Archives de catégorie : Savigny-sur-Orge

Ville de Savigny-sur-Orge

EPT 12. Le nom de l’établissement public territorial n° 12 est-il un nom publicitaire ?

En créant en janvier 2016  la Métropole du Grand Paris (MGP) et les douze établissements publics territoriaux qui la composent, l’État a constitué des structures artificielles sans aucune identité. Se trouvant dans l’incapacité de leur trouver un nom, il leur a affecté – faisant preuve d’une imagination hardie – un simple numéro, de 1 à 12. C’est ainsi que 677 462 habitants de 24 communes appartiennent désormais à l’établissement public territorial n° 12 (EPT 12), et ce, sans avoir été consultés. La guerre des territoires commence par celle de la guerre des noms.

EPT 12 Concours 1

L’élimination des Portes de l’Essonne.  L’EPT 12 est constitué de quatre anciennes communautés d’agglomérations. Il s’est  donné un nom provisoire qui associe trois d’entre elles « Grand-Orly, Val-de-Bièvre, Seine-Amont ».  Significativement la mention de la quatrième intercommunalité qui le compose, et qui est « Portes de l’Essonne », a été omise. Cela s’est passé dans la plus grande indifférence et avec l’assentiment tacite des élus des six communes concernées (Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge, Morangis, Savigny-sur-Orge, Paray-Vieille-Poste, Viry-Châtillon). Les communes des Portes de l’Essonne sont au nombre de 6 sur un total de 24,  ce qui représente 25 % de l’EPT 12 : elles sont noyées dans la masse.

  • Le faux prétexte avancé a été celui du caractère provisoire du nom choisi en janvier 2016. Chaque fois qu’une administration, ou des élus,  avancent le prétendu caractère « provisoire » d’une décision, celle-ci doit être immédiatement traduite comme cachant une décision déjà prise et dont l’annonce est différée. « Provisoire » signifie « Je n’ose pas vous le dire la vérité ». Tout ce qui est provisoire possède toujours  un caractère définitif.
  • La fausse consultation. L’EPT 12, qui se nomme « provisoirement » établissement public territorial Grand-Orly Val-de-Bièvre Seine-Amont, vient d’avoir une idée géniale : organiser une consultation auprès des 677 462 habitants pour leur demander quel nom ils souhaitent donner à leur territoire de 24 communes. (1)

« Choisissez le nom de votre territoire. Depuis 6 mois, vos villes ont intégré le plus grand territoire de la métropole parisienne. L’ensemble des élus se sont mis d’accord sur un principe : la coopérative de villes. Ce sont les villes qui font le territoire. Les ambitions et les projets sont les décisions de vos communes, portées par le territoire construisant du commun. Ce territoire est le vôtre, portant les réponses nécessaires à la construction d’un avenir partagé. Quel nom lui donneriez-vous ? Votre avis compte ! (un seul vote sera pris en compte par participant).

  • Grand Orly Seine Bièvre (Grand OSB)
  • Paris Orly Seine Bièvre (Paris OSB)
  • Bièvre Orly Seine Sud (Boss)
  • Orly Rungis Seine-Amont (ORSA)
  • Paris Grand Orly (PGO)
  • Paris Sud Orly (PSO)
  • Grand Paris Orly (GPO)
  • Paris Plein Sud (PPS)
  • Paris Orly Métropole (POM)
  • Paris Orly Avenir (POA)
  • Orly Sud Communes (Orly Sudco)
  • Convergence Sud (Cosud)
  • Autre proposition

On remarque que les différentes propositions ne sont aucunement le fruit d’une concertation citoyenne. Elles émanent toute de l’institution (des élus). Quant à la catégorie « autre proposition », elle constitue un  faux choix : elle n’a aucune chance d’aboutir face aux propositions prédéterminées. Nous sommes dans le cas typique de la fausse démocratie participative. (2)

« Un territoire perdu cherche un nom perdu ». On peut paraphraser Shakespeare (« A lost thing looks for a lost name » : une chose perdue cherche un nom perdu). La démarche du président de l’exécutif communautaire est pathétique. Comment nommer ce territoire artificiel, et inutile ? Personne ne l’a souhaité. Il a été imposé et nul ne croit qu’il ait un quelconque avenir collectif. Pour le vendre auprès de l’opinion, il faut faire croire qu’il a une existence. C’est pourquoi on crée une « marque commerciale » pour l’imprimer sur son emballage. Un emballage qui sera sans rapport avec le produit contenu à l’intérieur. Le pire, c’est de faire croire que la décision est prise dans le cadre d’une concertation auprès de ses habitants. Ce qui n’est pas le cas.

RÉFÉRENCES
1. Pour voter jusqu’au 31 août 2016 : Établissement public territorial Grand-Orly Val-de-Bièvre Seine-Amont,  «Un clic, 1 nom pour notre territoire. Cliquez ici pour participer», 2016 : http://connexitepremium.berger-levrault.fr/auditoire/itw/answer/WIcJxcOvqqzbvdBALQc-4A.
2. Pour en savoir plus sur le choix des noms proposés : http://www.seine-amont.fr/actualite/102-un-clic-un-nom-pour-notre-territoire.html.

© Bernard MÉRIGOT, 17 août 2016, 11 h 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Savigny-sur-Orge. L’affaire de La Savinière en Vendée : « à la recherche de la concertation perdue »

Le 13 avril 2015, sur proposition de son maire Éric MEHLHORN (LR), le conseil municipal de Savigny-sur-Orge décide la fermeture du centre permanent de classes de mer et de colonie de vacances « La Savinière », à La-Tranche-sur-Mer. La raison évoquée : ce patrimoine inestimable est un gouffre financier. (1) En 83 ans d’existence, une centaine de milliers de jeunes Saviniens s’y sont forgés des souvenirs inoubliables… Depuis l’été 2015, on n’entend plus résonner les rires des enfants de Savigny-sur-Orge sur la côte vendéenne. (2)(3)

6. LS CP FACADE

Colonie scolaire de Savigny-sur-Orge à La Tranche-sur-Mer, début des années 1940. Collection privée CAD/BM.

Le 28 juillet 2015, le maire décide de louer l’établissement à la commune de La-Tranche-sur-Mer, intéressée par les cuisines entièrement rénovées en 2009 et 2010 avec un coût de 1,4 millions d’euros pour les Saviniens. Le prix de cette location, 50 000 euros par an. (4)

11. D LS CV et CM 1983

Dépliant publicitaire sur le Centre permanent La Savinière, 1983 (recto). Fond privé CAD/BM.

Le compte administratif de l’année 2015 de la ville de Savigny-sur-Orge est adopté en séance du conseil municipal le 23 juin 2016. Les Saviniens constatent alors une situation paradoxale :  l’existence d’une économie de 2,2 millions en fermant de nombreuses structures municipales comme La Savinière et, en même temps, celle d’un excédent budgétaire de 3,5 millions d’euros… (5)

Dans cette affaire que sont devenus les fonctionnaires communaux employés du centre qui devaient quitter les lieux pour être « recasés » ailleurs ? Sur le carreaux d’après la rédaction du mensuel critique Le Sans-culotte 85, dans son édition de mai 2016. Les 22 agents n’ont apparemment pas retrouvé de poste de titulaire. Certains auraient bénéficié de formation, selon les syndicats. Trois vendéennes auraient été reclassées à Savigny-sur-Orge, mais sans aucune concertation préalable, sans pouvoir bénéficier du fameux « rapprochement familial »… (6)

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Document : COQ Marie, HODECENT Fabrice, « Centre de La Savinière à La Tranche : l’avenir des agents se jouent en région parisienne », Le Sans-culotte 85. Le canard vendéen qui ne joue pas les fayots, n° 95, mai 2016, p. 10. (6)

Comment une décision prise à Savigny-sur-Orge (Essonne) peut-elle produire des dégâts sociaux à 500 kilomètres de distance, à La Tranche-sur-Mer (Vendée) ? Depuis les années 1990, les fermetures des centres de vacances et de centres éducatifs – où se déroulent les classes vertes ou bleues – prolifèrent de façon continue. Au-delà de la casse patrimoniale soutenue et de la disparition de la mémoire collective en raison d’un gain financier communal quelconque, se pose le problème du respect du citoyen qu’il soit consommateur ou acteur. Dans l’affaire de La Savinière, il se sent trahi par une élite dirigeante qui décide et impose de façon autoritaire – comme autrefois – du seul fait qu’elle est élue. Les Saviniens n’ont pas été entendus, ni écoutés. Les Vendéens, fonctionnaires municipaux gérés par la ville de Savigny-sur-Orge, non plus.


Alors que les processus de concertation, de débat public et de dialogue sont entrés dans les mœurs depuis une vingtaine d’années, il est difficilement concevable qu’à l’échelle d’une commune, d’une intercommunalité, d’un établissement public territorial, d’une métropole, les décisions soient toujours prises de façon descendante, du haut (les élus) vers le bas (les citoyens). Un processus démocratique de médiation et de conciliation entre une élite dirigeante et ses administrés doit être mis en place pour faire en sorte qu’un dossier patrimonial comme celui de La Savinière n’existe plus.

La réponse sera peut-être donnée dans un autre domaine, celui de l’environnemental, lors de la conférence « Débat public, concertation, conciliation, médiation : quelles synergies ? » organisée par la Commission nationale du Débat public, le Conservatoire national des arts et métiers, Médiations plurielles et l’Institut de la concertation le 8 novembre 2016. (7) Encore, faudrait-il que les élus de Savigny-sur-Orge soient ouverts à l’idée même de la concertation… Autre événement sur l’agenda de Portes de l’Essonne Environnement en rapport avec la façon dont la commune de Savigny-sur-Orge a géré le dossier de La Savinière, le colloque sur « Patrimoine et débats publics : un enjeu citoyen », organisé aussi par le Conseil international des monuments et des sites et l’Institut de la concertation le 24 et 25 novembre 2016. (8) Encore faudrait-il que les élus saviniens soient conscients de la nécessité du processus démocratique dans la protection du patrimoine.


RÉFÉRENCES
1. MONNIOTTE-MÉRIGOT Sylvie, « La Savinière et Savigny-sur-Orge : après 83 ans d’une histoire d’amour, Eric Mehlhorn décide une séparation fatale », www.portes-essonne-environnement.fr, 16 avril 2015 : http://portes-essonne-environnement.fr/la-saviniere-et-savigny-sur-orge-apres-83-ans-dhistoire-damour-eric-mehlhorn-decide-une-separation-fatale/.
2. MONNIOTTE-MÉRIGOT Sylvie, « La Savinière, un établissement modèle… qui ne l’est plus pour la municipalité savinienne », www.portes-essonne-environnement.fr, 27 avril 2015 : http://portes-essonne-environnement.fr/la-saviniere-un-etablissement-modele-qui-ne-lest-plus-pour-la-municipalite-savinienne/.
3. MONNIOTTE-MÉRIGOT Sylvie, « La Savinière, la juste mémoire des Saviniens et de Savigny-sur-Orge (juin 1940) », www.portes-essonne-environnement.fr, 29 avril 2015 : http://portes-essonne-environnement.fr/la-saviniere-la-juste-memoire-des-saviniens-et-de-savigny-sur-orge-juin-1940/.
4. VAGNEUX Olivier, « Des documents sur la location de la Savinière de Savigny-sur-Orge », Le Savinien libéré, 8 août 2015 : https://oliviervagneux.wordpress.com/2015/08/08/des-documents-sur-la-location-de-la-saviniere-de-savigny-sur-orge/.
5. VAGNEUX Olivier, « Des enjeux du conseil municipal de Savigny-sur-Orge du 23 juin 2016 », Le Savinien libéré, 21 juin 2016 : https://oliviervagneux.wordpress.com/2016/06/21/des-enjeux-du-conseil-municipal-de-savigny-sur-orge-du-23-juin-2016/.
6. Document : COQ Marie, HODECENT Fabrice, « Centre de La Savinière à La Tranche : l’avenir des agents se jouent en région parisienne », Le Sans-culotte 85. Le canard vendéen qui ne joue pas les fayots, n° 95, mai 2016, p. 10.

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Une du mensuel Le Sans-culotte 85. Le canard vendéen qui ne joue pas les fayots, n° 95, mai 2016, p. 1/16.

7. « Débat public, concertation, conciliation, médiation : quelles synergies ? », conférence proposée par la CNDP, le Cnam, Médiations plurielles et l’Institut de la concertation, 8 novembre 2016, Cnam, 292 rue Saint-Martin, Paris 3e.
8. « Patrimoine et débats publics : un enjeu citoyen », colloque proposé par ICOMOS France et l’Institut de la concertation, 24 et 25 novembre 2016, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, 11 rue du Séminaire de Conflans, 944220 Charenton-le-Pont.

© Paul-André BEAUJEAN, 19 juillet 2016, 10 h.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Savigny-sur-Orge. Histoire des inondations dans le secteur Kennedy – Rossays. Des études oubliées ! (Partie III)

Suite de la partie I publiée le 4 juillet 2016
et de la partie II publiée le 7 juillet 2016.


VI. Juin 2016, une nouvelle inondation cinquantennale

Le 23 juin 2016, à 17 h 30, le Syndicat de l’Orge a tenu un comité syndical à Brétigny-sur-Orge. Les assemblées générales d’un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) sont publiques. Portes de l’Essonne Environnement, membre de la commission « Écologie et paysages » du syndicat, a donc assisté à cette réunion afin de connaître plus en détails les récents événements liés à la crue de l’Orge et de son affluent, l’Yvette, la confluence étant sise sur le territoire de Savigny-sur-Orge, à l’extrémité du quartier des Rossays. Des documents publics ont été remis aux délégués, communiqués ensuite à l’association.

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. © Photographie BM/CAD.

Chronique de la crue de l’Orge du 30 mai au 6 juin 2016, réalisée à partir du rapport du Syndicat de l’Orge présenté aux délégués des communes adhérentes (1, extraits revus et corrigés), du rapport accompagnant la lettre du maire LR Éric MEHLHORN demandant la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle pour Savigny-sur-Orge (2), et de récits de Saviniens.

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016. © Photographie BM/CAD.

1. Contexte pluviométrique, un mois de mai très pluvieux et un lundi noir

Le mois de mai a été très arrosé avec plus de 130 mm de pluie (avant l’évènement du lundi 30 mai) sur le bassin de l’Orge-Yvette en un mois contre une normale de 50 mm. Les sols étaient saturés. Les cours d’eau et fossés présentaient déjà des niveaux hauts.

Les pluies du lundi 30 mai ont été déterminantes dans l’apparition des crues. Elles n’étaient pas violentes, mais soutenues et continues toute la journée :  50 à 60 mm d’eau supplémentaires sont tombés sur le bassin aval de l’Orge, 80 à 90 mm dans le secteur amont du bassin sis dans les Yvelines.

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : la pluviométrie. © Photographie BM/CAD.

Pour comparaison, les seuils de vigilance du Syndicat se situent à partir de 30 mm de pluie en une demi-journée qui génèrent généralement une montée « plein bord » de l’Orge. Les équipes d’astreinte sont alors mobilisées.

2. Le développement de la crue en deux temps

Le lundi 30 mai en fin d’après-midi, les débits de l’Orge à Morsang-sur-Orge ont dépassé les 20m3/s, débits qui constituent le seuil de vigilance du Syndicat sachant que, jusqu’à 30 m3/s, les débordements restent peu nombreux.

Considérant que les pluies devaient se poursuivre et considérant l’importante vitesse d’augmentation des débits, le Syndicat a déclenché sa première alerte Vigi’Orge auprès des riverains et des communes en fin de journée. Au cours de la nuit du 30 au 31 mai, le Syndicat a commencé à remplir ses bassins de retenue, les débits se sont stabilisés. L’eau a commencé à redescendre en milieu de journée. La situation était celle d’une crue d’occurrence 10 à 20 ans maîtrisée.

A Savigny-sur-Orge, le 31 mai à 10 heures, les services municipaux sont mobilisés depuis que la préfecture a communiqué le placement du département en vigilance orange pour les inondations. L’Yvette commence à déborder au niveau du centre aéré de Grand-Vaux. Les eaux de l’Orge recouvrent les abords du côté de Juvisy. L’alerte Vigi’Orge est déclenchée.

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Impasse Kennedy, à Savigny-sur-Orge, l’eau monte… © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

A 11 heures, les résidences habituellement touchées par la crue de l’Orge commence à être inondées. Ainsi, l’eau déborde des tampons sur le parking du 21 rue des Rossays. Des véhicules sont noyés sous 50 cm d’eau. La pluie provoque l’inondation de l’entrée du groupe scolaire Kennedy et du gymnase. Boulevard de l’Orge, la promenade est sous les eaux qui montent de deux centimètres en une heure de temps. Côté Yvette, la promenade Charles-Perrault et le pont sont fermés à la circulation. Entre le skate-parc et la crèche des Moussaillons, l’eau est montée de quatre centimètres.

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Les Rossays, à Savigny-sur-Orge, l’eau monte… © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

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Les Rossays, à Savigny-sur-Orge, l’eau monte… © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

15 heures, les autorités observent une amélioration. Les eaux baissent de 5 cm environ. Toutefois, la passerelle d’accès au parc du Séminaire est condamnée. Le parking du gymnase Kennedy est fermé au public. A Grand-Vaux, la passerelle piéton d’accès au gymnase David-Douillet est aussi condamnée. A 17 heures, la baisse est confirmée. Il est décidé que les sécurisations apportées par les services techniques seraient conservées jusqu’au lendemain.

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Impasse Kennedy, à Savigny-sur-Orge, « parking fermé ». Pour cause, l’eau est montée… © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

La pluie a cessé durant 12 heures. Or, le Syndicat constate que des arrivées massives d’eau ont été enregistrées au niveau de l’Yvette au cours de la nuit du 31 mai au 1er juin 2016, et ce jusque dans la matinée du 2 juin…

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : la débitmétrie à Morsang-sur-Orge. © Photographie BM/CAD.

A Savigny-sur-Orge, ce 1er juin, en accord avec l’Éducation nationale, les écoles et le gymnase Kennedy sont fermés pendant au moins deux jours. Un service minimum d’accueil est organisé.

Inondation Ecole Kennedy

Des enfants dans la cour de l’école primaire Kennedy à Savigny-sur-Orge. Quelques heures plus tard, le maire prend la décision de fermer le groupe scolaire en raison de la crue de l’Orge. © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

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Groupe scolaire et gymnase Kennedy fermés. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

Le centre de loisirs Charles-Perrault est également fermé, les enfants sont conduits au gymnase Coubertin. Un système de navettes est mis en place pour le déplacement des jeunes saviniens vers les autres lieux d’accueil. Toute la journée, une quinzaine d’agents municipaux sécurisent le bas de Savigny touché par les inondations. Des parpaings sont acheminés aux endroits stratégiques. Des passerelles de fortune sont installées aux Rossays, et notamment à la tour du 25.

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Parpaings acheminés par les employés du service technique de la ville de Savigny-sur-Orge à l’école maternelle Kennedy en raison de la crue de l’Orge. © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

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« Distribution » de parpaings et autres matériaux par les employés du service technique de la ville de Savigny-sur-Orge en raison de la crue de l’Orge. © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

En fin de journée, le mobilier des écoles a été surélevé, le niveau de l’eau ayant atteint le rez-de-chaussée. La barque est de sortie, elle permet aux habitants qui le souhaitent de quitter la tour des Rossays. Certains ont déjà trouvé refuge dans de la famille ou chez des amis. Le Cosom est mis également à leur disposition, il accueillera une vingtaine de naufragés. L’électricité a été coupée. Les ascenseurs sont hors service. Les eaux montent de 60 cm en trois heures… Les accès sont devenus dangereux en raison des forts courants d’eau. La tour doit être entièrement évacuée ! Certains habitués refusent. Les pompiers et les agents municipaux les visiteront le lendemain matin… Parallèlement, la Lyonnaise des eaux (groupe Suez), concessionnaire du service public d’assainissement de la ville de Savigny-sur-Orge, annonce que des ouvrages d’assainissement du quartier ne pourront plus assurer leur office.

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Une passerelle de fortune pour la tour des Rossays, montée par les employés du service technique de la ville de Savigny-sur-Orge en raison de la crue de l’Orge. © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

Au Syndicat, les débits de l’Orge mesurés sont passés de 30 m3/s le 1 juin à 45 m3/s le 2 juin matin. Les bassins saturés, l’Orge est alors complètement sortie de son lit.

8 heures, ce jeudi 2 juin, le secteur Kennedy est inondé. Les résidences du haut de la rue de Morsang ont leurs jardins et leurs parkings sous l’eau. Les véhicules sont évacués avec précaution par les plus aguerris.

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Véhicule « non sauvé » de eaux, à Savigny-sur-Orge, rue de Morsang. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

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Véhicules « non sauvés » de eaux, à Savigny-sur-Orge, aux Rossays. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

Les pompiers passent de logement en logement afin de conseiller aux résidents de prendre leurs dispositions pour quitter les lieux durant quelques jours. Plus d’ascenseur, plus de téléphone, plus de télévision…, les agents d’ERDF ont coupé l’électricité vers 13 h 30. L’eau est montée par les réseaux d’assainissement de 80 cm dans les caves, voire un mètre par endroits. Là aussi, la barque est devenue le seul moyen de transport pour celles et ceux non équipés de cuissardes. Un regard mi-amusé mi-inquiet, un sourire, un mot rassurant, des échanges entre « secouristes » et « secourus », une boutade pour détendre l’atmosphère, un journaliste du Parisien qui s’embarque sous les plaisanteries des agents municipaux, des paroles sérieuses pour les uns, des souvenirs de 1978 pour les autres, des images photographiques pour les uns, des vidéos pour les autres, d’autres souvenirs… Des curieux s’arrêtent, intrigués. Un car municipal est en faction dans la rue.

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La barque, seul moyen de transport à Savigny-sur-Orge lors des crues de l’Orge. © Photographie SMM/CAD, 2 juin 2016.

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La barque, seul moyen de transport à Savigny-sur-Orge lors des crues de l’Orge. Ici, à la sortie de l’impasse Kennedy. © Photographie SMM/CAD, 2 juin 2016.

Non loin de là, au 8 de la rue de Morsang, quelques familles viennent chercher leurs parents au foyer-logement Lucien-Midol. L’eau est pompée sans discontinuité dans les caves, sans grand effet… Par sécurité, les personnes âgées les plus fragiles sont conduites au foyer César-Franck. Au 4 de ladite rue, la situation est moins dramatique, mais des habitants décident de prendre les devants et préparent quelques sacs de « naufragés ».

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A chaque crue de l’Orge ou remontée des réseaux d’assainissement par forte pluie, il est nécessaire de pomper les sous-sols du foyer-logement Lucien-Midol, à Savigny-sur-Orge. Et ce depuis sa construction au milieu des années 1980. © Photographie SMM/CAD, 2 juin 2016.

A Grand-Vaux, secteur placé sous surveillance, dès 8 heures, il est constaté que le pont de la RD25 est sous l’eau. La crèche des Moussaillons est évacuée par mesure de précaution vers le relais d’assistantes maternelles, dans l’ancienne crèche familiale de la Grande-Rue. L’eau monte à la maison de quartier et centre de loisirs Charles-Perrault dans lequel le mobilier a été rehaussé. Aux Prés-Saint-Martin, seule la voirie à quelques endroits est touchée à 11 h 45. Une heure plus tard, la rue est fermée à la circulation. Des caves commencent à être inondées.

Puis, l’Orge est redescendue très progressivement à partir du milieu de la journée du 2 juin, pour atteindre dans la nuit du 3 au 4 juin 35m3/s, soit un débit encore très fort.

En effet, à Savigny-sur-Orge, le 2 juin à minuit, la baisse du niveau de l’eau est constatée à Grand-Vaux, le pont de la RD25 est rouvert aux véhicules légers au petit matin. Aux Prés-Saint-Martin, la rue est aussi rouverte à la circulation. Seul le secteur Kennedy – Rossays reste sous surveillance, les eaux de l’Orge étant stables.

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Eau stagnante passage des Jardins, à Savigny-sur-Orge, entre l’école primaire Kennedy (en arrière-plan), les résidences Davout (à gauche) et des Rossays (à droite). © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

La matinée du 3 juin est celle des premiers constats : l’eau stagne dans l’impasse Kennedy, elle commence à se retirer dans les résidences de la rue de Morsang. L’électricité ne sera pas rétablie ce jour, les services d’ERDF attendent la vraie décrue par sécurité… On annonce la journée de dimanche rue de Morsang, au-delà pour les résidences du 21 et du 21 bis de la rue des Rossays. Au lycée, le théâtre et les réfectoires ont fait face à une montée des eaux via les réseaux d’assainissement, plus de 60 cm à certains endroits. Les techniciens et des enseignants nettoient… Les écoles restent fermées jusqu’à nouvel ordre, les enfants sont dirigés vers un poste d’accueil au gymnase Champagne. A Grand-Vaux, la crèche restera fermée jusqu’au lundi matin. Au centre Charles-Perrault, les agents ont entrepris le nettoyage.

Parallèlement, la Seine a vu croître ses niveaux pour atteindre un maximum (+ 4m80) à la fin de la journée du 3 juin. Il semble que la Seine n’ait pas provoqué de frein hydraulique majeur pour l’Orge qui a pu ainsi s’écouler de manière satisfaisante dans le fleuve.

Samedi 4 juin, la décrue est véritablement amorcée : retour progressif à la « maison » pour la plupart des habitants du quartier Kennedy – Rossays. L’heure est au nettoyage pour tout le monde. La ville met à disposition des bacs supplémentaires afin de jeter les déchets. L’EPT 12 doit assurer la collecte en dehors des passages habituels pour toute la ville qui n’a pas été collectée depuis cinq jours. L’évacuation des encombrants est à l’étude…

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Au bout de la rue Charles-Grangier, à Savigny-sur-Orge, la rivière a retrouvé son lit majeur, le parking des Rossays… © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

ERDF rétablit l’électricité, parfois avec difficulté comme au 4 rue de Morsang où le local technique est encore inondé. L’accès à Kennedy est hors d’eau mais il semblerait que les bâtiments soient touchés en « plein cœur » : leurs fondations n’auraient pas résisté à cette énième inondation depuis 1966, pour ne pas dire la trentième !

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L’école primaire et le gymnase Kennedy, à Savigny-sur-Orge, inondés pour la énième fois. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

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L’école primaire et le gymnase Kennedy, à Savigny-sur-Orge, inondés pour la énième fois. Quid de l’avenir de ces équipements communaux ? © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

Le lendemain, aux Près-Saint-Martin, une opération de pompage est menée par les sapeurs-pompiers suite à une nouvelle montée des eaux survenue la veille. Elle sera achevée dans la soirée… Le lundi 6 juin, la catastrophe naturelle est derrière les Saviniens. Place aux ballets des assureurs, des sociétés de nettoyage, des vidages de caves et de sous-sols, d’entrepreneurs en rénovation, d’autres curieux attirés par les encombrants. On essayera d’oublier un peu les beaux jours venus, pour l’heure, le temps est toujours maussade. Cela n’est pas prêt de sécher ! L’eau s’est retirée et les moisissures apparaissent… Quant aux parents des élèves de Kennedy, pour eux et leurs enfants, une autre (més)aventure commence…

3. Les dégradations de biens par les inondations de cours d’eau

Pour le Syndicat, au regard des évènements, et des bassins versants voisins, les dégâts sont globalement faibles.

  • Les pavillons et résidences en bord de rivière et dans le lit majeur ont subi des inondations de sous-sols et de parking : les secteurs Kennedy et Rossays à Savigny-sur-Orge, les impasses Égalité, Fraternité, Prairie et Morlet de Morsang-sur-Orge, la voie des Prés à Epinay-sur-Orge, le Vieux-Perray et la route de Longpont à Sainte-Geneviève-des-Bois, le bas de Leuville, ainsi que le secteur de la Morte Rivière amont à Viry-Châtillon.

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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : illustrations à Savigny-sur-Orge. © Photographies d’illustration de diaporama, Syndicat d l’Orge – Photographies de la présentation du diaporama BM/CAD.

  • Les deux campings ont été évacués mais non inondés à Villiers-sur-Orge et à Ollainville.
  • Des quartiers de Viry-Châtillon ont été évacués à partir de la matinée du 2 juin, soit à cause de présence d’eau dans les rues et les sous-sols, soit à titre préventif.
  • Concernant les biens du Syndicat, une station de mesure de la qualité a été noyée à Viry-Châtillon et une armoire électrique a été brulée par vandalisme à Leuville après la crue, le 7 juin. Il n’y a pas eu de dégradation de vannages ou des armoires de commande correspondantes.

4. Le cas particulier de la Morte Rivière

Le canal de la Morte Rivière est un canal en béton d’avant les années 1940. Il traverse Viry-Châtillon pour évacuer la quasi-totalité des débits de l’Orge vers la Seine. Un autre bras de l’Orge s’oriente vers Juvisy-sur-Orge et Athis-Mons, mais la pente de ce bras ne permet d’évacuer qu’un débit marginal (quelques m3/s).

Le canal de la Morte Rivière a été classé en digue de catégorie B par arrêté préfectoral. A ce titre une surveillance accrue est imposée en période de mise en charge. Des surveillances et des entretiens périodiques sont obligatoires. Ce canal présente un parapet vertical d’environ un mètre situé au-dessus du niveau du terrain et des habitations de Viry-Châtillon. Si l’eau le dépasse ou s’il y a rupture, une grande partie de Viry-Châtillon peut être sous l’eau.

Au cours de la crue, ce canal a pu évacuer les 45 m3/s avec un niveau d’eau qui affleurait le parapet dans le secteur amont. Des inondations ont eu lieu dans des rues à proximité, par débordements de l’Orge en amont et en aval immédiat du répartiteur – lieu où débute le canal de la Morte Rivière – et non de la Morte Rivière elle-même. La préfecture et la commune ont choisi de faire évacuer le quartier, soit environ 1 000 personnes.

Les équipes du syndicat ont parcouru jour et nuit le linéaire de la digue par équipe de deux jusqu’au dimanche 5 juin afin de détecter toute anomalie. Le parapet présentait une zone de fragilité d’environ 50 m linéaire révélée par le diagnostic préalable de la digue dans le cadre de son classement. Ainsi, le Syndicat a renforcé d’urgence ce linéaire le jeudi 2 juin par la pose d’environ 100 sacs de un mètre cube de sable à l’arrière du parapet. Celui-ci n’a pas présenté de mouvement au cours de la crue.

5. Le système d’assainissement dans le secteur situé autour de l’ex-nationale 7 et de la Seine à Viry-Châtillon

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Regard sur le réseau d’assainissement du quartier Kennedy – Rossays, à Savigny-sur-Orge, au début des inondations. Les eaux usées sont en passe de déborder… © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

Le système d’assainissement dans le secteur situé autour de l’ex-nationale 7 et de la Seine à Viry-Châtillon / Juvisy / Athis-Mons a été la source des principaux problèmes de cet évènement qui sont apparus avec la montée des niveaux de la Seine.

Dans ce secteur, plusieurs antennes syndicales traversent et sont connectées avec les réseaux des villes gérés par l’établissement public territorial n° 12 (EPT 12) pour rejoindre un émissaire unique vers la Seine à Athis-Mons, franchir la Seine par un siphon, rejoindre un poste de relèvement majeur à Crosne géré par le SIAAP et alimenter la station d’épuration de Valenton. Plusieurs postes de relèvement sont également présents à Athis-Mons et Viry-Châtillon gérés par le Syndicat dans ce secteur qui ne présente pas de pente.

Lors de pluies importantes ou de niveaux de Seine élevés, le SIAAP arrête son poste de Crosne pour délester toutes les eaux usées en provenance du bassin de l’Orge et de l’Yvette en Seine à Athis-Mons (1,5 à 2,5 m3/s d’eaux usées). Cette opération a eut lieu le mercredi 1er juin à 8 h 30.

Le Syndicat possède en cas d’élévation de la Seine une station « anti-crue » à Athis-Mons, le complexe dit « P7/Valenton/Achères », afin de forcer l’évacuation des eaux usées en Seine et éviter l’envahissement par les eaux de Seine et les eaux usées des réseaux publics d’Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge et Viry-Châtillon.

Le Syndicat a fait démarrer son poste anti crue le jeudi 2 juin en lien avec l’élévation des niveaux de la Seine. Ce poste a fonctionné de manière continue jusqu’au mardi 7 juin en présentant un débit d’évacuation satisfaisant (> à 2m3/s) malgré des pompes alternativement bouchées et des faiblesses électriques. Ces dernières étaient constitutives de l’échauffement des armoires électriques, les pompes tournant en continu, et forçant par la présence de déchets… Le Syndicat a ainsi mis en place une équipe permanente jour et nuit afin de réenclencher les disjoncteurs coupaient l’alimentation électrique.

Or, les eaux de Seine, sans doute mélangées à des eaux de nappes et des eaux de pluie ont saturé l’ensemble du système d’assainissement d’Athis/Juvisy/Viry provoquant de nombreux débordements dans les rues et les caves.

Cette situation de saturation et d’élévation des niveaux dans les réseaux s’est amplifiée en fin de semaine en décalage avec la crue de l’Orge et en lien avec la crue de Seine. Des débordements étaient encore enregistrés le 8 juin, en lien avec l’ensemble du réseau d’eaux usées toujours en charge. Cette situation rendait la gestion des postes de relèvement du Syndicat très délicate et paradoxale. Autant pour les inondations par les cours d’eau, les riverains acceptent, dans une certaine mesure, la situation comprise comme naturelle, autant lors d’inondation par les eaux usées, l’acceptation par les riverains est difficile.

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Les deux tourbillons sont des bouches d’égout en train de déborder… Danger ! © Photographie BM/CAD, Savigny-sur-Orge, 2 juin 2016.

6. Vigi’Orge, le site web, Facebook et Tweeter

Le système d’alerte téléphonique automatisé Vigi’Orge a parfaitement fonctionné tout au long de l’évènement. Il a été déclenché le lundi 30 mai au soir, stoppé le lundi 6 juin, et activé tous les jours une à deux fois.

Ce système alerte environ 600 foyers, soit environ 1 500 personnes sur sept communes par deux canaux, l’appel téléphonique et le SMS. Si l’appel n’aboutit pas, un message sur répondeur est enregistré. Pendant l’événement, des communes et des riverains ont demandé leur inscription. Il est regrettable que ce système gratuit pour les habitants ne soit pas plus largement utilisé alors que le Syndicat en fait la promotion depuis 2009 dans tous ses supports et à chaque réunion.

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Panneau d’affichage à l’entrée d’une résidence de la rue de Morsang, à Savigny-sur-Orge : « L’eau dans les caves monte ». © Photographie BM/CAD, 1er juin 2016.

Le site web du Syndicat a été alimenté de nombreuses fois au cours de la crue avec des photos et des messages similaires aux messages d’alerte Vigi’Orge. De même, les réseaux Facebook et Tweeter ont été alimentés tous les jours. En journée, le Syndicat répondait en direct aux messages.

7. La coordination des acteurs

Le Syndicat a été en relation permanente avec la cellule de crise de la préfecture et de la Direction départementale du territoire ainsi qu’avec les cellules de crise de Savigny-sur-Orge et de Viry-Châtillon. Pour les autres communes, les relations étaient moins systématiques et déclenchées au besoin.

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Photographie aérienne du quartier Kennedy – Rossays prise par le SDIS91 (©) lors de la crue de l’Orge en juin 2016. (3)

Concernant les syndicats amont, les contacts téléphoniques ont eu lieu avec le SIAHVY les 30 mai et 1er juin lors de la montée des eaux de l’Yvette. En dehors de ces dates, le Syndicat n’a pas eu de contact organisé et n’a pas eu de vision continue des débits et des remplissages des bassins, le système de télégestion du SIAHVY n’étant plus connecté au Syndicat de l’Orge depuis leur changement de siège.

Dans le secteur aval, concernant les débordements d’eaux usées, la coordination a été compliquée au vu du nombre d’acteurs (les communes, l’EPT 12 – ex CALPE – qui gère l’assainissement, le SIAAP et le SIVOA), du nombre d’interlocuteurs différents (personnes des services techniques, cabinets, maires, …) et d’une certaine incompréhension de l’origine de la mise en charge généralisée des réseaux.

8. Les principaux enseignements

De nombreux axes d’amélioration sont en cours d’identification grâce à une relecture de l’événement par les agents du Syndicat de l’Orge. Dans l’immédiat, certaines actions ont été repérées :

  • Accentuer la communication car les riverains en zone inondable acceptent la situation d’inondation mais souhaitent être informés en temps réel de toute évolution (hausse, baisse, stabilisation). Il en est de même pour les communes. Le Syndicat pourrait mettre en place une cellule de veille permanente, et nocturne, pour la mise à jour du site web, de Facebook et de Tweeter.
  • Développer les inscriptions au dispositif Vigi’Orge pour toucher les vingt communes bordant les cours d’eau alors que seules sept ont actuellement adopté Vigi’Orge. Cela permettrait de contacter les 6 000 foyers potentiellement inondables au lieu des 600 inscrits actuellement.
  • Réfléchir au développement d’une application pour smartphone permettant de prévenir d’une crue sans avoir à s’inscrire sur un fichier de type Vigi’Orge et donc, en s’affranchissant de la problématique de mise à jour.
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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : les enseignements. © Photographie BM/CAD.

  • Renforcer la coordination avec les acteurs de l’assainissement du secteur EPT 12 et étudier le comportement des réseaux lors des crues de Seine.
  • Disposer d’un système de télégestion-télésurveillance connecté avec l’ensemble des acteurs dont le SIAHVY, le SIBSO et le SIAAP.
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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : les enseignements. © Photographie BM/CAD.

Techniquement, le Syndicat de l’Orge se fixe les objectifs suivants :

  • Améliorer le fonctionnement des armoires électriques du complexe P7/Valenton/Achères, opération qui était déjà prévu en 2017.
  • Renforcer la digue de la Morte Rivière, à Viry-Châtillon, au niveau du secteur de fragilité, opération déjà prévue en 2017 dans le cadre du PAPI Seine.
  • Engager une réflexion sur la possibilité de mailler entre elles les antennes eaux usées dans le secteur Viry-Châtillon, Juvisy-sur-Orge, Athis-Mons et de mettre en place des postes de relevage supplémentaires pour forcer les écoulements d’eaux usées vers l’aval. L’origine des eaux excédentaires dans ce secteur doit également être identifiée avec l’EPT 12 pour expliquer et éviter les apports d’eau de Seine, d’eau de nappe et d’eau de pluie dans les réseaux d’eaux usées de l’EPT 12. Ces réseaux sont restés saturés bien après la crue de l’Orge, mais en lien avec la crue de Seine, soit jusqu’au 12 juin.
  • Réadapter certains sites de mesures de hauteur/débit telles les armoires inondées, les sondes inadaptées à de telles hauteurs, etc.
  • Mener une réflexion plus approfondie sur le complexe P7/Achères/Valenton afin qu’il puisse rester hors d’eau. Il n’a pas été inondé lors de cet évènement mais n’aurait sans doute pas résisté à des niveaux de Seine supérieurs.

Avec les autres acteurs et notamment les syndicats amont, il sera opportun au Syndicat de l’Orge de :

  • Lancer une étude sur les cinétiques de déplacement des ondes de crues de l’amont vers l’aval afin de mieux connaître les temps de déplacement coté Orge (Yvelines vers Orge aval) et coté Yvette (Yvelines vers Yvette aval) et de mieux appréhender les effets cumulatifs synchrones et asynchrones des débits en provenance des divers territoires amont, compte tenu de la nature des sols.
  • Réfléchir aux actions préventives pour limiter les apports d’eaux usées en période de crise. Exemple : les stations de lavage de voiture ont continué à fonctionner.
  • Réfléchir avec les autres syndicats à des bassins supplémentaires de retenue, notamment sur la Rémarde.
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Assemblée générale du Syndicat de l’Orge (ex-SIVOA), 23 juin 2016. Point 1, retour d’expérience sur la crue de juin 2016 : les enseignements. © Photographie BM/CAD.

  • Enfin, étudier afin de se préparer à des scénarios encore plus graves afin d’être le mieux préparé possible (coupures électriques, crue de longue durée, etc.).
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Au bout du chemin des Franchises, à Savigny-sur-Orge, le parc du Séminaire. Enfin, en principe ! Ici l’entrée a été murée de parpaings mais cela n’a pas suffit : l’Orge a repris son lit majeur. Le parc s’est transformé en bassin de retenue. © Photographie BM/CAD, 2 juin 2016.

A suivre.


RÉFÉRENCES DE LA PARTIE III
1. Syndicat de l’Orge, Assemblée générale du 23 juin 2016, « Point 1 : retour d’expérience sur la crue du 6 juin 2016 », 23 juin 2016, 5 p. (pdf de la version complète et originale, document public) : Deroule crue 14 juin 2016.
2. Ville de Savigny-sur-Orge, lettre du maire au préfet de l’Essonne demandant la reconnaissance d’état de catastrophe naturelle pour la commune de Savigny-sur-Orge, 4 juin 2016, 7 p. (pdf) : SSO L EM PREF RECN 4 juin 2016.
3. Site Internet du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de l’Essonne : http://sdis-91.fr/.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Marie LAPEIGNE, Bernard MÉRIGOT, 16 juillet 2016, 17 h 30.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Savigny-sur-Orge. Histoire des inondations dans le secteur Kennedy – Rossays. Des études oubliées ! (Partie II)

Suite de la partie I publiée le 4 juillet 2016.


III. Des tentatives pour réduire les aléas des inondations, de 1999 à 2008

Le Syndicat, la ville de Savigny-sur-Orge et les 32 autres communes touchées relancent les réunions sur les mesures à prendre. Des réflexions sont menées sur les rehaussements possibles, sur les bassins de rétention en amont, sur le débétonnage des berges de la rivière (bétonnées dans les années 1940-1950), notamment au parc du Séminaire en 1999, sur une cartographie plus détaillée grâce au système d’information géographique (SIG), sur la multiplication des postes de télégestion et de surveillance numérique des ouvrages hydrauliques, sur la réalisation de bassins de régulation des eaux de pluie, sur l’intensification des réseaux d’alerte… (1)

SIVOA COLL CRUES 2009 H

« Outils de mise en œuvre : chronologie de la politique syndicale » du SIVOA en matière de gestion des crues sur la rivière Orge en zone urbaine, colloque de juin 2009. Fonds privé BM/CAD. (2)

26 décembre 1999, la tempête Lothar traverse la France. A Orly, la vitesse des rafales atteint 173 km/h. A Savigny-sur-Orge, les dégâts sont considérables tant sur les propriétés communales que privées. Quasiment tous les peupliers le long de l’Orge se couchent… Deux jours plus tard, 28 décembre 1999, l’Orge déborde. C’est la deuxième fois cette année-là ! (3)

1. SIVOA Au fil de l Orge N45 Mai 1999 PERI

3. SIVOA Au fil de l Orge N45 Mai 1999 PERI

SIVOA, Au fil de l’Orge, n° spécial crue du 14 avril 1999, n° 45, mai 1999, p. 1 et p. 3.

Bernard MÉRIGOT, adjoint au maire, rapporte qu’il a accompagné Jean MARSAUDON, député-maire de l’époque, à la nuit tombée, dans un parcourt en barque sur le secteur de Kennedy – Rossays. Des résidences du quartier des Rossays à celles de la rue de Morsang, l’Orge a repris son bassin d’expansion naturel. Au centre, la cour de la maternelle Kennedy est sous l’eau, l’accès est rendu inaccessible en raison du débordement du collecteur intercommunal géré par le SIVOA, passant sous la chaussée de l’impasse Kennedy, traversant la rue de Morsang pour rejoindre le poste de relèvement du lycée Corot le long de l’Orge. (4)

Depuis 1989, la ville a été l’une des premières du SIVOA à engager un programme de vérification des branchements individuels et communaux. Or, régulièrement, elle subit le fait que les communes en amont ne sont toujours pas en réseau séparatif, eaux pluviales / eaux usées. Les événements pluvieux provoquent alors un refoulement des eaux usées du collecteur et leur débordement dans l’impasse Kennedy et le quartier. Le Syndicat est interpelé en octobre 2000 afin qu’il remédie à la situation, parallèlement à un débétonnage des 500 mètres du lit mineur et des berges de l’Orge entre l’autoroute A6 et le pont de Savigny-Morsang. (5)

6 juillet 2001, un orage centennal éclate. Des pluies intenses s’abattent sur la vallée de l’Orge, et la région parisienne, à partir de 22 heures. Les ouvrages de rétention sont rapidement pleins, au maximum de leur capacité. Avec les prairies et les bois dans les zones d’expansion des crues, les dix bassins de retenue gérés par le SIVOA font leur office. Côté Yvette, la situation est identique. Des quartiers, toujours les mêmes, sont malheureusement inondés. Le système D est ressorti par les habitants. Les pompiers, les agents communaux et intercommunaux sont sur le pont, mobilisés… Les services de l’État s’appuient sur le SIVOA. Les rivières n’amorcent une décrue que le 8 juillet. Alors que la moyenne des précipitations annuelles est de 55,6 mm, celles de juillet 2001 est de 145,2 mm. (6)

SIVOA AU FIL ORGE 2001

SIVOA, Au fil de l’Orge, n° spécial crue du 7 juillet 1999, septembre 1999, p. 1 : les Rossays à Savigny-sur-Orge.

LP INONDATIONS 2001-07-09

Document : Ramnoux Sébastien, « Une résidence encore victime des inondations à Savigny-sur-Orge », Le Parisien Essonne-matin, 9 juillet 2001, p. II. (6b)

Depuis 1995, c’est la dixième vague d’inondations pour Savigny-sur-Orge ! A chaque fois, le scénario est le même. De nombreux équipements publics et des immeubles d’habitation sont touchés ou mis hors service. Le groupe scolaire Kennedy, les logements des instituteurs, le gymnase, le foyer-logement sont évacués. Les immeubles collectifs sont soit évacués, soit reliés au monde via une sacro-sainte barque. Des garages, des parkings sont inondés avec perte des véhicules stationnés. L’état de catastrophe naturelle est de nouveau arrêté. (7)

LP INONDATIONS 2001-07-08 BARQUE

Document : Ramnoux Sébastien, « Intempéries. De gros dégâts en Ile-de-France », Le Parisien Essonne-matin, 8 juillet 2001, p. I. © Photographie Le Parisien. (6b)

LR INONDATIONS 2001-07-12

Document : BM, « Orages : le département sous les eaux après des pluies records », Le Républicain, 12 juillet 2001. © Photographie Le Républicain. (6b)

En 2001, les dépenses pour les seuls biens publics se montent à plus de 1 100 000 francs, soit 167 694 euros. Savigny n’est toujours pas pourvue de digue anti-crue alors que le secteur touché est l’un des plus urbanisés. Le député-maire et son adjoint sont obligés d’intervenir régulièrement pour activer les études sur le sujet… Auprès du SIVOA et de la DDE, le 11 juillet 2001, Bernard MÉRIGOT demande que soit établi un programme de sécurisation du quartier Kennedy – Rossays comprenant notamment le rehaussement permanent des dessertes des équipements collectifs et privés sis en zone rouge du PERI. En juillet 2016, rien n’a été mis en place… (8)

SSO CNI 2001 PHOTOS ROSSAYS1

Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD. Les Rossays.

SSO CNI 2001 PHOTOS ROSSAYS2

Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD. Les Rossays.

En octobre 2001, l’inspection académique s’inquiète aussi de la répétition du phénomène, des conséquences morales sur le personnel enseignant, les enfants, les parents, des problèmes d’hygiène liés à l’extension des moisissures, de la sécurité des lieux et des occupants… Le directeur des services départementaux de l’Éducation nationale se préoccupe ainsi de la viabilité du groupe scolaire. « Quel avenir pour Kennedy ? », telle est sa question. (9) En juillet 2016, elle est toujours d’actualité. Rien n’a été prévu au plan local d’urbanisme (PLU) pour déplacer le groupe scolaire ! (10)

SSO CNI 2001 PHOTOS ROSSAYS3

Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD. Les Rossays.


IV. Pourtant, la forte vulnérabilité des lieux est connue et reconnue !

La première étude hydraulique sérieuse est pilotée par la société Silène, mandatée par le SIVOA. Son rapport d’expertise est remis en mai 2002. Entre l’A6 et le pont de Savigny, l’Orge est canalisée dans une structure en dalles de béton. La zone aval est très urbanisée avec une forte proportion d’habitats collectifs, des maisons dont les fondations sont à moins d’un mètre du canal, des murets, des haies. La zone amont est davantage constituée d’espaces verts et arborés. L’artificialisation de l’Orge a supprimé les échanges entre le lit et les berges, entre l’eau et le sol. Les lignes de montée d’eau sont étudiées pour :

  • une crue quinquennale (30 m3/s) : un parking de la tour des Rossays inondé, terrains en bordure du groupe scolaire sous quelques centimètres d’eau, caves, sous-sols et vides sanitaires inondés possiblement par retour des réseaux ;
  • une crue décennale (35 m3/s, soit la crue de 1999, sachant que celle de 2001 concerne un débit moyen de 39 m3/s) : inondation de tous les terrains sous 20 à 30 cm d’eau ;
  • et une crue centennale (56 m3/s) : inondation des terrains sous 1 mètre d’eau.

La stratégie d’aménagement suggérée par Silène au SIVOA est de répondre aux vulnérabilités de la rive gauche en période de retour 20 – 25 ans, type juillet 2001, avec une digue de 60 – 70 cm de haut, et 100 ans, avec une digue de 1,40 – 1,50 m. En rive gauche, si l’implantation de la première est envisageable, celle de la seconde s’avère irréalisable faute de place pour l’emprise au sol et l’incompatibilité avec la loi sur l’eau. Par ailleurs, l’endiguement du secteur suppose une forte incidence sur les zones non protégées en aval. Il nécessite également une gestion différente des eaux pluviales. (11)

SILENE RAPPORT SSO 2002

Silène, L’Orge entre le pont de l’autoroute A6 et le pont de Savigny-sur-Orge. Étude hydraulique et de restauration des berges. Rapport, mai 2002, une de couverture.

Publiée en 2005 par trois universitaires, la seconde étude porte sur l’évaluation de la vulnérabilité aux inondations du bassin de l’Orge aval. Il est ainsi créé un outil d’évaluation qui « permet d’analyser et d’évaluer la vulnérabilité locale aux inondations urbaines selon plusieurs facteurs. Il s’agit de la vulnérabilité liée à l’aléa, la vulnérabilité de la population, la vulnérabilité du bâti, la vulnérabilité liée aux usages et la vulnérabilité liée à la gestion de crise. Chacun de ces cinq facteurs fait l’objet d’une grille d’analyse et d’évaluation qui permet d’élaborer des indicateurs de vulnérabilité à partir de listes détaillées de critères. Ces grilles, élaborées en concertation avec des praticiens, gestionnaires du risque, constituent un outil d’aide à la décision dans le cadre d’une gestion intégrée des zones urbaines soumises à inondation. » Trois sites tests ont été étudiés : le groupe scolaire Kennedy à Savigny-sur-Orge, le camping de Villiers-sur-Orge et le centre-ville piétonnier de Juvisy-sur-Orge. Que ressort-il de l’étude ?

  • Pour le site Kennedy, « le graphique synthétique des vulnérabilités montre qu’il faut agir sur la population (conscience et information), le bâti (mal adapté) et la gestion du risque (mesures préventives et mesures d’urgence). »
  • « La population concernée par le risque sur le groupe scolaire de Savigny-sur-Orge est évaluée plus vulnérable » que celles du camping villiérain et du centre-ville piétonnier juvisien. (12)
SSO CNI 2001 PHOTOS KENNEDY

Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD. Kennedy, lycée Corot.

Enfin, la troisième étude est inscrite dans le cadre du programme PIREN Seine : « L’Orge, vers l’âge de la maîtrise écologique ? » (2010). Un collectif de chercheurs universitaires de Paris-Panthéon-Sorbonne et de Paris-Est s’est intéressé au rôle joué par l’urbanisation dans l’évolution de la rivière. L’imperméabilisation des sols des fonds de la vallée est remise en cause, de même le regard des élus. Ainsi, les événements catastrophiques mobilisent leur attention quelques temps, puis l’intérêt s’estompe : « L’année qui suit une crue, les élus sont en général bien motivés pour acheter des terrains ou changer leur POS, voter des budgets, etc. La dernière crue de l’Orge remonte à juillet 2001, la lutte contre les crues n’est pas une priorité » (Michel VALOIS, SIVOA, mai 2009). (13)

Le Syndicat a insisté auprès des élus pour que les PLU intègrent la zone de crue centennale. Un système d’alerte aux riverains a été créé avec des réunions publiques locales… Il y en eut deux à Savigny-sur-Orge, en mai 2011. (14) Ce n’est pas suffisant, elles devraient être renouvelées de façon systématique, chaque année. Le site Internet de la ville ne contient même pas les informations sur le sujet, ni en rubrique « Nos rivières », ni en rubrique « Sécurité » ! (15) Dans sa lettre à la préfète afin de demander la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle suite aux inondations de juin 2016, le maire LR Eric MEHLHORN termine son rapport par « L’Alerte VIGI’ORGE auprès des riverains afin de leur demander de rester vigilants reste néanmoins toujours d’actualité. » (16) Peu de Saviniens connaissent ce plan Vigi’Orge, un système d’appel automatisé aux riverains qui alerte en cas de crue avérée. (17) Quel est l’impact en terme de communication ?

VIGI ORGE 1

SIVOA, « Prévention des inondations. Guide pratique en cas de crue. Vigi’Orge », plaquette, une de couverture.


V. Quels travaux ont-ils été entrepris après les inondations de 2001 ?

Que s’est-il passé à Savigny-sur-Orge ? D’autres micro-phénomènes de crue ou de débordement des réseaux, mais pas d’élévation de véritable digue dans le secteur de Kennedy. Suite à la tempête de 1999, les peupliers ont été remplacés, soit par d’autres peupliers (dont le bois est « cassant » et résiste mal aux tempêtes), soit par d’autres essences d’arbres, plus résistantes. De nouvelles grilles ont entouré le groupe scolaire et le gymnase, légèrement sur-élevées avec une butte de terre de faible hauteur le long de l’Orge. (18)

Des discussions ont eu lieu entre les élus saviniens, les services techniques et le SIVOA. Ainsi, le 24 mars 2003, l’étude Silène est présentée au député-maire Jean MARSAUDON qui opte pour une digue de 70 cm de haut afin de protéger le secteur des crues dites vingtennales majoritaires. Il suggère la pose d’une alarme sur les parkings et l’équipement d’une passerelle d’accès à demeure pour la tour des Rossays. (19)

SILENE RAPPORT SSO 2002 FIG4C

Silène, L’Orge entre le pont de l’autoroute A6 et le pont de Savigny-sur-Orge. Étude hydraulique et de restauration des berges. Rapport », mai 2002, plan des projets de digues proposés dans l’étude. La solution A4 (tracé jaune) sera retenu par le SIVOA, mais remis en question par le maire de Savigny-sur-Orge.

Le 20 novembre 2003, la commission « Eaux pluviales » du SIVOA se réunit avec pour premier point la lutte contre les inondations dans le secteur Kennedy : la protection pour des crues d’un retour de 20 – 25 ans est actée avec la construction d’une digue uniquement sise sur le groupe scolaire et le gymnase afin de ne pas modifier la ligne d’eau. Les membres de la commission considèrent la population comme étant apte à accepter l’inondation centennale comme un fait naturel (« habiter sur les bords d’une rivière constitue une chance, mais on subit aussi parfois les désagréments »). Et de poursuivre : si les habitants sont suffisamment informés, ils doivent accepter qu’un parking ou qu’une cour d’école soient inondés afin de mieux protéger les bâtiments publics ou d’habitation. Il est ensuite décidé que le coût de la « diguette » entourant le site scolaire Kennedy et les stations de relevage seraient à la charge de la commune… (20) Il faut attendre le 18 mars 2004 pour que ce dossier passe en bureau de l’exécutif du syndicat ! (21) Un an plus tard, la digue n’est toujours pas construite. Le député-maire ne peut se résoudre à ne protéger que les équipements communaux et offrir aux terrains des particuliers le sort de bassin inondable. Il suscite une nouvelle réunion le 31 mars 2005 entre les services de la ville et le SIVOA : la loi sur l’eau rend caduque le choix de Jean MARSAUDON, des variantes sont étudiées… (22) Nous en sommes là à ce jour.

SILENE RAPPORT SSO 2002 FIG 3C

Silène, L’Orge entre le pont de l’autoroute A6 et le pont de Savigny-sur-Orge. Étude hydraulique et de restauration des berges. Rapport », mai 2002, plan des zones inondables.

Pour le secteur des Rossays – chemin des Franchises, le projet de PLU soumis à enquête publique en janvier 2016 mentionne l’existence d’une digue, celle dite « Joie de Créer ». Sous la responsabilité du Syndicat de l’Orge, elle serait d’une « hauteur maximale de 2,5 m environ. Elle protège une zone boisée, une douzaine d’habitations ainsi que le foyer pour personnes handicapées « Atelier Club Joie de Créer ». La population protégée est estimée entre 40 et 55 habitants sur une zone protégée de 6 ha environ. La digue est estimée de classe C. » (23) Cela n’a pas empêché le secteur d’être considérablement inondé six mois après l’enquête publique !

SSO CNI 2001 PHOTOS 12RM et JDC

Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD. Rue de Morsang, rue des Franchises (Intérieur de Joie de créer).

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Savigny-sur-Orge, le chantier de l’extension du foyer pour handicapés « Joie de créer » après les inondations. © Photographie BM/CAD, 19 juin 2016.

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Savigny-sur-Orge, panneau du chantier de l’extension du foyer pour handicapés « Joie de créer ». La commune et l’État auraient-ils dû autoriser la construction de l’extension en zone inondable ? © Photographie BM/CAD, 19 juin 2016.

Pour le secteur du lycée Corot, même mention dans le projet de PLU : la « digue de la station de Savigny-sur-Orge, sous la responsabilité du Conseil Régional, présente une hauteur maximale de 1,45 m. Elle protège le lycée Corot et une population estimée entre 1 000 et 3 000 personnes. La digue est de classe B. Une étude est nécessaire pour mieux identifier la zone protégée. Le lycée a été récemment réhabilité en prenant en compte le risque inondation identifié dans le PPRI de la Seine. Ainsi, certains bâtiments ont été aménagés sur pilotis et d’autres aménagements ont été réalisés pour se protéger des inondations. Il n’existe pas aujourd’hui toutefois suffisamment d’informations pour juger de l’impact de ces aménagements sur la protection contre les crues de l’Orge. » (24) La dernière précaution d’écriture est intéressante car, effectivement, les travaux réalisés par le Syndicat lors de la renaturation des berges de l’Orge dans le parc Duparchy et le long de la promenade de l’Orge, à l’arrière du lycée, n’ont pas empêché qu’une partie de la cour de Corot et des rez-de-chaussées de bâtiments soient inondés. (25)

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Promenade de l’Orge et berges renaturées du parc Duparchy, inaugurées le 31 mai 2016 par le SIVOA… quelques heures avant les inondations ! En arrière-plan, les bâtiments scolaires du lycée Corot dont les extensions ont été construites sur pilotis… Où est la digue protectrice ? © Photographie SMM/CAD, 7 avril 2016.

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Promenade de l’Orge et berges renaturées du parc Duparchy, inaugurées le 31 mai 2016 par le SIVOA… quelques heures avant les inondations ! En arrière-plan, une entrée à l’arrière du lycée Corot. © Photographie SMM/CAD, 7 avril 2016.

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Savigny-sur-Orge, les bâtiments scolaires du lycée Corot inondés. © Photographie SMM/CAD, 2 juin 2016.

Les digues (en l’occurrence, on pourrait parler de « diguettes »), quelle que soit leur hauteur, ne répondront pas aux attentes protectrices des habitants puisque l’eau des rivières les contourne aisément et, surtout, elle est secondée par des remontées dangereuses des réseaux d’assainissement.

A suivre.


RÉFÉRENCES DE LA PARTIE II
1. L’ensemble de cet article a été réalisé à partir de documents publics ainsi que de fonds privés, notamment ceux de Bernard MÉRIGOT et des membres de l’association CAD. Les données historiques sont issues des recherches faites sous les directions de Bernard MÉRIGOT et de Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT entre 1983 et 2009. Pour en savoir plus, se référer à l’ouvrage : Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge, Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Alan Sutton, 2008, 128 p.
2. SIVOA, L’Orge vive, Imprimerie Henry, 1995, 96 p. ; SIVOA, Carnet de route. 1977-2007, Imprimerie Cloître, 2008, 40 p. ; SIVOA, Colloque CNFSH « Gestion des crues sur la rivière Orge en zone urbaine, diaporama, juin 2009, 21 diapositives. Fonds privé BM/CAD.
3. SIVOA, Au fil de l’Orge, n° spécial « crue du 14 avril 1999 », n° 45, mai 1999, 5 p. (pdf) : 0. SIVOA Au fil de l Orge N45 Mai 1999 PERI. Fonds privé BM/CAD.
4. MÉRIGOT Bernard, « Les inondations à Savigny-sur-Orge », communication lors de l’assemblée générale 2001 de l’association Agir pour Savigny. Fonds privé BM/CAD.
5. MÉRIGOT Bernard, vice-président du SIVOA, intervention lors de l’assemblée générale du SIVOA du 25 octobre 2000. Fonds privé BM/CAD.
6. SIVOA, Rapport de crue et compte-rendu de l’astreinte présentés aux délégués du syndicat (pdf) : SIVOA Rapport de crue Orge 06-07 07 2001, SIVOA RAPPORT ASTREINTE 2001. SIVOA, Au fil de l’Orge, septembre 2001, 8 p. (pdf) : SIVOA AU FIL ORGE 2001. Fonds privé BM/CAD.
6b. Revue de presse 2001 : CRISTOFOLI Roberto, RAMNOUX Sébastien, « De gros dégâts en Ile-de-France », Le Parisien, 8 juillet 2001, p. 4 ; RAMNOUX Sébastien, « L’orage fait de gros dégâts dans toute l’Essonne », Le Parisien Essonne-matin, 9 juillet 2001, p. II ; B.M., « Orages : le département sous les eaux après des pluies records », Le Républicain, 12 juillet 2001, 3 p. (pdf) : LP LR INONDATIONS 2001-07.
7. Dossier de demande de reconnaissance de catastrophe naturelle suite aux orages des 6 et 7 juillet 2001, ville de Savigny-sur-Orge. Copie, fonds privé BM/CAD.
8. MÉRIGOT Bernard, Intervention lors de la réunion de la commission eaux pluviales du SIVOA, 11 juillet 2001. Fonds privé BM/CAD.

9. CHUDEAU Roger, Lettre au député-maire de Savigny-sur-Orge au sujet des inondations répétées dans la commune, 10 octobre 2001. Fonds privé BM/CAD.
10. Lire sur le présent site Internet les articles sur le plan local d’urbanisme de la ville de Savigny-sur-Orge parmi les articles figurant dans la catégorie suivante : http://portes-essonne-environnement.fr/category/urbanisme/plan-local-durbanisme-plu/.
11. Silène, L’Orge entre le pont de l’autoroute A6 et le pont de Savigny-sur-Orge. Étude hydraulique et de restauration des berges. Rapport, mai 2002, 31 p et annexes. Fonds privé BM/CAD.
12. BARROCA Bruno, LEFORT Émilie, POTTIER Nathalie, Analyse et évaluation de la vulnérabilité aux inondations du bassin de l’Orge aval, Septième rencontre de Théo Quant, janvier 2005, 12 p. (pdf) : TQ2005 ARTICLE 10.
13. Collectif C. CARRÉ, J.F. DEROUBAIX, J.C. DEUTSCH, J.P. HAGHE, B. DE GOUVELLO, N. BELAÏDI, A. CHARRIER, Une monographie de l’Orge. Vers l’âge de la maîtrise écologique ?, Programme PIREN Seine, 2010, 74 p. (pdf) : PIREN SEINE ORGE.
14. MÉRIGOT Bernard, « La prévention des inondations de l’Orge à Savigny-sur-Orge (I) », www.savigny-avenir.fr, 1er juin 2011 : http://www.savigny-avenir.fr/2011/06/01/la-prevention-des-inondations-de-l%E2%80%99orge-a-savigny-sur-orge-2011/.
15. Site Internet de la ville de Savigny-sur-Orge consulté le 26 juin 2016 et le 6 juillet 2016 (www.savigny.org).
16. Ville de Savigny-sur-Orge, Lettre du maire au préfet de l’Essonne, Demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, 4 juin 2016, 7 p. (pdf) : SSO L EM PREF RECN 4 juin 2016.
17. SIVOA, Prévention des inondations. Guide pratique en cas de crue. Vigi’Orge, 2014, 8 p. (pdf) : VIGI ORGE.
18. Dossier technique sur le groupe scolaire Kennedy / inondations. Fonds privé BM/CAD.
19. Compte rendu de la réunion entre la mairie de Savigny-sur-Orge et le SIVOA, 24 mars 2003. Fonds privé BM/CAD.
20. SIVOA, « Compte rendu de la réunion de la commission eaux pluviales du SIVOA », 20 novembre 2003. Fonds privé BM/CAD.
21. SIVOA, Point 3.4 « Prévention contre les inondations de l’Orge à Savigny-sur-Orge sur le secteur Kennedy », Bureau du 18 mars 2004. Fonds privé BM/CAD.
22. Compte rendu de la réunion entre la mairie de Savigny-sur-Orge et le SIVOA, 31 mars 2005. Fonds privé BM/CAD.
23. et 24. Ville de Savigny-sur-Orge, Plan local d’urbanisme de Savigny-sur-Orge. Rapport de présentation, p. 98 (pdf) : SSO PROJET PLU 2016 RP.
25. Lire sur le présent site Internet les articles sur les travaux réalisés par le SIVOA : http://portes-essonne-environnement.fr/?s=parc+duparchy.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Marie LAPEIGNE, Bernard MÉRIGOT, 7 juillet 2016, 9 h.

MGP. Colloque sur la bonne gouvernance dans la gestion du fleuve et des rivières métropolitains

Comment gérer demain le fleuve et les rivières du territoire de la métropole du Grand Paris ?

Tel est le sujet du colloque qui aura lieu les 7 et 8 juillet 2016 à l’hôtel de ville de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) sous la co-présidence de Patrick OLLIER, président de la métropole du Grand Paris (MGP), de Sylvain BERRIOS, vice-président de la MGP délégué à la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI) et président du syndicat Marne Vive, et de Jean-François CARENCO, préfet de région Ile-de-France et préfet de Paris.

La thématique de la bonne gouvernance dans la gestion du bassin hydrographique parisien n’est pas anodine après les inondations vécues au début du mois de juin 2016. Planifié avant ces récents événements, ce colloque aspire à trouver une réponse à la question : « Que ce soit à la veille d’une crue ou après les inondations, la GEMAPI ne constituera-t-elle pas l’outil qui permettra aux élus de disposer d’une vision globale à l’échelle des rivières et, notamment, d’anticiper au mieux ces phénomènes ? » Une façon de dire que, jusqu’à ce jour, une mauvaise gouvernance relative domine.

Le colloque couvrira principalement les thèmes suivants :

  • Vers une gestion globale et cohérente des risques liés aux inondations ;
  • Pour une amélioration de la biodiversité de nos rivières et du fleuve ;
  • Des usages de nos rivières et du fleuve en milieu urbain ;
  • La qualité de l’eau de nos rivières et du fleuve au centre des enjeux.
COLLOQUE MGP GEMAPI 2016

Programme du colloque « Gemapi : Enjeux et gouvernance. Sécurité, biodiversité, santé et cadre de vie : Comment gérer demain nos rivières sur le territoire de la Métropole du Grand Paris ? », 7 et 8 juillet 2016, p. 1/3.


Un tel colloque est-il utile ?

Que les élus et les fonctionnaires territoriaux de la MGP et des établissements publics territoriaux (EPT) qui la composent, se retrouvent, s’informent, réfléchissent sur le sujet n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais, le citoyen est en droit de se demander si, une nouvelle fois, il ne se trouve pas dans une enième réunionite coûteuse du millefeuille territorial sans aucune retombée locale pour les habitants et les administrés. Le dossier de presse avance qu’il « est nécessaire qu’élus et institutionnels partagent leurs attentes et leurs visions à l’échelle du territoire métropolitain pour faire en sorte que les projets avancent et que les synergies se créent dans l’intérêt, in fine, des cours d’eau et des citoyens qui les fréquentent et les utilisent. »  Pourquoi ne pas avoir ajouté « qui vivent à proximité » ? Plus que ceux qui les « fréquentent » et les « utilisent », des riverains souffrent régulièrement des crues, parfois depuis des décennies, sans que des solutions soient réellement apportées pour atténuer les risques encourus d’une vie passée, présente et future à côté d’une rivière ou d’un fleuve.


Pourquoi construire en zone inondable ? Pourquoi continuer à construire en zone inondable ?

Ne doit-on pas prendre à bras le corps le problème des permis de construire délivrés à des promoteurs par les maires, confortés par les autorités préfectorales, dans les années 1960, 1970… et, dernièrement, dans les années 2010 sous couvert de « pilotissage » pour satisfaire un Schéma directeur régional d’Ile-de-France (SDRIF) qui impose toujours plus de constructions de logements (sociaux ou pas / 70 000 par an pour le SDRIF en cours) dans des secteurs déjà bien denses se trouvant parfois en zone inondable comme c’est le cas à Savigny-sur-Orge, à Athis-Mons, à Juvisy-sur-Orge et ailleurs ! Non seulement, cette densification nouvelle est envisagée dans les quartiers anciens, le long des voies de chemin de fer mais, en plus, les autorités oublient qu’il s’agit aussi parfois de secteurs inondables relevant d’un PERI ou d’un PPRI rivière et/ou d’un PPRI Seine. A Juvisy-sur-Orge ou à Athis-Mons, par exemple, tout le nouveau quartier « vertical » en bordure de la Seine a été inondé…

JSO I2016 WILLY HUBENTZ

Juvisy-sur-Orge, quai de Seine. Capture d’écran de la vidéo de Willy Hubentz, « Inondation en Essonne. Juin 2016 », https://www.youtube.com/watch?v=MRFbpmRDfS8.

Certes, en temps normal, la vie près d’une rivière ou d’un fleuve peut paraître romantique voire idyllique, mais en temps de crue ? Tout un quotidien est fortement perturbé, du simple ramassage des ordures ménagères à une école fermée, de la simple boulangerie à une grande surface ou à un restaurant en chômage technique en raison d’inondation ou de rupture de courant électrique, d’un transport privé à un transport public rendus impossibles, d’un parking couvert d’eau à une cave ou un rez-de-chaussée inondé, d’un ascenseur immobilisé faute d’électricité à un réseau téléphonique hors service pour la même raison, aux victuailles d’un réfrigérateur ou d’un congélateur perdues faute d’électricité durant plusieurs jours, à des morceaux de vie, des souvenirs partant avec le courant des eaux vers on ne sait où, à une évacuation de son habitation durant quelques jours à plusieurs semaines tels des naufragés sans lendemain (3) … Et cela ni les autorités administratives, ni les hauts fonctionnaires du SDRIF, ni les promoteurs n’y font allusion.

  • Comment gérer les instants disruptifs d’un cadre de vie en situation de dysfonctionnent, qui génère un perte de repère chez les riverains d’un cours d’eau en crue ?
  • Comment vivre pendant une inondation ? Comment survivre à une inondation « catastrophe » ? Comment faire acte de résilience ?
  • Pourquoi et comment les autorités doivent-elles mieux gérer les permis de construire à proximité d’une rivière et d’un fleuve en refusant l’application du SDRIF dans ces zones pour effectivement répondre aux normes fixées par les PERI ou les PPRI ?
  • Quelles seront les mesures prises par les maires de la MGP sur le terrain après ce colloque ? Comment seront-elles contrôlées et par qui ?

Telles sont les questions que devraient se poser les élus de la MGP, en présence des acteurs de terrain mais aussi des associations environnementales locales. Les habitants attendent des réponses.

RÉFÉRENCES
1. Métropole du Grand Paris, « Gemapi : Enjeux et gouvernance. Sécurité, biodiversité, santé et cadre de vie : Comment gérer demain nos rivières sur le territoire de la Métropole du Grand Paris ? », Programme du colloque des 7 et 8 juillet 2016, Saint-Germain-des-Fossés, dossier de presse, 28 p. (pdf) : COLLOQUE GEMAPI 2016 DP.
2. Métropole du Grand Paris, « Gemapi : Enjeux et gouvernance. Sécurité, biodiversité, santé et cadre de vie : Comment gérer demain nos rivières sur le territoire de la Métropole du Grand Paris ? », Programme du colloque des 7 et 8 juillet 2016, Saint-Maur-des-Fossés, 3 p. (pdf) : COLLOQUE MGP GEMAPI 2016 PROG.
3. Lire ainsi le cas d’une famille de Longjumeau qui, après un mois, n’a toujours pas réintégré son logement : FOULON Aurélie, « Sandrine et ses enfants, toujours naufragés », Le Parisien Essonne-matin, 6 juillet 2016, p. III (pdf) : 2016-07-06 LPE INONDATIONS.

© Marie LAPEIGNE, 6 juillet 2016, 17 h 20.