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Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 (2) : nuisances aériennes, ce qu’ADP (Paris Aéroport) cache aux riverains

Depuis le 18 juillet 2016, les habitants de la vallée de l’Orge (où se trouvent notamment les villes essonniennes de l’ancienne CALPE intégrées dans l’EPT 12 : Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge, Morangis, Paray-Vieille-Poste, Savigny-sur-Orge et Viry-Châtillon) sont accablés par les survols quasiment continus d’avions à très basses altitudes en provenance ou en direction de l’aéroport d’Orly. La cause avancée : les avions décollent de la piste n° 2 en raison de travaux de réfection de la piste n° 4. (1)

Pourquoi tant d’avions au décollage sur la piste nord-sud d’Orly dite n° 2 ? Telle est l’interrogation posée aux responsables du site Internet Portes de l’Essonne Environnement (PEE) par ses nombreux lecteurs, particulièrement ceux qui habitent dans les communes concernées. (2) Cela revient à remettre en cause le contenu de la communication institutionnelle du groupe Aéroport de Paris (ADP), cautionnée par le ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer dont dépend la Direction générale de l’aviation civile (DGAC).

Tracés des différents décollages simulés par ADP - © ADP avril 2016

Tracés des différents décollages simulés par ADP. © ADP, avril 2016. (3)


Notre enquête

Pour aller au-delà de ce que ressentent les riverains survolés, pour examiner les faits et les arguments avancés, enfin pour être factuel, nous avons contacté :

  • La Maison de l’environnement et du développement durable de Paris-Orly (courriel : environnement.orly@adp.fr), malgré nos demandes insistantes concernant les chiffres de la répartition du trafic, nous a répondu à coté. Elle nous a fourni des informations très superficielles. Elle nous renvoie vers la DGAC pour la circulation aérienne.
  • La Direction Générale de l’Aviation Civile (courriel : environnement-dsna@aviation-civile.gouv.fr), également jointe, persiste dans un mutisme complet. Contrairement à la plaquette distribuée et les courriels de réponse de la Maison de l’environnement, la DGAC ne répond à aucun courriel. La rédaction de PEE est toujours dans l’attente de la première demande de renseignements effectuée le 18 juillet 2016, soit il y a 14 jours. Pas même une réponse d’attente. Nous sommes donc devant une assertion mensongère publiée et répétée, un non-respect d’un engagement public pris.
  • Nous avons également demandé des informations à des fins de recoupement auprès de l’association de défense des populations survolées du Val d’Yerres (AVEVY). Cette dernière dispose d’un excellent niveau d’expertise, d’outils statistiques et graphiques très puissants. AVEVY se tient à la disposition des associations de défense de l’environnement afin de leur transmettre des éléments de compréhension des survols inhabituels et pouvoir ainsi questionner ADP et la DGAC. Le directeur de la Direction des services de la navigation aérienne, Maurice GEORGES (depuis 2009), répondrait à ses demandes d’information en moins d’une heure… Pour étayer notre article sur l’utilisation de la piste n° 2 plus importante qu’annoncée de façon institutionnelle par ADP, nous avons donc entrepris une démarche auprès d’AVEVY sur le survol de la vallée de l’Orge et l’axe de la piste n° 2 durant la première semaine de travaux, précisément le dimanche 24 juillet. Particulièrement embarrassée par les questions posées, AVEVY a fourni un « chevelu » (une carte) des trajectoires empruntées par les avions sur la piste n° 3. Rien sur la piste n° 2 bien qu’elle dise qu’elle est en mesure de la faire. Elle a avoué préférer souhaiter maintenir ses relations, initiées depuis plusieurs années, avec le groupe ADP et la DGAC. D’ajouter les noms de deux sites publics de radar de poursuite. (4) Cette réponse n’a pas manqué de nous surprendre. (5)
VERS P2 AU-DESSUS COROT et SSO

Survol de Savigny-sur-Orge dans l’axe d’atterrissage de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, le 25 juillet 2016, vers 19 h 30. Au premier plan, le lycée Jean-Baptiste Corot non survolé habituellement, sauf utilisation exceptionnelle de la piste de secours n° 2. © Photographie, SMM/PEE.


Notre analyse

Analysons la situation avec les d’éléments à notre disposition.

Le nombre de vols. Au cours des différentes conférences données par AVEVY, le plafond du nombre de mouvements effectifs (décollages plus atterrissages) est donné pour un total d’environ 240 000 mouvements. (6)

Selon la réponse donnée par le groupe ADP le 19 juillet 2016, le nombre de mouvements a été de 744 pour la journée du 18 juillet 2016. (7)

  • Soit rapporté sur une année 271 746 mouvements, c’est-à-dire 13 % de plus que le plafond constaté. Le groupe ADP, sur sa plaquette officielle, prétend avoir réduit de 2 000 mouvements par rapport à son trafic habituel, soit seulement 57 mouvements par jour en moyenne. Notons que sur un autre document, ADP prévoit non pas la suppression mais la répartition des 2 000 sur d’autres tranches horaires « légèrement » moins fréquentées. (8)
  • Si on ajoute ces 57 mouvements au 744 du 18 juillet 2016, cela fait 801 mouvements par jour, soit rapporté sur une année 292 565.

A trafic journalier constant, le trafic estival est supérieur de 20 % au trafic annuel moyen. Un chiffre qu’il faut relativiser légèrement car, selon le jour de la semaine, le trafic est plus ou moins important.

L’aubaine des travaux. La décision du groupe ADP d’organiser les travaux l’été n’a aucune corrélation avec une quelconque baisse de trafic qui, bien au contraire, est augmentée avec les congés. Comme nous l’a suggéré AVEVY, ADP a organisé les travaux en cette période de l’année en misant sur l’absence pour les vacances d’été d’une partie des populations survolées. Ce raisonnement peut être jugé comme pervers de la part d’ADP, car il revient à chasser les riverains insatisfaits qui en ont la possibilité d’aller vivre ailleurs, et, à négliger le sort des populations empêchées de partir en vacances dans cette période de six semaines. Cela constitue une discrimination choquante.

La fréquence des vols. Nous avons également observé à l’aide d’un simple chronomètre numérique, que l’intervalle moyen au décollage de la piste n° 2 entre deux avions est d’environ 2 minutes. En raisonnant sur un trafic moyen équilibré entre atterrissages et décollages : 744 mouvements par jour, cela signifie 372 décollages. À raison d’un décollage toutes les 2 minutes, il faut donc 12,4 heures, soit 12 h 24 pour écouler tout le trafic. Or l’aéroport d’Orly est ouvert 17 h 30 par jour. (9) Cela signifie que l’aéroport d’Orly n’est pas saturé durant près de 5 h par jour.

Ou exprimé autrement, l’aéroport d’Orly fonctionne plus des deux tiers du temps en mode saturé. La notion de trafic de pointe ne veut plus rien dire alors que, sur la plaquette relative aux travaux 2016, ADP annonce l’usage de la piste n° 2 aux seules heures de pointe.

À raison d’un mouvement par piste toute les deux minutes, en 17 h 30, une seule piste ne peut absorber qu’un trafic d’environ 525 mouvements maximum (soit au maximum absolu moins des deux tiers du trafic).

Une situation prévisible qui cache une augmentation du trafic. Dans les faits, comme nous l’a suggéré AVEVY, par commodité d’exploitation, il est très peu probable que les contrôleurs aériens « jonglent » pour insérer « à-la-qui-mieux-mieux » des décollages sur la piste n° 3 en plus des atterrissages, avec les risques de collision que cela comporte. Par une plus grande facilité, le trafic habituel de la piste n° 4 est, probablement, quasi intégralement reporté vers la piste n° 2. (10)

Le groupe ADP et la DGAC ne pouvaient ignorer cette problématique. Ils savaient que la piste n°3 ne pourrait absolument pas contenir seule tout le trafic prévu. Ils ont donc menti délibérément aux populations dans l’intention de ne pas les braquer contre eux, avant le début des travaux, les plaçant ainsi devant le fait accompli. Et de leur faire accepter « en douceur » de nouvelles nuisances, discontinues – donc moins perceptibles – qui cachent les augmentations de trafic à venir.

DECOL P2 GARE JSO

Décollage depuis la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, au-dessus – en léger décalé – de la ligne du RER-C, au droit de la gare de Juvisy-sur-Orge, le 25 juillet 2016, vers midi. © Photographie SMM/PEE.


Quel respect pour les populations ?

Actuellement, face aux actuelles récriminations des riverains, la seule posture d’ADP consiste à répéter que les populations ont été informées quelques semaines au préalable. (11) C’est comme si un cambrioleur justifiait son geste par l’argument qu’il a prévenu qu’il allait attaquer une banque. « Vous allez subir de nouvelles nuisances. Vous ne pouvez pas vous plaindre. Vous êtes au courant. »

En fait, les riverains survolés sont confrontés à un habillage argumentaire. Il cache la montée d’une marche supplémentaire de l’escalier des nuisances aériennes.

Perruches à Savigny-sur-Orge (c) septembre 2015 Jean-Marie CORBIN

Seul un très grand rassemblement de perruches devant la piste n° 2 pourrait avoir raison du « rouleau compresseur » ADP-DGAC. © Photographie, Jean-Marie CORBIN, septembre 2015.


RÉFÉRENCES
1. Groupe ADP, DGAC, « Aéroport de Paris-Orly. Information sur les travaux de la piste 4 du 18 juillet au 28 août 2016 », plaquette n° 22509, 6 p., mai 2016 (pdf) : ORLY TRAVAUX 2016 – 22509 ADP. Ce document ne dit pas qu’il s’agit de la première phase de travaux de rénovation de la piste 06/24, dite n° 4. La seconde phase aura lieu durant l’été 2017. Puis ce sera au tour de la piste 3 en 2018 et 2019.
2. A noter que les nuisances continues créées par ADP en cette période estivale sont vécues également par plusieurs rédacteurs de PEE qui vivent dans la vallée de l’Orge actuellement survolée. C’est dire que nous comprenons le sentiment d’exaspération de nos lecteurs.
3. Communication du ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, Direction générale de l’aviation civile, « Travaux Orly piste 4 (06/24) du 18 juillet au 28 août 2016 », sous la direction de TRASSART-P, 16 mars 2016, 14 p. (pdf) : MEEM DGAC TO 2016.
4. Il s’agit des sites Internet étrangers Flightradar24 (https://www.flightradar24.com) et planefinder (https://planefinder.net/).
5. Tout comme la copie visible de la réponse courriel du directeur de la communication d’AVEVY à une association avec laquelle le périodique numérique référencé par la Bibliothèque nationale de France, PEE, ne souhaite pas être assimilé.
6. 10. Arrêté du 6 octobre 1994 limitant à 250 000 créneaux, soit 200 000 mouvements sur la plateforme aéroportuaire d’Orly (en théorie) : Ar_6_octobre_1994 JO199414328.
7. Réponse courriel de la Maison de l’environnement et du développement durable de Paris-Orly du 19 juillet 2016, 17 h 20.
8. Voir note n° 3.
9. Décision ministérielle du 4 avril 1968 instaurant un couvre-feu sur la plate-forme aéroportuaire d’Orly : decision ministrielle orly couvre feu 4 avril 1968.
10. Selon les jours car, il semblerait que, depuis que le président de Cœur d’Essonne (communauté d’agglomération de 21 communes) et certains maires de l’ancienne CALPE aient adressé un courrier au ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer au début de la seconde semaine des travaux afin d’obtenir d’ADP et de la DGAC le respect de leur engagement public d’utiliser la piste 2 aux seules heures de pointe, les nuisances se soient légèrement atténuées pour les habitants du val d’Orge riverains d’Orly. D’ailleurs, la soirée du 1er août et la matinée du 2 août 2016 ont été extraordinairement calmes pour tous les riverains concernés par l’axe de la piste 2 (Orly – Brétigny-sur-Orge) !
11. Dans son courrier au ministre, Cœur d’Essonne se plaint également d’avoir relayé une « information erronée » à ses administrés : CHEVALLIER Cécile, LOISY Florent, « Vallée de l’Orge. Les maires s’unissent contre ADP », Le Parisien Essonne-matin, 26 juillet 2016, p. I.

© Jean-Marie CORBIN, Bernard MÉRIGOT, 2 août 2016, 11 h 40.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.


Complément : Vidéo amateur d’un avion au décollage de la piste 2 le 20 juillet 2016.

Avion survolant Juvisy-sur-Orge et Savigny-sur-Orge dans l’axe de décollage de la piste 2 de l’aéroport Paris-Orly, durant les travaux 2016 de la piste 4, engendrant d’importantes gênes sonores dans un secteur habituellement calme pour ce type de nuisances, ainsi qu’une pollution atmosphérique s’ajoutant au trafic routier et ferré. Remarquez le croisement de l’avion décollant avec un avion atterrissant. L’avion décollant a emprunté l’axe Orly (piste 2) / Athis-Mons / Juvisy-sur-Orge / Savigny-sur-Orge / Morsang-sur-Orge / Villemoisson-sur-Orge / Epinay-sur-Orge vers Les Ulis… et l’ouest. © MFC pour PEE, 20 juillet 2016.

© Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 2 août 2016, 12 h 20.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Aéroport d’Orly. Chronique des travaux 2016 : tous les riverains sont des victimes potentielles

« Comment rendre acceptables des nuisances inacceptables ? » Cette question résume la tâche du gestionnaire de l’aéroport d’Orly, Paris-Aéroport (groupe Aéroport de Paris, ADP), et de son administration de tutelle, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) du ministère des Transports.

Gérer un aéroport qui accueille un nombre croissant de passagers, a pour conséquence d’augmenter sans cesse les nuisances causées aux riverains : nuisances permanentes et nuisances temporaires, nuisances de proximité immédiate et nuisances distantes, nuisances continues et nuisances discontinues. Tout habitant survolé par des avions a été, est ou sera atteint dans sa qualité de vie.

Les communes survolées (ainsi que les quartiers), les altitudes, les types d’appareils, les jours, les heures, les cadences… sont changeants. Ce 18 juillet 2016, un habitant demeurant à Villemoisson-sur-Orge, deux autres de Morsang-sur-Orge, quatre autres encore de Savigny-sur-Orge, trois de Juvisy-sur-Orge découvrent les débuts des travaux de la piste 4 par le ballet incessant des avions au-dessus de leurs têtes entre 7 h 20 et 23 h 25 environ. Ils vivent sous l’axe d’atterrissage et de décollage de la piste 2, dite de secours et utilisée en heures de pointe durant la période des travaux de rénovation des pistes principales. Cet axe ? Brétigny-sur-Orge, Sainte-Geneviève-des-Bois, Villemoisson-sur-Orge, Morsang-sur-Orge, Viry-Châtillon, Savigny-sur-Orge, Juvisy-sur-Orge, Athis-Mons vers la piste 2 d’Orly. Tous nous interpellent par courriel…

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Avion dans l’axe d’atterrissage sur la piste 2 d’Orly, arrivant de Brétigny-sur-Orge, survolant Savigny-sur-Orge, vers Juvisy-sur-Orge puis Orly, le 18 juillet 2016 à 7 h 33. Les aéronefs ne passent que très rarement par-là. © Photographie SMM/CAD.

Pour être complet sur le sujet, il faut préciser qu’un autre ballet se déroule au même moment afin de faire emprunter la piste 3 aux avions en phase de décollage et d’atterrissage, en procédure de piste unique. Là, ce sont les habitants des communes suivant l’axe Chilly-Mazarin / Marcoussis – Janvry voire Étampes qui souffrent. (1)

Le citoyen peut tout accepter sauf l’inacceptable. Témoignages (2)

« (…) Comment se fait-il que nous n’ayons pas été informés des travaux d’Orly ? Encore un été où ne pouvons pas profiter de notre jardin à cause des avions et de la piste 2. Aucun message sur le site de la ville, des liens ou des adresses mails qui ne fonctionnent pas sur d’autres sites contre les nuisances, des articles de presse qui ne nous apprennent rien ou si peu, des sites spécialisés dans les nuisances, qui ne pensent pas aux autres villes, même pas de tract dans nos boîtes aux lettres… Si nous avions su, nous aurions programmé nos vacances à partir d’aujourd’hui et pas avant ! Heureusement que vous (NDLR : PEE) annoncez que l’opération sera renouvelée trois ans de suite encore. Nous serons plus attentifs pour nos congés en 2017. (…) » (Monsieur P. A., Savigny-sur-Orge, 18 juillet 2016)

« (…) En achetant notre appartement à Morsang-sur-Orge, il y a quelques années, nous n’avions vu que le cadre agréable de la ville et la proximité du parc du Séminaire. Orly était loin… Bonjour le réveil ce matin ! Difficile de comprendre que les élus se fassent le relais des mensonges d’ADP en insistant sur les nuisances exceptionnelles ou ponctuelles pendant les heures de pointe. Les avions en direction de la piste 2 sont passés toute la journée ! Et en plus, la chaleur est écrasante. Même les boules Quies sont insuffisantes. Une seule solution, partir car nous ne croyons pas à la bonne volonté d’ADP. Tout cela s’est pour mieux faire passer l’augmentation des vols dans les années prochaines. (…) » (Madame S. V., Morsang-sur-Orge, 18 juillet 2016)

« (…) Nous ne savons plus à qui s’adresser, les politiciens qui n’écoutent pas et ne prennent pas en compte notre santé. Depuis ce matin, depuis 7 h 30 et jusqu’à maintenant 22 h 40, et ce n’est pas fini (…) nous ne pouvons pas ouvrir nos fenêtres à cause du ballet incessant d’avions devant les habitations de notre rue. N’y a t-il pas des horaires de vols à respecter ? Ce n’est pas normal que, chaque année, nous devions nous voir privés de notre liberté et de notre tranquillité pour la réfection des pistes. Chaque année de nouveaux travaux, de nouvelles pistes… Ça ne s’arrête plus. C’est toujours la même réponse que l’on nous fait chaque année. On se moque de qui ? Nous n’avions pas d’avions quand nous avons acheté à Villemoisson-sur-Orge il y a 17 ans (NDLR : en 1999). Depuis 2010, depuis plus de cinq ans, en juillet et en août, c’est infernal. Notre santé est mise en cause, nos jardins sont encrassés, nous faisons des allergies, nous ne pouvons pas ouvrir nos fenêtres malgré la chaleur, le stress, le bruit qui nous tape sur les nerfs, la télévision que nous devons mettre plus fort. Ce n’est pas normal. Nous avons acheté à Villemoisson-sur-Orge pour sa tranquillité et sa qualité de vie. Or l’été nous ne pouvons plus profiter de notre jardin. Les années passent et le flux d’avions de plus en plus important, du fait de la réfection annuelle des pistes. (…) » (Madame M. M., Villemoisson-sur-Orge, 18 juillet 2016)

« (…) Et revoilà les avions ! Je comprends tout à fait que l’aéroport d’Orly soit rénové régulièrement. Il en va de la sécurité des passagers et du personnel navigant. Moi-même, je prends l’avion pour mes activités professionnelles et cela me rassure de lire dans vos articles que les pistes sont refaites et mises aux normes européennes. Mais, et il y a un mais, pourquoi faut-il que nous soyons mis sous le fait accompli en nous faisant voler les avions durant six semaines sans en être informé avant par nos élus ? Et pourquoi diable ADP nous dit dans sa brochure que la piste 2 ne sera utilisée qu’en période de pointe le matin, dans l’après-midi et le soir, si c’est pour nous survoler volontairement sans arrêt hier ? C’est plus supportable aujourd’hui, surtout avec la clim en route, mais il y a de l’abus. Et je viens de rejeter un coup d’œil sur le site de la ville, ils font enfin une annonce ! « Savigny survolé à titre exceptionnel ». Ils se moquent de qui avec ce terme ? (…) » (Monsieur J. L., Savigny-sur-Orge, 19 juillet 2016)

Les nuisances aériennes ne sont pas négociables.

Les aéroports sont une source directe de nuisances pour les populations riveraines. Le survol par les avions, au décollage ou à l’atterrissage, affecte de façon inégalitaire et variable les territoires. Pourquoi cette commune, et pas une autre ? Pourquoi ce quartier ? Pourquoi ce jour-ci ? Pourquoi cette période ?

Quelle est la limite d’acceptabilité des nuisances par les habitants d’un lieu ? C’est-à-dire le seuil à partir duquel manifestations et révoltes se produisent contre une situation imposée.

Comment les services gestionnaires des nuisances aéronautiques procèdent-ils ? Par la pratique régulière d’une tactique basée sur l’incrémentation, c’est-à-dire reposant non pas sur des modifications importantes et brutales, mais sur des séries de modifications mineures et régulières : tous les jours, quelques avions de plus, un peu plus gros, un peu plus bas, pour voir si cette augmentation « passe » ou bien si les riverains protestent.

Une pause, et puis on reprend une autre série.

Chaque riverain est un cobaye sur qui on teste un protocole. Celui-ci associe actions et discours : les actions pour mettre devant des faits accomplis, les discours pour présenter des arguments qui emportent la conviction. Ses indifférences comme ses réactions sont observées.

  • 15 avril 2016. Annonce par Franck MEYREDE, directeur de l’aéroport d’Orly, du déploiement de nuisances nouvelles sur des zones jusque-là non exposées. Cela fait partie du dispositif de rénovation des pistes depuis que l’aéroport existe. Il n’est pas anodin de rappeler que cet aéroport n’a pas été construit en terrain vierge de toute habitation : il s’est inséré dans un tissu urbain préexistant. (3) Les communes riveraines connaissent la chanson, l’utilisation de la piste 2 est coutumière en cas de travaux. Annoncer que les survols auraient lieu d’une façon discontinue durant une pointe le matin, une pointe l’après-midi et une pointe le soir sur cette piste 2 a eu pour effet de rassurer. Publier une plaquette avec ce message en gros caractères gras, idem. (4) Communiquer aux communes riveraines ledit message, qu’elles reprennent sans sourciller, idem. (5) Communiquer à la presse ledit message, idem une dernière fois ! (6)
  • Lundi 18 juillet 2016. Les survols d’une façon continue de 7 h 20 à 23 h 25 environ ont provoqué de vifs mécontentements. L’association Portes de l’Essonne Environnement a adressé un courriel à la Maison de l’environnement et du développement durable l’aéroport de Paris-Orly. Voici comment ADP justifie les premières entorses à leur annonce initiale :
    Les « travaux engendrent des modifications d’exploitation de la plateforme ; les décollages et atterrissages des aéronefs s’effectuent essentiellement sur la piste 3 et sur la piste 2 en fonction du trafic. Ce dernier très dense hier 18 juillet (744 mouvements) a occasionné une exploitation de la plateforme sur les deux pistes en continu. Cette première journée de travaux n’a pas permis de gérer les 3 périodes de pointe comme il avait été annoncé et le contrôle aérien a fait face à plus d’une heure de retard dans la gestion des vols. La situation devrait progressivement s’améliorer. »  (7)
  • Mardi 19 juillet 2016. Les survols sont effectués d’une façon discontinue dès 7 h 19, avec des trafics plus ou moins réguliers, une petite pause dans la journée, davantage d’avions de petits gabarits. Cela a un effet rassurant. Il y a eu (un peu) moins de nuisances sonores. (8)
  • Et demain ? Et durant ces six prochaines semaines, jusqu’au 28 août s’il n’y a pas d’incident ou de problème météorologique ?

Interpeler toujours plus

La Charte de l’environnement, les chartes de bonne gouvernance, la Charte de la participation du public et de la démocratisation du dialogue environnemental, la gouvernance partagée, la concertation, la démocratie environnementale, la démocratie participative… nécessitent une prise en main permanente par le citoyen des dossiers qui le concernent dans son quotidien. Les nuisances aériennes en sont un exemple parfait.

Cowboys et shérifs dégainaient leurs pistolets au Far West pour résoudre leurs conflits, dégainez vos claviers pour dénoncer les manquements à ce qui a été annoncé ou pour communiquer vos observations. A qui ?
1/ A la Maison de l’environnement d’Orly qui gère les problèmes de nuisances : environnement.orly@adp.fr (9) ;
2/ A la direction générale de l’aviation civile (DGAC) qui s’occupe de la circulation aérienne : environnement-dsna@aviation-civile.gouv.fr ;

3/ Faites un envoi avec copie à votre maire, votre président de communauté d’agglomération ou d’établissement public territorial, vos conseillers départementaux, sans oublier le président, votre député, les sénateurs de votre département, le président de la métropole du Grand Paris si votre commune en fait partie… (10)

A vos courriels !

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Avion au-dessus de la ligne de chemin de fer, quartier de la Gare de Savigny-sur-Orge, dans l’axe d’atterrissage sur la piste de2 d’Orly, le 18 juillet 2016 à 7 h 28. Les aéronefs ne passent que très rarement au-dessus de ce quartier. © Photographie SMM/CAD.

La dissonance cognitive

Une dissonance cognitive se produit lorsque deux données contradictoires se succèdent, par exemple lorsque ce qui se produit ne correspond pas à ce qui est annoncé. Dans la situation présente, elle a un effet : habituer les riverains à vivre dans l’arbitraire, dans l’imprévisible, dans le doute. Ils ne savent à aucun moment ce qui va se passer. Ils sont obligés de se soumettre à la loi de l’incertitude, remerciant par avance, non pas l’amélioration de la situation qu’ils vivent, mais tout simplement, la non aggravation de ce qu’ils subissent, face à la menace du « ça pourrait être pire » qui demeure une éventualité est toujours possible. Est-ce une situation normale ?

RÉFÉRENCES
1. Groupe ADP, DGAC, « Aéroport de Paris-Orly. Information sur les travaux de la piste 4 du 18 juillet au 28 août 2016 », plaquette n° 22509, 6 p., mai 2016 (pdf) : ORLY TRAVAUX 2016 – 22509 ADP.

2. Témoignages parvenus au contact courriel de PEE ou aux contacts personnels des rédacteurs de PEE les 18 et 19 juillet 2016. A noter que le manque flagrant d’information sur les sites des collectivités territoriales riveraines d’Orly, de la presse locale, de certaines associations, et d’Orly, a conduit un nombre considérable d’internautes à lire les articles publiés sur le présent média référencé au registre du dépôt légal du numérique de la Bibliothèque nationale de France. La fréquentation du 18 juillet 2016 a atteint près de 3 600 lecteurs.
3. LAPEIGNE Marie, « 1946 – 2016 : il y a 70 ans, les Américains rendaient l’aéroport de Paris-Orly aux Français », www.portes-essonne-environnement.fr, 9 janvier 2016, : http://portes-essonne-environnement.fr/1946-2016-il-y-a-70-ans-les-americains-rendaient-laeroport-de-paris-orly-aux-francais/.
4. Voir note 1.
5. Les sites Internet des communes d’Athis-Mons, Brétigny-sur-Orge, Épinay-sur-Orge, Juvisy-sur-Orge, Morsang-sur-Orge, Sainte-Geneviève-des-Bois, Savigny-sur-Orge et Viry-Châtillon ont été consultés le 18 juillet et le 19 juillet 2016. Seuls ceux de Savigny-sur-Orge et Viry-Châtillon n’informaient pas leurs administrés le 18. Viry-Châtillon n’a toujours rien publié au moment de la publication de cet article.
6. Documents : « Aéroport d’Orly. Des nuisances à cause du chantier », Le Parisien Essonne matin, 18 juillet 2016, p. I (pdf) : 2016-07-18 LPE TRAVAUX ORLY ; LEMONNIER Jérôme, « Aéroport. Six semaines de travaux à l’aéroport d’Orly », www.essonneinfo.fr, 19 juillet 2016 (pdf) : ESSONNEINFO ORLY 19 juillet 2016.
7. A noter que le 19 juillet 2016, les avions ont survolés Savigny-sur-Orge à partir de 7 h 19 jusqu’aux environs de 23 heures.
8. Maison de l’Environnement et du Développement durable de l’aéroport Paris-Orly à Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, Courriel de réponse en date du 19 juillet 2016, à 17:20, au courriel qui a été adressé à ADP le 18 juillet 2016, à 23:50, sur le survol continu des communes de la vallée d’Orge suivant l’axe d’atterrissage vers la piste 2 ledit 18 juillet.
9. Maison de l’Environnement et du Développement durable d’Orly. Téléphone : 08 05 71 27 12 (appel gratuit / numéro vert). Courriel : environnement.orly@adp.fr. Site Internet : www.entrevoisins.org.
10. Quelques conseils. La plupart des collectivités territoriales possèdent une adresse ou un formulaire de contact pour les élus. Il en est ainsi  pour les maires (voir le site Internet de votre mairie), les départements (exemple pour l’Essonne : François DUROVRAY, voir sa fiche de contact sur http://www.essonne.fr/le-conseil-departemental/fonctionnement/lassemblee-departementale/#.V45ZyK4skfp), les communautés d’agglomération. Les sites Internet de l’Assemblée nationale et du Sénat ont une rubrique dédiée (députés : http://www2.assemblee-nationale.fr/deputes/liste/alphabetique ; sénateurs : http://www.senat.fr/elus.html). Seuls l’EPT 12 et la métropole du Grand Paris ne sont pas encore bien organisés sur ce sujet, donc contactez les services de presse. N’hésitez pas à utiliser aussi les réseaux sociaux pour atteindre les élus.

Vidéos
Les deux vidéos amateurs ont été prises à Savigny-sur-Orge, le 18 juillet 2016, à 8 h 19 (avion) et à 8 h 25 (avion à hélice) sur une partie de l’axe qui n’est habituellement pas emprunté par les aéronefs, ni en temps normal de trafic, ni en cas d’incident nécessitant l’utilisation de la piste 2 dire de secours, à savoir le tracé de la ligne de chemin de fer, là où l’État veut densifier la population. © Moyens techniques MFC pour PEE.

Pour en savoir plus sur la nature des travaux de l’été 2016, lire :

© Bernard MÉRIGOT, Marie LAPEIGNE, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 19 juillet 2016, 23 h 50.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

Aéroport d’Orly. 18 juillet 2016 : coup d’envoi des nuisances aériennes en raison des travaux de la piste 4

Durant cinq semaines, jusqu’au 28 août (en principe), Paris-Orly rénove la chaussée aéronautique 06/24, appelée aussi piste 4, et son système de balisage lumineux. Il en profite pour mettre aux normes européennes le seuil et les instruments de radio navigation. Il s’agit d’optimiser la plate-forme et de la sécuriser.

ORLY TRAVAUX 2016 - 22509 ADP

Plan de la plate-forme de l’aéroport d’Orly, extrait de « Aéroport de Paris-Orly. Information sur les travaux de la piste 4 du 18 juillet au 28 août 2016 », plaquette n° 22509 du groupe ADP, mai 2016, p. 1. (1)

Pour ce faire, une modification de l’exploitation de l’aéroport est nécessaire, à savoir :
– fermeture de la piste 4,
– utilisation de la piste 3 de façon unique pour les atterrissages et les décollages,
– utilisation de la piste 2, dite de secours, le matin, en début d’après-midi, le soir.

ORLY TRAVAUX 2016 - 22509 ADP DECOLLAGES

Les décollages durant les travaux 2016 de la piste 4 de l’aéroport d’Orly, extrait de « Aéroport de Paris-Orly. Information sur les travaux de la piste 4 du 18 juillet au 28 août 2016 », plaquette n° 22509 du groupe ADP, mai 2016, pp. 3-4.

ORLY TRAVAUX 2016 - 22509 ADP ATTERRISSAGE

Les atterrissages durant les travaux 2016 de la piste 4 de l’aéroport d’Orly, extrait de « Aéroport de Paris-Orly. Information sur les travaux de la piste 4 du 18 juillet au 28 août 2016 », plaquette n° 22509 du groupe ADP, mai 2016, pp. 3-4.

Le groupe ADP assure que le couvre-feu (entre 23 h 30 et 6 h) continuera de s’appliquer. Il faudra y être vigilant et ne pas hésiter à contacter la Maison de l’Environnement et du Développement durable d’Orly en cas d’atteinte à la tranquillité nocturne des Sud-Franciliens. (2) Étant des riverains exposés aux nuisances occasionnelles en temps normal qui deviendront permanentes durant ces travaux, les rédacteurs de PEE feront un état précis des manquements. Ils alerteront ADP.

Si vous subissez aussi des nuisances nocturnes, nous ne pouvons que vous inciter à être pleinement des lanceurs d’alerte. Pourquoi ? La raison est simple : aucun riverain, aucun élu, aucun fonctionnaire des collectivités territoriales riveraines ne peut dire ce qu’il adviendra de cet aéroport après sa rénovation totale et l’ouverture du bâtiment de jonction (en construction) entre les aérogares Ouest et Sud, avec accueil de gros porteurs. Un seul pressentiment, une exploitation générant davantage de nuisances. Si elles ne sont pas sonores du fait d’un technologie permettant de générer des avions moins bruyants, elles seront chimiques avec un air de plus en plus pollué par cette aéroflotte sans cesse croissante par son nombre ou sa taille. (3)

Les travaux de la piste 4 sont échelonnés sur deux années. Puis ce sera au tour de la piste 3… (4) Ce n’est donc que le début d’une série d’étés pollués par les nuisances sonores et aériennes pour des milliers de riverains non touchés habituellement par ce genre de désagréments ou seulement de façon ponctuelle. Si vous ne partez pas en vacances, en balade ou au travail durant cette période, à vos casques anti-bruit, bouchons d’oreilles ou boules Quies ! Au choix et bon courage…

RÉFÉRENCES
1. Groupe ADP, DGAC, « Aéroport de Paris-Orly. Information sur les travaux de la piste 4 du 18 juillet au 28 août 2016 », plaquette n° 22509, 6 p., mai 2016 (pdf) : ORLY TRAVAUX 2016 – 22509 ADP.
2. Maison de l’Environnement et du Développement durable d’Orly. Téléphone : 08 05 71 27 12 (appel gratuit / numéro vert). Courriel : environnement.orly@adp.fr. Site Internet : www.entrevoisins.org.
3. A la fin des travaux 2016, un article sera rédigé sur le sujet.

4. Lire les articles publiés sur le présent site Internet :

© Marie LAPEIGNE, 17 juillet 2016, 10 h.

ISSN 2495-1161. Dépôt légal du numérique, BNF 2016.

TTME, Epinay-sur-Orge / Morsang-sur-Orge. Et quand le secteur est inondé, que se passe-t-il ?

Les habitants du quartier Kennedy – Rossays à Savigny-sur-Orge ont été destinataires, dans leur boîte à lettres, du huitième numéro du Journal tram-train Massy-Évry, deux semaines après les inondations de l’Orge et de l’Yvette qui les ont paralysés en ce début juin 2016 !

Qu’apprend-on dans ce micro-journal dédié ?
1/ Un financement de 84 millions € permet d’engager les travaux concessionnaires, préparatoires et d’infrastructures sur la section ferroviaire.
2/ Le Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF) assure le financement à 100 % de 23 rames.
3/ Sur le secteur Épinay-sur-Orge / Morsang-sur-Orge, les travaux ont commencé au printemps 2016.

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« Les chantiers 2016 », Journal du tram-train Massy-Evry, pp. 2-3. (1)

Rien sur les inondations et les travaux durant cette période ou si la mésaventure se renouvelle… Pourtant, ces secteurs ont été considérablement touchés par la crue de l’Orge et de l’Yvette ! Jugez-en par les photographies ci-dessous :

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Extrémité de la rue des Rossays, près de la route de Corbeil. On aperçoit en arrière-plan le pont des Trois arches et au premier plan un engin du chantier TTME (numéro 1 sur le projet du PPRI de l’Orge et de la Sallemouille). © Photographie BM/CAD pour PEE, 2 juin 2016.

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Entrée du parc du Séminaire par la rue des Franchises à Savigny-sur-Orge (numéro 2 sur le projet du PPRI de l’Orge et de la Sallemouille). © Photographie BM/CAD pour PEE, 2 juin 2016.

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Parc du Séminaire à Morsang (numéro 3 sur le projet du PPRI de l’Orge et de la Sallemouille). Photographie extraite du site Internet de la ville de Morsang-sur-Orge, www.morsang.fr. (2)

PPRI Orge Sallemouille P Carto REG P14 Projet

Le plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) des vallées de l’Orge et de la Sallemouille (projet 2015). Le tracé épais noir représente la ligne du TTME, les numéros ceux des photographies illustrant cet article. Préfecture de l’Essonne, www.essonne.gouv.fr. (3) Cliquer sur le plan pour zoomer sur le secteur concerné.

RÉFÉRENCES
1. STIF, Transamo, Le Journal du tram-train Massy-Évry, numéro 8, juin 2016, 4 p. (pdf) : ttme-journal-n8_2.
2. Ville de Morsang-sur-Orge, « Face au inondations : aide et solidarité ! », www.morsang.fr/spip.php?article15214, 2 juin 2016.
3. Préfecture de l’Essonne, Plan de prévention des risques inondation des vallées de l’Orge et de la Sallemouille (PPRI), planche n° 15, projet, 2015 :  http://www.essonne.gouv.fr/content/download/15279/118555/file/Carto-regl-planche-15.pdf.

© Marie LAPEIGNE, 30 juin 2016, 21 h 30.

Brétigny-sur-Orge, Base aérienne 217. Des avions militaires aux drones et à l’e-commerce

Le Premier ministre Manuel VALLS (PS) a donné ses lettres de noblesse à la formule étonnante de « maire bâtisseur » au Congrès des maires en 2014. Celle-ci a été reprise par nombre d’élus, comme Valérie PÉCRESSE (LR), présidente du conseil régional d’Ile-de-France. Elle n’est pas récente puisque des géographes et des politistes l’utilisent depuis un certain temps déjà. (1) Un débat aujourd’hui dépassé puisque ce ne sont plus les maires mais les présidents de communauté, les présidents d’établissement public, les président de métropole… qui ont ravi aux maires la capacité d’être des bâtisseurs.

« Les maires bâtisseurs » disparaissent au profit des « présidents d’intercommunalité bâtisseurs »

On peut légitimement s’interroger sur ce qui rend recevable le concept de « maire bâtisseur » dans son ambition  de classer les élus locaux. L’expression personnalise à outrance le mérite de réalisations publiques en attribuant à une seule personne le mérite de les avoir conduites, oubliant le rôle collectif de la communauté municipale, tant au sein des conseils municipaux, qu’au sein de l’ensemble des populations concernées. Un équipement public n’est jamais un désir solitaire, mais un désir partagé par des citoyens.

La fonction bâtisseuse constituerait-elle un critère permettant de discriminer les « bons élus » des « mauvais élus » ? Sa reconnaissance constitue-t-elle un label ou bien un certificat anticipé pour un bilan de mandat avant de prochaines élections ? Le qualificatif est de toute façon chargé de significations implicites et de questionnements non formulés : que vaut-il mieux, en fin de compte, densifier l’espace urbain ou bien préserver les espaces libres ? A ceci près, que pour accéder au statut reconnu de « bâtisseur », il existe un préalable, pour qu’un espace public puisse entreprendre une urbanisation publique qui est de disposer à la fois :
•  d’un foncier libre,
•  des capacités financières pour procéder aux aménagements nécessaires.

Deux conditions qui se trouvent, semble-t-il, réunies par le projet d’aménagement de 300 hectares situés principalement sur les communes de Brétigny-sur-Orge et Le Plessis-Pâté. L’opération est conduite par Olivier LEONHARDT (DG), président de la communauté d’agglomération Cœur d’Essonne (21 communes, 260 000 habitants). Il concerne un espace non construit, occupé anciennement par la Base aérienne 217 (BA 217), propriété du ministère de la Défense, cédé pour 1 € à la communauté d’agglomération Cœur d’Essonne. (2)

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La Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge, les hangars, les bâtiments et la tour de contrôle. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA, 15 juin 2016.


300 HECTARES DE LA BASE AÉRIENNE 217 CÉDÉS POUR 1 EURO

Actuellement, le ministère de la Défense a rétrocédé les parties nord et sud de l’emprise de la BA 217 coupée en deux par la piste est-ouest qui relie deux blocs de bâtiments édifiés de part et d’autres. Cette rétrocession en deux parties non communicantes totalise 300 hectares. Elle a été confiée pour un euro symbolique à la communauté d’agglomération Cœur d’Essonne associée à la communauté de communes Val d’Essonne. (3)

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Entrée de la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA, 15 juin 2016.

Fort de cette opportunité foncière, ces communautés envisagent des aménagements ambitieux des terrains actuellement cultivés. Car, comme le reste des terres autour de Paris, celles-ci sont fertiles voire même les plus fertiles de la région.

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Terres agricoles de la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA, 15 juin 2016.

La chute du bloc de l’Est et la suspension de la conscription ont profondément modifié les missions et les moyens de la Défense nationale française. Dans un contexte où l’État est de plus en plus endetté, le ministère de la Défense a dû se séparer d’emprises dont il avait moins besoin, et dont l’entretien générait des charges importantes afin de réduire les dépenses et de dégager de nouvelles marges financières.

Le site de Brétigny-sur-Orge en fait partie. Base aérienne encerclée progressivement par l’urbanisation croissante de l’Ile-de-France, elle a cessé  ses activités les plus bruyantes depuis de nombreuses années déjà. À plus ou moins long terme, il était prévu la cessation complète de toute activité militaire sur le site. Le plan a récemment évolué. En effet, par exemple, la BA 217 sert actuellement de point d’accueil pour les soldats venus en renfort au titre de l’opération sentinelle.

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Équipements de la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA, 15 juin 2016.

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Piste de la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA, 15 juin 2016.

La visite de la BA 217

Le mercredi 15 juin 2016, Olivier LÉONHARDT et Patrick IMBERT ont accueilli Josiane CHEVALIER, préfète de l’Essonne, et François DUROVRAY, président du conseil départemental de l’Essonne, pour une visite des lieux et faire le point de la situation. (4)

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Visite de la Base aérienne de Brétigny-sur-Orge en présence de François DUROVRAY président du conseil départemental de l’Essonne (à gauche), de Josiane CHEVALIER, préfète de l’Essonne (au centre), d’Olivier LÉONHARDT, président de la communauté d’agglomération Cœur d’Essonne (au centre en arrière-plan), de Nicolas MÉARY, maire de Brétigny-sur-Orge et vice-président du conseil départemental de l’Essonne (avec un dossier rouge), le 15 juin 2016. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA.

La visite s’est ponctuée en plusieurs lieux où doivent figurer les premiers projets d’aménagements. Ces aménagements concernent pour l’essentiel des activités du secteur tertiaire, aucune activité dans le secteur secondaire, et un reliquat de moins de 75 hectares alloués au primaire à travers des cultures biologiques dont du maraîchage.

CE BA217 plan tri

« La Base » de Brétigny-sur-Orge, projet économique développé par la communauté d’agglomération Cœur de l’Essonne et présenté le 15 juin 2016 aux personnalités essonniennes. (5)

En termes de potentiel d’emplois, la cible fixée est de 10 000 postes. Comme projet principal défini, il nous a été notifié l’installation à venir d’un pôle logistique d’e-commerce totalisant 3 000 emplois sur une surface 32 hectares et 240 000 m² de bâtiments. Les paris sont ouverts : Amazon, Cdiscount, FNAC, Carrefour, Vente-privée ou encore un outsider ?

Les emprises Ouest et du Carré Nord offrent des capacités d’installations considérables, mais qu’en est-il des potentielles entreprises clientes ?

En effet, et bien que cela soit prestigieux, l’implantation des principaux acteurs du secteur des drones, ne saurait suffire à combler toutes les offres foncières de l’emprise.

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Visite de la Base aérienne de Brétigny-sur-Orge, démonstration de l’utilisation d’un drone. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

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Drone en vol, visite de la Base aérienne de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

50 hectares de l’emprise seront consacrés aux événementiels rassemblant des foules immenses pour des événements ponctuels. Dans un langage familier, cela pourrait se résumer en des « Woodstocks » où rien ne serait improvisé. (6)

PLAN BA217

Communauté d’agglomération Cœur d’Essonne, « La Base. 300 hectares d’avenirs », 2016, 8 p. (5)

Le problème des transports en commun

La question des transports doit être incidemment posée, que ce soit au fil de l’année ou lors des événements festifs ponctuels. Dans les deux cas, ceux-ci semblent à notre avis largement sous-évalués. La gare du RER-C de Brétigny-sur-Orge se trouve à plus de 2 km de l’entrée ouest de la BA 217. La voie routière qui longe l’emprise, la RD 19, est déjà bien chargée. L’implantation du gigantesque réseau de feux tricolores à l’intersection des RD 19 et 312 au nord n’a pas arrangé les choses, n’en déplaise aux promoteurs de ce genre de dispositif !

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Nœud routier sur la RD19, en Essonne. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

À propos du transport par câbles aériens appelés communément télécabines, les renseignements pris sur Internet font état d’une vitesse de 5 à 6 m/s (environ 18 km/h) et d’une capacité de 1 500 personnes par heure. (7) C’est bien en retrait des autres transports urbains y compris le bus en site propre qui a une capacité 2 fois supérieure.

Bretigny-sur-Orge Base 217 OpenStreetMap lieux

Localisation de « La Base » et de la BA 217 via Open Street Map.

Une question non évoquée par les officiels, celle de la dépollution des sols

Immanquablement, un terrain militaire crée, provoque et subit diverses pollutions par ses activités passées et présentes. Il est peu probablement que l’emprise de la BA 217 y ait échappé. Toute cession ou modification d’activité d’un site nécessite certaines actions afin de déceler les atteintes à l’environnement. « La dépollution constitue alors un préalable à la reconversion fonctionnelle des sites militaires » qu’il s’agisse de dépollution pyrotechnique, qui concerne les activités de défense militaire (champs de tirs, entreposage de munitions, camps militaires…), ou de dépollution industrielle, qui concerne les activités en temps de paix (stockage de carburant, entretien de matériel, déchets polluants…). (8) Lors de la cession de l’État à une collectivité territoriale ou un EPCI, le ministère de la Défense doit remettre à l’acquéreur un audit environnemental, une étude historique de pollution pyrotechnique répertoriant et analysant les activités du site, un diagnostic évaluant le degré de pollution des différentes zones du bien cédé.

Avant cession, un site militaire étant assimilé à une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), le ministère de la Défense prend en charge le démantèlement de l’installation classée, à savoir la dépollution industrielle, la remise en état et la mise en sécurité des lieux lors de l’arrêt de ses activités.

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Bâtiment désaffecté sur la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

Pour la dépollution pyrotechnique, dans le cadre des dispositions de l’article 67 de la loi n° 2008-1425 sur la cession à l’euro symbolique (avec obligatoirement complément de prix différé), « le cessionnaire est substitué à l’État pour les droits et les obligations liés aux biens qu’il reçoit en l’état ». Cette dépollution est donc à la charge de l’acquéreur. Si une revente du bien (en entier ou en partie) est effectuée dans les quinze années qui suivent la cession initiale, le coût des travaux de dépollution est alors déduit du complément de prix différé. (9)

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Bâtiment désaffecté sur la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

De quelle nature sont les pollutions sur l’emprise de la BA 217 ? Que mentionne l’audit environnemental, l’étude historique pyrotechnique, le diagnostic ? Quel sera le chantier de dépollution ? A quels coûts ? Lors de la visite, les autorités ont été bien silencieuses sur le sujet.

Analyse SWOT – ou MOFF – du projet

Forces/Faiblesses

  • Force. Surface. Dynamisme apporté par une communauté d’agglomération (EPCI) de 21 communes et de 260 000 habitants.
  • Faiblesse. Transfert des décisions en matière d’aménagement, d’urbanisme, d’équipements… depuis l’échelon communal vers l’échelon communautaire. Quelles seront les justes répartitions des avantages et des coûts ?
  • Force. Gouvernance centralisée.
  • Faiblesse. Gouvernance démocratique et participative à inventer. Autant le citoyen municipal possède une existence certaine, autant le citoyen communautaire a une existence problématique.
  • Force. Opportunité d’urbaniser un foncier à l’état naturel.
  • Faiblesse. Disparition de zones libres. Imperméabilisation inévitable des sols.
  • Force. Créations d’emplois.
  • Faiblesses. Accessibilité du site. Transports en commun inexistants. Accès routiers saturés aux heures de pointe : bouchons automobiles quotidiens sur la route nationale 104 (dite Francilienne), entre Évry et Linas, sur la route départementale 19, entre Arpajon et Fleury-Mérogis/Grigny, « queues » de véhicules pour accéder ou sortir de la zone d’activité de la Croix-Blanche…

Opportunités/Menaces

  • Opportunité. Reprise de 300 hectares de terrain militaire.
  • Menaces. Difficultés liées à la reprise de terrains militaires pouvant receler diverses pollutions (hydrocarbures, pyrotechnie d’armement…).
  • Opportunité. L’EPCI Cœur de l’Essonne disposera de 300 hectares pour 1 € symbolique.
  • Menaces. Incertitude sur l’évolution à terme de la structure de l’intercommunalité qui est susceptible de transférer des charges de fonctionnement sur les communes, et donc sur les budgets communaux et sur les contribuables.
  • Opportunité. Le transfert par le ministère de la Défense de terrains dont il était propriétaire à une collectivité territoriale publique ne pose pas en soi de problème.
  • Menace. En revanche, d’éventuelles ventes par l’EPCI à des propriétaires privés de biens fonciers provenant du Domaine national peut soulever des interrogations sur sa justification (sur l’opération de privatisation, sur son fondement, et sur la détermination de la valeur des biens transférés…).

NB. Cette grille est établie à partir des informations dont nous disposons au moment où cet article est rédigé. Elle sera corrigée, complétée en fonction des éléments nouveaux dont nous aurons connaissance.

Conclusion sur l’opération

On peut s’interroger sur l’intérêt véritable de l’État et sur les contre-parties qu’il attend de la part des collectivités locales. Un bilan prospectif coûts/bénéfices doit être établi, rendu public, débattu et corrigé chaque année.

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Plan-maquette présenté lors de la visite de la Base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge. © Photographie Jean-Marie CORBIN pour PEE et MALA. 15 juin 2016.

RÉFÉRENCES
1. PRÉVOT Maryvonne, « Pierre Mauroy, maire bâtisseur : un héritier de l’avenir », Revue du Nord, 2011, n°389, pp. 181-192.
2. Ville de Brétigny-sur-Orge, « BA 217 : un passé riche, un avenir prometteur », Bulletin municipal « Paroles », novembre 2012, pp. 6-8 (pdf) : BSO BM Nov 2012 – BA217. Communauté d’agglomération Val d’Orge, « BA 217 : une opportunité pour le Val d’Orge, l’avenir du Sud francilien », juin 2012, 8 p. (pdf) : VAL D ORGE Signature CRSD BA2017.
3. Communauté d’agglomération Cœur d’Essonne, « C’est avec le cœur que nous construisons l’avenir », 2016, 7 p. (pdf) : CACE BA217 doc 1.
4. Conseil départemental de l’Essonne, « Visite de la base aérienne de Brétigny-sur-Orge. Invitation presse », 10 juin 2016, 3 p. (pdf) : invitation-visite-BA.

CD91 invitation visite BA 217
5. Communauté d’agglomération Cœur d’Essonne, « La Base. 300 hectares d’avenirs », 2016, 8 p. (pdf) : CACE BA217 doc 3.
6. LOISY Florent, « Brétigny-sur-Orge. La BA217 va revivre », Le Parisien Essonne-matin, 16 juin 2016, p. III (pdf) : 2016-06-16 LEP BA217.

7. Sur les remontées mécaniques, lire le site Internet : http://www.remontees-mecaniques.net.
8. GINET Pierre, « Le lien défense-territoires. Quelles perspectives pour le géographe sur le plan scienti fique et dans sa pratique de l’aménagement ? », Cours magistral de Master Défense, risque, sécurité et aménagement, Metz (Université de Lorraine), France. 2014, 17 p. : https://cel.archives-ouvertes.fr/cel-00966048.
9. DAFI, CERTU, « Modalités de cession des immeubles du ministère de la Défense », fiche 6, septembre 2013, 12 p. (pdf) : DAFI CERTU 2013.

invitation-visite-BA© Jean-Marie CORBIN, Bernard MÉRIGOT, Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT, 20 juin 2016, 19 h 30.


NOTE
L’invitation du conseil départemental de l’Essonne à la visite de la BA 217 le 15 juin 2016 est parvenue par mail à Bernard MÉRIGOT, rédacteur en chef de Territoires et démocratie numérique locale (www.savigny-avenir.info, ISSN 2261-1819) et président de Mieux Aborder L’Avenir, le 10 juin. Empêché par d’autres obligations professionnelles, il a demandé à Jean-Marie CORBIN, président de Portes de l’Essonne Environnement et directeur de publication de www.portes-essonne-environnement.fr, de bien vouloir le remplacer auprès des officiels durant cette visite. Le présent article a été rédigé en collaboration par les deux rédacteurs et Sylvie MONNIOTTE-MÉRIGOT. Il est publié sur les deux sites Internet avec des illustrations, des références et un titre différents.