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Le Tram-train Massy-Évry déjà en retard…

Le conseil d’administration du Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF) a approuvé l’avant-projet du Tram-train Massy-Évry (TTME) au cours de sa séance du 5 juin 2014. Les travaux débuteront bien fin 2015. Mais, la mise en service aura finalement lieu avec une année de retard, fin 2019. Deux motifs sont avancés pour expliquer l’ouverture de la ligne desservant seize stations en 38 minutes.

UNE PETITE FLEUR…

Le premier concerne une plante rare, l’orobanche pourpre, trouvée sur le site du futur atelier-garage entre Massy et Palaiseau. Elle est protégée en Ile-de-France : il faut organiser sa préservation.

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Orobande purpurea. © Teun SPAANS (OW).

UNE HAUSSE DE LA FACTURE

Le second est lié à une hausse d’un peu plus de 94 millions d’euros du budget global (hors matériel roulant). Si Savigny-sur-Orge n’a pas réussi à convaincre le STIF de l’importance d’une station à Grand-Vaux, la commune de Champlan s’est vue dotée d’un tel équipement à la suite de l’enquête publique de 2013. Une station a également été ajoutée dans la zone de la Bonde à Massy. De ce fait, le coût des 20 km passera de 436 millions d’euros à 526,4 millions, soit plus de 26 millions le kilomètre. Le financement est assuré par la Région, l’État et le conseil général de l’Essonne. (1)

UNE AMÉLIORATION DE LA DESSERTE DISCUTABLE

Contrairement à ce qu’avance le site internet de la communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne, le projet n’est pas une avancée pour les usagers de la ligne du RER-C, les Saviniens, les Juvisiens et les Athégiens en partance pour Massy et Versailles. (2) S’il relie de façon directe (sans changement) deux pôles économiques de l’Essonne, il supprime le barreau ferroviaire tangentiel direct Juvisy-sur-Orge – Versailles-Chantiers (RER-C8, mission Z6). Lorsque le président du conseil général de l’Essonne, Jérôme GUEDJ, est interrogé sur le sujet. Il déclare que « l’avenir de l’Essonne et de la Région passe par des liaisons banlieue à banlieue, ici avec les pôles de Massy, d’Évry et d’Orly. ». Réponse surprenante.

D’une part, la tangentielle Juvisy-Versailles est une liaison de banlieue à banlieue : elle dessert actuellement 3 départements sans passer par Paris (avec un changement à Juvisy pour ceux qui viennent de la Seine-et-Marne) ! D’autre part, en cas d’incident sur la ligne C ou de trafic perturbé (situations fréquentes : grèves, suppressions de train sans explication, etc), les trains des branches C4 (Paris-Dourdan) et C6 (Paris-Saint-Martin-d’Étampes) ne sont pas accessibles aux heures de pointes tant ils sont bondés. La solution de repli utilisée par la plupart des voyageurs sud-franciliens est d’emprunter la ligne C8 (Paris-Juvisy-Versailles). Avec le TTME, ils ne pourront plus le faire ! Où est le progrès ? Ajoutons les perturbations prévisibles qui seront générées par les trains de la future autoroute ferroviaire Atlantique sur la ligne C. Le tableau sera complet ! Le projet de TTME représente une dégradation de service pour des milliers d’usagers. (3)

PAS DE DÉSENCLAVEMENT POUR SAVIGNY-SUR-ORGE, JUSTE LES NUISANCES DU PASSAGE

Quant au quartier de Grand-Vaux, il n’est absolument pas désenclavé comme il se doit, c’est-à-dire avec une station au cœur du secteur. La CALPE oublie un peu vite les avis défavorables déposés par les associations environnementales lors de l’enquête publique, notamment parce que ce projet n’est pas satisfaisant pour la commune de Savigny-sur-Orge. Les 6 000 habitants de Grand-Vaux devront emprunter les liaisons piétonnes avant de pouvoir rejoindre les stations d’Épinay-sur-Orge et de Petit-Vaux. Idem pour les usagers et les lycéens depuis la station de Morsang-sur-Orge. Enfin, la station optionnelle et conditionnée à la hauteur du parc du Séminaire, au droit du chemin des Franchises, a été supprimée de l’avant-projet approuvé par le STIF.

Il faudra aux élus de la CALPE et de Savigny-sur-Orge, ainsi qu’aux associations locales, être vigilants sur la réalisation – prévue dans l’avant-projet – des cheminements piétons sécurisés qui représentent le seul mode de desserte du TTME pour Savigny-sur-Orge.


DOCUMENT
« Tram-train Massy-Evry : l’avant projet validé par le STIF.
L’avant-projet relatif à la réalisation du tram-train entre Massy et Evry a été approuvé par le Syndicat des Transports d’Ile-de-France. Le tram-train permettra de renforcer l’offre de transport entre deux pôles économiques majeurs de l’Essonne, Massy et Evry, à l’horizon 2019. L’agglomération est concernée par ce projet qui permettra d’améliorer la desserte du quartier de Grand Vaux à Savigny-sr-Orge.
Un tracé de 20km, 16 stations, 13 communes de l’Essonne traversées
Le tram-train Massy-Evry reliera la gare RER B de Massy-Palaiseau à la gare RER D d’Evry-Courcouronnes en 39 minutes. Sa fréquence sera de 10 minutes en heure de pointe.
Une opportunité pour le développement économique et l’aménagement du territoire
Le tram-train reliera deux pôles économiques majeurs du nord de l’Essonne. Il améliora le déplacement en rocade, dans des conditions de transport optimales pour les voyageurs, grâce à un matériel roulant innovant et performant.
Le projet représente une opportunité majeure en termes de désenclavement, d’urbanisme et d’aménagement durable pour les territoires concernés (desserte des quartiers de Grand Vaux à Savigny-sur-Orge et de la Grande Borne à Grigny, liaisons douces, stations vélos…). »
Site internet de la CALPE, www.portesessonne.fr, 12 juin 2014.


SOURCES 
1. Grégory PLOUVIEZ, « L’arrivée du tram-train freinée par la hausse de la facture », Le Parisien Essonne-matin, 6 juin 2014, p. VIII.
2. Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Pierre JACQUEMARD, « Plusieurs associations s’opposent à la suppression de la ligne tangentielle du RER Juvisy-Versailles », Liaison n°151, mars 2013, p. 16, pdf : LIAISON mars 2013 -Article RER-C8.
3. Site internet de la CALPE :
http://www.portesessonne.fr/Votre-agglo/Toute-l-actu/Vivre-et-Entreprendre/Tram-train-Massy-Evry-l-avant-projet-valide-par-le-STIF.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 12 juin 2014.

Autoroute ferroviaire Atlantique : quelles sont les positions des élus de Savigny-sur-Orge et de la CALPE ?

La première enquête publique sur le projet d’autoroute ferroviaire Atlantique (AFA) passant par la ligne du RER-C est close depuis le 5 juin 2014, minuit. Certaines collectivités territoriales franciliennes ont pris position contre le projet suivant l’exemple de Drancy. D’autres, comme Viry-Châtillon, ont demandé qu’une nouvelle enquête publique soit réalisée ne sachant apparemment pas que la prochaine sur le même sujet, avec des aspects différents, est programmée entre le 23 juin et le 23 juillet 2014. (1)

UN REGISTRE ÉLECTRONIQUE CONSULTABLE EN LIGNE

Le registre électronique des observations émises entre le 5 mai et le 5 juin 2014 est consultable sur le site internet de la préfecture du Pas-de-Calais. Il comporte 188 pages d’avis de citoyens, d’associations et de collectivités. (2) On peut y lire les doléances des municipalités de Chamarande, Étrechy et Villemoisson-sur-Orge. (3) Les maires de ces communes essonniennes s’inquiètent surtout des nuisances d’usage avec la ligne C du RER.

L’AVIS DÉFAVORABLE D’UNE COMMUNE VOISINE DE PEE

François CHOLLEY, maire de Villemoisson, vice-président de la communauté d’agglomération du Val d’Orge et président du Syndicat de l’Orge (SIVOA), donne un avis défavorable en le motivant ainsi : « Les convois empruntant l’autoroute ferroviaire emprunteraient le tronçon entre Juvisy-sur-Orge et Brétigny-sur-Orge. Il s’agit de deux fois deux voies totalement saturées aux heures de pointe par les trains de la ligne C. L’étude n’aborde pas les conséquences sur le trafic de voyageurs du passage de plusieurs convois de grande longueur plusieurs fois par jour. Or ce tronçon faute d’entretien suffisant fait déjà l’objet de nombreuses perturbations (retard, suppression de missions, ralentissement) avec un taux de régularité très faible descendant sous les 80 %. La commune de Villemoisson-sur-Orge émet donc un avis défavorable tant que les conséquences sur le temps de transport des voyageurs n’auront pas été abordées et traitées pour les réduire voire les éviter. » (4)

ET SAVIGNY-SUR-ORGE ? ET LA CALPE ?

L’association PEE a transmis une copie de son avis à Éric MEHLHORN, maire de Savigny-sur-Orge et conseiller général, et à Robin REDA, président de la communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE). A moins qu’ils n’aient rédigé un avis papier sans le communiquer par le biais du site internet de leur collectivité, de la presse, des bulletins d’information ou des séances de leur conseil respectif à leurs administrés, il semblerait que ni la municipalité de Savigny-sur-Orge, ni la CALPE n’aient pris de position officielle sur le sujet. Qu’attendent les élus de ces collectivités ? Les riverains, les usagers et les associations ne comprennent pas leur silence durant tout le mois de l’enquête publique. Ils leur demandent de prendre position au plus vite.

SOURCES
1. Site internet de la préfecture du Pas-de-Calais : « Une enquête publique unique relative à l’autoroute ferroviaire Atlantique est ouverte du 23 juin au 23 juillet 2014. Cette enquête porte sur les volets suivants : la déclaration de projet relative à la construction d’un terminal de transbordement sur la commune de Tarnos (département des Landes), la déclaration de projet relative à la construction d’un terminal de transbordement sur la commune de Dourges (département du Pas-de-Calais), la déclaration de projet relative aux travaux sur le réseau ferré national dans le cadre du projet d’autoroute ferroviaire atlantique par Réseau Ferré de France, la mise en compatibilité du plan local d’urbanisme de la commune de Tarnos et leurs impacts environnementaux. Le public peut faire part de ses observations, propositions ou contre-propositions : soit sur le registre unique ouvert à compter du 23 juin 2014 en préfectures de la Seine-Saint-Denis, de la Seine-et-Marne, de l’Essonne, du Val-de-Marne et de l’Oise, soit dans les mairies suivantes » : … « pour le département de l’Essonne : Vigneux-sur-Seine »« soit dès l’ouverture de l’enquête par courrier au président de la commission d’enquête à l’adresse suivante : Préfecture du Pas-de-Calais, DAGE-BPUPSUP, Autoroute Ferroviaire Atlantique, rue Ferdinand Buisson, 62020 ARRAS CEDEX 9, soit en complétant le registre électronique mis en ligne sur le site internet de la préfecture du Pas-de-Calais » … (http://www.pas-de-calais.gouv.fr/Publications/Consultation-du-public/Enquetes-publiques/Enquete-environnementale/Projet-d-autoroute-ferroviaire-Atlantique/Enquete-publique-23-juin-au-23-juillet-2014). Ouverture de l’enquête publique n°2 (pdf) : AVIS EP.
2. Registre électronique des observations émises, 5 mai au 5 juin 2014, 188 p. (pdf) : enquête autoroute ferroviaire n°1 – Atlantique – Avis reçus 5 mai-5juin2014.
3. Chamarande : avis de Madame JOLIVET, maire, figurant en pages 179-181 du registre électronique (5 juin 2014). Étrechy : avis de Madame DAILLY, maire, figurant en pages 177-179 du registre électronique (5 juin 2014). Pour l’Essonne, lire aussi l’avis des habitants de Brétigny-sur-Orge (p. 169, 5 juin 2014), d’Étrechy (p. 81, 28 mai 2014, et p. 149, 4 juin 2014), de Lardy (p. 109, 4 juin 2014), de Palaiseau (p. 2, 5 mai 2014),  de Viry-Châtillon (p. 89, 29 mai 2014). Trois présidents d’association essonnienne ont déposé des avis électroniquement : une à Juvisy-sur-Orge (pp. 186-187, 5 juin 2014), une de Saint-Michel-sur-Orge (p. 56, 23 mai 2014), enfin une de Savigny-sur-Orge, PEE (p. 145, 4 juin 2014).

4. Villemoisson-sur-Orge : avis de Monsieur CHOLLEY, maire, figurant en page 170 du registre électronique (5 juin 2014).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 10 juin 2014.

Modification de la Charte de l’environnement en catimini…

Dans l’indifférence médiatique la plus complète, le principe de précaution inscrit dans la Charte de l’environnement a été amendé par le Sénat le 27 mai 2014. Pourtant ce texte possède une valeur constitutionnelle !

De quoi s’agit-il ? Les amendements sont destinés à souligner que le principe de précaution est aussi un principe d’innovation. (1) Ainsi, l’article 5 modifié de la Charte confie aux autorités publiques la mission de veiller à ce que le principe de précaution ne soit pas un obstacle au développement de la connaissance, de l’innovation scientifique et au progrès technologique. (2)

Remettre en question le principe de précaution, qui protège les populations des projets industriels potentiellement dangereux, au profit du principe d’innovation est une façon de relancer les débats sur les OGM ou les gaz de schiste. C’est une porte ouverte à l’expérimentation de nouvelles techniques dans ces dossiers. Les associations doivent renforcer leur vigilance.

En proposant « d’authentifier » et de certifier par la loi les expertises scientifiques (article 7 modifié), le travail des associatifs et des citoyens ne serait plus considéré comme source d’informations à fournir au public. Les données scientifiques seraient désormais seules soumises au débat public, ce qui s’apparente à une atteinte à la démocratie.

Le texte doit maintenant recevoir l’aval de l’Assemblée nationale.

SOURCES
1. La proposition de loi constitutionnelle a été déposée au Sénat le 3 décembre 2013 par Jean BIZET (UMP) et plusieurs de ses collègues. Ils ont craint qu’une mauvaise compréhension du principe de précaution renforce les réticences envers la science, la méfiance à l’égard de l’innovation et du progrès technologique, et soit un frein aux activités de recherche et de développement économique. Le texte, modifiant les articles 5, 7 et 8 de la Charte de l’environnement, a été principalement voté par les sénateurs PS et UMP. Leurs collègues EELV et communistes ont voté contre, tout comme la sénatrice Chantal JOUANNO (UDI), fondatrice du think tank pour l’innovation écologique Ecolo Ethik. Elle a d’ailleurs déposé un amendement – rejeté – qui allait dans le sens du retrait du texte. L’engagement pour la protection de l’environnement n’est donc pas une affaire de partis politiques… Dossier consultable sur le site internet du Sénat (http://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppl13-183.html) ; Proposition de loi constitutionnelle (pdf) : pion1975.
3. Geneviève FIORASO, secrétaire d’État en charge de la Recherche, discours du 28 mai 2014, www.enseignementsup-recherche.gouv.fr : Principe de précaution : P.P.L. visant à modifier la Charte de l’environnement – ESR : enseignementsup-recherche.gouv.fr  (document pdf).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 9 juin 2014.

Le mystérieux pont-rail de Savigny-sur-Orge (autoroute ferroviaire Atlantique)

Le dossier d’enquête publique (DEP) sur l’autoroute ferroviaire Atlantique (AFA) mentionne des travaux sur des ouvrages d’art, dont celui de Savigny-sur-Orge : un pont-rail de type « bac à fleur ». (1) Où se trouve-t-il ?

DESCRIPTION DU PONT-RAIL DANS LE DEP

La photographie insérée dans l’étude d’impact n’est guère explicite. Seules mentions signalées pour les initiés : « Cet ouvrage est situé sur la commune de Savigny-sur-Orge, sur la ligne 570 000 (Paris-Bordeaux), au PK 22+050. Il est composé de 4 tabliers disposés parallèlement et supportant chacun une voie (1, 2,1 bis et 2 bis). Posés en 1980, les tabliers extérieurs, obstacles à l’autoroute ferroviaire, portes les voies 1 bis et 2 bis. » (2)

Pont rail de Savigny-sur-Orge

Le pont-rail de Savigny-sur-Orge. DEUP : Pièce 2, volume 2, figure 192, p. 283. Photo SNCF.

L’avez-vous reconnu ? Il s’agit du pont-rail de la rue de la Martinière, construit vers 1842, modifié en 1903.

UN PEU D’HISTOIRE SAVINIENNE

En 1841, le tracé du chemin de fer de Paris à Orléans coupe le territoire de la commune. Des passages à niveaux sont décidés sur treize voies de communication (avenue, rues, sentiers). Les habitants du quartier de Saint-Martin sont alors enclavés entre le railway et l’Orge. À force de négociations, la municipalité appuyée par la maréchale Davout obtient la suppression des passages à niveaux au profit de ponts, sauf celui de l’avenue du château (future avenue de la gare). Les terrains acquis, les travaux terminés, la ligne est inaugurée solennellement le 2 mai 1843 sans arrêt à Savigny, aucune gare n’ayant été prévue.

La maréchale avait grandement facilité l’exécution des travaux du chemin de fer en cédant des terrains au plus bas prix courant. Elle réclame à la direction de la Compagnie une preuve de sa reconnaissance en sollicitant l’établissement d’une station avec arrêt le matin et le soir. Après de longues discussions, un avis favorable est donné. La maréchale cède gratuitement un petit terrain à proximité du pont de la Cave (actuel pont Joliot-Curie), derrière l’école Joséphine, afin qu’une station provisoire soit construite. Ouverte le 18 février 1845, elle est maintenue à titre définitif…

Pont-rail de la rue de la Martinière

Pont-rail de la rue de la Martinière. En haut, à gauche, on aperçoit le mur d’enceinte du cimetière. La rue de l’Egalité se trouve immédiatement à gauche en sortant du pont. A droite, un petit sentier mène à des maisons particulières. (carte postale colorisée, affranchie en 1930)

Après les deux catastrophes ferroviaires de Juvisy-sur-Orge et Choisy-le-Roi à la fin du XIXe siècle, l’urgence du doublement des voies de la ligne Paris-Orléans se fait ressentir. Le décret d’utilité publique est publié en mars 1901 pour la section Paris – Brétigny. En 1903, les travaux commencent. La petite station est démolie afin de construire légèrement en amont de la ligne une véritable gare. Son architecture reprend le modèle le plus élaboré de l’époque : un corps central à étage carré flanqué de deux ailes plus basses. Sous la toiture, la frise faite de mosaïques portant l’indication Chemin de fer d’Orléans est toujours visible. (3)

Vue aerienne

Vue aérienne du secteur de la gare prise en direction du cimetière de la Martinière au début des années 1950. Le rectangle ajouté signale l’emplacement du pont-rail.

LES TRAVAUX ENVISAGÉS POUR LE PASSAGE DE L’AFA

Le tablier du pont-rail fait obstacle au passage des convois dont la largeur est de 2,55 mètres. De ce fait, il est prévu de relever les voies 1 bis et 2 bis, sur une longueur de 250 mètres chacune, et sur une hauteur d’au moins 18 centimètres.

Pont rail de Savigny-sur-Orge 2

Tablier extérieur du pont-rail de Savigny-sur-Orge. Pièce 2, volume 2, figure 191, p. 283. Photo SNCF.

Les caniveaux seront déposés et reposés avec un ripage des câbles. Suite à ce relèvement des voies, les équipes de la SNCF-GID effectueront des ajustements de caténaires en hauteur. (4)

Pont rail de Savigny-sur-Orge - Annexe DEUP AFA

Annexe technique du DEUP. Pièce 2, volume 4, chapitre 4, p. 259.

La commune de Savigny-sur-Orge est la seule impactée par des travaux sur des ouvrages d’art dans le secteur de la communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne (CALPE).

SOURCES
1. Voir article de Philippe TRENTY : http://portes-essonne-environnement.fr/lautoroute-ferroviaire-atlantique-passera-t-elle-par-la-ligne-du-rer-c/.
2. Dossier d’enquête publique (DEP) : Pièce 2, étude d’impact, volume 2, chapitre 3, p. 283 (www.viia.fr).
3. Sous la direction de Bernard MÉRIGOT, « La mémoire de Savigny-sur-Orge n°10 », « Le chemin de fer de Paris à Orléans, 1843-2005 », 2005, 8 p. ; Groupe d’étude sur l’histoire de Savigny-sur-Orge, sous la direction de Sylvie MONNIOTTE, Mémoire en images : Savigny-sur-Orge, Éditions Alan Sutton, 2008, 128 p.
4. Dossier d’enquête publique (DEP) : Pièce 2, étude d’impact, volume 2, chapitre 3, p. 282-283 ; Pièce 2, étude d’impact, volume 4, chapitre 4, p. 259 (www.viia.fr).

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 30 mai 2014.

Tram-train Massy-Évry, tramway T7 : entretien avec le STIF

Le mercredi 2 avril 2014, les responsables de la division Tram Sud de la région francilienne du Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF) ont reçu pendant près de deux heures le conseil d’orientation de l’association Les Portes de l’Essonne Environnement (PEE). Ils ont ainsi présenté l’avancement des dossiers relatifs au tram-train Massy-Évry (TTME) et à la prolongation du tramway T7 entre Athis-Mons et Juvisy-sur-Orge, suite aux enquêtes publiques réalisées en 2013.

Participants au nom du STIF :
M. Éric MAUPERON, directeur de la division Tram TCSP Sud Ile-de-France
M. Guiseppe INFANTE, chargé de projet TTME à la division Tram Sud
Mme. Alexandra ROY, chargée de projet du prolongement T7 Athis-Juvisy
M. Vincent LECOQ, chargé de mission DPI/ Pôle de concertation

Participants au nom du conseil d’orientation de PEE :
M. Jean-Marie CORBIN
M. Pierre JACQUEMARD
M. Bernard MÉRIGOT
Mme. Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT
Mme. Dominique VINCENT

COMPTE RENDU CIBLÉ
Après une rapide présentation des objectifs de la jeune association PEE et des membres de son conseil d’orientation en matière d’intelligence territoriale, le STIF a procédé à une mise en lumière des éléments historiques sur la réalisation du TTME et du T7 à l’aide d’un diaporama détaillé sur les deux sujets. La plupart des acteurs de PEE étant bien informés sur ces projets grâce à leurs activités passées au sein de différentes associations environnementales et leur participation aux enquêtes publiques, l’entrée dans le vif des sujets a été rapide. Où en sont ces projets en avril 2014 ?

1. TTME
La commission d’enquête a émis un avis favorable au projet, tout en formulant onze recommandations et une réserve. La déclaration d’utilité publique a été signée le 22 août 2013.

Novembre 2013 - STIF TTME

Ligne du tram-train Massy-Évry. © STIF, novembre 2013. (1)

Le tracé : la station de Savigny-sur-Orge est écartée du projet. Par contre, la création d’une station est actée à Champlan, de même une deuxième à Viry-Châtillon (près de la Grande-Borne). Elles intègrent donc la phase d’études d’avant-projet. Le prolongement Massy-Versailles devra être mis en service le plus rapidement possible après l’ouverture de la ligne Évry-Massy. Les deux dossiers ayant été menés avec un décalage, le premier tronçon sera ouvert en 2018/2019, le second vers 2020 (2).
L’avant-projet du TTME sera présenté au conseil d’administration du STIF probablement en mai 2014, restera ensuite à finaliser le projet (mobilier, végétation, cahiers des charges des entreprises…). Le financement serait assuré (450 000 € dont 250 000 pour l’insertion urbaine), y compris celui découlant de l’enquête parcellaire réalisée en décembre 2013.

Le RER-C8 reliant Juvisy à Versailles, sans changement, est définitivement supprimé. A ce stade d’avancement du TTME, il est vain d’espérer un retournement de situation en faveur des usagers de Savigny-sur-Orge qui perdent une liaison avec Versailles tout en subissant les nuisances du passage du TTME dans la ville. Les arbitrages du STIF sont appuyés par la majorité des élus départementaux et régionaux et sont rendus définitifs.
L’insertion à Grand-Vaux (Savigny-sur-Orge), cheminements et circulation douces : le STIF s’engage à aménager les accès du quartier de Grand-Vaux vers les stations d’Épinay-sur-Orge et Petit-Vaux. Seuls des cheminements piétonniers et cyclistes sont étudiés. Le mode doux est une constante privilégiée. Contrairement à une proposition avancée par des candidats aux élections municipales, l’avant-projet n’envisage nullement de créer un passage de bus (mini ou grand gabarit) au droit de la rue Auguste-Renoir doublant celui des circulations douces. Même si cela est demandé, il y a peu de chance que cela se concrétise car le document est en cours de bouclage.
Quant au cheminement longeant l’Yvette et passant sous le chemin de fer pour aboutir à la route de Corbeil (RD25), l’achoppement reste l’étroitesse et la dangerosité des lieux sous le pont. Des projets sont formulés avec les services du Syndicat intercommunal pour l’aménagement hydraulique de la vallée de l’Yvette (SIAHVY) en cohérence avec la loi sur l’eau.

Les travaux à partir de mai 2015 : des dispositions seront prises afin de permettre aux riverains de continuer à vivre normalement (accès à leur garage ou parking, accès aux commerces). Un numéro d’appel unique sera mis en place afin de suivre l’évolution des travaux. La continuité de service sera assurée pour les usagers de la ligne du RER-C (C8 Juvisy-Versailles), les travaux étant avant tout programmés en dehors de la circulation des trains. Une coupure pouvant néanmoins être possible durant l’été, des moyens de substitution seront prévus.
Le matériel roulant : les rames seront équipées de 95 places assises pour un nombre moyen de 250 voyageurs, ce qui est très faible. Le nombre de voyageurs par jour attendu est de 40 000, avec des plages d’heures de pointe allant de 6h à 9h, puis de 16h à 20h pour un temps de service de 5h du matin à minuit. Six TTME par heure de pointe seront actifs, évoluant en parallèle avec un train de fret puisque RFF se réserve un sillon.
Question en parallèle du projet de Grand stade de rugby : la capacité du TTME sera-t-elle suffisante les jours de match ? (voir article sur le sujet : http://portes-essonne-environnement.fr/le-grand-stade-de-rugby-ne-fait-pas-lunanimite/)
Les vélos dans les rames : le STIF s’engage à permettre leur accès à bord aux conditions actuelles définies pour le RER-C, à savoir pas en heures de pointe. Il n’a pas été prévu de soutes réservées car les arrêts sont très courts (20 secondes), le temps de chargement et de déchargement serait insuffisant. Les stations seront équipées, à l’instar du tramway T7, de locaux pouvant accueillir les vélos. Elles bénéficieront d’un réseau de voies de déplacements doux, créé en bonne intelligence territoriale.
Le réseau de bus desservant les stations du TTME : la réorganisation est prévue afin de favoriser un meilleur rabattement vers les stations. La gare routière d’Épinay-sur-Orge sera ainsi dimensionnée pour accueillir une troisième ligne de bus.
Le problème des inondations éventuelles dans les zones d’expansion de l’Orge et de l’Yvette (réserve émise par la Commission) : des études seront menées afin de préciser les dispositions à prendre dans les zones inondables.

2. Le tramway T7 et son prolongement entre Athis-Mons et Juvisy-sur-Orge
La commission d’enquête a émis un avis favorable assorti de 6 recommandations. La déclaration d’utilité publique a été signée le 27 novembre 2013.

Ligne T7 Villejuif - Juvisy-sur-Orge. STIF, janvier 2014.

Ligne T7 Villejuif – Juvisy-sur-Orge. © STIF. (3)

Les travaux sur un tracé de 3,7 km comportant 6 stations : le démarrage est prévu en 2015, avec une mise en service prévisionnelle en 2018 pour 48 000 voyageurs/jour escomptés entre les deux terminus de ligne. Le tracé du prolongement du T7 est un projet ancien puisqu’il était annoncé au début des années 2000, y compris le tunnel sous le parc de la mairie juvisienne. La première section du T7 reliant le pôle multimodal de Villejuif à Athis-Mons a été inaugurée le 16 novembre 2013. La RATP exploite la ligne, et réalisera les travaux de prolongement avec ses tunneliers. L’organisation des travaux sera réalisée en concertation avec les riverains et les acteurs économiques.
L’
insertion dans Juvisy : elle est très discutée par les milieux associatifs locaux, tant au niveau du passage sous le parc que pour le centre-ville et son terminus au pôle multimodal de la gare de Juvisy (lien avec le RER-C et le RER-D). Le STIF assure que la station souterraine de l’Observatoire sera conçue afin de minimiser le sentiment d’insécurité. Le projet de réaménagement de la gare RER avec un nouveau bâtiment de voyageurs, distinct de l’arrivée du T7, sera réalisé de façon concomitante afin de réduire les impacts durant les travaux. L’usage mixte de la chaussée, véhicules/T7, sur la rue Estienne d’Orves notamment, suscite quelques inquiétudes – 300 à 400 véhicules circulent en heure de pointe.
Retour d’expérience sur la ligne ouverte : actuellement, les tramways circulent à une fréquence de 6 mn en heure de pointe. Celle-ci sera réduite à 4 mn lorsque la ligne 14 du métro arrivera à Orly. Il est à noter que les usagers des villes limitrophes ne sont pas gagnants en empruntant le T7 au lieu du RER-C. L’éloignement du lieu de résidence avec une ligne de bus rabattant vers une station de T7, au parcours comprenant de nombreux détours, est à l’origine d’une faible utilisation. Ce rabattement est ainsi dissuasif pour une partie des habitants de Savigny-sur-Orge, notamment ceux empruntant la ligne 292. Le STIF insiste sur la notion de cabotage nécessaire à la desserte des lieux de travail ou de loisir commercial, tandis que les associations préfèreraient que l’on raisonne en temps de parcours allant en diminuant afin de compenser les distances allant en augmentant. On peut s’étonner de la mise en avant de ce cabotage pour un tramway car cette mission devrait être dévolue aux bus en site propre aux coûts de réalisation kilométrique six fois plus faible et d’exploitation deux fois plus faible selon Cofely Ineo. (4)
Le problème du stationnement sur la ligne évacué au profit du réseau de bus : aucune aire de stationnement prolongée n’a été prévue aux pieds des différentes stations, ni au terminus « Portes de l’Essonne » à proximité d’une grande surface commerciale qui a vu une partie de son parking se transformer en parking T7 par les usagers. Le STIF a misé sur un redéploiement des lignes de bus. Toutefois, cela s’avère insuffisant, générant un allongement inutile des temps de parcours lorsque ces lignes de bus cabotent de façon tarabiscotée, sans réelle cohérence avec les besoins d’une partie des usagers résidant dans des quartiers éloignés. Deux suggestions : multiplier les liaisons directes, offrir davantage de lignes vers les stations du T7.
Les vélos : ils ne sont pas autorisés dans les rames. Des abris, dénommés Véligo, ont été construits. Les usagers peuvent les utiliser afin d’entreposer les cycles grâce au Pass navigo. Oui, mais voilà, pour l’heure, ils restent inaccessibles ! Le Stif suggère que la communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne prenne en charge le fonctionnement… Par ailleurs, la piste cyclable en site propre traversant l’aéroport d’Orly a été interrompue sur une grande partie de son tracé, rendant définitivement impossible le passage d’un point à un autre du lieu. Le STIF estime que la responsabilité incombe à Aéroport de Paris (ADP). Les torts sont certainement partagés. Les lignes de tramway réalisées par le STIF devraient prendre en compte le cheminement parallèle des vélos.

L’HISTOIRE D’UN TERRITOIRE NE S’ACCOMPLIT PAS DANS L’INSTANT

Le STIF rencontrera prochainement les nouvelles équipes municipales afin de procéder à une présentation des projets et aborder avec elles les sujets non résolus à ce jour. Les nouveaux élus, en particulier les omniscients, soit ignorent tout de l’historique, soit ont des idées préconçues, à l’image de l’ancienne maire de Savigny-sur-Orge qui exploita et instrumentalisa dans l’urgence, en faisant des effets d’annonce, son obtention d’une station pour Grand-Vaux en 2011 (obtention s’avérant fausse). Les autres jeunes élus, conscients de leur faiblesse née de la découverte d’un dossier, s’appuieront sur les services municipaux et les associations environnementales. Certains élus auront en mémoire le projet de tangentielle ferrée sud des années 1990, transformée en TTME avec des études de faisabilité au milieu des années 2000… pour une future mise en service en 2018-2020 ! D’autres pas. Le temps de la conception d’un projet d’infrastructure de transports en commun, de la concertation, de la réalisation n’est pas celui des mandats municipaux.

Quant aux membres du conseil d’orientation de PEE, ils suivent ces dossiers depuis plus d’une décennie. L’association restera très exigeante, suivant le concept de l’intelligence informationnelle au service de l’intelligence opérationnelle. En effet, certaines villes restent définitivement à l’écart de tout développement de transports en commun. Il en est ainsi de Savigny-sur-Orge qui ne bénéficie directement ni du TTME, ni du T7. Le STIF suggère d’étudier un maillage plus dense du réseau de bus couvrant cette commune, PEE rencontrera prochainement les services ad’hoc. Elle a demandé, par ailleurs, à être associée aux prochaines réunions menées par le STIF avec les partenaires locaux, ce qui fut acté.

L’histoire d’un territoire ne s’accomplit pas dans l’instant, mais dans la durée. Des territoires prennent les bonnes décisions au bon moment et voient leur accessibilité améliorée. D’autres territoires refusent de prendre les décisions d’aménagement et voient leur accessibilité se détériorer. Tous les territoires ne possèdent pas les mêmes atouts, tous les territoires n’avancent pas à la même vitesse. Les arbitrages intercommunaux, rendus parfois par défaut, avalisent une réalité incontournable : l’inégalité des équipements offerts aux habitants. Une raison de plus de construire des projets collaboratifs.

Pour en savoir plus
1. TTME : http://www.tramtrain-massyevry.frTTME Le journal STIF novembre 2013.pdf.
2. Prolongement du TTME vers Versailles : http://www.prolongement-ttme-versailles.fr.
3. T7 : http://www.tramway-t7.frT7 Lettre information STIF janvier 2014.pdf.
4. Couts de realisation et d’exploitation kilometrique des différents moyens de transports urbains – Guide de la mobilite – Cofely Ineo 2013.pdf.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 13 avril 2014.