 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.