Archives de catégorie : Cadre de vie

Savigny-sur-Orge. La 2e édition de la vente aux enchères de La Savinière trouvera-t-elle un acheteur ?

La commune de Savigny-sur-Orge est propriétaire d’une colonie de vacances située à La Tranche-sur-Mer (Vendée). Son conseil municipal, après l’avoir fermé en 2015, a décidé par une délibération de la vendre.

  • Une première séance de vente aux enchères à la bougie a eu lieu le 21 novembre 2017. Elle était mise à prix à 408 000 €. Aucun acheteur ne s’est manifesté.
  • Une seconde séance de vente aux enchères aura lieu le mardi 26 juin 2018 à 14 heures. Elle est mise à prix 350 000 € par la Chambre des Notaires de Paris, 12 avenue Victoria, Paris 1er.

DOCUMENT

ENSEMBLE IMMOBILIER DE 2 589 m² ENVIRON
SUR UN TERRAIN DE 2,4 HECTARES ENVIRON

Référence : 2018-19-14
Séance : 26 juin 2018 – 13h30 ( Après-midi )
La Savinière, 85360 LA TRANCHE-SUR-MER
Mise à prix
: 350 000 €
Consignation
: 70 000 € (par chèque de banque à l’ordre de Maître de PUISSÉGUR)

Galerie La Savinière, La Tranche-sur-Mer (Vendée).
Vente aux enchères du mardi 26 juin 2018, Chambre des Notaires de Paris,
12 avenue Victoria, Paris 1er, à 13 heures.

Vente à la bougie

Description
Dans une commune du Centre-Ouest de la France, dans le département de la Vendée, ensemble immobilier anciennement à usage de centre de vacances, situé dans une forêt de pins au coeur d’un parc clos, au 9 chemin du Sablon, Route des Sables « La Savinière ».
– Bâtiment principal, édifié en 1932, comprenant : salle de classe, dortoirs, sanitaires, cuisine professionnelle refaite en 2010, réfectoire, lingerie, bibliothèque et un logement.
– Bâtiment de plain-pied avec préau pour les classes extérieures.
– Bâtiment infirmerie comprenant : chambres, local infirmerie, sanitaires, local buanderie.
– Local bar et technique avec piscine.
– Deux blocs sanitaires.
– Chaufferie.
– Terrain de tennis.

Honoraires
Consulter le cahier des charges.

Visites
Jours et horaires. Visite uniquement sur rendez-vous. Contacter MMe. SOUSA au 01 69 05 60 83.

Lieu de vente
Chambre des Notaires de Paris, 12 avenue Victoria, Paris 1er, à 14 heures.

Étude
Maître de PUISSÉGUR
78 avenue Jean Jaurès
91602 SAVIGNY-SUR-ORGE
Tél. : 01 69 05 60 83

Vendeur
Commune de Savigny-sur-Orge


ARTICLES EN LIGNE SUR http://portes-essonne-environnement.fr

© Bernard MÉRIGOT, 25 juin 2018, 15 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2018
http://portes-essonne-environnement.fr

Géographie urbaine. Ce que mangent nos villes, ressources sur l’alimentation (Revue « Urbanités »)

Nous ne pouvons pas vivre, ni sans acquérir chaque jour de nouvelles connaissances, ni sans réfléchir aux questions qui se posent sans cesse au monde se transformant sous nos yeux. Nous ne pouvons pas vivre sans nous interroger sur nos propres pratiques individuelles. Nous ne pouvons pas vivre sans être attentifs, curieux et actifs afin de rendre compte des recherches qui sont en cours, au moment même où elles s’élaborent. Nous ne pouvons pas vivre sans être conscients du rôle passif que nous y jouons et du rôle actif que nous pouvons y jouer.

L’équipe de géographie urbaine de la revue Urbanités a engagé une importante recherche portant sur la ville qui mange et qui se nourrit. Elle la conduit dans une perspective transdisciplinaire, affranchie des oppositions établies entre les mondes urbains et les mondes agricoles et ruraux, tant dans les villes des Nords que dans celles des Suds. Sans attendre la publication du numéro spécial qu’elle consacre à ce sujet, il nous semble important de rendre compte sans tarder de ses recherches, de ses réflexions, ainsi que des ressources qu’elle a rassemblées. (1)

Légumes achetés dans une Association Pour le Maintien de l’Agriculture de Proximité (AMAP). AMAP de Savigny-sur-Orge, « Panier » du 12 février 2014. © Photographie BM/CAD pour PEE.

Sommaire de cet article :

  • 1. Les villes sont au centre des systèmes alimentaires
  • 2. Villes affamées et villes nourricières
  • 3. Les réseaux qui nourrissent les villes
  • 4. L’agriculture urbaine n’est pas une utopie
  • 5. La ville « comestible »
  • 6. L’alimentation fait la ville
  • 7. Les pratiques alimentaires des consommateurs
  • 8. Les villes sont des prescriptrices alimentaires
  • 9. Les bio-politiques alimentaires
  • 10. Cultures et interdits alimentaires
  • 11. La re-territorialisation des politiques alimentaires
  • 12. Comment produire, s’approvisionner et consommer autrement ?
  • 13. Le droit à l’alimentation
  • 14. La remise en cause de la « géométrie du pouvoir » agroalimentaire

1. Les villes sont au centre des systèmes alimentaires

Assurer la sécurité alimentaire des villes constitue un enjeu planétaire de premier ordre pour les 3,5 milliards d’urbains qui existent dans le monde.

Les villes ont été longtemps envisagées comme des entités consommatrices par opposition aux campagnes productrices. Les villes apparaissent aujourd’hui comme des éléments centraux des systèmes alimentaires.

Les politiques urbaines durables comprennent aujourd’hui :

  •  la revalorisation des circuits courts,
  • l’approvisionnement des cantines par des produits issus de l’agriculture biologique,
  • la réduction du gaspillage alimentaire (la thématique des « hungry cities », STEEL, 2008) devient une question politique ,
  • la reconsidération par la société civile des modes d’alimentation, de ses risques et de ses bienfaits sur le corps comme sur la planète, est une préoccupation croissante.

2. Villes affamées et villes nourricières

Dire que les villes ne sont pas seulement affamées mais aussi nourricières amène à reconsidérer l’ensemble de la chaîne alimentaire citadine, de la production à la consommation, en passant par la transformation et la distribution, et à s’interroger sur les nouveaux modèles alimentaires qui émergent en milieu urbain.

L’assurance d’une alimentation suffisante, saine et nutritive, pour la population urbaine, comme la sous-alimentation et la malnutrition ne peut être assurée sans une analyse des circuits de distribution des denrées. Les systèmes alimentaires alternatifs qui rapprochent les consommateurs urbains des producteurs agricoles (circuits courts, réseaux associatifs, maintien de l’agriculture paysanne) révèlent la vigueur des mouvements citadins et des nouveaux agencements marchands autour de la question alimentaire (AUBRY et CHIFFOLEAU, 2009, DEVERRE et LAMINE, 2010, LE VELLY, 2017).


3. Les réseaux qui nourrissent les villes

Quels sont les circuits d’approvisionnement des lieux de restauration collective publique (écoles, hôpitaux, prisons…), les pratiques de livraison et de restauration à domicile portées par de nouvelles start-up ? La vogue des brasseries artisanales urbaines laisse entrevoir la (re)naissance d’activités de transformation des denrées agricoles dans des lieux urbains dédiés, engageant des réflexions sur les mutations de l’industrie agro-alimentaire.

Quelles sont les nouvelles pratiques des politiques urbaines alimentaires ?

Autrefois négligée dans les projets d’aménagement urbain, l’alimentation est prise en compte par les acteurs publics des villes, comme l’atteste l’adoption de plans stratégiques pour l’alimentation à New York, Londres ou encore Toronto (MORGAN et SONNINO, 2010).

Les villes constituent-elles l’échelon d’action le plus adéquat dans la mise en œuvre d’une gouvernance alimentaire locale ?


4. L’agriculture urbaine n’est pas une utopie

Il existe un essor de l’agriculture urbaine qui bénéficie de nombreux travaux (agronomie, géographie, anthropologie, sociologie, urbanisme, écologie) et d’une forte médiatisation à la faveur d’initiatives emblématiques :

  • valorisation agricole des friches urbaines à Detroit,
  • projet des « Parisculteurs » lancé par la mairie de Paris,
  •  toits couverts d’arbres fruitiers ou façades végétalisés,
  • potagers communautaires,
  • fermes urbaines,
  • jardins associatifs,
  • cultures hydroponiques dans des parkings,
  • petits élevages ovins sur d’anciennes friches.

L’agriculture en ville vient se nicher dans des interstices de la ville (LAURENS, 2015), elle épouse les innovations architecturales.


5. La ville « comestible »

Nous assistons au-delà de la pluralité des initiatives et des acteurs à l’émergence d’une ville comestible des :

  • petits jardins urbains communs disséminés par le mouvement des Incroyables Comestibles,
  • applications pour tablettes ou smartphones recensant les lieux de cueillette de plantes sauvages, de baies ou de racines en ville,
  • potagers gastronomiques dans lesquels viennent se fournir un nombre croissant de chefs étoilés, à l’instar d’un Thierry MARX cultivant tomates, fraises et plantes aromatiques sur le toit d’un hôtel parisien pour l’un de ses restaurants.

La ville comestible ne répond pas uniquement à des motivations vivrières comme en témoignent les activités agricoles observables dans des villes d’Afrique subsaharienne où l’agriculture urbaine s’inscrit tout à la fois dans des pratiques d’autoconsommation familiale et dans des stratégies commerciales. Ces initiatives aux objectifs divers vont dans le sens de la recherche d’une autonomie alimentaire dans un contexte de crise des systèmes agro-alimentaires traditionnels. Elles traduisent l’émergence d’un nouveau regard sur des villes, vues désormais comme fertiles, vivantes, nutritives, généreuses.


6. L’alimentation fait la ville

Du champ ou du potager à la table du mangeur, en passant par les commerces, les cuisines, jusqu’au traitement des déchets, les différentes facettes de l’alimentation des villes sont des révélateurs de leurs dynamiques et des enjeux auxquels elles sont confrontées, comme l’a analysé Carolyn STEEL pour le cycle alimentaire londonien.

  • Quelle est l’histoire alimentaire des villes ?
  • Comment fonctionne le métabolisme alimentaire urbain ?
  • Dans quelle mesure l’incessant d’alimentation et d’évacuation imprègne-t-il l’espace urbain ?
  • Quelles sont les conséquences d’une rupture dans cet approvisionnement ?

Plateau de canapés salés. Buffet organisé à l’occasion de la réception des voeux de la Métropole du Grand Paris, Paris, 23 janvier 2017. © Photographie BM/CAD pour PEE.


7. Les pratiques alimentaires des consommateurs

Une attention particulière doit être portée aux pratiques des consommateurs. Celles-ci relèvent d’une pluralité de registres, de l’alimentation de crise ou d’urgence à laquelle ont recours les individus et groupes sociaux en situation précaire, aux pratiques alimentaires de luxe réservées à une minorité de gourmets.

De nouveaux modes de consommation se développent en réaction aux travers de notre société d’abondance, comme  l’injonction à la « frugalité heureuse ». Les villes semblent être les lieux par excellence de la commensalité, du partage en commun du repas, de l’habitude de manger ensemble qui se trouve bousculée par la multiplication d’alimentations « particulières » (FISCHLER, 2013), pour des raisons médicales, éthiques ou spirituelles :

  • consommations sans gluten,
  • sans sucre, ou aliments allégées en sucre,
  • sans sulfites,
  • sans pesticides…

Les villes sont le théâtre d’un renouvellement du lien social autour de la cuisine, comme l’ont rappelé récemment en France les repas organisés en ville à destination des migrants. Les régimes alimentaires des urbains sont le miroir de rapports sociaux, de processus de distinction et d’exclusion, que ce soit d’un point de vue de la géographie sociale et culturelle, de la  sociologie ou de l’anthropologie de l’alimentation.


8. Les villes sont des prescriptrices alimentaires

Les villes ne sont pas de simples révélateurs des évolutions sociétales. Elles sont aussi des prescriptrices de nouvelles tendances en matière d’alimentation et de pratiques culinaires.

À l’échelle internationale, l’excellence gastronomique est un signe des recompositions dans la hiérarchie métropolitaine, comme l’illustre Singapour, nouvel eldorado de la gastronomie, dont la première édition du Guide Michelin en 2016 a encensé tant les restaurants étoilés que la street food locale.

Localement, à l’échelle de la cité, voire des quartiers, la géographie des commerces alimentaires urbains peut être envisagée comme le témoin des cultures alimentaires propres à un territoire et à son évolution dans le temps.

  • Valorisation patrimoniale et touristique de certaines spécialités locales auxquelles les villes donnent leur nom (jambon de Bayonne, sauce bolognaise, vins de Bordeaux).
  • Vogue des restaurants ethniques (vietnamiens, thaïlandais, italiens, indiens, turcs…) qui réinterprètent des menus « typiques » de contrées lointaines.

Réciproquement, les pratiques et les aspirations des citadins sont des agents de transformation de la géographie du commerce de bouche (article du journal Slate portant sur la montée en gamme de l’offre urbaine de burgers à Paris, CASSELY et GARNIER, 2017). Il existe un « foodscape » (paysage alimentaire) qui voit les pratiques alimentaires structurer l’espace urbain.


9. Les bio-politiques alimentaires

En 2016, 56,8 % d’hommes et 40,9 % de femmes en France sont en surcharge pondérale, tandis que plus de 200 produits, essentiellement des confiseries, sont contaminés par des nanoparticules de dioxyde de titane (E171) aux effets cancérogènes et responsables de dysfonctionnement de l’ADN, d’inflammations chroniques ou de la mort des cellules.

Les citadins, en moyenne plus riches que les ruraux, consomment et gaspillent plus (BRICAS, 2015). Ce modèle alimentaire a pour corollaire une montée en flèche des maladies chroniques (cancers, obésité et diabète associés, maladies cardiovasculaires), devenues la première cause de mortalité mondiale devant les maladies infectieuses (CICOLLA, 2013).

L’entrée dans le « phagocène » (BONNEUIL et FRESSOZ, 2016) se caractérise non seulement par la dégradation de l’environnement, mais aussi par l’altération en profondeur des corps et de la physiologie des consommateurs. Le corps de l’anthropocène est aussi un corps altéré par des milliers de substances toxiques. Face aux nouveaux enjeux alimentaires, quelles sont les mutations des habitudes et des pratiques alimentaires, les enjeux de santé publique ainsi que les hexis corporelles ? (L’hexis est le fait de déterminer les caractéristiques d’un concept par exemple. C’est l’ensemble des propriétés essentielles de quelque chose)

De récents travaux issus des feminist food studies réinvestissent les questions de la domesticité, du care (que l’on peut traduire par le soin ou l’attention portée), des normes esthétiques corporelles ou encore des identités autour du lien entre genre et alimentation (voir HOLLOWS, 2003, GUTHMAN, 2011).


10. Cultures et interdits alimentaires

La géographie culturelle identifie le rôle des cultures alimentaires et des interdits alimentaires culturels et religieux dans la manière dont se structurent les systèmes de production, de commercialisation et de consommation.

  • Les mutations des comportements et des pratiques alimentaires, et surtout leur mise en scène en ville à travers des événements comme les apéros « charcuterie-pinard », révèlent moins la relation au patrimoine alimentaire qu’une re-politisation de l’alimentation comme attribut identitaire.
  • De plus en plus de projets d’agriculture urbaine intègrent ou revendiquent la diversité des cultures alimentaires en y répondant par une biodiversité des cultures agricoles (BAKER, 2004).

Conscients de la part que représente l’alimentation dans les dépenses des ménages, quel rôle jouent la publicité et le marketing alimentaires dans le pilotage des comportements alimentaires ?

Les campagnes publicitaires ciblant les consommateurs urbains, que ce soit pour les produits du terroir (comme la saucisse de Morteau) ou pour les nouvelles formes de commensalité (services de livraison à domicile « ubérisés » de type Deliveroo ou Foodora)  traduisent les tentatives de captation de nouveaux segments de consommateurs, des mutations des stratégies de positionnement des filières agro-alimentaires ainsi que des modes de travail dans la chaîne alimentaire.

Éclairs géants de 35 cm, parfum chocolat ou café. Boulangerie Pâtisserie Gosselin, 258 boulevard Saint Germain, Paris 7e. © Photographie PML/CAD pour PEE, 2 décembre 2016.


11. La re-territorialisation des politiques alimentaires

Ces nouvelles bio-politiques alimentaires se traduisent par la proposition de politiques alimentaires re-territorialisées à l’échelle locale. Or, ces politiques, comme les initiatives citoyennes alternatives, ne répondent que très partiellement aux problèmes alimentaires soulevés. Le poids des lobbies agricoles et agroalimentaires, la libéralisation du commerce des marchandises, les inégalités structurelles d’accès au foncier, les iniquités face aux options de consommation restent peu abordées.

Aujourd’hui, le droit de l’alimentation en France est à 80 % communautaire, laissant tout un pan de transformation du système alimentaire hors de portée des collectivités. Ainsi, la récente loi sur le gaspillage a permis la redistribution d’invendus de la grande distribution. Mais, elle ne dit rien sur le gaspillage en amont, dans la chaîne agro-alimentaire (CLOTEAU et MOURAD, 2016). Il existe un « fétichisme du local », une idée que l’option de la re-localisation ne permet pas totalement de comprendre ni d’agir sur le rôle des relations de pouvoir dans la production de tous les lieux (DUPUIS et GOODMAN, 2005).


12. Comment produire, s’approvisionner et consommer autrement ?

Les villes abritent des pratiques qui s’organisent autour des nouveaux enjeux alimentaires visant à produire, s’approvisionner et consommer autrement. Dans les villes,

  • les lieux de réemploi se multiplient, comme les ressourceries ou les recycleries, et participent à l’économie circulaire.
  • les bio-déchets (déchets alimentaires, drêches de bières, marc de café) et le compostage local fournissent des engrais pour les projets d’agriculture urbaine.
  • les initiatives de la société civile se multiplient, de l’essor des défis des familles Zero Waste, au développement des pratiques de trocs ou des associations des « maîtres-composteurs », jusqu’à la récupération de nourriture dans les poubelles des supermarchés, le « freeganism », et les échanges alternatifs (trocs et banques de semences, coopératives alimentaires, etc.).

Quels sens les individus donnent-ils à leurs actions ? Comment peut-on mesurer leurs bénéfices ? Quel en est le potentiel transformateur ? La lutte contre le gaspillage alimentaire ou le permis de végétaliser en sont des exemples (LAGNEAU, 2016).


13. Le droit à l’alimentation

Face à la « crise des affamés et des repus » (PATEL, 2007), le partage des bénéfices et des risques concernant les lieux, les produits et la façon dont la nourriture est produite, transformée, transportée et distribuée, accessible et mangée, reste inéquitable. Les injustices alimentaires atteignent les groupes les plus vulnérables – populations défavorisées, groupes ethniques marginalisés, migrants, femmes…

Le concept de justice alimentaire se situe à la croisée des discours sur le droit à l’alimentation, les objectifs de durabilité appliqués aux systèmes alimentaires, et les risques d’insécurité alimentaire dans des situations de pauvreté et de précarité (HOCHEDEZ et LE GALL, 2015).

  • La transformation du système alimentaire relie des mouvements et des idées disparates (GOTTLIEB et JOSHI, 2010).
  • Le cadre de la justice alimentaire ouvre des liens vers une série plus large de cadres conceptuels : la démocratie, la citoyenneté, les mouvements sociaux et la justice sociale et environnementale.

Dans les villes des Nords et des Suds, des associations lancent des initiatives (aide alimentaire aux populations démunies et aux migrants, actions d’éducation alimentaire et environnementale dans les quartiers populaires) sans qu’il existe à proprement parler de mouvement alimentaire unifié, aux acteurs identifiés, celui-ci restant encore largement invisible et fragmenté.

Les actions de ces associations (gaspillage, circuits courts, agriculture biologique, aide alimentaire, bien manger, risques et santé, pesticides…) dessinent le paysage d’un activisme agro-alimentaire. Il existe des réseaux d’engagement qui conduisent des actions originales (repas préparés à partir d’invendus comme Discosoupe) et dessinent de nouveaux espaces agro-alimentaires urbains.

À quoi ressembleront les futurs espaces agro-alimentaires urbains, différents des espaces du système alimentaire actuel (supermarchés, fast-foods) ?


14. La remise en cause de la « géométrie du pouvoir agri-alimentaire »

Quelle est la capacité de ces pratiques, de ces espaces et de ces systèmes qui se construisent sous nos yeux pour modifier la « géométrie du pouvoir agri-alimentaire » existante (MASSEY, 1994) et de son économie ? (2)

La question interroge la géographie culturelle, l’économie alimentaire, l’histoire de l’alimentation, l’anthropologie la sociologie de l’alimentation, le droit et les sciences politiques, l’économie, l’agronomie, les études de genre…

Chocolat liégeois et pain au chocolat. Starbucks Beaubourg, 4 rue Aubry Le Boucher, Paris 4e. © Photographie PML/CAD pour PEE, 6 décembre 2014.

Starbucks est la première chaîne mondiale de salons de café. Fondée en 1971, elle comprend  (en 2016) 25 000 établissements implantés dans 70 pays (13 000 aux États-Unis, 2000 en Chine, 1 500 au Canada, 1 000 au Japon, 100 en France…). La majorité des commerces est exploitée en franchise.


Bibliographie indicative rassemblée par les chercheurs de la revue Urbanités

  • Aubry C. et Chiffoleau Y., 2009, « Le développement des circuits courts et l’agriculture périurbaine : histoire, évolution en cours et questions actuelles », Innovations Agronomiques, 5, pp. 53-67.
  • Baker L., 2004, « Tending Cultural Landscapes and Food Citizenship in Toronto’s Community Gardens », Geographical Review, 94 (3), pp. 305-325.
  • Bonneuil C. et Fressoz J-B., 2016, L’Évènement Anthropocène, la Terre, l’histoire et nous, Paris, Le Seuil, 304 p.
  • Bricas N., 2015. « Les enjeux de l’alimentation des villes », Cahiers de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme Île de France, n°173.
  • Cassely J.-L. et Garnier M., 2017, « Que s’est-il passé pour que le burger devienne si cher à Paris ? », Slate, 3 avril 2017, en ligne [http://www.slate.fr/story/135242/burgers-cafes-salades-bio-evolution-restauration-region-parisienne].
  • Cicolella A., 2013, Toxique planète. Le scandale invisible des maladies chroniques, Seuil, Anthropocène, 310 p.
  • Cloteau A. et Mourad M., 2016, « Action publique et fabrique du consensus. La « lutte contre le gaspillage alimentaire » en France et aux États-Unis », Gouvernement et Action publique, pp. 63-90.
  • Deverre C. et Lamine C., 2010, « Les systèmes agroalimentaires alternatifs. Une revue de travaux anglophones en sciences sociales », Économie rurale, 317, pp. 57-73.
  • Dupuis, E.M. et Goodman, D., 2005. « Should we go “home” to eat?: toward a reflexive politics of localism », Journal of Rural Studies, 21 (3), pp. 359–371.
  • Fischler C. (dir.), 2013, Les alimentations particulières. Mangerons-nous encore ensemble demain ?, Paris, Odile Jacob, 266 p.
  • Gottlieb R. et Joshi A., 2010, Food Justice, Cambridge, MIT Press, 304 p.
  • Guthman J., 2011, Obesity, Food justice, and the limits of Capitalism, Berkeley, University of California Press, 277 p.
  • Hochedez C. et Le Gall J. (dir.), 2015. « Justice alimentaire et agriculture », Justice spatial | Spatial Justice, n°9, http://www.jssj.org/
  • Hollows, J., 2003, « Feeling Like a Domestic Goddess: Postfeminism and Cooking », European Journal of Cultural Studies, 6 (2), pp. 179-202.
  • Lagneau A., 2016, « Agriculture urbaine. Fonction alimentaire, sociale, écologique… Qu’attendons nous de l’agriculture urbaine », Les Notes de la FEP, Note n°10.
  • Laurens L., 2015, « Agri-interstice urbain ou quand l’agriculture change la réalité des marges urbaines », Bulletin de la Société de Géographie de Liège, n° 64, pp. 5-22
  • Le Velly R., 2017, Sociologie des systèmes alimentaires alternatifs. Une promesse de différence, Paris, Presses des Mines, Collection Sciences sociales, 200 p.
  • Massey D., 1994, Space, Place and Gender, Minneapolis: University of Minnesota Press, 288 p.
  • Morgan K. et Sonnino R., 2010, « The urban foodscape: world cities and the new food equation », Cambridge Journal of Regions, Economy and Society, Vol. 3, n°2 pp. 209-224.
  • Patel R., 2007, Stuffed and starved: Markets, power and the hidden battle for the world food system, London, Portobello Books, 398 p.
  • Steel C., 2008, Hungry city: How Food Shapes Our Lives, London, Random House, 383 p.

RÉFÉRENCES

1. « Ce que mangent les villes », Appel à projet pour le numéro thématique n° 10 de la revue Urbanités. A paraître en avril 2018. Voir : « Villes affamées, villes nourricières », http://www.revue-urbanites.fr/appel-10-villes-affamees-villes-nourricieres/
La publication est coordonnée par Frédérique CÉLÉRIER (frederique.celerier@revue-urbanites.fr) et Flaminia PADDEU (flaminia.paddeu@revue-urbanites.fr).

La revue Urbanités a été créée en 2012 par une équipe d’étudiants en Géographie de la région de Lyon. Ils sont partis du constat qu’il manquait en France une revue consacrée à la géographie urbaine et au fait urbain, alors que les revues anglo-saxonnes comme Urban Studies ou Urban Geography se consacrent spécifiquement à ce thème de recherche. Elle propose à la fois des informations régulières sur le fait urbain dans le monde et des dossiers thématiques.
ISSN : 2268-9613 http://www.revue-urbanites.fr/

2. Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt (Centre d’études et de prospective), « La mondialisation par le commerce des produits alimentaires. Tendances structurelles et exploitation », Analyse, n° 102, 1977, 8 p.

On peut y lire que « Les exportations de produits alimentaires pèsent aujourd’hui plus de 1 200 milliards de dollars. À prix constants, c’est près de 7 fois plus qu’il y a 50 ans, soit un rythme de croissance annuel moyen de 3,8 % environ. »
« La circulation des produits agricoles et alimentaires est à la fois une manifestation et un vecteur majeur de la mondialisation des systèmes alimentaires. Elle renforce l’interdépendance des pays importateurs comme des exportateurs et, au-delà des produits ainsi véhiculés, contribue à la diffusion de normes, des valeurs, des innovations, et des risques.

On portera attention :

  • aux deux cartes intitulées 1. « Structure du commerce international de produits agricoles 1995-1996 », et 2. « Structure du commerce international de produits agricoles 2012-2013 ».
  • à la partie intitulée « Les chaines mondiales de valeur renforcent l’interdépendance des économies nationales » concernant le remplacement de la « trilogie » importateur/produit/exportateur par les chaînes globales de valeur (CGV).

VIDÉO

DUVAL Wilfrid, Nourrir le Grand Paris, Urba Paris.fr, Vidéo de 19 : 11. https://www.youtube.com/watch?v=zNfGRDuHnWQ
Wilfried DUVAL est vidéaste urbain et webdocumentariste. il réalise des courts et moyens métrages sur le phénomène de la métropolisation.


Note de la rédaction de PEE : Cet article reprend l’appel à projet de la revue Urbanités, remanié, inter-titré, illustré par Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT et Bernard MÉRIGOT (©), le 19 juillet 2017, 12 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.
http://portes-essonne-environnement.fr

Déchets. Des bénévoles nettoient les abords de l’Yvette à Épinay-sur-Orge

Ce samedi 1er avril 2017 alors que je circulais sur mon vélo électrique le long de la vallée de l’Yvette, je vois avec surprise des sacs de déchets fraichement déposés le long du chemin qui longe la rivière. Plus loin, j’aperçois, un homme avec un sac. Je m’approche et je constate rapidement qu’il est en train de collecter les déchets pour les regrouper en vue d’un ramassage imminent. Les sacs portent le logo du Conseil Départemental de l’Essonne.

Un bénévole collecte les déchets le long de l’Yvette. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE, 1er avril 2017.

Je me suis donc arrêté pour en savoir un peu plus sur cette opération. Il s’agissait d’un riverain habitant à proximité de la gare de Petit-Vaux. Il m’a dit qu’il collectait une quantité impressionnante de bouteilles de verre du fait que le parc de Petit-Vaux soit devenu, hélas, un lieu de rendez-vous pour les ivrognes !

Le parc de Petit-Vaux à Épinay-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE, 1er avril 2017.

Ces appels au bénévolat se font régulièrement dans le département de l’Essonne comme j’ai pu le constater dernièrement le long de la RN6, à Montgeron, le 19 mars dernier. (1)

En dehors d’Essonne Nature Environnement (ENE) dont le siège se trouve à Épinay-sur-Orge, il existe une toute récente association locale de protection de l’environnement, née en 2016 suite au projet d’urbanisation de la ZAC de la Croix-Ronde. L’information sur le nettoyage des bords spinoliens de l’Yvette n’est relayée ni par ENE, ni par l’association, ni par la mairie d’Épinay-sur-Orge. C’est un peu dommage, ce type d’opération mériterait une meilleure exposition médiatique, d’autant que la ville affiche clairement son souci de la protection du cadre de vie.

Capture d’écran du site Internet de la ville d’Épinay-sur-Orge le 1er avril 2017.

RÉFÉRENCE
1. Nettoyage des abords de la RN6, ville de Montgeron : https://www.montgeron.fr/index.php/bibliotheque-images?idpage=113&idmetacontenu=4772.

© Jean-Marie CORBIN, le 1er avril 2017, 16 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017

 

Environnement. Mon voisin et les pesticides

Les querelles du héros Achille Talon et de son voisin Hilarion Lefuneste sont célèbres dans l’univers de la bande dessinée. Avec les voisins, le dessinateur Michel Greg trouvait là une source intarissable d’inspiration.

Greg, Achille Talon et l’âge ingrat, tome 24. © Éditions Dargaud, 1978.

A moins d’être un ermite perdu au fin fond d’une forêt tolkienne, qui n’a pas maudit un jour son voisin ? Le mien m’en fait voir de toutes les couleurs. Forcément possesseur d’un SUV Renault Koleos diesel, il met plus de deux heures pour tondre 250 m² de pelouse avec sa bruyante et polluante tondeuse thermique. Ne parlons pas de ses soirées barbecue. Ce « carnivore » a trouvé l’emplacement idéal pour son fourneau infernal, c’est-à-dire au plus près de mes fenêtres. Il choisit bien évidemment, les soirées de fortes chaleurs et sans vent, celles d’ailleurs, où les avions au départ d’Orly nous survolent au décollage.

La liste est-elle terminée ? Que nenni !


Herbicides quand tu nous tiens…

En ces premiers jours du printemps, s’acharnant férocement contre une nature qui ne cherche pourtant qu’à s’épanouir dans ce milieu urbain pas vraiment accueillant, il a épandu une généreuse quantité de désherbant sur des graviers pour qu’ils restent dans l’état qu’ils étaient en sortant du sac. Nous passerons rapidement sur ses goûts esthétiques.

« Désolation après un essai nucléaire » – Gravillons aux pesticides © Photographie Jean-Marie CORBIN, 28 mars 2017.

Les inconvénients de cette guerre chimique qui aurait dû être listée depuis bien longtemps dans les interdits de la Convention de Genève, n’ont pas tardé à se faire sentir. Les graviers se trouvant, comme par hasard, au plus près de la clôture séparative et surtout de mon habitation, une odeur pestilentielle chimique a envahi mon jardin et mon intérieur. Car contrairement, au nuage en provenance de Tchernobyl, les agents chimiques ont franchi sans encombre la clôture en béton qui me sépare de ce voisin.

Comble de la malchance, une météo particulièrement sèche les jours suivants ont empêché les produits nocifs de pénétrer le sol. L’odeur nauséabonde s’est donc maintenue trois jours durant. N’y tenant plus, à la nuit tombée, j’entrepris, tel un « Faucheur Volontaire » à l’assaut d’un champ d’OGM, de prendre ma lance d’arrosage pour y verser quelques quantité d’eau sous pression provenant de ma réserve personnelle d’eaux pluviales afin de disperser ces affreuses molécules juchées sur les graviers, qu’elles rejoignent prestement le sous-sol et ainsi, malheureusement polluer nos nappes phréatiques et nos rivières.

Greg, Achille Talon n’a pas tout dit…, tome 36. © Éditions Dargaud, DL, 1998.

Ignorance ? Stupidité ? Malveillance ? Les pesticides ainsi épandus m’ont donné bien du tracas !


1er janvier 2019, enfin la fin des pesticides en tout genre !

Même si la victoire n’est pas totale, l’atmosphère est moins empoisonnée. Nous pûmes ranger nos masques à gaz sans être dérangés par l’odeur. Cette victoire n’est que provisoire mais elle sera dans deux ans définitive ! Car si je peste assez souvent contre le législateur avec des lois toujours plus liberticides, il faut bien reconnaitre que les faits lui donnent parfois raison.

Herbicide glyphozerb au glyphosate © Photographie Jean-Marie CORBIN, 28 mars 2017.

Ainsi, depuis le 1er janvier 2017, les pesticides ne sont plus en vente libre mais doivent être délivrés d’une manière raisonnée et assortie de conseils sur leur usage et leur toxicité. Manifestement, mon voisin devait être distrait au moment de la délivrance de ses produits. (1)(2)

La prochaine étape aura lieu le 1er janvier 2019, les particuliers n’auront plus accès à ce genre de saletés, la revente de pesticides leur sera définitivement interdite. (3) C’est dommage d’en arriver là, mais quand la pédagogie et l’intelligence échouent, il faut prendre des mesures plus radicales. Je ne vous cache pas que je suis très satisfait de les voir avancées de trois années par rapport au calendrier initial. (4)

RÉFÉRENCES
1. Loi n° 2014-110 du 6 février 2014 visant à mieux encadrer l’utilisation des produits phytosanitaires sur le territoire national : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028571536&categorieLien=id.
2. Assemblée nationale, session extraordinaire de 2014-2015, projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte, 22 juillet 2015 (Texte définitif) :
http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0575.asp.
3. Interdiction totale des pesticides dans les jardins en 2019 : http://www.gerbeaud.com/nature-environnement/interdiction-pesticides-2019,1114.html.
4. L’interdiction de vente des pesticides aux particuliers avancée de 2022 à 2019 : https://www.actu-environnement.com/ae/news/interdiction-vente-pesticides-particuliers-2022-2019-24954.php4.

© Jean-Marie CORBIN, 28 mars 2017, 23 heures.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2017.

Circulation routière. Vers la fin des feux rouges en France ?

Les transports en commun franciliens se dégradant, l’auteur de ces lignes a fait le choix un peu forcé, de circuler quotidiennement en motocyclette légère (« ultra-polluante » sans son précieux macaron Crit’air et malgré ses 2,5l/100km !). Aux heures de pointe (vers 8 h 30) et à l’occasion de pannes des feux à certains carrefours de grande circulation, il a pu faire le constat suivant stupéfiant : quand les feux sont en panne, les véhicules disparaissent ! Est-ce un nouveau tour de magie du facétieux David COPPERFIELD ou bien est-ce une blague de Gérard MAJAX ?

Il est évident qu’il vaut mieux rouler en ville à une vitesse constante de 30 km/h (ce qui est la moyenne constatée) que d’alterner d’incessants arrêt – 50 km/h – arrêt.

Batterie de feux rouges sur le CD25 à la hauteur du diffuseur n° 6 de l’A6 à Savigny-sur-Orge – © Photographie Jean-Marie CORBIN, 22 février 2017.


Feux = plus d’accidents ?

L’enquête citée dans l’article (1) constate qu’un carrefour sans feux est moins accidentogène. Ceci est paradoxal quand on apprend à l’auto école, qu’un feu est censé sécuriser une intersection. Une des hypothèses à envisager est que pour augmenter ses chances de franchir l’intersection sans risquer de perdre de temps si le feu vient à passer au rouge, un usager a tendance à accélérer dangereusement à l’approche d’un feu vert. À l’opposé, lorsqu’il aborde une intersection sans feux, son premier réflexe est de réduire son allure pour la franchir prudemment en observant le comportement des autres usagers. On pourra objecter qu’il y aura toujours d’irréductibles cinglés qui franchiront l’intersection à toute allure (et qui ne s’arrêteront que le jour de la rencontre avec un de leurs congénères). Je ferais remarquer que ceux là ne faisaient déjà bien souvent que peu de cas des feux rouges. Gardons à l’esprit qu’un feu n’est qu’un signal et non pas une muraille infranchissable.


L’exemple des feux de l’échangeur n°6 entre le CD25 et l’A6 à Savigny-sur-Orge

diffuseur echangeur A6 D25 Savigny-sur-Orge

Diffuseur échangeur A6-D25 Savigny-sur-Orge. Source OpenStreetMap.

Construit en même temps que l’autoroute A6 entre 1957 et 1960, l’échangeur entre le CD25 et l’A6 fonctionnait initialement selon le régime des priorités à droite.

Sortie A6 vers Savigny-sur-Orge et Épinay-sur-Orge avant l’ouverture en 1960. Source : Archives Départementales de l’Essonne (articles 1236W 31 à 63). Photographes Robert Durandaud et Lucien Viguier. © AD91.

Le trafic rapidement croissant, la régulation a été confiée à des feux tricolores. Les technologies évoluant, les feux ont été remplacés dernièrement par des feux comportant des blocs optiques à LED. Pendant la durée des travaux, les feux ont été éteints et contre toute attente, la circulation y était plus fluide ces matins-là.

Ce remplacement à l’identique ne devait pas comporter d’incidence sur la programmation du séquençage des feux. Mais c’était sans compter le manque de compétence de la société en charge du remplacement des feux. Jusqu’à la mi-octobre 2016, certains feux étaient dotés de flèches directionnelles clignotantes afin de diminuer certains temps morts et de fluidifier la circulation. C’est ainsi que la flèche « tourne à droite » à la sortie en direction d’Épinay-sur-Orge a été désactivée. Les conséquences funestes se sont faites vite ressentir puisque jusqu’à une heure avancée de la pointe du soir, la rétention de la circulation remontait jusqu’à plusieurs centaines de mètres sur l’autoroute. Alertés simultanément le maire de Savigny-sur-Orge et la sous-préfète d’arrondissement, le premier n’a jamais répondu, la seconde a réagi dans le quart-d’heure. Vu le risque encouru, la flèche directionnelle a été réactivée dans la semaine.

Flèche directionnelle désactivée. © Photographie Jean-Marie CORBIN, 22 février 2017.

En revanche, une flèche directionnelle, en place sur le CD25 dans le sens montant en direction de Savigny-sur-Orge, persiste à rester éteinte.

Feu piéton à la demande et dont la commande est désactivée. © Photographie Jean-Marie CORBIN. 22 février 2017.

A cet échangeur, circulent également quelques piétons sur le passage supérieur. Les piétons qui s’y aventurent sont bien téméraires, entre végétation luxuriante – les plantes doivent profiter du CO2 environnant – et un feu piéton à commande manuelle désactivée, même un matador expérimenté des grandes corridas s’y sentirait mal à l’aise … Nous observons également que le brillant bureau d’étude, en charge des travaux de rénovation, a pensé aux personnes à mobilité réduite et aux malvoyants avec des passages piétons à bandes podotactiles, notamment pour aller sur l’autoroute en direction de Paris !

Bande podotactile pour guider et assister les personnes à mobilités réduites et les malvoyants qui souhaiteraient s’engager à pied sur l’autoroute en direction de Paris …  © Photographie Jean-Marie CORBIN, 22 février 2017.


L’exemple réussi d’Abbeville en Picardie maritime

À deux pas des réserves du Marquenterre et du Grand Lavier, la ville d’Abbeville en Picardie maritime est citée dans l’article de M6. (1) De passage sur les lieux depuis depuis décennies, j’ai pu constater la nette amélioration de la fluidité dans cette agglomération depuis la suppression des feux. Persiste un dernier carrefour à feux qui reste problématique, situé à l’embranchement de la route de Doullens et de celle d’Amiens. Cette vaste place aurait pu être également transformée en giratoire depuis bien longtemps. J’ignore les raisons d’un tel ajournement.

Il demeure que les giratoires ne résolvent pas tout :

  • la place centrale Max Lejeune est congestionnée. Reconstruite ex-nihilo après guerre, elle n’est plus adaptée au trafic urbain actuel. Les autobus ont d’ailleurs bien du mal à circuler et il n’existe pas de voies de délestage.
  • Les giratoires des places de Verdun et du Général de Gaulle sont souvent congestionnées par des automobilistes trop hésitants qui abordent le giratoire arrêtés au lieu de s’y insérer à vitesse réduite.
  • Le boulevard de la République subit un très fort trafic de transit. Il existe bien un itinéraire de contournement à ce boulevard, mais celui-ci est intégré au réseau autoroutier concédé payant. La France contrairement à l’Allemagne a fait le choix, dès le départ, d’un réseau autoroutier payant avec un système de paiement pour chaque utilisation. La mise en place d’accès par des barrières de péage complique les diffuseurs et réduits les possibilités d’emplacements de ces derniers.

Comme la plupart des autres agglomérations, le reste de la voirie évolue vers un régime de ralentisseurs (dangereux car trop élevés en hauteur) ou de chicanes (rue du Château d’eau) forçant à l’arrêt ou bien de « Stop » sur des axes précédemment prioritaires (intersection rue Réné Coty – rues d’Auvergne et de Picardie).

Plan Abbeville (Somme).


Le carrefour à feux à son paroxysme de l’absurdité au cœur même de l’établissement public territorial Grand-Orly Seine Bièvre (GOSB)

À Choisy-le-Roi pour accéder à l’A86, ou en sortir, le diffuseur est géré par une multitudes  de feux tricolores. L’accès ou la sortie de l’A6 sont régulés selon la direction par deux à trois lignes de feux dont le séquençage est établi d’une manière que l’usager arrive systématiquement à chaque étape sur un feu qui passe au rouge. Il est obligé de marquer un long arrêt à chacun d’eux. Ce n’est pas pour protéger les piétons ou les cyclistes vu que l’accès leur est interdit. Notons qu’il y aurait largement la place pour y placer un giratoire comme au carrefour Pompadour. Le temps perdu même en situation de trafic fluide est de plusieurs minutes. Verra-t-on un jour quelques élus s’y intéresser enfin et crever l’abcès de cette incohérence routière ?

diffuseur echangeur A86 D5 Choisy-le-Roi

Diffuseur échangeur A86-D5 à Choisy-le-Roi. Source OpenStreetMap.


DOCUMENT (1)

« Certaines communes comme Nantes, Bordeaux et Paris ont fait le choix de supprimer des feux tricolores. La raison ? Les carrefours seraient moins dangereux quand ils sont remplacés par des rond-points », www.m6info.yahoo.com, 13 février 2017.

Se dirige-t-on vers la fin des feux rouges ? En France, 30 000 carrefours en sont encore équipés. Pourtant de plus en plus de municipalités décident de s’en passer. C’est le cas de Nantes, Niort, Rouen, Abbeville, ou encore Bordeaux.

La capitale aussi vient d’ailleurs de faire ce choix.  Le 30 janvier dernier, le conseil de Paris a voté l’expérimentation de l’abandon des feux de signalisation, en vue d’en supprimer certains situés en zone 30 km/h d’ici à 2018. Car les feux tricolores sont fortement accidentogènes. A leurs carrefours, 10 000 accidents se produisent chaque année en France provoquant 150 morts et 1 500 blessés.

“Les études montrent que lorsqu’on élimine les feux à certains embranchements, il y a moitié moins d’attente pour les conducteurs, mais il y a surtout moins de morts car les automobilistes ont tendance à ralentir”, indique au Parisien Anne Souyris, coprésidente du groupe écologiste de Paris.

La ville de Bordeaux suit également cette voie et compte en supprimer 300. “Quand il n’y a plus de feux, les automobilistes font davantage attention lorsqu’ils se rapprochent d’un passage protégé, et les piétons ont tendance à regarder à deux fois avant de traverser”, explique Michel Duchene, vice-président chargé des grands projets urbains au sein de la Métropole de Bordeaux.

25% d’accidents en moins

A Abbeville (Somme), où l’on a également fait le choix de s’en passer, la mairie reconnaît que la circulation s’en est amélioré. “Nous avions des bouchons sur plusieurs centaines de mètres du temps où nous avions des feux. Depuis que nous les avons remplacés par des carrefours giratoires, la fluidité est bien meilleure”, explique le chef de cabinet du maire.

Et il n’y a pas qu’en France que l’expérience est menée. Aux Etats-Unis, il y aurait 25% d’accidents en moins sur les intersections en question. “Au début, les gens se sentent moins en sécurité, ont le sentiment d’être livrés à eux-mêmes car il n’y a pas de panneaux ou de feux pour leur dire quoi faire. Mais ils se retrouvent du coup dans une situation de plus grande vigilance”, relève Christophe Damas, chercheur au Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement au Parisien. Les feux tricolores seraient bien en voie d’extinction.


RÉFÉRENCE
1.   « Certaines communes comme Nantes, Bordeaux et Paris ont fait le choix de supprimer des feux tricolores. La raison ? Les carrefours seraient moins dangereux quand ils sont remplacés par des rond-points », www.m6info.yahoo.com, 13 février 2017 https://m6info.yahoo.com/.