Archives de l’auteur : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT

Histoire. Les mutations des sociétés : l’exemple de la France depuis 1850 (1re ES. Thème 1. Chapitre 2)

De la moitié du XIXe siècle à nos jours, les pays industrialisés connaissent d’importantes mutations sociales. L’étude de la population active permet de les mettre en évidence. En effet, l’étude de l’ensemble des personnes en âge de travailler, disponibles sur le marché du travail, permet de repérer les secteurs économiques dynamiques ou moins, l’évolution des conditions de travail, etc. La France a accompli sa révolution industrielle au XIXe siècle en passant d’une société agricole à une société industrielle. Elle est donc un bon exemple pour illustrer cette étude.

Ainsi, entre 1850 et 1945, la population active se transforme en raison de l’industrialisation. Les paysans deviennent des ouvriers. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui, les évolutions sont davantage marquées par la conjoncture économique. De 1945 aux années 1960, la société vit l’apogée du secteur secondaire. A partir de la décennie 1970, la majorité de la population active travaille dans le secteur tertiaire. On assiste à des modifications du concept « travail », le temps que l’on y consacre se réduit notamment. Enfin, la France est devenue une terre d’immigration.

La ferme Champagne sise sur les communes de Savigny-sur-Orge et de Juvisy-sur-Orge, l’une des dernières en activité au début du XXe siècle. (carte postale affranchie en 1923, fond privé AM)


Problématique

Comment évolue la population active française depuis 1850 ?
Comment évolue l’immigration en France au cours du XXe siècle ?
Quel est son impact sur la société française ?
Quels sont les bouleversements vécus par société française depuis 1850 ?

Comment les évolutions du monde du travail transforment-elles la société française ?


Sommaire

I. La population active, le reflet des bouleversements économiques et sociaux : l’exemple de la France depuis 1850

A. De la société agricole à la société industrielle

1/ Une fin progressive du monde paysan.
2/ Les mutations de la classe ouvrière.
3/ La montée du secteur tertiaire.

B. Les mutations du travail depuis la Seconde Guerre mondiale

1/ La société des « Trente Glorieuses » : industrielle et tertiaire.
2/ La crise des années 1970 et ses conséquences, vers une société post-industrielle.
3/ Le chômage de masse.

II. La société française et l’immigration

A. La France, une terre d’accueil (1845-1850)

1/ L’appel à l’immigration.
2/ Un accueil particulier des étrangers.

B. « Trente Glorieuses » : une immigration de masse, voulue et internationale

1/ Une immigration avant tout économique.
2/ Des origines renouvelées.

C. Depuis 1975, les immigrés victimes de la « croissance molle »

1/ Une immigration freinée.
2/ La question de l’intégration.


Conclusion

Depuis la moitié du XIXe siècle, la population active française connaît d’importants bouleversements afin de répondre à l’ouverture à la mondialisation. Premièrement, l’emploi agricole disparaît progressivement. Deuxièmement, l’emploi industriel croît jusqu’à la crise des années 1970 puis décline. Troisièmement, le secteur tertiaire offre de plus en plus d’emplois et se diversifie. L’évolution de la structure de la population active s’accompagne d’un changement dans les conditions de travail : développement du salariat jusque dans les années 1970, puis précarisation de l’emploi en raison d’un fort chômage structurel. Ces évolutions sont les mêmes dans les autres pays industrialisés, seul leur rythme diffère. Pour faire face aux demandes des différents secteurs économiques, la France recourt à l’immigration.

Entre 1900 et 1945, la France a recours à l’immigration frontalière pour pallier une démographie déclinante. Durant les Trente Glorieuses, le recours à l’immigration est encore plus important afin de répondre à la demande de main-d’œuvre nécessaire pour reconstruire la France d’après guerre et pour alimenter la croissance économique. La situation change totalement au cours de la décennie 1970, les frontières se ferment. La place des immigrés dans la société française occupe bon nombre de débats de la classe politique française. La question de l’intégration des étrangers installés en France est devenue cruciale pour une société multiculturelle et métissée depuis plus de cent cinquante ans. On peut se demander alors quelle est la position des autres pays européens sur le sujet.


Cours dispensé au lycée Saint-Charles d’Athis-Mons en septembre 2018

Synthèse (pdf de 8 pages) : H1ES T1 CH2 MUTATIONS SOCIETES SYNTHESE v2018


Références – sources

  1. Ce chapitre a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ les séminaires de John Day, « Histoire économique de l’Europe du XIIIe au XVIIIe siècle », de Fabienne Bock, « État, pouvoir, exercice du pouvoir au XIXe siècle », de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du lycée Saint-Jean (Lectoure) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons), de Stéphanie Yart du lycée Ile-de-France (Villebon-sur-Yvette), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de Jacques El Alami du lycée d’Adultes (Paris), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), M. Buchoux, Mmes Trédez et Vitte du lycée Jean-Baptiste-Corot (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, niveau première, sous la direction de F. Lebrun et V. Zanghelli (Belin), R Benichi et J. Mathiex (Hachette), F. Besset, M. Navarro et R. Spina (Hachette), M. Chevallier et X. Lapray (Hatier), P. Wagret (Istra), A. Ployé (Magnard), S. Cote (Nathan).
  2. SAUVY Alfred, Histoire économique de la France entre les deux guerres, Librairie Arthème Fayard, 1967, 626 p. ; « Immigration et politique migratoire en France », dossier de La Documentation française, 2016 : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000073-immigration-et-politique-migratoire-en-France.

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 3 septembre 2017, 19 heures. Mise à jour le 9 octobre 2018, 17 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2018.
http://portes-essonne-environnement.fr

Géographie. Des cartes pour comprendre le monde (Terminale. Thème 1. Chapitre 1)

Dans le contexte des économies-monde unipolaires successives, du monde bipolaire politique et économique de la Guerre froide, et de la présente multipolarité où les puissances s’exercent dans un monde polycentrique, les cartes représentent une planète organisée autour d’un ou plusieurs pôles. Depuis les premières planches de l’Antiquité, elles ont considérablement évolué et poursuivent sans cesse leur évolution technologique. Aujourd’hui, les centres se répartissent entre plusieurs continents, ce qui complexifie les représentations cartographiques. Les acteurs de la mondialisation sont multiples. De nouvelles rivalités apparaissent. Des débats divers s’instaurent.

Chaque État possède sa propre histoire et sa propre vision du monde qui, de ce fait, devient de plus en plus difficile à comprendre. De par sa nature, la carte est une interprétation du monde. Elle peut aider à décrypter des tendances et des évolutions, même si son discours est souvent incomplet, partial, subjectif. La carte constitue un outil indispensable pour analyser la complexité du monde actuel grâce à des grilles de lecture différenciée. Son utilisation nécessite cependant un regard critique sur la façon de représenter cette complexité.

Carte de Cassini, secteur d’Athis-Mons, XVIIIe siècle.


Problématique

Comment les cartes rendent-elles compte de la complexité du monde actuel ?


Sommaire

I. La carte, un outil nécessaire pour comprendre le monde

A. Faire une carte, c’est faire des choix

B. Rappel sur la méthode de lecture d’une carte

II. Quatre lectures pour comprendre le monde actuel

A. Une lecture géopolitique du monde, entre paix et conflits

B. Une lecture géo-économique du monde, des inégalités caractérisées

C. Une lecture géoculturelle du monde, une uniformisation nuancée

D. Une lecture géo-environnementale d’un monde en souffrance


Conclusion

La combinaison des lectures, à des échelles différentes, est nécessaire afin de comprendre un monde de plus en plus complexe. Les dynamiques économiques et géopolitiques, les défis de l’environnement et du développement durable sont autant d’enjeux auxquels le monde actuel est confronté. Mais les cartes sont des outils subjectifs élaborés par des cartographes qui respectent des règles de présentation. Il faut les manipuler avec précaution car ce ne sont pas des documents neutres. Il est indispensable de s’interroger sur leurs auteurs et leurs motivations avant d’en faire l’analyse. Ainsi, les cartes les plus anciennes ont été commandées par les gouvernants politiques afin de matérialiser leur pouvoir et leur contrôle sur un territoire. Elles ont parfois été de véritables outils de propagande, comme au temps de l’Allemagne nazie. Il faut donc porter une grande attention sur la projection, le centrage et les figurés.


Cours dispensé au lycée Saint-Charles d’Athis-Mons

Synthèse mise en ligne prochainement


Références – sources

  1. Ce chapitre ouvrant le programme de géographie de la classe de terminale a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ les cours de Sylvie Monniotte du lycée Saint-Jean (Lectoure) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons), de Stéphanie Yart du lycée Ile-de-France (Villebon-sur-Yvette) que je remercie sincèrement pour son aide précieuse, de Danièle Catala du lycée Guy-Môquet (Chateaubriand), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de Jacques El Alami du lycée d’Adultes (Paris), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), M. Buchoux, Mmes Trédez et Vitte du lycée Jean-Baptiste-Corot (Savigny-sur-Orge) ; 2/ les manuels scolaires de géographie, niveau terminale, sous la direction de D. Husken-Ulbrich (Hachette), A. Ciattoni (Hatier), G. Bourel (Hatier), J. Jalta (Magnard), E. Janin (Nathan).
  2. Pour en savoir plus sur l’histoire de la cartographie, voir le site Internet d’Alexandre Nicolas : http://www.le-cartographe.net.
  3. Pour une approche de la cartographie par les projections : http://ddc.arte.tv/nos-cartes/les-cartes-des-autres.
  4. Sur l’écart entre la représentation du monde par des symboles et la représentation du territoire comme image, lire le compte-rendu de l’ouvrage de Gilles A. Tiberghien, Finis terrae : Imaginaires et imaginations cartographiques (2007) par le géographe Hervé Regnauld in « Représente-t-on le monde par des symboles ou par des images ? », EspacesTemps.net, Livres, 2008, https://www.espacestemps.net/articles/represente-t-on-le-monde-par-des-symboles-ou-par-des-images/.

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 2 septembre 2017, 20 heures. Mise à jour le 23 août 2019, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2019.
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Histoire. Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale (3e. Thème 1. Chapitre 1)

Lorsqu’en août 1914, la Première Guerre mondiale éclate, cela fait 44 ans que les Européens n’ont pas connu de guerre sur leur territoire. Encore appelée « La Grande Guerre », elle se déroule d’août 1914 à novembre 1918. En mobilisant toutes les catégories sociales, la Grande Guerre met à l’épreuve la cohésion des sociétés. Elle fragilise durablement des régimes en place. Combattants et civils subissent des violences extrêmes, dont témoigne particulièrement le génocide des Arméniens en 1915. En Russie, la guerre totale installe les conditions de la révolution bolchevique qui se prolongera par le communisme soviétique stalinien établi au cours des années 1920.

Savigny-sur-Orge au temps de la Grande Guerre. La veuve Duparchy met à la disposition de la Croix-Rouge son château afin d’y établir un hôpital pou les blessés en convalescence qui arrivent du front (carte postale écrite le 5 juin 1917, fonds privé AM).

L’organisation du chapitre s’articule donc autour de trois thèmes de réflexion. Il s’agit surtout de faire comprendre en quoi la Première Guerre mondiale :

  • est une guerre totale qui mobilise l’ensemble des sociétés avec une forte interdépendance entre le front et l’arrière, des économies et des pays concernés, qui marque la brutalisation des rapports humains.
  • marque la fin de la suprématie européenne : patriotisme chancelant (mutineries de 1917), effondrement de régimes politiques, déclin de l’influence internationale.
  • contient les germes des temps nouveaux : guerre industrialisée (armement), montée de l’influence américaine, triomphe du communisme en Russie, bouleversements territoriaux, évolution des mœurs, naissance de nouvelles idéologies politiques (balancements entre démocratie et dictature).

Problématique

Comment les civils et les militaires ont-ils vécu les violences de la Première Guerre mondiale ?
Comment la guerre de 1914-1918 a t-elle bouleversé la vie des populations et les États européens ?
En quoi cette Grande Guerre fut-elle fondatrice d’une violence totale qui marque la première moitié du XXe siècle ?


Sommaire

I. Le premier conflit mondial, plus de 4 années de guerre (1914-1918)

A. Les causes de la Grande Guerre, rappel du contexte
B. Les principales phases de la guerre
C. Sur le front, une expérience combattante inédite

II. Une guerre totale : la mobilisation générale de la société

A. De l’économie de guerre à l’économie en guerre
B. Les souffrances des populations civiles
C. Le génocide arménien de 1915, la violence de masse instaurée

III. Les conséquences de la guerre : des sociétés bouleversées et fragilisées

A. La Révolution russe d’octobre 1917
B. La Grande Guerre : un très lourd bilan humain
C. Une paix imparfaite : une nouvelle carte d’Europe et le « diktat » de Versailles


Conclusion

En 1918, la paix revient dans un continent en ruines. La Première Guerre mondiale a été une guerre d’une intensité inédite qui a pris la forme d’une guerre de position très meurtrière à cause des méthodes utilisées et des nouvelles armes défensives. Les hommes sont revenus traumatisés et transformés par cette expérience à laquelle ils n’étaient pas préparés. Les soldats ont connu une brutalisation sans précédent aussi bien au niveau physique que moral : leurs conditions de vie ont été très difficiles.

La Première Guerre mondiale est une guerre totale aussi bien pour la mobilisation de la société dans son intégralité que pour la mise en place d’une économie de guerre tournée vers la victoire. Les vainqueurs comme les vaincus sont exsangues (ruinés, très affaiblis, à bout de forces). L’Europe a perdu sa domination sur le monde et ce sont les États-Unis qui dominent désormais la planète.


Diaporamas sur lesquels le cours dispensé au collège Saint-Charles d’Athis-Mons s’est appuyé en septembre 2019 (mise en ligne prochainement)

Diaporama n° 1 :

Diaporama n° 2 :

Diaporama n° 3 :


Vidéos

Outre de très nombreuses vidéos accessibles sur Internet, il est conseillé de visionner celles se trouvant sur le site du réseau Canopé :  « Sur le champ de bataille de Verdun, un immense cimetière témoigne encore de la violence des combats qui s’y sont déroulés. 700 000 soldats français et allemands sont tombés sur un front de 30 kilomètres. Des millions d’obus ont complètement bouleversé le terrain et détruit des villages entiers. On trouve encore aujourd’hui de nombreuses traces de ces combats.Extraits du DVD La Première Guerre mondiale, @ SCEREN-CNDP, 2008″.

https://www.reseau-canope.fr/tdc/tous-les-numeros/la-vie-dans-les-tranchees/videos/article/les-tranchees-de-verdun.html


Références – Sources

1. Ce chapitre ouvrant le programme d’histoire de la classe de troisième a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ le séminaire de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du collège Jules-Ferry (Sainte-Geneviève-des-Bois) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons) avec nos sincères remerciements à Stéphanie Yart du collège-lycée Ile-de-France (Villebon-sur-Yvette), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), Mmes Dumont et Haumesser du collège Paul-Bert (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, sous la direction de A. Madavalle (Belin), N. Plaza (Hachette),  M. Ivernel (Hatier), P. Wagret (Istra), A. Ployé (Magnard), J. et D. François (Nathan), (Nathan).
2. Archives privées de familles de poilus essonniennes, gersoises et vendéennes.
3. Archives publiques d’Athis-Mons, Auch, Challans, Coëx, Juvisy-sur-Orge, Morangis, Paray-Vieille-Poste, Saint-Jean-de-Mont, Savigny-sur-Orge, Soullans, Talence, Viry-Châtillon.
4. Bibliographie conseillée aux élèves : Roland DORGELÈS, Les croix de bois, Le livre de poche, 2010, 283 p. ; Maurice GENEVOIX, Ceux de 14, Larrousse, 2012, 123 p. ; Jean-Pierre GUÉNO (sous la direction de), Paroles de poilus : Lettres et carnets du front (1914-1918), Librio, 2013, 189 p. ; Albert LONDRES, La Grande Guerre, Arlea Poche, 2010, 136 p. ; Louis MAUFRAIS, J’étais médecin dans les tranchées, Laffont, 2014, 336 p. ; Pierre MIQUEL, Mourir à Verdun, Tallandier, 2011, 315 p. ;  Erich Maria REMARQUE, A l’Ouest rien de nouveau, Le livre de poche, 1973, 224 p..

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 3 septembre 2017, 18 heures. Mise à jour le 23 août 2019, 18 heures.

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Histoire. L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale (Terminale ES. Thème 1. Chapitre 1)

En 1945, la France sort meurtrie de cinq années de guerre. La défaite de juin 1940, l’occupation allemande, la collaboration du régime de Vichy ont traumatisé les Français qui, avec la Libération, aspirent à se reconstruire dans l’unité nationale. Pour ce faire, les autorités, sous la direction du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), referment la « parenthèse vichyste » : elles imposent l’image officielle d’une France unanimement résistante. Le mythe résistancialiste est né, plongeant ainsi dans l’oubli de multiples mémoires individuelles, plurielles, collectives qui resurgiront au cours de la Guerre froide pour éclater au grand jour ensuite. Le résistancialisme est alors critiqué. Différents groupes mémoriels s’attachent à défendre leur vision de la période. Quant aux historiens, relégués un temps au service de la mémoire officielle, ils se réapproprient leur rôle, leur fonction, celui d’être au service de la vérité historique en mettant en lumière « les processus de construction » de toutes les mémoires.

BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, Prisme, 7e édition, 1982, 168 p. (couverture). L’historien Marc BLOCH est le cofondateur avec Lucien FEBVRE de la revue les Annales d’histoire économique et sociale en 1929. Il rédige le brouillon de son Apologie au début des années 1940. Membre de la Résistance, il est arrêté par la Gestapo et exécuté le 16 juin 1944. Son ouvrage sera publié en 1949.


Problématique

Comment l’historien parvient-il à apprivoiser les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France afin d’en écrire une Histoire apaisée ?


Sommaire

I. La mémoire résistancialiste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1944-1970)

A. Une France traumatisée et divisée en 1945

B. La mémoire résistancialiste (1944-1947)

1/ La France unanimement résistante : une lecture officielle
2/ La réconciliation entre les Français
3/ La « mémoire repliée » d’une partie des Français, les soldats

C. La mémoire gaullienne, une mémoire d’État officielle (1948-1969)

1/ Une « mémoire désunie »
2/ Le « grand silence » sur le génocide, les « mémoires oubliées »
3/ Les lieux de mémoire officiels

II. L’évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale (1970 à nos jours)

A. Le tournant des années 1970 et la « révolution paxtonienne »

1/ Maintien de la lecture gaulliste du conflit, mais…
2/ … les mentalités changent, le mythe résistancialiste chancèle
3/ Une nouvelle lecture de la collaboration vichyssoise

B. La mémoire juive sort de l’oubli

1/ Constituer une « mémoire communautaire » pour ne pas oublier
2/ Le procès de la « banalité du mal » fait se libérer les paroles
3/ Le négationnisme et le révisionnisme
4/ Le devoir de mémoire.
5/ Justice et mémoire

C. A partir de 1995, les Français font enfin face à leur passé

1/ Vers la reconnaissance de la responsabilité de la France
2/ Les lieux de « mémoire de la Shoah »
3/ La mémoire instrumentalisé par les politiques ou l’hypermnésie

III. Entre Histoire et mémoires, l’historien

A. La tâche de l’historien

1/ La mémoire, les mémoires, le devoir de mémoire
2/ L’Histoire, une science humaine

B. De l’utilité de l’intervention des historiens dans les débats publics ?

C. Les historiens contestent les lois mémorielles


Conclusion

Pour conclure ce chapitre sur l’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale, il est intéressant de citer ici le philosophe Paul RICŒUR : « Sous l’histoire, ma mémoire et l’oubli. Sous la mémoire et l’oubli, la vie. Mais écrire la vie est une autre histoire. Inachèvement » (La mémoire, l’histoire, l’oubli). L’étude des relations entre les historiens et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France reflète l’évolution des questionnements historiques au gré de l’accessibilité des archives, des renouvellements de la discipline historique, mais aussi l’évolution de notre société.

Le sujet des mémoires de la Seconde Guerre mondiale est encore sensible, probablement du fait que bien des acteurs de cette époque sont encore vivants. C’est une mémoire douloureuse pour bon nombre de Français qui est passée d’un stade hégémonique (résistancialiste) au lendemain de la guerre à une dimension plurielle (toutes les mémoires reconnues) au cours des années 1970-1980 pour se donner un seul sens dans les années 1990 (le devoir de mémoire). Subsistent cependant encore des mémoires à questionner, à travailler, des histoires à dévoiler afin de terminer l’écriture apaisée de l’histoire de tous les acteurs de la Seconde Guerre mondiale, pour un moment, jusqu’à la découverte de nouvelles archives… Le temps est venu d’une approche historique non mémorielle, plus équilibrée, plus apaisée, qui n’omette rien dans son récit. Aujourd’hui, pour l’historien, l’objectif est de se dégager du jeu des pouvoirs politiques, des groupes d’intérêt, des discours médiatiques et du « régime d’historicité » (François HARTOG) qui, comme l’hypermnésie, agissent sur la construction des mémoires en produisant des ouvrages grand public. Ces derniers relèvent rarement de l’histoire, mais le plus souvent d’une nouvelle sorte de mémoire.

La nécessité du devoir de mémoire tant dans sa globalité que dans ses particularités ne fait plus aucun doute. Ce devoir n’est pas achevé. Les dirigeants politiques ne cessent de se réclamer des résistants et de leur combat. N’a-t-on pas vu en avril 2017 le candidat aux présidentielles Emmanuel MACRON visiter le site d’Oradour-sur-Glane ? Plus largement, en lien avec les mémoires de la guerre d’Algérie, n’a-t-il pas offusqué les Pieds-noirs en comparant les conditions de la colonisation française à « un crime contre l’humanité » lors de son déplacement à Alger en novembre 2016 ? N’a-t-il pas alors évoqué son souhait de « réconcilier les mémoires » et « non les opposer » dans une interview au webmedia Huffingtonpost.fr le 23 mars 2017 ? On peut ainsi légitimement se poser la question de la relation des mémoires des conflits de la deuxième moitié du XXe siècle, comme celui de la guerre d’Indochine. Pour ce faire, il serait judicieux de préférer le devoir d’histoire plutôt que le devoir de mémoire, le devoir d’histoire étant le fait d’étudier le passé sous l’angle de la raison et non de l’émotion. Cette tâche incombe aux historiens.


Cours dispensé au lycée Saint-Charles d’Athis-Mons

Synthèse (pdf de 15 pages) : prochainement en ligne


Références – sources

1. Ce chapitre ouvrant le programme d’histoire de la classe de terminale a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ le séminaire de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du lycée Saint-Jean (Lectoure) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de Jacques El Alami du lycée d’Adultes (Paris), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), M. Buchoux, Mmes Trédez et Vitte du lycée Jean-Baptiste-Corot (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, niveau terminale, sous la direction de Adoumié V. et P. Zachary (Hachette), Bourel G. et Chevallier M. (Hatier), Le Quintrec G. (Nathan).
2. En plus de ouvrages cités dans le corps de texte : BÉDARIDA François (sous la direction de), L’Histoire et le métier d’historien en France, 1945-1995, Édition de la Maison des sciences de l’homme, 1995 ; BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, 7e édition, 1982 ; NORA Pierre (sous la direction de), Les lieux de mémoire, Gallimard, 7 volumes, 1984, 1986, 1992 ; ROUSSO Henry, La hantise du passé, Les éditions Textuel, 1998 ; RICŒUR Paul, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Le Seuil, 2000 ; WIEVORKA Olivier, « Sous l’Occupation, tous résistants ? », Sciences humaines, n° 295, août-septembre 2017, pp. 56-57.

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 2 septembre 2017, 18 heures. Mise à jour le 23 août 2019, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2019.
http://portes-essonne-environnement.fr

Histoire. L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale (Terminale S. Thème 1. Chapitre 1)

En 1945, la France sort meurtrie de cinq années de guerre. La défaite de juin 1940, l’occupation allemande, la collaboration du régime de Vichy ont traumatisé les Français qui, avec la Libération, aspirent à se reconstruire dans l’unité nationale. Pour ce faire, les autorités, sous la direction du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), referment la « parenthèse vichyste » : elles imposent l’image officielle d’une France unanimement résistante. Le mythe résistancialiste est né, plongeant ainsi dans l’oubli de multiples mémoires individuelles, plurielles, collectives qui resurgiront au cours de la Guerre froide pour éclater au grand jour ensuite. Le résistancialisme est alors critiqué. Différents groupes mémoriels s’attachent à défendre leur vision de la période. Quant aux historiens, relégués un temps au service de la mémoire officielle, ils se réapproprient leur rôle, leur fonction, celui d’être au service de la vérité historique en mettant en lumière « les processus de construction » de toutes les mémoires.

BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, Prisme, 7e édition, 1982, 168 p. (couverture). L’historien Marc BLOCH est le cofondateur avec Lucien FEBVRE de la revue les Annales d’histoire économique et sociale en 1929. Il rédige le brouillon de son Apologie au début des années 1940. Membre de la Résistance, il est arrêté par la Gestapo et exécuté le 16 juin 1944. Son ouvrage sera publié en 1949.


Problématique

Comment l’historien parvient-il à apprivoiser les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France afin d’en écrire une Histoire apaisée ?


Sommaire

I. La mémoire résistancialiste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1944-1970)

A. Une France traumatisée et divisée en 1945

B. La mémoire résistancialiste (1944-1947)

1/ La France unanimement résistante : une lecture officielle
2/ La réconciliation entre les Français
3/ La « mémoire repliée » d’une partie des Français, les soldats

C. La mémoire gaullienne, une mémoire d’État officielle (1948-1969)

1/ Une « mémoire désunie »
2/ Le « grand silence » sur le génocide, les « mémoires oubliées »
3/ Les lieux de mémoire officiels

II. L’évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale (1970 à nos jours)

A. Le tournant des années 1970 et la « révolution paxtonienne »

1/ Maintien de la lecture gaulliste du conflit, mais…
2/ … les mentalités changent, le mythe résistancialiste chancèle
3/ Une nouvelle lecture de la collaboration vichyssoise

B. La mémoire juive sort de l’oubli

1/ Constituer une « mémoire communautaire » pour ne pas oublier
2/ Le procès de la « banalité du mal » fait se libérer les paroles
3/ Le négationnisme et le révisionnisme
4/ Le devoir de mémoire.
5/ Justice et mémoire

C. A partir de 1995, les Français font enfin face à leur passé

1/ Vers la reconnaissance de la responsabilité de la France
2/ Les lieux de « mémoire de la Shoah »
3/ La mémoire instrumentalisé par les politiques ou l’hypermnésie

III. Entre Histoire et mémoires, l’historien

A. La tâche de l’historien

1/ La mémoire, les mémoires, le devoir de mémoire
2/ L’Histoire, une science humaine

B. De l’utilité de l’intervention des historiens dans les débats publics ?

C. Les historiens contestent les lois mémorielles


Conclusion

Pour conclure ce chapitre sur l’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale, il est intéressant de citer ici le philosophe Paul RICŒUR : « Sous l’histoire, ma mémoire et l’oubli. Sous la mémoire et l’oubli, la vie. Mais écrire la vie est une autre histoire. Inachèvement » (La mémoire, l’histoire, l’oubli). L’étude des relations entre les historiens et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France reflète l’évolution des questionnements historiques au gré de l’accessibilité des archives, des renouvellements de la discipline historique, mais aussi l’évolution de notre société.

Le sujet des mémoires de la Seconde Guerre mondiale est encore sensible, probablement du fait que bien des acteurs de cette époque sont encore vivants. C’est une mémoire douloureuse pour bon nombre de Français qui est passée d’un stade hégémonique (résistancialiste) au lendemain de la guerre à une dimension plurielle (toutes les mémoires reconnues) au cours des années 1970-1980 pour se donner un seul sens dans les années 1990 (le devoir de mémoire). Subsistent cependant encore des mémoires à questionner, à travailler, des histoires à dévoiler afin de terminer l’écriture apaisée de l’histoire de tous les acteurs de la Seconde Guerre mondiale, pour un moment, jusqu’à la découverte de nouvelles archives… Le temps est venu d’une approche historique non mémorielle, plus équilibrée, plus apaisée, qui n’omette rien dans son récit. Aujourd’hui, pour l’historien, l’objectif est de se dégager du jeu des pouvoirs politiques, des groupes d’intérêt, des discours médiatiques et du « régime d’historicité » (François HARTOG) qui, comme l’hypermnésie, agissent sur la construction des mémoires en produisant des ouvrages grand public. Ces derniers relèvent rarement de l’histoire, mais le plus souvent d’une nouvelle sorte de mémoire.

La nécessité du devoir de mémoire tant dans sa globalité que dans ses particularités ne fait plus aucun doute. Ce devoir n’est pas achevé. Les dirigeants politiques ne cessent de se réclamer des résistants et de leur combat. N’a-t-on pas vu en avril 2017 le candidat aux présidentielles Emmanuel MACRON visiter le site d’Oradour-sur-Glane ? Plus largement, en lien avec les mémoires de la guerre d’Algérie, n’a-t-il pas offusqué les Pieds-noirs en comparant les conditions de la colonisation française à « un crime contre l’humanité » lors de son déplacement à Alger en novembre 2016 ? N’a-t-il pas alors évoqué son souhait de « réconcilier les mémoires » et « non les opposer » dans une interview au webmedia Huffingtonpost.fr le 23 mars 2017 ? On peut ainsi légitimement se poser la question de la relation des mémoires des conflits de la deuxième moitié du XXe siècle, comme celui de la guerre d’Indochine. Pour ce faire, il serait judicieux de préférer le devoir d’histoire plutôt que le devoir de mémoire, le devoir d’histoire étant le fait d’étudier le passé sous l’angle de la raison et non de l’émotion. Cette tâche incombe aux historiens.


Cours dispensé au lycée Saint-Charles d’Athis-Mons

Synthèse de 15 pages en pdf : prochainement en ligne


Références – sources

1. Ce chapitre ouvrant le programme d’histoire de la classe de terminale a été élaboré à partir de nombreuses sources bibliographiques publiées et consultables en bibliothèques-médiathèques ou sur Internet. Citons également pour la partie « cours » : 1/ le séminaire de Robert Bonnaud, « Histoire du temps présent : le monde au XXe siècle », université Paris VII-Jussieu ; 2/ les cours de Sylvie Monniotte du lycée Saint-Jean (Lectoure) et du lycée Saint-Charles (Athis-Mons), de Florian Nicolas du lycée Pierre-Bourdieu (Fronton), de Jacques El Alami du lycée d’Adultes (Paris), de M. Sizaret du lycée Léonard-de-Vinci (Saint-Witz), M. Buchoux, Mmes Trédez et Vitte du lycée Jean-Baptiste-Corot (Savigny-sur-Orge) ; 3/ les manuels scolaires d’histoire, niveau terminale, sous la direction de Adoumié V. et P. Zachary (Hachette), Bourel G. et Chevallier M. (Hatier), Le Quintrec G. (Nathan).
2. En plus de ouvrages cités dans le corps de texte : BÉDARIDA François (sous la direction de), L’Histoire et le métier d’historien en France, 1945-1995, Édition de la Maison des sciences de l’homme, 1995 ; BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, 7e édition, 1982 ; NORA Pierre (sous la direction de), Les lieux de mémoire, Gallimard, 7 volumes, 1984, 1986, 1992 ; ROUSSO Henry, La hantise du passé, Les éditions Textuel, 1998 ; RICŒUR Paul, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Le Seuil, 2000 ; WIEVORKA Olivier, « Sous l’Occupation, tous résistants ? », Sciences humaines, n° 295, août-septembre 2017, pp. 56-57.

© Mise en ligne pour la rédaction de PEE : Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 2 septembre 2017, 18 heures. Mise à jour le 23 août 2019, 18 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2019.
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