Prédecelle : Essonne Nature Environnement réclame une véritable concertation

Cours d’eau de 17,9 km de long, la Prédecelle prend sa source à Choiseul (Yvelines). Elle se jette dans la Rémarde à Saint-Maurice-Montcouronne, cette rivière étant un affluent de la rive gauche de l’Orge à Saint-Germain-lès-Arpajons.

Le Syndicat intercommunal de l’hydraulique et de l’assainissement de la région de Limours (SIHAL) assure la gestion de la rivière ainsi que les ruissellements sur son bassin versant. Sa principale mission est de maîtriser les risques d’inondation. Or, depuis plusieurs décennies, les territoires traversés par la Prédecelle sont touchés par des inondations récurrentes. (1)

Une enquête publique a été menée, du 23 novembre 2013 au 6 janvier 2014, sur les ouvrages de lutte contre les inondations du SIHAL. Le rapport de la commission d’enquête a été publié sur le site de la préfecture. (2) La fédération départementale Essonne Nature Environnement a émis un avis défavorable. (3) Elle réclame, maintenant, auprès du SIHAL une véritable concertation avec tous les acteurs concernés. (4)

Predecelle

Vue de la Prédecelle, extraite du dossier d’enquête intitulé « Étude d’impact sur l’environnement ». (5)


DOCUMENT
COMMUNIQUÉ DE PRESSE D’ESSONNE NATURE ENVIRONNEMENT, 5 MARS 2014

Inondations de la Prédecelle : protéger les biens et les personnes, oui,
mais pas à n’importe quel prix !

La commission d’enquête chargée de recueillir les avis du public sur le projet d’aménagements de la rivière Prédecelle pour lutter contre les inondations porté par le syndicat intercommunal de l’hydraulique de la région de Limours (SIHAL) a rendu son rapport le 7 février 2014.

Sur un total de 268 observations, une majorité sont favorables au projet mais sans aucun témoignage (photos, factures des dégâts) ou arguments quant aux solutions choisies. (ndlr 6) Les avis défavorables émanent d’associations environnementales ou de riverains directement concernés par les ouvrages. (ndlr 7)

Essonne Nature Environnement salue le travail de la commission et relève que bien des préoccupations des associations ont été prises en compte : solutions alternatives proposées beaucoup moins pénalisantes pour l’environnement et les paysages;  nécessité de traiter en priorité les ruissellements locaux et doutes quant au bilan « coûts-avantages »; préjudices causés à l’élevage bovin.

Les PCB : un problème de santé publique sous-estimé ! (ndlr 8)

Le problème de la contamination de la rivière aux PCB avec des taux excédant largement les concentrations maximales admissibles (jusqu’à huit fois le seuil de référence au droit des deux principaux ouvrages prévus dans le programme) n’a pas été occulté par la commission. Elle  s’étonne que : « les incidences potentielles du projet sur la santé ne soient pas vraiment traitées. »

Elle regrette de ne pas disposer d’informations sur le mode de traitement et de stockage des sédiments contaminés, sur la réglementation en vigueur, sur les coûts occasionnés pour l’évacuation des terres polluées… Elle demande que « l’éleveur occupant la prairie du Pivot et réellement affecté par un préjudice moral et financier significatif trouve de justes compensations à cette situation. »

Les propositions des associations écartées sans justification par le syndicat
La commission relève que : « le SIHAL n’a pas pris en compte de façon objective et étayée toute alternative à l’ouvrage du Pivot. Elle considère que les arguments avancés ne sont pas convaincants et regrette que : « dans un souci de ne pas remettre en cause les études antérieures, le syndicat ait écarté sans plus de justification les différentes options d’aménagement proposées lors de l’enquête publique précédente. »

Traiter en priorité les eaux de ruissellement

La commission s’étonne que le dossier se focalise uniquement sur des ouvrages lourds et coûteux, alors qu’il est admis que la Prédecelle est alimentée essentiellement par les eaux de ruissellement. Elle recommande que : « des ouvrages légers de traitement des ruissellements soient initiés sans délais ».

Prévenir plutôt que guérir !

La commission demande la concrétisation rapide du Plan de Prévention des Risques Inondations (PPRI) et des restrictions drastiques pour éviter l’urbanisation en zones à risques, ainsi que la mise en place d’un système d’alerte auprès du public.

Ménager les finances locales !

Pour la commission, le volet « coût du projet » est incomplet et peu lisible : « Le public n’est pas en état d’apprécier l’impact du programme sur les finances individuelles et publiques. »

Le coût des études, auquel il faut ajouter le coût de duplication des dossiers pour l’enquête publique, les coûts de maîtrise d’œuvre pour le suivi des travaux, les coûts d’entretien des ouvrages ne figurent pas dans le dossier. L’efficacité des dépenses engagées n’est pas démontrée ni comparée rigoureusement à d’autres solutions étudiées ou proposées.

En conclusion, Essonne Nature Environnement, qui a donné un avis défavorable lors de l’enquête publique, demande au SIHAL de se saisir des résultats de cette consultation publique pour engager une vraie concertation avec les populations locales et les agriculteurs. Elle rappelle que des solutions « partagées », beaucoup plus respectueuses de l’environnement, pourraient conduire à des économies d’argent public substantielles. 

Contact presse :
Catherine GIOBELLINA – catherine.giobellina@wanadoo.fr
Essonne Nature Environnement – 14 rue de la Terrasse, 91360 Épinay-sur-Orge – adnessonne@orange.fr


SOURCES
1. Voir le site www.predecelle-environnement.org.
2. Rapport, avis et conclusion de la commission d’enquête publique, 7 février 2014, www.essonne.gouv.fr : 1. RECP – Rapport Predecelle.pdf  ; 2. RCEP – Conclusions et avis Predecelle.pdf ; 3. RCEP – Annexes et PJ Predecelle.pdf.
3. Essonne Nature Environnement, « Avis à l’enquête publique concernant la Prédecelle », 4 janvier 2014, www.ene91.frAvis d’ENE EP Predecelle 04012014.pdf.
4. Essonne Nature Environnement, « Inondations de la Prédecelle : protéger les biens et les personnes, oui, mais pas à n’importe quel prix ! », communiqué de presse du 5 mars 2014, www.ene91.fr : CP ENE Amenagement Predecelle 05032014.pdf.
5. Antea Group, « Étude d’impact sur l’environnement », juin 2013, 288 p. (dossier d’enquête publique complet consultable sur le site www.essonne.gouv.fr) : ANTEAGROUP Etude d’impact sur l’environnement – 062013.pdf.
6. Association des habitants du bassin de la Prédecelle, www.bassin-predecelle.org.
7. Association Vivre à Forges : Avis VAF EP Predecelle.pdf.
8. Les polychlorobiphényles (PCB), improprement dits « pyralènes », sont des liquides insolubles dans l’eau, incolores ou jaunâtres, à forte odeur aromatique. Ce sont des polluants toxiques persistants. Suivant leur catégorie, ils sont classés comme des perturbateurs endocriniens, des cancérogènes probables à certains. En avril 2013, la préfecture de l’Essonne a reconnu que le PCB était en cause dans la pollution de la Prédecelle. (http://essonneinfo.fr/91-essonne-info/41527/pollution-aux-pcb-a-limours-et-dans-la-predecelle/ ; http://www.le-republicain.fr/limours/limours-2/1025-une-pollution-des-interrogations).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 12 mars 2014.